Научная статья на тему 'Vladimir Soloviev, Leon XIII et Jean Paul II'

Vladimir Soloviev, Leon XIII et Jean Paul II Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Текст научной работы на тему «Vladimir Soloviev, Leon XIII et Jean Paul II»

15 Максимов Д.Е. О мифопоэтическом начале в лирике Блока// Максимов Д.Е. Русские поэты начала века: Очерки. Л., 1986. С. 204.

16 Фрейденберг О.М. Образ и понятие// Фрейденберг О.М. Миф и литература древности. М., 1978. С. 218-219.

17 Там же. С. 219.

18 Там же. С. 456-457.

19 Белый А. Проблема культуры// Белый А. Символизм как миропонимание. М., 1994. С. 22-23.

20 См. Фрейденберг О.М. Миф и литература древности. М., 1978. С. 28.

21 Там же. С. 28-29.

22 Белый А. Проблема культуры. С. 25.

23 Белый А. Эмблематика смысла// Белый А. Символизм как миропонимание. М., 1994. С. 27.

24 См. Розин В.М. Что такое воображение// Мир психологии. 2002. №1 (29) С. 238-247.

25 мы ориентируемся на определение виртуального, данное Ч.Пирсом. См. Peirce C.S. (1902). Virtual, in Baldwin J.M. ed. Dictionary of Philosophy and Psychology. Gloucester, Mass., p. 763.

26 Белый А. Проблема культуры. С. 22.

27 Шестов Л. Апофеоз беспочвенности. Опыт адогматического мышления. Л.: Изд-во Ленингр. ун-та. 1991. С. 69-70.

28 Белый А. Эмблематика смысла. С. 34.

29 Иванов Вяч. С. 196-197.

СОЦИАЛЬНАЯ ФИЛОСОФИЯ И ИСТОРИОСОФИЯ ВЛ.СОЛОВЬЕВА

PATRICK DE LAUBIER

Латранский университет (Рим)

VLADIMIR SOLOVIEV, LÉON XIII ET JEAN PAUL II

1886 Vladimir Soloviev adressa à Mgr Strossmayer un mémoire à propos de l'unité des chrétiens orthodoxes et catholiques qui était destiné au pape Léon XIII, ce dernier le lut et l'approuva chaleureusement1.

Deux ans plus tard paraissait L'idée russe et , en 1889, La Russie et l'Eglise universelle. Se voyant refuser les sacrements par un prêtre orthodoxe il affirma formellement, en 1896, son appartenance à l'Eglise indivise devant un prêtre gréco-catholique qui lui donna la communion. Sur son lit de mort en 1900, c'est un prêtre orthodoxe qui lui apporta l'Eucharistie.

Les dernières années de la brève vie de Soloviev furent aussi fécondes que douloureuses et on peut dire qu'aucune épreuve ne lui fut épargnée, elles furent d'ordre religieux, sentimental, littéraire, physique et en mourant sesderniers mots furent: dure est l'oeuvre (rabota) du Seigneur.

Distinguant les trois fonctions messianiques, sacerdotale, royale et prophétique, Soloviev préconise la reconnaissance de la primauté de Pierre par les orthodoxes et voit dans le Tsar russe une expression du pouvoir royal, lui-même se situe dans le rôle d'un prophète au service de l'unité des Eglises soeurs.

Il montre qu'il n'y a pas de divergences fondamentales sur le plan dogmatique entre les deux Eglises qui se réclament du passé indivis de l'Eglise, «les Pères de nos pères» aurait dit Péguy et souligne avec beaucoup de soin la fonction universelle de la papauté par contraste avec la vocation plus spécifiquement latine du patriarche de l'Occident.

Quelle peut être aujourd'hui la portée d'un tel document ?

Notons d'abord que 70 ans de communisme athée ont modifié de fond en comble la situation de la Russie et le post communisme en Russie, par exemple, n'offre plus de tsar orthodoxe pour tenir la fonction de l'empereur dans l'Eglise universelle que Soloviev attribuait étrangement au César russe.

En 1897 Soloviev publia un gros ouvrage de philosophie morale: La justification du bien qui présentait une vision optimiste de l'histoire en évoquant précisément les conditions de la justice et de la paix envisagées comme les fruits d'un christianisme authentique dont l'unité des Eglise était une expression décisive. Trois ans plus tard dans le Courtrécit sur l'Antéchrist, le pessimisme prend chez lui un visage eschatologique. Cette double attitude qu'Emmanuel Mounier désignait par l'expression d'optimisme tragique, est faite d'une attente d'un monde plus juste à l'intérieur

même de l'histoire et de la conviction d'une victoire momentanée des forces du mal avant le retour du Christ Le pape évoque la civilisation de l'amour comme une réalité à attendre et à préparer en s'inspirant d'un enseignement social que l'Eglise catholique n'a cessé d'enrichir depuis un siècle. En 1986, Jean Paul II réunit à Assise les représentants des grandes religions et la lettre apostolique Tertio millennio adveniente (1994) présente un imposant programme de confrontation avec le sécularisme et de dialogue avec les grandes religions.

Il conviendra d'aborder le vaste thème de la crise de civilisation, telle qu'elle s'est manifestée surtout dans l'Occident plus développé sur le plan technologique, mais intérieurement appauvri par l'oubli ou la marginalisation de Dieu. A la crise de civilisation, il faudra répondre par la civilisation de l'amour, fondée sur les valeurs universelles de paix, de solidarité, de justice et de liberté, qui trouvent dans le Christ leur plein accomplissement (No 52).

Pour réaliser ce vaste projet l'unité des chrétiens est un impératif préalable dont l'encyclique Ut unum sint et la lettre apostolique Orientale Lumen établissent, du côté catholique, les critères de réalisation. Après avoir indiqué que l'unité de l'Eglise devait se faire autour de Pierre, Jean Paul II exprime cette étonnante demande d'aide qui montre bien que la primauté n'est pas l'exercice d'un pouvoir, mais la réalisation d'un service qui dépend des conditions mêmes des temps. Ce qui concerne l'unité de toutes les Communautés chrétiennes entre évidemment dans le cadre des charges qui relève de la primauté. Il sait bien en tant qu'Evêque de Rome et il l'a réaffirmé dans la présente encyclique, que le désir ardent du Christ est la communion pleine et visible de toutes les Communautés, dans lesquelles habite son Esprit en vertu de la fidélité de Dieu. Je suis convaincu d'avoir à cet égard une responsabilité particulière, surtout lorsque je vois l'aspiration oecuménique de la majeure partie des Communautés chrétiennes et que j'écoute la requête qui m'est adressée de trouver une forme d'exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l'essentiel de sa mission. Pendant un millénaire, les chrétiens «étaient unis par la communion fraternelle dans la foi et la vie sacramentelle, le Siège romain intervenant d'un commun accord, si les différends au sujet de la foi ou de la discipline s'élevaient entre elles». La primauté s'exerçait ainsi pour l'unité ... C'est une tâche immense que nous ne pou-

vons refuser et que je ne puis mener à bien tout seul. La communion réelle, même imparfaite, qui existe entre nous tous ne pourrait-elle pas inciter les responsables ecclésiaux et leurs théologiens à instaurer avec moi sur ce sujet un dialogue fraternel et patient, dans lequel nous pourrions nous écouter au-delà des polémiques stériles, n'ayant à l'esprit que la volonté du Christ pour son Eglise, nous laissant saisir son cri «que tous soient un... afin que le monde croie que tu m'as envoyé» ? (No.95-96)

Cet extraordinaire invitation donne une idée du chemin parcouru en un siècle. Mais cette unité recherchée peut-elle signifier quelque chose pour une majorité de non chrétiens.

Que signifie la civilisation de l'amour dans un monde gagné par la civilisation de la mort ? Le petit troupeau de chrétiens convaincus s'est vu promettre le Royaume, mais peut-il en esquisser les prémices dès maintenant ?

En d'autres termes peut-on attendre comme Soloviev dans La justification du bien (1897) une justice, un moment de justice à l'intérieur de l'histoire dont le Christ est le Maître, et, à l'instar du Court récit sur l'Antéchrist (1900), faut-il prévoir le triomphe momentané de l'homme de péché, se réclamant d'une philanthropie purement humaine, avant la fin de l'histoire et le retour du Christ ?

Depuis St Augustin, l'Eglise catholique s'est refusée à se prononcer sur ce que les derniers temps pouvaient concrètement signifier et l'Apocalypse n'a fait l'objet que d'une méditation allégorique excluant notamment le millénarisme. La dimension eschatologique n'a pas été oubliée, mais le déroulement de l'histoire reste caché:

Depuis l'Ascension, l'avènement du Christ dans la gloire est imminent même s'il ne «nous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité» (Ac 1,7). Cet avènement eschatologique peut s'accomplir à tout moment même s'il est «retenu», lui et l'épreuve finale qui le précédera. (Catéchisme de l'Eglise catholique ,673) Plus loin on évoque l'épreuve ultime de l'Eglise: Avant l'avènement du Christ, l'Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le «mystère d'iniquité» sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'aposta-

sie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Antéchrist, c'est à dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair» (675)

Cent ans après la lettre-mémoire de Soloviev, en 1986 Jean Paul II a publié la plus eschatologique de ses encycliques : Dominum vivificantem (mai 1986) sur l'Esprit Saint et a pris une initiative mémorable en réunissant à Assise les représentants des différentes religions du monde (27 octobre 1986).

Cet écrit et cette rencontre répondent d'une certaine manière à ce que Soloviev recherchait comme à tâtons. D'abord l'unité, celle des chrétiens, singulièrement entre les deux Eglises -soeurs, puis celle de l'humanité, sous l'action de l'Esprit Saint qui s'oppose à l'esprit du monde, celui de l'Antéchrist.

Commençons par l'encyclique.

Dans la perspective du troisième millénaire après le Christ, tandis que «l'Esprit et l'Epouse disent au Seigneur Jésus: Viens! «cette prière est chargée, comme toujours d'une portée escha-tologique destinée à donner aussi sa plénitude de sens à la célébration du grand Jubilé. C'est une prière tournée vers le salut à venir, auquel l'Esprit Saint ouvre les coeurs par son action au cours de toute l'histoire de l'homme sur la terre. En même temps, cependant cette prière s'oriente vers une étape précise de l'histoire marquée par l'an 2000, dans laquelle est mise en relief la «plénitude des temps 2 L'Eglise désire se préparer à ce- jubilé dans l'Esprit Saint, de même que c'est l'Esprit Saint qui prépara la Vierge de Nazareth, en laquelle le Verbe s'est fait chair». (Par.66)

Puis le ton du Pape devient de plus en plus insistant et la conclusion est d'une surprenante précision

La paix est aussi le fruit de l'amour, la paix intérieure que l'homme accablé cherche dans la profondeur de son être; la paix désirée par l'humanité, par la famille humaine, par les peuples, par les nations, par les continents, avec l'espérance ardente de l'obtenir lorsqu'on passera au troisième millénaire chrétien puisque le chemin de la paix passe en définitive par l'amour et tend à créer la civilisation de l'amour.3 L'Eglise tient son regard fixé vers Celui qui est l'Amour du Père et du Fils et, malgré les menaces croissantes, elle ne

cesse d'avoir confiance, elle ne cesse d'implorer et de servir la paix de l'homme sur terre. (Par.67)

On ne pouvait guère être plus précis en annonçant cette échéance du troisième millénaire en lien avec la civilisation de l'amour.

Cinq mois plus tard Jean Paul II accueillait les participants d'Assise.

Pour la première fois dans l'histoire , déclara le Pape, nous nous sommes rassemblés de toutes parts, Eglises et Communautés ecclésiales chrétiennes et religions du monde, dans ce lieu saint dédié à St François , pour témoigner devant le monde , chacun suivant ses propres convictions de la nature transcendante de la paix ... Plus peut-être que jamais auparavant dans l'histoire , le lien intrinsèque qui unit une attitude religieuse authentique et le grand bien de la paix est devenu évident pour tous 4.

Nous sommes en présence d'un étonnant geste prophétique donnant corps à l'encyclique déjà citée en montrant que la civilisation de l'amour était possible et qu'elle pourrait se manifester aussi modestement que l'entrée de Jésus à Jérusalem.

Le triomphalisme est laissé de côté, plutôt qu'un banquet, on propose un jeûne, plutôt qu'un défilé, on participe à une procession, rappelant aussi, dans le contexte catholique, la procession de la Fête Dieu à Rome que Jean Paul II a rétabli et qui de St Jean de Latran à Ste Marie Majeure voit quelques milliers de pèlerins honorer le «Mystère de la Foi».

Soloviev n'avait pas imaginé de manifestation particulière, mais il aurait compris la haute portée de ces événements auquel le monde plein d'insouciance n'a guère accordé d'attention, pas plus qu'à l'époque de César Auguste, on ne s'était soucié d'une naissance dans une étable. Les Mages venus d'Orient peuvent être comparés en revanche aux représentants des religions non chrétiennes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique , présents lors de la rencontre d'Assise.

Le Royaume de Dieu ici-bas , c'est l'Eglise ,visible et aussi invisible en passant à travers les coeurs (Ch. Journet).

Face à un Occident menacé de perdre son âme, la Russie qui était comme morte peut en retrouvant ses racines religieuses , contribuer à préparer, grâce au témoignage de ses martyrs, un renouveau du christianisme, «un nouveau printemps» ou une «nouvelle Pentecôte» Ce ne sera pas la théocratie libre préconisée par Soloviev,

mais ce pourrait bien être, à l'image d'Assise, un moment de paix qui, notons le ici, est annoncé par la Vierge à Fatima que deux Papes ont pris la peine de visiter. Telle serait cette civilisation de l'amour , non pas un «New age» rêvant de retrouver le premier paradis, mais un âge chrétien qui, avant la fin de ce monde, avant l'épreuve ultime qui précédera la Parousie (présence) du Christ, serait comme un Hosanna de l'histoire (Bonaventure) qui sans durer mille ans, pourrait le temps d'une génération (Cf le message de.La Salette) montrer que l'amour est plus fort que la mort parce que rien n'est impossible à Dieu.

Soloviev se voulait prophète Son message se déroule successivement en premier lieu l'unité des Églises, puis la «justification du bien» ou la vérité du bien comme esquissée dès ici-bas et enfin la venue de l'Antéchrist qui sera vaincu par le Christ.

Le Pape Jean Paul II tient le rôle sacerdotal de Pierre, mais il y ajoute aussi, avec d'autres, celui de prophète Quant'au pouvoir temporel il est aujourd'hui l'objet d'une politique mondiale dont les enjeux se décident quotidiennement sous nos yeux en évoquant souvent la justice, mais sans la pratiquer aussi fréquemment: entre Babylone et Jérusalem il y a la cité proprement humaine où le bien et le mal se partagent invisiblement les coeurs. Telles sont les réflexions inspirées par un mémoire de V. Soloviev, philosophe errant et mendiant de Dieu adressé au prédécesseur de Jean Paul II, en 1886, cent ans avant Assise.

1 Une audience de Léon XIII avait été prévue, mais il ne semble pas qu'elle ait eu lieu

sans qu'on en connaisse la raison. Dans une lettre à E.Troubetzkoy, Soloviev confie que le Pape aurait dit « Voilà une brsbis , il faut espérer qu'il franchira bientôt la porte du bercail»

2 Souligné par nous

3 Souligné par nous.

4 Commission pontificale Justice et paix, Assise, journée mondiale de prière pour la paix, 27octobre 1986, p.100

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