Научная статья на тему 'Медиаэкзотопия, или о визуальности этнических и религиозных меньшинств'

Медиаэкзотопия, или о визуальности этнических и религиозных меньшинств Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Текст научной работы на тему «Медиаэкзотопия, или о визуальности этнических и религиозных меньшинств»

КОММУНИКАТИВНЫЕ АСПЕКТЫ ИНФОРМАЦИОННОГО ПРОСТРАНСТВА

YflK 81:572

Gabriel Mardare

Université «Vasile Alecsandri», Bacau, Roumanie

L'EXOTOPIE MÉDIATIQUE OU DE LA VISIBILITÉ DES MINORITÉS ETHNIQUES ET RELIGIEUSES

Premièrepartie

Géométrie des constructions symboliques et configurations de la minorité

1.0. Note liminaire

Ce que Exotopie veut dire

Le terme fut créé par Tzvetan Todorov au moment où le chercheur bulgare se mit à traduire Bakhtine en français. Or si Dialogisme et Chronotope ne lui posaient pas de problème (vu les racines grecques des mots, facilement transférables), le cas de Vnenakhodimost' (BnenoxoduMocmb en caractères cyrilliques) fut un véritable casse-tête pour le traducteur. Il faut dire, par ailleurs, que le mot passe difficilement même pour les russophones, comme nous l'avons constaté lors de deux confrontations internationales (1) : les deux bilingues (roumano/russes) qui nous ont assisté lors d'une présentation en milieu slave ont été surpris d'apprendre que le mot existe bel et bien dans le vocabulaire spécialisé.

Il faut pourtant dire que le mot russe- qui semblait être destiné aux seuls pratiquants des études littéraires - commence à s'imposer dans les domaines les plus divers au cours des deux dernières décennies. Nous laisserons de côté ses applications au domaine du dialogisme - que la linguistique a fini par adopter dans la cadre de la pragmatique communicationnelle(2). L'étude de la culture russe dans ses rapports avec l'Occident gagne en profondeur à travers la notion d'Exoto-pie, comme on peut le voir grâce à l'analyse de M. I. Sverdlov (3). L'analyse de l'antisémitisme, elle aussi, a bénéficié de l'impact du mot « vnenakhodimost » (4). La force de ce mot se retrouve, entre autres, dans un essai concernant un film qui eut son moment de gloire (5).

Un article paru en 2006 révèle que certaines thèses de Foucault semblent continuer la réflexion de Bakhtine, notamment par la révolte contre toute conception qui privilégie la position de l'Auteur (v. Ouchakine dans la note 2b). L'auteur joue

d'ailleurs sur la morphosyntaxe du russe et propose la formule : « вненаходимостъ (как форма) идентичности » (ce qui donnerait en français : ¡'exotopie (en tant que forme) de l'identité. Demidov (voir 2.a) va plus loin et soutient que l'exotopie est favorise l'accomplissement de l'individualité («завершение» личности с позиции вненаходимости). Une psychothérapeute qui ancre sa démarche dans la confession orthodoxe (note 2.e) considère que cette position est essentielle pour la capacité d'écoute dans son métier, où le silence est un sommet du dialogue

Tout cela nous fait penser que l'on peut faire de l'Exotopie un mot-clé de l'étude des minorités dans une perspective anthropologique. En effet, cette notion renvoie génériquement «внесмысловую» и «внежизненную» (ce qui est extérieur à sa propre à sa propre pensée, à son vécu - V. Kossikov, note 2.c). Le mot donne corps à ce qui, de nosjours, est désigné par le terme Altérité, mais prend en compte ce qui est expérience personnelle dans une relation humaine.

Cela étant, il convient de faire plusieurs précisions.

(i) Depuis Bakhtine, on se pose le problème de la manifestation de l'Exotopie (6) - à savoir dans l'environnement, dans le Temps, dans la Nation ; le carré des séries chronotopiques (que nous avons présenté dans le numéro 2 (8) de « Znak », paru en 2011, v. 56 sq.) nous permet d'envisager une approche générique de l'Exotopie d'une Minorité. Celle-ci doit, en effet, pour se faire connaître et reconnaître, se positionner du point de vue ethno-idiomatique entre l'utopie de la Langue Universelle (celle qui a précédé le moment Babel, pour la Bible, l'anglais - pour ceux qui partagent les valeurs et illusions issues du « modèle américain ») et l'image d'une langue du peuple élu, incarné par la minorité en question. Elle se repère

(et parfois elle s'exhibe) dans l'image du corps (ce qui est nu et ce qui est couvert, les tatouages, les vêtements, les bijoux) et du corps social (de la tribu à l'organisation culturelle, voire au parti politique - comme dans le cas des Basques en Espagne ou des Kurdes en Turquie).

(ii) On doit envisager l'Exotopie non comme un positionnement ou comme une posture, mais comme une force agissante. Sa dynamique a d'ailleurs fait l'objet d'une analyse très sérieuse dans la culturologie russe contemporaine. Un chercheur y voit une espèce de perpetuum mobile généré par le déplacement entre des pôles de représentation : sérieux et sourire, autoritarisme et communauta-risme, tradition et modernisme (ou, plus modestement parlant, l'innovation), éternité et contempo-ranéité (7).

(iii) L'Exotopie (ou si vous préférez : vne-nakhodimost') ne se réduit donc pas à des « figures », elle engendre des « corps » (au sens géométrique du terme, dans une première représentation) comme le rectangle qui devient cylindre suite à une rotation autour de son axe.

l.l.Le triangle identitaire

La Minorité est quelque chose qui fait signe. Dans la mythologie politique soviétique, les « menchéviques » ne sont pas tout simplement un groupe moins nombreux (provisoirement) qui pourrait devenir majoritaire : ils forment l'ennemi qu'il faut combattre, qu'il faut anéantir et dont les représentants doivent être discrédités à tout jamais. L'histoire du Parti Communiste de l'Union Soviétique écrite trois ans après le procès posthume fait à Staline dans le Comité Central (1956) se permettait des distances vis-à-vis du Père des Peuples mais ne se privait pas de critiquer durement l'attitude des leaders qui - avant que les Bolcheviques ne s'installent au pouvoir - s'étaient opposés à Lénine (8). Ce qui était un simple fait arithmétique au congrès de 1903 (déroulé à Bruxelles, puis à Londres, ce qui donne l'image de la façon aléatoire dont le nombre de participants a pu se constituer) allait prendre une dimension qualitative : « le mot 'bolchevique' - né dans le feu des combats déroulés au congrès - est devenu synonyme de la notion de 'marxiste-révolutionnaire persévérant, dévouéjusqu'au bout à la cause du communisme » (9). Selon une alchimie qui fut propre au matérialisme dialectique, la quantité se mue en qualité, ce qui lui permettra par la suite aux « majoritaires » de se dispenser du nombre au nom de « l'élite révolutionnaire ».

Ce rappel d'une métaphysique particulière a le rôle de nous faire comprendre que toute communauté minoritaire (ethnique, religieuse ou autre) se construit non seulement à travers des données dites objectives (le nombre) mais aussi par des processus permettant la constitution d'une majorité et qui peuvent être « naturels » (facteurs démographiques) mais aussi institutionnels (il vaut mieux se déclarer minoritaire/majoritaire pour des raisons d'opportunité, voire pour sauver sa peau, si cette dernière n'est pas trop visible). C'est pourquoi nous avons proposé, lors d'une rencontre concernant les Vieux-Croyants, d'appréhender l'identité minoritaire à l'aide du triangle de la signification.

meaning \

JJjmoËpHHocTi» ; fcfÈ,-c;ïctr ;

\ thought }

symbolizes

Липованство

/ирт^ИЛ........................iton&Jbr.................

^'riibol prwm

1131116 Линования

Wùitl

La « Lipovanstvo » désignerait l'état de la minorité par la somme des noms qui parlent du patrimoine matériel et immatériel de l'ethnie (habitat, architecture religieuse, métiers et savoir-faire, look et vêtements). On pourrait utiliser en français l'expression « monde lexical lipovène » ou -plus généralement parlant, « monde d'une minorité », éventuellement.

Pour asseoir son identité, cette somme se doit d'être validée par des critères qualitatifs, la « Lipovennost' ». En français, on l'appellerait « Lipovénitude », terme que nous avons forgé à partir du terme « négritude » : ce qui est assumé comme spécifique, ce qui marque la différence avec les Majoritaires (pratiques linguistiques et confessionnelles, style de présence publique etc.).

Les q uatre vérités de la Foi selon Florenski

Selon le contenu Selon la forme

Rapport social immédiat Terme russe : "Istina" Terme grec : "Alithia"

Médiation sociale Terme hébreu : "emet" Terme latin : "Veritas"

C'est par ce passage obligé que le « monde minoritaire » devient la Minorité au sens plein du terme, qui peut éventuellement revendiquer un territoire ou se revendiquer - par ses origines (attestées ou légendaires) - d'un territoire. Il faut cependant remarquer que chaque composante de ce triangle est sujette à des lectures divergentes, opposant des Majoritaires à des Minoritaires, des fractions issues au sein de la Minorité et - évidemment - ce que la recherche historique/sociologique/ethnographique valide ou infirme dans ces jeux de représentation.

1.2. Une minorité entièrement à part

Le choix des « Russes-Lipovènes » (comme ils se font appeler en Roumanie après la chute du régime de Ceausescu) est venu naturellement dans nos recherches, cinq ans après avoir cessé de collaborer - pour des raisons purement personnelles

- à un magazine culturel de la Communauté édité à Iasi (« Kitej-Grad », dont le rédacteur en chef fut

- entre 1998 et 2000 -Leonte Ivanov, professeur d'Etudes Slaves à l'Université de Iasi).

Ce qui nous nous a interloqué en effet, c'est la position particulière de ce groupe non seulement dans les « pays d'accueil » (comme on dit dans lejargon contemporain) mais aussi dans leur pays d'origine. Lorsque nous en avons parlé, en 2008, à un sociolinguiste de Sankt-Petersbourg, celui-ci nous dit que c'est un groupe inaccessible pour la « majorité ».

Il y a également le contraste entre les formules que l'on a employer pour les présenter : carrément négative chez Dostoïevski, qui se rappelle les avoir rencontrés dans la prison (« hautains, orgueilleux et fort intolérants », dit-il Souvenir de la maison des morts, Première partie, chapitre 3), superlative chez Berdiaev : « Русские — расколъники, это глубокая черта нашего народного характера » (« les schisma-tique russes expriment ce qu'il y a de plus profond dans le caractère de notre peuple »).

Nous nous sommes d'abord penché sur le discours économique de plusieurs familles assumant l'appartenance à cette ethnie. Il y eut ensuite une exploration des lieux communs véhiculés par le Web en français. C'est à travers ces deux expériences que s'est imposée une évidence : parler d'une minorité, c'est d'abord tenter de voir les mécanismes (et les raisons) de sa visibilité.

Schématiquement, on pourrait parler de deux types d'approche dans ce domaine:

1. la quête identitaire où l'enquête - historique, philologique ethnographique ou autre - sert

à conforter des croyances et une certaine vérité ; pour en comprendre le mécanisme, il suffit de rappeler le schéma du rapport entre la Foi et la Vérité proposé par Florenski (10). Bien des articles que nous avons rencontrés au cours de nos recherches participent de cette démarche, tout en fournissant des informations pertinentes ;

2. l'approche de l'identité à travers des enquêtes qui se recoupent et où la Vérité est de l'ordre du russe « Pravda », même si la référence à « Istina » est sous-jacente. Dans un entretien accordé à une télévision régionale, l'historien ukrainien Alexandre Prigarine (issu lui-même d'une famille de Vieux-Croyants), compare sa démarche à celle d'un détective. Ce qui, évidemment, laisse peu de place au discours identitaire (http://atv.odessa.ua/pro-grams/42/tnolog_aleksandr_prigarin).

Le motif de l'île permet de cerner les deux perspectives et de dégager les rapports qui s'établissent entre les composantes de cette minorité. Pour ce faire, il faut faire la part des choses entre les images, les mots et les (re)constructions de l'histoire nationale de chaque pays où les Vieux-Croyants se sont installés.

1.2.1. « Insularité » et fusion entre la langue et la religion

On doit à Michelet, historien marqué par l'esprit de l'époque romantique, l'image des « deux îles continentales » qui feraient partie de la France : la Bretagne et l'Auvergne. La première, « âpre et basse, simple quartz et granit, grand écueil placé au coin de la France pour porter le coup des courants de la Manche » (Michelet, in Rioux : 16), est «pauvre et dure», « l'élément résistant de la France» (ibid. : 19). La Bretagne bretonnante, «pays devenu tout étranger au nôtre,justement parce qu'il est resté trop fidèle à notre état primitif ; peu français, il est tant gaulois » (ibid.). Ile continentale se prolongeant sur des terres entourées par la mer (îles de Sein, de Batz, d'Ouessant) dont les habitants tranchent avec les coutumes et les images concernant les genres : les filles font, sans rougir, les démarches pour leur mariage, la femme y travaille plus que l'homme, et dans les îles d'Ouessant, elle y est plus grandeetplusforte (ibid. : 22).

L'insularité est d'abord ce qui est « impensable », voire « invivable » pour « nous autres ». Des légendes attribuant aux Lipovènes des coutumes de mariage bizarres, voire des ruts dans l'Eglise de même que la confusion - courante en milieu paysan dans la plaine danubienne, près de Galatz - entre les « barbus » et les Skopets vont très loin dans cette direction.

Mais ce qui est à retenir pour notre contexte, c'est le rapport particulier à la religion :

« En Bretagne, comme en Irlande, le catholicisme est cher aux hommes comme symbole de la nationalité. La religion y a surtout une influence politique./.. ./Nulle église, au moyen âge, ne resta plus longtemps indépendante de Rome que celle d'Irlande et de Bretagne. La dernière essaya longtemps de se soustraire à la primatie de Tours, et lui opposa celle de Dol » (ibid. : 24). « Ne nous étonnons pas que cette race celtique, la plus obstinée de l'ancien monde, ait fait quelques efforts dans les derniers temps pour prolonger sa nationalité » (ibid. : 26).

Pierre Jakez Hélias -chantre de l'identité bretonne au cours de la seconde moitié du XXe siècle considérait que pour les petits Bretons, leur idiome natal était « la langue de notre liberté ». C'était aussi la langue utilisée par les prêtres et le pouvoir central républicain en a interdit l'usage dans les églises parune loi de 1920.

Ce rapport fusionnel entre une identité religieuse à part et une identité linguistique se retrouve chez les Vieux-Croyants à l'étranger. Mais en Russie même, les communautés qui vivaient à l'écart du monde, avaient développé des idiolectes qui s'éloignent de la langue « standard » et du parler commun des communautés proches.

1.2.2. « L'île de la romanité » et les (vagues) slaves qui la rongent

Ce lieu commun de l'imaginaire national est censé montrer la force du peuple qui ne s'est pas laissé submerger par le déferlement idiomatique environnant (figure 1). Il fait partie du capital symbolique national, au point qu'il est utilisé même par un ambassadeur britannique en 2010 lors de son installation en Roumanie pour capter la bienveillance de la presse (source: (http://www.hotnews.ro/ stiri-esential-7771251). Le cliché est en partie conforté par une carte qui nous montre l'impact linguistique du facteur slave dans la région mais aussi ses limites spatiales.

Il joue comme une marque identitaire valorisante, tout en reposant sur une prémisse plutôt contestable - à savoir que la structure grammaticale commune aux langues romanes entrainerait des similarités des Roumains avec des populations parlant des idiomes de la même famille, et cela malgré les différences des expériences culturelles, religieuses et politiques divergentes. Mais si l'on prend en compte que les Lipovènes assument à leur tour l'image de l'insularité, on arrive à une représentation surprenante (figure 2).

Or ce qui doit tempérer l'effet de la carte, c'est d'abord une réalité de la formation de la langue: l'influence slave y est très importante, et elle déborde le domaine idiomatique (elle a joué également dans l'organisation juridique et ecclésiastique, disait en 1905 Ioan Bogdan (v. Tagliavini, 322-23 dans l'édition italienne, 254-55 dans la version roumaine). Moins importante dans la morphologie, restreinte en syntaxe, elle aurait été essentielle pour la dérivation (des formants très productifs) dans le système phonétique et dans le domaine lexical (ibid.). Les linguistes pensent qu'une telle influence n'aurait été possible que suite à de longues périodes de bilinguisme slavo-roumain, dont on trouve des traces dans la toponymie (ibid., 323/256). Un spécialiste de la nouvelle génération, Alexandru Gafton, considère que l'influence slave est devenue plus importante dans le contexte de la christianisation de ces envahisseurs. En effet, leur avantage sur la population anciennement présente sur le territoire fut d'ordre administratif (la création d'une hiérarchie de l'Eglise plus forte, même si le christianisme s'était répandu bien avant leur arrivée dans la région carpato-danubienne). Cela détermina une supériorité dans le domaine de la propagation de la foi (traduction des textes sacrés, formation du personnel, ce qui facilita l'expansion du slavon dans le culte). Il en résulta une diminution de la résistance aux emprunts slaves, tant pour les termes proprement dit que pour les calques linguistiques (Gafton, 153-156).

Ces faits sont tellement évidents que même un historien qui inventa ou tout au moins le proto-chronisme (théorie visant à montrer la supériorité des aborigènes de Roumanie sur toutes les nations, y compris sur les Romains, dont ils continuent la langue) dut en accepter la portée et les conséquences : l'assimilation des textes sacrés en slavon sur l'ensemble du territoire de la romanité orientale aura des conséquences importantes dans la vie spirituelle de la région (Iosif-Constantin Dragan : 67). Devenus « schismatiques » après le grand schisme (1054) et soumis à la pression de la « mission apostolique » confiée par le Pape à la monarchie hongroise, les Roumains ont conservé - dans l'expression de la Foi et dans l'exercice de la communication spirituelle des termes slaves. Cette priorité historique (que l'introduction du roumain dans le service religieux et les traductions allaient faire diminuer) a eu même pour conséquence la slavisation de plusieurs villages au nord de la Moldavie : comme la langue anciennement utilisée dans l'Eglise était sacrée, la population a fini par la préférer à la langue commune (Nicolae Iorga : 28).

Par ailleurs, si certains auteurs (dont Gafton : 157) tentent de minimiser l'impact du bilinguisme slave sur le système phonétique du roumain, l'oreille des étrangers la repère même chez des locuteurs cultivés et éduqués à Bucarest, zone où cette influence est plus restreinte qu'en Moldavie. Un écrivain émigré en Occident dans les années '60 était offusqué que, bien souvent, les personnes qui l'entendent parler roumain pensent qu'il parle serbe. Même Calinescu l'avait remarqué dans les années '40 : « L'influence slave, un peu massive, peut dérouter un interlocuteur de langue néolatine sans formation philologique ». Et comme pour se venger, il poussera à l'extrême la caricature de cette influence. Il soutint que les mots venant de la filière slave exprimaient « la perte de la dignité humaine, l'inégalité, les rudes rapports de dépendance, la soumission, la nécessité ». En ce qui concerne l'aspect phonétique, il n'y voyait que des « balbutiements, des sons qui ahanent, sombres, grotesques et tristes souvent, par la lourde couleur qui mène à la façon de parler dite 'autochtone' ».

1.2.3. C'est l'île qui fait la différence

Un chercheur français opposait deux perspectives dans les rapports interculturels : l'universa-lisme et le différentialisme. La première suppose que l'on affirme explicitement « l'équivalence des hommes et des peuples » (Emmanuel Todd ,1994 : 17), l'autre fait de l'identité ethnique « une caractéristique héritée, mythiquement transmise par la famille ou le sang » (Ibid.: 22).

Il s'agit, évidemment, de paradigmes de représentation qui n'entraîne pas nécessairement un jugement de valeur (l'universalisme est bon, le différentialisme est mauvais), encore que l'on soit tenté à considérer que le second serait plus propice à la discrimination. Or il arrive que deux pays insulaires (au sens propre du terme), le Japon et l'Angleterre, mettent au fondement de leur représentation identitaire la logique différentialiste (Ibid., 22, 24).

Dans le premier cas on aurait affaire à un modèle polarisé (l'univers s'organise autour d'une nation-île et s'oppose à ce qui est contraire à sa nature), l'autre est non-polarisé, plutôt fédéraliste et permet des aménagements spécifiques pour chaque pays, voire pour chaque région, ce qui a permis son expansion depuis les années '60 vers l'Australie, le Canada ou les Etats-Unis, en corrélation avec les théories multiculturalistes (Ibid., 23).

En ce qui concerne l'anthropologie de la communication (par la voix de Rass), elle préfère s'en tenir à deux phénomènes sociaux, plus faciles à cerner que l'universalisme ou différentialisme:

Le premier est la propension de l'humanité à produire de la différence, à distinguer les individus, les groupes sociaux, à générer de la diversité culturelle, de l'identité individuelle et collective. La découverte de l'autre est au départ de la demande anthropologique, la reconnaissance et la compréhension d'une humanité plurielle est un des grands apports de la discipline.

Le second est la propension des individus, des clans, des tribus, des sociétés et des civilisations, à se rencontrer, à échanger et à communiquer. Plus les hommes se distinguent, explique Braudel dans Dynamique du capitalisme et dans Identité de la France (...) », et plus ils ont besoin de se rencontrer ".

Comment les habitants de ces « îles » de Roumanie se perçoivent-ils les unes les autres ? C'est ce que notre enquête sur l'exotopie Lipovène (Вненаходимость липован) à travers les médias de Roumanie tentera de mettre àjour en analysant :

i. la présence de l'ethnie dans les programmes de télévision et dans lesjournaux des majoritaires ;

ii. la construction de l'identité lipovène à travers la presse communautaire ;

iii. le rapport que ces images entretiennent dans la perspective du triangle de la minorité-signe.

Les données que nous aurons obtenues seront comparées à la visibilité des Vieux-Croyants dans leur pays d'origine, où le poids du paramètre idiomatique a nettement diminué dans les conditions de la communication de masse, qui uniformise les usages et survalorise le standard linguistique.

NOTES ET COMMENTAIRES

(1) Nous reprendrons, au cours de notre série, les axes thématiques de deux communications présentées en 2012 lors de deux conférences. Il s'agit de : i. Les identités « insulaires » et les représentations (inter)culturelles La situation des Vieux-Croyants en Roumanie, présentée dans le cadre du Colloque International «INTERCULTURALITÉS!? ETAT DES LIEUX, MALENTENDUS, PERSPECTIVES, THÉORIES ET PRATIQUES », organisée par l'Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines (UVSQ), Institut de Langues et Etudes Internationales, Laboratoire Suds d'Amériques, 12-14 septembre 2012, sous la direction de Jacques Pothier. Nous avons bénéficié du soutien financier de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) ; ii. Вненаходимостъ липован - введение в антропологический анализ видимости (L'Exotopie des Lipovènes - Une introduction à l'analyse anthropologique de la visibilité), présentée dans le cadre de la Conférence Internationale « LES LIPOVENES - HISTOIRE ET CULTURE DES VIEUX-CROYANTS », organisée par l'Université Nationale d'Odessa, Faculté d'Histoire, Chaire d'Ethnologie et d'Anthropologie, sous la direction d'Alexandre Prigarine (25-28 octobre 2012, Mirnoe, département de Kilia, région d'Odessa).

(2) a) A. Б. Демидов. ФЕНОМЕНЫ ЧЕЛОВЕЧЕСКОГО БЫТИЯ, texte trouvé à l'adresse psylib.org.ua/books/demid01/ txt21.htm. V. également b) Сергей Ушакин -ВНЕНАХОДИМОСТИ: БАХТИН КАК ЧУЖОЕ СВОЕ, publié dans « Журнальный зал » | НЛО, 2006 N79, repris à l'adresse magazines.russ.ru/ nlo/2006/79/ush6-pr.html. On peut y ajouter aussi : c) - Г. Косиков. ОТ «ВНЕНАХОДИМОСТИ» К «БУНТУ». Ответы на анкету журнала «Диалог. Карнавал. Хронотоп» по поводу 50-летия защиты М. М. Бахтиным диссертации «Ф. Рабле в истории реализма».Текст воспроизводится по изданию: Г. К. Косиков. От «вненаходимости» к «бунту» // Диалог. Карнавал. Хронотоп. -Витебск, 1997, № 1(18). С. 8-20. Номера страниц указаны в квадратных скобках ; (d) А.В.Аксенов Вненаходимость и диалог, « Журнал научных разысканий о биографии, теоретическом наследии и эпохе М. М. Бахтина » (e) Флоренская Т.А. «Слово и молчание в диалоге». - Русская православная психология : dusha-orthodox.ru/index2

(3) В ПОИСКАХ ВНЕНАХОДИМОСТИ: ПРОЕКЦИИ ИНОСТРАННОГО ВОСПРИЯТИЯ РОССИИ В ОТЕЧЕСТВЕННОЙ ЛИТЕРАТУРЕ, v. dans la publication « Novye

rossiyskie goumanitarnyie issledovania, publié le 24.12.2007.La recherche a bénéficié d'un soutien financier institutionnel (Исследование выполнено при финансовой поддержке РГНФ в рамках научно- исследователъского проекта РГНФ «"На переломе": образ России прошлой и современной в кулътуре, литературе Европы и Америки (конец XX - начало XXI вв.)», проект № 06-04-00547а.)

(4) Леон Черняк Март 2006 «МЕТАФИЗИЧЕСКИЕ РАЗМЫШЛЕНИЯ О ПРИРОДЕ АНТИСЕМИТИЗМА », publié sur le site www. machanaim.org/tor&life/actua!/antisemitism2.htm.

(5) В. Колотаев. « ВНЕНАХОДИМОСТЬ ТВОРЦА » (kogni.narod.ru/kolot6.htm).

(6) « Проникнуть в глубину слова возможно только с позиции вненаходимости. Поэтому Бахтин говорит о «принципиальных преимуществах вненаходимости (пространственной, временной, национальной) »- nous dit Aksenov.

(7) « Балансирование между серьезностью и смехом, между благочестивостью и шутовством, между язычеством и христианством - это специфическая культурная вненаходимость: между историческими эпохами, между авторитаризмом и соборностью, между соперничающими культами, вероучениями, противоречивыми мировоззрениями и социальными предписаниями, между традиционностью и модернизациями (или инновациями) любого рода, между вечностью и современностью, между личностью (или индивидуальностью) и народной массой, толпой. Такая культурная вненаходимость в этом и других случаях является результатом осуществленных насильственно ментальных сдвигов. »-dit Kondakov dans le texte „КУЛЬТУРНАЯ "ВНЕНАХОДИМОСТЬ" КАК РЕЗУЛЬТАТ МЕНТАЛЬНЫХ „МУТАЦИЙ" », v. http://www. kultu-rolog.ru/library/culturology/i-v-kondakov-russkaya-kul-tura-kratkij-ocherk-istorii-i-teorii.

(8) Nous avons consulté la traduction roumaine, parue en 1961, v. chapitre II, 3 et 4. Le texte original publié à Moscou en 1959 aux Editions d'Etat pour la Littérature Politique (Gospolitizdat), sous la direction de B.N. Ponomarev devait être rédigé entre 1956 et 1958, si l'on tient compte des difficultés techniques de l'imprimerie à l'époque.

(9) Je traduis en français depuis la version roumaine, ce qui peut faire problème pour la version russe.

(10) Столп и утверждение истины. Опыт православной теодицеи в двенадцати письмах, ACT Izdatel'stvo, Moskva, 2007: 47.

I. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

BERDIAEV, Nicolas : Русская идея, version intégrale parue dans la première partie du volume autobiographique Самопознание (опыт философской автобиографии), Editions EKSMO, 2005) ; en français, le texte qui donne le titre du volume est devenu Essai d'autobiographie spirituelle ((1949), Buchet-Chastel, 1958).

RASSE, Paul : (1). « Anthropologie de la communication et diversité des cultures », http://www. museum.agropolis.fr/pages/savoirs/dilutionculturelle/; (2) « L'anthropologie de la communication pour étudier la rencontre des mondes », 2006.HTTP://ARCHIVESIC. CCSD.CNRS.FR/DOCS/00/15/70/54/RTF

RIEFFEL, Rémy : Que sont les médias, Gallimard, 2005.

RIOUX, Jean-Pierre, Tableaux de France, Omnibus/Places des Editeurs, 2007. Le volume réunit les textes : Jules Michelet, Tableau de la France (1833, 1852) ; Victor Duruy, Introduction générale à l'histoire de France (1865) ; Paul Vidal de la Blanche, La France - Tableau géographique (1908) ; G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants (édition de 1877, en fac-similé).

ROUMANIE-ROUMANITE : CÄLINESCU, George, Istoria literaturii române de la origini pâna astazi (édition originale -1940, version posthume « revisitée » -1986), Bucuresti, Editions Minerva ; DRÄGAN, Josif-Constantin: Istoria românilor, Editura Europa Nova, Bucureçti, 1993; GAFTON, Alexandru : Elemente de istorie a limbii române, Editura RESTITUTIO, Ia§i, 2001; IORGA, Nicolae: Istoria literaturii române§ti*Introducere sintetica (1929), rééditée en 1986 (Bucuresti, Editura Minerva) ; KARNOOUH, Claude : L'invention du peuple. Chroniques de Roumanie (Arcantère, Paris, 1990), version roumaine dont le titre tente de ménager la sensibilité nationale (Românii- Tipologie §i mentalita^i), Editions Humanitas, Bucuresti; STOENESCU, Alex Mihai : Istoria loviturilor de stat în România (3 tomes), RAO Intrenational Publishing Company, 2006; RESSOURCES MEDIA en ligne: http:// www.tvrplus.ro/editie-universul-credintei donne accès à l'émission dominicale consacrée à l'univers de la foi ; http://www.tvrplus.ro/editie-convie-tuiri donne accès à l'émission ayant pour vocation la présentation des « minorités nationales.

II. S T ARO VER Y/S T ARO OB RIAD -TSY/"RASKOLNIKI"/

VIEUX-CROYANYS/VIEUX-RITUALISTES/ « SCHISMATIQUES »

CULTURA RUÇILOR LIPOVENI ÎN CONTEXT NATIONAL §I INTERNATIONAL -

(abréviation : « Etudes Lipovènes ») - volumes regroupant les articles et études présentées lors des conférences internationales consacrées aux Vieux-Croyants de Roumanie et d'ailleurs, organisées par la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie. Ces conférences ont eu lieu en 1993 (vol. 1 : 1996), 1996 (vol. 2 : 1998), 2000 (vol. 3 : 2000), 2005 (vol. 4 : 2006) et 2009 (vol. 5 : 2011). ETUDES LIPOVENES (v. Cultura...) EVSEEV, Ivan : Les réflexions pas très gaies d'un Russe Lipovène (réunion de textes en roumain et en russe), Editions CRLR, 2005

GRAFOVA, Lidia, « Вернутся ли в Россию староверы? » (Les Vieux-Croyants retournent-ils en Russie ?) «Российская газета», 8 октября 2008 года (Rossiyskaya Gazeta, numéro du 8 octobre 2008), reproduit et diffusé par le bulletin « Население и общество » (Population et Société) no. 349-350 (13-26 oct. 2008) dans sa version électronique (Demoscope Weekly) sous l'égide de L'Institut de Démographie de l'Université d'Etat de Moscou Ecole Supérieure d'Economie.

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TALPALARU,Valentin ,Strada Mâicu^a, Editions Tipo Moldova, Iaçi, 2008

III. ARTICLES DE L'AUTEUR CONSACRES AUX PROBLEMES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE

1. Relations publiques - culture, langue, nation, texte paru dans la revue « Interstudia » 10 (2) /2011, numéro thématique (Communication et discours- Dimensions contemporaines), Editions Alma Mater, Bacau.

2. Peuple chrétien ou nation Le miroir des chronotopies de la Foi en France et en Russie à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, Actes du Colloque International d'études franco-russes Russie et France:: Modernisme, Postmodernisme, Antimodernisme/Sankt-Petersbourg, 11-17 mars, 2008, Université de Sankt-Petersbourg, édité par la Faculté des Lettres et des Arts, Université d'Etat de Saint-Petersbourg, 2009

3. Ethique du mensonge et représentation de la foi dans l'univers carcéral communiste, Actes du

4. Colloque international «Religion et culture du comportement civilisationnel dans la société humaine» Tunis, 20-22 février 2007

5. Séries chronotopiques et matrices stylistiques dans l'élaboration des modèles de la communication. Un possible dialogue entre Bakhtine et Blaga, Vol. «Mileniul III. Dialogul umanis-melor?» Editura Universitatii Suceava, ISBN : (10)973-666-208-X; ISBN : (13)978-973-666

6. La violence dans le langage quotidien et dans le parler politique- présenté au Colloque International des Sciences du langage, Chiçinâu, mai, 2005. Vol. „Strategii discursive", VIII, Partea a doua, Chisinau 2006, ISBN: 978-9975-917-308, ISBN: 978-9975-917-31-5

7. Manger n'est jamais neutre, paru dans le volume PRIMUL SIMPOZION INTERNATIONAL LIMBI, CULTURI §I CIVILIZATII EUROPENE ÎN CONTACT PERSPECTIVE ISTORICE §I CONTEMPORANE, Târgoviçte 2004, ISBN 97387215-3-9, EDITURA VALAHIA UNIVERSITY PRESS

Sur les Russes Lipovènes:

8. Reprezentâri etnico-economice într-o familie de ruçi lipoveni. Teme §i scheme de dialog într-o discufie informalâ (Représentations ethnico-économiques dans une familles de Russes lipovènes - Thèmes et schémas dans un dialogue informel) -en collaboration avec Florinela Floria paru dans le volume d'une réunion scientifique (SIMPOZIONUL INTERNATIONAL : « Români majoritari / Români minoritari: interference §i coabitâri lingvistice, literare §i etnologice » // Roumains majoritaires/Roumains minoritaires : interférences et cohabitations linguistiques, littéraires et ethnologiques), Editions Alfa/Académie Roumaine, l'Institut de Philologie Roumaine « A. Philippide », Iasi, 2007, ISBN: 978-973-8953-499) ;18 pages ;

Staroverii în orizontul cultural francez (Les Vieux Croyants dans l'horizon culturel français), texte présenté au Colloque scientifique international de la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie (Tulcea, 12-14 juin 2009) et paru dans Etudes..., 2011.

Габриэль Мардаре

Университет Василе Александри, Бакэу, Румыния

МЕДИАЭКЗОТОПИЯ, ИЛИ О ВИЗУАЛЬНОСТИЭТНИЧЕСКИХ И РЕЛИГИОЗНЫХ МЕНЬШИНСТВ Часть первая

Геометрия символической конструкции и конфигурации меньшинства

1.0. Вводные замечания

Что такое экзотопия

Этот термин был предложен Цветаном Тодоровым, когда болгарский исследователь начал переводить на французский язык Бахтина. Но если такие термины, как «диалогизм» и «хронотоп» не представляли собой никакой проблемы (с учетом того, что греческие корни слов легко переносятся из одного языка в другой), случай с «вненаходимостью» стал настоящей головной болью для переводчика. Следует заметить, кроме того, что это слово является сложным даже для русского языка, как мы показывали в двух интернациональных конфликтах1: два билингвиста (румынско-русских), которые помогали нам во время презентации для русской аудитории, были удивлены, узнав, что такое слово существует, пусть и в специализированной лексике.

Но мы должны сказать, что это русское слово, которое, казалось, предназначено только для углубленно занимающихся этими вопросами литературоведов, стало появляться в самых различных областях и контекстах в последние два десятилетия. Мы оставим в стороне его применение в области диалогизма — это чистая лингвистика, принятая в рамках коммуникационной прагматики2. Другое дело, что изучение русской культуры в ее отношениях с Западом приобретает особую глубину через понятие экзотопии, как видно из анализа М. И. Свердлова3. Анализ антисемитизма тоже выигрывает при включении термина «вненаходимость»4. Сила этого слова может быть обнаружена, в частности, в очерке о фильме, который имел свою минуту славы5.

Статья 2006 года показывает, что некоторые теории Фуко, кажется, продолжают размышления Бахтина, в том числе восста-

ние против любых теорий, связанных с позицией автора (см. Ушакин в примечании 2б). Кроме того, автор играет на русском морфосинтаксисе и предлагает формулу: «вненаходимость (как форма) идентичности» (которая по-французски как раз и будет звучать как «экзотопия (как форма) идентичности» Демидов (см. 2а) идет дальше и утверждает, что экзотопии способствует сам факт проявления индивидуального начала («завершение» личности с позиции вненаходимости). Психотерапевт, который связывает свой подход с православной конфессией (Примечание 2.е), считает, что эта позиция имеет решающее значение для способности слушать в своей профессии, где тишина является вершиной диалога.

Все это заставляет нас думать, что мы можем осуществить исследование меньшинств в антропологической перспективе посредством такого ключевого понятия, как экзотопия. Действительно, это понятие относится в общем к сфере «внесмыс-лового» и «внежизненного» (то есть находящегося за пределами своих собственных мыслей, своего опыта — Б. Косиков, примечание 2.с). Слово воплощает в себе то, что сегодня называют инаковостью, но при этом учитывает, что является личным опытом в человеческих отношениях.

Тем не менее, следует детализировать эти понятия.

(I) По Бахтину, существует проблема проявления экзотопии6, а именно — на уровне пространства, во Времени, для Нации, поле экзотопии (о чем мы писали в номере 2 (8) «Знака», опубликованном в 2011 году) позволяет рассматривать общий теоретический подход к ней как меньшинству. Так, по сути, создается основа для осведомленности и признания, позиционирования этно-идиоматической точки зрения, занимающей свое место между

утопией универсального языка (например, до-вавилонского, библейского, английского — для тех, кто отличает ценности от иллюзий «американской модели») и образом языка избранного народа, воплощенного в меньшинстве. Эта точка зрения, позиция сама себя осознает (а иногда и выставляет на всеобщее обозрение) как в телесных образцах (это, собственно, все, что скрывает наготу — татуировки, одежда, украшения), так и в социальных (организация культуры в племенах или политических партий — как в случае с басками в Испании или курдами в Турции).

(II) Следует рассматривать экзотопию не как позиционирование, но как движущую силу. Этот динамизм был очень тщательно проанализирован в современной русской культурологии. Исследователь видит своего рода вечный двигатель, порожденный перемещением между полюсами серьезности и юмора, авторитаризма и общинности, традиции и модернизма (или, скромнее говоря, инновации), сиюминутности и вечности7.

(III) Экзотопия (или, если угодно, внена-ходимость) не сводится к «фигурам», она генерирует «тело» (в геометрическом смысле этого слова, в первом представлении) — так прямоугольник становится цилиндром, когда вращается вокруг своей оси.

1.1. Треугольник идентичности

Меньшинство всегда притягивает. Согласно мифологии советской политики, «меньшевики» — это не просто меньшая группа (условно), которая может стать большинством; они враги, с ними нужно бороться, они должны быть уничтожены, а их представители должны быть дискредитированы навсегда. История Коммунистической партии Советского Союза, написанная спустя три года после посмертного суда над Сталиным в ЦК (1956), сохраняет пиетет по отношению к Отцу Народов, но не стесняется резко критиковать отношение лидеров — в связи с большевистской установкой — к Ленину8. Это был простой арифметический факт конгресса 1903 года (состоявшегося в Брюсселе и Лондоне, случайно давшего имена двум группам участников) — но позднее количественная характеристика

(больше — меньше) обрела качественный аспект: слово «большевик» родилось в пылу борьбы во время конгресса и стало синонимом понятия «революционной марксистской настойчивости людей, преданных делу коммунизма»9. Так возник прецедент уникальной для диалектического материализма алхимии — количество переходит в качество, что позволяет ему, следуя «большинству», ссылаться на количество во имя «революционной элиты».

Важно, что такая конкретная метафизика заставляет нас понять, что любое меньшинство (этнического, религиозного или иного происхождения) строится не только на так называемых объективных данных (статистике), но и на процессах формирования большинства, и может быть как «естественным» (демографически), так и институциональным (лучше пользоваться понятиями меньшинства / большинства из соображений целесообразности, или спасти свою шкуру, если это не слишком видно). Именно поэтому мы предложили на конференции по старообрядцам сопоставить самобытность меньшинств с треугольником смысла.

«Липованство» описывает состояние меньшинства на уровне имен, которые фиксируют материальное и нематериальное наследие этноса (среда обитания, культовая архитектура, ремесла и навыки, внешний вид и одежда). На французском языке может быть использован термин «лексический мир липован», или, обобщая, «мир меньшинства», в конце концов.

Чтобы утвердить свою идентичность, этот уровень должен быть подтвержден качественными критериями, «липовен-ностью». Во французском это называется «Ыроуепк^е», термин, созданный по аналогии с «негритюд», что знаменует собой разницу с большинством (языковой и ре-

лигиозной практик и т. п. стилями общественных моделей).

Les q uatre vérités de la Foi selon Florenski

Selon le contenu Selon la forme

Rapport social Terme russe : Terme grec :

immédiat "Istina" "Alithia"

Médiation Terme hébreu : Terme latin :

sociale "emet" "Veritas"

Как следует из этих рассуждений, «мир меньшинства» становится меньшинством в полном смысле этого слова, которое в конечном итоге может претендовать на территорию во всяком случае по происхождению (законному или легендарному). Заметим, однако, что каждый компонент этого треугольника дает расходящиеся по сути показания, противопоставление большинству меньшинства, фракций в меньшинстве и, конечно, создает основания для оценки исследований исторических / социологических / этнографических.

1.2. Меньшинства как они есть

Выбор «русско-липован» (как их называют в Румынии после падения режима Чаушеску) был естественным в нашем исследовании, через пять лет после того, как перестанет работать - по личным причинам - журнал о культуре Издательского сообщества в Яссах («Китеж-град», главным редактором которого был в период между 1998 и 2000 Леонте Иванов, профессор славистики в университете города Яссы).

То, что действительно является проблемой, это положение данной группы не только в «принимающей стране» (как говорят на современном жаргоне), но и в стране их происхождения. Когда мы делали доклад о липованах в 2008 году, социолингвист из Санкт-Петербурга заявила, что это группа недоступна для «большинства».

Существует также контраст между формулами, которые мы используем, чтобы представить: совершенно отрицательное отношение к старообрядцам Достоевского («надменным, высокомерным и нетерпи-

мым», как сказал он в «Записках из мертвого дома», часть I, глава 3), и «обратного» высказывания у Бердяева: «Русские - раскольники, это глубокая черта нашего народного характера».

Сначала мы рассмотрели экономический дискурс нескольких семей, принадлежащих (предположительно) к этой этнической группе. Это было возможно благодаря наличию во франконете исследований обычного (общепринятого) дискурса. Именно поэтому стало очевидно: прежде чем говорить о меньшинстве, следует обратиться к самим механизмам выделения этой «меньшинности».

Схематично можно говорить о двух типах подходов в этой области:

1. Стремление к самобытности, где исследования - исторические, этнографические и филологические — лишь подтверждают наличие механизма, описанного Флоренским при сопоставлении веры и правды10. Многие темы, с которыми мы столкнулись во время нашего исследования, являются частью этого процесса, обеспечивая при этом необходимую информацию;

2. Подход к идентичности через опросы, которые перекрывают друг друга и пытаются выявить истину о русских даже посредством сложных отношений между «истиной» и «правдой» В интервью областному телевидению украинский историк Александр Пригарин (выходец из семьи старообрядцев), сравнивает свой подход с детективом. Это, конечно, оставляет мало места для личного дискурса (http:// atv.odessa.ua/programs/42/tnolog_aleksan-dr_prigarin).

Главное здесь — выявить образы, слова и (ре) конструкция национальной истории в каждой стране, где поселились староверы.

1.2.1. «Островной инстинкт» и перекрестки языка и религии

Должно быть Мишле, историк отмеченный духом эпохи романтизма, вводит образ «двух континентальных островов», которые станут частью Франции: Бретани и Оверни. Во-первых, «суровым и низкие, простые кварцевые, гранитные горы охраняют Францию от удара, который может

нанести пролив» (Мишле, в Шоих: 16), «бедный и жесткий - устойчивый элемент Франции» (там же: 19). О Бретани: «любое иностранное государство, которое стало нашим именно потому, что оставалось слишком верным нашему первоначальному состоянию, галльской культуре» (там же). Расширение континентального пространства за счет островов (земли в окружении моря - остров Сейн, де Бац, Уиссан), обычаи и ритуалы жителей которых контрастируют с обычаями кони-тинента: девушки сами сватают себя, не краснея, женщины работают там больше, чем мужчины, а на островах Уиссан женщины крупнее и сильнее мужчин (там же: 22).

«Островность» — это в первую очередь то, что «немыслимо» или «невыносимо» для «нас». Легенды приписывают липо-ванам странные свадебные обычаи, даже путаницу по дороге в церковь — Дунайская равнина, недалеко от Галац — между «бородачами» и скопцами — можно пойти очень далеко в этом направлении.

Но в статье мы сосредоточимся только на особом отношении к религии:

«В Великобритании, как и в Ирландии, католицизм дорог людям как символ национальности. Религия — это прежде всего политическое влияние... Не было в Средние века более независимых от Рима церквей, чем у Ирландии и Великобритании» (там же: 24). «Неудивительно, что кельтские гонки, самые сильные в древнем мире, стремятся расширить свое влияние» (там же: 26).

Пьер Жак Элия, демонстрирующий Бретонскую идентичность во второй половине двадцатого века считает, что для малого народа бретонцев родным языком был «язык нашей свободы». Это был также язык, используемый священниками в церкви, запрещенный центральной республиканской церковью по закону 1920 года.

Такая религиозная идентичность фактически смешивается с языковой уникальностью в ситуации диаспорного существования. Но и в самой России старообрядческие общины жили обособленно от мира, говорили на особом идиолекте, который отличался от языка «большинства» и даже других близлежащих населенных пунктов.

1.2.2. «Остров римский» и славянская агрессия

Это общее место в национальной образности должно показать силу людей, которые не приняли перегрузку идиоматических излияний окружающей среды (рис. 1). Это несомненно часть национального символического капитала, при условии, что им пользуется даже посол Великобритании в 2010 году, когда он был направлен в Румынию, чтобы сформулировать для прессы позицию страны (источник: (http://www.hotnews.ro/stiri -е8епйа1-7771251). Это клише отчасти подтверждает карта, которая показывает влияние фактора славянского языка в регионе, но также указывает его пространственные границы.

Клише превращается в бренд, имея весьма сомнительную предпосылку — о том, что общая для романских языков грамматическая структура приведет к сходству с румынским (из той же семьи языков) говором населения, несмотря на различия в опыте культурных, религиозных расхождений в политике. Но если принять во вни-

мание, что, в свою очередь, к липованам приложим образ острова, то можно прийти к удивительным представлениям (рис. 2).

Славянское влияние также очень важно, и это вне идиоматической области (она также играла роль в правовой и церковной организации, как заявил в 1905 году Иоан Богдан (см. Тальявини, 322-23 в итальянском издании, 254-55 на румынском языке). Менее важна морфология, синтаксис ограничен, это было необходимо для сильного развития (форманты очень продуктивны) в фонетической системе и лексическом поле (там же). Лингвисты считают, что такое влияние было бы возможно после длительного периода славяно-румынского двуязычия, где мы находим следы топонимики (там же, 323/256). Специалист следующего поколения Александр Гафтон считает, что славянское влияние стало более важным в контексте христианизации этих захватчиков. Действительно, их преимущество по сравнению с населением, ранее находившемся на этой территории, имело административный характер (создание церковной иерархии сильнее, хотя христианство распространилось до их прибытия в Карпато-Дунайский регион). Это превосходство в области распространения веры (перевод священных текстов, обучение персонала, что способствовало расширению славянского богослужения). Это привело к снижению сопротивления связей славянских терминов за языковыми слоями (Гафтон, 153-156).

Эти факты настолько очевидны, что даже историк, который искренне придерживается теории, доказывающей превосходство аборигенов Румынии по отношению ко всем окружающим народам, в том числе римлянам) был вынужден принять во внимание факт: усвоение священных текстов на славянском языке на всей территории Римского Востока будет иметь важные последствия в духовной жизни региона (Иосиф Константин Драган, 67). Суть «раскольничьего» движения после Великой схизмы (1054) и есть сохранение от давления «апостольской миссии», исполняемой папой в венгерской монархии, «румынскость» хранится в словах о вере и в осуществлении славянской точки зрения духовного общения. Этот исторический приоритет (введение румынского

языка в сферу религиозных услуг и переводов будет рассмотрено ниже) имел тот же результат славизации нескольких деревень на севере Молдовы - в том числе и использования языка в церкви. Население стало предпочитать общий язык (Николае Йорга, 28).

Более того, некоторые авторы (Гафтон: 157) стараются свести к минимуму влияние билингвизма в славянской фонетической системе, где румынское ухо резали формы словоупотребления даже из уст культурных и образованных жителей Бухареста, где влияние было меньше, чем в Молдове. Всякий писатель, эмигрировавший на Запад в 60-х, переживал, думаю, что часто люди слышат, что он говорит с румынским или сербским акцентом. Даже Калинеску заметил в 40-х: «.. .славянское влияние, несколько избыточное, может без филологической подготовки воздействовать на неолатинский язык». А что касается реванша, то это будет толкать к резким карикатурам на это влияние. Он утверждал, что слова о рабстве выражали «потерю человеческого достоинства, неравенство, тяжелые отношения зависимости, подчинения необходимости». Что касается фонетического аспекта, он увидел, что «самые первые (младенческие) звуки темны, гротескны и часто грустны, но именно их и называют коренными».

1.2.3. Это остров неоднозначности

Французский исследователь противопоставляет две интеркультурных перспективы: универсализм и дифференциализм. Первая перспектива предполагает «эквивалентность людей и народов» (Emmanuel Todd, 1994: 17), а другая - этническую идентичность как «наследственную характеристику, мифически передаваемую через кровь или семью» (там же: 22).

Эти парадигмы, конечно, не обязательно отражают значимость и оценку (универсализм — «хорошо», а дифференциализм — «плохо»), хотя есть соблазн думать, что второе является более благоприятной почвой для дискриминации. С этой точки зрения, две островные страны (в прямом смысле этого слова), Япония и Англия, имеют основой их идентичности дифференциальные представления (там же, 22, 24).

В первом случае мы имеем дело с поляризованной моделью (Вселенная организована вокруг острова нации и противостоит всему тому, что противоречит его природе), в другом модель является не поляризованной, а федералистской и допускает особые механизмы для каждой части страны или каждого региона, что позволяет его расширять с 60-х годов в Австралии, Канаде или Соединенных Штатах, в связи с идеями мультикультурных теорий (там же, 23).

Что касается антропологии связи (голос Расса), она предпочитает придерживаться двух социальных явлений легче идентифицировать, чем универсализм или диффе-ренциализм: «Во-первых, это склонность человечества различать индивидов, социальные группы, формировать культурное разнообразие индивидуальной и коллективной идентичности. Открытие другого в антропологическом смысле является важнейшей темой гуманитарных наук.

Во-вторых, это склонность отдельных лиц, кланов, племен, обществ и цивилизаций встречаться, обмениваться и общаться. Более стоят люди, говорит Бродель в динамических капитализма и идентичности Франции (...) «, и они должны отвечать».

Как жители этих «островков» Румынии воспринимают друг друга? Это как раз то, что наше исследование экзотопии липо-ван (вненаходимости липован), проявляющейся в средствх массовой информации в Румынии, и призвано выяснить:

I. Присутствие этнической принадлежности в телевизионных программах и газетах большинства;

II. Строительство идентичности через газеты липованского сообщества;

III. Анализ треугольника смысла для этого меньшинства.

Полученные нами данные сравниваются с явленностью старообрядцев в стране их происхождения, где вес идиоматического параметра значительно сократился в условиях массовой коммуникации, которая использует особую форму и предлагает переоценку литературного языка.

ПРИМЕЧАНИЯ

1 С этой темой мы уже выступили в форме двух докладов, представленных в 2012 году на двух конференциях. К

ним относятся: I. «Островная идентичность и межкультурное существование. Положение старообрядцев в Румынии», представленный на Международном симпозиуме "Интеркультурные ситуации, недоразумения, перспективы, теория и практика », организованного университетом Versaille Saint-Quentin En Yvelines (UVSQ), Институт языков и международных исследований, Лаборатория Suds Америки, 12—14 сентября 2012 года, в соответствии с направлением Жака Потье. Мы воспользовались финансовой поддержкой AUF. II. Вненаходимость липован — введение в антропологический анализ явленности, представленный на Международной конференции «Липоване: История и культура старообрядцев», организованной Одесским национальным университетом, историческим факультетом, кафедрой этнологии и антропологии РАН, под руководством Александра Пригарина (25—28 октября 2012 года, Мирное, Департамент Килия, Одесская область).

2 А. Б. Демидов. Феномены человеческого бытия, текст найден в psylib.org. ua/books/demid01/txt21.htm. V. Также см.: Сергей Ушакин. Вненаходимость: Бахтин как чужое свое, опубликованной в «Журнальный зал» (НЛО, 2006 N79), электронная версия на magazines.russ.ru/ nlo/2006/79/ush6-pr.html. Вы также можете добавить: Г. Косиков. От «вненаходимости» к «бунту». Ответы на анкету журнала «Диалог. Карнавал. Хронотоп» по поводу 50-летия защиты М. М. Бахтиным диссертации «Ф Рабле в истории реализма». Текст воспроизводится по изданию: Г. К. Косиков. От «вненаходимости» к «бунту» // Диалог. Карнавал. Хронотоп. — Витебск, 1997, № 1 (18). С. 8—20. Номера страниц указаны в квадратных скобках. А. В. Аксенов Вненаходимость и диалог // Журнал научных разысканий о биографии, теоретическом наследии и эпохе М. М. Бахтина; Флоренская Т. А. Слово и молчание в диалоге // Русская православная психология: dusha-orthodox.ru/index2.

3 В поисках вненаходимости: проекции иностранного восприятия России в отечественной литературе, см. в публикации «Новые Российские гуманитарные исследования», опубликованной 24.12.2007. Это исследование получило институ-

циональную финансовую поддержку (Исследование выполнено при финансовой поддержке РГНФ в рамках научно-исследовательского проекта РГНФ «На переломе»: образ России прошлой и современной в культуре, литературе Европы и Америки (конец XX — начало XXI вв.)», проект № 06-04-00547а).

4 Леон Черняк. Март 2006. «Метафизические размышления о природе антисемитизма», опубликованные на сайте www.machanaim.org/tor&life/actual/anti-semitism2.htm.

5 В. Колотаев. «Вненаходимость творца» (kogni.narod.ru/kolot6.htm).

6 «Проникнуть в глубину слова возможно только с позиции вненаходимости. Поэтому Бахтин говорит о «принципиальных преимуществах вненаходимости (пространственной, временной, национальной)», — говорит Аксенов.

7 «Балансирование между серьезностью и смехом, между благочестивостью и шутовством, между язычеством и христианством — это специфическая культурная вненаходимость: между историческими эпохами, между авторитаризмом и соборностью, между соперничающими культами, вероучениями, противоречивыми мировоззрениями и социальными предписаниями, между традиционностью и модернизациями (или инновациями) любого рода, между вечностью и современностью, между личностью (или индивидуальностью) и народной массой, толпой. Такая культурная вненаходимость в этом и других случаях является результатом осуществленных насильственно ментальных сдвигов», — сказал Кондаков в тексте «Культурная «вненаходимость» как результат ментальных «мутаций»».

8 Мы ориентировались на румынский перевод, опубликованный в 1961 году, глава II, 3 и 4. Оригинальный текст опубликован в Москве в 1959 году в Государственном издательстве политической литературы (Госполитиздат), под редакцией Б. Н. Пономарева должен быть составлен между 1956 и 1958 годами, с учетом технических трудностей в печати того времени.

9 Я переводил с французского на румынский, что может быть проблемой для русской версии.

10 Столп и утверждение истины. Опыт

православной теодицеи в двенадцати письмах. Москва : Изд-во АСТ, 2007. С. 47.

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I. ОБЩАЯ БИБЛИОГРАФИЯ Бердяев, Николай: Русская идея, полная версия появилась в первой части тома автобиографических Самопознание (опыт философской автобиографии, ЭКСМО Editions, 2005), на французском языке, текст дает звание объем стал духовным Эссе (1949), Буше-Chastel, 1958).

Расс, Павел (1). «Антропология связи и культурное разнообразие», http://www.mu-seum.agropolis.fr/pages/savoirs/dilutioncul-turelle/, (2) «Антропология связи для изучения Где Миры Знакомства», 2006. НТТР :/rchivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/15/70/54/rtf.

Риффель, Реми: Какие средства массовой информации, Галлимар, 2005.

Rioux, Жан-Пьер, Франция, Omnibus / Publishers, 2007. В сборник вошли тексты: Жюль Мишле, Tableau-де-ла Франции (1833, 1852), Виктор Duruy, Общее введение в историю Франции (1865), Поль Видаль де ла Бланш, Франция — географическая карта (1908) G. Бруно, Тур де Франс для двух детей (факсимиле редакции 1877 года).

Румынские исследования: Калинеску, Джордж. История литературы романского происхождения Pana astâzi (1940 — первое издание, версия посмертного «Revisited» — 1986), Бухарест, выпуски Minerva Драган-Иосифа Константина История Румын, Editura Europa Nova, Бухарест, 1993; Гафтон Александру: Элементарная история из limbii романского издатель-сва RESTITUTIO, Яссы, 2001; Йорга Николае: История румынской литературы. Введение (1929), переизданная в 1986 (Бухарест, Editura Minerva); Карну, Клод: Изобретение народа.

II. Староверы / старообрядцы / раскольники VIEUX - С ROYANY S/VIEUX -RITUALISTES/ « SCHISMATIQUES »

CULTURA RUÇILOR LIPOVENI ÎN CONTEXT NATIONAL §I INTERNATIONAL — (abréviation : « Etudes Lipovènes ») — volumes regroupant les articles et études présentées lors des conférences internationales consacrées aux Vieux-Croyants de Roumanie et d'ailleurs, organisées par la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie. Ces conférences ont eu lieu en 1993 (vol. 1 : 1996), 1996 (vol. 2 : 1998), 2000 (vol. 3 :

2000), 2005 (vol. 4 : 2006) et 2009 (vol. 5 : 2011). ETUDES LIPOVENES (v. Cultura...) EVSEEV, Ivan : Les réflexions pas très gaies d'un Russe Lipovène (réunion de textes en roumain et en russe), Editions CRLR, 2005

ГРАФОВА, Лидия, «Вернутся ли в Россию староверы?» (Les Vieux-Croyants retournent-ils en Russie?) «Российская газета», 8 октября 2008 года (Rossiyskaya Gazeta, numéro du 8 octobre 2008), reproduit et diffusé par le bulletin «Население и общество» (Population et Société) no. 349—350 (13—26 oct. 2008) dans sa version électronique (Demoscope Weekly) sous l'égide de L'Institut de Démographie de l'Université d'Etat de Moscou Ecole Supérieure d'Economie.

ГРАНДМАСТЕР-РЫБАКОВА, Гертруда, « Староверы — что мы о них знаем? » paru sur le site de la revue shkolazhizni.ru/archive/0/n-29377 (« L'école et la vie »).

GUILLEBAUD : Hérétiques et vieux croyants — " Ecouter Voir " par Jean-Claude Guillebaud, „téléobs" du 8 au 14 Novembre 2008, http://www.canalblog.com/cf/fe/tb/?bid=295434&pid=11292200

IVANOV Leonte, Imaginea rusului §i a Rusiei în literatura românâ 1840-1948 (L'image du Russe et de la Russie dans la littérature roumaine 18401948), thèse publiée aux éditions

КОЧЕТОВ, Алексей Александрович : « Тайна старой веры- Современная Россия познает мир старообрядчества », cueilli sur http://reli-gion.ng.ru/people/2005-05-18/5_taina.html

LECLERE, Yan (2002) « Les Vieux Croyants dans l'Estonie de l'entre-deux-guerres », qui part du mémoire de maîtrise Vieux Croyants dans l'Estonie de l'entre-deux-guerres, 1920-1939. Les communautés rurales face à la construction d'un nouvel État-Nation, sous la direction de MariePierre Rey. Publié sur le site de l'Institut Pierre Renouvin, Institut d'enseignement et de recherche sur l'histoire des mondes étrangers et des relations internationales, adresse : http://ipr.univ-paris1.fr/ spip.php?article85

MVR (Métropolie des Vieux-Ritualistes) Histoire officielle de l'Eglise Russe Vieux-Ritualiste peut être consultée à l'adresse : http://rpsc.ru/histo-ry/kratkaya-istoriya-staroobryadchestva

УВАРОВА, Наталья (2006) : « Russie: les vieux croyants - une minorité d'influence », http:// religion.info/french/articles/article_262.shtml; Religioscope: Russie et vieux-croyants: le retour de la Troisième Rome, http://religion. info/french/articles/article_268.shtml

ПОДМАЗОВ, Арнольд, « Рижские староверы в советский период (1940—1941 и 1944—1991)», Les Vieux-Croyants de Riga durant

la période soviétique (1940-1941 et 1944-1991), paru sur le site de la publication « Russkie Latvii » (Les Russes de Lituanie), . © 2010 - Институт Русского культурного наследия Латвии - éditeur Latvijas Krievu kulturas mantojuma instituts.

ROUMANIE : http://www.crlr.ro: site de l'organisation ethnique nationale de la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie (CRLR) ; « KITEJ-GRAD » (publication) : mensuel culturel de la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie (CRLR), dirigée par Leonte Ivanov (1998-2000) et par Nichita Danilov (depuis 2001) ; « ZORI», mensuel d'information et culture édité sous l'égide de la CRLR, accessible sur le site de l'organisation (http://www.crlr.ro).

СЕМЕНОВА, Юлия : « Старая вера. (Саратов и Вольск) » (Le Vieille-Croyance - Régions de Saratov et de Volsk) publié dans Общественное мнение, № 6 (93), июнь 2007r.(0pinion publique, juin 2007), reproduit et diffusé par le site samstar-biblio.ucoz.ru(publ/105-1-0-1087) ; une excellente enquête.

TALPALARU,Valentin ,Strada Maicu^a, Editions Tipo Moldova, Iaçi, 2008.

III. Статьи авторов, имеющих отношение к теме липован:

1. Relations publiques - culture, langue, nation, texte paru dans la revue « Interstudia » 10 (2) /2011, numéro thématique (Communication et discours- Dimensions contemporaines), Editions Alma Mater, Bacau.

2. Peuple chrétien ou nation Le miroir des chronotopies de la Foi en France et en Russie à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, Actes du Colloque International d'études franco-russes Russie et France:: Modernisme, Postmodernisme, Antimodernisme/Sankt-Petersbourg, 11-17 mars, 2008, Université de Sankt-Petersbourg, édité par la Faculté des Lettres et des Arts, Université d'Etat de Saint-Petersbourg, 2009.

3. Ethique du mensonge et représentation de la foi dans l'univers carcéral communiste, Actes du Colloque international «Religion et culture du comportement civilisationnel dans la société humaine» Tunis, 20-22 février 2007.

4. Séries chronotopiques et matrices stylistiques dans l'élaboration des modèles de la communication. Un possible dialogue entre Bakhtine et Blaga, Vol. «Mileniul III. Dialogul umanis-melor?» Editura Universitatii Suceava, ISBN : (10)973-666-208-X; ISBN : (13)978-973-666.

5. La violence dans le langage quotidien et dans le parler politique- présenté au Colloque

International des Sciences du langage, Chi§inâu, mai, 2005. Vol. „Strategii discursive", VIII, Partea a doua, Chisinau 2006, ISBN: 978-9975-917-308, ISBN: 978-9975-917-31-5.

6. Manger n'est jamais neutre, paru dans le volume PRIMUL SIMPOZION INTERNATIONAL LIMBI, CULTURI §I CIVILIZATII EUROPENE ÎN CONTACT PERSPECTIVE ISTORICE §I CONTEMPORANE, Târgoviçte 2004, ISBN 97387215-3-9, EDITURA VALAHIA UNIVERSITY PRESS.

Sur les Russes Lipovènes:

7. Reprezentâri etnico-economice într-o familie de ruçi lipoveni. Teme §i scheme de dialog într-o discufie informalâ (Représentations eth-nico-économiques dans une familles de Russes lipovènes - Thèmes et schémas dans un dialogue

informel) -en collaboration avec Florinela Floria paru dans le volume d'une réunion scientifique (SIMPOZIONUL INTERNATIONAL : « Români majoritari / Români minoritari: interference §i coabitâri lingvistice, literare §i etnologice » // Roumains majoritaires/Roumains minoritaires : interférences et cohabitations linguistiques, littéraires et ethnologiques), Editions Alfa/Académie Roumaine, l'Institut de Philologie Roumaine « A. Philippide », Iasi, 2007, ISBN: 978-973-8953-499) ;18 pages .

Staroverii în orizontul cultural francez (Les Vieux Croyants dans l'horizon culturel français), texte présenté au Colloque scientifique international de la Communauté des Russes Lipovènes de Roumanie (Tulcea, 12-14 juin 2009) et paru dans Etudes..., 2011.

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