Научная статья на тему 'Les villages d’origine de l’aristocratie paphlagonienne'

Les villages d’origine de l’aristocratie paphlagonienne Текст научной статьи по специальности «Биологические науки»

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Текст научной работы на тему «Les villages d’origine de l’aristocratie paphlagonienne»

TELEMACHOS C. LOUNGHIS

LES VILLAGES D'ORIGINE DE L'ARISTOCRATIE PAPHLAGONIENNE

D'après un incident mémorable qu'aurait rapporté à Kékauménos le protospathaire et stratège Jean Maïos en mission dans l'episkepsis impériale d'Arabissos en Cappadoce, presque tous les grands domaines privés de la région auraient été constitués ou acquis en récompense pour des charges publiques.1 Selon des recherches très récentes qui viennent de voir le jour,2 la fortune des grands seigneurs cappadociens a eu ses origines à des libéralités des empereurs de la dynastie macédonienne, c'est-à-dire de l'état, jusqu' au moins au règne personnel de Constantin VII Porphyrogénète qui chérissait les nobles (etiYcveiç).

Toute autre semble avoir été l'origine de la fortune des nobles paphlagoniens qui précédèrent et antécédèrent chronologiquement les magnats cappadociens dans la lutte de l'aristocratie terrienne d'Asie Mineure pour la conquête du pouvoir; si les Cappadociens s'en sont emparés une seule fois, de 963 à 969, pour en être ensuite renversés et persécutés par les successeurs de Nicéphore Phocas selon Attaleiate,3 les Paphlagoniens l'avaient abordé pour la première fois au IXe siècle sous Théodora, l'épouse de l'empereur Théophile (829—842) et sa noble parenté,4 pour parvenir à l'occuper définitivement beaucoup plus tard, au Xle siècle, sous les Doukas et les Comnène.5 Leur fortune, déjà très considérable au milieu du IXe siècle à

1 Kékauménos, 141 Tsougarakis. Le contenu de ces charges publiques est mal établi.

2 Vassiliki Vlyssidou, YiySSidou, ApiaxoKpaxiKÉç oiKoyévsiEÇ Kai E^ouaia (9°ç—10oç ai.). 'Epeuveç rcávra axa SiaSo%iKá axáSia avxi^Exrâreiaçç xçç ap^Evo-TCa^ëayoviKfç Kai xçç KaTCrcaSoKiKTiç apiaxoKpaxiaç. ©EaaaëoviKç 2001.

3 Attaleiate, 229, 16—17 CSHB.

4 Vie de Théodora, 2, 2-3, p. 257 Markopoulos, Óú^^EiKxa 5, 1983.

5 Le point de vue exprimé ici va tout à fait à l'encontre de P. Magdalino, Paphlagonians in Byzantine High Society, in: Byzantine Asia Minor (6th—12th Cent), Athens 1998, 141—150, qui opère, à mon avis, sur des exemples tirés au pur hazard (cf. p. ex. p. 147: The only major mili tary familles with interexts in Paphlagonia were those ofDoukas andKomnenos). De mon côté, je pense que l'histoire des nobles paphlagoniens est toute autre que celle des rustres et eunuques paphlagoniens qui saute aux yeux de tous ceux qui abordent le problème à brefs délais.

© T. C. Lounghis, 2007

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en croire le Continuateur de Théophane,6 et presque excessive au début du Xe,7 lorsqu'apparaît dans nos sources le fameux ïixoç des Doukas situé xarâ xrçv na^Àayoviav8 et dot de la fille de l'hétériarque Grégoras Ibéritzès d'après les textes, ne semble guère péricliter pendant la durée du Xe siècle, comme ce fut le cas de la fortune des Cappadociens, contre qui sévit la Novelle de 996 de Basile II Les nobles paphlagoniens, ayant toujours comme chefs les Doukas, ne disparurent point de la scène politique à partir du moment où ils ont été évincés du pouvoir au début du Xe siècle. Tout au contraire, les pauvres données sur l'évolution de leur fortune dont on dispose nous permettent quelque peu de suivre leur redressement lent, certes, mais d' autant plus solide en dépit des efforts de la dynastie macédonienne pour les tenir à l'écart du pouvoir en favorisant les nobles Cappadociens, qui finirent par la renverser momentanément. L'importance et la spécificité de la Paphlagonie du IXe au Xle siècle sautent également aux yeux du seul fait qu'à côté de l'instance thématique traditionelle, c'est-à-dire du stratège de Paphlagonie,9 on y rencontre aussi des katépans au Xe et au début du Xle siècle,10 mais aussi des juges impériaux (êpixat) dès le début du Xe siècle, chargés, comme il appert, «de la surveillance et du confinement non seulement des Doukas, mais aussi de quelques autres familles alliées à eux».11 De ces mesures impériales échelonées dans une durée de deux siècles environ et ayant comme but de tenir les magnats paphlagoniens à l'écart du pouvoir central après le soulèvement de Constantin Doukas en 913,12 il est plus ou moins clair que l'aristocratie paphlagonienne n'a point joui de la faveur impériale qui, jusqu'au milieu du Xe siècle du moins, ne cessait de porter aux nues les nobles Cappadociens pour en être désilusionnée par le poutch de Nicéphore Phocas aussitôt après. Dans l'évolution de la fortune terrienne de la noblesse paphlagonienne on pourrait, d'après les témoignages des sources, détecter quelques traits communs ainsi qu'il suit:

1. Son origine se trouve à des villages: ainsi l'exemple typique d'Amnia, village du fameux St.Philarète, aux confins du thème des Arméniaques13 et de Paphlagonie, après la fondation de ce dernier dans les années vingt du IXe siècle.14 Il en est de même du village Evissa (ou Avysianon15), d'où était originaire l'impératrice Théodora et sa

6 Théopane Continué, 89, 17—18 CSHB.

7 Cf. Vie de Basile le Jeune, éd. Veselovskij, Sbomik Otdelenija russkago jazyka Imperatorskoï Akademii Naouk 46, 1889, 58.

8 Théoph. Cont., 385, 2—3. Skylitzès, 200, 9—10 Thurn.

9 Dont une liste, plus ou moins complète, cf. dans l'ouvrage collectif H MiKpâ Aaia xrav ©Eprnrav, Athènes 1998, 448—449.

10 Ibidem, 447—448.

11 Cf. Vassiliki Vlyssidou, Quelques remarques sur l'apparition des juges (première moitié du Xe siècle) in: Byzantine Asia Minor (6111-12* Cent.), Athens 1998, 63.

12 Vlyssidou, ApiGTOKpaxiKÉç oiKoyévsiEÇ, 176 sqq.

13 TIB, 9, 190.

14 T. C. Lounghis, The Evolution of thematic Encounters and thé Reign of Michael II, in. Byzantine Asia Minor (6th—12th Cent.), Athens 1998, 53.

15 Cf. les hésitations de K. Belke, TIB 9, 155 et 192, sur l'identification d'Evissa avec Avysianon.

famille.16 Tous les deux villages Amnia et Evissa disparaissent totalement de nos sources dans les siècles à venir, mais ceci est plutôt l'exception que la règle, car d'autres cas jettent sur les origines de l'aristocratie paphlagonienne une lumière insolite.

2. D'après les déductions de K. Belke, la forteresse de Pemolissa (Osmancik) connue dès le Ixe siècle et même avant, se trouvait également aux confins des Arméniaques avec la Paphlagonie17 (l'endroit semble avoir une signification sémantique, peut-être un topos); un peu après le milieu du Xle siècle, il semble avoir passé sous le contrôle total d' Isaac Comnène (il y héberge son épouse royale bulgare),18 ainsi que son bien patrimonial, le village de Castamon qui constituait son oixoç.19 Dans ce cas on pourrait supposer une lente progression des biens des Comnène allant vers l'Est.

3. Etant bien connu que le magistre du IXe siècle Serge Nikétiatès était originaire du village paphlagonien Nikétia, près de la ville d'Amastris,20 on pourrait supposer que la forteresse du nom NiKç-uàxou ^poûptov cppoûpiov aux confins de la Bithynie et de la Paphlagonie au XlIIe siècle selon la mention de Georges Acropolite21 se réfère aux biens du magistre du LXe siècle, peut-être même à son village natal, si la petite distance entre ceci et la ville d'Amastris (éyyioTa) témoignée par la Vie de St. Georges d'Amastris le permettrait. La réapparition d'ailleurs d'un village du IXe siècle sous la définition de forteresse ou château-fort (^poûptov) n'est pas du tout exclue, d'après les deux exemples suivants qui concernent les familles des Dokeianoi et des Dalassène: Situé comme d'autres villages encore à la limite des Arméniaques et de Paphlagonie, le hameau natal de la famille des Courcouas et de Jean Tzimiskès Dokeia22 réapparaît comme forteresse au Xle siècle sous la plume de Michel Attaleiate23 et du Continuateur de Skylitzès,24 tous les deux décrivant les errements de Romain Diogène après Mantzikert. Selon Bryennios, suivi en ceci par son épouse Anne Comnène,25 près de Castamon, c'est-à-dire des domaines des Comnène, se trouvaient les domaines de la famille des Dokeianoi qui étaient nobles, riches et apparentés aux Comnène;

16 Théoph. Cont., 89, 15—16. Génésios, IV, 15, p. 68 Lesmueller-Wemer et Thum. Skylitzès, 52, 67—68.

17 TES 9, 42 et 58. Sur les mentions des sources, cf. H MiKpâ Aaia xrav ©Epâxrav, 147, n. 257—259.

18 Skyiitzès Continué, 103 Tsolakis.

19 Skyiitzès, 489, 71—72. Bryennios, 197, 10—14 Gautier. Cf. aussi TIB 9, 228—229. Cf. aussi J. Crow, Alexios I Komnenos and Kastamon. Castles and Settlement in Middle Byzantine Paphlagonia, in: Alexios I Komnenos I, Papers, Belfast 1996, 12—36.

20 Zitija sv. Georgija Amastriidskago. Vvedenije i greceskije teksty s perevodom. Letopis' zaniatii Archeologiceskoï Komissii 1882—1884gg, Vypusk 9yi 1893go g. (Trudy III), Petrograd, 3, 9—10, p. 4. Cf. aussi MiKpâ Aaia xrav ©Epâxrav. 280.

21 Acropolite, 59 Heisenberg.

22 Théoph. Cont., 426, 18—19. Léon Diacre, VI, 6, p. 100. Cf. encore MiKpâ Aaia xrav ©spâxrav, 150.

23 Attaleiate, 169, 10—13.

24 Skyl. Cont., 52, 17.

25 Bryennios, 195, 8—10. D'après l'éditeur P. Gautier, p. 194, n. 2, les domaines de Dokeianos se trouvaient autour de Dokeia. Anne Comnène I, 16 Leib.

vu que Bryennios emploie le même ternie (orna) dans les deux cas26 et vu que le village de Dokeia apparaît comme forteresse au Xle siècle, je ne peux m'empêcher de penser que Castamon était au Xle siècle un endroit également fortifié, comme devait l'être aussi Dokeia, tous les deux en tant que résidences de nobles militaires. Aux descriptions des biens à Dokeia et à Castamon par Bryennios correspond la définition du noble militaire byzantin du Xle siècle donnée par Kékauménos,27 lui aussi associé aux Comnène en 1057:28 avQpmnovç yap é/si Kai Xaov iôiov, Kai xo Kâaxpov Kai ç xmpa avxmi nsiQsxai (car il a des hommes à son service et une compagnie armée à lui, ainsi que la forteresse; et les terres tout autour lui obéissent). Ainsi, est question du noble Constantin Dalassène, grand propriétaire du thème des Arméniaques qui était placé maintes fois aux arrêts, au début dans son propre oîkoç d'apres Skylitzès29 et, ensuite, dans un château-fort, ce qui est confirmé par Attaleiate (sv nvpymi anoKXsiaOévxa).30 Ici, le terme oikoç remplit les mêmes fonctions que le terme TOpyoç et, lorsqu'on lit dans le texte de Psellos que Dalassa est un %®piov emaç^ÔTaxov31 on peut remonter dans les textes byzantins et trouver, dans l'Histoire ecclésiastique d'Evagrios le processus d'après lequel un village (/rnpiov) était doté par le pouvoir central (vu qu'on était encore au Vie siècle) d'une enceinte, ce qui le rendait équivalent à une ville erciaç^oç;32 puisque les nobles Dalassène portent le nom du village au Xle siècle, ceci pourrait insinuer a) que le village entier leur appartenait de droit (comme d'ailleurs Dokeia devait appartenir entièrement aux Dokeianoi au Xle siècle) et b) que lesdits villages devinrent au Xle siècle des endroits fortifiés d'après l'exemple de Dokeia et on pourrait avoir, de la sorte, deux cas (le deuxième étant celui de Dalassa) indiquant comment des agglomérations rurales du Xe siècle seraient transformées en domaines patrimoniaux, se distinguant éminemment des pauvres villages du rang au Xle siècle par un château-fort érigé par le noble propriétaire.

Etant connu que les magnats accomplissent à partir du IXe siècle ce dont était chargé l'état sous le Bas-Empire, le processus en cours nous est décrit en termes plus ou moins clairs par la version II de la Novelle que Basile II publia

26 Bryennios, 195: éyyiaxa yéyovs xçç oiKÎaç xov AoKsiavov Osoôœpov, avôpoç xrnv sv ysyo-voxmv Kai nXovxmi Ko/mvxmv Kai KaO'ai/a xrni axpaxo^sôâpxçi xpoaqKovxoç... 197: nspiôsxçv Kaaxâ/ova ysvâ/svoç (AXéÇioç) EKsOv/ças xçv xov KâKKov oiKÎav iôsiv... À noter ici que, selon le même Bryennios, 197-199, la côte de Paphlagonie jusqu' à l'ancienne Héraclée Pontique se trouvait alors sous Mavrix, le futur amiral d'Alexis Comnène.

27 Kékauménos, 223.

28 Skylitzès, 483, 97—98. Psellos II, 180.

29 Skylitzès, 373, 19—20: ...Kaxâ xov Ap/sviaKov sv xrni iôirni oÎKrni a-/oXâœovxa... et 397, 48—50.

30 Atlaleiate, 11, 17.

31 Psellos I, 256. Cf. aussi II, 296. Sur les Dalassène, cf. l'essai de J. -C. Cheynet -J. F. Vannier, Études prosopographiques, Paris 1986, 75—115. D'autres smaç/ua /rnpia dans Théophane, 256, 23—25 de Boor. SurMélitène comme emm^iiov Kâcnpov, cf. Théoph. Cont., 415.

32 Evagrios, III, 37,136 Bidez-Parmentier: AvaaxâaioçAâpaçxùpiov...sîaypov nâXiv sivai koieî, Kapxspmi xs xsixsiaaç nspiftoXon, oiKoôo/uîaç xs ôiapopovç ekkpekeiç ekxiOeîç sKKXçaimv Kai âXXmv...aiç ai smaç/oi xrnv noXsmv syKalXomiœovxai.

en 99633 qui, entre autres, raconte comment un vilain du nom de Philokalès, devenu riche, est parvenu petit à petit à devenir maître du village entier et à le transformer en propriété terrienne privée en lui changeant aussi le nom qu' avait le village à l'origine.34 À la remarque éventuelle que dans le texte de la novelle de Basile II il n'est nulle part question de fortifications du village en question, on pourrait répondre a) que la coutume de fortifier les villages était aussi vieille à Byzance que l'effondrement des villes antiques sous Justinien 1er35 et b) que l'association des deux termes x®pia Kat ^poûpta est plutôt courante dans les textes byzantins pour décrire en bref la campagne de l'empire36 et, pour ce qui est du Xle siècle, ce serait imprudent de prétendre que toutes les forteresses de la campagne relevaient directement de l'état, car, plus l'état devenait impuissant, plus il remettait des grands domaines aux nobles qui allaient les défendre contre le danger extérieur.

33 Cf. N. Svoronos, Les Novelles des empereurs macédoniens concernant la terre et les stratiotes, Introduction-édition-commentaires (éd posthume par P. Gounaridis) Athènes 1994, p. 203.

34 Ibidem:...oëov ek tov Kai oëiyov EKpatçcE xopiov Kai npoàctEiov iSiov ekoîçcev Eva-ÀÀâîaç Kai tçv EKrnvvßiav tov toiovtov xopiov.

35 Procope, Aed. IV, 1, 35, p. 107 Haury-Wirth: ovtrn cvvExtf ta Epv/uata ev toiç xopioiç aKEpyacâv^Evoç mctE aypôç ÉKactoç tf ppovpiov anotEtopvEvtai, tf ton tEtEr/ic^èvmi npocoiKoç.

36 À titre d' exemples cf. Nicéphore le patriarche, 69. 7—9 de Boor (en 761). Anne Comnène I. 56 (en 1080/1081), pour ne pas énumérer les exemples des Kâaxpa dans des %rapia mentionnes très fréquemment par F empereur Constantin Porphyrogénète dans le De administrando imperio, à partir du ch. 32.

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