Научная статья на тему 'Sur les ecclesiastiques d’apres les documents athonites'

Sur les ecclesiastiques d’apres les documents athonites Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Текст научной работы на тему «Sur les ecclesiastiques d’apres les documents athonites»

MIRJANA ZlVOJINOVIC

SUR LES ECCLÉSIASTIQUES D'APRES LES DOCUMENTS ATHONITES

D'après les documents disponibles, les ecclésiastiques (ekklèsiastikoi), dans les actes serbes cr'kovnici — prêtres et officiers de l'église de la Mésè et des églises conventuelles —, n'apparaissent comme signataires d'actes du Prôtaton, à la différence des économes, des écclésiarques ou des épitérètes,1 qu'à partir du XIVème siècle. Ceci pourrait indiquer qu'ils n'étaient jusque là nullement impliqués dans la gestion des affaires administratives de l'Athos, d'où le caractère très rare et succinct des données les concernant. Nous essaierons ici, sur la base de toutes les mentions et signatures de titulaires de cette fonction, ainsi qu'à l'observation des données sur leurs cellules et vignes à Karyés, de revenir sur leur apparition, d'établir la place qu'ils occupaient dans la hiérarchie des officiers du Prôtaton et dans les assemblées conventuelles, ainsi que les tâches qui leur étaient imparties.

Les ecclesiastiques de l'eglise du protaton

Les ecclésiastiques du Prôtaton sont des moines et hiéromoines que les «monastères de la Sainte Montagne, comme cela est l'usage, envoient à la Laure de Karyés» est-il précisé dans un acte de juin 1377.2 Il est donc question d'une pratique très ancienne — à savoir l'obligation faite aux monastères les plus riches, donc à ceux pouvant en supporter la charge, d'entretenir un ecclésiastique à Karyés.3 La plus ancienne donnée attestant cette pratique figure dans un acte du prôtos Paul de juillet 1089 qui, statuant sur les droits et la position du monastère rénové de Xénophon dans la hiérarchie des

1 Cf. Archives de l'Athos VII: Actes du Prôtaton, éd. dipl. par Denise Papachryssanthou, Paris 1975, 153—161; cit. Prôtaton.

2 Archives de l'Athos II2 : Actes deKutlumus, éd. dipl. par P. Lemerle, Paris 1988, no 35, l. 33—35: ...Kal tovrav tûv ti^îuv ÉKKXi^CTiaCTTiKÛv tûv te lepo^ovdxwv Kal ^.ovaxûv o&ç al ayiai toû âylou Opouç ^.oval elç Ti^v Xaûpav TaÛTi^v mç Ê8oç éÇauoCTTéXouai.

3 Conclusion déjà avancée par D. Papachyssanthou, Prôtaton, 123.

© M. Zivojinovic, 2007

207

monastères athonites, a enjoint ce monastère «de déléguer un prêtre timide auprès de l'église de la Mésè, qui ne perturbera nullement la vie des anciens» ("Exeiv офе1Хе^ ка! cXfpiKov eva év Tf еккХ^стиа t^ç Местеыс eûXa(3f, той |j/f •npoo^épeiv oxavSaXa toIç yépouox).4 Le fait que Xénophon, à la suite de sa restauration entreprise dans les dernières années de la huitième décennie du Xlème siècle par le grand drongaire Stéphanos, alors moine Syméon, s'était élevé, de modeste établissement qu'il était, au rang des grands monastères athonites ressort, d'après ce document, de la place (caGéSpa) que son higoumène occupait au Conseil du prôtos, ainsi que de la stalle correspondant lui revenant dans l'église de la Mésè où il se tenait avec ses moines.5

Si, comme nous le verrons dans la suite plus loin, d'autres monastères du rang de Xénophon, tels que Docheiariou, Philothéou, St-Pantéléèmôn, Xèropotamou ou Esphigménou, envoyaient, eux aussi, un ecclésiastique à Karyés, cela était le cas, déjà auparavant, pour les monastères les plus grands et les plus riches — la Grande Lavra, Vatopédi, Iviron et Chilandar. Bien que la première donnée connue rapportant que sur les 12 ecclésiastiques de l'église du Prôtaton, 4 étaient envoyés par les plus grands monastères, alors que les 8 autres venaient des autres monastères, ne date que du XVème siècle,6 nous considérons que ces monastères étaient tenus à cette obligation depuis une époque bien antérieure, certains depuis leur fondation, d'autres depuis leur rénovation, etc. Il convient, en effet, d'avoir en vu le caractère conservateur de l'Athos s'agissant des usages, et en particulier des typika, et la valeur durable que s'y voyait conférer toute décision portée par des documents officiels. En tout état de cause, le kellion à Karyés, ainsi que la vigne voisine, qu'un monastère recevait du Prôtaton pour assurer le séjour et les besoins de l'ecclésiastique délégué auprès de l'église de la Mésè, devenaient sa propriété durable, comme cela était le cas pour tout autre bien concédé ou offert, tant à l'Athos qu'en dehors de la presqu'île.7 Toutefois, lorsque ces kellia d'ecclésiastiques venaient à tomber en délabrement, soit à la suite de leurs dévastations par les pirates turcs, à cause, semble-t-il, de la facilité d'accès à Karyés, ou en raison des difficultés auxquelles étaient confrontés leurs monastères, on note que les moines demandaient au Prôtaton la permission de les renouveler. Ceci ressort, entre autres, assez clairement des exemples relatifs aux kellia de Docheiariou et de Xéropotamou.

4 Archives de l'Athos XV: Actes de Xénophon, éd. dipl. par Denise Papachryssanthou, Paris 1986, no 1, l. 181—182; cit. Xénophon.

5 L'higoumène de Xénophon devait siéger à côté de l'higoumène du monastère des Amalfènôn, et, en cas d'absence de ce dernier, à côté de l'higoumène de Vatopédi : Xénophon, no 1,l. 175—178.

6 Ph. Meyer, Die Haupturkunden für die Geschichte der Athosklöster, Leipzig 1894, p. 198, l. 10—14; cit. Meyer, Haupturkunden. Le texte connu comme Nö^og" Kai. TvkoÇ, établi vers la fin du XVe siècle dans le but de renforcer la position très affaiblie du prôtos (cf. Dionysia Papachryssanthou, '0 A8uvi.koç ^ovaxia^ôç, âpxèç Kal èpydvuCTi^, Athènes 1992, 315, n. 127; cit. Papachryssanthou, MovaxiCTU-ôç. trad. D. Papahrisantu, Atonsko monastvo. Poceci i organizacija, Beograd 2003, 231, n. 127; cit. Papahrisantu, Monastvo ), de sorte que nous n'avons aucune raison de douter de l'exactitude des données concernant les ecclésiastiques.

7 L'opinion déjà exposée par D. Vamvakas, Note sur l'ancien monastère Athonite de Kaproulis, Byzantion 50/2, 1980, 627.

Victime des fréquentes incursions des Agarènes, le kellion de Docheiariou, situé à l'intérieur du kathisma de Karyés, est tombé en ruines dans la seconde moitié du XlVème siècle, raison pour laquelle ce monastère a «négligé l'envoi, comme cela était l'usage, d'un ecclésiastique» (...f|jiXei êÇa^oCTTeXXeiv ùç ê0ôç ¿KKXfoiaoTiKov) pour l'église du Prôtaton.8 Constatant cette situation, ainsi que le fait que Docheiariou n'avait pas reçu de vigne pour l'ecclésiastique (...oûSe a^^eXiov êXaxev êxeiv to t^ç ToiaiiTfç |ov^ç êKKXfoiaoTLKov) le moine Iôasaph a décidé d'affecter pour les besoins de l'ecclésiastique de Docheiariou un kellion qu'il a fait construire à ses propres frais, ainsi que la vigne qu'il avait lui-même plantée.9 Ayant accepté la requête de Iôasaph, ainsi que celle, portant sur la même affaire, que lui avaient adressée les moines de Docheiariou, le prôtos Charitôn a remis, en juillet 1378, le dit kellion et la vigne sise à proximité de ce dernier (to ... KeXXlov Kal to oxeSlwç pfGèv a^^éXiov) à Docheiariou ôtant ainsi à ce monastère la possibilité d'invoquer l'absence d'habitation pour justifier le non envoi d'un ecclésiastique à Karyés.10 L'acte du prôtos Charitôn stipule que la vigne en question est plantée à proximité du kellion de l'ecclésiarque et du kellion de Kaproullè.11 Ce dernier semble pouvoir être identifié avec l'actuel konaki de Simonopétra à Karyès, lui-même voisin de Saint-Etienne, l'actuel konaki de Dionysiou.12 Lorsque Docheiariou s'est retrouvé déserté durant plusieurs années au début du xVème siècle13 son ekklèsiastikon kellion sis au Prôtaton a connu une nouvelle période de délabrement. En conséquence, les moines de ce monastère ont demandé en 1514 le droit de le renouveler.14 Après que le prôtos et les anciens ont soigneusement examiné cette demande ils ont affecté à Docheiariou un emplacement situé entre l'ekklèsiatikon kellion de Philothéou et celui du monastère des Russes.15 Outre le prôtos Joseph, trois représentants de Philothéou et autant du monastère des Russes, l'acte délivré mentionne également les représentants des petits monastères voisins (êi tûv yeiTovwv), de Makrou et de Kaproullè, qui, avec les autres représentants réunis à l'occasion, ont établi les fondations du kellion.

Une donnée nous informant sur la restauration du kellion ecclésiastique de Xèropotamou à Karyés date, elle aussi, du XVIème siècle. Nous y apprenons qu'en juillet 1539 s'est tenue une grande assemblée des Hagiorites au retour de l'ancien prôtos Eustratios qui ramenait de Moldo-Valachie des subsides

8 Archives de l'Athos XIII : Actes de Docheiariou, éd. dipl. par N. Oikonomidès, Paris 1984, no 46, l. 1—4; cit. Docheiariou.

9 Ibid. l. 4—13.

10 Ibid. l. 15—19.

11 Ibid. l. 13—14.

12 Vamvakas, loc. cit.

13 Cf. Ch. Kténas, '0 upÛTOç toû 'Ay. "Opoûç "A8u Kal 1 «MeydAi^ Méaii» 1 «SwaÇiç», EEB2 6, 1929, 279.

14 Ibid. no 29, l. 1—3.

15 Ibid. l. 3—6: .„Kal 8i1 éuepuTiiaaç tOv te upÛTOv Kal toûç yépovTaç toûç eu' aKpißüc èmaTa^Tac tov touov éué8eiÇav aÛTfl tov touov to ava^eTaljû to keaaiov to ¿KKAiiaiaaTiKOv toû $i.Ao8éou to ^ovaaTiipiov Kal to ¿KKAiiaiaaTiKOv to KeAAlov tûv 'Puaâv.

destinés à tous les monastères et aux kellia.16 Lors de cette réunion, à laquelle participaient outre le prôtos Gabriel, les higoumènes, prohigoumènes et gérontes d'une vingtaine de monastères athonites, il semble qu'a été tout d'abord abordé un problème concernant les ecclésiastiques de l'église du Prôtaton (ауаферау тер! еккХгцласттишу Tfj ёккХ^стьас той •протаты).17 Les représentants de Xèropotamou, le prohigoumène Germanos et le gérôn Christophoros, ont ensuite exposé que leur monastère ne possédait aucun kellion pour leur ecclésiastique (...от! KêXX!ov éKKXfCT!a<TT!Kov oùSèv ехыцеу). Il leur a été répondu qu'il serait procédé à l'érection d'un kellion et qu'ils pourraient /alors/ y détacher un ecclésiastique (окобоц^стета! то KêXX!ov ка! (ЗаХете ёк^^шатькоу). Il ne s'agissait en fait que de la restauration d'un kellion ekklèsiastikon comme cela ressort de la suite du texte où il est dit que l'établissement en question se trouvait «entre le kellion ekklèsiastikon de Philothéou et celui d'Esphigménou, comme cela a été attesté par tous».18 C'est donc ce kellion, situé derrière l'autel de la grande église, que les moines de Xèropotamou ont obtenu le droit d'ériger au même endroit (апо той уйу va ехой« aS!av о! Нфопотацлуо! va око8о|!стыст! то еaйтov KêXX!ov ava^ica то Ф^оОе'ткоу ка! той 'Естфьуц^ой отсты той (З!|атос тfç |eyaXfç èKKXfoiac).19

Les vignes que possédaient les monastères à Karyés ont partagé le destin des kellia ekklèsiastika. Nous exposerons ici le cas de la vigne de Xénophon. Dans son acte de juillet 1089, faisant immédiatement suite à son injonction à Xénophon d'envoyer «un clerc timide» pour l'église de la Mésè, le prôtos Paul précise que ce monastère doit posséder une vigne de 2 modioi dans les environs du Siège de Karyés pour subvenir à l'entretien du «kelliote timide» (...кй(Зеру^еыс хар!^ той ей^а^ойс KêXX^TO^ et qu'excepté cette vigne il ne doit jamais y acquérir une autre vigne.20 Nous pensons que cette vigne était destinée au clerc qui séjournait à Karyés en tant que kelliote.21 Toutefois, du fait de la négligence des moines, la vigne que Xénophon «possédait depuis de nombreuses années» au Siège de Karyés (про xpôvuv noXXûv a^néXbov екект^о êv ты тf Местеыс топы) a progressivement dépéri, de sorte qu'au début du XlVème siècle, il n'était plus possible de déterminer avec précision l'endroit où elle avait été plantée. De fait, l'higoumène de Xénophon, l'hiéromoine Barlaam, a demandé avec

16 Acte inédit, photo: Collège de France: î^epe ^tixlko^ ... àaupa Kal êSie^ipoiCTav aÛTà elç OXa Ta ^.ovaCTTÎpia Kal Ta KeXXla. Je tiens à remercier ma collègue Vassiliki Kravari qui m'a facilité l'accès à ce document. Il est déjà connu de J. Bompaire, Actes du Congrès international d'études byzantines II. Ochrid 10—16. Septembre 1961, Beograd 1964, 539 et de P. Nasturel, Le MontAthos et les Roumains, Roma 1986, 298—299.

17 Le texte est ici partiellement illisible. Il est question d'une obligation de donation, peut-être de versement d'une certaine somme d'argent, aux ecclésiastiques de l'église du Prôtaton, faite aux monastères en vertu d'une décision écrite.

18 Ibid: ...to 8è to KeXXiov aÛTOv eKKXiCTiaCTTiKOv |tov ava^eCTa to ^iXoOeiriKOv to ÎKKXiiCTiaCTTiKOv Kal tou ECT^iy^évou, ùç é^apTupiOei ûuO tovtùv.

19 Ibid.

20 Xénophon, no 1,l. 181—184: ...exeiv 8è ^Ovov Kal tov 8i^o8leov â^ueXùva ev t| t|ç MeCTeùç uepioxî...

21 V. au-dessus et n. 4.

insistance, avant mai 1316, au prôtos Isaac que fût accordée à son monastère une vigne d'une superficie égale, prise parmi celles de la Mésè, ou un terrain en friche situé à peu près au même endroit.22 Qu'il est bien ici question de la vigne obtenue par l'acte de 1089 ressort du fait que Barlaam a alors présenté un acte du feu prôtos Paul dans lequel sont consignées en détail toutes les possessions de Xénophon, y compris cette vigne.23 En conséquence, le prôtos avec son Conseil cède à Xénophon, en mai 1316, une terre en friche de 2 modioi, sise près des vignes de la Mésè, pour que les moines de ce monastère y plantent une nouvelle vigne, à la place de l'ancienne, et qu'ils la possèdent sans entraves ni charge (...ыстте фитейош aûrqv ка1 avTi той таХаюй àveyeipai ка! Sua -navTÛç vé|j.eo0ai акыХйтас), car il est considéré, en vertu de l'acte du prôtos Paul, qu' on restitue au monastère une terre lui appartenant et, même si cette terre était estimée comme appartenant à la Mésè, les moines ne seront soumis à aucune redevance,24 vraisemblablement en raison de la nécessité d'entretenir le clerc de Xénophon rattaché à l'église de la laure de Karyés.

Avec le temps, le kellion dans lequel vivait un ecclésiastique, et la vigne qui lui est rattachée ont fini par être désignés par l'épithète ekklèsastikon. Toutefois, alors que nous trouvons un premier ampélion ekklèsiastikon, déjà en juillet 1378, dans l' acte du prôtos Dorothée,25 s'agissant des kellia cette qualification, à notre connaissance, n'apparaît pas avant le XVIème siècle, à savoir deux actes datés de 1514 et 1539. Les kellia à Karyés de plusieurs monastères — Docheiariou, Philothéou, St-Pantéléèmôn (des Russes), Xèropotamou et Esphigménou, y sont, en l'occurrence, régulièrement qualifiés d'ekklèsiastika.26 Nous pouvons également y ajouter un acte de 1561/1562 faisant état de l'Ekklèsiastikon kellion de Lavra à Karyés.27

L'entretien des ecclésiastiques. — Outre une certaine somme d'argent que les monastères du Mont Athos étaient, peut-être, tenus de verser pour l'entretien des ecclésiastiques de l'église du Prôtaton,28 ils subvenaient également à leurs besoins en leur fournissant une certaine quantité de denrées, à l'exclusion du vin. Cette exception ressort du fait que le vin ne figure pas au nombre des denrées que les ecclésiastiques recevaient chaque mois, d'après le document de la fin du XVème siècle, de leurs monastères : une mesure de

22 Ibid, no 11, l. 1—5. Sur Barlaam, qui était l'higoumène de Xénophon de 1312 à 1325, cf. Ibid, 47.

23 Ibid, no 11, 5—10: ...û'^eLKvu yàp Kal ypa^a î^v elç t|v rqç âXi^8eiaç uapdCTTaaiv tou ^.aKapÎTOu éKelvou Kal OaLUTaTOu 'pÛTOu Kupou nauXou, év < cIctl 'avTa Ta rqç ^ovflç è^'epieiXîî^éva Xe'TO^epûç Kal auTO 8| ^eTa TÛv âXXuv to pr|0èv 8i^,o8iaîov â^'éXiov.

24 Ibid, l. 10 sqq.

25 Docheiariou, no 46, l. 12—13..

26 V. au-dessus etn. 14, 15 et 18.

27 D'après Papachryssanthou, 'A8uvi.k0ç ^,ovaxi.CT^.0ç, p. 316, n. 127 ; trad. Papahrisantu, Atonsko monastvo, p. 231, n. 127. Cf. Lavra I, App. II, l. 78: éTepov KeXXlov to 'EKKXraiaCTTiKOv (to évtoç TÛv Kapuûv KOi^rTÎpiov).

28 V. au-dessus, n. 17.

farine et une remise d'huile, ainsi que de la cire et de l'encens.29 Qui plus est, la formule ekklèsiastikon ampélion montre que cette vigne était rattachée à l'ecclésiastique qui en recevait le vin nécessaire pour la célébration de la liturgie.

Les ecclésiastiques du XIVème siècle. — Nous connaissons uniquement trois ecclésiastiques figurant comme signataires d'actes du prôtos et de son Conseil aux côtés d'autres officiers du Prôtaton, proches d'eux par leur rang et leurs fonctions, ainsi que de représentants d'établissements situés pour la plupart dans les environs de Karyés. Il y est question de la concession à certains monastères athonites de biens sis le plus souvent à Karyés (1316, 1366, 1375) et, pour un quatrième acte, de la confirmation de l'achat d'un tel bien à Karyés (1377). Le pécheur Mélétios est tout d'abord l'avant dernier signataire de l'acte déjà mentionné du prôtos Isaac de mai 1316.30 Il est significatif que ce Mélétios, premier ecclésiastique connu, «sûrement de l'église de Karyés»,31 portant ce titre, ne mentionne pas qu'il est officier de Karyés, à la différence de l'ecclésiarque,32 de l'épistémonarque33 et du paraecclésiarque,34 également signataires de ce document.

Le second de ces ecclésiastiques, le moine Iôv, signe en dernier un acte du prôtos Dorothée et des gérontes, qui rattache au monastère des Russes, en janvier 1366, le kellion du papas Kornèlios avec son olivaie.35 Ce Iôv semble avoir été amené au Prôtaton par le prôtos serbe Dorothée, comme son homme de confiance, de sorte qu'il y apparaît comme le cr'kovnikprôtov, après les

29 Meyer, Haupturkunden, p. 198, l. 14—16 ; sur ce document, v. ci-dessus, n. 6. Sur la mesure (mouzourion, mazourion), cf. E. Schilbach, Byzantinische Metrologie, München, 1970, 139.

30 Xénophon, no 11, l. 28: f MeXeTioc â^apraXoc Kai éKKX^aiaaTiKoc Kal aÚToc ûuéypa^a f

31 Cf. Remarque déjà faite par D. Papachryssanthou : Xénophon, p. 117. Sont également signataires l'épitérète Kallistos en janvier 1375 et les deux anciens épitérètes Iôakeim et Kallistos en juillet 1377, qui ne précisent pas être officiers de Karyés (v. au-dessous, n. 42, 45).

32Xénophon, no 11, l. 25: ...Niphon ecclésiarque rqç aeßaa^lac ^.eyáXi^c Xaúpac tûv Kapeâv signe après le prôtos Isaac, l'higoumène d'Alypiou et les proistaménoi de Rabdouchou et de Rabda (Xénophon, no 11, l. 19-24). Sur l'emplacement de Rabdouchou dans la région de Karyés, cf. Archives de l'Athos XVII, Actes du Pantocrator, éd. dipl. par Vassiliki Kravari, Paris 1991, 29-30. L'établissement de Rabda " était situé à proximité de Karyés ", cf. Archives de l'Athos XIV, Actes d'Iviron I, éd. dipl. par J. Lefort et al., Paris 1995, 204.

33 Ibid, l. 27: Hilarión ... épistémonarque de la grande laure de Karyés signe entre l'higoumène de Xystrè (l. 26), dont la signature suit celle de l'ecclésiarque (v. au-dessus, n. 32); Hilariôn est le seul épistémonarque portant ce titre connu dans les dossiers des monastères athonites. Attendu que "les fonctions de l'épistèmonarchès étant ailleurs comparables à celles de l'officier qu'on appelle à l'Athos l'épitérète, — Papachryssanthou se demande — si Hilarión, qui signe en 1316 avec ce titre, n'est pas un épitérète qui voulut user d'un terme moins banal " (cf. Prôtaton, 150). Le monydrion de Xystrè est identique à l'actuel Serai de Karyés, cf. Archives de l'Athos IX, Actes de Kastamonitou, éd. dipl. parN. Oikonomidès, Paris 1978, 47; cit. Iviron I.

34 Ibid, 29: Naucratios ... paraecclésiarque de Karyés signe le dernier, c.-à-d. après l'ecclésiastique (v. au-dessus, n. 30); il est aussi le seul officier de Karyés, portant ce titre, connu dans les dossiers athonites, cf. Xénophon, 117.

35 Archives de l'Athos XII, Actes de Saint-Pantéléèmôn, éd. dipl. par P. Lemerle et al., Paris 1982, no 14, l. 25: f Iwb monax öp^koehmkü npwroBh f; cit. Pantélèmôn.

signatures des higoumènes de trois petits monastères et de trois officiers du Prôtaton, à savoir l'ecclésiarque,36 l'épitérète37 et le domestique du choeur droit.38

Finalement, le moine Damianos, ecclésiastique de Chilandar, est le dernier signataire39 de l'acte par lequel le prôtos Gérasimos avec son Conseil cède en janvier 1375, de façon irrévocable, le kellion Plakas à Chilandar.40 Excepté Damianos, parmi les autres officiers du Prôtaton, ce document a été signé par l'ecclésiarque41 et l'épitérète.42 Deux ans plus tard, en juillet 1377, ce même Damianos signe en dernier, en tant qu'hiéromoine et ecclésiastique de Chilandar, un acte par lequel l'hiéromoine Daniel lègue un des étages de son kellion à Karyés au Prôtaton alors qu'il vend le second à Chilandar.43 Outre par le prôtos Charitôn, cet acte de donation et de vente a été homologué par les signatures des higoumènes de deux petits monastères44 et, parmi les officiers du Prôtaton, des deux anciens épitérètes,45 du grand

36 Ibid, l. 18: L'hiéromoine Kyrillos ... ecclésiarque de Karyés, signe le premier après le prôtos.

37 Ibid, l. 20 : L'hiéromoine Iôannikios ... épitérète de la Sainte Montagne, signe après le moine Théophilos Plakas (l.19), dont la signature suit première celle de l'ecclésiarque; Papachryssanthou (Monacismos, 411, n. 318; 413, n. 326; trad. Monastvo, 302, n. 318; 303, n. 326) remarque que ce Théophilos Plakas signe parfois o" pote. Plaka/jet attire l'attention sur le fait qu'entre 1347 et 1377 un Théophilos ou plisieurs moines portant ce même nom signent vingtaine de document.

38 Ibid, l. 23: Le moine Iakôbos ... domestikos du coeur droit, officier «chargé de la fonction ecclésiastique dans l'église du Prôtaton», cf. Pantéléèmôn, 113. Il a posé sa signature parmi les sigantures des higoumènes de Pseudaki, de Chana (l. 21, 22) et celle de l'higoumène de Stéphanou (l.24), petits établissements dont l'emplacement devait plus ou moins se trouver dans les environs de Karyés.

39 Petit, Chilandar, no 156, l. 50: f Àa^,i.avoç ^.ovaxoç ko! ÉKKXi^CTiaCTTiKÔç toû Xi.AavTapi.ou.

40 Les signatures du moine Théophilos Plakas (l. 44), venant après celle du prôtos et de l'ecclésiarque-a, plutôt inattendues sur ce document, ainsi que sur l'acte de juillet 1377 (v. au-dessous, n. 44), révèlent qu'il était très certainement un personnage influent et respecté au Prôtaton. En l'occurrence très rares sont «exemples de représentants de couvents dépendants qui signent des actes établis au Prôtaton»: Xénophon, no 18, l. 57 et cf. Ibid, 9, n. 7.

41 Ibid, l. 43: L'hiéromoine Kyrillos, ecclésiarque de Karyés, signe le premier après le prôtos.

42 Ibid, l. 47: L'épitérète Kallistos signe après les moines Théophilos-a (v. au-dessus, n. 37, 40), Iôannikios (l. 45; qui est n'est pas connu d'ailleurs) et Iônas Komatas (l. 46), que nous supposont être représentant du monastère du même nom (sur le nom Kommatas, cf. Prôtaton, p. 158, n. 445), et avant l'hiéromoine Mènas, scribe de cet acte (l. 48-49), et l'ecclésiastique, dernier signataire (v. au-dessus, n. 39).

43 Chil. Suppl., no 9, l. 38-39: f 'O éXOxiCTTOç év lepo^ovaxoïc Àa^iavoç ko. ekkA^ctiocttikoc Tqç CTe(3aCT^laç PoctiAik^ç ^ovqç toû XeXavTapiou f

44 Le moine Théophilos Plakas (l. 31, v. au-dessus, n. 42) signe le premier après le prôtos Charitôn, métropolite d'Oungrovlachie (l. 30). Les higoumènes de Chairontos et de Makrogénè/Makrygénè (l. 34—35) signent après les deux anciens épitérèretes et avant le scribe de cet acte l'hiéromoine Matthaios (l. 36—37). Le monastère de Chairontos était limitrophe d'Arméniou à Xèrokastron (cf. Iviron I, p. 231). Sur l'emplacement de Makrygénè près de la route publique en direction de Karyés, cf. Archives de l'Athos XXI: Actes de Vatopédi I, dès origines à 1329, éd. dipl. par J. Bompaire et al., Paris 2001, 26—27 et n. 29; cit. Vatopédi I.

45 Ibid, l. 32-33: les moines Iôakeim et Kallistos, anciens épitérètes (sur ceux-ci, cf. Prôtaton, 158) signent après Théophilos Plakas (v. au-dessus etn. 44).

économe46 et de l'ecclésiastique mentionné. Compte tenu qu'aucun de ces deux documents n'exigeait la signature du représentant de Chilandar, établissement y apparaissant en tant que partie à laquelle ils sont adressés, force est d'estimer que Damianos les a signés en tant qu'officier du Prôtaton, envoyé et entretenu à Karyés par Chilandar. Qui plus est, les dossiers athonites n'offrent aucun exemple d'ecclésiastique ayant représenté son monastère.

Préséance des ecclésiastiques. — Le bon déroulement du cérémonial ecclésiastique exigeait que le personnel de l'église du Prôtaton soit au complet tout comme le respect de la préséance établie et de l'ordre d'affectation des sièges aux membres du Conseil du prôtos.47 Ainsi, en juillet 1378, la décision du prôtos Charitôn d'attribuer un kellion à l'ecclésiastique de Docheiariou à Karyés a également été motivée par la volonté de compléter le personnel de l'église du Prôtaton (...ïva àno ye той vйv ауацффоХыс ейр1сткета1 e!ç атарткгцоу Tfjç ёккХ^стьас f|j.ûv).48 De même, dans l'église du Prôtaton l'ordre des stalles (stasidia) des ecclésiastiques de certains monastères correspondait à celui des sièges (ка0е8раи) de leurs higoumènes au Conseil du prôtos. Cet ordre devait strictement respecter;49 ceci ressort clairement d'un acte du prôtos Dorothée et de son Conseil ayant mis un terme, en décembre 1361, à une vieille querelle qui opposait les moines de Docheiariou à ceux de Xénophon au sujet de leurs stalles dans l'église du Prôtaton. Les Xénophôntinoi contestaient à l'ecclésiastique de Docheiariou le droit d'avoir le pas sur le leur et réclamaient une modification de préséance. Cette revendication était fermement rejetée par les Docheiaritai qui en appelaient à une longue habitude et à la préséance qui leur revenait depuis très longtemps (...Tfç цакрас айт^ ка! noXuxpoviou vo|j/fç ка! стйVf0eíаç).5O Compte tenu que cette querelle allait en s'aggravant, le prôtos, procédant à une enquête détaillée, a appris de témoins dignes de foi que déjà depuis l'époque du prôtos Isaac, lequel, à la demande des Xénophôntinoi, s'était penché sur le même problème, l'ecclésiastique de Docheiariou occupait la place qui était présentement la sienne, c'est-à-dire à l'époque de

46 Ibid, l. 40 : l'hiéromoine Daniel, grand économe, signe dernier, ce qui n'est pas surprenant, cf. Prôtaton, 153.

47 Le fait que la décision d'octroyer une stasis et une cathédra était de la compétence de prôtos ressort d'une donnée concernant un agros de Kalyka à Karyés. D'après un accord conclu entre le moine Macaire, occupant de cet agros, et l'higoumène Nicéphore de Lavra, ce monastère a obtenu la jouissance de ce bien, ce que le prôtos Gabriel confirme dans ce document daté du 20 octobre 1153, en ajoutant une clause spéciale: «attendu qu'il/le prôtos/ a donné à un tiers, à titre d'arrangement (o'iKovo^ia xapiv), la place (cttoctic) et le siège (Ka8é8pa) que le moine installé dans cet agros possédait dans l'église et au tribunal (èv Tf ÉKKXfCTla Kal tû KpiTfpiu), l'higoumène [Nicéphore] ni aucun de ses successeurs ne pourra revendiquer ce droit, mais ils devront se contenter de ce qu'ils ont reçu, à savoir l'agros avec tous ses privilèges et dépendances, mais sans la stasis ni la cathédra» (Archives de l'Athos V: Actes de Lavra I, dès origines à 1204, éd. dipl. par P. Lemerle et al., Paris 1970, no 62, l. 28—33).

48 Docheiariou, no 46, l. 10.

49 Cf. Le Diataxis du fondateur du monastère de Boreinè de 1247 dans VatopédiI, no 15, l. 105: Ol ÉKKXfCTiaCTTiKol ô^eiXouai KeKTfaOai Tfv upoCTfKouaav Ti^fv èv te Ka8é8paiç, CTTaaeCTi Kal ^iXoTi^laiç).

50 Docheiariou, no 37, l. 4.

Dorothée.51 Le conflit résultait de toute évidence du fait que la préséance entre Docheiariou et Xénophon n'avait jamais été clairement établie,52 de sorte que dès 1316, lorsque l'higoumène de Xénophon a commencé à signer, et respectivement à siéger, avant celui de Docheiariou, les Xénophôntinoi ont également demandé la place de l'ecclésiastique de Docheiariou. Le prôtos et son Conseil, approuvant ce en quoi leurs prédécesseurs «avaient correctement agi», ont confirmé que les ekklèsiastikoi des monastères mentionnés devaient garder à l'avenir les stalles qui étaient présentement les leurs, à savoir que celui de Docheiariou devait avoir le pas sur celui de Xénophon et signifiaient que les Docheiaritai ne devaient plus être importunés sur ce point par les Xénophôntinoi.53

Les ecclesiastiques des monasteres

Compte tenu que les monastères athonites étaient tenus d'envoyer un ecclésiastique à Karyés, des moines assurant une telle fonction devaient faire partie de leur confrérie respective. Toutefois, il semble que le terme ekklésiastikos n'était pas en usage à l'Athos aux Xème et XIème siècles. Il ne figure pas non plus dans le Typikon, ni dans l'Hypotiposis d'Athanase, le fondateur de la Grande Lavra. Il nous semble donc que c'est la raison pour laquelle le «clerc timide» que Xénophon se voit enjoindre d'envoyer pour les besoins de l'église de la Mésè n'est pas mentionné en tant qu'ecclésiastique.54 De fait, le devoir de veiller aux besoins de l'église conventuelle, et en particulier à la discipline durant la liturgie, a été conféré par Athanase à l'épistèmonarchès, à l'épitérètès et aux deux thyrôroi.55 A notre connaissance le terme ecclésiastique, en serbe cr'kovnik, apparaît pour la première fois dans le Typikon de Chilandar : tout d'abord dans la phrase introductive du chapitre 13, qui, rappelant le mode de nomination de l'higoumène, de l'économe et de l'ecclésiarque, désigne ce dernier comme le premier cr'kovnik;56 puis dans une disposition du chapitre 27, qui, revenant sur la remise de vêtements et de

51 Ibid, l. 6—11: ...ûç âuO toû Kâipoû toû ... ÉKeivou KÛp 'IaââK upÛTOu Xpil^aTÎaavTOç ..., âxpi Kâl vwl éKeîae el8évâi Kâl Opâv Ka8' éKâaT^v tov toû Àoxeiâpiou éKKXi^CTiâCTTiKOv laTâ^evov, êv8a Kâi vvv OpâTâi laTâ^,evoc. Sur les rapports entre les moines de Xénophon et le prôtos Isaac, cf. Xénophon, 20—22.

52 N. Oikonomidès (Ibidem, 216) a déjà relevé cette situation en rappelant qu' en 1262 et 1314 les higoumènes de Docheiariou signent avant ceux de Xénophon, alors que cet ordre est inversé par la suite (1316, 1322, 1363).

53 Docheiariou, no 37, l. 11—21.

54 V. au-dessus et n. 4.

55 Hypôtyposis d'Athanase, éd. Meyer, Haupturkunden, 135, l. 20—35; cf. Vie de saint Athanase l'Athonite, Analecta Bollandiana 25 (1906), 37, l. 9—28 = J. Noret, Vitae duae antiquae Sancti Athanasii Athonitae, CCSG 9, Louvain 1982, 153—154, l. 26—49, où sont également mentionnés les deux thyrôroi, qui à l'entrée du narthèx, surveillent ceux qui ne font pas partie du choeur et s'enquièrent des raisons du retard de certains moines ou de leur départ avant la fin de l'office. Sur l'épitérète, qui «exerçaitune fonction de surveillance», cf. Prôtaton, 155—156 et sur l'épistémonarque, v. ci-dessus, n. 33.

56 Hilandarski tipik. Rukopis CHILAS156, préparé par D. Bogdanovic, Beograd 1995,27, l. 7—8 (chap. 13), dans la traduction par erreur le premier ecclésiastique a été traduit par le premier ecclésiarque (Ibidem, 72); cit. Hil. tipik.

chaussures aux membres de la confrérie, s'arrête en particulier sur les ecclésiastiques: ...et que les cr'kovnici reçoivent abondamment les sandales (kalige) et, pour la nuit, des vêtements de nuit, dans la mesure des possibilités du monastère. Et qu'également il leur soit remis à chacun un litre d'huile par an pour l'éclairage de leur cellule. Et qu'à chacun soit donnée de la laine à raison d'une toison par an, si nécessaire en l'achetant.57 Ceci se rapportait de toute évidence aux ecclésiastiques affectés à la liturgie et à quelques autres tâches liées à l'église de Chilandar. Outre ces ecclésiastiques, il existait aussi des cr'kovnici célébrant la liturgie dans les cellules, comme le révèle la suite du chapitre 27: «et qui sont des cr'kovnici nommés par l'higoumène pour réciter l'office du kellion, qu'il leur soit remis à chacun trois litres d'huile par an, mais il convient qu'ils soient deux par cellule, qu'ils accomplissent leur office avec une veilleuse, et que la lumière leur dure un an.58 Or, il s'agit là de deux passages du Typikon de Chilandar qui, tout comme le chapitre 15 où est évoquée la nomination de l'ecclésiarque, s'écartent de leur modèle — le Typikon d'Evergétis.59 Les parties du texte restant fidèles à son modèle grec et se rapportant au cérémonial religieux, reprennent pour désigner l'ecclésiastique le terme de prêtre (lepeùç).60

Au XlVème siècle plusieurs cr'kovnici de Chilandar et de Saint-Pantéléèmôn nous sont connus d'après les listes des frères présents lors d'assemblées ayant adopté certaines décisions. Pour Chilandar il s'agit de deux actes relatifs au kellion de Saint-Sabbas à Karyés — l'un concernant l'achat d'adelphata, en juin 1332, et le second, plaçant le kellion sous l'administration de l'impératrice Jelena, alors moniale Jelisaveta, vers 1360. Le premier de ces documents mentionne, venant après ceux du grand économe, de l'ecclésiarque, du gérôn du pyrgos et de plusieurs anciens et prêtres, les noms de sept ecclésiastiques (cr'kovnici): Danilo, David, un second Danilo, Simon, Mihej, Vasilije, Damjan.61 Quant à la seconde liste, rattachée à la décision de 1360, elle contient les noms de onze ecclésiastiques (cr'kovnici): Neofit, pop Jasaf, pop Damijan, Averkije, Teodosije, Makarije, Andonije, Teodosije et un second Teodosije diacre, Arsenije, Isaija62 — faisant suite à ceux des gérontes du kellion de Saint-Sabbas à Karyés et du pyrgos de Chrysè, du grand économe, de l'ecclésiarque, de deux pères spirituels, du grand économe du métoque de Chilandar à Thessalonique,

57 Ibid, 38, l. 1—30; trad. 82 (chap. 27).

58 Ibid, 38, l. 30—35, trad. 82.

59 Il est bien connu que le Typikon d'Evergétis a servi de modèle lors de la composition du Typikon de Chilandar, cf. M. Zivojinoviœ, Hilandarski i Evergetidski tipik, ZRVI 33, 1994 87 sqq., avec l'ancienne littérature; Lj. Juhas-Georgievska dans Hil. tipik, 116 sqq.

60 Ibid, 10, l. 12; (chapitre 4) et trad. 61; 13, l. 21—22; 14, l. 13, 19 (chapitre 6) et trad. 64; 19, l. 8 (chapitre 9) = Typikon d'Évergétis, éd P. Gautier, REB 40, 1982, l. 88 (cette partie du texte du Typikon de Chil. est perdue), l. 109, 201, 223, 228, 341.

61 Povelja bratskog sabora manastira Hilandara o adelfatima za karejsku keliju Svetog Save Jerusalimskog, éd. par Dragic Zivojinovic dans Stari srpski arhiv 2, 2003, 45, l. 54-55; les éditions anciennes sont notées: Ibid, 42.

62 Akt hilandarskog bratskog sabora o davanju kelije Svetog Save Jerusalimskog u Kareji carici Jeleni, éd. par D. Zivojinovic, dans Stari srpski arhiv 3, 2004, 93, l. 60—62; la mention des éditions anciennes: Ibid, 91.

du grand docheiare, de plusieurs anciens et de prêtres. Sur ces deux listes les cr'kovnici sont suivis du parecclésiarque, du paréconome, du trapézai-re, du vagénaire, du paradocheiare, respectivement du docheiare dans la seconde liste, et sur laquelle uniquement de l'higouménarque63 et duportarios.64

S'agissant de Saint-Pantéléèmôn, il est question de deux décisions de l'assemblée des frères concernant toutes deux des contrats d'achat d'adelphata, le premier datée de 1395/96 et le second entre 1402 et 1422, et signées par tous les officiers du monastère. Dans la liste des frères ayant adopté la première de ces décisions les cr'kovnici Spyridon et Théophane viennent après l'higoumène, les deux prohigoumènes, l'ecclésiarque, et plusieurs anciens, prêtres et diacres, et avant l'higouménarque, l'économe, le trapézaire et le docheiare.65 A la différence des ces deux premiers, les six cr'kovnici de la seconde liste — Théophane, Théodule, Dosythée, Spyridon, Moïse et Aberchye, sont mentionnés en derniers, c'est-à-dire après l'higou-mène, l'ecclésiarque, les deux prohigoumènes et plusieurs pères spirituels, prêtres, anciens et membres du chapitre, ainsi qu'après l'higouménarque, l'économe, le trapézaire, le parecclésiarque, le docheiare et plusieurs diacres.66

Les fonctions des ecclesiastiques

Il ne fait doute que les ecclésiastiques rattachés à l'église de Karyés et ceux existant dans divers monastères exerçaient les mêmes fonctions, parmi lesquelles les plus importantes étaient celles de participer à la liturgie67 et de veiller au bon déroulement des offices.68 Leur obligation de participer à la liturgie est mentionnée par le prôtos Dorothée dans son acte de décembre 1361 «et de suivre dans la paix de l'âme et avec dévotion les cérémonies de l'église».69 La compétence des ecclésiastiques était semblable à celle de l'ecclésiarque, comme l'atteste notamment la mention de ce dernier en tant que premier ecclésiastique.70 Le fait que l'emploi du terme «épistémonarque»

63 Igoumenarh' (noté après le paréconome: l. 63—64) était chargé de l'accueil et du logement des hôtes du monastère, cf. Ibid, 105.

64 Portar' (noté après le docheiare: l. 65) moine qui se tenait au porte du monastère et autorisé l'entrée et la sortie de ceux qui en avaient obtenu la permission de l'higoumène, cf. loc. cit. et ci-dessus, n. 55.

65 Pantéléèmôn: Actes serbes, éd. par S. Cirkovic, no 12, analyse; Akty russkogo na svjatom Afone monastyrja Sv. velikomuèenika i celitelja Panteleimona, Kiev 1873, 406.

66 Pantéléèmôn: Actes serbes, no 14, analyze; Akty ... Panteleimona, 408.

67 Dans le Typikon du Christ Sauveur Pantocrator (éd. P. Gautier, REB 32, 1974, p. 61, l. 537—541) de 1136 les ecclésiastiques sont désignés comme ekklèsiazoménoi et ekklèsiazontes, qui «se consacreront à la divine doxologie et s'adonneront exclusivement au chant des divines hymnes...».

68 Sur ces deux fonctions — célébration de la liturgie et souci de préserver de bons rapports au sein de la confrérie sont clairement évoquées dans le Diataxis du fondateur du monastère de Boreinè: les «ekklèsiastikoi... doivent prier pour tous et veiller et assurer les relations pacifiques entre les moines» (...ùç è^eiAovreç ûuèp udvTuv Kai èraypvnwîv Kai Sl' aÛTÛv CTWLCTTaaOaL to âpi^LKOv te Kai aTapaxov): VatopédiI, no 15,1.105—107 et cf. p. 139).

69Docheiariou, no 37, l. 19—20: ..Kai oïitùç êKTeAeiv ^eTa eûAa(3eiaç Kai $O(3ou ôeoû Kai ei.pi^iK'qç KaTaCTTaCTeùç rqv Tflç eKKAi^alaç aKoAou8iav.

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70 V. au-dessus et n. 56.

a presque disparu à l'Athos71 permet de supposer que les fonctions de cet officier ont été reprises par l'épitérète et l'ecclésiastique. Ceci viendrait confirmer l'idée d'une «évolution de ces fonctions qui se seraient adaptées progressivement aux besoins et aux conditions de vie de la communauté athonite».72 Par ailleurs, compte tenu de la longévité des typika et des usages à l'Athos, nous pensons que l'ekklèsiastikos avait au moyen âge les mêmes fonctions qu'aujourd'hui73 — à savoir s'occuper de l'entretien général de l'église, et notamment veiller sur les icônes thaumaturges74 et à la décoration75 et la propreté de l'église,76 et assurer la discipline durant l'office.77

Par ailleurs, les signatures des ecclésiastiques relevées sur les documents duprôtosetde son Conseil (1316,1366,1375,1377)montrentqu'auXIVème siècle cet officier, à l'instar des autres officiers du Prôtaton proches de lui par leur rang ou fonctions, ainsi que des représentants des petits monastères, principalement de voisins de Karyés, pouvait prendre part à l'adoption de décisions relatives aux transactions foncières à Karyés. De même, tout comme les officiers du Prôtaton, il pouvait également être témoin lors de l'établissement d'actes juridiques dans la chancellerie du Prôtaton, comme cela est le cas pour le testament de Manassès, moine du monastère de Kutlumus, établi en juin 1377.78 Enfin, on note que l'ecclésiastique qui prenait part à l'adoption d'une décision du prôtos et de son Conseil occupait une place venant après celle de l'ecclésiarque et de l'épitérète, c'est-à-dire que lui aussi, à l'instar de l'ecclésiarque,79 a progressé dans la hiérarchie athonite au XIVème siècle.

La présence de cr'kovnici parmi les frères qui prennent des décisions à Chilandar et Saint-Pantéléèmôn (1332, vers 1360, 1395/96, entre 1402 et 1422) révèle que dans les monastères également le rôle des ecclésiastiques devient plus important au XIVème siècle et qu'ils occupent alors probablement, comme à Chilandar, une place plus élevée dans la hiérarchie de la confrérie.

71 V. au-dessus, n. 33.

72 Cf. Prôtaton, p. 151.

73 Opinion déjà exposée par Papachryssanthou, Monacismos, 316, n. 127; trad. Monastvo, 231, n. 127.

74 Cf. Pl. de Meester (De monachico statu iuxta disciplinam byzantinam, Vaticanis 1942, p. 281, 526: Nunc saepe custos est prodigiosae iconis in ecclesia asservatae) suivant en cela Kourilas СA8mç, article dans вр^сткеит.к^ ка1 Хр.стт.аг.к^ 'EyKUKXouai8eia A', col. 579, d'après Papachrisanthou, loc. cit.) traduit ekklèsiastikoiparneôkoroi(Meester, op. cit., 328,932).

75 Dans la traduction slave de XIVè siècle du 2штауц,а ката CTToLxeîov T<<v ... ûuoOéaeMV Totç ... KavoCTL TOvr|0év ка1 ctwteOèv èv lepo^ovaxoLC ёХах'.атш Матба.ш, le terme neôkoros mentionné dans le deuxième canon du quatrième concile de Chalcédoine est traduit par cr'kvokrasitelj, c.-à-d. celui qui orne l'église (Matije Vlastara Sintagmat, éd. St. Novakovic, Beograd 1907, 538 et n. 1).

76 Dans le texte du même canon (éd. G. Rallès — M. Potlès, Su,ntagma tw/n qei,wn kai. Terw/nkano,nwn II, Athènes 1852,réimp. 1966,217etn. 3) on a utilisé le terme paramonarios ou prosmonarios, c.-à-d. celui qui veille la propreté de l'église, cf. I. Sokolov, Sostojanije monasestva v vizantijskoj cerkvi spoloviny IXdo nacala XIII veka, Kazan 1894, p. 406.

77 V. au-dessus, n. 68.

78 V. au-dessus, n. 2.

79 Concernant le progrès de l'ecclésiarque, cf. Prôtaton, 159.

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