Научная статья на тему 'PARENTé LINGUISTIQUE ET TYPE LINGUISTIQUE'

PARENTé LINGUISTIQUE ET TYPE LINGUISTIQUE Текст научной статьи по специальности «Фундаментальная медицина»

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Ключевые слова
L'ALBANAIS / LE ROUMAIN / LE BULGARE / LE SUBSTRAT / TYPE LINGUISTIQUE
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Текст научной работы на тему «PARENTé LINGUISTIQUE ET TYPE LINGUISTIQUE»

PARENTE LINGUISTIQUE ET TYPE LINGUISTIQUE

Observees et decrites depuis longtemps, les concordances qui existent entre les langues balkaniques (appeles, par certains linguistes, «balkanismes») ont ete etudiees aussi du point de vue typologique. Une telle approche est tout a fait justifiee, etant donne qu’il s’agit, en general, de langues non directement apparentees (mais ayant une origine indo-europeenne commune ).

L'approche typologique des langues balkaniques s’identifie avec le debut de la balkanologie comme discipline scientifique, en 1829, quand le linguiste slovene B. Kopitar a soutenu, dans son etude «Albanische, walachische und bulgarische Sprache» que, dans les Balkans, il n’y a qu’une seule forme de langue (all. Sprachform) a trois matieres linguistiques (all. Sprachmaterie) differentes: l’albanais, le roumain et le bulgare (Kopitar 1829: 86).

En constatant la «parente intime» (all. innige Verwandtschaft) entre l’albanais, le roumain et le bulgare, Kopitar voyait dans la postposition de l’article la preuve peremptoire d’une structure identique des trois langues. Kopitar considerait la postposition de l’article comme une particularite decisive, par laquelle le roumain se differenciait - en forme, pas en matiere - des langues romanes occidentales. Etant donne qu’il expliqait l’anteposition de l’article dans les langues romanes occidentales par l’action du substrat germanique, B. Kopitar attribuait, d’une maniere analogue, la postposition de l’article en roumain au substrat thrace.

La distinction faite par Kopitar entre forme et matiere avant que Wilhelm von Humboldt utilise (en 1836) la formule «forme caracteristique» (all. charakteristische Form) pour le type linguistique (Cf.: Coseriu 1983: 271-272; Saramandu 1986: 36) se trouve a

l’origine de la dёlimitation entre l^tude typologique et l’ёtude gёnёalogique des langues. Quant а la «parentё intime» des langues balkaniques, fondёes sur leur forme unique, il ne peut s’agir que d’une parentё typologique, dans le sens qui a ёtё attrib^ plus tard а ce terme par L. Hjelmselv (all. typologische Verwandtschaft. — Cf. : Hjelmslev 1963: 13, 14, 107)1. Il est а retenir chez Kopitar la perspective histo-rique dans laquelle il a envisagё l’origine de la «forme unique» et l’explication gёnёtique du type balkanique (identifiё dans la langue du substrat).

En 1962 G. Reichenkron publie l’article «Der Typus der Balkan-sprachen»2, dont le titre semble ne laisser aucun doute sur l’existence d’un type linguistique balkanique. De meme que ses prёdёcesseurs, Reichenkron est prёoccupё par la genese du type linguistique balkanique. Mais а la diffёrence de ceux-ci, Reichenkron repousse l’explication du «type» balkanique par le substrat, en identifiant les origines de ce type dans le grec et le latin. Les deux langues de circulation et de conversation courante de l’antiqu^ (all. Verkehrs-und Umgangssprachen), qui sont venues en contact dans les Balkans, en raison des ressemblances existant dёja entre elles, ont amplifiё leurs tendances et leurs traits communs (Reichenkron 1966: 21), faisant preuve par-ta d’un^ et de paralMisme dans les innovations (ibid.: 117), ce qui les aurait conduites vers un type linguistique de plus en plus rapprochё (ibid.: 21). La romanisation et, puis, l’hel^nisation de la peninsule balkanique ont ёtё, par consёquent, les deux moments dёcisifs de la formation du type linguistique balkanique3.

En ce qui concerne l’article postposё, auquel Kopitar, tout en ёtablissant son origine dans le substrat, avait acco^ une importance dёcisive dans la dёlimination du type balkanique, Reichenkron adopte l’explication de E. Gamillscheg (1936). L’appariton de l’article postposё en roumain est due, selon Gamillscheg, а une soi-disant «intonation descendante», qui aurait caractёrisё le roman oriental, а la diffёrence du roman occidental, qui aurait une «intonation ascen-dante» (cf.: Reichenkron 1962: 107-118; 1966: 14). De cette maniere, Reichenkron accepte une conception ancienne sur l’accent, selon

1 Citation d’apres l’edition allemande: Die Sprache. Darmstadt, 1968

2 In ZB I (1962): 91-122.

3 «Der erste Vorgang ist die Romanisierung, der zweite die Hellenisierung» (Reichenkron 1966: 21).

laquelle celui-ci appartiendrait а la couche la plus profonde de la langue, oй tout changement linguistique aurait son origine (cf.: Trost 1966: 30). D’ailleurs Reichenkron considere qu’on ne peut pas trouver le motif pour lequel une langue prefere l’une ou l’autre des deux sortes d’intonation (Reichenkron 1962: 99)12.

L^tude des «balkanismes» des langues slaves du sud, entreprise par le slaviste am^ricain H. Birnbaum, s’avere instructive pour ёtablir l’origine des particular's communes aux langues balkaniques. En se ^ёга^ aux facteurs qui ont contrib^ а la formation d’un type balkanique «relativement unitaire », Birnbaum repousse les explications par une source unique (le grec, le substrat), acceptant, dans le sens de Reichenkron, que le point de dёpart de la plupart des innovations spёcifiques aux langues balkaniques est constit^ par le grec byzantin et, probablement, dans une plus grande mesure, par le roman balkanique (Birnbaum 1965: 61)13.

Une contribution important а la cara^risation typologique des langues balkaniques a ёtё apport^e par V. Skalicka. Il faut souligner l’opinion de l’auteur, opinion d’ailleurs dominante en typologie, qu’ «aucune langue n’est la realisation d’un seul type» (Skalicka 1966: 341; 1968: 37), d^ il resulte le caractere polytypologique de chaque langue historique4. En analysant les balkanismes au point de vue typologique, Skalicka montre qu’ils illustrent, en principal, trois types linguistiques: le type flexionnel (la postposition de I’article, la reduction de la dёclinaison, la reprise de l’objet etc.), le type isolant (le datif possessif, le remplacement de l’infinitif par des propositions subordon^es) et le type agglutinant (par exemple, les degres de comparaison en bulgare).

Il faut retenir dans la conception de Skalicka l’importance acco^e au rapport entre la gёnёalogie et la typologie: l^tablissement de type а un fondement gёnёtique (Cf. : Skalicka 1968: 37, 43). Ainsi le type flexionnel est le mieux reprёsentё en roumain (et dans les langues romanes, en gёneral), le type isolant en ^o-grec, le type agglutinant en bulgare, en macёdonien (slave) et probablement dans les langues du substrat. Le latin et le grec ёtaient, au point de vue typologique, tres proches (Cf. : Skalicka 1972: 31)17.

4 «Jede Sprache ist mehr oder weniger politypologisch» (Sprachwissen-schaft II: 432).

Certaines etudes essaient d’expliquer les concordances des langues balkaniques par leurs «tendances communes» ou par leur «evolution convergeante»5 en situations speciales de contact linguistique. A ce sujet, B. Havranek parle d’une «tendance commune» de transformation du «type synthetique» en un «type analytique» (Havranek 1967: 9).

Les contributions de typologie balkanique presentees jusqu’ici, tout en plagant les particularites typologiques au niveau du systeme, ne font aucune difference de hierarchie entre systeme et type. De meme, on n’a pas encore demontre l’existence d’une «connexion interne» entre les particularites typologiques ou entre les types etablis.

A propos de ces contribution, on peut se poser, par exemple, la question formulee par Coseriu a l’egard des etudes de typologie linguistique de Skalicka: «Grace a quelle unite superieure ou a quel principe constitutif coexistent, par exemple, dans une langue x les traits du ‘type’ flexionnel avec ceux du ‘type’ isolant?» (Coseriu 1983: 275). La question est de placer la caracterisation typologique a une autre niveau d’abstraction par rapport a la description structurale, a savoir de considerer le type linguistique comme unite fonction-nelle superieure au systeme.

A cette exigence essaie de repondre la «typologie integrale des langues reelles»6, une typologie structurale-fonctionnelle (Coseriu 1980b: 199), telle qu’elle a ete elaboree au cours des dernieres decennies par Coseriu. Ce qui caracterise la conception typologique de Coseriu c’est la hierarchie norme - systeme - type, c’est-a-dire la distinction claire des trois niveaux de la langue, differencies entre eux par le degre d’abstraction et par le placement du type «au niveau le plus eleve d’une technique linguistique» (Coseriu 1968: 276 — citation d’apres: Coseriu 1971a). A ce niveau superieur d’abstraction le type linguistique est defini, dans la ligne de Humboldt (Coseriu 1983: 269), comme «la couche structurale la plus haute pouvant etre objectivement constatee dans une langue, precisement la couche des types de fonctions et de procedes, des principes manifestes par les oppositions fonctionnelles d’un systeme linguistique» (Coseriu 1987:

5 Par exemple, V. Georgiev parle d’evolution homogene et de «processus convergents» (Georgiev 1968: 9); il parle aussi de «convergence linguistique» et de «courants convergents» (Georgiev 1977: 7; cf. aussi: Birnbaum 1965: 12).

6 Coseriu 1983: 274 : «die integrale Sprachtypologie der realen Sprachen». 228

53). Le type linguistique represente «la cohёrence fonctionnelles qui peut s^tablir entre les parties iso^es du systeme linguistique» (Coseriu 1980a: 163).

Applique aux langues balkaniques, une telle typologie devrait interpreter au niveau du type les concordances ёtablies au niveau du systёme.

La question qui represente l’objet de notre exposё est la suivante: est-ce qu’on peut identifier le type linguistique roman dans les (quelques unes des) concordances s y s t ё m a t i q u e s (donc se fondant sur le s y s t ё m e ) des langues balkaniques?

Pour les langues romanes nous avons adoptё le principe typolo-gique formu^ par Coseriu comme «principe d’un^» dans le sens de Humboldt: «^terminations matёrielles internes, paradigmatiques, pour des fonctions aussi internes, non-relationnelles (par exemple, les catёgories du ‘nombre’, du ‘genre’, etc.), et dёterminations materielles externes, syntagmatiques, pour des fonctions aussi externes, relation-nelles (par exemple, les catёgories du ‘cas’, de la ‘comparaison’, etc.)» (Coseriu 1971b: 11). Cette formulation, qui prend en considёra-tion les parties de discours nominales (le substantif, l’adjectif), s’applique aussi au verbe: «De meme, dans ces langues (= les langues romanes) les formes verbales simples correspondent а un contenu non-relationnel (elles situent l’action verbale dans un seul intervalle de temps), par contre, les formes verbales pёriphrastiques incluent toujours une relation entre deux intervalles ou entre deux moments а ГіПЄпєш- du meme intervalle» (Coseriu 1983: 276).

Par rapport au latin, on constate dans les langues romanes une tendance а remplacer les formes synthёtiques avec des formes analy-tiques pour marquer l’opposition entre les fonctions internes (non-relationnelles) et les fonctions externes (relationnelles). A cet ёgard, d’apres Coseriu, ce n’est pas tout simpliment le «principe analytique» qui cara^^iise les langues romanes, mais «le fait qu’elles font la distinction entre les fonctions externes et internes, relationnelles et non-relationnelles» (Coseriu 1987: 60-61), distinction que le latin — caractёrisё par une riche flexion, donc par la dёtermination paradigmatique ou interne — ne faisait pas.

Par exemple, l’expression analytique (syntagmatique) des cas obliques, de la comparaison des adjectifs et des adverbes dans les langues romanes par rapport a l’expression synthёtique (paradigmatique) du latin (lat. patris vs. esp. del padre, lat. altior vs. esp. mas

alto) correspond aux fonctions relationnelles (syntagmatiques) impliquees dans les categories du ‘cas’ et de la ‘comparaison’.

En ce qui concerne la comparaison des adjectifs, nous retrouvons le type ‘roman’ dans les langues balkaniques:

esp. hermoso mas hermoso el mas hermoso

roum. frumos mai frumos cel mai fumos

alb. bukur me ibukur me i bukuri

bulg. hubav po hubav naj hubavijat

ngr. Kalog nio Kalog mo Kalog

(vs. OKaltjrspog)

A propos de ces formes de type ‘roman’, la question est d’etablir leur origine, leur point de depart. En ce qui concerne les langues romanes, la comparaison analytique avec magis et plus est attestee deja dans les textes du latin vulgaire. Pour le grec les formations ana-lytiques pour exprimer la comparaison des adjectifs sont enregistrees a partir du VIIIe et Xle siecles, dans la periode byzantine. En bulgare les premieres attestations datent de la deuxieme moitie du XIVe siecle. On peut donc affirmer que la comparaison analytique des adjectifs dans les langues balkaniques est non seulement de type ‘roman’ mais aussi d’origine romane; il faut compter aussi sur l’apport du grec.

Dans le domaine verbal, les formes simples, synthetiques ont ete conservees dans les langues romanes parce qu’elles «n’expriment pas de rapports: elles signifient un seul moment du temps ou un seul espace temporel et sont, dans ce sens, ‘non-relationnelles’, tandis que les periphrases signifient un rapport entre deux moments ou deux espaces temporels: ainsi, dictum habeo signifie un rapport entre un moment dans le passe et le moment actuel, et dicere habeo, un rapport entre la moment actuel et un moment dans l’avenir» (Coseriu 1987: 62).

Le systeme verbal des langues balkaniques connait toute une serie de formes analytique, de type ‘roman’, dont les elements constitutifs expriment des rapports tres divers entre differents moments du present, du passe et de l’avenir. Il s’agit d’un systeme tres bien articule, base sur l’utilisation des verbes auxilieres habere et volere au present et a l’imparfait, auxquels s’ajoute la conjonction si a valeur conditionnelle:

aroumain

nco-grec

albanais

cantu ‘je chante’ cantam am cantaШ aveam cantaШ s-cantu s-cantam s-am cantaШ s-aveam cantatu va s-cantu va s-cantam va s-am cantatu va s-aveam cantatu

xavo ‘je perds’ єxаvа sxra xaosv є^xа xaosv vа xavra vа єxаvа (vа sxro xaosv)

ба ^а) xavra ба (vа) єxаvа ба (vа) sxro xaosv ба ^а) є^xа xaosi

afroj ‘j’approche’ afroja kam afruar kisha afruar tё afroj tё afroja tё kem afruar tё kisha afruar do tё afroj do tё afroja do tё kem afruar do tё kisha afruar

Dans les langues balkaniques, les formes verbales composees sont constituees d’un composant verbal et d’un ou deux elements pre-verbaux. En qualite de composant verbal apparaissent des formes qui peuvent fonctionner independamment: cantu (present de l’indicatif), cantam (imparfait de l’indicatif), s-cantu (present du subjonctif), s-cantam (imparfait du subjonctif) ou non-independamment: cantata (participe passe). Excepte la forme du participe passe, le composant verbal est variable. Comme elements preverbaux apparaissent les verbes auxiliaires ‘habere’ et ‘volere’. L’auxiliaire ‘habere’, variable, connait le paradigme complet au present et a l’imparfait de l’indicatif et du subjonctif; l’auxiliaire ‘volere’, invariable, s’emploi au present de l’indicatif, a la troisieme personne, du singulier (va): par exemple,

Pour marquer les diffёrentes valeurs modales et temporelles — donc les fonctions externes, relationnelles — les formes verbales ana-lytiques des langues balkaniques, formes de type ‘roman’, entrent dans un systeme d’oppositions qui comprend des sёries de trois termes:

aroum.

va s-am cantatu va s-ai cantatu

va s-aiba cantatu va s-avem cantaШ va s-avet cantaШ va s-aiba cantatu

Cantu Cantam am cantatu aveam cantatu

s-cantu s-cantam s-am cantatu s-aveam cantatu

va s-cantu va s-cantam va s-am cantatu va s-aveam cantaШ

En ce qui concerne le systeme verbal pёriphrastique des langues romanes, Coseriu considere qu’il «concorde mieux avec le grec qu’avec le latin» (Coseriu 1978: 456; cf. : Saramandu 1970: 328). А notre tour, nous pouvons constater que le systeme des formes verbales composёes des langues balkaniques, tout en ёtant de type ‘roman’, est plus ёlaborё que celui des langues romanes. II s’agit d’un dёveloppement propre aux langues balkaniques, qui trouve son origine non seulement dans le latin mais aussi dans le grec, les deux langues de culture de ^^iqu^. L’influence de grec sur le latin, ainsi que les influences reciproques entre les deux langues sont des choses bien connues aux spёcialistes.

Lim^s aux faits discut6s ci-dessus, nous pouvons affirmer que les langues balkaniques presentent dans leur structure certains traits communs, qui sont de type ‘roman’ dans les termes dёfinis dans notre exposё.

‘Parentё’ et ‘type’ linguistique sont deux choses bien diffёrentes, mais, dans la perspective d’une typologie «des langues reelles», le type linguistique a une base gёnёtique, dans le sens qu’il faut le chercher et l’identifier dans chaque langue particuliere, dans chaque langue «reelle».

Il n’y a pas de contradiction entre ^ге^ё’ et ‘type’: dans le meme type peuvent etre reunites des langues directement apparantёes (par exemple, les langues romanes), aussi bien que des langues indirectement apparentёes (par exemple, les langues balkaniques, qui ont une origine indoeuropёenne commune) et des langues non-apparentёes.

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