Научная статья на тему 'LES CONSIDÉRATIONS SUR LA RECONNAISSANCE D'ATTILA EN QUALITé D’UN SAINT DU TENGRISME (TANGRISME) MODERNE ET LEUR COMPARAISON AVEC LES ARGUMENTS AVANCéS POUR LA CANONISATION DE SAINT LOUIS'

LES CONSIDÉRATIONS SUR LA RECONNAISSANCE D'ATTILA EN QUALITé D’UN SAINT DU TENGRISME (TANGRISME) MODERNE ET LEUR COMPARAISON AVEC LES ARGUMENTS AVANCéS POUR LA CANONISATION DE SAINT LOUIS Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
SAINTS / ATTILA / SAINT LOUIS / BONIFACE VIII / TENGRI / TANGRA / TANGARA / TANGRI / TENRI / LE CREDO DU TANGRISME

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Tomski Grigori

Le processus de la reconnaissance d’Attila en qualité d’un saint de la religion tengrienne (tangrienne) moderne, qui vient de commencer, surprend et intéresse le grand public, mais nécessite sa justification solide. Dans cet article les considérations sur cette reconnaissance sont analysés par comparaison avec les principaux arguments avancés pour justifier la décision de canoniser en 1297 le roi français Louis IX.

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Текст научной работы на тему «LES CONSIDÉRATIONS SUR LA RECONNAISSANCE D'ATTILA EN QUALITé D’UN SAINT DU TENGRISME (TANGRISME) MODERNE ET LEUR COMPARAISON AVEC LES ARGUMENTS AVANCéS POUR LA CANONISATION DE SAINT LOUIS»

LES CONSIDÉRATIONS SUR LA RECONNAISSANCE d'Attila en qualité d'un saint du Tengrisme (Tangrisme) moderne et leur comparaison avec les arguments avancés pour la canonisation de Saint Louis

Grigori Tomski Académie internationale CONCORDE [email protected]

Le processus de la reconnaissance d'Attila en qualité d'un saint de la religion tengrienne (tangrienne) moderne, qui vient de commencer, surprend et intéresse le grand public, mais nécessite sa justification solide. Dans cet article les considérations sur cette reconnaissance sont analysés par comparaison avec les principaux arguments avancés pour justifier la décision de canoniser en 1297 le roi français Louis IX.

Mots clés: saints, Attila, Saint Louis, Boniface VIII, Tengri, Tangra, Tangara, Tangri, Tenri, le credo du tangrisme.

Sur la définition de la sainteté

Nous adhérons à la définition suivante :

Les saints sont des individus présentés par différentes religions à leurs adeptes comme modèles de vie ou d'activité pour diverses raisons, de plus ils sont considérés comme des élus de Dieu, car ils sont des exemples pratiquement inaccessibles pour les gens ordinaires.

Cette définition a été discutée avec les philosophes Alexander Voin et Valentin Irkhin, compétents en matière de théologie ([1-3] et autres), et a reçu leur approbation.

Dans la Bulle «Gloria, laus» de Boniface VIII sur la canonisation de Louis IX, la vie exemplaire de ce roi est décrite dans les termes suivants [4]:

« Qu'exulte donc la Mère Église et qu'elle célèbre des fêtes solennelles et joyeuses, puisqu'elle a enfanté un fils si grand et si beau, qu'elle a guidé ses pas, éduqué sa jeunesse, si bien qu'il brille maintenant parmi les rois du Ciel ! Qu'elle se réjouisse, qu'elle jubile, qu'elle proclame les louanges du Très Haut, puisque ce rejeton si excellent et si célèbre lui assura un éclat lumineux et une splendide parure ! » (p. 279-280)

Boniface VIII a déclaré dans son sermon sur la canonisation de saint Louis :

« Combien salutaires furent les exemples et les avertissements qu'il donna à ses descendants : on le voit surtout par les enseignements que le saint roi écrivit avant sa mort pourt son fils aîné et pour sa fille, la reine de Navarre, qu'il leur légua en guise de testament » (p. 272).

Ces documents disent que Saint Louis était certainement un élu de Dieu, ce qui s'est manifesté, en particulier, par des miracles accomplis par lui au cours de sa vie et après sa mort.

Vitrail représentant Saint Louis à l'église d'Izernore

Source : https://commons .wikimedia.org/ Fichier: Vitrail représentant Saint Louis-Vig.JPG

CONCORDE, 2020, N 2 Passons à l'analyse des principaux arguments pour la canonisation de Louis IX.

La canonisation de Saint Louis Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX

Origines nobles et puissance

La Bulle de Boniface VIII souligne que :

« Sans conteste possible, il était illustre par sa naissance, éminent par sa puissance, riche dans ses ressources, excellent par ses vertus, correct dans ses moeurs, remarquable par sa noblesse d'âme, étant donné que tout ce qui était déshonnête et honteux était banni de sa présence. » ([4], p. 280)

Tous les témoignages en latin et en grec sur Attila de ses contemporains ont été étudiés par Edward Gibbon (1739-1794), grand érudit et auteur de la célèbre Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain. Catherine Guérif, préfacière des extraits sur Attila note que Gibbon : «connaît toutes les sources écrites disponibles en son temps, au besoin les retraduit du latin ou du grec en soulignant les erreurs de ses prédécesseurs» ([5a], p.9). Bien sûr, ces descriptions sont marquées du sceau de l'eurocentrisme de son temps et nous prenons certaines des épithètes crues entre parenthèses (ou les marquons avec des signes ? Et !) [5] :

« Attila, fils de Mundzuk, tirait son origine illustre, et peut-être royale[5], des anciens Huns qui avaient combattu contre les empereurs de la Chine. Ses traits, au rapport d'un historien des Goths, portaient l'empreinte de son ancienne origine. Le portrait d'Attila présente toute la (difformité naturelle) d'un Kalmouk ; une large tête, un teint basané, de petits yeux enfoncés, un nez aplati, quelques poils au lieu de barbe, de larges épaules, une taille courte et carrée, un ensemble mal proportionné, mais qui annonçait la force et la vigueur. La démarche fière et le maintien du roi des Huns annonçaient le sentiment de sa supériorité sur le reste du genre humain ; et on le voyait habituellement rouler les yeux d'un air féroce, comme pour jouir de la terreur qu'il inspirait. Cependant ce héros sauvage n'était point inaccessible à la pitié ; il tenait inviolablement sa parole aux ennemis suppliants qui obtenaient leur pardon ; et les sujets d'Attila le regardaient comme un maître équitable et indulgent ...

Il est le seul des conquérants anciens et modernes qui ait réuni sous sa puissance les vastes royaumes de la Scythie et de la Germanie ; et ces dénominations vagues, lorsqu'on les applique au temps de son règne, peuvent s'entendre dans le sens le plus étendu. Attila comptait au nombre de ses provinces la Thuringe, qui n'était bornée alors que par les rives du Danube. Les Francs le regardaient comme un voisin redoutable, dont ils respectaient l'intervention dans leurs démêlés intérieurs, et un de ses lieutenans châtia et même extermina presque entièrement les Bourguignons qui habitaient sur les bords du Rhin. Il avait soumis les îles de l'Océan et les royaumes de la Scandinavie, environnés et séparés par les eaux de la mer Baltique. Les Huns pouvaient tirer un tribut de fourrures de ces contrées septentrionales, défendues jusqu'alors contre l'avidité des conquérans par le courage des peuples et par la sévérité du climat. Du côté de l'orient, il est difficile d'assigner une limite à l'autorité d'Attila sur les déserts de la Scythie ; nous pouvons cependant affirmer qu'elle était reconnue sur les bords du Volga ; que ces peuples redoutaient le monarque des Huns comme guerrier et comme magicien ; qu'il attaqua et vainquit le khan des redoutables Geougen, et qu'il envoya des ambassadeurs à la Chine pour y négocier sur le pied d'égalité un traité d'alliance. »

Notons immédiatement qu'Attila apparemment accomplissait des miracles, tout comme Saint Louis, s'il était considéré comme un magicien.

« Dans le nombre des nations qui obéissaient au roi des Huns, et qui, pendant sa vie, ne formèrent jamais la pensée de secouer le joug, on compte les Gépides et les Ostrogoths, distingués par leur nombre, leur valeur et le mérite personnel de leurs chefs. Le célèbre Ardaric, roi des Gépides, était le conseiller sage et fidèle du monarque, qui estimait autant son caractère intrépide qu'il aimait les vertus douces et modestes de Walamir, roi des Ostrogoths.

La foule de rois obscurs, les chefs de tribus guerrières qui servaient sous les drapeaux d'Attila se rangeaient autour de lui dans l'humble contenance de gardes ou de domestiques : attentifs à tous ses regards, ils tremblaient au moindre signe de mécontentement, et au premier signal ils exécutaient ses ordres les plus sévères sans se permettre un murmure. En temps de paix, un certain nombre de princes dépendants se rendaient tour à tour et à des temps fixes sous ses drapeaux, et formaient la garde de

son camp avec leurs troupes nationales ; mais lorsque Attila rassemblait toutes ses forces militaires, son armée se trouvait composée de cinq, ou, selon d'autres, de sept cent mille Barbares ...

Dans la conversation familière des ambassadeurs impériaux, qui discutèrent entre eux à la cour d'Attila le caractère de ce prince et les vues de son ambition, les ministres de Constantinople montrèrent l'espérance de voir ses forces occupées longtemps dans une guerre difficile et douteuse contre les princes de la maison de Sassan ; mais les Italiens, plus prévoyants, leur firent sentir l'imprudence et le danger d'une semblable espérance, leur démontrèrent que les Mèdes et les Persans étaient incapables de résister aux Huns, et que cette conquête facile augmenterait la puissance et l'orgueil du vainqueur. »

En termes de puissance, Attila était bien supérieur à Saint Louis, dont l'armée ne dépassait pas quelques dizaines de milliers de guerriers lors de ses croisades, par exemple, lors de sa première campagne en Égypte, il y en avait 25 000, selon Jacques Le Golf ([6], p. 219) et 60 000 selon Gérard Sivéry ([7], p. 427). Le dernier chiffre est exagéré, car il contredit les informations de Jean de Joinville, qui a participé à cette campagne :

« 147. Quand nous eûmes ouï la messe, un vent rude et fort, qui venait d'Egypte, se leva en telle manière, que de deux mille et huit cents chevaliers que le roi mena en Egypte, il n'en demeura que sept cents que le vent n'eût pas séparés de la compagnie du roi, et menés en Acre et en autres terres étrangères, et qui depuis ne revinrent pas au roi de longtemps. » [8]

La chevalerie européenne est née sous l'influence de la culture militaire des Huns et d'autres peuples de steppe, après l'adoption des selles confortables et des étriers. On pense qu'en Europe occidentale, leur nombre ne dépassait pas 3% de la population, c'est-à-dire que Saint Louis n'avait pas plus de 30 000 chevaliers. Joinville considère souvent comme les chevaliers des Mamelouks et d'autres cavaliers adversaires lourdement armés, parmi lesquels se trouvaient alors de nombreux guerriers de steppe.

Nous concluons ce paragraphe avec encore un autre témoignage éloquent sur les origines nobles et la puissance d'Attila relaté par Gibbon :

« Eslaw, supérieur à Oreste pour la dignité, était chargé des reproches adressés à l'empereur. «Théodose, lui dit-il gravement, est fils d'un père illustre et respectable. Attila descend aussi d'une noble race ; et il a soutenu par ses actions la dignité que son père Mundzuk lui a transmise ; mais Théodose s'est rendu indigne du rang de ses ancêtres ; en consentant à payer un tribut honteux, il a consenti aussi à devenir esclave... »

Amour de la justice et de l'équité

Les catholiques croient que Saint Louis cherchait toujours à assurer la justice et l'équité, ce qui, selon la Bulle de Boniface VIII, était l'une des principales raisons de sa canonisation :

« Pendant un long espace de temps, il a exercé le gouvernement d'un royaume, il a détenu le pouvoir avec une prudence attentive aux soucis. Sans faire de tort ni d'injustice ni de violence à personne, il a respecté et honoré avec le plus grand soin les limites de la justice sans s'écarter du sentier de l'équité. » ([4], p. 281)

Citons la description largement connue de Joinville [8] :

« 59. Maintes fois il advint qu'en été il allait s'asseoir au bois de Vincennes après sa messe, et s'accotait à un chêne, et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient affaire venaient lui parler, sans empêchement d'huissier ni d'autres gens. Et alors il leur demandait de sa propre bouche : « Y a-t-il ici quelqu'un qui ait sa partie ? » Et ceux qui avaient leur partie se levaient. Et alors il disait : « Taisez-vous tous, et on vous expédiera l'un après l'autre. » Et alors il appelait monseigneur Pierre de Fontaines et monseigneur Geoffroi de Villette, et disait à l'un deux : « Expédiez-moi cette partie. »

60. Et quand il voyait quelque chose à amender dans les paroles de ceux qui parlaient pour lui, ou dans les paroles de ceux qui parlaient pour autrui, lui-même l'amendait de sa bouche. Je vis quelquefois, en été, que pour expédier ses gens il venait dans le jardin de Paris, vêtu d'une cotte de camelot, d'un surcot de tiretaine sans manches, un manteau de taffetas noir autour de son cou, très bien peigné et sans coiffe, et un chapeau de paon blanc sur sa tête. Et il faisait étendre des tapis pour nous asseoir autour de lui; et tout le peuple qui avait affaire par-devant lui, se tenait autour de lui debout. Et alors il les faisait expédier de la manière que je vous ai dite avant pour le bois de Vincennes. »

Rappelons que "les sujets d'Attila le regardaient comme un maître équitable et indulgent". Ajoutons un témoignage fréquemment cité [5] :

« L'historien Priscus, dont l'ambassade offre une source féconde d'instructions, fut accosté dans le camp d'Attila par un étranger qui le salua en langue grecque, mais dont la figure et l'habillement annonçaient un riche habitant de la Scythie. Au siége de Viminiacum, il avait perdu, comme il le raconta lui-même, sa fortune et sa liberté. Onegesius, dont il devint l'esclave, récompensa les services qu'il lui rendit contre les Romains et contre les Acatzires, en l'élevant au rang des guerriers nés parmi les Huns, auxquels il s'était attaché depuis par les liens du mariage et de la paternité. La guerre lui avait rendu avec usure la fortune qu'elle lui avait enlevée ; son ancien maître l'admettait à sa table, et l'apostat grec bénissait une captivité qui l'avait conduit à une situation heureuse et indépendante, et sans autre charge que l'honorable devoir de porter les armes pour son nouveau pays.

Son récit fut suivi d'une discussion sur les avantages et sur les défauts du gouvernement romain, que l'apostat censurait avec véhémence, et que Priscus ne défendit que par de faibles et prolixes déclamations. L'affranchi d'Onegesius peignit des plus vives couleurs les vices d'un empire chancelant, vices dont il avait été si longtemps la victime ; la cruelle absurdité des empereurs, qui, trop faibles pour protéger leurs sujets, leur refusaient des armes pour se défendre ; le poids excessif des contributions, rendu encore plus insupportable par des modes de perception ou compliqués ou arbitraires ; l'obscurité d'une foule de lois qui se détruisaient mutuellement, les formalités lentes et ruineuses de la justice, et la corruption générale qui augmentait l'influence du riche et aggravait l'infortune du pauvre. »

D'autres témoignages du désir d'Attila de justice et d'une justice provenant de la même source sont également intéressantes :

« Les moments que le roi des Huns passait dans sa capitale ne s'écoulaient point dans l'oisiveté d'un sérail. Pour conserver sa dignité, Attila n'était point réduit à cacher sa personne ; il assemblait fréquemment ses conseils, donnait audience aux ambassadeurs des différentes nations ; et, à des temps fixés, son peuple pouvait recourir à son tribunal, qu'il tenait devant la principale porte de son palais ...

Si l'on se rappelle en ce moment l'ambassade de Maximin et la conduite d'Attila, on sera forcé d'admirer un Barbare, qui, respectant les lois de l'hospitalité, reçoit et renvoie généreusement le ministre d'un prince qui a conspiré contre sa vie : mais l'imprudence de Vigilius paraîtra bien plus extraordinaire ; s'aveuglant sur son crime et sur le danger, il revint au camp des Huns, accompagné de son fils et chargé de la bourse d'or que l'eunuque avait fournie pour satisfaire aux demandes d'Édecon et corrompre la fidélité des gardes.

À l'instant de son arrivée, l'interprète fut saisi et traîné devant le tribunal d'Attila, où il soutint son innocence avec fermeté jusqu'au moment où la menace d'immoler son fils à ses yeux lui arracha l'aveu de toute la conspiration. Sous le nom de rançon ou de confiscation, l'avide monarque des Huns accepta deux cents livres d'or pour la rançon d'un misérable qu'il ne daigna pas punir. Il dirigea toute son indignation contre un coupable d'un rang plus élevé. [Il réprimande l'empereur et lui pardonne.]

Ses ambassadeurs, Eslaw et Oreste, partirent sur-le-champ pour Constantinople avec des instructions dont il était moins dangereux pour eux de s'acquitter qu'il ne l'eût été de s'en écarter. Ils se présentèrent hardiment devant Théodose avec la bourse fatale, pendue au cou d'Oreste, qui demanda à l'eunuque, placé à côté du trône, s'il reconnaissait ce témoignage de son crime.

Son collègue Eslaw, supérieur à Oreste pour la dignité, était chargé des reproches adressés à l'empereur. «Théodose, lui dit-il gravement, est fils d'un père illustre et respectable. Attila descend aussi d'une noble race ; et il a soutenu par ses actions la dignité que son père Mundzuk lui a transmise ; mais Théodose s'est rendu indigne du rang de ses ancêtres ; en consentant à payer un tribut honteux, il a consenti aussi à devenir esclave. Il doit donc respecter celui que le mérite et la fortune ont placé

au-dessus de lui, et non pas comme un esclave perfide conspirer contre la vie de son maître.»

Le fils d'Arcadius, accoutumé au langage des flatteurs, entendit avec surprise la voix sévère de la vérité ; il rougit, trembla, et n'osa point refuser positivement la tête de Chrysaphius, qu'Eslaw et Oreste avaient ordre de demander. Théodose fit partir sur le-champ de nouveaux ambassadeurs revêtus de pleins pouvoirs, et chargés de présens magnifiques pour apaiser la colère d'Attila ; et la vanité du monarque fut flattée du choix de Nomius et d'Anatolius, tous deux consulaires ou patrices, l'un grand trésorier, et l'autre maître général des armées de l'Orient.

Il daigna venir au-devant de ces ministres jusque sur les bords de la rivière de Drenco ; et le ton sévère et hautain qu'il avait affecté d'abord ne tint point contre leur éloquence et leur libéralité. Attila pardonna à l'empereur, à l'eunuque et à l'interprète, s'obligea par serment à observer les conditions de la paix, rendit un grand nombre de prisonniers, abandonna à leur sort les fugitifs et les déserteurs, et céda un vaste territoire au midi du Danube, dont il avait tout enlevé, jusqu'aux habitants. Mais avec ce qu'il en coûta pour obtenir ce traité, on aurait pu entreprendre une guerre vigoureuse et la terminer glorieusement. Les malheureux sujets de Théodose furent écrasés de nouvelles taxes pour sauver la vie d'un indigne favori dont ils auraient acheté plus volontiers la mort. »

Cruauté forcée

Attila et Saint Louis ont vécu à une époque cruelle et ont été forcés de recourir à la force militaire. Ceci est mentionné dans la Bulle de Boniface VIII :

« Il a contenu par le glaive du juste châtiment les tentatives impies des méchants en écrasant leurs complots et en réfrénant leurs audaces. Il fut un eminent partisan de la paix, un fervent amoureux de la concorde, un agent actif de l'unité. Il fuyait les divisions, évitait les scandales, abhorait les dissensions. C'est pourquoi, au temps heureux de son règne, après avoir apaisé les remous de toutes parts, éliminé les choses nuisibles, après avoir chassé les causes de troubles, il a fait briller pour les habitants de son royaume l'aurore d'une douce tranquillité et amené le sourire d'une joyeuse sérénité et d'une prospérité conforme à ses voeux. » ([4], p. 281)

La principale aspiration d'Attila était la création de l'Union européenne. Citons l'opinion de Marcel Brion, de l'Académie française :

« A quelque nation qu'ils appartiennent, les hommes d'Etat ne peuvent plus nier aujourd'hui que le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était l'unité européenne ... Ce plan s'était imposé à son génie, quand il avait vu accourir vers lui les princes germains et les représentants des paysans gaulois, des Ibères et des Britons, des Scandinaves et des Grecs. Tous ceux qui ne voulaient pas voir une anarchie détestable s'installer dans les ruines de Rome ... » ([9], p. 162).

Les rois des Huns, qui ont précédé Attila, cherchaient principalement à établir des relations pacifiques avec les deux empires romains. Le général romain Aetius était un ami d'enfance d'Attila, car il avait passé dans son adolescence plusieurs années parmi des Huns en tant qu'otage honoraire [5] :

« Aetius trouvait toujours dans le camp des Barbares un asile sûr et un secours puissant. Ce fut à sa sollicitation que soixante mille Huns s'avancèrent vers l'Italie pour soutenir la cause de l'usurpateur Jean, et firent payer cher à l'état leur marche et leur retraite. La politique reconnaissante d'Aetius abandonna à ses fidèles alliés la possession de la Pannonie. Les Romains de l'Orient ne redoutaient pas moins les entreprises de Rugilas, qui menaça leurs provinces et même leur capitale ...

Quatre nations, parmi lesquelles nous pouvons compter les Bavarois, secouèrent le joug des Huns, et les Romains encouragèrent cette révolte par leur alliance : mais le formidable Rugilas fit entendre efficacement ses réclamations par la voix d'Eslaw, son ambassadeur. Le sénat vota unanimement pour la paix ; l'empereur ratifia son décret, et l'on nomma deux ambassadeurs, le général Plinthas, Scythe d'extraction, mais ayant le rang de consulaire, et le questeur Iphigènes, politique habile et expérimenté, que l'ambitieux Plinthas avait demandé pour collègue.

La mort de Rugilas suspendit les négociations. Ses deux neveux, Attila et Bleda, qui succédèrent au trône de leur oncle, consentirent à une entrevue avec les ambassadeurs de Constantinople ; et sans daigner descendre de cheval, ils traitèrent au milieu d'une vaste plaine, dans les environs de Margus, ville de la Haute-Mœsie. Tous les avantages de cette négociation furent pour les rois des Huns de même que tous les honneurs avaient été de leur côté. Ils dictèrent les conditions de la paix, dont chacune était un outrage à la majesté de l'empire. »

La régente Placidia propose à Aetius de devenir gouverneur de la Gaule en échange I de ¡évacuation de l'armée hune de ¡'Italie

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La guerre des Huns contre l'Empire romain d'Orient (441-447) est causée par le crime d'un évêque [5]:

« En conséquence du traité de Margus, on avait ouvert un marché franc sur la rive septentrionale du Danube, protégée par une forteresse romaine, nommée Constantia. Une troupe de Barbares viola la sûreté du commerce, tua ou dispersa les marchands, et détruisit totalement la forteresse. Les Huns représentèrent cet outrage comme un acte de représailles, et alléguèrent que l'évêque de Margus était entré sur leur territoire, où il avait découvert et dérobé le trésor secret de leurs rois. Ils exigèrent qu'on leur restituât le trésor, et qu'on leur livrât le prélat et les sujets fugitifs qui avaient échappé à la justice d'Attila. Le refus de la cour de Byzance fut le signal de la guerre, et les habitants de la Mœsie applaudirent d'abord à la généreuse fermeté de leur souverain ; mais dès que la destruction de Viminiacum et des villes voisines les eût avertis de leur propre danger, ils adoptèrent une morale plus relâchée, et prétendirent qu'on pouvait sacrifier justement un simple citoyen, bien qu'innocent et respectable, à la sûreté de tout un pays. L'évêque de Margus, qui n'aspirait point à la couronne du martyre, soupçonna leur dessein, et résolut de le prévenir. Il osa traiter avec les princes des Huns, s'assura, par des serments solennels, de son pardon et d'une récompense, posta secrètement un corps nombreux de Barbares sur les bords du Danube, et, à une heure convenue, ouvrit de sa propre main les portes de la ville. »

Education soignée

La Bulle de Boniface VIII met l'accent sur l'éducation de Saint Louis :

« Quand il eut douze ans, il fut privé de l'appui paternel et demeura dès lors sous la garde et la tutelle de sa mère d'illustre mémoire, Blanche, reine de France. Attentive avec ferveur à ses devoirs religieux, elle s'appliquait à le diriger avec prudence, à l'instruire avec zèle, pour qu'il devienne digne et capable d'exercer le gouvernement du royaume qui réclamait à l'évidence une direction éclairée.

Quand, selon l'écoulement naturel des choses, le roi eut atteint sa quatorzième année, ladite reine lui choisit un maître particulier pour l'initier à la science des lettres et le former aux bonnes moeurs. Placé sous la férule de ce maître, il montrait une telle obéissance et un tel respect, et recevait avec une telle humilité la discipline, que, prévenu par la grâce divine, il progressa en mérite dans les deux domaines. » ([4], p. 281)

Entre 13 et 17 ans (en 408-412), le jeune Attila a fait ses études en Italie :

« Attila arriva à sa cour en hôte privilégiée, les yeux grande ouverts et vif comme la poudre .

Les relations avec Aétius reprirent de plus belle, tandis que la position de ce dernier ne cessait de se renforcer, notemment par un mariage brillant avec la fille du praticien Carpilio, l'une des plus grosses fortunes de rome et des mieux apparentées.

L'apprentissage dura quatre ans pendant lesquels, littéralement, il apprit l'empire, ses méthodes et ses réflexes dans cette période où la survie de l'institution était sans cesse en jeu. » (Eric Deschodt, Âttila [10], p. 48-49)

Aetius vient chercher l'aide d'Attila contre Piacidia

Modestie dans les vêtements et la nourriture

Continuons la citation des sources montrant la similitude du comportement de Saint Louis avec celui d'Attila. Boniface VIII déclare dans sa Bulle que :

« Ce roi tout à fait sublime et humble dans sa sublimité manifesta les signes d'une très haute humilité surtout après son premier retour d'outre-mer notamment à travers sa tenue et ses vêtements qu'il distribuait fréquemment aux pauvres. En effet, il ne se servait pas d'ornements d'or et d'argent, de vêtements royaux, de fourrures bigarrées ou de petit gris, mais de simple fourrure ordinaire, après avoir rejeté complètement les fastes séculiers. » ([4], p. 285)

Notons qu'avant sa croisade, Saint Louis s'habillait différemment : «il venait dans le jardin de Paris, vêtu d'une cotte de camelot, d'un surcot de tiretaine sans manches, un manteau de taffetas noir autour de son cou, très bien peigné et sans coiffe, et un chapeau de paon blanc sur sa tête».

Voici un souvenir intéressant de Joinville, dans lequel figure le fondateur de la Sorbonne [8] :

« Maître Robert de Sorbon me vint quérir là, et me prit par le bout de mon manteau, et me mena au roi, et tous les autres chevaliers vinrent après nous. Alors je demandai à maître Robert : « Maître Robert, que voulez vous ? » Et il me dit : « Si le roi s'asseyait dans ce préau, et si vous alliez vous asseoir sur son banc plus haut que lui, je vous veux demander si on vous en devrait bien blâmer. » Et je lui dis que oui.

36. Et il me dit : « Donc vous faites chose bien à blâmer, quand vous êtes plus noblement vêtu que le roi, car vous vous vêtez de vair et de drap vert, ce que le roi ne fait pas. » Et je lui dis : « Maître Robert, sauf votre grâce, je ne fais rien à blâmer si je me vêts de drap vert et de vair, car c'est l'habit que me laissèrent mon père et ma mère. Au contraire vous faites chose à blâmer, car vous êtes fils de vilain et de vilaine, et avez laissé l'habit de votre père et de votre mère, et êtes vêtu de plus riche camelin que le roi ne l'est. » Et alors je pris le pan de son surcot et du surcot du roi, et lui dis : « Or regardez si je dis vrai. » Et le roi se mit à défendre maître Robert en paroles, de tout son pouvoir. ...

38. Et alors il me dit qu'il nous avait appelés pour se confesser à moi de ce qu'il avait à tort défendu maître Robert contre moi. « Mais, fit-il, je le vis si ébahi qu'il avait bien besoin que je l'aidasse. Et toutefois ne vous tenez pas à ce que j'en ai pu dire pour défendre maître Robert ; car, ainsi que le sénéchal le dit, vous vous devez bien vêtir et proprement, parce que vos femmes vous en aimeront mieux, et vos gens vous en priseront plus. Car, dit le sage, on se doit parer en vêtements et en armures de telle manière que les prudhommes de ce siècle ne disent pas qu'on en fasse trop, ni les jeunes gens de ce siècle qu'on en fasse trop peu. »

Gibbon écrit [5] :

« Les Romains de l'Orient et de l'Occident furent invités à [Le banquet royal.]deux banquets, où le roi des Huns régala les princes et les nobles de son pays ; mais Maximin et ses collègues n'obtinrent la permission de passer le seuil de la porte qu'après avoir fait une libation pour la santé et la prospérité d'Attila. Après cette cérémonie, on les conduisit à la place qui leur était destinée dans une vaste salle. Au milieu, la table et le lit de l'empereur, couverts de tapis et d'une toile fine, étaient élevés sur une estrade où l'on montait par plusieurs degrés. Son oncle, un de ses fils, et peut-être un roi en faveur, furent admis à partager le simple repas du roi des Huns.

On avait dressé des deux côtés une rangée de petites tables, chacune desquelles contenait trois ou quatre convives ; le côté droit était le plus honorable. Les Romains conviennent avec franchise qu'on les plaça du côté gauche, et que Beric, chef inconnu peut-être de quelque tribu de Goths, eut la préséance sur les représentants de Théodose et de Valentinien. Le monarque barbare reçut de son échanson une coupe pleine de vin, et but obligeamment à la santé du plus distingué des convives, qui se leva de son siège, et porta de la même manière au prince l'hommage de ses vœux respectueux. »

Eric Deschodt cite Priscos :

« On servit d'énormes plats chargés de viandes et de venaisons. La vaisselle était d'argent et d'or mais sur la table d'Attila, il n'y avait qu'une assiette de bois pleine de viande et une coupe de bois pleine de vin. Chaque convive se servit à son gré dans le plat qu'il avait devant lui, l'usage défendait de toucher aux mets éloigné de soi. Je ne pus de ce fait goûter à des ragoûts curieux qui avaient éveillé mes désirs. » ([10],

p. 131)

Peu de temps auparavant, Priscos avait vu Attila pour la première fois dans une tente de camp, vêtu de blanc et rasé. Il était assis sur un tabouret entouré d'une suite habillée de vêtements en étoffes délicates et bariolés, brodées d'oiseaux et de fleurs, de la plus belle facture ([10], p. 126).

Priscos a également écrit qu'Attila portait des vêtements blancs simples et «il n'était soucieux que de leur propreté immaculée ; ni son épée portée à son côté, ni les boucles des sangles de ses bottes, ni le harnachement de son cheval n'étaient décorés d'or, de pierres précieuses ni d'autres richesses coutumières chez les autres Scythes» ([11], p. 48).

Istvan Bona, archéologue et spécialiste de la culture des Huns européens, écrit :

« Le plus surprénant dans cette société, c'est le respect, l'égard des uns envers les autres. Dans l'étiquette hunnique, en contraste avec les modèles orientaux, l'obséquiosité, les courbettes, les génuflexions et prosternations sont absentes : même Attila ne les exige pas. » ([11], p. 49)

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Election céleste

Boniface VIII proclame dans sa Bulle :

« En vérité, après l'achèvement de son parcours terrestre, il vivait toujours plus véritablement qu'il n'avait vécu jusque là, et le Fils de Dieu, qu'il avait aimé de tout son ceur, ne voulut pas que fût étouffée aux yeux du monde la sainteté d'un prince si pieux et d'un si fervent défenseur de la foi orthodoxe; de la sorte, autant il avait rayonné par la pluralité de ses mérites, autant il brillerait par la diversité de ses miracles. Et ce chrétien qui L'avait honoré d'un coeur sans partage serait honoré à son tour avec Lui-même dans le palais du Ciel.

En effet, il apporta aux paralytiques le mouvement de leurs membres, à ceux qui étaient courbés et dont la figure touchait presque terre, il rendit une santé entière en redressant leur visage; aux malades des écrouelles il accorda le bénéfice de la guérison. Une femme dont le bras était desséché et sans force fut délivrée de son infirmité. Un autre, dont le bras pendait presque mort, obtint par la puissance du saint la grâce de la guérison ; de très nombreux malades frappés de paralysie et d'autres atteints de diverses langueurs recouvrèrent leur santé. Des aveugles retrouvèrent la vue, des sourds l'ouïe, des boiteux la marche sur l'invocation de son nom. Par ses

miracles et par de nombreux autres que nous jugeons inutile d'insérer ici, ce saint a été entouré d'une grande gloire.

Que se réjouisse la noble maison de France qui a engendré un si grand prince ! Que chante de joie le très dévot peuple de France pour avoir obtenu un si rare et si vertueux seigneur! Qu'exultent les coeurs des prélats et des clercs pour les miracles de ce roi qui honore d'une manière si éclatante ce royaume ! Que la joie remplisse les âmes des grands, des barons et des chevaliers pour ces très saintes oeuvres du roi qui apportent au royaume des marques nouvelles d'honneur et le font briller comme un soleil!

Comme ceux que le Tout Puissant magnifie par la couronne de gloire dans les Cieux doivent ensuite être vénérés dévotement par les fidèles dans notre patrie terrestre, Nous donc, après avoir acquis une pleine certitude de la sainteté de vie et de l'authenticité des miracles de ce bienheureux Louis, à la suite d'une enquête attentive et régulière ainsi que d'une discussion serrée, Nous donc, par le conseil et l'approbation de tous nos frères et prélats qui se trouvaient alors auprès du Siège Apostolique, Nous avons décidé, le dimanche 3 des ides d'août (=11 août) de l'inscrire au catalogue des

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saints. » ([4], p. 287)

Le plus grand et le plus célèbre des miracles de la vie d'Attila a été la découverte

de l'épée d'or de la Victoire. Commençons par une description de Gibbon [5] :

« Attila employa des supercheries religieuses aussi adroitement adaptées à

l'esprit de son siècle et de son pays. Il était assez naturel que les Scythes eussent une vénération de préférence pour le dieu des combats ; mais, également incapables de s'en former une idée abstraite ou une représentation figurée, ils adoraient leur divinité tutélaire sous le symbole d'un cimeterre. Un pâtre des Huns ayant aperçu qu'une de ses génisses s'était blessée au pied, suivit avec attention la trace du sang, et [Il découvre l'épée de Mars.]découvrit, à travers les herbes, la pointe d'une ancienne épée qu'il tira de terre et qu'il offrit à Attila. Ce prince magnanime, ou plutôt artificieux, reçut le présent céleste avec les démonstrations d'une pieuse reconnaissance ; et comme possesseur légitime de l'épée de Mars, il réclama ses droits divins et incontestables à l'empire de l'univers. »

Eric Deschodt, auteur de plusieurs biographies, décrit cette découverte merveilleuse de façon plus éloquente :

« En 439 ou 440, un bouvier hun de la steppe orientale du Don, à trois cents kilomètres environs de son embouchure, voit revenir à lui une génisse blessée au pied. Curieux, il remonte la trace laissée par le sang, arrive à une pointe dépassant du sol, creuse, déterre une épée.

Il la nettoie. Elle est en or. C'es l'épée de Marak ! Palladium des Scythes invincibles, surgis jadis de la mer d'Aral par la volonté des dieux, pour chatier et dominer les peuples ramolis des steppes. Vers l'ouest, ils avaient dépassé la Caspienne et circonscrit déjà le Caucase lorsque les Cimmériens les avaient arrêtés. Les Cimmériens étaient effrayants, les courages scythes avaient vacillé. Alors le roi Marak, chef de tous les Scythes, avait tiré sa grande épée d'or et fait creuser un trou où il

l'avait placée lui-même, la pointe en l'air dépassant du sol. Puis, il avait fait combler le trou et, désignant le nord où étaient les Cimmériens, avait déclaré qu'aucun Scythe ne pouvait plus faire un pas au-delà de la pointe de la lame enterrée. Les Scythes galvanisés s'étaient rués en avant, les Cimmériens intimidés leur avaient laissé le champ libre. Les Scythes les avaient pousuivis, avaient capturé leur roi, et bousculé les Mèdes accourus à la rescousse ... Dans la foulée, ils étaient parvenus aux frontières de l'Egypte, d'où le pharaon Psammétique I les avait éloignés en les couvrant de cadeaux.

Darius I, le fondateur du grand empire perse, avait renoncé à les soumettre. Les généraux d'Alexandre perdront contre eux la Bactriane en Afganistan et le nord-ouest de l'Inde ... Et tout cela grâce à l'épée de Marak ! Que les Romains, pragmatiques, appelaient l'épée de Mars ...

La remise de l'épée fait de lui un élu de Mars, le maitre de la guerre et donc de la paix.

Les réactions à cette découverte sont extraordinaires ... Du monde entier, les félicitations affluent. Ravenne et Constantinople jouent elles aussi le jeu. Ces deux capitales qui se disent chrétiennes affectent comme les païens de voir une élection céleste dans sa découverte au coeur de l'empire hun. Il s'en faut de peu que le déteneur de l'épée ne devienne dieu lui-même - il n'y a pas si longtemps que les empereurs romains prétendaient l'être. Les Chinois eux-mêmes y vont de leurs congratulations ...

Toute cette gloire de surcroit attire sur Attila l'amour dévorant de la sœur de l'empereur Valentinien III, la très belle et très remuante princesse Honoria ... » ([10], p. 89-92)

Honoria envoie Jacinte à Attila avec une lettre et une bague

Sentiments religieux

La Bulle de Boniface VIII loue l'intolérance religieuse du saint roi dans les termes suivants :

« Il avait en horreur les gens attachés à la dépravation hérétique ; pour les empêcher de répandre cette contagion parmi le troupeau des fidèles chrétiens, il les chassait avec le plus grand soin des limites du royaume ; autrement dit, il veillait avec attention à le maintenir en bon état en éliminant totalement tous ces ferments d'erreurs et en faisant briller une foi authentique. » ([4], p. 285)

C'est sous Saint-Louis que le mouvement des Cathares a été finalement vaincu. L'épisode du siège du château de Montségur est le plus connu. Il s'est terminé le 16 mars 1244 avec la mort sur le bûcher de plus de 200 croyants cathares.

Attila détesait les traîtres et les punissait sévèrement, mais il manifestait une grande tolérance religieuse, comme en témoignaient notamment ses concessions aux demandes des évêques pendant la campagne de Gaule (en 451) et l'arrêt de son offensive en Italie (en 452) après la rencontre avec le pape Léon.

Pour comprendre les raisons de ce comportement, qui reste énigmatique pour la grande majorité des Européens, nous devons nous tourner vers le Tengrisme (Tengrisme, Tangrisme), ancienne religion des peuples des steppes [12-14].

En effet, le comportement d'Attila est conforme au Credo du tangrisme classique (tengrisme), car le tangrisme classique a été basé sur les trois idées, exprimées dans les sources écrites de l'époque de l'Empire Mongol :

Tolérance exemplaire, exprimée de façon suivante : «Comme Dieu a donné à la main plusieurs doigts, de même il a donné aux hommes plusieurs voies vers le Dieu unique».

Désir de la Paix universelle qui est souhaité dans les termes : «Par la puissance du Ciel éternel, du lever du soleil jusqu'à son couchant, le monde entier sera uni dans la joie et la paix».

Idée d'un Gouvernement mondial exprimée par les mots : « Il n'y a qu'un seul Dieu dans le ciel et, sur la terre, il ne doit être qu'un seul maître».

On peut interpréter ces trois idées comme Credo du tangrisme classique, c'est-à-dire un système de ses dogmes principaux enregistrés officiellement. Les tentatives

d'expliquer l'essence du tangrisme autrement sont fastidieux et ne donnent pas une idée

claire de cette religion.

Le credo du tangrisme avec sa grande tolérance est bien formulé par le grand khan Mengu (Mongka) à Rubrouck [15] :

« Nous autres Mongols croyons qu'il n'y a qu'un Dieu, par lequel nous vivons et mourons, et vers lequel nos cœurs sont entièrement portés. Comme Dieu avait donné aux mains plusieurs doigts, ainsi avait-il ordonné aux hommes plusieurs chemins pour aller au paradis.» Dans sa lettre au Pape il utilise la formule

significative « il n'y a qu'un Dieu éternel au ciel, et sur terre qu'un souverain seigneur Gengis-Khan, fils de Dieu » et déclare que « par la puissance du Dieu éternel, tout le monde sera uni en paix et en joie.».

Il est probable que dans le premier Empire des Huns (il y a 2000-2300 ans) le credo de la religion tangrienne ne contenait pas encore l'idée d'un gouvernement mondial, mais affirmait que tous les peuples et tribus des steppes avec la même manière de vivre devaient avoir un seul dirigeant, élu par Tangra. Dans le même temps, on n'a pas tenté d'unifier les cultes régionaux et tribaux, parce qu'il existait un consensus que tous ces cultes mènent à Tangra.

Le désir d'Attila de créer une fédération des nations européennes sous son autorité est une extension naturelle de cette idée. Il commençait à penser probablement au gouvernement mondial, dans ce cas, il est créateur du credo du tangrisme classique.

Attila rêve de vie heureuse et veut'créer l'Empire européen avec Aetius

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L'un des courants du tengrisme moderne est le tangrisme, développé dans mes travaux [12-14]. Nous formulons le Credo du tangrisme moderne dans les termes suivants compatibles avec sa formulation classique :

améliorer sa qualité de vie sans nuire aux autres. rassemblement des gens de bonne volonté afin que Que cette foi contribue au l'Humanité puisse vivre en

harmonie et résoudre tous les problèmes qui surgissent! »

Le credo du tangrisme moderne est acceptable pour toutes les personnes

tolérantes, éduquées et nobles, qui veulent que cessent des conflits religieux et autres, que les ressources nécessaires soient mobilisées pour les objectifs communs de l'Humanité. Par conséquent, pour eux, l'activité d'Attila, d'une ampleur incroyable,

dont nous poursuivrons l'analyse, peut servir d'un grand exemple.

Pour cette année, il me suffit de gagner votre amitié et votre compréhension

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Louis IX a essayé d'établir des relations diplomatiques avec les dirigeants tengrists de l'Empire mongol, ce qui a été décrit dans notre précédent article [16]. Complétons cette courte description par des extraits du livre Saint Louis de Jacques Le Golf :

« En 1245, Innocent IV envoie trois missions à la recherche du grand Khan ... Plancarpin (Plano di Carpino) parvint jusqu'au grand Khan et assista à l'intronisation de Guyuk, les autres arrivent jusqu'à des chefs importants. Tous ont rapporté la même reponse qui , dans la formulation donnée à Plancarpin, est : « Toi en personne, à la tête des rois tous ensemble, venez nous offrir service et hommage ».

Saint Louis connu ces réponses ... C'est en 1251 qu'André de Longjumeau revint avec des messagers mongols auprès de Saint Louis. Ils rapportaient toujours la même réponse .

Rubrouck reviendra sans plus de succès que ses prédécesseurs. Quand il rentre à Chypre en1255, Saint Louis est rentré en France. Rubrouck lui enverra le récit de son voyage, le plus beau de tous, un chef-d'oeuvre.

Un tournant aurait enfin pu se produire dans les relations entre chrétiens et Mongols au début des années 1260. Les chrétiens d'Acre, pressés de plus en plus par les musulmans, adressent en 1260 des ambassadeurs au nouveau grand Khan Hulegu pour lui demander la paix et de l'aide. Hulegu libère les captifs chrétiens, promet aux chrétiens de les laisser en paix et de leur faire restituer le royaume de Jérusalem.

Celà, Saint Louis ne le sait pas quand il reçoit une lettre que Hulegu a fait traduire en latin à Maragha, près du lac d'Ourmiah, le 10 avril de l'année du Chien (1262), et que porte son ambassadeur, un Hongrois, «au roi Louis et à tous les princes, ducs, comts, barons, chevaliers et autres sujets du royaume de France».

Après le rappel de la souveraineté du grand Khan sur le monde et des victoire que ses ancêtres et lui-même ont remportées sur les peuples qui leur ont resisté, Hulegu annonce .

Embarassés, Louis et son conseil ne voudront prendre en considération que le préambule et le rappel de la suzeraineté du Khan, que le roi de France ne saurait accepter, même s'il n'est là que théorique. Saint Louis remercia et adressa l'ambassade à Rome, où la papauté poursuivra pendant plusieurs années des conversations qui n'aboutirons pas.

Saint Louis a laissé passer l'occasion. » ([6], p. 637-640).

Notons que Gengis Khan considérait tous ceux qui résistaient à l'idée d'un gouvernement mondial comme des hérétiques qui ne voulaient pas la paix universelle et ne leur montraient pas de pitié en temps de guerre. Mais en cas de cessation de la résistance, ses lois contenant des idées de tolérance entrent en vigueur.

Citons certains de ces lois analysés par Sadri Maksudi [17], fondateur des

recherches sur l'histoire du droit des peuples turques, député de la Douma de l'Empire

russe et sénateur de la République turque.

Extraits de Yasa de Gengis Khan :

- Yasa de Gengis Khan exige le respect de toutes les religions, sans donner la préférence à l'une d'elles.

- Yasa interdit l'utilisation des titres honorifiques. On ne s'adresse à toute personne que par son nom.

- Yasa de Gengis Khan interdit les mensonges, le vol, l'adultère et les autre relations illicites.

- Selon Yasa, personne ne doit insulter et humilier un autre. La personne offensée doit oublier les insultes.

- Les états et les villes qui se sont rendus sans résistance et leurs populations de ces villes ne doivent pas subir de dommages.

- Tout le monde doit respecter les lieux de culte. Tous les chefs religieux sont exonérés de tous les impôts et charges.

Citons quelques dictons (bilig) de Gengis Khan :

- Tous les commandants et les guerriers doivent penser de leur honneur et de leur renommée. Puissent tous, en priant Dieu et en combattant vaillamment, glorifier leurs noms afin qu'avec l'aide du Ciel Eternel nous puissions conquérir tous les quatre coins du monde.

- Un guerrier parmi les gens doit être doux et calme, comme un veau. Mais à la guerre, il doit être comme un faucon affamé, qui se jette criant à sa proie.

Ainsi, si Saint Louis détestait avec véhémence les hérétiques et menait une lutte continue avec eux, alors Gengis Khan ne les combattait qu'en temps de guerre et exonérait toutes les personnalités religieuses d'impôts et de taxes, quelle que soit leur religion.

Esprits pacifiques

Le sermon de Boniface VIII à l'occasion de la promulgation de sa Bulle sur la canonisation de Saint Louis commence par la glorification de l'esprit pacifique de ce roi:

« «Rex pacificus magnifi'catus est» ...

Toutefois, puisqu'il est question de l'exaltation de l'Église dans la glorification et l'exaltation du très saint roi Louis, nous pouvons dans le même esprit expliquer à son sujet les paroles qui ont été avancées plus haut selon lesquelles le roi Louis est rendu digne d'estime d'une triple façon, tout d'abord, en tant que roi, à cause de sa condition eminente ; en second lieu, en tant que pacifique à cause de ses vertus ; en troisième lieu, en tant que magnifié dans l'Église militante à cause de ses faveurs et de ses récompenses ...

En second lieu, le roi Louis se recommande par ses dons et ses mérites lorsque nous le disons pacifique, c'est-à-dire qui fait la paix. Par ce don et cette vertu, il faut comprendre tous les autres dons et les autres vertus. Il fut pacifique vis-à-vis de lui et vis-à-vis de tous, non seulement ses sujets mais les étrangers. Il fut pacifique vis-à-vis de lui-même. Il resta en paix avec ses contemporains et dans son propre coeur, et c'est pourquoi il obtint la paix de l'Éternité. Comment il maintint en paix son royaume, le savent bien tous ceux qui ont vécu cette époque. Cette paix n'existe pas sans justice, elle vient sur les pas de la justice et parce que le roi Louis s'est montré juste envers lui-même, envers Dieu et envers son prochain, il a obtenu la paix. » ([4], p. 275-276)

Passons pourtant à la chronique militaire du règne de Saint Louis.(1226-1270) :

1226-1235. Lutte contre les complots et les rebellions de grands seigneurs féodaux, opérations contre les cathares.

1240-1244. Opérations militaires contre les cathares, les Anglais et les seigneurs féodaux (comte de Toulouse et autres).

1240-1255. Lutte contre les cathares et la prise de leurs derniers châteaux (Montségur, Queribus, Nior-de-Solt).

1248-1254. Première croisade de Saint Louis.

1270. Deuxième croisade de Saint Louis.

Citons quelques témoignages de Joinville sur le caractère belliqueux et même de la cruauté de Saint Louis [8] :

« Alors l'abbé vint au chevalier, et lui dit qu'il avait fait une grande folie. Et le chevalier répondit que l'abbé avait fait une plus grande folie encore d'assembler une telle conférence; car avant que la conférence fût menée à fin, il y avait céans grande foison de bons chrétiens qui fussent partis de là tous mécréans, parce qu'ils n'eussent pas bien entendu les Juifs. « Aussi vous dis-je, dit le roi, que nul, s'il n'est très-bon clerc, ne doit disputer avec eux; mais un laïque, quand il entend médire de la loi chrétienne, ne doit pas défendre la loi chrétienne, sinon avec l'épée , dont il doit donner dans le ventre, autant qu'elle y peut entrer. »

« Après que le roi fut revenu de Poitiers, il ne se passa pas après grand temps que le roi d'Angleterre vint en Gascogne pour guerroyer contre le roy de France. Notre saint roi, avec tout ce qu'il put avoir de gens, chevaucha pour le combattre. Là vint le roi d'Angleterre, et le comte de la Marche, pour combattre devant un château qu'on appelle Taillebourg, qui est assis sur une mauvaise rivière qu'on appelle la Charente, là où on ne peut passer que sur un pont de pierre très-étroit ... »

« Quand le roi ouït dire que l'enseigne de Saint Denis était à terre, il traversa à grands pas son vaisseau, et malgré le légat qui était avec lui, jamais il ne la voulut laisser, et sauta dans la mer, où il fut dans l'eau jusqu'aux aisselles. Et il alla l'écu au col, et le heaume en tête, et la lance en main, jusques à ses gens qui étaient sur le rivage de la mer. Quand il vint à terre et qu'il aperçut les Sarrasins, il demanda quelles gens c'étaient; et on lui dit que c'étaient des mist le glaive desous s'esselle et l'escu devant lui, et eust couru sur les Sarrazins, se sui preudome, qui estoient avec li, li eussent souffert. »

« Comme j'étais à pied avec mes chevaliers, blessé ainsi qu'il est dit ci-devant, vint le roi avec son corps de bataille, à grands cris et à grand bruit de trompettes et de timbales; et il s'arrêta sur un chemin en chaussée. Jamais je ne vis si beau chevalier, car il paraissait au-dessus de tous ses gens, les dépassant des épaules, un heaume doré sur la tête, une épée d'Allemagne à la main. »

« « Hé, sire, dit le prévôt, ayez-en bon réconfort ; car si grand honneur n'advint jamais à roi de France comme il vous est advenu. Car pour combattre vos ennemis

vous avez passé une rivière à la nage, et les avez déconfits et chassés du champ de bataille, et pris leurs engins et leurs tentes, là où vous coucherez encore cette nuit. » »

« Et l'on vint au roi et on lui dit le danger où son frère était. Quand il ouït cela, il piqua des éperons parmi les troupes de son frère, l'épée au poing, et se lança entre les Turcs si avant qu'ils lui jetèrent sur la croupière de son cheval du feu grégeois. Et par cette pointe que fit le roi, il secourut le roi de Sicile et ses gens, et ils chassèrent les Turcs de leur camp. »

Attila n'était pas plus belliqueux que Saint-Louis. Je citerai mon roman historique Les amis d'Attila, publié en plusieurs langues [18-24], car dans ce livre l'image d'Attila correspond à toutes les sources d'informations fiables et aux recherches reconnues. La forme d'une œuvre littéraire permet d'effectuer l'analyse logique des événements historiques, mais aussi de créer des portraits psychologiques des participants à ces événements et de comprendre mieux les motivations profondes de leurs actions.

Rappelons les raisons de la guerre contre l'Empire romain d'Orient :

« - Ils ont osé piller les tombes des princes huns ! Et vous dites que c'est un évêque de Margum qui a commis ce crime !

Cet incident grave, qui choque terriblement l'empereur du Nord, se produit au mois de juin de 441, quelques jours après la fête du Soleil.

Oreste confirme :

- Notre patrouille a remarqué l'évêque Andoche avec ses hommes, quand il démarrait pendant la nuit du bord du Danube, loin des endroits ordinaires de traversée. La patrouille a suivi leurs traces découvertes derrière les tombeaux pillés.

Onégèse lance avec amertume :

- Et c'est une personne qui apprend aux autres la morale, consacre plusieurs heures par jour aux enquêtes judiciaires et aux procès, délibère des jugements !

Attila dit tristement :

- C'est le crime le plus lourd pour les peuples des steppes.

Onégèse rappelle un exemple historique significatif :

- Quand Darius, le roi des Perses, a décidé de soumettre la steppe et après une longue marche a proposé aux Scythes de lutter, ces cavaliers lui ont répondu: «Trouvez et pillez les tombes de nos ancêtres, alors nous nous battrons sûrement !» Bien sûr, Darius n'a pas fait un tel sacrilège et est rentré dans son pays avec son armée fatiguée.

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Attila conclut :

- C'est triste, que cet incident ait eu lieu près de Margum, où nous avons signé un traité qui devait servir au renforcement des relations pacifiques, mais qui était toujours violé par Constantinople. La coupe de notre patience déborde ! La Foire internationale de Margum commence bientôt. Il n'est pas exclu qu'il y ait une tentative de vente des objets pillés. J'ordonne d'effectuer un raid pendant cette foire et de

confisquer l'argent et les objets précieux chez les participants romains pour le remboursement du dommage et afin de chercher des pièces à conviction contre l'évêque ! S'il tombe sous la main des guerriers, il faut l'arrêter pour l'interroger !

L'ordre d'Attila est exécuté par un détachement hun, mais l'évêque ne se trouve pas à la foire au moment du raid.

***

Après ce raid, commence un échange de lettres entre les deux empereurs. D'abord, c'est Théodose, qui exprime sa surprise de l'attaque de la foire internationale et suppose que ce raid est organisé par des éléments incontrôlables. C'est pourquoi il propose à «son ami, l'empereur des Huns» de trouver et punir ces coupables.

Attila répond que les sujets de son Empire sont obéissants et expose en détail les raisons du raid à la foire et demande l'extradition de l'évêque Andoche. Théodose ordonne d'interroger l'évêque qui naturellement n'avoue pas le crime terrible et reporte toutes les accusations sur les voleurs de tombes.

Théodose conseille alors à Attila, qu'il considère comme une personne éduquée et civilisée, de s'adresser à la justice contre l'évêque et de fournir les preuves. Après avoir lu cette lettre, Attila ne peut se retenir de rire :

- Cette réponse est digne du rédacteur du «Code de Théodose» !

Onégèse remarque en riant :

- Cette compilation des lois romaines est la seule affaire utile à la vie de cet empereur. Toutes les autres affaires sont gérées par Pulchérie et Eudoxie qui se chamaillent entre elles.

Attila prend l'air sérieux :

- Selon nos lois, les voleurs sont punis tout de suite après la découverte de leur culpabilité et sans une longue procédure. Comment Théodose peut-il admettre l'idée, que l'empereur de la Hunnie peut s'adresser comme une partie civile au tribunal romain ! Il faut donc lui apprendre sur les champs de batailles qu'il faut être plus respectueux de l'Empire hun ! Qu'il nous livre immédiatement l'évêque Andoche en toute conformité avec les coutumes et le droit international !

Cette réaction de l'empereur des Huns bouleverse Oreste qui réalise pour la première fois que ce conflit peut dégénérer en guerre. Il se souvient des mots d'Attila : « Constantinople ne respecte pas toutes les conditions du traité de Margum. Notre patience touche à sa fin. Encore un incident grave et l'Empire romain d'Orient sera puni ! »

Dans la lettre suivante Théodose demande de lui envoyer la liste des objets volés. Attila réagit brutalement. Il dit au messager romain :

- Transmettez à votre empereur, que je lui ne répondrai plus. Je demandais l'extradition du criminel et non le début d'une procédure bureaucratique. Je vais aller moi-même l'arrêter sur votre territoire.

Quand le messager est sorti, Attila ordonne :

- Commencez les manœuvres le long de la frontière du Danube! Expédiez des messagers à tous les princes avec l'ordre de mobilisation des troupes pour une grande guerre !

***

L'évêque Andoche voit du mur de Margum comment les troupes hunes se réunissent sur l'autre rive du Danube autour des drapeaux avec des croix tangraïstes flottant au vent. Il entend les sons des tambours et des trompettes.

L'évêque tremble à l'idée que l'empereur Théodose, si inerte, peut le sacrifier pour éviter la guerre : « Que faire ? Il n'y a qu'une solution. Envoyer à Attila un messager avec une proposition... Mais quelle proposition ? Que peut-il accepter ? La vie en échange de Margum ! Pourquoi pas ! Margum est une forteresse puissante. Pour Attila, ce serait donc intéressant de prendre une telle forteresse sans perdre un seul guerrier. Peut être, accepterait-il de me laisser évêque de cette ville ou d'une autre ! Il n'existe aucune autre solution ! »

L'empereur du Nord accepte la proposition d'Andoche et l'évêque ouvre aux troupes hunes les portes de sa ville. Maintenant une grande guerre est inévitable.

Attila monte sur un haut sommet, détache sa ceinture d'or et la suspend autour de son cou. Puis il s'assoit sur la pierre et communique toute une journée avec Dieu. Sur son ordre des centaines de milliers de guerriers devront se mettre en mouvement, recevront la permission d'utiliser leurs armes. Il y aura des victimes, y compris innocentes, toutes les horreurs de la guerre : les massacres, les incendies et les destructions, les pillages et les viols. Les troupes devront être nourries par les habitants des territoires conquis. Mais on aura plus de victimes sans cette guerre. Les diplomates et les émissaires de Constantinople ne se calment pas, essayent de soulever contre les Huns les peuples de l'Empire bâti avec de si grands efforts et de susciter l'hostilité des voisins. Ils ne comprennent pas qu'il n'y a rien de plus terrible que l'anarchie des steppes, y compris, pour les voisins ! Attila répondra devant Tangra et sa conscience pour sa décision difficile prise pour l'ordre et la paix dans la Grande steppe, pour la consolidation de l'Empire du Nord, pour la future «pax hunna-romana ». »

Passons maintenant aux causes de la guerre avec l'Empire romain d'Occident (451-452) :

« Le palais impérial de Constantinople était agité par la nouvelle de la mort de l'impératrice hune Kere-ko qu'on appelait ici Kerka. On disait qu'Attila avait brûlé par désespoir le palais de sa femme devenu terriblement vide !

Le cœur d'Honoria bat d'une admiration involontaire. Attila est non seulement un élu de Dieu qui a reçu l'épée d'or divine, mais il est encore capable d'un grand amour ! Comme Honoria, elle-même ! Il est le fondateur du nouvel empire victorieux, elle est une princesse, ayant droit sur le trône de l'empire ancien et prestigieux qui a été privé de son titre d'Augusta par suite des intrigues d'Aetius et de Valentinien.

Maintenant, après la mort de Kerka, elle peut devenir l'impératrice hune et donner à Attila le droit à la possession de la moitié de l'Empire romain d'Occident !

Honoria ne trahit personne, elle veut sauver la civilisation romaine. C'est Valentinien qui l'a trahie, ayant ordonné de tuer son cher Eugène ! Et Théodose après avoir essuyé la défaite avec le glaive, a décidé de vaincre Attila par le poison ! Quelle lâcheté ! Avec quelle intelligence et habilité il a été remis à sa place et ridiculisé par Attila!

Non, elle n'a pas pitié de son frère et de son oncle! Mais elle épargnera leurs vies, les enverra au couvent prier Dieu de leur pardonner leurs grands péchés. D'ailleurs, ils prient Dieu tout le temps. Mais il n'ont pas de foi sincère dans leurs âmes. Malgré sa fanatique religiosité, Augusta Pulchérie a ordonné au comte Saturnun de tuer deux prêtres proches de l'ancienne impératrice Eudoxie. Non, il faudra les envoyer en exil dans une périphérie éloignée de l'Empire hun, par exemple, en Sibérie.

Honoria voit de nouveau Attila sur un cheval blanc avec son épée d'or dans son rêve. Non, il ne faut plus attendre. La décision est prise. Elle sera la première dame du monde ! Il faut envoyer à Attila un messager sûr avec une lettre et une bague de fiançailles.

A qui confier cette mission délicate et discrète ? Bien sûr à Jacinte ! Ce jeune serviteur est très positif à la différence des autres eunuques et éprouve pour elle une sympathie et une amitié sincère. Toutes ces années, ils ont beaucoup parlé et Jacinte la comprend bien, il faut seulement discuter encore avec lui comment mieux répondre aux questions de l'empereur hun.

***

Attila est ému. Il a éprouvé le même sentiment, quand le berger hun lui a apporté l'épée d'or de la Victoire trouvée dans la steppe de la mer Noire. Tangra lui donne maintenant la main d'une fière princesse, héritière du trône d'un empire, et de quel empire!

Il presse le messager de questions :

- Racontez moi tout sur la princesse. Quel âge a-t-elle ? Est-elle belle ? Est-elle intelligente ? Pourquoi n'est-elle pas mariée ?

Jacinte raconte tout ce qu'il sait :

- Honoria est belle, elle est fidèle et sincère, elle était malheureuse et mérite plus que toutes les autres femmes aide et amour...

Attila écoute attentivement le récit, pose de nouvelles questions. Sans aucun doute, Honoria lui est envoyée par Dieu, lui-même, pour faciliter la réalisation du plan de la création de l'Empire romano-hunnique. Il suffit de rendre à Honoria son titre d'Augusta et ils auront toute la légitimité de gouverner l'Empire romain d'Occident. Ainsi, Attila et Honoria composent un couple idéal pour gouverner ensemble le futur Empire romano-hunnique ...

Aetius sait, qu'en violant ses deux serments solennels de fidélité aux Huns, en se montrant l'adversaire du mariage d'Attila avec Honoria, il devient le plus grand ennemi de son ancien ami.

Il fait ce pas, très risqué pour lui, ayant arraché la promesse de l'empereur Valentinien d'accorder la main de sa fille, la princesse Eudoxie, à son fils Gaudentius. Puisque l'impératrice Eudoxie, la femme de Valentinien, était la fille de Théodose, Marcien et Pulchérie constituaient une famille fictive, Aetius comptait, qu'un jour son Gaudentius deviendrait l'empereur, non seulement de l'Empire romain d'Occident, mais qu'il pourrait prétendre au diadème impérial de l'Empire romain d'Orient.

Pour cela Aetius devait organiser une forte résistance à Attila, pour se présenter comme un sauveur de l'Empire et marier son fils avec la princesse Eudoxie. On pourrait même se débarrasser ensuite de ce capricieux Valentinien et, après s'être reconcilié alors avec les Huns, entrer avec une nouvelle armée alliée à Constantinople. Réunir l'Empire! Alors il pourra conclure un accord avec Attila et créer l'Empire romano-hunnique de leur rêve, où le rôle principal sera joué par les Romains. Par contre, s'il favorise le mariage d'Attila avec Honoria, Aetius sera probablement privé du pouvoir. Contre lui agiront non seulement Honoria, mais encore Oreste et Onégèse.

Mais peut-il résister à Attila ? Il ne peut compter que sur sa connaissance des coutumes des Huns et leur tactique de la conduite de la guerre. En effet, personne parmi les Romains ne le sait mieux qu'Aetius.

Ainsi il sait bien que le but d'Attila ne sera pas l'occupation des grands territoires et que l'invasion des grandes masses de la cavalerie en dehors de la zone des steppes ne durent jamais longtemps. Ces expéditions éclairs sont toujours courtes, elles ne durent pas plus de quatre ou cinq mois car les chevaux ne peuvent pas supporter plus d'efforts et doivent revenir se reposer dans leurs pâturages. Il faudra donc s'activer seulement, quand Attila, quatre mois après le début de l'invasion, commencera le retrait de sa cavalerie. Il suffira alors de suivre discrètement les troupes hunes partantes afin de créer l'illusion d'une offensive afin de crier ensuite victoire !

Il sait bien comme Attila est économe de la vie de ses cavaliers. Il suffit donc que l'infanterie romaine puisse résister aux attaques de la cavalerie, en se protégeant de grands boucliers. Heureusement, il a réussi à ce que ses légionnaires commencent à porter des casques et même des cuirasses et à utiliser pour leur protection de grands boucliers métalliques. Quels grands efforts cela lui a demandé! Mais maintenant, il existe un espoir de supporter une bataille éventuelle avec la cavalerie, pressée de rentrer à la maison avec ses butins.

Après une telle analyse de ses possibilités, Aetius devient plus tranquille. Il faut mobiliser une grande armée. La première année de la guerre, Attila attaquera probablement la Gaule afin d'assurer la participation à la campagne de ses alliés germaniques. Tant mieux ! La Gaule est remplie de Wizigoths et d'Alains dont les ancêtres se sont sauvés de l'offensive hune au nord de la mer Noire il y a trois quarts de siècle; ainsi que les Francs, les Burgondes et d'autres Barbares, hostiles aux Huns

qui sous sa demande combattaient ces Barbares en protégeant le Gaule pendant les deux dernières décennies !

Les détachements privés des grands propriétaires fonciers fusionneront comme des ruisseaux en rivière. Pendant la guerre avec l'Empire romain d'Orient, les Huns libéraient les esclaves, mais emmenaient les riches afin de demander une rançon. C'est bien connu des propriétaires des villas qui constituent le support le plus fidèle du pouvoir romain.

Mais comment se comporteront les pauvres ? En effet, les Bagaudes peuvent être à côté d'Attila. On dit que le Grec Eudoxe est revenu en Gaule et conduit la propagande, en expliquant aux paysans qu'Attila gardera leur autonomie et percevra seulement dix pour cent d'impôts sur leur revenu. Promettons donc à ces révoltés l'amnistie, la préservation de l'autonomie des territoires contrôlés par eux, et même l'exonération totale des impôts ! On verra après.

Dans tous les cas Attila mènera la guerre sans se presser. Terrorisé, Valentinien acceptera pendant la deuxième ou la troisième année de la guerre le mariage de sa fille Eudoxie avec Gaudentius ! Pour effrayer davantage ce pauvre empereur, il faut faire circuler la rumeur sur la trahison possible du roi alain Sangiban, sur les négociations secrètes des Huns avec les Vandales.

La princesse Honoria doit être obligatoirement enfermée sous une garde renforcée, afin d'éviter son évasion vers Attila ce qui gâcherait tout son jeu ! »

Honoria rêve de vengeance avec l'aide des Huns

Sur un serment mamelouk

Boniface VIII décrit dans sa Bulle un cas survenu pendant la captivité de Saint Louis en Égypte par les «Sarrasins», qui «réclamaient très instamment qu'une clause fût ajoutée dans les conventions prévues et confirmée mutuellement par serment, à savoir que si eux-mêmes ne respectaient pas le pacte, ils renieraient Mahomet qu'ils adorent (à ce qu'on dit), et que le roi de son côté renierait le Fils de Dieu et se placerait hors de sa foi, si les conventions sus-dites n'étaient pas gardées par lui jusqu'au plus petit détail.» ([4], p. 282).

Essayons de comprendre cet évenement. Notons qu'il s'agit des Mamelouks, qui ont fait un coup d'Etat contre le sultan de Touran Shah sous la direction du Kipchak Baybars. Leur nombre a fortement augmenté après la victoire de Gengis Khan sur l'Empire des Khwârazm-Shahs aux dépens des guerriers fugitifs de cet empire parlant des langues turques, parmi lesquels se trouvaient de nombreux tengriens (tengristes, tangristes) qui, comme beaucoup de leurs descendants modernes (Kazakhs et autres), n'étaient pas des musulmans zélés.

Notons que les tengristes souvent acceptaient d'être considérés aussi comme des adeptes d'une autre religion, convaincus qu'il existe «plusieurs voies vers le Dieu unique». Ainsi le tangrisme yakout a facilité l'assimilation de la religion chrétienne, car pour la traduction de la littérature religieuse ont été utilisés les termes : Tangra (Dieu), aga-Tangra (dieu-père), Uol-Tangara (dieu-fils, le Christ), «christianisme» a été traduit par «Tangra uerege - enseignement de Tangra», «église» - comme «Tangara djete -maison de Tangra». Les plus fervents Yakoutes respectant les principaux rites orthodoxes, continuaient de pratiquer le culte des esprits et les autres rites tangristes, la plupart des Yakoutes ne voyaient aucune contradiction entre le christianisme et le tangrism

Par conséquent, Baybars et les autres négociateurs avec Saint Louis pourraient facilement souscrire à un serment autorisant la possibilité de «renier Mahomet». On sent dans la Bulle de Boniface VIII le doute quant au fanatisme religieux des Mamelouks, comme en témoigne l'expression «Mahomet qu'ils adorent (à ce qu'on dit)». Cela aurait très bien pu être une ruse: s'efforcer d'obtenir du roi de France un serment fort sans assumer d'obligations morales trop fortes.

Grâce aux récits de Carpini et au rapport de Rubrouck et d'autres sources, Saint Louis avait une idée assez claire de la religion tengrienne. C'est probablement pourquoi il n'a pas accepté ces conditions:

« Plein d'horreur, le susdit roi s'y refusa avec la plus grande fermeté ; bien mieux, soulevé d'indignation, il affirma publiquement que des propos si impies ne franchiraient jamais ses lèvres, et que jamais il n'en viendrait à ce reniement digne d'un fou et d'un réprouvé. Pourtant les sus-dits comtes de Poitiers et d'Anjou et de nombreuses autres personnes présentes lui conseillaient très instamment d'accepter, puisque bien persuadés que pour ce refus un péril de mort les menaçait eux et tous les autres chrétiens très vraisemblablement. » ([4], p. 282).

Résultats des comparaisons et leur précision

On voit qu'Attilla possédait toutes les principales vertus qui ont été mentionné dans les arguments avancés pour la justification de la décision de canoniser en 1297 le roi Louis IX.

Origines nobles et puissance. Attila était beaucoup plus puissant que Saint Louis, qui a été vaincu au cours de ses deux croisades et capturé lors de l'invasion de l'Égypte. Citons encore l'académicien français Brion : «le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était l'unité européenne» ([9], p. 162). Saint Louis n'avait pas un plan si global. Il reconnaissait la supériorité de l'empereur Frédéric II (du Saint-Empire romain), et obéissait aux décisions des papes si elles ne touchaient

pas trop son autorité royale.

Amour de la justice et de l'équité. Ajoutons un autre exemple connu de justice Attila [18] :

« Oreste dirige les territoires occupés à partir de Sirmium. Il occupe l'ancien palais des Césars d'Orient qui donne à son pouvoir plus de légitimité. Parmi ses nombreuses préoccupations le gouverneur n'oublie pas l'ordre d'Attila d'enquêter sur le meurtre de l'évêque de cette ville. Pourtant ce meurtre a été perçu par la population comme un geste normal de la part des Barbares et l'enquête n'avance pas.

Les relations avec l'Empire d'Occident restent normales. Oreste et les autres Romains, fonctionnaires des Huns, peuvent visiter sans aucun problèmes leurs familles dans les territoires sous l'autorité de Ravenne.

Un des secrétaires revient avec une nouvelle intéressante :

- L'évêque de notre ville a acheté les vases en or de l'Eglise de Sirmium chez un banquier à Rome pour un prix modique.

Oreste le renvoie en Italie après avoir consulté le liste des trophées, pris à Sirmium, car l'église de Sirmium n'a pas été pillée. Quelques objets de valeur, pris comme une contribution de guerre, ont été soigneusement enregistrés et gardés dans le trésor de son armée.

Bientôt Oreste apprend que les vases suspects ont été achetés chez un prêteur sur gages nommé Sylvanus, qui tient une boutique de banquier sur une place à Rome. Oreste envoie immédiatement un enquêteur qui interroge Sylvanus et apprend que les vases en question ont été remis en gage d'un prêt par Constancius qui ne l'a pas remboursé à la date fixée.

Oreste convoque le coupable présumé qui ne nie rien :

- Oui, c'est moi qui ai tué l'évêque.

- Mais pourquoi, Constancius ?

- L'éclat de l'or m'a aveuglé et j'ai commis ce crime. Mais je ne savais pas que je souffrirai si terriblement de remords. Avant je pensais que je n'étais pas un croyant mais maintenant j'ai une peur terrible de l'enfer.

- Comment as- tu eu ses vases ?

Constancius raconte la demande de l'évêque :

- Pendant la prise de la ville j'ai trouvé rapidement le prêtre qui m'a donné ces vases. Je les ai regardé longtemps briller sous la lumière du jour. Je n'ai jamais tenu dans mes mains des objets d'une telle valeur et j'ai eu une envie irrésistible de garder ce trésor pour moi. Sachant que l'évêque serait rapidement libéré, j'ai décidé de le supprimer.

Oreste ferme un instant ses yeux, puis il s'exclame :

- Je suis horrifié par ton crime, Constancius ! Tu sais bien que j'avais une grande confiance en toi. C'est pourquoi, je t'ai envoyé négocier avec l'évêque. Où est l'argent que tu as emprunté chez Sylvanus ?

- Il m'a brûlé les mains, je m'en suis débarrassé le plus rapidement possible. C'est facile dans la Ville Eternelle. Je te demande pardon pour l'abus de ta confiance, ma vie ne vaut plus rien. Je veux passer les quelques jours qui me restent en prières.

Oreste donne un signe et deux soldats emmènent Constancius dans la prison...

Soudain les Byzantins voient au loin une caravane, qui va dans la même direction que la leur. Quelques temps après, leurs chemins se rencontrent et ils entendent parler latin sans accent ! Car les Huns ne perdaient pas leur accent, si long était leur séjour dans les Empires romains. C'était l'ambassade de l'Empire romain d'Occident dirigée par le comte Romulus. Deux ambassadeurs romains, deux comtes, échangent des informations sur les buts de leurs ambassades. On apprend ainsi, que l'ambassade de Ravenne doit régler «l'affaire des vases de Sirmium».

Choqué du récit de Romulus, Priscos s'exclame :

- C'est incroyable ! Je ne comprends pas les raisons de cet ultimatum d'Attila.

Romulus explique :

- Bien sûr, c'est un geste politique mûrement réfléchi. Probablement Attila veut-il, afin de renforcer davantage son prestige, recevoir simultanément les deux ambassades des deux Empires romains. En outre, il montre à ses sujets de quelle façon stricte est tenue la comptabilité des trophées et quelle grande importance il donne au maintien de la discipline sévère dans l'armée hune. »

Cruauté forcée. Saint Louis a été cruel envers les hérétiques et tous les opposants à la foi :

« Le benoît roi fit une ordonnance publiée par tout le royaume afin que nul n'osât dire aucun blasphème ni parole vilaine de Dieu ni de la bienheureuse Vierge Marie ...

Il les faisait mettre au pilori devant le peuple, des boyaux de bêtes, pleins

d'ordure autour du cou ...

Il advint qu'un homme fit tel juron interdit de Dieu ... le benoît roi commanda de forger un fer rond, de le faire rougir au feu et de l'appliquer sur la bouche de celui qui avait ainsi juré vilainement de Dieu... » » ([4], c. 106)

On sait qu'Attila punissait principalement les traîtres [18] :

« Tous les princes huns, impliqués dans des négociations séparées avec les

messagers du gouvernement de Constantinople, sont supprimés selon les lois sévères

de Modoun khan ...

Le prince principal Kourdak reste vivant puisque c'était lui qui avait prévenu Attila de l'arrivée des émissaires romains. Pourtant il est clair pour Attila, que le vieux prince n'accomplissait pas bien ses devoirs.

Conscient du danger le menaçant, Kourdak se réfugie avec ses plus fidèles dans les montagnes et répond à l'invitation d'Attila de venir le voir de façon éloquente :

- Je suis une personne ordinaire qui peut devenir aveugle, s'il ose regarder fixement le soleil. Comment puis-je alors regarder le visage du Grand khan semblable au soleil et placé sur le trône par la volonté de Tangra !

Attila décide de cesser la poursuite du vieux prince, mais de le priver du pouvoir. Il proclame son fils aîné Ellak khan de la Hunnie orientale. Le peuple Ak-at-seri, qui pouvait être sévèrement puni par suite de l'avidité de ses chefs, était content d'une telle issue à une situation aussi délicate. »

Attila n'encouragait pas la cruauté de ses guerriers. Il lui était particulièrement difficile de contrôler ses alliés germaniques. Citons les réflexions d'Oreste, le père de Romulus Augustule, futur dernier empereur romain d'Occident, tiré de mon roman historique Les amis d'Attila :

« Dans la bataille à côté de la ville d'Augusta Veromanduorum est tué le roi

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franc Vaast, qui est devenu son ami. Oreste n'essaye pas d'empêcher la vengeance

cruelle de ses guerriers inondant la ville de sang.

Regardant la ville brûlant, Oreste pense aux lois de la guerre. Lui et sa femme restent toujours citoyens romains, ils gardent des biens immobiliers et des esclaves sur le territoire romain et doivent hériter de parents riches. Et maintenant, il donne les ordres de tuer d'autres citoyens de l'Empire romain d'Occident.

La première grande guerre était contre l'Empire romain d'Orient, c'est-à-dire, contre un état étranger. C'est pourquoi, il pouvait donner alors tranquillement les ordres de brûler les villes. Mais dans cette guerre il lutte contre son propre pays. Certes, il est aussi un citoyen hun, ministre et général d'Attila. D'ailleurs, les généraux romains pendant de nombreuses guerres civiles détruisaient aussi les villes de leur Empire. Mais cette guerre n'est-elle pas en fait une guerre civile ? Il y a l'empereur Valentinien, mais il y a aussi la princesse Honoria, illégalement privée du titre d'Augusta.

L'intervention hune est provoquée par l'appel d'Honoria afin de rétablir la justice. Les villes, qu'il a détruites, résistaient sur l'ordre d'Aetius, le vrai maître de l'Empire romain d'Occident. Mais qui est-il en fait cet Aetius ? Seulement un vassal ingrat d'Attila qui a violé tous ses serments de fidélité. Sans les Huns, personne aujourd'hui ne s'en souviendrait. Sa tête devait être tranchée il y a déjà vingt six ans avec la tête de son ami, l'empereur Jean, ou il y a dix-neuf ans, quand il a tué Boniface avec une si grande perfidie. En fin de compte, les deux Empires romains ne sont que des états vassaux par rapport à l'Empire des Huns. D'un tel point de vue, cette guerre est une opération punitive légitime contre une marionnette insurgée.

Oreste se répète encore une fois ces raisonnements et se calme. Caton aussi, un grand Romain, appelait à être impitoyable envers les insurgés : «S'emparer de fillettes et de petits garçons, arracher les enfants aux bras des parents, abandonner les mères aux lubies des vainqueurs, piller temples et maisons, massacrer et mettre le feu; en somme, tout emplir de larmes, de morts, de sang et de deuil !»

De toute façon, la guerre est une affaire sale et cruelle. Le panorama de la ville brûlant change ses pensées. Cette ville sera détruite aussi de fond en comble. Les Huns ne veulent pas disperser leurs forces par les garnisons et perdre du temps dans des accrochages inévitables avec les forces de la résistance. Un des buts principaux de la première année de la guerre est la destruction des fortifications frontalières le long du Rhin et des forteresses principales dans la Gaule du nord. Mais au sud de la Seine, toutes les villes ne seront pas détruites. On ne touchera pas celles qui négocieront avec les Huns, leur paieront le tribut, donneront la promesse de ne pas lever d'armes contre ceux-ci et donneront des otages.

Après la prise d'Augusta Veromanduorum, Oreste, comme les autres généraux huns, reçoit l'ordre de tourner son armée au sud et de se diriger vers Paris. »

Istvan Bona montre de manière assez convaincante que Childeric, le père de

Clovis, le premier roi catholique de France, était un des proches d'Attila. Il le fait

principalement sur la base de l'analyse des ustensiles funéraires :

« L'habit et l'armement du roi Childeric gardent la pompe orientale des rois

alliés à l'empire hunnique, une partie était probablement un don d'Attila ... Ceux qui

diffèrent de la mode hunnique ressemblent aux mobiliers du favori d'Arrila, Ardaric, et

de ses successeurs. » ([11], p. 70)

Odoacre, futur premier roi d'Italie, a également combattu du côté d'Attila sur les Champs catalauniques. Il était un fils d'Edecon, général Attila, et d'une princesse germanique. Un des fidèles alliés d'Attila était Theodemir, l'un des trois rois-frères des

Ostrogoths, et le père de Theodoric le Grand, deuxième roi d'Italie.

On ne peut qu'admirer les qualités de leader d'Attila, qui a réussi à réunir toutes

ces personnalités importantes dans l'histoire de l'Europe autour de son grand projet de

l'unité européenne.

Education soignée. Attila probablement, dans son enfance, a gagné un concours entre les princes huns avant d'aller faire ses études en Italie. Il parlait latin déjà à cette époque grâce aux années d'amitié avec le jeune Aetius. Au cours de son séjour à la cour impériale, il a aussi suivi des événements historiques majeurs : la destitution du général Stilicon, qui était auparavant le véritable chef de l'Empire romain d'Occident, et la prise de Rome par les Goths du roi Alaric.

Au début du règne d'Attila, son frère Bleda était co-dirigeant, mais il ne possédait pas de capacités comparables à lui. Certains Romains rapportent des rumeurs selon lesquelles il aurait été éloigné de force du pouvoir sans donner de détails. Nous ne le croyons pas, comme Eric Deschodt et de nombreux autres auteurs : «Bleda ne gènait personne. Il chassait, buvait, mangait, heureux de vivre à ce rythme «heureux

dans sa passivité», écrit Bouvier-Akam» ([10], p. 88). On pense que probablement, son

cheval l'a jeté pendant la chasse après une beuverie.

Quant à Saint Louis, il n'était «ni intellectuel ni théologien», mais il lisait beaucoup de littérature religieuse ([6], p. 866-870).

Modestie dans les vêtements et la nourriture. Nous voyons dans ce point une très grande ressemblance entre Attila et Saint-Louis. Pourtant au début de son règne, Saint Louis s'habilla conformément au statut de roi mais fut transformé après la première croisade infructueuse.

Esprits pacifiques. Saint Louis n'avait pas plus d'esprit pacifique comparées à Attila. Citons une conversation du roman Les amis d'Attila, qui explique les raisons du refus d'Attila de prendre Constantinople :

« La princesse Honoria continuait sa triste vie en compagnie des sœurs de Théodose, devenues pendant les années de guerre encore plus pieuses.

Ayant appris la conclusion de l'armistice, que plus personne n'espérait, elle demande à l'eunuque Jacinte, son fidèle serviteur :

- Pourquoi Attila n'a-t-il pas achevé la victoire sur l'Empire romain d'Orient par la prise de Constantinople, quand Dieu, lui-même, était de son côté?

Jacinte, qui avait l'esprit vivant et large, réfléchit :

- Peut être, le succès militaire n'est-il pas l'élément principal de ses conquêtes.

Honoria s'étonne :

- Comment est-ce possible ?

Jacinte explique sa pensée :

- Il me semble qu'Attila est avant tout un grand diplomate. Ses actions montrent qu'il tient à la vie de ses guerriers. Le diplomate se réjouit de la possibilité d'accorder aux guerriers le repos, tout en observant attentivement les actions de l'ennemi. Pourquoi se battre quand il peut obtenir sans batailles ce qu'il lui faut maintenant ?

Honoria est un peu déçue. Si Attila prenait Constantipople, elle serait en captivité honorifique. Comme sa mère, Galla Placidia, avait été capturée par les Goths après la prise de Rome. Alors pourrait commencer une nouvelle vie, plus libre et, peut-être, heureuse. »

Les raisons du refus d'Attila de prendre Rome après sa rencontre avec le pape Léon sont expliquées dans leur dialogue, cité dans un article précédent [16].

Les sentiments religieux de Saint-Louis étaient souvent exprimés de manière très passionnée. Il dépensait beaucoup d'argent en dons aux monastères et aux églises, passait beaucoup de temps en prières et exigeait cela des autres.

Par exemple Guillaume de Nangis raconte d'un évenement à qui on donnait «la

dimension d'un drame cossmique » ([6], c. 146-147) :

« L'année suivant (1232), il advint en l'église de Saint-Denis que le très - saint clou , un de ceux dont notre Seigneur fut crucifié, lequel y fut apporté dès le temps de Charles-le-Chauve le roi de France et empereur de Rome qui le donna à ladite église, tomba du vase où il étoit gardé, pendant qu'on le donnoit à baiser aux pèlerins, et fut perdu entre la multitude de gens qui le baisoient, le troisième jour des calendes de mars ; mais après cela fut trouvé par grands miracles visibles, et rapporté à ladite église, à grande joie et à grande liesse, le premier jour d'avril suivant.

La douleur et la compassion que le saint roi Louis et sa noble mère, la reine Blanche, eurent de si grande perte, ne doit pas être passée sous silence. Le roi Louis et la reine sa mère, quand ils ouïrent la perte de si haut trésor qui étoit advenue du saint clou, en leur règne, s'affligèrent moult, et dirent que nulles nouvelles plus cruelles ne leur pouvoient être apportées, ni dont ils pussent se douloir plus cruellement. Le très-bon et très-noble roi Louis, pour la grande douleur qu'il eut, ne se put contenir; mais commença à crier hautement, et dit qu'il eût mieux aimé que la meilleure cité de son royaume fût fondue en terre et périe.

Lors qu'il sut la douleur et les pleurs que l'abbé et le couvent de Saint-Denis menoient jour et nuit, sans confort, il leur envoya hommes sages et bien parlants pour les conforter, et il vouloit y aller en propre personne, si le conseil de ses gens ne l'en eût détourné. Il fit commander et crier dans Paris, par rues et places, que si aucun savoit rien du saint clou, et si quelqu'un l'avoit trouvé ou retiré chez lui, qu'il le rendît aussitôt, et fût certain qu'il avoit cent livres en la bourse du roi. Que dirai-je plus ? l'angoisse et la tristesse de la perte du saint clou fut si grande par tous lieux, qu'on auroit peine à le raconter.

Quand ceux de Paris entendirent le cri du roi, et ouïrent la nouvelle du saint clou qui étoit perdu, ils furent moult tourmentés, et plusieurs hommes et femmes, enfants, clercs, écoliers, commencèrent à braire et à crier très cordialement ; ils coururent en pleurs et en larmes aux églises pour prier notre Seigneur qu'il voulût démontrer la perte qui avoit été faite, et chacun pleuroit de cette perte, comme si c'eût été sa chose propre. Paris ne pleuroit pas seulement, mais toutes gens pleuroient dans le royaume de France, lorsqu'ils surent la perte du saint et précieux clou. Aucuns hommes sages craignoient que, parce que cette cruelle perte étoit arrivée au commencement du règne,

il n'advînt quelques plus grands malheurs ou peste à tout le corps du royaume de France dont notre Seigneur le défende. »

Gérard Sivery pense que Louis IX a consciemment essayé de vivre sa vie pour accéder à la sainteté [7].

« Il chante prime vers six heures, s'agenouille plus de cinquante fois par jour, assiste à deux messes le matin et parfois à une troisième à midi à mons qu'il soit à cheval : alors, il la dit à voix basse avec ses chapelains qui placent leur monture près de la sienne. Il ne lui restait plus que ses loisirs pour régner ... » ([7], p. 617-618).

Saint Louis avait «une attirance quasi fétichiste pour les reliques. Il considère

certainement comme le plus grand succès de son règne l'acquisition des reliques de la

Passion pour lequelles il a fait construire la Sainte-Chapelle» ([6], p. 892).

Louis IX a suivi ainsi avec succès son «chemin de la sainteté» (comme le dit Gérard Sivery), non seulement lui, mais les autres aussi croyaient en sa canonisation après la mort. Cela aboutit à un procédé étrange : peu de temps après sa mort, en 1270, son cadavre fut démembré et bouilli dans de l'eau avec du vin pour séparer les os et la chair. Les parties molles sont allées à son frère Charles d'Anjou et étaient conservées en Sicile ; les os et le cœur ont été transportés à Paris par son fils et héritier Philippe III, puis dispersés dans de nombreux monastères et églises, dont la Basilique de Saint-Denis, la Sainte Chapelle, la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que dans de nombreux pays d'Europe.

En 1299, le pape Boniface VII interdit catégoriquement à l'avenir une telle pratique de démembrement d'un cadavre qu'il qualifie de «barbares et monstrueuses» ([6], p. 361).

Les dirigeants tengriens ne perdaient jamais beaucoup de temps dans les prières et les cérémonies religieuses, sans parler de la conservation des reliques de saints. Sur le plan religieux, le principal avantage d'Attila par rapport à Saint Louis est la tolérance religieuse.

Il existe une expression «aller par le chemin de Tengri (Tangra)»:

« Dans l'enseignement de Teris à chacune des 9 hypostases principales de Tangra correspond son ciel, qui « symbolise un degré du développement moral de l'homme» ...

Un homme de Tangra est celui qui «a fait un chemin à travers les neuf cieux», en d'autres termes, qui tente d'améliorer ses qualités morales, intellectuelles et autres, en communiquant avec des prières et des rites avec les hypostases Tangra qui symbolisent ces qualités. » ([12], c. 41, 77).

Cela rappelle le «chemin de la sainteté» de Louis IX, mais effectué sans fanatisme.

L'élection céleste de Saint-Louis s'exprimait principalement dans sa position

exceptionnelle (statut de roi), dans sa piété, dans la défense ardente de la foi et dans les

divers miracles associés à ses reliques.

Les Huns croyaient que le pouvoir d'Attila, comme celui d'autres dirigeants tengristes, était donné par le Tengri (Dieu) lui-même. Ses exploits exceptionnels et la miraculeuse découverte de l'épée d'or de la Victoire renforcaient cette opinion.

A la différence, par exemple, de la religion chrétienne, où les dirigeants des différentes Eglises imposent leurs interprétations des dogmes et luttent contre le non-conformisme, la religion tengrienne n'a été basée que sur les principes généraux reconnus pratiquement par tous les peuples turco-mongols. La fixation rigide des dogmes aurait pu empêcher les tentatives permanentes de réunir ces peuples autour des chefs ou les peuples ayant reçu les signes de bienveillance de Tengri (Tangra), convainquant pour les habitants des steppes.

Par conséquent, la défense de la religion tengrienne consistait principalement en la protection de la tolérance et, pour les dirigeants les plus puissants, dans les tentatives d'établir l'unité mondiale afin de réaliser la paix universelle.

Jean-Paul Roux écrit :

« C'était l'idée forte des Turcs et des Mongols, celle qui sera répétée pendant quelque deux mille ans des Hiong-nou aux Ottomans. Avec quelques variantes dans la forme, dix fois, cent fois on relira cette phrase : « Comme il n'y a qu'un seul Dieu dans le ciel, il ne doit y avoir qu'un seul souverain sur la terre » ... Cela coûterait cher. Une génération serait sacrifiée. Mais le résultat en vaudrait la peine s'ils n'y avait plus de guerres. » ([25], p. 242).

Gérard Chaliand résume les recherches sur l'art militaire des peuples de la steppe de la façon suivante :

« Nulle part, hors de la steppe, la révolution que constitue l'usage de la cavalerie n'a été portée à une telle efficacité militaire. Mobilité, capacité de concentration, puissance de jet de l'arc à double courbure, technique de harcèlement et de feintes font des nomades de la steppe, ... , les représentants majeurs d'une culture stratégique d'une singulière efficacité ... » ([26], p. 61).

« Les fronts militaires des nomades altaïques couvrent - à l'exception du Magreb - l'ensemble du théâtre des conflits du monde antique et médiéval. Sur les deux millénaires où ces nomades exercent leur pesée, à deux reprises, ils sont présents à l'échelle du monde : aux IV-V siècles et aux XIII-XV siècles de notre ére. » (p. 59).

C'est pourquoi, dans mon roman historique, j'ai mis dans la bouche d'Attila l'analyse suivante de la situation internationale à son époque :

« - Les peuples des deux Empires romains se souviennent aujourd'hui avec nostalgie de la «pax romana», les siècles de paix romaine. Mais Dieu n'est plus favorable aux Romains qui ont érigé un culte de la jouissance et commis trop de pêchés et dont les souverains ont montré un orgueil incommensurable, puis sont tombés dans les délits de corruption. Par contre, Dieu est de nouveau favorable aux Huns, qui sont capables de maintenir la «pax hunna» du Danube à la Chine. Si nous concluions aujourd'hui une alliance avec les Tabgatchs, alors les peuples hunniques conquérraient rapidement le monde. Mais l'histoire nous a appris à être très prudent

avec la Chine et leurs empereurs. C'est pourquoi, nous tenons à consolider et renforcer notre état. Les Joujans nous séparent de la Chine et nous préférons avoir avec eux des relations pacifiques, même si les Turcs bleus d'Altaï nous demandent parfois de calmer les intentions expansionnistes des Joujans. Je suis réaliste et pense que la progression vers la paix universelle sera longue et très difficile. Nos actions montrent

bien que nous n'avons pas d'intentions agressives envers les Romains.

Etonné de ces propos pacifiques, Oreste tend l'oreille afin de bien suivre l'argumentation du jeune khan car un doute reste au fond du charme qui s'opère peu à peu sur lui :

- Nos guerriers, qui étaient mercenaires dans les armées romaines, sont contents. Leur service donne à notre état des revenus confortables. Nous sommes satisfaits des dimensions de notre état car nous avons maintenant les meilleurs pâturages au monde pour nos chevaux et notre bétail, la richesse principale de tous les peuples hunniques. Votre historien Tite-Live pensait aussi que Rome doit dominer le monde grâce au courage de ses citoyens et à la bienveillance des dieux. Maintenant vous n'avez ni l'un ni l'autre. Nous étudions l'expérience des Tabgatchs qui gouvernent la Chine et ont fondé leur dynastie impériale. Là-bas, les Tabgatchs et les autres peuples hunniques forment la cavalerie impériale, les fantassins sont chinois, l'administration chinoise reste intacte. Maintenant la Chine sort de la crise. Cette expérience est très intéressante pour nous et pour les Romains. Vous pourriez aussi sortir de la crise, si nous réussissions une alliance similaire ici, en Occident. Je ne vois pas d'autre solution pour vous. En effet, l'Empire romain d'Occident ne tient que grâce aux mercenaires huns. Je suis partisan de l'approfondissement progressif de nos relations afin d'essayer de réaliser un jour la «pax hunna-romana», de l'Espagne à

l'Oural. Peut-être, négocierons-nous alors avec les Tabgatchs et Dieu nous aidera à réaliser la paix universelle.

A cet instant Oreste pense à Julia, sourit tendrement et remercie Dieu qu'Attila ne pense pas à des incursions et à des tributs, mais réfléchisse sur les opportunités de la paix :

- Je n'oublie pas les autres peuples. Rome confrontait toujours l'anarchie et le désordre dans le monde barbare. Maintenant les chose changent. Il y a plus d'anarchie et de désordre dans le monde romain. Vos armées ne sont plus assez fortes. Ainsi les Wizigoths, qui nous ont fui sans bataille, ont vaincu ensuite les armées romaines et, il y a seize ans, ont pris Rome. Les peuples germaniques sont maintenant mieux organisés qu'autrefois.

J'ai voyagé beaucoup en Germanie. Les Gépides et les Ostrogoths sont nos sujets les plus fidèles, plus fidèles que certains princes huns. Leurs rois, Ardaric et Valamir, comprennent et soutiennent mes idées. Les Huns, à la différence des Romains, gardent toujours les chefs traditionnels des peuples vaincus. »

Conclusions

Rappelons le credo du tangrisme, qui est une des branches modernisées du tengrisme [12-14] :

« Il y a plusieurs voies vers le Dieu unique et la foi de chaque personne doit

améliorer sa qualité de vie sans nuire aux autres. Que cette foi contribue au

rassemblement des gens de bonne volonté afin que l'Humanité puisse vivre en

harmonie et résoudre tous les problèmes qui surgissent! »

Nous considèrons comme les gens de mauvaise volonté des auteurs des écrits

similaires au livre [27] qui osent de parler de la violence nomade sans penser, par

exemple, des actions des conquistadors.

Le poète et érudit kazakh Murat Uali explique :

« Ici, il serait souhaitable d'avertir le lecteur crédule des opinions des pseudomoralistes sur la cruauté des nomades, sur leur propension au pillage et à la violence, et sur la destruction des états civilisés par eux. Ce n'est qu'une partie de la vérité, arrachée au contexte de la réalité historique. Les nomades étaient le produit de leur époque, les enfants de la nature environnante et agissaient selon les lois qui existaient dans leur environnement ... Mais c'était une exigence de cette époque. Beaucoup plus tard, les fermiers sédentaires, au nom de leurs idéologies, ont manifesté une cruauté injustifiée. On peut se rappeler comment les Chinois civilisés, en 1757, ont exterminé un peuple entier - les nomades jungars. On peut rappeler que les généraux russes à la même époque et par les mêmes méthodes obtenaient la soumission de la steppe nogaï du Caucase du Nord. On peut se rappeler comment les Anglais ou les Espagnols civilisés exterminaient les Indiens d'Amérique. Mais que dire d'un peuple étranger, quand les militants de la Grande Révolution française exterminaient férocement des

représentants de leur propre peuple. Mais c'étaient encore que des fleurs. Le pic de la violence dans le monde, des pillages a eu lieu au milieu du 20ème siècle, ses responsables étaient ses pays civilisés: l'Allemagne et l'URSS qui agissaient au nom des idéologie inventées sur la supériorité d'une race et d'une classe sociale. » ([28], p.

222)

Il écrit ensuite : « Les anciens Turcs dans la rétrospective historique n'agissaient

pas comme des conquérants cruels, mais plutôt comme des unificateurs, les premiers

mondialistes » (p. 222-223).

A l'ère du tengrisme classique, des millions d'habitants des steppes croyaient à Tengri (Tangra) et à l'époque de l'Empire mongol, sous leur domination, environ du 1/3 de l'Humanité était dans une certaine mesure d'accord avec le credo du tengrisme (tangrisme) classique, formulé en termes de cette époque, mais contenant des idées de

tolérance et de rapprochement des peuples pour atteindre la paix universelle.

Le principal avantage du credo de tangrisme moderne est qu'il est acceptable pour toutes les personnes de bonne volonté, le tangrisme a la capacité du développement continu de façon compatible avec la vision du monde scientifique. Par conséquent, un tangriste peut espérer avoir avec tous une coopération sincère et

fructueuse commerciale, artistique ou scientifique.

Dans le cadre du tangrisme, on peut donner à l'élection céleste d'Attila une interprétation suivante.

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Notons que dans le tangrisme moderne nous proposons de définir Dieu comme l'ensemble de toutes les forces, de tous les champs inconnus à la science moderne et de leurs sources, capables d'aider les hommes. Ainsi, nous ne considérons pas Dieu comme Créateur, car ce n'est pas prouvable et suscite des discussions interminables.

C'est cette perception plus acceptable que nous appelons Tangra.

On peut supposer alors que certains individus sont plus sensibles que d'autres à des forces et des champs inconnus à la science, pouvant aider un être humain, ce qui ne contredit pas la vision scientifique du monde. Ces personnes peuvent être appelées les élus de Dieu, ce qui se manifeste dans les résultats extraordinaires de leurs

activités.

Par conséquent, nous considérons légitime de déclarer Attila comme un saint

de la religion tangrienne moderne dans le sens suivant :

« Les saints sont des individus présentés par différentes religions à leurs adeptes

comme modèles de vie ou d'activité pour diverses raisons, de plus ils sont considérés

comme des élus de Dieu, car ils sont des exemples pratiquement inaccessibles pour les

gens ordinaires ».

Louis IX est saint patron de la France, des tertiaires franciscains, du diocèse aux armées françaises, de celui de Versailles et de celui de Blois mais aussi des coiffeurs et des passementiers.

Saint Attila sera un symbole fort, inspirant des auteurs et des participants à des projets créatifs importants et de grande envergure, descendants de tous les anciens peuples tengriens des steppes et leurs partenaires dans le monde entier.

Il les inspirera principalement par son incroyable leadership et par ses talents d'organisation, qui frappent l'imagination [29].

Monument d'Attila en France (La Cheppe)

Références

1. Воин А. М. Эволюция духа. От Моисея до постмодернизма. - Direct Media, М.Берлин, 2015.

2. Воин А. М. Неорационализм — духовный рационализм. - Direct Media, М.Берлин, 2015.

3. Ирхин В.Ю. Посеянное в тернии. Современное евангелие истины. -Екатеринбург: Издательство Уральского университета, 2003. - 196 с.

4. Carolus-Barré L. Le Procès de canonisation de Saint Louis (1272-1297). Essai de reconstitution. - Rome : École Française de Rome, 1994. - 325 р.

5. Gibbon E. Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, Traduction par François Guizot. - Lefèvre, 1819.

Extraits : 5a. Gibbon E. Attila, traduit de l'anglais par François Guizot. - Payot & Rivages, 2013. - 128 pages,

6. Le Golf J. Saint Louis. - Gallimard, 1996. - 1264 p.

7. Sivéry J. Saint Louis et son siècle. - Tallandier, 1983. - 674 p.

8. Jean, sire de Joinville. Histoire de Saint Louis ; Credo ; et Lettre âa Louis X.

9. Brion M. Théodoric, roi des Ostrogoth. - Tallendier, 1979. - 365 p.

10. Deschodt E. Attila. - Gallimard, 2006. - 259 p.

11. Bona I. Les Huns : Le grand empire barbare d'Europe (IV-V siècle). - Editions Errance, 2002. - 240 p.

12. Tomski G. Tangrisme: Religion d'Attila et de Gengis Khan et ses versions modernes, 2018 (Amazon Kindle). - 354p.

13. Tomski G. Philosophie du Tangrisme. (FIDJIP-EUROTALENT-CONCORDE, 2019, N 4) - Editions du JIPTO, 2019. - 100 p.

14. Tomski G. Tangrisme et tolérance II CONCORDE, N 1, p. 3-32.

15. Rubrouck G. Voyage dans l'Empire mongol. - Imprimerie National. - 1993. - 300 p.

16. Томский Г.В. СВЯТЫЕ В РАЗЛИЧНЫХ РЕЛИГИЯХ: О возможности признания Аттилы святым тенгрианской религии II CONCORDE, 2020, N 1, c.

17. Максуди С. Тюркская история и право. - Казань, Изд-во «Фен», 2002. - 412 с.

18. Tomski G. Les amis d'Attila. - Editions du JIPTO, 2005. - 360 p.

19. Томский Г.В. Друзья Аттилы. - Якутск: ЖИПТО, 2001. - 356 с.

20. Tomski G. Attila : IlkAvruplu. - Istanbul : Papirüs, 2005. - 360 p.

21. Томский Г.В. Аттила хааны анд нехед. - Улаанбаатар: Хех судар принтинг, 2008. - 274 с.

22. Томский Г.В. Аттила. - Якутск: Бичик, 2009. - 256 с.

23. Tomski G. Young Attila in Italy: Stilico tragedy, Alaric times, Galla Placidia adventures (Historical novel). - Editions du JIPTO, 2015, - 108 p. (FIDJIP-EUROTALENT-CONCORDE, 2017, N 1).

24. Tomski G. The Friends of Attila (Historical novel), 2017 (Amazon Kindle). - 379

p.

25. Roux J.-P. Histoire de l'Empire mongol. - Fayard, 1993. - 597 p

26. Chaliand G. Les Empires nomades : de la Mongolie au Danube. - Perrin, 1995.

27. Rouche M. Attila, la violence nomade. - Fayard, 2009. - 514 p.

28.Уали М. Тюркские мотивы. - Алматы: Галым, 2009. - 304 с.

29. Wess R. Leadership Secrets of Attila the Hun. - NY Warner Books Inc., 1987. -

110 p.

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