Научная статья на тему 'La question de la norme dans l'apprentissage'

La question de la norme dans l'apprentissage Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
NORME / APPRENTISSAGE / SOCIOLINGUISTIQUE

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Абзалова Ирина Рафиковна

Cettearticleportesurdes reflexions dela normequi suscitedeplus en plus dedebats en didactiquedes langues; ellerepresentelesocledel'apprentissageen Francemais son caractereprescriptif interpelleles sociolinguistes qui pronent la diversite linguistiquedesigneeparla «variation», un phenomenequi peut toucherles productions langagieres d'un individu, d'un groupeou d'unecommunaute…

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Текст научной работы на тему «La question de la norme dans l'apprentissage»

Лингвистика и перевод

ЛИНГВИСТИКА И ПЕРЕВОД

LA QUESTIONDE LA NORME DANS L’APPRENTISSAGE И. Р. Абзалова

Cette article porte sur des reflexions de la norme qui suscite de plus en plus de debats en didactique des langues; elle represente le socle de I’apprentissage en France mais son caractere prescriptif interpelle les sociolinguistes qui pronent la diversite linguistique designee par la «variation», un phenomene qui peut toucher les productions langagieres d’un individu, d’un groupe ou d’une communaute...

Mots cles : norme, apprentissage, sociolinguistique.

La norme se definit dans le contexte des apprentissages linguistiques tel un modele unique de reference prescrivant un ensemble de regies de fonctionnement d’une variete de la langue. En fran?ais, la grammaire se presente tel le garant de la norme, elle fixe les regles et evalue les usages. Or, un regard reflexif sur les contenus de cette grammaire revele son caractere repressif a l’egard de la diversite et de l’elasticite des usages effectifs du fran?ais en France et hors de France. Les observateurs de l’enseignement de la langue se posent souvent de nombreuses questions sur le contenu et la pertinence de ces apprentissages linguistiques. Quel fran?ais doit-on enseigner? Peut-on faire abstraction de la variation linguistique ? Devra-t-on decrire la langue a partir de faits linguistiques observables, c’est-a-dire les performances diverses et variees auxquelles on est exposes dans la vie quotidienne ou bien penser la langue a partir de competences idealisees?

L’institution normative condamne certaines formes ou unites lexicales pour en recommander d’autres : dans l’absolu certaines formes sont ju-gees incorrects alors que d’autres representeraient le modele ideal d’usa-ge linguistique; considerons les enonces suivants :

(1) Le film que je t’ai parle passe pas ce soir

(2) Le film dont je t’ai parle ne passe pas ce soir

Pour la plupart des lecteurs, et plus particulierement pour les «puris-tes», le premier enonce pourrait apparaitre comme deviant du « bon usage » de la langue pourtant, il est plus proche de l’usage reel de la langue que

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l’enonce (2) qui releve davantage de l’ecrit et dont l’enonciateur pourrait dans certaines circonstances essuyer la remarque sarcastique : «il parle comme un livre ». Ce que nous avons ici c’est la censure appliquee a une structure syntaxique fautive (enonce 1) en fonction d’un enonce juge normal (enonce 2) or la question de «norme» ne se pose pas de la meme fa?on a l’oral qu’a l’ecrit.

Devant ce confinement de la norme dans l’ecrit litteraire, on est amene a se poser la question suivante: d’oi vient cette perception de faute alors que de toute evidence les deux enonces (1) et (2) sont pragmatiquement fonctionnelles? Quels sont les fondements de la legitimite d’une forme et de l’illegitimite de l’autre?

La legitimite de la norme en France a ete instauree dans l’histoire du pays par des choix culturels, politiques et ideologiques : la suppression explicite des dialectes parles sur le sol fran?ais (le normand, le bourguignon, l’occi-tan, le proven?al, etc.) et la multiplication des lois et des textes au cours du 20eme siecle en faveur de la diffusion d’un monolinguisme ardu ont fait du fran?ais parisien, parle par le roi et sa Cour, la seule reference linguistique du pays ce qui apparait alors comme une norme n’est autre qu’une description des usages de ces derniers comme l’a souligne Rey: La norme en France «repose sur le concept habilement manipule d’« usage» (6. P. 69).

La norme tend a etablir un conformisme linguistique national unitaire; elle fait partie intrinseque du reel linguistique et socioculturel de la socie-te dans la mesure oi une communaute linguistique, definie tel «un groupe de sujets parlants qui possedent en commun des ressources verbales et des regles de communication» (1. P .61) se construit sur la base d’un lan-gage commun qui sert a identifier les membres d’une meme communaute et assure l’intercomprehension entre les differents usagers. Ainsi con?ue, la norme s’oppose toujours aux tendances a la diversification, a la dialec-tisation, elle devient un modele descriptif, evaluatif et prescriptif. Bour-dieu (3. P.42) precise : «La competence suffisantepour produire des phrases susceptibles d’etre comprises peut etre tout a fait insuffisante pour produire des phrases susceptibles d’etre ecoutees, des phrases propres a etre reconnues comme recevables dans toutes les situations oi il y a lieu de parler». La norme se reduit par consequent a l’usage des intellectuels, des ecrivains, des artistes, des professionnels de medias, etc. et sont tenus pour legitimes les formes que ceux-ci emploient. En revanche, force est de constater que la langue est sujette au changement et a la diversite.

En effet, chaque langue offre a ses usagers un materiau variationnel multidimensionnel et ce en fonction du temps, de l’espace, et du profil

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social des locuteurs. Les sociolinguistes par leur interet a l’usage et aux usagers, ont en cherche des regularites. Gadet considere deux typologies de variation:

Variation selon les usagers : elle concerne l’echange verbal interlocu-teur

- Variation diachronique: historique (fran?ais du XVIIe s. /du XXIe s.)

- Variation diatopique: spatiale ou regionale (France / Canada / Afri-que ; Paris / Marseille) dialectes, regiolectes

- Variation diastratique: sociale et demographique (jeunes /personnes agees, ruraux / urbains, professions differentes, niveaux d’etudes diffe-rents...) dans ce paradigme on trouve egalement le sociolecte qui est la variation liee a la position sociale et le technolecte qui signifie la variation selon la profession ou la specialisation.

Variation selon l’usage : elle concerne l’usage intra-locuteur

- Variation diaphasique (ou situationnelle ou stylistique) : c’est-a-dire qu’une meme personne, quelle que soit son origine sociale, parle diffe-remment selon la situation de communication (contexte de communication, age du locuteur, support ecrit ou oral...)

Registres :

- registre soutenu (ou encore soigne, recherche, elabore, chatie, culti-ve, tenu...)

- registre standard (ou non marque ou encore courant, commun, usuel

- registre familier (ou encore relache, spontane, ordinaire)

- registre vulgaire

La variation (selon l’usage ou selon les usagers) se manifeste a tous les niveaux de la langue: phonique, morphologique, syntaxique et lexi-cale. Considerons l’enonce qui presente un extrait du parler d’un jeune de la banlieue fran?aise :

« Avec les profs, on parle a la soutenue, mais quand un keum (mec) de la teci (cite) se fait serrer par les kisdes (policiers, en general en civil ‘qui se deguisent’), il parle ascom (comme ?a), parce que les flics ne captent que 2 ou 3 mots ».

Cet enonce decrit une fonction cryptique de la langue qui s’exerce particulierement dans les rapports avec les adultes (parents, commer-?ants, professeurs, educateurs, policiers). Cette tendance a la creativite langagiere est particulierement presente chez les jeunes, or leur pratique langagiere est exclue de la description scolaire. La maitrise du code ecrit de la langue est parfois presentee en France comme un bien superieur aux performances proprement orales (2. P.13); il convient de preciser a cet

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egard que la question de norme ne se pose pas de la meme fa?on a l’oral qu’a l’ecrit.

D’un point de vue diachronique, la prise de conscience par les linguis-tes et les sociolinguistes de France, du caractere autonome de l’oral et de la necessite de son appreciation en tant que tel et non pas par rapport a la norme ou au «bon fran£ais», n’a eu lieu qu’a la suite du developpe-ment des etudes sociolinguistiques menees dans les milieux migratoires transatlantiques. L’oral a pu devenir objet d’etude bien apres l’ecrit; la revolution technologique, a travers le magnetophone et la video, a permis de reproduire la parole, de la materialiser et de la soumettre a des analyses multidimensionnelles : phonique, syntaxique, lexicale, etc. L’ecrit standard beneficie d’un prestige, d’une survalorisation sociale. Son accession au statut de norme lui en fait l’enjeu des apprentissages. Ainsi l’enseigne-ment de la grammaire s’imposant comme seule description de la langue accessible a tous, se confond avec l’orthographe garant de la maitrise du code de l’ecrit standard.

Cette fa?on de penser, de decrire la langue qu’au travers le medium graphique, s’avere problematique a plusieurs egards. Il y a lieu de de-noncer, en plus de ses fondements inacceptables, quelques consequences negatives de cette orientation.

Au niveau des apprentissages:

1. L’imposition d’une norme idealisee au detriment de la parole concrete favorise une pedagogie qui peut difficilement permettre aux ele-ves de developper leur maitrise des fonctions et des usages divers de la langue parlee.

2. La tendance de presenter la langue comme un bloc homogene, impermeable au changement et dont la transgression est passible de sanctions reduit quantitativement et qualitativement le repertoire verbal de l’apprenant defini comme etant comme l’ensemble des varietes rationales, regionales, sociales et fonctionnelles telles qu’elles sont utilisees dans les situations de communications auxquelles l’individu ou le groupe sont confrontes.

Au niveau sociolinguistique :

1. Restreindre les apprentissages linguistiques, pour quelque raison ideologique que ce soit, au code ecrit ou au registre le plus formel peut engendrer un clivage profond entre les apprentissages et la realite socio-langagiere des apprenants : le milieu familial et la societe environnante qui lui ont servi de modele linguistique seront remis en question.

2. Au niveau sociolinguistique, empecher l’institution ou un individu

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de faire usage d’une variete linguistique dialectale de registre informel, pour assurer des fonctions langagieres, constitue un appauvrissement du patrimoine culturel et une discrimination.

3. Le rapport entre norme et jugement, est a la fois indice et generateur d’insecurite linguistique et sociale. Ce phenomene qui est lie a la perception, par un (groupe de) locuteur (s), de l’illegitimite de son discours en regard des modeles normatifs selon lesquels sont evalues les usages, repose generalement sur la stratification sociale et les tensions que celle-ci induit entre les differents groupes sociaux.

Une norme linguistique, quel que soit le modele, est necessaire a la cohesion sociale : s’il y a variation, c’est qu’il existe du meme coup un modele social collectif. Il est davantage question d’une mise en cause du caractere monopoliste que l’on attribue a l’ecrit standard et de la necessaire prise en compte de la situation de communication qui tiennent d’abord aux differences entre le fran?ais ecrit et le fran?ais parle et determinent le contenu et l’aspect discursif de l’echange.

Bibliographie

1. Bachmann Christian, 1981, Langage et communications sociales, Hatier, Paris

2. Blanche-Benveniste Claire, 1997, Approches de la langue parlee en fran?ais, Ophrys, Paris

3. Bourdieu Pierre, 1982, Ce que parler veut dire, l’economie des echanges linguistiques,

Fayard, Paris

4. Gadet Fran?oise., 2007, La variation sociale en fran?ais, Ophrys, Paris

5. Labov Wiliam, 1976, Sociolinguistique, Minuit, Paris

6. Rey Alain, 1972, «Usage, jugements et prescriptions linguistiques», Langue fran?aise, n°16.

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