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D. Christiaens, V. V. Chichkine
UNE FIGURE DE L'ESCADRONVOLANT: RENÉE DE RIEUX, LA BARONNE DE CASTELLANE
La vie de Renée de Rieux, la «belle Châteauneuf» (née en 1550), est bien connue et résume toute la cour des Valois: tous les hommes qui l'ont aimée ont péri de mort violente par le fer, et elle y contribua, le poignard à la main1. Toutefois, après sa retraite en Provence en 1577, on en perd la trace jusqu'à aujourd'hui où un document financier la fait réapparaitre2.
Renée de Rieux a eu la charge de fille d'honneur dans la maison de la reine-mère Catherine de Médicis, faisant partie des filles demoiselles avec une pension annuelle de 200 livres, qui a été fixée aux représentants de la noblesse moyenne. Avec toute la légèreté de leur plume, les écrivains du XVIIe au XIXe siècles ont donné à ces filles d'honneur de Catherine le nom d'Escadron volant3, qui comptait 14 filles en 1564, puis 15 en 1576, jusqu'à 25 en 15854. Le diplomate anglais Richard Cook a écrit au sujet des filles d'honneur: «Aussi il y a damoiselles appel-lés filles de la royne, lesquelz aussi servent ordinairement pour faire la court
1 Oeuvres de Philippe Desportes / Éd. A. Michiels. Paris, 1858. P. XXI-XXXII.
2 Шишкин, В. В. Французский королевский двор в XVI веке: История института. СПб., 2018. С. 206-208.
3 Zvereva, A. Pour finir avec l'escadron Volant [Electronic source], in: Le Portrait de la Renaissance française. URL: http://portrait-renaissance.blogspot.ru/2014/04/pour-en-finir-avec-lescadron-volant.html (25.04.2019).
4 État de la maison de Catherine de Médicis, 1547-1585 / Éd. C. zum Kolk (BnF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394). Document édité en ligne sur Cour-de-France.fr le 19 octobre 2007 [Electronic source]. URL: http://cour-de-france.fr/article2.html (25.04.2019). P. 7. © D. Christiaens, V. V. Chichkine, 2019
et accompagner la royne. Ilz ont leur despences quant au vivre et 200frans tous les ans»5. Le nom Escadron volant n'a rien à voir avec Catherine de Médi-cis elle-même, ni avec l'écrivain Pierre de Brantôme, auquel il est encore attribué par des historiens6, cependant, selon la note de J.-F. Solnon, cela ne signifie pas qu'un but spécial n'ait été assigné à cette compagnie de demoiselles7. La reine mère a activement utilisé ses jeunes filles célibataires pour résoudre de nombreux problèmes politiques de caractère diplomatique, par l'intermédiaire de leur espionnage8.
C'est ce que Brantôme a écrit à propos de la cour de Catherine, rappelant les temps anciens: «Pour fin, sa compaignie et sa Court estoit un vray Paradis du monde et escolle de toutte honnestete, de vertu, l'ornement de la France, ainsin que le sçavoyent bien dire les estrangiers quand ils y venoyent; car ils y estoyent très-bien receuz, et commandement exprez à ses Dames et filles de se parer, lors de leur venue, qu'elles parroissoyent Deesses, et les entretenir sans s'amuser ailleurs; autrement elles estoyent bien tansées d'elle, et en avoient bien la reprimande»9.
Les filles, de 11 à 15 ans, entraient dans la maison de la reine-mère, avec le statut de filles d'honneur jusqu'à leur mariage, pour ensuite continuer le service dans la partie des Autres dames, ou, en l'absence de place vacante, pour entrer dans le service de la reine régnante ou dans la maison des sœurs (tantes) du roi.
La biographie de Renée de Rieux de Châteauneuf, favorite de Henri III, fille du gentilhomme breton Jean de Rieux, seigneur de Châteauneuf, présente une certaine exception10. Son nom est apparu
5 La cour de France sous Henri III vue par un Anglais (1584-1585) / Ed. D. Potter, in: Proslogion: Studies in Medieval and Early Modern Social History and Culture. Special issue: Politique et Religion dans la France du XVI' siècle / Eds. H. Daussy, V. Chichkine. No 1 (13). Saint-Pétersbourg, 2016. P. 331.
6 McIlvenna, U. «A Stable or whores»? The «Flying Squadron» of Catherine de Medicis, in: The Politics of Female Households Ladies-in-waiting across Early Modern Europe / Eds. N. Akkerman, B. Houben. Leiden, 2014. P. 179-208; Lazard, M. Les avenues de fémynie. Les femmes et la Renaissance. Paris, 2001. P. 227.
7 Solnon, J.-F. La cour de France. Paris, 1987. P. 25.
8 Crouzet, D. Une princesse qui voulait faire rêver de paix et de sérenité, in: Pouvoirs, contestations et comportements dans l'Europe moderne: Mélanges en l'honneur du professeur YvesMarie Bercé / Sous la dir. de B. Barbiche, J.-P. Poussou, A. Tallon. Paris, 2005. P. 123-165.
9 Brantôme. Recueil des Dames, poésies et tombeaux / Éd. E. Vaucheret. Paris, 1991. P. 58.
10 Boucher, J. La cour de Henri III. Paris, 1986. P. 28.
dans l'Etat de la maison au milieu des années 156011. Malgré le fait que son père n'a été pas courtisan, parce qu'il comptait sur une carrière ecclésiastique, son oncle, Claude 1er, seigneur de Rieux, maréchal de France, était l'un des capitaines de la suite de François 1er, qui a partagé avec le roi la captivité de Madrid (1525/26). Grâce à la faveur royale, il a épousé la princesse de sang Susanne de Bourbon, fille d'une dame d'honneur de Catherine de Médicis, duchesse de Montpensier12. Apparemment, en raison de ce URL de parenté, la jeune fille a été admise au nombre des filles de la reine mère.
En tant que riche héritière, elle est devenue célèbre pour s'habiller comme la reine régnante Louise de Lorraine, dont nous parle Brantôme, tout en continuant à recevoir le patronage du roi13. En 1575, avec la permission de la famille royale, elle a épousé le capitaine des galères royales, le seigneur florentin Antinotti, devenant l'une des Autres dames, mais en 1577, par jalousie, elle a blessé mortellement son mari au Louvre14. Henri III l'a sauvée d'un procès, mais la carrière de cour de la belle Châteauneuf a pris fin: elle a été priée de quitter la cour pour toujours. Son nom a une fois de plus flashé en 1586 dans le contexte d'un autre incident retentissant, lorsque son deuxième conjoint, également ItaURL-florentin et aussi capitaine des galères royales, Philippe Altoviti, baron de Castellane, avec qui elle habitait à Marseille, a mortellement blessé le duc d'Angoulême, le demi-frère du roi, et lui-même est mort lors d'une querelle15.
Dans tous les dictionnaires et répertoires, la date de sa mort est considérée comme inconnue, car elle n'est plus mentionnée dans les sources. Est-il vraisemblable que Renée de Rieux, ayant cotoyé tant de fois la mort au cours de sa vie, ait pu mourir de chagrin comme on pourrait le déduire d'une mention signalant une conversion à une vie dévote?16 La ques-
11 Officiers domestiques de la maison de la Reyne Catherine de Medicis. P. 8.
12 Moreri, L. Supplément aux anciens éditions du Grand Dictionnaire historique. T. I. Amsterdam, 1716. P. 431.
13 Brantôme. Recueil des Dames, poésies et tombeaux. P. 647-648.
14 Pierre de L'Estoile. Régistre-Journal du règne Schrenck. T. I. Genève, 1996. P. 136.
15 Brantôme. Recueil des Dames, poésies et tombeaux. P. 504-505.
16 Hélyot, R. P. Histoire complète et costumes des ordres monastiques. T. IV. Guingamp, 1840. P. 174: «Renée de Rieux... à qui Clément VIII... permit de communier lejour du vendredi-saint dans l'église de cette abbaye (St-Victor de Marseille)... la fit aussi participante de toutes
tion ne se pose plus. On trouve son nom comme principale actionnaire (6 carats sur 32) d'une compagnie marseillaise créée pour commercer avec Tunis, qui finit en déconfiture soldée en 1594 par une perte de 1399 écus par carat, soit 8394 écus pour elle seule17.
L'acte qui suit nous la montre en 1604 aux prises avec quelques difficultés financières. Devant rembourser 3900 livres à un ancien trésorier des Etats de Provence, elle lui abandonne plusieurs créances qu'elle a sur divers personnages dont un certain Pierre Altivitys, religieux du monastère de Saint-Victor de Marseille, évidemment apparenté à son défunt mari Philippe Altoviti, malgré la légère différence d'orthographe de l'acte, qui est une copie d'époque faite sur l'original. L'acte est passé à Aix, dans la maison d'un procureur, où séjourne Renée de Rieux toujours baronne de Castellane, sans doute le temps d'un procès. Mais dès la première page on imagine à l'énumération de ses titres, que «Dame Renée de Rieux dame baronne de Castellanne, l'une des dames d'honneur de la feue Royne mère de nos roys», n'a rien perdu de sa superbe. Ses trois enfants survivants ont fait des carrières tout à fait réussies: le benjamin Philippe est devenu le gouverneur de la forteresse stratégique de Belle-le en Bretagne, la fille cadette Clarice est devenue la femme du marquis de Beaumont18 et la fille aînée, Marcelle de Castellane, dite Marseille, parvint à la gloire littéraire par ses poèmes19.
Un auteur nous dit que cette poétesse serait morte et ensevelie en l'église des Grands-Carmes de Marseille en 1606 à l'âge de 56 ans20 en la qualifiant de baronne de Castellane, mais c'était alors l'âge et le titre de noblesse de Renée de Rieux, laquelle vivait encore en 1607 (cf document 3 ci-dessous): il a fait évidemment une confusion entre la mère et la fille. Marcelle est effectivement morte le 1er mars 1606 et le lieu de sa sépulture nous est connue par Tallemant des Réaux qui dans une de ses historiettes ('M. de Guise fils du Balaffre), nous la dit enterrée à Saint-
les prières et bonnes œuvres des religieux (1591)».
17 Grandchamp, P. La France en Tunisie à la fin du XVIe siècle. 1582-1600. Tunis, 1920. P. XVIII.
18 Harsgor, M. Héroïne d'une tragédie maritime: La France, in: La France et la Méditerranée / Ed. I. Malkin. Leiden, 1990. P. 140.
19 Dictionnaire des letters françaises: Le XVIe siècle / Sous la dir. de M. Simonin. Paris, 2001. P. 49.
20 Goujet, C.-P, abbé de. Bibliothèque françoise ou l'Histoire de la littérature françoise. T. 13. Paris, 1752. P. 440.
Victor21. Mais l'année du décès de sa mère reste un mystère. On peut seulement conjecturer qu'elle repose aux Grands-Carmes de Marseille.
Les auteurs espèrent que cette petite publication de documents sera un complément important pour clarifier les détails biographiques de la belle Châteauneuf, une dame extraordinaire de la Renaissance française.
21 Tallemant de Réaux, G. Historiettes / Éd. M. Monmerqué. T. I. Paris, 1834. P. 224-230.
DOCUMENTS22
Cession pour le sieur tresorier Du Roux contre la dame baron(n)e de Castel-lane. 22 May 1604. Aix-[en-Provence]. Copie
L'AN MIL SIX CENS QUATRE et le vingtdeuxiesme jour du moys de may environ midy par-devant moy notère et tesmoings, constituée en sa personne Dame Renée de Rieux dame baronne de Castellanne, l'une des dames d'honneur de la feue Royne mère de nous roys, laquelle a confessé et déclayré estre deb(i)trice et redepvable envers Mestre Vincens du Roux cy-devant th(r)ezorier des Troys-Estatz de Prouvance de la somme de trèze centz escus vallantz troys mil neuf cens livres tournoys que les a cy-devant et en trois diverses foys receue(s) en deniers comptantz pour amiable prest à son contantement suyvant les promesses privées qu'elle luy en avoyt faict et compte entre eulx de présant arresté, acestant pour n'avoyr à présant deniers comptans, de son gré pour elle et les siens a ceddé et remis, cedde et remect audit Mestre du Roux présant, acceptant, estipullant, pareilhe somme de troys mil neuf cens livres tz avec tous droictz et actions qu'elle a et peult avoyr pour raison d'icelle et a droict de prandre sur Messieurs Pierre Altivitys relligieux du monastayre Sainct-Victor, Escaigne Veau et Gilles Martin de la ville de Marseille et autres desnommés en l'arrest portant compensation de plus grande somme de l'an et jour y contenus donné en faveur de ladicte dame, et attant moings de la somme principalle adjugée par icelluy dict arrest, inthérestz et despans, extraict duquel arrest promect le bailler et expédier aud. Sieur du Roux à sa première réquizition que à ces fins pour le recouvrement d'icelle dicte somme de troys mil neuf cens livres desdictz débiteurs ou d'aultres qu'il appartiendra, dès à pré-sant lad. dame luy en a faict et faict aud. Sieur du Roux toutes cessions de droictz et actions et de continuer les exécutions commanssées et aul-trement en faire à sa vollonté tout ainsy que lad. dame pouvoyt fère advant ces présantes, laquelle quand ad ce l'a mis et subrogé en son lieu et place et promect de luy estre tenue de bon et loyal debte légitimement deub non payé et de tout deffault de biens.
MOYENNANT laquelle présante cession, et sans althération ne desrogation d'icelle, dès maintenant comme pour lhors, le payement préalablement faict, ledict Me de Roux a tenu et tient ladicte dame estipullante pour quictte desdictz prestz et fornitures de deniers par luy à elle comme dict est, faictes jusques au présant jour en debue forme. ET à ces fins pour l'observation de ces présantes, lesdictes parties en ont respectivement obligé leurs biens et droictz présantz et advenir à toutes cours des submissions de Prouvance et autres avec debues renons et sère-
22 De la collection personnelle de Daniel Christiaens.
mentz de droict requis, requérant acte. FAICT et publié aud. Aix dans la salle de la maison où habitte à présant ladicte dame appartenante aulx heoirs de Me Escaigne Aycard procureur ez présances de Estienne Secoudy escuyer de Draguignan et Me Jehan André praticien dud. Marseille tesmoings requis et appellés et tous soubz-signés à l'horiginal Renée de Rieux, Du Roux, Secoudy, André présant et de moy notaire royal héréditaire aud. Aix.
Coppie de requeste pour dame Renée de Rieux, Baronne de Castelane, contre Me Benoist Beau, maistre de la monoye. 2 juin 1604. Aix-[en-Provence]23
A NOS SEIGNEURS DE PARLEMENT
SUPPLIE HUMBLEMENT Benoît Beau maistre de la monnoie du Roy de ceste ville d'Aix que pour la remonstrance et veriffication du bon droit que le suppliant a au procès qu'il a présentement en la Cour contre Dame Renée de Rieux barrone de Castellane, il voudroit fornir et mestre dans son sac... premièrement les contredictz aux lettres roiaux de rescision... obtenues par lad. dame du contract d'obliguation dont est question,... copie d'une requeste (?) offert par lad. dame au suppliant le dernier jour de mars an présent portant condamnation (?) de lad. somme signé par Me Abessou son procureur... estant elle véritable débitrice de lad. somme... ensemble cinq lettres... escriptes et signées par lad. Dame de Castellane commandées au suppliant et au Sr de Saint Leour son honcle, la première du xxvi Xbre 1596, la segonde du second janvier 98, les iii e et iiij e des premier avril et xx e novembre mesme année et la v e sans date par lesquelles lad. dame de Castelane a tousjours advoué et advoue debvoir la debte dont est question comme il fait et encores... contre lad. dame de Castelane... pour fère l'advération desd. cinq lettres... contenant lad. advération en date des xviij, xx, xxj et xxv may année présente pour servir au jugement dudit procès.
CE CONSIDERE' il vous plaise ordonner que les contredictz des-criptz et sèze pièces cy-joinctes seront mises au sac du suppliant pour en jugement dud. procès, y avoir tel esgard que de raison et ferés bien. Signé Beau - Me Rascas
SOIT mis au sac sauf les contredictz de la partie et signiffié. Fait à Aix le ij juin 1604
Le trois juin an susd. signiffié et bailhé coppie aud. Abessou parlant à luy par moy Druilhes (?)
23 Cet exploit d'huissier est délavé et difficile à lire (nombreux mots illisibles) mais le sens est clair: la baronne de Castellane refuse de reconnaître une dette qu'elle a contractée par obligation envers Benoit Beau, maître de la monnaie d'Aix en Provence. Ses ennuis d'argent remontent à 1596, sinon plus haut.
Coppie d'exploict de gagerie de la maison et seigneurie de Beaumont faict à la requiete de Anthoine-Nicollas Albertas vivant Sr de Gemmenos. 27 juin 1607
L'AN mil six cens sept et le vingt-septiesme jour du moys de juing CERTIFFIE JE sergent royal soubz-signé, en vertu des lettres royaulx de placet et pareatis obtenues par Anthoine-Nicollas Albertas Sr de Gemmenos gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy obtenues de la souveraine court de Parlement et pays de Provence données à Aix en la Chambre des Vacations, le dix-huictiesme aoust dernier signées par la Chambre Estienne et deuement scellées, pourtant permission de l'exécution de l'arrest et lettres royaulx y attachées soubz le contre-seel de la Chancellerie de Provence, le tout aussy obtenu par led. Sr de Gemmenos de la souveraine court de Parlement de Paris en datte led. arrest du quinziesme apvril mil six cens six et une desd. lettres du quatriesme febvrier et autre dud. moys de may, signé led. arrest Charry et Voysin (?) et lesd. lettres du Tillet et deuement scellées, de quoy partie adversse a heu sy-devant du tout coppie et à la requeste dud. Sr de Gemmenos impétrant, en continuant les exécutions faictes en vertu d'icelles et icelles reprenant faulte que dame Renée de Rieux baronne de Castellane débi-teresse condempnée et dénommée aud. arrest n'a satisfaict au payement des sommes de trèze cens soixante-trèze escutz contenues aud. arrest, quatre vingtz cinq escutz cinquante souz contenus aud. compulsoire du vingt-sixiesme octobre mil cinq centz quatre vingtz quinze, outre cens vingt sept livres six deniers contenus esd. lettres du quatriesme febvrier mil six cens six et finallement la somme de neuf vingts dix livres dix sols six deniers contenues esd. lettres compulsoires du xiiij may dud. an mil six cens six suyvant le commandement à elle sy-devant faict, AVOIR pour icelles susd. sommes en une réduicte à la somme de quatre mil neuf cens nonante troys livres trèze soulz et pour les intérests de la susd. somme principalle de trèze cens soixante trèze escuts contenue aud. arrest, tant escheulx que à eschoir, AVOIR d'abondant et en tant que de besoing gaigé réallement et de faict lad. dame baronne de Castellane, et ses gageries luy AVOIR [saizi ?] le fonds et fruicts et ususfruictz d'une sienne [maison?] qu'elle a assize et scituée lez le port de la present ville avec troys jardins, deux basses-courtz, deux grands magazins et escurie, clodz de vigne et tant que contient avec ses deppendances, confrontant du levant avec maison du seigneur comte de Carens, de couchant avec maison et jardin de Jacques Rottemond merchant, molle entre deux, du midy le chemin allant de la présent ville au monastère St-Victor, et de tresmontane avec la rive du port ;
PLUS le fonds, fruictz et ususfruictz d'une sienne bastide avec son affar (?) de terres, vignes, olliviers et arbres fruytiers tant que contient, appellée de Beaulmond scituée au terroir de la présente ville et cartier de Saint-JulURL et de ses confrontz confrontée, ensemble les rentes et cens à elle deues pour raison desd terres de Beaulmond en quoy que consistent, et encores les fondz, fruictz et ususfruictz de toutz et chescungtz les biens qu'elle a acquis par collocquation de feu Charles Cazaulx assiz au terroir de lad. ville et cartier de Ste-Marguerite aussy de ses confrontz confrontés.
ET FINALLEMENT luy AVOIR prins et saysy toutes et chescunes les sommes à elle deubez par Gilles Martin et Escaine Veau escuyers et Me Pierre de Altovity... en la court tant en principal que despens à elle adjugés par arrest de la Court ou autrement, ausquelz parlant à leurs personnes trouvées led. Martin en Consiergerie, et lesd. Veau et Me d'Altovitis en leurs maisons en lad. ville avant midy leur ay faict inhibitions et deffenses de par le Roy Nre Sire et à peyne de dix mil livres à Sa Majesté appliquez ne eulx dessaysir ny vuyder leurs mains desd. sommes par eulx deues à lad. dame et à peyne d'icelles payer une altre foys de leur propre, quy ont dict: sçavoir led. Martin qu'il ne doibt rient à lad. dame par son prétendu arrest, d'aultant qu'il a faict donner aultre arrest contraire par lequel n'a esté condempné que de payer despens de contumasse aussy pourtés par le prétendu arrest de lad. dame ainsin qu'il en fayra apparoir en temps lieu... par ainsin... et led. Altovitis qu'il ne doibt rien à lad. dame... requérant chescun d'eux coppie que leur ay en-après expédié.
ET lad. gagerie AVOIR inthimé et signiffié à lad. dame baronne de Castellane, parlant au Sr Chevallier procureur d'icelle, luy donnant terme et dellay d'icelle d'hui dans dix jours précizément, aultrement led. jour passé à faulte de ce faire luy ay déclairé que sera passé à autre et plus ample exécution ainsin que de raison avec despens,
ET néanlmoingtz AVOIR icelle dame adjourné parlant comme dessus a estre et comparoir par-devant moy sergent royal et commissère au-devant la plasse du Palais de lad. ville demain vingt-huict dud. moys à sept heures attendant huict de matin et à une attendant deux après mydy ensemble à samedy prochain trantiesme dud. moys et à mesme lieu et heures et encores à tous autres jours, lieux, heures requis et nécessaires pour veoir procéder à la vente et deslivrance des bagues et joyaux dont est question avec... que en son deffault sera procédé ainsin que de raison.
Information on the article
Christiaens, D., Chichkine, V. A figure of the Escadron Volant: Renée de Rieux, baroness de Castellane, in: Proslogion: Studies in Medieval and Early Modern Social History and Culture, 2019. Vol. 5 (1). P. 144-156.
Daniel Christian, member of the Editorial Committee, Academy of Sciences, Literature and Arts of Agen (9, Boulevard de la République, 47000, Agen, France) daniel.rl.christiaens@wanadoo.fr
Vladimir Vladimirovich Chichkine (Shishkin), associate Professor, Department of History of the Middle Ages, Saint-Petersburg State University (199034, Rossiya, Sankt-Peterburg, Mendeleevskaya liniya, 5) shivlad@mail.ru
This publication of unknown documents from a private French collection touches upon the biography of an aristocrat of the time of Religious Wars, the court lady Renée de Rieux de Chateauneuf, Baroness de Castellane. Newly found original sources shed light on the unknown facts of the life of a famous French woman, who was admired by contemporaries, and whose traces are lost at the turn of the 16th and 17th centuries.
Key words: Religious Wars, 16th century, the French court, Escadron Volant, Renée de Rieux de Chateauneuf
Информация о статье
Christiaens, D., Chichkine, V. Une figure de l'Escadron Volant: Renée de Rieux, baronne de Castellane, В кн.: Proslogion. Проблемы социальной истории и культуры Средних веков и раннего Нового времени. 2019. Вып. 5 (1). С. 144-156.
Даниэль Кристиан, член редакционного комитета Академии наук, словесности и искусств Ажена (9, Boulevard de la République, 47000, Agen, France) daniel.rl.christiaens@wanadoo.fr
Владимир Владимирович Шишкин, доцент кафедры истории Средних веков, Санкт-Петербургский государственный университет (199034, Россия, Cанкт-Петербург, Менделеевская линия, д. 5) shivlad@mail.ru УДК 94(44)
Настоящая публикация неизвестных документов из частной французской коллекции касается аристократки времен Религиозных войн, придворной дамы Рене де Рье де Шатонеф, в замужестве баронессы де Кастеллан. Найденные источники проливают свет на неизвестные факты биографии
известной в свое время женщины, прославленной современниками, чьи следы теряются на рубеже XVI и XVII вв.
Ключевые слова: Религиозные войны, XVI век, французский двор, летучий эскадрон, Рене де Рье де Шатонеф
References
Boucher, J. La cour de Henri III [The court of Henry III]. Paris: Ouest-France, 1986. 218 p.
Chichkine, V. Frantsuzskiy korolevskiy dvor v XVI veke: Istoriya instituta. [The court of France in the 16th c.: History of institution]. Sankt-Peterburg: Evrazia, 2018. 542 p. (in Russian)
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Archival materials
Bibliothèque nationale de France (BnF)
Ms. fr. nouv. acq. 9175. F. 379-394
Quartier de la maison de Renée de Rieux: près de l'abbaye St-Victor et sur le quai du vieux port (plan de 1700)
Список источников и литературы
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Архивные материалы
Bibliothèque nationale de France (BnF)
Ms. fr. nouv. acq. 9175. F. 379-394
Quartier de la maison de Renée de Rieux: près de l'abbaye St-Victor et sur le quai du vieux port (plan de 1700)
