NEW COMPREHENSIVE METHOD OF TERRACOTTA PLASTIC ART STUDY
N.D. Dvurechenskaya
The paper puts forward a new comprehensive approach to terracotta items study - material analysis in the context of all functions and archeological types. This method allows to present a number of problems in a new light, including iconography, stylistics, technique evolution, semantics, and the meaning of concrete terracotta samples from Central Asia. An archeological type presents authentic objects of material culture that naturally fit chronological and territorial context. They are easily recognized and identified on the basis of all their properties.
©2010
P. Leriche L'ANCIENNE TERMEZ DANS L'ANTIQUITE Introduction
Par le role qu’elle a joue dans l’Antiquite et au Moyen-Age, Termez est incontestablement l’une des cites majeures de la Bactriane-Tokharestan (Fig. 1). Jouissant d’une position strategique mais aussi commerciale de premier plan sur l’un des points de traversee majeurs de l’Amou Daria, elle a connu une expansion remarquable qui en a fait l’une des cites les plus vastes d’Asie Centrale. Frappee a mort en 1220 par Gengis Khan qui fit egorger la population de la ville, elle a retrouve vie sur d’autres emplacements plus proches du Sourkhan Daria1, laissant a l’abandon une ville fantome de 500 hectares qu’on appelle aujourd’hui “l’Ancienne Termez”.
La premiere expedition archeologique sur le site de l’Ancienne Termez a ete lancee en 1926 et, depuis, les fouilles y ont ete poursuivies de maniere irreguliere, a l’Ancienne Termez meme ou aux monasteres bouddhiques de sa peripherie, Zourmala, Fayaz Tepe et Kara Tepe2. De nombreux monuments islamiques puis bouddhiques y ont ete decouverts, mais il aura fallu attendre le dernier quart du vingtieme siecle pour que soient mis au jour des vestiges d’epoque hellenistique qui temoignent du debut de l’existence de la cite. C’est pour contribuer a l’etude de ces periodes anciennes qu’en 1993 la MAFOuz de Bactriane3 a ouvert plusieurs chantiers a l’Ancienne Termez dans le cadre plus general de ses recherches sur le peuplement antique et medieval de la Bactriane du Nord.
Rappelons que les ruines de l’Ancienne Termez couvrent une surface considerable dans laquelle on distingue plusieurs zones (Fig. 2): au sud, la citadelle (kohandiz) dominant l’Amou Daria et, au nord de celle-ci, la ville islamique (chahristan ou madinat) avec ses murailles relativement bien conservees mais gravement menacees par l’irrigation. A l’est s’etendent de vastes faubourgs (rabat), egalement fortifies et, a l’ouest, une zone incertaine ou s’eleve le mausolee du celebre Hakim at Termezi. Au
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Fig. 2. Ancienne Termez Plan
nord, se distingue la puissante colline de Tchingiz Tepe, point culminant de la region et peut etre l’emplacement du camp de Gengis Khan en 1220. Plus au nord enfin, se trouvent les deux zones de monasteres bouddhiques de Kara Tepe et de Fayaz Tepe et, au sud-est le grand stoupa monumental de Zourmala.
Les premieres recherches de la MAFOuz de Bactriane ont concerne la citadelle-. Une grande tranchee stratigraphique de 50 m de long a d’abord ete ouverte entre la rive du fleuve et le sondage profond ou avaient ete decouverts les niveaux hellenistiques (Fig. 3). Parallelement, une serie de precieuses photographies de la citadelle et du site ont ete prises depuis le milieu du fleuve (Fig. 4). Enfin, les fortifications medievales de l’angle sud-est, celles-la memes qui furent emportees au bout de onze jours d’assauts incessants par Gengis Khan, ont ete partiellement degagees.
Les recherches se sont ensuite elargies au petit plateau du Tchingiz 2, isole par une depression peripherique au sud du ravin qui limite la colline de Tchingiz Tepe 1 et qui porte deux edifices religieux (Fig. 5). Puis elles ont concerne la colline de Tchingiz Tepe 1, ou a ete decouverte une ville antique fondee ex nihilo et puissamment fortifiee (Fig. 6).
Plus recemment enfin, des chantiers ont ete implantes plus a l’est, dans la partie civile du site, c’est-a-dire dans la ville islamique non loin du mausolee du Hakim at-Termezi et des prospections ont ete conduites en divers secteurs de la zone archeologique.
Fig. 3. Citad Tranchee B
Les resultats obtenus a l’issue de ces recherches ont renouvele et considerablement enrichi notre connaissance de l’histoire et de la topographie de Termez depuis l’epoque hellenistique et kouchane jusqu’a la conquete mongole et meme l’epoque chaybanide (17e siecle).
Dans le cadre necessairement limite de cet article, nous ne presenterons ici que les vestiges de la periode antique de l’Ancienne Termez, la plus mal connue et celle qui a connu le plus de renouvellement, et a l’exclusion des grands monasteres de Kara Tepe, Fayaz Tepe et Zourmala.
Termez grecque
A l’issue des recherches anciennes et apres quinze ans de fouilles discontinues de la Mission BACTRIANE, le plan et la structure de Termez hellenistique demeurent encore loin d’etre clairs. Mais l’on sait maintenant que cette fondation grecque occupait deux secteurs situes le long du fleuve. Le premier a ete identifie en 1983 par Ch. Pidaev sur la citadelle. Il represente le fort militaire (phrourion) fonde par les Seleucides qui constitue le premier noyau de la future ville. Le deuxieme se trouve a environ 500 m plus au nord le long de l’Oxus sur le petit plateau de Tchingiz Tepe 2, immediatement au sud du ravin du Tchingiz Tepe4.
Une colonie militaire
Les niveaux de cette periode sur la citadelle se trouvent enfouis sous d’importantes accumulations de couches d’occupation des epoques posterieures. Nulle part on n’a pu atteindre les murailles de cette implantation, mais l’on a pu en cerner les traits principaux en se basant sur la topographie de la citadelle et sur les donnees des divers chantiers qui y ont ete ouverts (Fig. 7).
Il apparait ainsi qu’a l’epoque hellenistique Termez n’etait sans doute qu’un simple phrourion qui n’occupait qu’une partie de la zone meridionale de l’actuelle citadelle, sur environ un hectare. C’est la, en effet, qu’ont ete decouverts quatre niveaux de construction de magonneries en briques crues carrees de grandes dimensions associees a une epaisseur de deux metres et demi de couches d’occupation grecque. Le materiel recueilli ici, a plus de douze metres de profondeur, ne remonte pas au-dela des annees 2805. Le nom de cette fondation ne nous a pas ete revele par la fouille et reste l’objet de speculations (voir infra).
Il s’agit donc d’une petite fondation seleucide, semblable a celle decouverte a Kampyr Tepe, a une journee de marche en aval du fleuve, mais aussi a Dalverzine Tepe ou Khaytabad Tepe dans le Sourkhan Daria, Payon Kourgane ou Kourganzol dans les monts du Hissar ou Jiga Tepe pres de Bactres (Fig. 1).
Le complexe cultuel pres de l’Oxus
Toutefois, la fonction de surveillance militaire et de controle de la traversee du fleuve ne resume pas toute l’activite de cette creation greco-bactrienne. Les fouilles recentes revelent, en effet, qu’a l’epoque hellenistique, il existait sur le plateau du Tchingiz 2, une plateforme de culte (batiment B1) construite a l’aide de briques carrees de grand module (46 cm) et associee a du materiel greco-bactrien (ceramique et quelques monnaies). A l’epoque hellenistique, une construction en briques de meme type avait ete edifiee dans la partie orientale du plateau, mais cette construction a ete arasee lors de l’edification d’un grand batiment d’epoque kouchane (batiment A1) et il n’en subsiste plus, malheureusement, que des lambeaux de magonnerie (Fig. 8).
Extremite de la fortification nord
Fortification orientale
Plateforme
Temple
*
50 100т
Le plateau du Tchingiz 2, tel qu’il se presente aujourd’hui, ne correspond sans doute pas a la totalite de la zone habitee de ce secteur a l’epoque hellenistique. La depression nord-sud qui limite a l’est le plateau n’existait probablement pas a cette epoque et une zone d’habitation s’etendait vers l’est dans le secteur aujourd’hui recouvert par des batiments contemporains. Lors de travaux recents, en effet, on y a decouvert du materiel ceramique incontestablement d’epoque hellenistique, mais rien ne permet devaluer l’extension de cette zone d’habitation. Enfin, plusieurs indices montrent qu’a l’epoque greco-bactrienne, l’occupation du Tchingiz 2 s’etendait nettement plus a l’ouest, jusqu’au bord du fleuve, c’est-a-dire dans une zone malheureusement aujourd’hui inaccessible meme aux archeologues et ou se trouve la partie la plus importante des constructions de ce plateau (Fig. 9)6.
Par sa situation, ses dimensions et la periode a laquelle il appartient, l’ensemble monumental du Tchingiz 2 evoque le “temple de l’Oxus”, d’epoque achemenide et hellenistique decouvert sur la rive droite de l’Amou Daria, a Takht-i-Sangin, a une centaine de kilometres en amont. Un sanctuaire bien preserve et qui a fourni un tres riche materiel revelateur de l’integration des pratiques religieuses grecques et bacteriennes. La poursuite et l’extension de la fouille des etats anciens du plateau de Tchingiz 2 pourrait donc apporter des informations decisives.
Avec la decouverte de cet ensemble monumental du Tchingiz 2 et d’un habitat a l’est de celui-ci, on peut penser qu’a la fin de l’epoque hellenistique, Termez etait devenue une agglomeration et jouait un role religieux qui depassait les limites du seul poste fortifie de la citadelle (Fig. 10).
Fin de la presence grecque a Termez
Situee en Bactriane du nord, non loin des monts du Hissar qui constituaient la frontiere entre Bactriane et Sogdiane, Termez aurait du etre l’une des premieres a subir une attaque des populations nomades que la plupart des historiens s’accordent a presenter comme une menace permanente qui pesait sur la Bactriane grecque et auxquels on attribue l’eviction des Grecs de ce pays. Pourtant, comme le montrent les dernieres recherches, on ne trouve a Termez nulle trace de destructions ou d’incendie.
C’est d’ailleurs la meme image que l’on retrouve sur de nombreux sites grecs de Bactriane. Meme la grande cite grecque d’Ai Khanoum ne montre aucun temoignage d’incendie ou de saccage et le pillage de la ville est visiblement le fait de la population locale. Apparemment, le pouvoir grec s’etait retire de lui-meme et avait abandonne la Bactriane avant meme l’arrivee des tribus nomades. On peut donc supposer que la garnison greco-bactrienne de Termez avait egalement abandonne les lieux et qu’ensuite la ville s’est rendue aux nomades sans resistance particuliere.
Termez sous les Yue Tche et les Kouchans
Developpement de la ville sous les Yue Tche
Apres la conquete par les nomades Yue Tche, Termez est probablement devenue le centre administratif de la region soumise a cette tribu. Les dynastes Yue Tche frappaient des monnaies de bronze selon le modele des tetradrachmes d’Heliocles, le dernier roi grec. Des monnaies de ce type ont ete trouvees dans presque tous les sites du Sourkhan Daria, ce qui signifie que tout ce territoire se trouvait dans un meme
ensemble politique. Mais la majorite de ces decouvertes proviennent du site de l’Ancienne Termez qui a, en outre, fourni des petites unites de ce monnayage. Il n’est pas impossible que ces monnaies proviennent d’un atelier monetaire installe dans cette ville.
Les fouilles nous procurent l’image d’un developpement tres net de la vie urbaine dans tout le territoire sous domination Yue Tche. A l’Ancienne Termez meme, les decouvertes de materiel ceramique et de monnaies montrent qu’a cette epoque, l’habitat s’etend progressivement au nord et a l’est de la citadelle. C’est peut-etre alors qu’une ligne defensive protegeant la ville a l’est a ete fixee dans le prolongement approximatif de la muraille orientale de la citadelle, une ligne qui a ensuite ete utilisee comme limite occidentale de la ville islamique (Fig. 2).
Un accroissement aussi rapide de la ville peut s’expliquer par deux raisons non exclusives. La premiere est celle de l’immigration d’elements nouveaux, sans doute Yue Tche, qui viennent s’ajouter a la population locale. On pourrait alors supposer que le processus d’installation des Yue Tche et l’integration d’une partie d’entre eux au sein de la population urbaine a commence tres vite apres la conquete de la Bactriane, alors que d’autres groupes nomades s’etablissaient dans de nouvelles implantations.
Une autre explication est celle du creusement d’un canal pour amener l’eau du Sourkhan Daria dans la ville. La prise d’eau se trouvait dans le secteur de Talitagora Tepe ou, a l’epoque Yue Tche, une forteresse a ete implantee, visiblement pour garder la tete du canal. Ce canal a permis d’approvisionner la ville et les regions environnantes en eau potable et de developper les surfaces cultivees grace a l’irrigation7. A l’Ancienne Termez, ce canal traverse le site d’est en ouest pour aboutir dans le ravin qui separe la colline du Tchingiz Tepe 1 et le plateau de Tchingiz 2.
Ce nouveau canal a occupe une place essentielle dans l’histoire de Termez dont on se souviendra qu’elle est implantee dans une zone sableuse. C’est son creusement qui a
permis l’essor de la ville et, par la suite, le developpement et l’organisation territoriale de Termez ont ete entierement conditionnes par l’existence et le trace de ce canal.
Archeologiquement, peu de faits peuvent etre attribues a l’epoque Yue Tche en dehors du creusement de ce canal. Sur la citadelle, des constructions nouvelles, malheureusement tres mal preservees, debordent les limites du phrourion grec. Le plateau du Tchingiz Tepe 2 temoigne egalement d’une certaine activite architecturale. La plateforme cultuelle est alors agrandie et surelevee (etat B2) en parallele avec un amenagement de la surface de l’esplanade sud qui regoit une couche de remblais d’egalisation (Fig. 11). Dans la partie orientale du plateau, les eaux de surface devaient poser un probleme puisqu’une canalisation de drainage a ete creusee depuis la depression au sud du plateau jusqu’au canal du Sourkhan Daria qui venait d’etre creuse au nord du plateau. Il est probable qu’un mur de peribole devait entourer ce plateau car, a son extremite nord, la canalisation qui etait a l’air libre s’enfonce en souterrain dans le substrat rocheux pour passer sous le mur et ressortir a l’air libre et se jeter dans le canal a quelques metres plus loin (Fig. 12).
Les constructions d’epoque hellenistique de la zone orientale ont necessairement ete affectees par le passage du canal et l’on peut penser qu’elles avaient probablement laisse la place a un autre amenagement dont on ne connait encore que peu de chose. On est seulement en droit de supposer que c’est probablement a cette epoque que l’un des monuments du Tchingiz 2 s’est orne de colonnes de pierre dont quatre tambours ont ete retrouves en remploi dans l’etat posterieur de la plateforme cultuelle (voir plus loin, Fig. 15). Le poids de ces tambours laisse a penser que ceux-ci ne provenaient pas de tres loin, peut-etre la plateforme de cette epoque ou d’un edifice de prestige qui se trouvait dans la zone orientale du plateau et a ensuite ete detruit8.
Prosperite de Termez a l’epoque kouchane
C’est a l’epoque kouchane que Termez atteint son plein epanouissement et devient le centre politique, economique et culturel de la Bactriane au nord de l’Oxus.
Les souverains de cette dynastie nee en Bactriane du nord ont reuvre en faveur de la prosperite de la region qui perd alors son nom achemenide et grec de “Bactriane” et devient le “Tokharestan”. La vigoureuse politique de developpement qu’ils menent, creusant de nouveaux grands canaux et ameliorant les conditions de vie ainsi qu’on peut l’observer egalement en Bactriane orientale, favorise nettement le developpement de la vie urbaine au Tokharestan.
Au milieu du Ille s. de n. e., l’empire kouchan perd ses provinces indiennes et passe sous la domination du nouvel empire sassanide dont il devient un royaume associe que l’on appelle Kushanshahr9. Les gouverneurs portent alors le titre de “Grand Roi kouchan”, “Grand Roi des Rois kouchans” sur leurs monnaies qu’on trouve a Termez et qui sont de type sassanido-kouchan puis kouchano-sassanide. Il est possible qu’alors se soient constituees une serie de petites principautes, dont celle de Termez. Mais cette periode ne dure pas longtemps et l’empire kouchan tombe aux mains de conquerants hunniques, les Chionites-Ephtalites.
Sur le terrain, il est difficile de distinguer la periode kouchano-sassanide de l’epoque kouchane si ce n’est que le materiel ceramique temoigne d’une plus grande qualite a l’epoque kouchano-sassanide. Apparemment, ces deux phases de l’histoire de
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Termez correspondent a une periode de prosperite qui prolonge celle de l'epoque Yue Tche. On observe cependant sur le terrain la presence de phases d'abandon ou meme de destructions, mais on en ignore encore la date precise et l'on ne sait meme pas s'il faut les associer ou s'il s'agit d'evenements ponctuels. Les etudes sont en cours et il est encore trop tot pour savoir si l’on peut lier les differents episodes de la vie de la cite que nous revele la fouille avec des evenements politiques plus generaux.
Une politique de grandeur urbaine
Il est evident que durant la periode kouchane, Termez a beneficie des faveurs du pouvoir politique qui en fait la cite principale de la Bactriane septentrionale. De grands travaux transforment la physionomie de la citadelle et du plateau du Tchingiz 2, le canal du Sourkhan Daria est elargi et sans doute utilise de maniere plus efficace. Mais surtout, fait nouveau, la colline de Tchingiz Tepe 1 est annexee et fait l’objet d'un amenagement urbain a grande echelle.
La citadelle
La citadelle de l’epoque grecque a ete largement developpee en surface. Les anciennes lignes de defense sont repoussees vers le nord, l'est et l'ouest et remplacees par de puissantes murailles. C'est alors que la citadelle prend sa physionomie actuelle avec une surface de pres de dix hectares. A l'est, une grande forteresse est edifiee en position dominante au-dessus du fleuve (Fig. 13). Au centre, a l’emplacement du phrourion, s'eleve un palais aux murs epais, puissamment renforces du cote du fleuve (Fig. 14) et orne de colonnes monumentales sur des bases au profil attique d’un metre de cote. L’epaisseur des couches d’occupation (plus de cinq metres) montre que cette citadelle etait alors densement occupee.
Le plateau du Tchingiz Tepe 2
Le plateau du Tchingiz Tepe 2 semble avoir connu une breve periode d’abandon, puis les deux edifices sont reconstruits et notablement agrandis a plusieurs reprises.
Premiere phase
A l’ouest, la plateforme cultuelle est etendue vers le nord et prend une allure monumentale (B3) avec l’edification d’un mur de soutenement (analemma) de plus de six metres de haut dominant le ravin. A son pied une plateforme de pahsa s'etend le long du canal. La surface sommitale de la plateforme est surelevee, et agrandie. Elle semble avoir ete pourvue de sortes de bassins rectangulaires. Dans sa partie occidentale, une canalisation couverte d’evacuation d’eau s’enfongant a l’arriere du mur d'analemma est amenagee en remployant les tambours de colonnes de pierre mentionnes plus haut (Fig. 15).
A l’est, un nouvel edifice (A1) est edifie a l’aide de briques crues de module kouchan (37x37cm). Seul en subsiste une sorte de socle massif en briques avec une fagade orientale de direction nord-sud dont toute la partie occidentale a ete detruite par la construction de l’etat suivant (Fig. 16 - 1).
Un nouveau batiment A2 est, en effet, implante plus a l’ouest (Fig. 16 - 2). Il
presente les memes caracteristiques, mais, cette fois, on peut mesurer sa largeur est-ouest qui est d'un peu moins de quarante metres. Malheureusement on ne connait guere l'aspect qu'il presentait a cette periode, car toute sa partie occidentale a ete detruite par des amenagements recents. On sait cependant que, comme le precedent, il reposait directement sur le rocher et qu'il s'etendait vers le nord, sous la forme d'une sorte de plateforme massive de briques d'environ quarante metres de long. Au nord, au pied de la plateforme, sur la roche en place, se trouvaient des sortes de baignoires quadrangulaires limitees par des murets bas couverts d'un epais enduit. On ignore la fonction de ces bassins, mais on constate que ce dispositif semble passer sur le trace du canal nord-sud qui avait alors ete bouche par des terres rapportees.
Ce bouchage est le signe d’une notable modification de la topographie de l’endroit, visiblement en liaison avec revolution du canal du Sourkhan Daria au nord. C’est alors, en effet, que le grand canal a du etre recreuse, ce qui a porte sa largeur aux environs de huit a dix metres (Fig. 17 a et b)10.
L’etroite canalisation large d’environ un metre, s’etant sans doute montree insuffisante pour drainer la zone du plateau a ete abandonnee pour etre remplacee par un nouveau et tres large fosse implante a treize metres plus a l'est et se raccordant plus bas a la depression du grand canal. C'est ce fosse qui delimite desormais le plateau a l’est, coupant ce plateau du reste de la ville basse d’epoque hellenistique.
Suit une periode d'abandon de l'activite sur le plateau du Tchingiz 2. On ignore la duree et la raison de cet abandon, mais on constate que le batiment A2 se ruine et se trouve en partie recouvert par une epaisse couche de sable eolien. Sans doute en va-t-il de meme de la plateforme B3.
Deuxieme phase
A cet abandon, succede une periode de reamenagement important de toute la zone du plateau du Tchingiz 2.
La plateforme est a nouveau reconstruite (B4), en particulier au nord ou le mur d'analemma est sureleve, sans doute pour tenir compte de la surelevation de la vaste esplanade qui s'etend dans l'angle forme par ces deux constructions par l'apport de remblais. En revanche, ses dimensions ont ete legerement reduites et le systeme d’evacuation d’eau a ete abandonne.
A l’est, les ruines encore relativement hautes du batiment A2 sont englobees dans une importante plateforme d'egalisation en pahsa qui en sureleve le niveau de fonctionnement de pres de deux metres et permet d'amplifier les dimensions du batiment abandonne, en particulier vers le nord, tout en reproduisant la forme du batiment anterieur au sud (Fig. 16 - 3). La longueur du batiment A3 atteint maintenant environ soixante-dix metres du nord au sud et probablement un peu moins d'est en ouest (Fig. 18).
En depit des importantes degradations qu'il a subies recemment, ce batiment A3 presente un certain nombre d'aspects qui montrent qu'il s'agissait d'un edifice de prestige.
- L’axe de la partie meridionale qui reutilise des magonneries de l’etat A2, est constitue par deux longues salles nord-sud separees par un mur epais. En fagade ouest, on trouve une deuxieme salle allongee ornee de pilastres (Fig. 19), cependant qu’a l’est se succedent, du sud au nord, une serie de pieces carrees dont l'une comporte en son centre un massif de magonnerie egalement carre en forme de socle (de stoupa?).
— La partie nord, ajoutee au batiment originel est, contrairement a la precedente, organisee de part et d’autre d’un long couloir ouest-est s’ouvrant a l’ouest par un portail monumental a escalier. Ce portail, malheureusement detruit par la construction d'un four de potier (Fig. 20), conduisait vers l'est, a une grande salle a banquettes que l’on atteignait apres avoir gravi un escalier aux marches tres usees et franchi deux autres portails (Fig. 21) dont le premier etait protege par deux salles des gardes au centre desquelles fonctionnait un foyer.
Dans cette partie septentrionale du batiment, le grand couloir, les salles, les banquettes et les portails etaient recouverts de fines couches d'enduit superposees atteignant souvent une quarantaine de centimetres d'epaisseur. Ceci revele un entretien attentif et sur une longue duree, comme l’indique aussi l’etat d’usure des marches de ces “propylees”, digne d’un edifice religieux ou palatial.
De plus, tous les espaces etaient pourvus d'un decor de bases de corniches moulurees et de consoles renversees, c’est-a-dire un decor caracteristique de l’epoque kouchane. Parmi les decombres d’ecroulement des murs de la grande salle a banquettes, se trouvaient un chapiteau de stoupa (harmika) (Fig. 22) et de petits fragment de decor platre et dore a la feuille. Dans les deblais anciens accumules contre la face nord-ouest du batiment, a ete decouvert un fragment de bas-relief bouddhique en calcaire ou l’on reconnait la presence d’un bouddha ou bodhisattva, d’un fidele et d’une base de pilastre de type attique (Fig. 23).
Le batiment A3 etait donc incontestablement un edifice de prestige dans lequel le culte bouddhique etait pratique. Mais il est encore trop tot pour decider s’il s’agit d’un temple bouddhique ou d'une residence palatiale dans laquelle le culte bouddhique avait sa place.
La colline de Tchingiz Tepe
Cette histoire tres animee du complexe cultuel trouve un echo amplifie dans celle de la colline du Tchingiz Tepe. Celle-ci, en effet, est l’objet d’amenagements nouveaux de grande ampleur (Fig. 25 et 26).
Premiere phase
La premiere construction identifiee au Tchingiz Tepe se trouve au sommet meme de la colline qui est le point culminant du site. Il s’agit d’un batiment de briques crues (de 36-37 cm de cote) presque entierement detruit, mais dont subsistent deux murs perpendiculaires (RN2 et RS2) posant directement sur la couche naturelle de sable et graviers fluviatiles en place.
A trois metres au sud de ce batiment, dans la pente, un mur de soutenement aligne est-ouest etait destine a maintenir en place la couche sableuse fragile du sommet afin de permettre la construction en contrebas, a quatre metres environ plus au sud, d'un autre batiment de plus grande ampleur situe a deux metres plus bas. Il s’agit d’un edifice cultuel carre d’environ quinze metres de cote, tres soigneusement construit et entoure sur trois cotes au moins d'un trottoir de brique large d'un peu plus d'un metre (Fig. 27).
Nous ignorons quelle etait la relation de ces deux batiments qui semblent avoir ete construits au debut de l’epoque kouchane, mais peut-etre pas en meme temps, la plateforme ayant ete construite apres l'edifice sommital dont il a fallu assurer la stabilite en construisant l’analemma. Le batiment du sommet ne comporte pas de sol particulier alors que la plateforme en contrebas a encore conserve pres d'un metre et
Fig. 17ATranchee dans le ravin 186
demi d'epaisseur de magonnerie massive de brique crue. Il s'agissait donc d'un edifice sur podium.
Ces deux batiments ont ete fortement detruits, de maniere volontaire au moins pour le second, car on a retrouve, dans l’accumulation de briques crue de sa fagade nord, des fragments de visage de bouddha ou bodhisattva dores a l’or fin, fracasses et disperses. L'etat de fraicheur de ces fragments implique qu'il se trouvait sur la plateforme une superstructure pour proteger la statue. Le batiment n'etait donc pas un simple podium a l'air libre, mais plutot un temple sur podium qui pourrait avoir abrite une statue et peut-etre un stoupa.
Cet ensemble de deux batiments avait donc, de maniere evidente, une fonction religieuse officielle. L’existence de cet ensemble religieux est peut-etre la raison d’etre de la presence d’un puissant mur de pahsa d’orientation est-ouest qui barrait la pente a quatre-vingt-dix metres au sud du sommet et dont on peut supposer qu'il avait une fonction de mur de peribole. A l'epoque kouchane, un tel dispositif monumental peut etre compare a un bagolango dont le grand sanctuaire dynastique de Surkh Kotal en Afghanistan donne une image tres parlante.
Deuxieme phase
Dans un deuxieme temps, toute la colline se trouve concernee par la construction sur d’une belle fortification a galerie interieure encore conservee sur ses deux cotes nord et est. Cette muraille est renforcee de tours carrees creuses et porte un decor d’archeres sagittales du meme type que celui qu’on trouve sur les murailles de Bactres. Nous sommes alors en pleine epoque kouchane.
Cette enceinte couronne le sommet de la colline jusqu’au fleuve, integrant dans sa magonnerie les vestiges de l'edifice sommital, cependant que la plateforme devastee est totalement abandonnee. A l'ouest la muraille suivait probablement la rive du fleuve, mais celle-ci s’est ecroulee depuis, emportant la totalite de l’ouvrage. A l’est, le rempart descend a angle droit jusqu'au ravin qui limite la colline au sud. La longueur totale degagee est de pres de 400 m. Quinze tours y ont ete a ce jour mises en evidence.
On note une difference certaine dans la conception de l'ouvrage sur le rempart oriental entre la moitie septentrionale bien construite en briques crues sur base de pahsa et la moitie meridionale qui fait plus largement appel au pahsa et presente une direction legerement divergente par rapport a la precedente (Fig. 27 et 28). Cela signifie-t-il qu’on a deux phases de construction ou, plus simplement, qu’on la la trace du travail de deux equipes differentes? La reponse ne peut encore etre formulee de maniere assuree.
Cette enceinte connait un certain nombre de phases de modification ou de transformation avec la mise en place de placages, la surelevation des sols interieurs des tours par des magonneries de brique et l'epaississements des tours, en particulier sur le front oriental, ce qui indique un entretien regulier et un fonctionnement sur une certaine duree.
Cette fortification presentait des qualites esthetiques certaines, soulignant le prestige de la ville nouvelle avec ses tours tres rapprochees (25 metres), son decor en creux aligne sur plusieurs registres et ses enduits regulierement refaits et blanchis a la chaux. Sa fonction defensive etait bien reelle, si l’on en juge par les dimensions du fosse large de pres de douze metres et profond de quatre metres borde d'un proteichisma qui en interdisait l’approche (Fig. 29)
Enfin, au centre de la colline, un grand temple est construit, dont les dimensions depassent cinquante metres de cote (Fig. 30). La partie centrale est constituee d’un petit batiment oriente vers l'est, aux murs tres epais, comportant deux pieces totalement etrangeres l’une a l’autre, avec deux portes laterales s’ouvrant au nord pour la piece de fagade et au sud pour la piece arriere. Ce bloc central est entoure d'un couloir peripherique et de cours.
La nature de cet edifice religieux n’est pas encore clairement etablie : mausolee, temple funeraire, temple dynastique? Des vestiges de peintures rehaussees de feuille d'or y ont ete decouverts et le materiel associe indique qu'au moins a une certaine epoque le culte bouddhique y etait pratique. De meme la date de sa creation n’est pas encore fixee. Peut-etre faut-il la mettre en relation avec la suppression du temple du sommet avant la construction de l'enceinte?
La colline du Tchingiz Tepe est donc devenue une zone d'urbanisation creee ex nihilo liee a une volonte deliberee d’etendre la ville de Termez et d’en faire une metropole prestigieuse. On sait que des maisons y ont ete construites, mais la fouille demande a etre etendue pour qu'on puisse se faire une idee de la maniere de concevoir l'organisation urbaine.
L’expansion de la ville basse de Termez
Au cours de cette periode, le territoire urbain de Termez s'etend considerablement, si l’on en juge par la zone de diffusion du materiel ceramique de cette epoque. Cette zone englobe maintenant les regions situees au nord et a l’est de la citadelle, formant une ville basse aux limites imprecises. Durant un certain temps, les limites orientales de la ville basse coincident peut-etre avec le trace de la muraille occidentale de la future cite medievale (chahristan), mais, a la fin de l’epoque kouchane, les habitations debordent cette limite et atteignent meme la region du chateau du haut Moyen Age appele “le kourgane”. La zone d’habitat de Termez couvre alors une surface de 350 hectares (Fig. 31).
A n’en pas douter, cette expansion territoriale de l’habitat est la consequence d’un apport d’eau abondant grace, sans doute, au recreusement du canal du Sourkhan Daria.
Certains indices laissent a penser que la structure du tissu urbain de Termez kouchane etait relativement lache. A la difference d'autres villes bactriennes de l'epoque kouchane, en effet, les maisons se repartissent en proprietes particulieres au milieu des jardins et des potagers.
Un bouddhisme urbain
Enfin, durant la periode kouchane et kouchano-sassanide plusieurs monuments importants ou de prestige sont construits dans la ville comme le montre la decouverte, sur l’ensemble de la ville, de plusieurs chapiteaux et de nombreuses grandes bases de pierre a profil attique. Les edifices auxquels appartiennent ces decors sculptes sont de type religieux et tout particulierement bouddhiques.
C'est ainsi qu'ont ete decouverts en plusieurs points de la colline de Tchingiz Tepe des elements de sculpture provenant de stoupas, comme des fragments de parasols de pierre, (chattra). Tout laisse a penser que ces fragments proviennent de la plateforme cultuelle, qui pourrait avoir connu un changement de culte, ou bien du temple ou encore de petits sanctuaires domestiques.
Dans la zone de la ville islamique, sous les restes peu identifiables d’un grand edifice des XIe-XIIe siecles, a ete degagee la base d’un petit stoupa qui a subi plusieurs remaniements et qui semble d’epoque tardive (Fig. 32). A l’est de ce stoupa ont ete recemment decouvertes deux grottes bouddhiques souterraines probablement de meme epoque que le stoupa. A proximite, dans une fosse, se trouvait egalement un beau chapiteau de pilastre de type greco-bouddhique avec des bustes de bouddhas emergeant d’acanthes de type grec (Fig. 33). Ce chapiteau semble dater du premier ou du deuxieme siecles. Il est remarquablement conserve et appartenait a une construction differente du stoupa (mur peripherique de sanctuaire?), construction qui reste a decouvrir.
A l’ouest de la ville islamique, pres du mausolee du Hakim at Termezi, plusieurs cellules souterraines de moines bouddhistes ont egalement ete degagees au cours de fouilles provoquees par l’amenagement de la zone du mausolee (Fig. 34). Toutes ces grottes bouddhiques ont du fonctionner relativement longtemps et n’ont ete bouchees qu'au XIe siecle, probablement a l'epoque de Mahmoud II.
On constate donc grace aux decouvertes recentes faites dans la ville basse, sur le plateau du Tchingiz 2 et sur la colline de Tchingiz Tepe, que le culte bouddhique etait pratique, non seulement par les moines vivant dans les monasteres de la peripherie de Termez, mais aussi par la population civile et par les notables de la ville.
Ce constat est d'un grand interet car, jusqu'a une date recente, on ne connaissait que le bouddhisme des monasteres de la peripherie de Termez et l'on ignorait tout du bouddhisme dans la ville.
Termez parait donc etre devenue a l'epoque kouchane un grand centre du bouddhisme en Asie Centrale et probablement l'une des bases a partir desquelles le bouddhisme s'est diffuse vers l'Asie orientale.
Toutefois, le culte bouddhique n'etait pas la religion exclusive de la population de Termez. A l'epoque kouchane, en effet, certains continuaient a pratiquer le zoroastrisme, a venerer des divinites locales anciennes tout en pratiquant le culte dynastique des Kouchans. L'attachement aux divinites locales demeurait fort, en particulier a la “Grande Deesse Bactrienne”, deesse de la fertilite, et a un dieu cavalier dont on trouve de nombreuses figurines modelees en terre cuite.
Termez capitale kouchane?
A l’epoque kouchane, Termez connait donc le doublement et le renforcement de la citadelle, une forte activite architecturale sur le plateau du Tchingiz 2, le recreusement du canal du Sourkhan Daria, l’amenagement urbain du Tchingiz Tepe, une rapide extension territoriale de la ville basse vers l'est et le nord, et le developpement de grands monasteres bouddhiques a la peripherie de la ville.
Tous ces constats archeologiques semblent converger vers une meme conclusion : une telle entreprise ne peut etre le fait d'un simple pouvoir local. Il s'agit incontestablement de la volonte d'un pouvoir supra regional et tres probablement royal qui vise a faire de Termez un lieu majeur d'affirmation de sa puissance et peut-etre le siege de son autorite.
Il n'est donc pas interdit de penser que l'un des premiers souverains kouchans a decide d'etablir a Termez la capitale du royaume, lorsque l'aire d'extension de celui-ci
TERMEZ 2009 N
TCHINGIZ TEPE HS PLA.TEFQRME W
etait limitee a la Bactriane du nord. Il s’agirait donc d’une fondation urbaine, manifestation royale par excellence et acte d'affirmation de l'existence et de l'autorite de la nouvelle dynastie.
Du coup, l'on peut sans grand risque de se tromper identifier l'Ancienne Termez avec la capitale des Yue che et du debut de l’empire kouchan, la Jianshi des sources chinoises.
En faveur de cette hypothese, on peut evoquer le fait que la ville kouchane qui s'est creee autour du phrourion grec de Kampyr Tepe est brusquement abandonnee dans la premiere moitie de l’empire kouchan. Sans doute sa situation beaucoup plus eloignee par rapport au Sourkhan Daria a-t-elle joue en sa defaveur. On peut alors supposer que sa population a ete transferee, plus ou moins volontairement a Termez, dans la nouvelle ville qu’il fallait peupler, comme Seleucos Ier l’aurait fait pour peupler la nouvelle capitale mesopotamienne Seleucie du Tigre au detriment de Babylone.
Bien entendu, ce fait historique nouveau demande encore a etre definitivement confirme par de nouvelles preuves, ecrites si possible.
Or, on sait que le Han Chou decrit le royaume des Ta Yue Tche et place leur capitale a Jianshi au nord de la riviere Gui que l’on s’accorde a identifier avec l’Amou Daria.
Depuis la publication de ce texte par Chavannes en 1907, nombreux sont ceux qui ont tente d'identifier cette premiere capitale kouchane avec des sites tres differents, avec des arguments differents qu'il serait trop long d'exposer ici. C. Benjamin qui a recemment tente de faire le point sur la question, cite les diverses publications qui ont propose tour a tour des sites du Badakhchan, Khulm-Tach Kourgane au sud de l’Amou Daria, Kampyr Tepe, Dal’verzine Tepe, Khaltchayan, ou Payon Kourgane dans la province du Sourkhan Daria, ou encore des sites du Khorezm11.
Toutes ces hypotheses ne semblent pas tenir face a la realite archeologique de la puissance de Termez a l'epoque kouchane et l'on peut sans grand risque de se tromper identifier l'Ancienne Termez du temps des Yue Tche et du debut de l'empire kouchan avec la Jianshi des sources chinoises.
LE DECLIN
A la fin de l’epoque kouchane sassanide, l’Ancienne Termez presente plusieurs signes d'une crise grave.
Apres une longue periode de fonctionnement du complexe cultuel, le batiment A3 connait une destruction volontaire et sauvage a en juger par le renversement volontaire des murs qui s'ecroulent et par l'etat miserable des fragments de decor architectural.
Quant a la plateforme cultuelle B, elle semble avoir ete simplement abandonnee.
Apres cette catastrophe, on constate que des reoccupants tardifs s’installent dans les ruines du batiment B sur les masses de decombres plus ou moins niveles. Ils amenagent certaines pieces en construisant des murs de refend ou de doublage a l'aide de grandes briques crues de 46 cm de cote visiblement prelevees sur la plateforme abandonnee.
Sur la colline du Tchingiz Tepe, visiblement le programme defensif ambitieux n’a servi a rien. La fortification perd son role defensif et le fosse se comble progressivement de sable eolien, apparemment sans avoir jamais servi, ce que parait confirmer l’absence de traces de combat sur l’ensemble de la muraille. C’est alors que des
Бщ. 28
Fig. 29
Fig. 31
maisons viennent s’accoler a la face interne de l’enceinte et certaines tours servent de lieu d’habitation comme la tour 4 ou a ete installe un tannour pour la cuisine.
Au sommet de la colline, la fortification est abandonnee. Le corridor se remplit de sable, certaines parties sont privatisees par la construction de des murs transversaux pour servir de tombes collectives ou d’ossuaires (Fig. 35). Certaines tours s’ecroulent en partie, comme la facade de la tour 2 ou s’installent des tombes en fosse. Au point culminant, la face arriere du corridor s’ecroule dans la pente, recouvrant en partie l’emplacement du temple a podium disparu.
Curieusement, a cette epoque de degradation de la cite, la butte que formaient les restes du temple du debut de l’epoque kouchane est partiellement degagee a travers les decombres de la muraille. Elle est partiellement reconstruite a l’aide de briques rectangulaires provenant des voutes de la fortification effondree. Des massifs de magonnerie sont etablis aux angles afin de redonner a la ruine la forme d’une plateforme quadrangulaire, et de nouvelles fagades sont elevees en retrait des anciens traces. Au sud, un escalier monumental cantonne de deux rampes plus petites semble avoir ete edifie contre la nouvelle fagade.
La fouille de cette plateforme n’est pas encore achevee, mais deja on peut faire l’hypothese de la reappropriation du sommet du Tchingiz Tepe par une communaute bouddhique qui aurait reconstruit ici une plateforme avec un stoupa a laquelle aurait appartenu les nombreux fragments de decor architectural en pierre qui gisaient aux alentours.
L’usure du monument ne permet pas de connaitre quelle a ete la fin de celui-ci. On sait seulement qu’il a ete pille de son decor de pierre qui a ete debite et git aux alentours. La presence d’un petit four a platre dans l’angle sud-ouest de la plateforme peut s’expliquer par la volonte de recuperer la matiere premiere d’un decor en stuc ou en platre.
Quant a la citadelle, il n’est pas possible pour l’instant de determiner quel a ete son sort dans cette periode critique de l’histoire de la ville. Sans doute la puissance de ses fortifications la mettait-elle a l’abri du vandalisme qu’a connu le plateau du Tchingiz 2.
Au Vile siecle, Termez est gouvernee par une dynastie locale, celle des Termezchahs dont le palais a ete retrouve en limite orientale de l’agglomeration. Une epidemie particulierement meurtriere se declare et la ville de Termez est en grande partie decimee. Elle ne reprend vie qu’avec l’arrivee des Arabes.
ANNEXE: LA PLACE DE TERMEZ DANS LA BACTRIANE GRECQUE
Alexandre et Termez
Selon l"Epitome de Metz", l’une des sources de l’histoire d’Alexandre assez proche de la tradition de Quinte-Curce et de Trogue Pompee, ce dernier aurait traverse le fleuve Oxus pres d’une forteresse. Certains auteurs, suivant I. V. Piankov, ont emis l’hypothese que cette forteresse pouvait se trouver dans la region de l’Ancienne Termez, et peut-etre a Termez meme12.
Cependant, si on se refere a Quinte-Curce (VII-5) qui nous donne un recit dramatique mais precis de ce passage, cette traversee s’est faite au pied d’une montagne proche du fleuve sur laquelle Alexandre aurait fait allumer un grand feu pour rassembler son armee egaree et assoiffee dans la nuit. Or si l’on consulte les cartes de la region, on constate que le seul point de la rive gauche de l’Amou Daria ou s’eleve une telle montagne se trouve nettement plus a l’ouest, a Kerki en face de la ville de Kelif dans l’actuel Turkmenistan. C’etait encore il y a peu un point de passage majeur sur l’Amou Daria. Depuis Kelif, une route aisee et directe, parsemee de points d’eau, mene a Samarcande en longeant le piemont du Kuhitang Tau13, sans les embuches et les dangers que presente une traversee des monts du Hissar, qu’aurait imposee un itineraire partant de Termez.
D’autre part, on n’a jusqu’a present pas identifie d’etablissement d’epoque achemenide sur le site de l’Ancienne Termez et l’on ne voit pas en quoi Termez peut etre envisagee dans cette question. Il convient donc de rejeter les hypotheses sur la traversee d’Alexandre a Termez et revenir au bon sens tel qu’il s’exprimait deja chez Fr. von Schwarz, suivi avec raison par P. Bernard14.
Alexandrie de l’Oxus?
Au printemps 329 av. n. e., Alexandre detruit les forteresses achemenides de l’Iaxarte autour de Cyropolis et fonde Alexandrie Eschate. Apres le soulevement de la Sogdiane et sa longue repression sanglante, Alexandre charge Hephestion puis Cleitos de fonder de nouvelles colonies et de les peupler, pendant qu’il paracheve la conquete de la Sogdiane. A l’ete 327, il quitte la Bactriane-Sogdiane.
Alexandre aurait ainsi fonde sur le territoire de la Sogdiane et de la Bactriane plus de dix villes dont on pourrait supposer qu’elles auraient porte le nom de leur fondateur.
Parmi celles-ci, Ptolemee cite en Sogdiane deux villes Alexandreia Oxeiane et Oxeiana (VI, 12, 5-6). “Alexandrie de l’Oxus” aurait ainsi ete nommee parce qu’elle aurait ete fondee sur les bords de l’Oxus15. Certains auteurs ont pu supposer que cette fondation se trouvait a l’emplacement de “Tarmita-Termez”. Cela n’aurait pas ete en soi etonnant puisque presque toutes les fondations d’Alexandre se trouvent sur des points strategiques importants et l’on a vu que “Termez” se trouve sur un de ces points de traversee du fleuve entre Bactriane et Sogdiane16.
Toutefois, jusqu’ici, la ceramique grecque trouvee a Termez n’est pas anterieure a l’epoque seleucide et aucune trace materielle ne permet de supposer que Termez ait pu etre cette Alexandrie de l’Oxus. De plus, recemment ont ete decouverts d’autres sites de traversee qui constituent de meilleurs candidats a une telle identification. C’est le cas, en particulier, du site de Kampyr Tepe a une trentaine de kilometres en aval de Termez, egalement situe en position dominante au-dessus du lit de l’Amou Daria, qui presente d’importants vestiges de fortifications, d’epaisses couches de materiel ceramique et des temoignages epigraphiques de l’existence d’une communaute grecque. On ne peut douter qu’il s’agissait la d’une garnison grecque surveillant l’un des plus importants points de passage du fleuve17.
Antioche-Tarmita?
Selon certains auteurs, Tarmita aurait ete fondee, peut-etre sur les ruines d’Alexandrie de l’Oxus, par Antiochos Ier, successeur de Seleucos Ier. Celui-ci lui aurait donne son propre nom en l’appelant “Antioche”.
Une telle hypothese decoule de la presence d’une Antioche-Tarmita sur la carte de l’anonyme de Ravenne (VIIIe s. de notre ere) et sur la “Table de Peutinger” qui est une transcription du Xe s. d’une carte du III-IVe s. de n.e. La mention de ce nom sur ces cartes pourrait montrer que Tarmita seleucide etait un point assez important pour que, loin vers l’ouest, il ait pu etre connu sous son nom local aussi bien que sous son nom grec. Le probleme est que ladite Antioche-Tarmita est placee sur la carte de Peutinger a l’embouchure de l’Indus et que ce rapprochement est des plus hasardeux.
Un autre argument a ete invoque par V.G. Lukonin qui pensait avoir decele la derniere partie du nom “Antioche” sur un graffiti en moyen perse, decouvert au cours de fouilles sur une paroi dans le monastere bouddhique de Kara Tepe18. Il s’appuyait sur une lecture sur photographie du graffiti par V. Henning, lequel aurait evoque cette hypothese dans une lettre privee mais ne l’aurait jamais publiee ni confirmee. Une reference bien fragile dans une reconstruction de geographie historique.
En geographie historique, on se fonde sur ce qui est connu sur le terrain pour y localiser les agglomerations anciennes dont les noms nous ont ete transmis par les sources. Encore faut-il ne pas oublier que nous ne connaissons pas tous les toponymes antiques et que les recits des voyageurs et les travaux d’archeologues ne nous ont pas encore permis de connaitre toutes les realites du terrain. On n’a pas encore trouve a ce jour les fameuses “roches” sogdienne et choriene, puissantes forteresses de montagne qu’Alexandre dut prendre d’assaut apres avoir soumis le reste de la Sogdiane. Et ce n’est qu’en 1965 que fut decouverte l’existence de la grande cite grecque d’Ai Khanoum, a la frontiere nord de l’Afghanistan, alors que certains erudits doutaient de l’existence meme de l’hellenisme en Bactriane.
Il faut donc dans ce domaine faire preuve de la plus grande circonspection et donner la priorite aux realites du terrain si l’on veut eviter les erreurs tenaces et les
hypotheses qui ne sont que des exercices academiques inutiles, qui encombrent les bibliographies et sont generalement inverifiables par ceux qui sont eloignes du terrain en question19.
L’existence de Termez, seule grande cite antique connue de la region, a ainsi
conduit certains auteurs a faire necessairement de celle-ci une fondation urbaine
d’Alexandre. Mais aujourd’hui, la fouille a regle cette question en apportant une
premiere reponse claire : il existe bien une implantation grecque sur la citadelle de
Termez, mais celle-ci est tres limitee et n’est pas due a Alexandre mais a ses 20
successeurs .
NOTES
1. La ville timouride et chaybanide a l’est, autour de Kirk Kyz, Sultan Saodat et Kokil Dora, et la ville contemporaine, nee de la presence d’un fort russe implante en 1897 pres du confluent du Sourkan Daria et de l’Amou Daria et qui compte aujourd’hui plus de cent mille habitants. Sur l’histoire de Termez: Leriche P., Pidaev Ch. Termez sur Oxus Cite-capitale d’Asie Centrale. Paris, 2007.
2. Expeditions dirigees par B.P. Denike (1926 et 1928) puis expedition dirigee par M.E. Masson apres la decouverte des frises d’Ayrtam, (1936-38). Au lendemain de la guerrre, fouilles de L.I. Albaum, (1960-90), puis expedition dirigee par B. Ya. Staviski (1963-1994) a Kara Tepe et expedition dirigee par Ch. Pidaev depuis 1979.
3. Mission Archeologique Franco-Ouzbeque de Bactriane du Nord, ou mission BACTRIANE, dirigee conjointement par Ch. Pidaev succedant a T. Annaev et l’auteur de ces lignes.
4. Avant meme les travaux de la Mission BACTRIANE, le site de l’Ancienne Termez avait fourni plus d’une trentaine de monnaies d’argent et de bronze de tous les rois greco-bactriens: Diodote, Euthydeme, Demetrios, Eucratide, Heliocles et d’autres.
5. La production ceramique de Termez hellenistique et de ces forteresses ne differe guere de celle de la grande ville grecque d’Ar Khanoum en Bactriane orientale. Elle est recouverte d’un engobe clair leger ou d’une couverte plus epaisse rouge marron ou noire et lustree pour la rendre brillante et se caracterise par une grande variete de formes et une haute qualite technique. Certaines formes de poteries produites dans la ville ont une origine locale bactrienne. D’autres apparaissent tres proches des productions du reste du monde hellenistique. Voir, par exemple, Сверчков Л.М. Опыт синхронизации керамических комплексов эпохи эллинизма (Кампыр Тепа, Джига Тепа, Кургаизол // Материалы Тохаристанской экспедиции 5. Ташкент, 2006. С. 105-124.
6. Le plateau a la forme d’un triangle rectangle dont toute la partie parallele a l’hypotenuse, soit les deux tiers de la surface, est malheureusement actuellement inaccessible. La zone fouillee mesure 60 m d’est en ouest et 80 m nord-sud alors que le plateau mesure 130 m d’est en ouest et 150 m du nord au sud.
7. Le long de ce canal apparaissent de nouveaux villages dont celui de Mirzakoul Tepe (dans la zone de l’aeroport de Termez) ou ont ete decouverts quelques greniers a grains de cette epoque. Pour la Bactriane du Nord, cette epoque est celle d’un important developpement des etablissements agricoles sedentaires et de la multiplication des petits manoirs fortifies ou residaient de petits potentats locaux.
8. Il s’agit la d’une decouverte exceptionnelle car c’est la premiere fois que des colonnes de pierre antiques ont ete mises au jour au nord de l’Amou Daria, a l’exception de celles de Saksanokhour, probablement recuperees (selon P. Bernard) dans les ruines d’Ai Khanoum .
9. La partie septentrionale du Kuchanshahr (empire kouchan), sur la liste des conquetes que Chapour Ier a fait graver sur la Ka’aba de Zoroastre а Naqsh-i-Rustam et, sur les monnaies, figure le titre de “Kuchanshah” sassanide.
10. C’est ce que revelent les resultats de la grande tranchee pratiquee а travers le ravin par S. de Pontbriand au cours des campagnes de fouille de 2008 et 2009 de la Mission Bactriane.
11. Benjamin C .The location of Jianshi // TRANSOXIANA. Tachkent, 2004. P. 109-117. L’auteur penche pour Khaltchayan, pour des raisons d’iconographie mises en avant par P. Bernard et K. Abdullaev.
12. C’etait alors le seul point connu des historiens dans la region. Depuis, l’archeologie a fait apparaitre d’autres sites possibles, comme celui de Chor Tepe pres de Kampyr Tepe, et d’autres historiens ont alors propose Chor Tepe.
13. Voir dej& la demonstration de Bernard P. Les sites anciens riverains du moyen Oxus // Bernard P., Francfort H.-P. Etudes de geographie historique sur la plaine d’Ai Khanoum. Paris, 1978. P. 53-61. n° 13, p. 56.
14. Schwarz von Fr. Alexander des Grossen Feldzuge in Turkestan. Munich, 1893. P. 47-51; Bernard P. Le nom de la ville grecque du tepe Ai Khanoum // Bernard, Francfort, Op. cit. P. 3-15.
15. Pour Bernard. Op. cit. Ces deuxvilles ne font qu’une.
16. On sait maintenant que la plupart des fondations d’Alexandre et de ses successeurs etaient, non pas des villes au sens plein du terme, mais le plus souvent des forteresses dont le role etait de tenir le pays. Alexandrie de l’Oxus devait etre une de ces fondations militaires de taille limitee.
17. Abondante bibliographie surle sujet. Parexemple, Kampyr Tepe 1-6. Rtveladze Ed. edit. Tachkent, 2000-2007 ou, dernierement. TRANSOXIANA. Tachkent, 2008.
18. Луконин В.Г. Средневековые надписи из Кара Тепе // Кара Тепе / Под ред. Стави-ского Б.Я. 2. 1969. С. 46. № 24.
19. Voir les multiples identifications souvent ephemeres ou contradictoires proposees pour Marginia ou pour les “roches” qui ont ete recemment localisees en divers endroits de la chaine du Hissar, en Ouzbekistan ou au Tadjikistan.
20. Leriche P. Termez fondation d’Alexandre? //Journal Asiatique.2002. P. 411-415.
L'ANCIENNE TERMEZ DANS L'ANTIQU^
P. Leriche
Depuis 1993, les travaux de la Mission de Bactriane*(*Mission archeologique franco-ouzbeque (MAFOuz) de Bactriane du nord) ont pris pour objet principal la fouille et l’etude de l’Ancienne Termez dans la province du Sourkhan Daria (Ouzbekistan du sud). Cette ville couvrait une surface de cinq cents hectares lorsqu’en 1220 elle decida de s’opposer par Gengis Khan. Sa population a alors ete totalement massacree et la ville s’est reconstruite sur un site nouveau.
Des fouilles menees entre les deux guerres mondiales et dans la deuxieme moitie du XXe siecle, sur l’ancienne Termez y ont mis au jour de nombreux vestiges islamiques, mais aussi des vestiges importants des epoques kouchane, pre kouchane et grecque.
Les fouilles de la Mission Bactriane se sont concentrees sur la zone proche du fleuve, incluant la citadelle et une large bande au nord-ouest jusqu’au sommet de la colline de Tchingiz tepe1. Au terme de vingt campagnes d’importance variable, plusieurs monuments
(dont quatre edifices a caractere religieux et un vaste systeme de fortifications) ont ete decouverts et l’histoire ancienne du site a pu etre precisee.
A l’origine, l’ancienne Termez etait une simple colonie militaire seleucide puis greco bactrienne de surveillance du fleuve. Elle s’est fortement developpee apres le depart des Grecs, sous les Yue Tche, probablement en liaison avec le creusement du canal du Sourkhan Daria. C’est alors qu’elle est vraisemblablement devenue la capitale des Yue Tche au nord du fleuve Oxus.
©2010
А.О. Захаров
К ВОПРОСУ ОБ ОСНОВАНИЯХ ВЛАСТИ В ШРИВИДЖАЙЕ*
Одним из наиболее загадочных обществ средневекового Востока было древнемалайское царство Шривиджайя, существовавшее в VII—XIII вв. на юго-восточной Суматре и порою подчинявшей своему влиянию другие области Индонезийского архипелага и Малаккский полуостров. Шривиджайя оставила удивительно мало свидетельств своей жизнедеятельности. В основном это надписи, свидетельства иноземных: китайских и арабских — авторов и данные археологии. В данной статье хотелось бы исследовать вопрос об основаниях власти правителя Шривиджайи. Не вдаваясь в обсуждение проблемы того, что такое власть, я приму в качестве рабочего определения известное положение Макса Вебера, согласно которому власть есть способность навязать свою волю другим людям, несмотря на их (возможное) сопротивление. В наличии такой способности у правителя Шривиджайи сомневаться не приходиться, иначе трудно объяснить сведения о его могуществе в иноземных традициях и оставленные надписи, которые нужно было продумать и высечь на камне. Тем не менее, на чём основывалась эта способность, благодаря чему она осуществлялась и из возможности становилась действием/действиями, на этот вопрос пока не было дано убедительного ответа. Данная статья призвана исправить это положение.
Основные источники по истории Шривиджайи относятся к последней трети VII в. это надписи и свидетельства китайского паломника И Цзина1. Археологические данные в отсутствие надёжной стратиграфической шкалы имеют более широкую датировку, а другие письменные источники: китайские и арабские тексты — принадлежат более позднему времени и не находят поддержки в
* Статья представляет собой переработанный и расширенный текст доклада «Воды в политических институтах Шривиджайи», прочитанного на Третьей конференции Ассоциации Южной и Юго-Восточной Азии для изучения культуры и религии (The South and Southeast Asian Association for the Study of Culture and Religion) «Воды в Южной и Юго-Восточной Азии: взаимодействие культуры и религии», 3—6 июня 2009 г., Денпа-сар, Бали, Индонезия.