Научная статья на тему 'A. sokurov''s "Russian Arc": an allegoric travelling of Russian soul'

A. sokurov''s "Russian Arc": an allegoric travelling of Russian soul Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
LE MUSEE DE L''ERMITAGE / L''ARCHE RUSSE / ALLEGORIE DE LA REPRESENTATION DE L''ART / A.SOKOUROV / МУЗЕЙ ЭРМИТАЖ / «РУССКИЙ КОВЧЕГ» / АЛЛЕГОРИЧЕСКАЯ РЕПРЕЗЕНТАЦИЯ ИСКУССТВА / МУЗЕЙ КАК МЕМОРИАЛ / А.СОКУРОВ / "RUSSIAN ARC" / A. SОKUROV / LIEU MEMORIEL / THE HERMITAGE / ALLEGORIC REPRESENTATION OF ART / MUSEUM AS MEMORIAL

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Жиордано Карин

Каким образом Музей Эрмитаж, «закрытое» пространство, становится воплощением аллегорического пути России во времени и пространстве? «Русский ковчег» демонстрирует путь двух посетителей: Адольфа Кюстина и режиссера через пространство и время Эрмитажа. Фильм представляет собой ряд аллегорических сцен, которые показывают видных деятелей русской истории и культуры, живших в разное время. Но одновременно это репрезентация Русской души. Нас интересует, как проходят встречи: рассказчика (нашего современника) с историей, Адольфа Кюстина, француза с Россией. А также то, как «закрытое пространство» Эрмитажа «отменяет» временные границы, чтобы заполнить лакуны в душах посетителей музея.

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How the Herrmitage museum, being "closed space4", becomes an allegory of the way travweled by Russian soul? "Russain Arc" shows two visitors of the museum: Adolphe de Custine and the director (A^km-ov) travelling across the Museum through time and space. The film consists of several scenes, breaking the time and space bourders and connceting different significant figures of Russian history and culture, at the same time the film is a representation of Russian Soul. We are interested in the meetings of the nerrator of our times with the Past, and of Adolfe de Custine with Russia. We are also interested in how the "closed space" of The Hermitage breaks the time borders and fill the blank spaces in the visitor's travelling.

Текст научной работы на тему «A. sokurov''s "Russian Arc": an allegoric travelling of Russian soul»

THE CHARGE OF THE LIGHT BRIGADE (BALACLAVA) IN LITERATURE AND FILMS

Svetlana V. Sheshunova

Doctor of Philology, professor

Dubna International University of Nature, Society and Man

141980, Russia, Moscow region, Dubna, Universitetskaya, 19. bogl5k254@dubna.net.ru

The famous charge of the British Light Brigade (Balaclava, 25.10.1854) attracted attention of different writers and film directors. The aim of the article is to analyze the images of this historical event in two kinds of art. Key words: Crimean War, English literature, historical films

УДК 791.43.05:001:008

L'ARCHE RUSSE DE SOKOUROV UN PARCOURS ALLÉGORIQUE DE L'ÂME RUSSE

Corinne Giordano

Chercheure associée CIELAM Université d'Aix Marseille

13284, France, Marseille Cedex 07, bd Charles Livon, 58. corinne.giordano@wanadoo.fr

Comment le Musée de l'Hermitage, espace clos, devient-il un parcours allégorique dans l'espace-temps de la Russie? L'Arche russe relate le parcours de deux visiteurs, Adolphe de Custine et le réalisateur, à travers cet espace-temps qu'est le Musée de l'Hermitage; le film est une mise en scène allégorique ouvrant une brèche spatio-temporelle révélant les figures de la Culture et de l'Histoire russe, mais aussi la représentation de l'Art, âme et esprit russe. Notre étude s'interessera à la mise en scène de cette double rencontre entre le narrateur contemporain et son Histoire, mais aussi entre la Russie et un français, Adolphe de Custine. Par et dans cet espace clos, qui abolit la temporalité pour l'inscrire dans une discontinuité du parcours des visiteurs.

Mots-clés, le Musée de l'Ermitage, L'Arche russe, allégorie de la représentation de l'Art, lieu mémoriel, A.Sokourov.

Comment le Musée de l'Ermitage, espace clos, devient-il un parcours allégorique dans l'espace-temps de la Russie?

L'Arche Russe relate le parcours de deux visiteurs, Adolphe de Custine1 et le réalisateur Alexander Sokourov, à travers cet espace-temps qu'est le Musée2 de l'Ermitage ; le film est une mise en scène allégorique qui ouvre une brèche spatio-temporelle où se concentrent des figures de la culture et

© Giordano С., 2012

de l'Histoire russe; L'arche Russe est aussi la re-présentation de l'Art dans l'Ermitage, une perception de l'âme et esprit russes. Cette essence même du musée, Sokourov la porte à l'écran dans un unique plan séquence de quatre-vingt dix minutes où le travelling saisit à la fois le parcours visuel, les va et vient du personnage Custine, le mouvement de l'Histoire, et fait émerger l'émotion des visiteurs. Cette représentation cinématographique fondée sur le travelling obéit à une articulation de mise en abîme par la voix off du visiteur-commentateur.

Notre étude s'intéressera à la mise en scène de cette double rencontre entre le narrateur contemporain et son Histoire, entre la Russie et un français, Adolphe de Custine. L'unité d'espace et de lieu qui abolit la temporalité pour l'inscrire dans une discontinuité temporelle du parcours des visiteurs, devient une interrogation sur la vocation de la Russie.

Notre réflexion s'articulera en deux mouvements, dans quelle mesure le Musée est-il une allégorie de la représentation de l'Art et comment s'organise et prend forme l'expression de la Mémoire en ce lieu?

Le Musée comme allégorie de la représentation de l'Art

Il est par essence un lieu de rencontre entre le visiteur et l'œuvre artistique. Le choix de mettre en scène une visite du Musée de l'Ermitage, fait du parcours une initiation à la connaissance du Beau, une rencontre entre l'âme et l'esprit3.

D'ailleurs, le titre l'Arche russe4 renvoie au caractère sacré du Musée5: un hymne à la beauté sublimée de l'Art où le passé et l'avenir6 se placent dans l'instant présent de la découverte et de la délectation7, le temps de la narration cinématographique8.

Cette découverte en plan-séquence qu'élabore une caméra subjective, n'est autre que le regard du réalisateur, une perception renforcée par sa voix off9, lui conférant une position de conteur du parcours10. Cette voix over murmurée, souligne en outre toute la dimension sacralisée et participe à une mise en abîme de la représentation de l'Art: « aurais-je un rôle à jouer dans ce spectacle?11 »; celui du conteur qui nous invite à interroger l'Art. Nous sommes les spectateurs de sa perception représentation qui va se dévoiler peu à peu à notre regard et éclairer notre compréhension.

L'Art est regardé dans un mouvement de palpation visuelle que met en scène le travelling: c'est à la rencontre du Beau, du Sublime que nous entraîne cette voix over : « Que se passe-t-il dans cette fenêtre? [...] il y a de la vie là-bas. » Le verbe nous donne à franchir le seuil de cette fenêtre par un travelling avant de la caméra. La vie est en re-présentation dans le Musée de l'Ermitage et le spectateur y est entraîné dans un mouvement ascendant: l'escalier en colimaçon que gravissent une foule en costumes, suivie d'Adolphe de Custine et du narrateur, n'est pas seulement une métaphore de l'é-

lévation vers l'Esprit, c'est une marche vers le Monde des vivants que concentre le Musée. Cette foule semble se donner la comédie ou s'adonner à une badinerie du siècle des lumières. Les rires en off soufflent une légèreté qui se perd dans le dédale des pièces en enfilade. Le silence qui fait place ouvre à la solennité de la contemplation. Les voix chuchotées et les récurrentes recommandations de Sokourov à Custine: « Monsieur soyez prudent vous dis-je ». Cette obsession de la prudence se justifie par l'extraordinaire de la situation: « elle [la Grande Catherine/ a un sixième sens » explique Sokourov à Custine pour l'inciter à la discrétion.

A un autre moment, Adolphe de Custine note: « on ne voit rien », car la vue n'assure pas à l'homme l'entendement du Monde, il faut savoir le regarder12, l'entendre - entendez-vous cette musique? questionne Sokourov à Custine - le sentir13. Et cet apprentissage s'étale dans le temps de l'Histoire, inscrivant la diégèse en une discontinuité temporelle car elle relève du ressenti, de la perception. Il La notion du temps humain est abolie dans cet espace clos car il en réalise le rapprochement entre l'homme et le spirituel.

C'est ainsi que l'Ermitage inscrit dans un hors temps une double temporalité que figurent le dialogue à deux voix: Custine et Sokourov. L'enchâssement du récit filmique s'effectue à deux niveaux temporels, l'instant d'un passé révolu - le temps d'Adolphe de Custine - et la contempo-ranéité de l'instant narratif à laquelle la voix over.

Les digressions temporelles sont désormais autorisées démultipliant les analepses filmiques et créant ainsi une discontinuité spatio-temporelle: les contemporains, deux marins, un médecin et un artiste - personnalités reconnues - peuvent côtoyer un témoin de la Russie impériale, Custine, et un contemporain, Sokourov. La réalité s'ouvre au rêve, de Custine croise un « ange ».

Il convient de nous intéresser à la mise en scène des œuvres d'art. Leur découverte se réalise dans une approche feutrée, le travelling instaure une distance pudique donnant à voir et entendre l'atmosphère entourant l'œuvre artistique. Ce sont alors des plans d'ensemble ou demi ensemble qui progressent jusqu'en plan moyen saisissant le grandiose du lieu. Les toiles dominent les silhouettes des personnages, révélant une dimension aux hommes: le Sacré. L'immobilisation de la caméra constitue la métaphore du souffle de la voix over, toute en retenue et donne que plus de force à cette dimension.

A plusieurs reprises, la présence de Custine n'apparaît que plus insolente dans sa démarche, voire intrusive: il questionne, interpèle, s'approche des êtres qui traversent la mise en scène filmique. Ses déplacements convoquent la voix over à le suivre. Ne peut-on y voir une sorte d'extase naïve d'un

enfant du siècle [des lumières] côtoyant la sagesse du futur qu'incarne la voix over?

De Custine s'oppose à la retenue de cette voix et leurs échanges se teintent d'une certaine ironie. «Mais vos autorités ne font pas confiance aux artistes russes? » glisse sur un ton presque badin de Custine. Et aussitôt: « je dois reconnaître que ce sont d'excellents... »

Le dialogue entre ces deux hommes constitue parcours verbal, sorte de point d'orgue du parcours visuel, éclairant la progression de l'entendement de l'esprit vers l'indicible, l'âme. Ce parcours verbal revêt une symbolique spatiale en opposant, sinon confrontant une vision culturelle entre l'Europe et la Russie, entre une terre d'inspiration et une terre d'accueil de l'art européen. L'Ermitage s'impose dès lors comme le lieu de l'appropriation de l'Art et par conséquent d'une re-création. Ne devient-il pas le miroir de l'Europe présomptueuse de son rayonnement et qu'incarne le discours de Custine? « Vous avez copié? » traduit l'incapacité de Custine, et à travers lui, de l'Europe?, à saisir au delà des apparences14 cette ré-appropriation. « ils ont rêvé l'Italie » répond un peu plus loin la voix over. Custine est étranger à cet espace rêvé. On pourrait sans doute lire dans la mise en scène de ce personnage, cet étrangeté: Custine, silhouette filiforme, vêtue de noir contraste avec le décor comme une note noire; l'effet visuel ne vient-il pas rappeler la coexistence de digressions temporelles15?

Cet effet s'amplifie lors de la rencontre de la dame en noir, nommée ange par la voix over: se glissant sur la gauche de la toile, de Custine observe non l'œuvre, mais le personnage féminin. La curiosité intellectuelle de Custine nécessite une communication avec l'autre. Franchissant le seuil de l'intimité de son interlocutrice, donc un espace dans l'espace lieu, Custine établit des passerelles temporelles au sein même du récit filmique, non seulement il y a une rupture spatio-temporelle, mais une complicité émergee hors du temps ordinaire entre les œuvres et ses êtres spirituels; par ce choix Sokourov nous livre un message essentiel, l'art est lieu de rencontre a-temporel. La parole artistique relève d'une autre dimension et reste hermétique aux non initiés.

Le travelling met en place une métaphore du toucher ou plus exactement de l'effleurement: il glisse jusqu'aux plans serrés par des mouvements lents ou accélérés, exprimant tour à tour vertige de la connaissance ou pudeur face au Sublime. Ce rythme résultant d'un double mouvement la fantaisie des déplacements de Custine et d'un désir provenant du hors champ et que ressent la voix over. Dans ces mouvements, les sons off viennent se perdre dans cette palpation visuelle du détail: une main, un plan rapproche d'une vierge à l'enfant. La chaleur des couleurs des toiles flamandes envahit le regard, notre regard.

Le parcours artistique suggère que l'art nous élargit notre champ de vue ou du moins nous permettant de comprendre le sens de ce qui se produit, le devenir des hommes: « Comment voulez-vous savoir ce que deviendront les hommes si vous ne connaissez pas l'histoire sainte? » demande le diplomate français à un jeune contemplateur. Sokourov nous livre son message: le passé éclaire le présent. Et l'enchaînement des travelling plonge dans un tourbillon du déplacement le regard, provoquantt le vertige et l'interrogation « qui sont ces gens? Où vont-ils? ». Cette allégorie de la Connaissance s'illustre dans le donner à voir des perspectives en enfilade qui ouvrent l'espace-temps que constituent les salles du Musée: le regard peut s'élancer. On rencontre dans cette mis en scène, la mise en spectacle de l'Histoire.

Musée comme lieu mémoriel

En effet, le Musée se révèle dans ce parcours narratif comme un rendez-vous avec l'Histoire de la Russie. Un rendez-vous qui s'écoule comme la Néva évoquée par la voix over; la terre russe est abreuvée par de grands fleuve qui suivent leur cours et symbolisent la destinée de cette terre. Les références allégoriques dans le dialogue entre les deux hommes introduisent les indices nécessaires à la lecture des scènes historiques.

Dès l'ouverture, le « je ne vois rien » place le récit filmique dans le fil de la découverte visuelle mais se trouve un instant dans l'obscurité. La richesse sémantique de l'expression fonctionne comme une lever de rideau, ou plus précisément un préambule aux questionnements de la voix over. Doit-on y voir une figure de l'ignorance à l'égard du passé? Une angoisse personnelle du réalisateur craignant perdre la vue? « Je ne vois rien » peut exprimer une inquiétude quant à la compréhension du Monde et s'isncrit dans la même veine sémantique du « où allons-nous? » qui peut être interprété comme une interrogation sur le cours de notre destinée. « pourvu que ce ne soit pas une tragédie ». Interrogation qui trouvera des réponses dans le mouvement de la visite et la re-découverte du passé à travers les œuvres d'art. L'Art mémoire historique et source d'émotions.

La volonté de comprendre le tumulte de l'Histoire « qui s'est produit une catastrophe » ou « tout se déchaîne autour de moi » figure la métaphore extralucide de la voix over tandis que des personnages traversent le champ et semblent courir vers d'autres lieux. « tous ont fui » s'inscrit dans une perception pudique de l'histoire contemporaine de la Russie, la révolution d'octobre a chassé cette Russie impériale vers l'étranger.

Mettre des mots apparaît comme un exercice difficile, voir ne permet pas de comprendre, le jugement hâtif est toujours le risque latent. Le diplomate de Custine apporte une lecture partielle à ce qu'il regarde, car il n'est qu'un homme de son temps, ignorant de l'avenir qui s'est joué.

La voix over s'impose comme une voix de sagesse, consciente que le présent dispose d'un éclairage mais point d'une possibilité d'action « il est trop tard ces événements appartiennent au passé.

Le cadre est posé et le spectateur averti: il sera le témoin de ces instants cachés de l'Histoire. L'art met en spectacle l'Histoire au sens noble.

Cette idée d'une mise en spectacle de l'art se retrouve lors d'un travelling arrière qui fait apparaître le personnage de la Grande Catherine accoudée au balcon, regardant une scène. Le jeu de la mise en abîme se révèle comme une analepse ironique: la Grande Catherine spectatrice et devient elle-même un en-soi dans la digression temporelle16. Son évasion vers l'extérieur mise en scène par un travelling qui peut à peu ralentit et s'interrompt dans le flou d'une atmosphère glaciale, nous donne à voir sa disparition. « elle a disparu » constate avec force naïveté De Custine.

Dans l'émergence de l'Histoire, le rôle de Pierre le Grand est souligné par une émotion admirative « Notre Pierre le Grand »; l'identité à l'âme russe revêt ici toute sa force: « c'est grâce à lui que les gens savent se divertir en Russie. » L'Ermitage est le lieu de la re-connaissance: la mémoire ne s'efface pas, elle est éternelle et dépasse les époques.

Cet emblème de l'âme russe prend le visage de Pouchkine qui semble se quereller avec son épouse. Le travelling poursuit son mouvement tout en créant une émotion mémorielle. 11 en est le catalyseur tandis que la voix over lui donne corps. L'arche russe donne vit à l'Histoire elle en garantit la Mémroire.

Cette mémoire émotion atteint son paroxysmee lors de la mise en scène des excuses du diplomate d'Iran au Tsar Nocolas 1er. Le lent travelling latéral puis un mouvement de demi rotation de la caméra donne à sentir le regard de la voix over. Ce travelling la place au coeur même d'un instant de l'Histoire de la Grande Russie, la caméra glisse au milieu des personnalités de la cour crée une sorte d'osmose spirituelle dans une contemplation pudique et nostalgique. Il en émane une sorte de recueillement religieux, la voix chuchotée s'écoule au rythme du travelling pour laisser place aux voix de l'instant révolu: les excuses du diplomate au Tsar. La mémoire du diplomate se trouve parfois altérée car elle est humaine « Quand on vous a montré le Palais après le grand incendie ce devait être un désastre? Je ne sais pas si je suis venu » dit-il.

La transmission de la mémoire revêt une solennité particulière lors de l'évocation du conflit de la seconde guerre mondiale17: un million d emorts pour ne pas avoir livrer Peterbourg aux nazis suscite une émotion incrédule et quasi mercantile du diplomate : « C'est cher payé... »

Cette évocation des moments de l'Histoire russe s'installe dans un dialogue qui restreint l'espace filmique à une sorte de tête à tête entre le diplo-

mate et son interlocuteur situé hors champ: Custine devient un en-soi quasi exclusif de la caméra subjective et voix l'écoute semble exclusive, le travelling suit la progreession du diplomate très lentement en plan serrés et rapprochés. C'est le futur qui est révélé à cet homme d'un autre temps. Ce resserrement témoigne de la souffrance inscrite en creux de la Mémoire. L'espace de l'Ermitage en garde une trace dans un passé proche.

En effet, cette confidence résulte de la découverte d'une pièce froide plongée dans une lumière grise où les cadres vides de leur toiles symbolisent l'immobilité de la mort et de l'horreur symbolisée par le cercueil: Custine a ouvert des portes qu'il n'aurait pas dû ouvrir. Il ne s'agit plus d'une émotion mais d'une souffrance encore palpable: « la guerre avec l'Allemagne ... au milieu du 20 e siècle la Russie a fait la guerre, l'Allemagne a encerclé cette ville que nous n'avons pas livrée. » relate la voix over.

La métaphore de la mort s'est inscrite dans l'annonce de cet espace par l'allusion au marbre blanc et un travelling en plongé sur le matériau. « c'est froid » constate de Custine. La théâtralisation devient tragédie en l'espace d'un instant. Mais la vie de l'Esprit a été préservée, « sans doute le prix d'un millions de morts » concède Custine.

Le dialogue entre les deux hommes se poursuit au fil du déplacement de custine dans les couloirs de l'Ermitage et le parallèle entre l'histoire de la France donne à entendre la peinture de la révolution russe et de l'époque soviétique: « la Russie a eu sa Convention de quatre vingt ans ». La personnification de la terre donne une tonalité plus forte à cette évocation. La référence historique au passé français vient ici éclairer le discours adressé à un homme d'un temps bien révolu.

Le travelling met en scène l'espace mémoire et nous donne à voir son mouvement inéluctable. Cette théâtralisation du mouvement de l'histoire trouve une ampleur toute particulière dans la mise en scène du bal où la Russie impériale est filmée dans la descente d'un escalier de parade.

L'Allégorie d'une époque qui s'achève, d'un engloutissement de l'Histoire d'une époqu est en marche: le travelling arrière marque l'éloignement et conduit notre regard par l'enchaînement d'un mouvement latéral de la caméra vers la fenêtre sur la Néva. Cette allégorie du témoin silencieux et mouvement de l'Histoire: la voix over rompt le charme de l'espace clos: l'étranger a disparu. « quel dommage que vous ne soyez plus là. »

Le retour au premier niveau du récit filmique tourne le spectateur au temps à venir: « nous allons embarquer. »

L'Arche russe se regarde dans un seul et même mouvement comme l'écoute d'une envolée lyrique d'une symphonie. Sokourov a peint l'Ermitage dans ce qu'il avait de sacré: la conservation du passé donné à voir au temps présent.

Notes

1 Esprit critique et raffiné, Adolphe de Rustine voyagea à travers l'Europe, et rassembla ses impressions de voyage en plusieurs volumes, dont La Russie en 1839. Ce recueil rapporte des observations sur la société russe durant le règne de Nicolas 1er.

2 Tout Musée constitue un espace clos, institutionnel [...] « au service de la société et de son développement [...], qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l'humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. » Nous nous référons à la définition proposée par l'ICOM, The international Council of Muséums.

3 Pour ce faire, deux protagonistes vont introduire le spectateur et l'entraîner dans le dédale des salles de l'Hermitage: Aldophe de Custine et le réalisateur lui-même; bien que ce dernier ne soit pas explicitement identifié, plusieurs indices autobiographiques du discours permettent de soutenir cette thèse. Cette rencontre anachronique s'inscrit dans le possible de l'a-temporalité qu'est le Musée. Nous reviendrons un peu plus loin sur cette question du double.

4 Haut lieu de la connaissance sacrée, l'arche est par excellence le lieu de la préservation de ce qui est en dehors de l'ordinaire, ici l'Art.

5 Le Musée de l'Hermitage enferme des œuvres européennes tout en concentrant des traditions vivantes.

6 Ainsi la rencontre entre Adolphe de Custine et le réalisateur, visiteurs de deux époques différentes, peut avoir lieu dans un mouvement d'écho de leurs voix. L'Hermitage remplit une vocation atemporelle et universelle.

7 « Je les regarde parce qu'ils me plaisent » déclare Adolphe de Custine à Sokourov; la découverte du plaisir des yeux préfigure l'entendement du Beau. Il est visuellement ressenti.

8 Durée du film et de la diégèse correspondent grâce au plan séquence.

9 Si le réalisateur nous livre ses impressions, commente ce qu'il voit, son intervention se situe en dehors de l'espace filmique donnant une légitimité à la mise en abîme cinématographique ainsi créée. Nous parlerons de voix over autrement dit située hors du champ filmique mais insérée dans le récit filmique.

10 L'Arche russe évoluant entre documentaire et fiction dans la mesure où chaque rencontre constituant un anachronisme, appartient à la fiction, notamment la rencontre entre Sokourov et Adolphe de Custine.

11 Se demande la voix ofif.

12 La rencontre avec la dame en noir qui parle à la toile exprime cette idée du dialogue de l'œuvre d'art avec l'Esprit et l'âme. Une quête qui s'avère être un parcours initiatique. « Moi je peux communiquer? » questionne ébaubi Adolphe de Custine à son interlocutrice.

13 « Sentez-vous ce tableau ?» demande Sokourov à Custine. La position de conteur exacerbe ses sens.

14 Custine appartient à une temporalité socioculturelle, il y est enfermé et sa lecture s'arrête à ce qu'il croit voir.

15 Ne serait-il pas le produit du rêve de la voix over qui investit l'espace de l'Ermitage.

16 «Décidément la Russie ressemble à un théâtre » s'étonne le diplomate français. La théâtralisation de la vie, de l'Histoire et des hommes qui la font.

17 Ou guerre patriotique pour l'URSS.

Bibliographie

D. Bordwell & К Thompson, L'art du film, éditions de Boeck, Paris juin 2009.

Michel Chion, L'audio-vision, Armand Colin, avril 2005. Gérard Genette Figures III, éditions du Seuil, Paris 1972. Chapitre 5 p.225.

«РУССКИЙ КОВЧЕГ» А.СОКУРОВА: АЛЛЕГОРИЯ СТРАНСТВИЙ РУССКОЙ ДУШИ

Карин Жиордано

научный сотрудник Марсельского университета

13284, France, Marseille Cedex 07, bd Charles Livon, 58. corinne.giordano@wanadoo.fr

Каким образом Музей Эрмитаж, «закрытое» пространство, становится воплощением аллегорического пути России во времени и пространстве? «Русский ковчег» демонстрирует путь двух посетителей: Адольфа Кюстина и режиссера через пространство и время Эрмитажа. Фильм представляет собой ряд аллегорических сцен, которые показывают видных деятелей русской истории и культуры, живших в разное время. Но одновременно - это репрезентация Русской души. Нас интересует, как проходят встречи: рассказчика (нашего современника) с историей, Адольфа Кюстина, француза - с Россией. А также то, как «закрытое пространство» Эрмитажа «отменяет» временные границы, чтобы заполнить лакуны в душах посетителей музея.

Ключевые слова: Музей Эрмитаж, «Русский ковчег», аллегорическая репрезентация искусства, музей как мемориал, А.Сокуров.

A.SOKUROVS "RUSSIAN ARC": AN ALLEGORIC TRAVELLING OF RUSSIAN SOUL

Corinne Giordano

Researcher from Marceille University

13284, France, Marseille Cedex 07, bd Charles Livon, 58. corinne.giordano@wanadoo.fr

How the Herrmitage museum, being "closed space4", becomes an allegory of the way travweled by Russian soul? "Russain Arc" shows two visitors of the museum: Adolphe de Custine and the director (A.Sokurov) travelling across the Museum through time and space. The film consists of several scenes, breaking the time and space bourders and connceting different significant figures of Russian history and culture, at the same time the film is a representation of Russian Soul. We are interested in the meetings of the nerrator of our times with the Past, and of Adolfe de Custine with Russia. We are also interested in how the "closed space" of The Hermitage breaks the time borders and fill the blank spaces in the visitor's travelling.

Key-words: the Hermitage, "Russian Arc", Allegoric representation of Art, Museum as Memorial, A. Sokurov.

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MULTILINGUICISM AND LITERARY SOURCES IN MEDIEVAL INSCRIPTIONS ON OBJECTS

Léa Friis Alsinger

phD student (under the direction of Pr Christian Lagarde, CRILAUP,

from the University of Perpignan, France, and Pr Elisa Varela-Rodriguez, IRC)

Université de Perpignan Via Domitia

66100, France, Perpignan, 52 avenue Paul Alduy

Facultat de Lletres, Universität de Girona

17071, Espanyà, Girona, Plaça Sant Domènec, 3, Edifici Les Aligues. l.f.alsinger@gmail.com

The theme is multilingualism and literary sources in medieval inscriptions on objects from examples of a thesis study of inscriptions beared on objects from Girona museums, in northern Spain. Even if there's no many medieval objects with inscriptions (around 50) we can find 8 languages and of some inscriptions refer to literature, more or less famous references.

Key words: objects, museums, inscriptions, Girona, Bible, epigraphy, medieval.

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© Friis Alsinger L., 2012

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