LES WISIGOTHS EN GAULE DU NORD D'APRÈS LES DONNÉES DE L'ARCHÉOLOGIE: ÉTAT DES RECHERCHES
Michel Kazanski Anna Mastykova Patrick Périn
Мишель Казанский Анна Мастыкова Патрик Перен
Centre national
de la recherche scientifique
(CNRS)
Национальный центр научных исследований Франции (CNRS)
Institut d'Archéologie
de l'Académie des Sciences de Russie
Институт археологии РАН
Musée d'archéologie nationale (France)
Музей национальной археологии (Франция)
VISIGOTHS IN NORTHERN GAUL ACCORDING TO THE ARCHAEOLOGICAL MATERIALS: A STATE OF RESEARCH
Abstract. The study of burials of the early Merovingian era in such sites as Arcy-Sainte-Restitue, Chassemy, Breny, Saint-Martin-de-Fontenay, and Vicq shows that the new groups who settled in northern Gaul in the fifth and early sixth centuries can be identified primarily by female costume elements of heterogeneous origin. Despite their small numbers, these people certainly played an important military and social role, as evidenced by the burial of the nobility. A community inventory uncovered Alemanni, Thu-ringian, Lombard, Ostrogoth, Danube-German, Anglo-Saxon and Visigoth elements. Their appearance at the same time as the creation of the Merovingian kingdom is not surprising. Indeed, this fact has been well established in archaeological studies of other "barbarian" areas, in particular Burgundy, Ostrogothic Italy, and Kievan Rus'. In these regions nascent royal (princely) power relied on foreign military groups with no connection to the local population in order to ensure loyalty to the ruler. This article focuses on a case study of the Spanish Visigoths who settled in northern Gaul.
Keywords: burials, Visigoths, Merovingian kingdom, northern Gaul. Corresponding author: michel.kazanski53[at]gmail.com
Copyright: © 2015 Kazanski, Mastykova, Périn. This is an open-access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License, which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original authors and source, the Tractus Aevorum journal, are credited.
УДК 94(36):903
ВЕСТГОТЫ В СЕВЕРНОЙ ГАЛЛИИ ПО АРХЕОЛОГИЧЕСКИМ ДАННЫМ: СОСТОЯНИЕ ИССЛЕДОВАНИЙ
Аннотация.. Обзор погребений эпохи ранних Меровингов, например, Д'Арси-Сент-Реститю, Шассеми, Брени, Сен-Мартен--де-Фонтене и Вик показывает, что новые группы, поселившиеся в Северной Галлии с V в. по 1-ю треть VI в., можно идентифицировать, в первую очередь, по элементам женского костюма гетерогенного происхождения. Несмотря на свою малочисленность, они, несомненно, играли важную военную и социальную роль, о чем свидетельствуют погребения знати. Эти группы включали в себя аламаннские, тюрингские, ломбардские, остроготские, дунайско-германские, англосаксонские и вестготские элементы. Их появление совпадает по времени с рождением королевства Меровингов, что неудивительно. Действительно, подобная ситуация хорошо известна на основании археологических данных в других «варварских» ран-негосударственных образованиях - в Бургундии, остготской Италии, Киевской Руси, где зарождавшая королевская (княжеская) власть частично опиралась на милитаризированные группы инородного происхождения, не имевшие связей с местным населением, что обеспечивало их лояльность по отношению к правителю. Для исследования избран археологический материал, связанный с визиготами в Северной Галлии.
Ключевые слова: погребения, вестготы, королевство Меровингов, Северная Галлия.
L'examen des nécropoles du début de l'époque mérovingienne, comme celles d'Arcy-Sainte-Restitue, de Chassemy, de Breny, de Saint-Martin-de-Fontenay, et de Vicq,1 montre que, du Ve au 1er tiers du Vie siècle, des groupes de nouveaux venus d'origine hétérogène, identifiables
La première version de cet article a été pulié én langue allemande: Michel Kazanski, Anna Mastykova, Patrick Périn. 2008. "Die Archäologie der Westgoten in Nordgallien. Zum Stand der Forschung." In Zwischen Spätantike und Frühmittelalter (RGA-E Band 57), 149-192. Berlin - New York: Walter de Gruyter.
1 Vallet 1993; Kazanski 2002; Pilet 1994; Wimmers 1993.
avant tout par les éléments du costume féminin, se sont installés en Gaule du Nord. Bien que peu nombreux, ils ont sans aucun doute joué un rôle, militaire et social, comme en témoignent les tombes de « chefs ». Le mobilier de ces communautés comporte des éléments alamaniques, thurin-giens, lombards, ostrogothiques, germaniques danubiens, anglo-saxons et wisigothiques. Leur apparition, au moment même de la naissance du royaume mérovingien, n'a rien d'étonnant. En effet, il s'agit d'un phénomène archéologiquement bien connu dans d'autres royaumes « barbares », comme en Burgondie, en Italie ostrogothique et jusqu'à la Russie de Kiev, où le pouvoir royal naissant s'appuie en partie sur les groupes militaires d'origine étrangère n'ayant pas de liens avec la population locale, assurant ainsi leur fidélité au roi. Nous avons choisi d'aborder ici la question des populations venues d'Espagne wisigothique qui se sont implantées en Gaule du Nord.
Depuis les années 1990, l'attribution des éléments germaniques orientaux, découverts en Gaule du Nord, est vivement discutée. Si les chercheurs français ont avancé leurs origines clairement danubiennes,2 les archéologues allemands, sauf quelques uns,3 y ont vu avant tout la preuve de la présence wisigothique.4 La chronologie de ces objets est également controversée: selon V. Bierbrauer et ses élèves, le matériel en question est essentiellement datable après 480, c'est-à-dire après l'installation massive des Wisigoths en Espagne,5 tandis qu'en France, on attribue une partie de ces découvertes à l'époque antérieure, c'est-à-dire au troisième quart du Ve s. Il est difficile de trancher car le costume féminin hispano-wisigothique (les hommes ne se distinguant pas par des dépôts mobiliers significatifs), tel qu'il est perceptible dans les découvertes archéologiques, est lui-même originaire du Danube. Il correspond en fait à une réplique « populaire » du costume prestigieux danubien attesté en Europe centrale par les découvertes « princières » de l'horizon de Smolin (période D2 / D3 de la chronologie de l'Europe centrale, soit le deuxième tiers du Ve s.).6 Ce costume comporte notamment deux fibules en tôle d'argent portées aux épaules, so u-vent accompagnées d'une grande boucle de ceinture à plaque rectangulaire (notamment à Szabadbatyan, Maklar, Laa et probablement «Esztergom») (fig. 1). Cet ensemble n'est, semble-t-il, pas établi dans le royaume wisigothique de Gaule avant le dernier tiers du Ve s., dans lequel il a été introduit à la suite de l'arrivée de l'armée du prince ostrogothique Vidi-mer, directement venue du Danube après un bref séjour en Italie
2 Kazanski 1989, 1997; Kazanski, Périn 1997, 2006, 2008, 2009, Périn, Kazanski 2011; Kazanski, Mastykova, Périn 2008; Vallet 1993.
3 Sasse 1997; Von Rummel 2007; Brather 2007.
4 Koenig 1980; Bierbrauer 1997; Ebel-Zepezauer 2000, 114-116.
5 Bierbrauer 1997, 169-172; Ebel-Zepezauer 2000, 92-116.
6 Tejral 1973, 1988, 1997, 2011.
(472-474).7 Vidimer, qui appartenait à la famille charismatique des Amales, jouissait d'un prestige certain auprès des Wisigoths. Le même processus de diffusion du costume danubien se rencontre également dans la région pontique, en Europe orientale,8 où les sites des Goths Tetraxites du Caucase et des Goths du pays Dori, en Crimée, ont livré de nombreux exemples de l'adaptation « populaire » du costume «princier» prestigieux de l'Europe centrale.
En 1997, V. Bierbrauer a présenté un dossier très complet des découvertes germaniques orientales du début de l'époque mérovingienne en Gaule du Nord.9 Le corpus ayant peu évolué depuis, nous l'avons repris avec quelques ajouts, afin de vérifier le bien-fondé de l'attribution wisigoth-ique de ce matériel contenant plusieurs catégories d'objets: fibules en tôle d'argent, fibules aviformes, fibules digitées, ou en arbalète des types Dura-ton et Estagel, ainsi que de grandes plaques-boucles de fer ou de bronze à plaque rectangulaire et décor cloisonné ou à pierres en bâtes. Toutes ces catégories d'objets offrent des parallèles hors de l'aire proprement wis-igothique et sont attestées ailleurs dans le monde germanique oriental, notamment sur le Danube, dans les Balkans, en Italie, en Crimée et jusque dans le Caucase du Nord. Aussi considérons-nous comme nécessaire, afin de prouver leur attribution aux Wisigoths, de rechercher précisément des parallèles convaincants en Espagne, en Septimanie et en Aquitaine, tout en démontrant leur absence dans d'autres régions peuplées de Germains orientaux, et avant tout dans la zone danubienne.
Le léger décalage chronologique des objets de même type, découverts sur le Danube et en Gaule du Nord, n'est pas important car l'époque prise étudiée est très courte, de l'ordre de 50 à 80 ans (du milieu du Ve au premier tiers du Vie s.), ce qui correspond approximativement à deux ou trois générations. Les individus enterrés vers 500-530 étaient donc majoritairement nés dans les années 450-490. Il semble qu'ils aient fait partie de groupes isolés, au sein du milieu gallo-romain et germanique occidental qui leur était étranger, même si leurs tombes sont parfaitement intégrées dans les cimetières. C'est pourquoi il est possible que leur mobilier funéraire ait conservé certains traits archaïques, disparus dans leur pays d'origine, comme on peut le constater aujourd'hui chez des communautés immigrées depuis longtemps, tels les Russes dits « blancs », les Grecs pon-tiques ou encore les Allemands de la Volga. Ainsi, il est normal que des traits culturels disparus dans la région danubienne vers 480 aient pu survivre en Gaule jusque vers 500, voire 530, car leurs détenteurs ont pu être rejoints par des parents venus directement du Danube durant le deuxième tiers du Ve s. La coutume de la déformation crânienne artificielle est en ce
7 Périn 1993.
8 Kazanski 1993, 1996.
9 Bierbrauer 1997.
sens très significative. Aussi bien en Gaule, qu'en Europe centrale et orientale, les personnes ayant subi dans leur enfance cette tradition d'origine alano-sarmate,10 sont mortes à l'époque post-hunnique comme en témoigne leur mobilier funéraire. Il est néanmoins clair que le point culminant de cette mode correspond à l'époque de naissance de ces inhumés, c'est-à-dire à l'apogée de l' « Empire hunnique », quand les coutumes steppiques jouissaient d'un prestige évident parmi les Barbares.11 Il nous semble donc qu'il faille prendre en compte un même décalage possible pour les modes vestimentaires en vigueur chez les groupes barbares venus de l'Est et isolés dans le milieu occidental.
Fibules en tôle métallique
Les grandes fibules en tôle d'argent, à tête vaguement semi-circulaire et à pied losangique ou languiforme (fig. 2-9), représentent un exemple typique des traits culturels d'origine germanique orientale en Gaule du Nord au début de l'époque mérovingienne.12 Il faut rechercher leurs prototypes dans des parures «princières» de l'époque hunnique (plus précisément de la période D2 -380/400-440/45013), présentes dans des tombes et trésors, comme à Kacin (Качин) en Ukraine occidentale, Kertch/Bosporos et Phanagoria sur le détroit de Kertch ou Sinjavka (Синявка) près de l'embouchure du Don.14 C'est à partir de ces modèles qu'apparaissent, dans la région danubienne durant le deuxième tiers du Ve s. (horizon Smolin ou la période D2/D3, 430/44-470/480), les grandes fibules germaniques orientales des types Smolin (avec les appliques en palmettes, par ex. fig. 2:1,4), Kosino (avec des appliques triangulaires) ou Bakodpuszta (avec des appliques semi-circulaires, comme par ex. fig. 3:1,2).15 Ces fibules sont caractérisées par leur pied losangique, élargi dans la partie médiane ou supérieure, et par leur fabrication à partir d'une feuille épaisse d'argent.
La plupart de ces fibules de forme ancienne, à pied losangique, proviennent du Danube moyen, quelques-unes étant attestées sur un large territoire, de l'Espagne à la Russie centrale en passant par le Caucase du Nord.16 Un seul exemplaire de cette forme ancienne, à pied losangique, a
10 Kazanski 1980.
11 Werner 1956; Anke 1998
12 Bierbrauer 1997, 167, 168; Kazanski, Périn 1997, 205-209; Koch 1998, 413-449; Pinar Gil 2010.
13 A propos de la chronologie du Barbaricum à l'époque des Grandes Migrations voir: Tejral 1988, 1997, 2007, 2011.
14 Tejral 1973, fig. 1:8,9; fig. 2:1, Tejral 2011, fig. 126:1,2 ; fig. 254:13.
15 Tejral 1988, fig. 31:13,14; 32:1,2,12,13; 33; 37 etc.
16 Kazanski, Périn 1997, fig. 8.
été découvert en Gaule du Nord, à Arcy-Sainte-Restitue (fig. 2:2 ; 5:2 ; 8:1).17 Elle conserve la forme losangique du pied, typique de l'horizon Smolin, mais sa technique de fabrication est différente : la feuille d'argent, plus mince, est rapportée sur une base métallique. Cette technique, que l'on retrouve sur les fibules « princières » du style polychrome du type Untersiebenbrunn de l'époque hunnique, est principalement appliquée aux fibules en Gaule du Nord.
En Gaule de l'Est, les fibules les plus anciennes en tôle d'argent, des types Smolin et de Kosino, ont été trouvées à Strasbourg (fig. 2:3), dans la vallée de la Saône (fig. 2:4) et, récemment publiées, à Baudremont.18 Une paire provient de Lezoux, en Gaule du Sud (fig. 2:1)19 et un exemplaire est originaire de l'Espagne du Sud-Ouest.20 Enfin, une autre paire, issue de la tombe 79 de Duraton, ainsi que peut-être les fibules de Castiltierra et «d'Espagne»,21 occupent une position intermédiaire entre les fibules de l'horizon Smolin et celles de l'époque postérieure.
On peut supposer que les fibules les plus anciennes découvertes en Gaule, celles à pied losangique (Saône, Strasbourg, Lezoux, Arcy-Sainte-Restitue), sont soit directement importées du Danube, soit fabriquées sur place d'après les prototypes danubiens. Leur attribution à l'époque postérieure à 48022 ne repose sur aucun argument. Il est impossible de leur appliquer la chronologie espagnole puisque les fibules à pied losangique sont quasi-absentes des grandes nécropoles espagnoles du type Duraton (voir surpa). En revanche, elles sont bien attestées sur le Danube avant 480.
La mode des fibules en tôle d'argent disparaît sur le Danube vers 480. La découverte la plus tardive est le trésor de Radostowo, à l'embouchure de la Vistule, en Pologne, dans lequel se trouvaient des monnaies de 475-477 et un fragment de la fibule du type Kosino.23 Cette mode cède la place à celle des fibules digitées. En revanche, et tant qu'on puisse juger d'après la chronologie mérovingienne, les formes tardives des fibules en tôle d'argent apparaissent en grand nombre en Gaule du Nord (par ex. fig. 4:2,5-7; 5:1,3). En même temps elles sont bien attestées en Espagne, plus rarement en Gaule de l'Est (Beire-le-Châtel) (fig. 4:1) et en Rhénanie (Rödingen, Cologne-Mungersdorf).24 En Gaule du Sud pour cette époque, on connaît surtout de rares répliques de petite taille (Herpes, Pech, Séviac).25 Les fouilles récentes y ont révélé enfin les grandes fibules
17 Vallet 1993, fig. 9:1; Bierbrauer 1997, pl. 2:3.
18 Kazanski, Perm 1997, fig. 2:1-3; Kasprzyk 2011, fig. 3:1,2.
19 Vertet, Duterne 1999, fig. 7 et 8.
20 Koenig 1980, pl. 61.
21 I Goti 1994, fig. IV18.d ; Koenig 1980, pl. 64:a,b; 65:b.
22 Bierbrauer 1997, 170.
23 Werner 1959, 427.
24 Kazanski, Perin 1997, fig. 9.
25 Par ex. Kazanski, Perin 1997, fig. 2:11,12.
en tôle métallique26. Les fibules en tôle métallique continuent d'exister également dans la région pontique, en Crimée et dans la partie côtière du Caucase du Nord.27 Dorénavant, le pied est languiforme, élargi près de l'anse. En Gaule du Nord, les fibules possèdent souvent une mince feuille d'argent, reportée sur la base métallique.
La question principale est de savoir si les fibules à pied languiforme, découvertes en Gaule du Nord, ont véritablement été importées de l'Espagne wisigothique. Leur forme est à peu près identique, si l'on ne tient pas compte du fait que les fibules espagnoles ont souvent l'extrémité du pied angulaire (par ex. fig. 6:2), tandis que celle des fibules gauloises est arrondie. Il faut donc analyser les détails décoratifs pour confirmer, ou infirmer, leur parenté présumée. Deux éléments peuvent distinguer les fibules gauloises de celles d'Espagne :
1. Les doigts latéraux en forme de têtes zoomorphes stylisées se re n-contrent seulement en Gaule, sur les fibules de la tombe 756 de Vicq (fig. 3:1,2) ou sur celles de Lezoux (fig. 2:1). Les protubérances latérales sur les fibules gauloises d'Envermeu (fig. 4:6), de Breny (fig. 5:1), de Marchélepot (fig. 2:6), de Chassemy (fig. 4:2) ou de Nouvion-en-Pontieu (fig. 9:11,12),28 sont manifestement dérivées de têtes zoomorphes. Des dérivées de ces têtes, sur les exemplaires espagnoles, sont attestées, à notre connaissance, une seule fois, sur la paire des fibules provenant de la tombe 63 de Tinto Juan de la Cruz, dans la région de Madrid (fig. 4:3).29
Ces décors zoomorphes proviennent de prototypes danubiens : fibules de Szabadbattyân 1924, de Bakodpuszta, de Balsa, de Ménfocsanak, Marcianople.30 Ils trouvent leur origine dans les parures de l'époque hun-nique, connues à Kertch, tombe 165/4.1904, en Crimée, et à Kruglica (KpyrA^a), en Russie centrale.31
Sur les fibules espagnoles, les doigts bilatéraux figurent des boutons vaguement sphériques (fig. 6:2 ; 7:1).32 Cette caractéristique est également présente en Gaule de l'Est, à Strasbourg (fig. 2:3), et en Gaule du Nord, sur l'une des fibules de la tombe 359 de Saint-Martin-de-Fontenay (fig. 2:5 ; 8:8)33 et de fibules de Marchélepot (fig. 4:6) ainsi que sur une fibule, encore inédite, de Houdan (Musée de Dreux). Les boutons sphériques sont
26 Cazes 2013.
27 Ambroz 1966, 87-91, 73-75; Dmitriev 1982; Bierbrauer 2008, pl. 27, 29.
28 Servat 1979, fig. sur la p. 42; I Goti 1994, fig. IV:41; Bierbrauer 1997, pl. 1:1,2; Kazanski, Perm 1997, fig. 2:6,10; 7:11,12; Bierbrauer 1997, pl. 2:1,5; 4:11; Lorren 2001, pl. 1:5; Kazanski 2002, pl. 117; Piton 1985, pl. 132:12,13.
29 Barroso et alii 2002, pl. 125.
30 Kiss 1980, pl. 2:5; Kiss 1982, fig. 7:3; Ciurescu 1927, fig. 3; Germanen 1987, IV,2; Har-alambieva 2004, fig. 1:2.
31 Zaseckaja 1993, pl. 53:284; Zaseckaja 1982, fig. 7.
32 Voir par ex. I Goti 1994, fig. IV:20; IV:21; Bierbrauer 1997, pl. 5:2; 6:1; 12:3; 14:2; 16:4.
33 Pilet 1994, pl. 52.
visibles dans la région du Danube moyen sur les fibules en tôle d'argent comme à Szabadbattyân 1909, Kiskorös, Levice, Tiszalök, Laa, Ilok, Székely.34
2. Certaines fibules gauloises portent, à leur sommet, des appliques en forme de deux têtes aviformes opposées. On les retrouve sur les pièces de la tombe 37 ou 53 de Chassemy (fig. 4:7), de Mouy (inédite), de la tombe 756 de Vicq (fig. 3:1,2), de la tombe 359 de Saint-Martin-de-Fontenay (fig. 2:5), de Marchélepot (fig. 2:6), de Breny (fig. 5:1).35 Au troisième quart du Ve s., ces appliques sont présentes sur la fibule d'Arcy-Sainte-Restitue (fig. 2:2 ; 5:2).36 En Rhénanie les appliques aviformes se rencontrent sur les fibules de Rödingen.37 En Gaule, au sud de la Loire, des appliques comparables zoomorphes ornent la paire des fibules de Lezoux (fig. 2:1), appartenant à l'époque antérieure.38 Les parallèles danubiens du deuxième tiers du Ve s. - Tiszalök, Kosino, Balsa, Kolut39 - indiquent clairement l'origine de ce type d'éléments. Il est essentiel de souligner, qu'en Espagne wisigothique, ces appliques sont, à notre connaissance, totalement absentes. On observe, en revanche, sur les fibules hispaniques, leurs dérivées tardives sur lesquelles les têtes aviformes ont disparu (fig. 4:3,4,8 ; 6:1,2 ; 7:1,2 ).40 D'autres sont également connues en Gaule, notamment à Chassemy (fig. 4:2,7) et Houdan,41 et on peut encore y deviner les têtes d'oiseaux, mais elles se distinguent nettement de celles hispaniques. Ainsi, les fibules de la Gaule du Nord, portant des appliques à têtes aviformes, sont typologiquement antérieures à celles d'Espagne, ce qui interdit l'origine hispano-wisigothique des fibules gauloises étudiées.
Ces décors, fabriqués dans différents ateliers, ont, à notre avis, les mêmes racines danubiennes. De plus, on peut observer sur les fibules gauloises des traits plus archaïques, tels que les décors zoomorphes et avi-formes, que l'on retrouvera sur les fibules espagnoles en tant que dérivées tardives.
Cette différence a été bien remarquée par V. Bierbrauer, qui en a tiré,
34 Kiss 1980, pl. 1; Kiss 1983, fig. 10:1; Tejral 1988, fig. 31:13,14, 38:3, 46:1,2; Germanen 1987, V,10, V,6.a.
35 Kazanski, Périn 1997, fig. 2:8,9; 2:7,8; 6:1,2; Bierbrauer 1997, pl. 1:1,2; 2:1,4; pour Breny voir la photo : Kazanski 2002, pl. 117 et notre fig. 5:1.
36 Bierbrauer 1997, pl. 2:3; Kazanski, Périn 1997, fig. 4:1.
37 Bierbrauer 1997, pl. 16:2; Kazanski, Périn 1997, fig.:4.1
38 Kazanski, Périn 1997, fig. 3:4,5.
39 Kovrig 1951, pl. 44; Tejral 1988, fig. 38:1,3; Giurescu 1937, fig. 3; Tejral 1988, fig. 33:2.
40 Duraton, tombes 166, 190, 516, 525, 553, Aldeanneva de San Bartolome, Termes, El Carpio de Tajo, tombe 96, Tinto Juan de la Cruz, tombe 63, Villel de Mesa: Bierbrauer 1997, pl. 5:1,2; 6.1-4; Molinero Pérez 1948, pl. 15: sep. 190; pl. 31: sep 166; Molinero Pérez 1971, pl. 46: sep. 516, sep. 525, pl. 50: sep.553; pl. 65: sep. 12; I Goti 1994, fig. IV:3; Zeiss 1934, pl. 1:5,8; Ripoll López 1985, fig. 16: sep. 96.4; Barroso et alii 2002, pl. 125; Martin Rocha, Elorrieta Lacy 1947, fig. 1.
41 Kazanski, Périn 1997, fig. 2:7.
malgré tout, une conclusion inattendue : «On ne peut pourtant mettre en doute l'appartenance à un même ensemble des fibules du royaume franc et d'Espagne»,42 ce qui indique, pour lui, l'origine espagnole des fibules gauloises cependant typologiquement plus anciennes que celles d'Espagne.
La datation des fibules à pied languiforme est comprise, entre 470/480 et 520/530, à en juger d'après les tombes de Maule 274, de Nouvion 140 et de Breny 167. En effet, elles renferment des objets typiques de la période mérovingienne ancienne 1, comme les fibules aviformes et celles en S. Ainsi, les fibules aviformes de Maule ont des parallèles dans la tombe 304 de la nécropole burgonde de Beaune43 datée, d'après la boucle de ceinture du type mérovingienne 109,44 essentiellement de l'époque proto-mérovingienne et de l'époque mérovingienne ancienne 1. La tombe 140 de Nouvion a livré une paire de fibules en S (fig. 9:3,15) du type mérovingien 225, également typique de l'époque proto-mérovingienne et de l'époque mérovingienne ancienne 1.45 Enfin, la tombe 167 de Breny contenait un gobelet en verre du type mérovingien 443,46 datable lui aussi de la même époque.
Les fibules à pied languiforme ne peuvent pas être importées du Danube, car en Europe centrale cette mode disparaît autour de 470-480 (voir supra). Elles ne peuvent pas venir d'Espagne non plus, car elles sont parfois typologiquement antérieures à celles hispano-wisigthiques. On pense à une fabrication locale, dérivée des anciennes traditions danubiennes, destinée à une clientèle assez spécialisée, à dominante germanique orientale. Ce pourrait être les descendants des familles des soldats de Rome (le crâne déformé, selon la coutume orientale de la défunte de la tombe 359 de Saint-Martin-de-Fontenay en est un témoignage),47 ou les Wisigoths espagnols ou aquitains, installés en Gaule du Nord.
On connaît en Gaule du Nord d'autres preuves d'une telle production. Nous pensons avant tout aux fibules du type Bretzenheim (fig. 10:2) et de leurs dérivées, attestées presque uniquement en Gaule du Nord et en Rhénanie (Mayence-Bretzenheim, Kärlich, Bassenheim, Marchélepot, Flamincourt, Champs-de-Château-aux-Salines, Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 300, Lavoye, tombe 182, Arcy-Sainte-Restitue, tombe 2278, avec une seule exception au Sud de la Loire, à Herpes),48 mais dont la forme est caractéristique des Germains orientaux.49 Nous allons voir que cette inter-
42 Bierbrauer 1997, 168.
43 Kazanski, Périn 1997, fig. 5:2, à comparer Gaillard de Sémainville et alii 1995, fig. 10:304.
44 Legoux, Périn, Vallet 2009, n° 109.
45 Piton 1985, pl. 134:34,35; Kazanski, Périn 1997, fig. 7:3,15, à comparer avec Legoux, Pé-rin, Vallet 2009, n° 225.
46 Kazanski 2002, pl. 2:167.7, à comparer avec Legoux, Périn, Vallet 2009, n° 443.
47 Pilet 1994, 101, 102.
48 Kazanski, Périn 1997, fig. 11; 12.
49 Vallet 1993, 118.
prétation peut également être proposée pour certaines plaques-boucles. Ainsi, nous ne considérons pas ces fibules, ni les autres objets étudiés, comme les preuves de contacts directs entre le Danube et la Gaule, mais plutôt comme les témoignages de la survivance des traditions danubiennes de l'époque postérieure, véhiculées soit par l'armée romaine barbarisée, soit par les Wisigoths aquitains. En effet, les fibules de Lezoux confirment l'existence de telles fibules au Sud de la Loire.
Fibules digitées
Une petite série de fibules digitées, dites wisigothiques, a été étudiée par A. Koch (1998, 553, 554). Il s'agit essentiellement de celles du type Koch III.3.6.3.2 et III.3.6.3 (fig. 11:1-3), attestées à Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1727, Creil et Envermeu.50 Ces fibules ont des parallèles en Septi-manie (Estagel)51 et en Aquitaine (Larroque-Castayrols, Monteils, Saint-Affrique, Toulouse).52 Elles sont plus rares en Espagne.53 Leur datation n'est pas facile à établir d'après le contexte mérovingien. Si les informations sur la découverte d'Envermeu sont exactes,54 la fibule de la tombe de 1850 a été mise au jour avec un bracelet du type mérovingien 337, des pinces à épiler du type 320, une épingle apparentée au type 314, les rivets du type 195 et une boucle de ceinture du type 110;55 la chronologie de ces objets se recoupe dans la période mérovingienne ancienne 1.
Une autre fibule digitée, originaire de l'aire wisigothique, a été mise au jour à Joches (fig. 11:4).56 Elle appartient au type Kühn III.3.6.3.4. Son parallèle le plus proche se trouve dans la tombe de Routier,57 et en Septi-manie.58
Fibules aviformes
Les fibules aviformes, représentant des aigles, sont également peu nombreuses en Gaule (fig. 11:6,7). On ne peut citer que deux découvertes en Lorraine, celle provenant de la tombe 859 de Cutry et un exemplaire isolé venant de Ville-sur-Cousance (Meuse).59 Ces fibules sont bien
50 Koch 1998, 618, pl. 35:4; Flavigny 1975, n° 632; Lorren 2001, pl. 2:3.
51 Lantier 1943, fig. 3:T.8; Landes 1988 , n° 17; I Goti 1994, fig. IV:42.
52 Cubaynes, Lasserre 1966, pl. 98; Lapart, Neveu 1986, pl. 1; Cartyhailhac 1902, pl. 3:1,2; Barriere-Flavy 1892, pl. 3:2.
53 Par ex. I Goti 1994, fig. IV:27.
54 Flavigny 1975, 153, 154.
55 Selon Legoux, Perin, Vallet 2009.
56 Koch 1998, pl. 36:1.
57 Toulze 1983, fig. 2:1.
58 Koch 1998, 240.
59 Legoux 2005, pl. 23:859; Bierbrauer 1997, pl. 9:1,5,6; Werner 1961, pl. 50:D.
représentées dans les antiquités hispano-wisigothiques (fig. 11:5,8)60 et sont absentes en Septimanie wisigothique. En revanche, elles sont connues en Aquitaine dans la tombe de Castelsagrat (fig. 12).61 Les fibules avi-formes sont aussi représentées dans les antiquités germaniques orientales en Italie pour la deuxième moitié du Ve - premier tiers du Vie s. (Do-magnano, Milan, Rome).62 Cependant, le nombre élevé de ces fibules en Espagne et leur présence en Aquitaine, laisse supposer plutôt l'origine wisigothique pour les découvertes provenant de la Gaule du Nord. Leur fourchette chronologique pour l'Espagne est 480/490-525.63 Mais la date de leur apparition est établie de façon artificielle puisqu'elle correspond, en fait, à la date de l'établissement des Goths dans la péninsule ibérique. Si l'on prend en compte d'une part, la découverte à Castelsagrat en Aquitaine, qui peut donc être antérieure à l'installation des Goths en Espagne, et d'autre part l'existence d'un costume germanique oriental avec ces fibules, déjà dans la deuxième moitié du Ve s. (le trésor de Domagnano),64 il est logique de supposer que les fibules wisigothiques en aigle peuvent avoir une date plus large, qui englobe toute la deuxième moitié du Ve s. et du premier tiers du Vie s.
Fibules en arbalète
Les fibules en arbalète, à long pied et à porte-ardillon assez court, sont attestées en Gaule du Nord par plusieurs découvertes (fig. 10:1 ; 13:1,2,4,5,11,12) : St.Pierre du Vauvray, Nouvion-en-Pontihieu, tombe 303, Frénouville, tombe 529, Mondeville, Armentières, Grand Vely, Nouvion-en-Ponthieu, tombe 303, Vicq, tombe 1923, Maule, tombe 13, Grigny, tombe 19.65 M. Schulze-Dorrlamm les attribue aux types wisigoth-iques Duraton et Estagel.66 Leur différence réside en la présence d'un bouton à l'extrémité du pied sur les fibules du type Estagel.
En réalité, c'est seulement le type Estagel (fig. 10:1 ; 13:1,2,4,5), à bouton, qui peut être considéré comme venant de l'espace wisigothique. Il s'agit des fibules godronnées (Frenouville, tombe 529, Mondeville, Grigny, tombe 19, Maule, tombe 13) et non godronnées (Grand Vely et une des fibules de Nouvion, tombe 303) qui se rencontrent aussi en Espagne et en
60 Par ex. Bierbrauer 1997, pl. 9:3,4,7; Zeiss 1934, nombreux exemples; Werner 1961, pl. 40; I Goti 1994, fig. IV:29.
61 I Goti 1994, fig. IV:45.
62 Bierbrauer 1975, pl. 18:1; 19:2; 26:1; 36:2,3.
63 Ripoll 1988.
64 A propos de sa date voir : Kazanski, Mastykova, Perin 2002, 160.
65 Schulze-Dörrlamm 1986, Fundliste 16 et 17; Bierbrauer 1997, pl. 7:1,2; 8:1-5; Lorren 2001, pl. 1:2,3; Pilet 1980, pl. 141:526.1; Piton 1985, pl. 131:4,5; Wimmers 1993, fig. 23:3; Sirat 1978, pl. 16:1; Berthelier 1994, 80.
66 Schulze-Dörrlamm 1986, 643-650.
Gaule méridionale (fig. 13:7-9).67 Leurs prototypes directs se retrouvent, eux aussi, en Aquitaine et en Languedoc.68 La datation des fibules d'Estagel, proposée par M. Schulze-Dörrlamm, correspond à la fourchette chronologique comprise entre le dernier quart du Ve siècle et le premier quart du VIe s. En Gaule du Nord, la tombe 19 de Grigny contenait, quant à elle, deux fibules aviformes du type mérovingien 239 (fig. 10:1), typique de la période mérovingienne ancienne, ce qui confirme en gros la datation donnée par M. Schulze-Dörrlamm.
Un doute, quant à l'origine wisigothique de ces fibules, n'est pas totalement dissipé, car certaines très semblables, à bouton à extrémité, sont attestées en Europe centrale, où elles sont attribuées par M. SchulzeDörrlamm au type Miltenberg.69 C'est notamment l'une des fibules de Weingarten.70 D'autre part, l'une d'elles, provenant d'Armentières,71 se rapproche plutôt des fibules d'Europe centrale du type Schönwarling72 d'après le décor godronné sur le pied, et ne doit donc pas être intégrée aux fibules wisigothiques.
En revanche, il est très difficile des donner des parallèles « wisigothiques » des fibules du type Duraton (fig. 13:11,12), godronnées (Saint -Pierre-de-Vauvray, Vicq, tombe 1924) et non godronnés (une des fibules de la tombe 303 de Nouvion), découvertes en Gaule du Nord. Les fibules espagnoles,73 y compris les pièces de Duraton, ont une morphologie différente (fig. 13:3,6,10,13). Leur pied n'est pas pointu vers l'extrémité, mais souvent élargi, elle porte un décor gravé sur le pied, voire un pied élargi vers l'extrémité. La fibule allemande provenant de Güstow,74 appartient, d'après son décor, plutôt au type Schönwarling.
Le type Duraton semble totalement artificiel et réunit arbitrairement des fibules de différentes formes. Certaines fibules d'Europe centrale (Weingarten, Alzey, Seefeld),75 rattachées par M. Schulze-Dörrlamm aux types Miltenberg et Schönwarling, sont très similaires à celles dites de D u-raton découvertes en Gaule du Nord. Il nous semble que c'est plutôt la répartition géographique qui a incité M. Schulze-Dörrlamm à attribuer telle ou telle fibule en arbalète à long pied et à porte-ardillon courte à des types différents.
67 Voir par ex. Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 66:1,2,4,6,9,11-13; Bierbrauer 1997, pl. 8:6-8.
68 Kazanski 1994, 163-165; Kazanski 1999, 17.
69 Schulze-Dörrlamm 1986, 609-612.
70 Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 17:5,6.
71 Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 66:14.
72 A comparer: Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 72:1,2.
73 Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 61:6-8, 10,12,13,15-18; Bierbrauer 1997, pl. 7:3-7.
74 Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 61:14.
75 Schulze-Dörrlamm 1986, fig. 17:5,6,8; 72:3.
Grandes plaques-boucles à plaque rectangulaire
M. Martin a affecté ces grandes plaques-boucles au costume féminin romain,76 ce qui nous paraît peu probable, car leur diffusion, à l'exception de la Gaule du Nord, correspond aux zones d'installations importantes des Germains orientaux durant la deuxième moitié du Ve siècle et au Vie s. : Espagne, Italie septentrionale, Gaule méridionale, Danube moyen, Balkans occidentaux, Crimée. En revanche, elles sont quasi-absentes, à quelques exceptions près,77 en Italie du Sud, Afrique du Nord, Grèce et Asie mineure, ainsi que dans les provinces romaines du Proche et du Moyen-Orient et de l'Égypte où la population grecque, romaine ou romanisée était dominante et où les Germains orientaux étaient très minoritaires. On ne peut pas cependant nier que la fabrication d'une partie d'entre elles relève des traditions de l'orfèvrerie romaine, car elles portent parfois le décor ty pique des ateliers méditerranéens (par ex. Desana, Plaissan).78
En Gaule du Nord, où le nombre des découvertes de ces plaques-boucles augmente régulièrement, les Germains orientaux étaient évidemment peu nombreux. Cependant nous avons des preuves de leur influence sur la culture matérielle locale : les fibules du type Bretzenheim, déjà citées, ayant une forme typique de celles des Germains orientaux, sont attestées uniquement en Gaule du Nord et représentent donc une production locale, mais influencée par des modes germaniques orientales (voir supra). il convient donc d'examiner soigneusement ces plaques-boucles. Plusieurs types peuvent être distingués en Gaule du Nord. Évoquons en premier lieu ceux qui ont des parallèles directs en Espagne et en Gaule, au sud de la Loire.
Ce sont tout d'abord des plaques-boucles cloisonnées : du type Ripoll A (fig. 3:5),79 rencontrées à Vicq, tombe 756 et à Saint-Denis (fig. 14:6),80 du type Ripoll Q, découvertes à Saint-Marin de Fontenay, tombe 741, Baron, tombe 69 (inédite), Flamicourt (fig. 14:1,7);81 celles proches du type Ripoll O, dont une provenant de Rouen ; celles apparentées au type Ripoll N, mises au jour à Versigny et Houdan (fig. 14:4,5).82 Évoquons enfin des plaques-boucles, assez difficiles à classer dans la typologie espagnole, comme Grigny, tombe 19 (fig. 10:1) et Cutry, tombe 85983 qui ont né-
76 Martin 1991.
77 Martin 1991, fig. 4.
78 Martin 1991, fig. 31; 33:1.
79 voir la typologie : Ripoll 1988, fig. 2; Ripoll 1991, pl. 2.
80 Bierbrauer 1997, pl. 1:3; 12.1; I Goti 1994, fig. IV:41.
81 Bierbrauer 1997, pl. 14.1; Pilet 1994, pl. 93.3; Eck 1895, pl. 16.
82 Picardie 1986, n° 186, flg. 225; Bierbrauer 1997, pl. 13:1,2; Zeiss 1941, flg. 30.
83 Berthelier 1994, 80; Bierbrauer 1997, pl. 9:2; Legoux 2005, pl. 23:859.
anmoins des parallèles en Espagne.84 Au même moment, les plaques-boucles à décor cloisonné du type wisigothique à décor cloisonné apparaissent en Gaule de l'Est, dans la zone burgonde. Ainsi la plaque du type Ripoll B est découverte à Beaune, tombe 324 (fig. 14:10)85 et celle du type Ripoll P à Vaux-Donjon.86 Elles appartiennent, en Gaule du Nord, à la période mérovingienne ancienne 1 (470/480-520/530) comme le prouvent les tombes de Grigny 19, de Cutry 859, de Saint-Martin-de-Fontenay 741 et de Vicq 756.
Il est cependant dangereux d'attribuer ces objets uniquement aux Wisigoths espagnols et par conséquent de les dater d'après 480-490, selon la chronologie proposée pour la péninsule ibérique. En effet, des plaques-boucles très proches sont attestées en Gaule au Sud de la Loire, à Ar-dan/Niort, Nérac, Brens, Estagel, Leuc, Marseillan, Bessan, Guzargues, Lunel-Viel, Nîmes, Plaissan (fig. 14:8), Pouget/Tressan (fig. 14:3) etc.87 Ces spécimens permettent, d'une part de maintenir la datation avancée pour les découvertes en Gaule du Nord et d'autre part, d'envisager leur provenance de la Gaule du Sud. Par exemple, à Lunel-Viel, dans la tombe 84, une telle plaque-boucle était accompagnée d'une fibule dite « thurin-gienne »,88 datée de la deuxième moitié du Ve s. (type 256, selon la chronologie mérovingienne), ce qui confirme les datations un peu plus anciennes, proposées pour la Gaule du Nord.
La même observation s'impose pour les plaques-boucles à décor estampillé, des types Ripoll G, découvertes à Concevreux et Mouy (fig. 17:6)89 et celle du type Ripoll H, mise au jour dans la tombe 529 de Frénouville (fig. 17:5).90 Des plaques-boucles similaires proviennent d'Espagne,91 mais également de Gaule méridionale : Estagel, Lunel-Viel, Giraussens, Fiac, Toulouse, Herpes.92 Toutes les conclusions concernant les plaques-boucles des types précédents s'appliquent à donc à celles à décor estampillé.
Il est plus compliqué d'attribuer uniquement aux Wisigoths les ex-
84 A comparer Duraton, tombes 106, 368, 573, Madrona, tombes 32, 164, 174 : Molinero Pérez 1948, pl. 27:sep. 106; Molinero Pérez 1971, pl. 32:sep. 368; pl. 51:sep. 573; pl. 67:sep. 32; pl. 76:sep. 164; pl. 77:sep. 174.
85 Gaillard de Sémainville et alii 1995, fig. 11:324.
86 Vallet et alii 1995, fig. 5:3.
87 Zeiss 1941, fig. 1, pl. 32:4; Romains et Barbares 1989, n° 232; Linas 1877-1887, vol. III pl. B:2; Gallia 32, 1974, 489, fig. 31; Gaule mérovingienne 1988, n° 17, 75, 77; I Goti 1994, fig. IV:42; Barrière-Flavy 1892, pl. 6:4; Bierbrauer 1997, pl. 12:2, 13:4; Premiers temps chrétiens 1986, n° 237; Caillet 1985, n° 122; James 1977, pl. 66.
88 Raynaud 1986, fig. 5:4,5.
89 Bierbrauer 1997, pl. 15:1,4; Picardie 1986, n° 98, fig. 126 et n° 184, fig. 223; Martin 1991, fig. 35:2.
90 Bierbrauer 1997, pl. 8:5; Pilet 1980, pl. 141:529.2.
91 Voir par ex. Bierbrauer 1997, pl. 5:2; 6:2; 15:2,3; 16:4.
92 Lantier 1949, fig. 13; Premiers temps chrétiens 1986, n° 238; Gaule mérovingienne 1988, n° 78; Lassure 1991, fig. 12:3, 21:1,2; Haitn 1988, pl. 5.
emplaires des types Ripoll D, E, F portant des cabochons en verre sur la surface de la plaque, non décorée et recouverte de tôle d'argent (fig. 15).93 En Gaule du Nord, elles sont connues à Louviers, tombe S118, Ville-en-Tardenoise, Arcy-Sainte-Restitue, Saint-Martin-de-Fontenay, tombes 359, 385, 712, Muids, la Villeneuve-au-Chatelot, tombe 4, Envermeu, Mar-chélepot, Lavoye, tombe 221, Caranda, tombe 1073, Choisy, Armentières, Gaillon-sur-Montcient, tombe 28, Asper-Jolleveld, tombe 22, Saint-Julien, tombe 14.94 En Gaule de l'Est, elles sont établies à Sézegnin, tombe 276. 95
Ces plaques-boucles apparaissent en Gaule dans le troisième quart du Ve s., car un exemplaire aurait été mis au jour dans la tombe d'Arcy-Sainte-Restitue renfermant la fibule à pied losangique (voir surpa). Leur fabrication continue durant la période mérovingienne ancienne 1, comme en témoigne celle de la tombe 359 de Saint-Martin-de-Fontenay (avec une fibule à pied languiforme, voir supra). La tombe 4 de La Villeneuve-au-Chatelot peut avoir une datation plus large, car les broches mérovingiennes du type 207, découvertes avec ces plaques-boucles, ont une chronologie qui englobe les périodes mérovingiennes anciennes 1 et 2 (520/530-560/570).
Ces plaques-boucles sont connues en Espagne wisigothique, mais également en Gaule méridionale, à Estagel, Lunel-Viel, Fabrègues.96 Elles dérivent de prototypes danubiens du deuxième tiers du Ve s. Ce sont des pièces du costume « princier », provenant de Laa-Thaya et de Zmajevo (fig. 1:7).97 Il est donc difficile de se prononcer sur l'origine de celles à cabochons en verre en Gaule du Nord. Elles peuvent aussi bien venir de la Gaule du Sud et de l'Espagne que représenter la version locale « populaire » du costume prestigieux danubien. Il faut cependant noter l'apparition précoce de ces plaques-boucles en Gaule du Nord, comme en témoigne la trouvaille d'Arcy-Sainte-Restitue. Pour cette époque, ces plaques-boucles ne sont encore connues ni en Espagne, ni en Gaule du Sud.
Les plaques-boucles à grande plaque rectangulaire, parfois plaquée de tôle d'argent sans décor, du type Ripoll C, ont été mis au jour à Cys-la-Commune (fig. 16:1), Breny, tombe 955 (fig. 16:9), Saint-Martin-de-Fontenay, tombes 388, 389, 502 (fig. 16:2-4), Bulles, tombe 304, Santeuil,
93 Leur diffusion: Carré, Jumenez 2008, fig. 113.
94 Carré, Jumenez 2008, 133-136, fig. 109; Poulain 1981, fig. sur la p. 81; Vallet 1993, fig. 9.1; Bierbrauer 1997, pl. 3:3, 11:1-3; Pilet 1994, pl. 54:2, 58:1, 89:712.1; Lorren 2001, pl. 17:5; Joffroy 1976, fig. 19; Martin 1991, fig. 36:3; Boulanger 1909, pl. 31:3; Joffroy 1974, pl. 24:221.1; Moreau 1877-1892, pl. 9:9,10; Picardie 1986, n° 187, fig. 226; Moreau 1877-1892, nouvelle série, pl. 19:5, 41:3; Régnard, Langlois 1996, fig. sur la p. 28; Rogge 2007, fig. 6; Jorrand, Henton 2007, fig. 10:Tombe 14.
95 Privati 1983, pl. 14:1; Martin 1991, fig. 6:2.
96 Gaule mérovingienne 1988, n° 16, 74, 79.
97 Par ex. Tejral 1988, fig. 31:4; 34:14; Martin 1991, fig. 24:1; Kiss 1983, fig. 15.
Vicq, tombes 862, 1390, 1478, 1924.98 Dans la tombe 955 de Breny, elle était accompagnée d'un gobelet caréné en verre du type 448 (selon la typ o-chronologie mérovingienne); dans les tombes 862 et 1390 de Vicq, elles ont été découvertes avec des fibules aviformes des types 239, 244 ou 248. Tout ce mobilier date des périodes mérovingiennes anciennes 1 et 2. Dans la zone wisigothique, hormis en Espagne, on a trouvé un exemplaire dans une tombe à Toulouse, Saint-Pierre des Cuisines, avec des fibules danubiennes du dernier tiers du Ve s.99 Les plaques-boucles de ce type ont de réels prototypes danubiens, du milieu et de la deuxième moitié du Ve s, attestés à Szabadbatyan, Zemun, Soponya (fig. 1:4).100 Du Danube, elles parviennent également en Italie, où on connaît un exemple à Brescia.101 Donc, pour la Gaule du Nord on peut envisager soit, leur diffusion à partir de la Gaule du Sud, soit leur fabrication locale sous l'influence danubienne.
La dernière version devient très probable, si l'on prend en compte l'existence, en Gaule du Nord d'un groupe considérable de grandes plaques-boucles à plaque rectangulaire, qui n'ont de parallèles ni en Gaule du Sud, ni en Espagne. Il s'agit par exemple des pièces à décor cloisonné circulaire : Monceau-le-Neuf et Arcy-Sainte-Restitue (fig. 14:3,9).102 A part la zone wisigothique, les grandes plaques-boucles à plaque rectangulaire et à décor cloisonné, sont répertoriées en Italie,103 où on les considère comme ostrogothiques. Cela prouve qu'il existait d'autres ateliers, que ceux wis-igothiques, fabriquant des pièces cloisonnées.
Deux plaques-boucles, venant de Caranda et Hermes (fig. 17:1,2)104 portent un décor estampillé en forme de croix. Elles n'ont pas de parallèles directs, mais de nombreuses plaques-boucles, d'une forme comparable, portant une croix sont renseignées en Crimée.105
Enfin, les plaques-boucles couvertes de tôle d'argent à décor gravé géométrique, découvertes à Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 504, Aiguisy et Chouy (fig. 16:3, 7, 8),106 sont probablement de fabrication locale, car elles sont inconnues en dehors de la Gaule du Nord.
98 Bierbrauer 1997, pl. 10:1,2,4; Moreau 1877-1892, pl. 10:3; Kazanski 2002, pl. 43:8; Pilet 1994, pl. 59:388; 59:389.1; 71:502.2; Legoux 2011, pl. 118:6; Mazeau 2006, pl. 10:HC 2; Wimmers 1993, fig. 47:4,5; 48:1,3.
99 Lequément 1986, fig. 15.
100 Kiss 1980, pl. 1; Tejral 1988, fig. 32:10; Martin 1991, fig. 29:3; Tejral 1973a, fig. 2:3.
101 Bierbrauer 1975, pl. 52:4.
102 Boulanger 1902-1905, pl. 25:1; Moreau 1877-1892, pl. L.
103 Bierbrauer 1975, pl. 63:4.
104 Moreau 1877-1892, pl. 32:4; Martin 1991, fig. 6:9, 35:1.
105 Par ex. Archéologie de la mer Noire 1997, n° 63, fig. sur la p. 51; Bierbrauer 2008, pl. 28:9; 30:3.
106 Bierbrauer 1997, pl. 10:3; Pilet 1994, pl. 72:504.1; Moreau 1877-1892, pl. 41:2, 54:2.
Costume
Le port de deux fibules aux épaules, ou à la partie supérieure de la poitrine, est caractéristique du costume féminin des Germains orientaux, au moins depuis l'époque romaine.107 Le premier répertoire des tombes de Gaule du Nord, illustrant ce costume au début de l'époque mérovingienne, a été établi par V. Bierbrauer, qui les a identifiées comme hispano-wisigothiques.108 Compte tenu de la présence indéniable, dans ces régions de Germains orientaux venus de l'Est, en majorité du Danube moyen (voir supra), cette proposition nous semble imprudente, et nous préférons définir ces tombes par leur appartenance à la tradition germanique orientale, dans son sens le plus large puisqu'elle englobe aussi bien les Wisigoths que d'autres peuples du même groupe.
On a constaté depuis longtemps109 qu'il y avait, en Gaule du Nord, deux façons de porter les fibules « orientales ». Les femmes pouvaient agrafer une ou deux fibules aux épaules, ou à la poitrine, accompagnées d'une boucle de ceinture au bassin comme dans les tombes Vicq 756, Frénouville 529 (fig. 18:3), Arcy-Ste-Restitue 1094, Saint-Martin-de-Fontenay 359 (fig. 8:13), 502 (cette dernière avec une fibule proche des types italiens de Gurina ou Altenerding), 741 (fig. 18:1) (avec deux fibules mérovingiennes), Villeneuve-au-Chatelot 1 (deux fibules mérovingiennes et une plaque-boucle plutôt masculine).110
Parfois, ces fibules ne sont pas accompagnées d'une plaque-boucle de ceinture, comme dans les tombes d'Arcy-Ste-Restitue 127 (un peu plus ancienne, peut-être de la période D2/D3), Breny 167, Nouvion-en-Ponthieu 303, Chassemy 1888, peut-être Lavoye 182 (une fibule dérivée du type de Bretzenheim au bas de la poitrine).111 Ce costume est également attesté en Gaule, au sud de la Loire (les cas les plus anciens sont notamment ceux de Saint-Pierre-des-Cuisines à Toulouse et de Lezoux),112 ainsi que, plus rarement en Gaule de l'Est, dans le territoire burgonde (Beaune, tombe 312).113
Des fibules de tradition germanique orientale évidente, parfois même accompagnées de plaques-boucles de ceinture de même tradition, pouvaient être portées « à la mérovingienne », c'est-à-dire soit sur le bassin, soit plus bas. Ces cas sont attestées à Cutry, tombe 859 (fig. 18:2) (fibules
107 Tempelmann-M^czynska 1989.
108 Bierbrauer 1997, 168, 169.
109 Voir en dernier lieu Bierbrauer 1997.
110 Servat 1979 Pilet 1980, vol. 2, 262, 263; Vallet 1993, 116, 117; Schulze-Dörrlamm 1986, 661-668; Pilet 1994, 385, 411, 456; Joffroy 1976, fig. 1.
111 Vallet 1993, 111, 112; Kazanski 2002, 94; Piton 1985, 135; Clauss 1987, 602, XI.4; Joffroy 1974, 120.
112 Lequément 1986; Vertet, Duterne 1999.
113 Gaillard de Sémainville et alii 1995, 163.
et plaque-boucle wisigothiques); Grigny, tombe 919; Saint-Martin-de-Fontenay, tombes 270 (fibules ostrogothiques du type de Udine-Planis), 282 (fibules digitées de tradition germanique orientale) et 300 (fig. 10:2) (fibules du type de Bretzenheim); Rödingen, tombe 472; Cologne-Müngersdorf, tombe 118; Nouvion, tombe 140 (fig. 9). Ces exemples, à notre avis, reflètent clairement l'acculturation de la population germanique orientale en milieu gallo-franc.
De nombreuses tombes ayant livré une seule grande plaque-boucle à plaque rectangulaire, non accompagnée de fibules, sont considérées comme wisigothiques.114 Cela est très probable pour les sépultures dans lesquelles ont été découverts des types caractéristiques d'Espagne ou de Gaule du Sud (voir supra), sans qu'il soit possible pour autant de généraliser. En effet, les tombes à une seule plaque-boucle de forme comparable sont bien connues à l'autre extrémité du monde germanique oriental, comme en Crimée du Sud-Ouest, dans des nécropoles du type de Suuk-Su-Skalistoe. On peut donc envisager un prototype danubien commun pour ce costume, d'autant plus qu'il est connu dans cette région, notamment à Zmajevo.115 Le costume de certaines tombes à grandes plaques-boucles manifeste une hétérogénéité étonnante. Ainsi, la tombe S118 de la nécropole de Louviers (Eure, Normandie)116 a livré une grande plaque-boucle en fer, recouverte de tôle d'argent, une paire des fibules circulaire méditerranéennes à décor cloisonné et une paire de petites fibules circulaires anglo - saxonnes, tout ceci sur le même squelette!
Interprétation
Nous avons pu ainsi constater que la présence wisigothique était bien attestée en Gaule au début de l'époque mérovingienne et que, d'autre part, il était très difficile, parfois même impossible, de distinguer les éléments du costume féminin wisigothique de celui appartenant à d'autres groupes de Germains orientaux, notamment les descendants des soldats barbares de l'armée romaine d'Occident. Ainsi, les cartes de diffusion des éléments dits wisigothiques en Gaule du Nord, dont celle de V. Bierbrauer est aujourd'hui la plus complète (fig. 19),117 montrent en réalité un phénomène plus général, en l'occurrence celui de la présence germanique orientale. Rappelons à nouveau que la génération enterrée dans des nécropoles mérovingiennes des années 470/480 à 520/530 est née autour du milieu ou du troisième quart du Ve s. Certains de ces inhumés, voire leurs parents, pouvaient avoir vu le jour dans le Barbaricum ou dans le
114 Bierbrauer 1997, 169.
115 Kiss 1983, 121.
116 Carré, Jumenez 2008, pl. 5: S118.23, 24.
117 Bierbrauer 1997, fig. 1.
sud-ouest de la Gaule. De toute manière, l'origine espagnole d'éléments wisigothiques reste à prouver, leur provenance de la Gaule méridionale, compte tenu de la chronologie des découvertes, nous paraissant plus probable.
En ce qui concerne la chronologie de ces objets, il convient de souligner qu'après 470/480, des contacts directs entre la Gaule du Nord et le Danube ne sont guère possibles. De plus, l'évolution de la mode vestimentaire féminine, dans les régions danubiennes, a provoqué la disparition des fibules ansées en tôle d'argent au profit des exemplaires à extrémité digitée. Or, les fibules de Gaule du Nord conservent, comme nous l'avons vu, des éléments archaïques danubiens qui ne sont pas attestés sur les fibules espagnoles. Il faut donc supposer que ces éléments danubiens sont arrivés en Gaule du Nord (peut-être à partir du royaume wis-igothique du sud de la Loire, comme les découvertes de Lezoux et de Toulouse le suggèrent) avant les années 480, c'est-à-dire avant le changement de la mode vestimentaire danubienne et antérieurement à l'installation massive et permanente des Wisigoths en Espagne. Ces éléments ont survécu durant une ou deux générations - de 450/460 à 520/530 - en Gaule du Nord, dans le milieu barbare militarisé, et sont même à l'origine de dérivées locales, comme les fibules du type de Bretzenheim ou certains types de plaques-boucles.
Un autre indice important, déjà remarqué par V. Bierbrauer,118 témoigne en faveur d'une chronologie précoce des ces découvertes germaniques orientales car leur carte de diffusion correspond parfaitement au territoire contrôlé jusqu'en 486 par les Romains, notamment Syagrius et, plus à l'est, Arbogast. En revanche, ces objets sont quasi-absents sur l'Escaut et à l'Est de la Somme. On peut ainsi en déduire que l'installation des Germains orientaux - y compris les Wisigoths - en Gaule du Nord s'est effectuée sous le pouvoir romain, donc avant 486, car cette frontière a perdu toute signification avec la première expansion franque au début du règne de Clovis. Ces découvertes archéologiques doivent donc sans doute être mises en relation d'une part, avec les soldats germaniques orientaux des armées d'Aégidius, Paul, Syagrius et Arbogast, dans les années 460480, d'autre part, avec des Wisigoths probablement envoyés un peu plus tard, après 470, par Alaric, pour renforcer son allié Syagrius face à la menace franque.
On peut donc privilégier la thèse de la présence de petits groupes de Barbares d'origine danubienne et wisigothique au service de Rome, ou plus tard à celui des rois mérovingiens. On note d'ailleurs de même celle de Huns, d'Alains, d'Hérules, de Skires, d'Ostrogoths et de Ruges dans les armées « occidentales » de Majorien et d'Odoacre.119 Dans les deux cas, il
118 Bierbrauer 1997, 170.
119 Kazanski 1989, 63-66.
s'agit aussi bien de nouveaux venus que de Barbares de la deuxième génération. Les objets d'inspiration danubienne fabriqués sur place appartiendraient ainsi, au moins en partie, à ces derniers. Il est encore significatif que le mobilier « oriental » de l'époque post-hunnique voisine, dans les nécropoles, avec le matériel archéologique typique d'autres groupes culturels barbares, par exemple alamanique dans la nécropole d'Arcy-Sainte-Restitue, alamanique et lombard dans celle de Breny, ou ostrogothique et anglo-saxon dans celle de Saint-Martin-de-Fontenay et relève donc de groupes de populations très hétérogènes.
On sait que lors de l'affrontement des Francs de Clovis avec les « derniers Romains », à l'Ouest de la Seine, les rois mérovingiens finirent par pactiser avec les troupes de l'Armorique, les incorporant par régiments entiers, avec leurs drapeaux et leurs « uniformes », dans l'armée franque.120 Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que des traces de Barbares orientaux et des Wisigoths présents dans l'armée romaine d'Occident se retrouvent finalement sous le commandement des rois mérovingiens et soient intégrés dans les communautés locales. Il est ainsi significatif que certaines nécropoles ayant livré des objets « orientaux », telles celles d'Arcy-Sainte-Restitue ou de Saint-Martin-de-Fontenay, qui appartenaient très probablement à des communautés militarisées composées en partie d'étrangers, apparaissent avant la conquête de la Gaule par les Francs et continuent d'exister après la prise du pouvoir par Clovis. Sans aucun doute, les militaires « orientaux » ont pu passer du service de Rome à celui des Francs pour se dissoudre dans l'environnement gallo-franc vers le deuxième tiers du VIe s.
Bibliographie
Ambroz, A. K. 1966. Fibouly youga evropeïskoï tchasti SSSR (Svod Arkheologitch-eskikh istotchnikov D1-30). Moskva. Амброз, А. К. 1966. Фибулы юга европейской части СССР (Свод Археологических источников D1-30). Москва.
Anke, B. 1998. Studien zur Reiternomadischen Kultur des 4. bis 5. Jahrhunderts. Weissbach.
Archéologie de la mer Noire 1997: Archéologie de la mer Noire. La Crimée à l'époque des grandes invasons, IVe-VIIIe siècle. Caen, 1997.
Barrière-Flavy, G. 1892. Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France. Industrie wisigothique. Toulouse.
Barroso et alii 2002 : Barroso Cabrera R., S. Jaque Ovejero, M. Major González, J. Morín de Pablos, E. Penedo Cobo, P. Oñate Baztán, J. Sanguino Vázquez. 2002. "Los yacimentos de Tinto Juan de la Cruz Pinto, Madrid (ss. I al VI d.C.)." Estudions cdeprehistoria y arqueología madrilènes 12 : 117-174.
Betrhelier, N. 1994. "La nécropole mérovingienne de Grigny (Essonne)." Bulletin archéologique du Vexin français 27 : 75-80.
120 Procope, Bel Got., I.12.
Bierbrauer, V. 2008. Ethnos und Mobilität im 5. Jahrhundert aus der archäologischer Sicht: Vom Kaukazus bis nach Niederösterreich. Munich.
Bierbrauer, V. 1997. "Les Wisigoths dans le royaume franc." Antiquités Nationales 29 : 167-200.
Bierbrauer, V. 1975. Die ostgotischen Grab- und Schatzfunde in Itlaien. Spolète.
Boulanger, C. 1909. Le cimetière franco-mérovingien et carolingien de Marchélepot (Somme). Paris.
Boulanger, C. 1902-1905. Le mobilier funéraire gallo-romain et franc en Picardie et en Artois. Paris.
Brather, S. 2007. "Kleidung, Bestattung, Ritual. Die Präsentation sozialer Rollen im frühen Mittelalter." In S. Brather, dir. Zwischen Spätantike und Mittelalter, 237-274. Berlin; New York.
Caillet, J.-P. 1985. L'antiquité tardive, le haut moyen age et Byzance au Musée Clu-ny. Paris.
Carré, F., F. Jimenez. 2008. Louviers (Eure) au Haut Moyen Age. Saint-Germain-en Laye.
Carthailac, E. 1902. "Le cimetière barbare de Saint-Affrique (Aveyron)." Bulletin de la société Archéologique du Midi 29/IV : 35-37.
Cazes, J.-P. 2013. "La nécropole wisigothique de Pezens (Aude)." Bulletin de liaison de l'Association française d'archéologie mérovingienne 37 : 32-34.
Clauss, G. 1987. "Die Tragsitte von Bügelfibeln." Jahrbuch der RömischGermanischen Zentralmuseums 34 : 491-603.
Cuvbaynes, R., F. Lasserre. 1966. "Le cimetière wisigothiqe de Larroque-Gestayrols (Tarn)." Ogam 18 : 305-310.
Dmitriev, A. V. 1982. "Rannesrednevekovye fibouly iz mogil'nika Diourso." In A. K. Ambroz, I. Erdeli, dir. Drevnosti epokhi velikogo peresselenia narodov V-VIII vekov, 69-107. Moskva. Дмитриев, А. В. 1982. Раннесредневековые фибулы из могильника Дюрсо. В кн. А. К. Амброз, И. Эрдели, ред. Древности эпохи великого переселения народов V-VIII веков, 69-107. Москва.
Ebel-Zeperzauer, W. 2000. Studien zur Archäologie der Westgoten vom 5.-7. Jh n. Chr. Mainz.
Eck, T. 1895. "Exploration d'anciens lieux de sépultures de la Somme et de l'Aisne." Bulletin Archéologique : 387-398.
Flavigny, L. 1975. "L'abbé Cochet et l'archéologie mérovingienne." In La Normandie souterraine. II. L'abbé Cochet archéologue, 135-190. Rouen.
Gaillard de Sémainville et alii 1995 : Gaillard de Sémainville H., C. Sapin avec la collaboration D. de Maranski. 1995. "Les découvertes de Beaune (Côte-d'Or) : des Burgondes en Bourgogne ?" In Gaillard de Semainville, H., dir., Les Bur-gondes, apports d'archéologie, 143-165. Dijon.
Germanen 1987 : Germanen, Hunnen und Awaren Schätze der Völkerwanderungszeit. Nuremberg, 1987.
Giurescu, C. C. 1937. "Das westgotische Grab von Chiojdu in Rumanien." Mannus 29 : 556-566.
Haith, C. 1988. "Un nouveau regard sur le cimetière d'Herpes (Charente)." Revue Archéologique de Picardie 3-4 : 71-80.
Haralambieva, A. 2004. "Marcianopolis als Anziehungspunkt für Ostgermanen (Goten) vom 3. bis zum 5. Jahrhundert." In H. Friesinger, A. Stuppner, dir. Zentrum und Peripherie-Gesellschafriche Phänomene in der Frühgeshcichte, 143-148. Vienne.
I Goti 1994 : I Goti. Milan, 1994.
James, E. 1977. The Merovingian Archaeology of South-West Gaul (BAR Sup-pllementary Series 25). Oxford.
Jannsen, W. 1993. Das fränkische Reihengräberfeld von Rödingen, Kr. Düren. Stuttgart.
Joffroy 1976 : Joffroy, R. 1973-1974 (1976). "Notes sur trois sépultures franques découvertes à la Villeneuve au Chatelot (Aube)." Bulletin du Groupe archéologique du Nogentais 10 : 19-25.
Joffroy, R. 1974. Le cimetière de Lavoye. Paris.
Jorrand, J.-P., A. Henton. 2007. "Laon, Aisne. Le cimetière mérovingien du secteur Saint-Julien." In L. Verslype, dir. Villes et campagnes en Neustrie, 277-292. Montagnac.
Kasprzyk, M. 2011. "Baudremont, Le Pré-de-la-Bordonne (Saône-et-Loire): sépultures et mobilier danubien de la première moitié du Ve siècle." In M. Kasprzyk, G. Kuhle, dir. L'Antiquité tardive dans l'Est de la Gaule,1. La vallée du Rhin supérieur et les provinces gauloises limitrophes: actualité de la recherche, 339351. Dijon.
Kazanski, M., P. Périn. 2009. "'Foreign' Objects in the Merovingian Cemeteries of Northern Gaul." In D. Quast, ed. Foreigners in Early Medieval Europe: Thirteen International Studies on Early Medieval Mobility, 149-168. Mainz.
Kazanski, M., P. Périn. 2008. "Identité ethnique en Gaule à l'époque des Grandes Migrations et Royaumes Barbares : étude de cas archéologiques." Antiquités Nationales 39 : 181-216.
Kazanski, M., P. Périn. 2006. "Les tombes féminines à costume « étranger » dans les nécropoles mérovingiennes de Gaule." In J. López Qiroga, Martínez Tejera, J. Morín de Pablos, dir. Galia e Hispania en el contexto de la presencia 'germánica' (ss. V-VII). Balance y Perspectivas (BAR - IS 1534) , 191-212. Oxford.
Kazanski, M., A. Mastykova, P. Périn. 2007. "Die Archäologie der Westgoten in Nordgallien. Zum Stand der Forschung." In S. Brather, dir. Zwischen Spätantike und Mittelalter, 149-192. Berlin - New-York.
Kazanski, M., A. Mastykova, P. Périn. 2002. "Byzance et les royaumes barbares d'Occident au début de l'époque mérovingienne." In J. Tejral, dir. Probleme der frühen Merowingerzeit im Mitteldonauraum, 159-194. Brno.
Kazanski, M. 2004. "A propos de quelques types de fibules germaniques de l'époque des Grandes Migrations trouvées en Gaule au Sud de la Loire." Antiquités Nationales 26 : 161-175.
Kazanski 2002 : Kazanski, M. et alii. 2002. La nécropole gallo-romaine et mérovingienne de Breny (Aisne). D'après les collections et les archives du MMusée des Antiquités Nationales. Montagnac.
Kazanski, M. 1999. "Les Barbares en Gaule du Sud-Ouest durant la première moitié du Ve siècle." In J. Tejral, C. Pilet, M. Kazanski, dir. L'Occident romain et l'Europe centrale au début de l'époque des Grandes Migrations, 15-23. Brno.
Kazanski, M. 1997. "La Gaule et le Danube à l'époque des Grandes Migrations." In J. Tejral, H. Friesinger, M. Kazanski, dir. Neue Beiträge zur Erforschung der Spätantike im mittleren Donauraum, 285-319. Brno.
Kazanski, M. 1996. "Les Germains orientaux au Nord de la mer Noire pendant la seconde moitié du Ve s. et au Vie s." Materialy po Arheologii, Istorii i Etnografii Tavrii 5 : 324-337, 567-581.
Kazanski, M. 1993. "The Sedentary Elite in the 'Empire' of the Huns and its Impact on Material Civilisation in Southern Russia during the Early Middle Ages (5th-7th Centuries AD)." In J. Chapman, P. Dolukhanov, eds. Cultural Transformations in Easten Europe, 211-235. Aldershot.
Kazanski, M. 1989. "La diffusion de la mode danubienne en Gaule (fin du IVe siècle-début du Vie siècle): essai d'interprétation historique." Antiquités Nationales 21 : 59-73.
Kazanski, M. 1980. "A propos de l'apparition de la coutume de la déformation crânienne artificielle chez les tribus germaniques de la Gaule." Bulletin de Liaison de l'Association Française d'Archéologie Mérovingienne 3 : 85-88.
Kiss, A. 1983. "Die skiren im Karpatenbecken, ihre Wohnsitze und ihre materielle Hinterlassenschanft." Acta Archaeologica Scientiarum Hungaricae 35 : 95-131.
Kiss, A. 1980. "Germanische Funde von Szabadbattyán aus dem 5. Jahrhundert." Alba Regia 18 : 105-132.
Koch, A. 1998. Bügelfibeln der Merowingerzeit im Westlichen Frankenreich. Ma-yence.
Koenig, G. G. 1980. "Archäologische Zeugnisse westgotischer Präzenz im 5. Jahrhundert." Madrider Mitteilungen 21 : 220-247.
Kovrig, I. 1951. "A tiszalöki és mádi lelet." Archaeológiai Ertesitö 78/2 : 112-120.
Landes, C. dir. 1988. Gaule mérovingienne et monde méditerranéen. Les derniers Romains en Septimanie IVe-VIIIe siècles. Lattes.
Lantier, R. 1949. "Le cimetière wisigothique d'Estagel (Pyrénées-Orientales). Fouilles en 1946, 1947 et 1948." Gallia 7/1 : 55-80.
Lantier, M. R. 1943. "Le cimetière wisigothique d'Estagel (Fouilles de 1935 et 1936)." Gallia 1/1 : 153-188.
Lapart, J., J. Neveu. 1986. "Objets mérovingiens de Monteils près de Caussade (Tarn-et-Garonne)." In Montauban et les anciens pays de Tarn-et-Garonne. Montauban.
Lassure, J.-M. 1991. "La nécropole wisigothique des Martels à Giroussens (Tarn)." In P. Périn, dir. Gallo-Romaines, Wisogoths et Francs en Aqitaine, Septimanie et Espagne, 205-223. Rouen.
Legoux, R. 2011. La nécropole mérovingienne de Bulles. Saint-Germain-en Laye.
Legoux, R. 2005. La nécropole mérovingienne de Cutry (Meurte-et-Moselle). Saint-Germain-en-Laye.
Legoux, R., P Périn, F. Vallet. 2009. Chronologie normalisée du mobilier funéraire mérovingien entre Manche et Lorraine. Saint-Germain-en-Laye.
Lequément, R. 1986. "Midi-Pyrénées. Toulouse. St-Pierre-des-Cuisines." Gallia 44/2 : 309-333.
Linas 1877-1887 : de Linas, C. 1877-1887. Les origines d'orfèvrerie cloisonnée. Paris.
Lorren, C. 2001. Fibules et plaques-boucles à l'époque mérovingienne en Normandie. Paris.
Martin, M. 1991. "Zur frühmittelalterlichen Gürteltracht der Frau in der Burgudia, Francia und Aquitania." In L'Art des invasions en Hongrie et en Wallonie, 31-84. Mariemont.
Martin Rocha, M. V., A. M. Elorrieta Lacy. 1947. "El cementerio visigoda de Villel de Mesa." Cuadernas de Historia Primitiva 2 : 54-56.
Mazeau, A. 2006. "La nécropole mérovingienne de Santeuil (Val-d'Oise)." Bulletin Archéologique du Vexin français et du Val-d'Oise 38 : 23sq.
Menke, M. 1986. "Archäologische Befunde zu Ostgoten des 5. Jahrhunderts in der zone nordwärts der Alpen." In Peregrinatio Gothica (Archaeologia Baltica VII), 239-282. Lodz.
Molinero Pérez, A. 1971. Aportaciones de las excavaciones y hallazgos casuales (1941-1959) al Museo Arqueológico de Segovia (Excavaciones Arqueológicas en Espana 72). Madrid.
Molinero Pérez, A. 1948. La necropólis visigoda de Duratón (Segovia). Excavaciones del Plan Nacional de 1942 y 1943 (Acta Arqueológia Hispánica 4). Madrid.
Moreau, F. 1877-1892. La collection Caranda Album des principaux objets recuillis dans les sépultures de Caranda. Saint-Quentin.
Périn, P. 1993. "L'armée de Vidimer et la question des dépôts funéraires chez les
wisigoths en Gaule et en Espagne (Ve-VIe siècles)." In F. Vallet, M. Kazanski, dir. L'armée romaine et les Barbares du IlIe au Vile siècle, 411-423. Saint-Germain- en- Laye.
Périn, P., M. Kazanski. 2011. "Identity and Ethnicity during the Era of Migrations and Barbarian Kingdoms in the Light of Archaeology in Gaul." In R. W. Mathisen, D. Shanzer, eds. Romans, Barbarians and the Transformation of the Roman World, 299-330. Fanrham-Burlington.
Picardie 1986 : La Picardie, berceau de la France. Amiens, 1986.
Pilet 1994 : Pilet, C. et alii. 1994. La nécropole de Saint-Martin-de-Fontenay, Calvados. Paris.
Pilet, C. 1980. La nécropole de Frénouville (BAR International Series 83°). Oxford.
Pinar Gil, J. 2010. "Les tombes féminines à grandes fibules dans l'Ouest (ca 500) : dispersion, chronologie, origine et interprétation. Un état de question." In L. Bourgeois, dir. Wisigoths et Francs, autour de la bataille de Vouillé (507), 2340. Saint-Germain-en Laye.
Piton, D. 1985. La nécropole de Nouvion-en-Pointhieu. Berck-sur-Mer.
Poulain, C. 1981. "Le mobilier mérovingien dans la collection de Maurice Jorssen : les sites de Ville-en-Tardenois et de Sept-Saulx (Marne)." Bulletin de liaison de l'Association française d'archéologie mérovingienne 4 : 80-82.
Premiers temps chrétiens 1986 : Premiers temps chrétiens en Gaule méridionale. Antiquité tardive et Haut Moyen Age IIIe-VIIIe siècles. Lyon, 1986.
Privati, B. 1983. La nécropole de Sézegnin (IVe-VIIIe siècle). Genève.
Raynaud, C. 1986. "Activités du Groupe Archéologique des cantons de Lunel et Mauguio en 1985." Archéologie en Languedoc 1 : 5-11.
Régnard, S., M. Langlois. 1997. Gaillon-sur-Montcient (Yvelines). Nécropole mérovingienne de « La Garenne ». Versailles.
Ripoll 1991 : Ripoll Lopez G. 1991. "Materiales funararios de la Hispana visigoda : problemas de chronología y tipología." In P. Périn, dir. Gallo-Romaines, Wisogoths et Francs en Aqitaine, Septimanie et Espagne, 111-132. Rouen.
Ripoll 1988: Ripoll Lopez G. 1988. "Problèmes de chronologie et de typologie à propos du mobilier funéraire hispano-wisigothique." In C. Landes, dir. Gaule mérovingienne et monde méditerranéen. Les derniers Romains en Septimanie IVe-VIIIe siècles, 101-107. Lattes.
Ripoll 1985 : Ripoll Lopez G. 1985. La necrópolis visigoda de El Carpio de Tajo (Toledo) (Excavaciones Arqueológicas en Espana 142). Madir.
Rogge, M. 2007. "Le cimetière mérovingien de Asper-Jolleveld (Flandre orientale)." In L. Verslype, dir. Villes et campagnes en Neustrie, 39-44. Montagnac.
Romains et Barbares 1989 : Romains et Barbares entre Loire et Gironde IVe-Xe siècles. Poitiers, 1989.
Sasse, B. 1997. "Die Westgoten in Südfrankreich und Spanien. Zum Problem der archäologischen Indentifikation einer wandernden «gens»." Archäologische Informationen 20/1 : 29-48.
Schulze-Dörrlamm, M. 1986. "Romanisch oder Germanisch ? Untersuchungen zu den Armbrust- und Bügelknopffibeln des 5. Und 6. Jahrhunderts n. Chr. Aus dem Gebieten westlich der Rheins und südlisch der Donau." Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zeintralmuseums Mainz 33 : 593-720.
Servat, E. 1979. "Exemple d'exogamie dans la nécropole de Vicq (Yvelines)." Bulletin de liaison de l'Association française d'archéologie mérovingienne 1 : 40-44.
Sirat, J. 1978. "La nécropole de Maule (France, Yvelines) : essai de chronologie." In M. Fleury, P. Périn, dir. Problèmes de chronologie relative et absolue concernant les cimetières mérovingiens entre Loire et Rhin, 105-107. Paris.
Tejral, J. 2011. Einheimische und Fremde. Das norddanubische Gebiet zur Zeit der Völkerwanderung. Brno.
Tejral, J. 2007. "Das Hunnenreich und die Identitätsfragen der barbarischen "gentes" im Mitteldonauraum aus der sicht der Archäologie." In J. Tejral, dir. Barbaren im Wandel. Beiträge zur Kultur- und Identitätsumbildung in der Völkerwanderungszeit, 55-120. Brno.
Tejral, J. 1997. "Neue Aspecte der frühvölkerwanderungszeitlichen Chronologie im Mitteldonauraum." In J. Tejral, H. Friesinger, M. Kazanski, dir. Neue Beiträge zur Erforschung der Sspätantike im mittleren Donauraum, 321-392. Brno.
Tejral, J. 1988. "Zur Chronologie der frühen Völkerwanderungszeit im mittleren Donauraum." Archaeologia Austraica 72 : 223-304.
Tejral, J. 1973. Mähren im 5. Jahrhundert. Prague.
Tejral 1973a : Tejral, J. 1973. "Kostorvé hroby z Mistrina, Polkovic, Slapanic a Tasova a jejich postaveni v râmci moravskégo stëhovâni nârodù." Pkmatky Ar-cheologicke 64 : 301-339.
Tempelmann-M^czynska, M. 1989. Das Frauentrachtzubehör des mittel- und osteuropäischen Barbaricums in der römischen Kaiserzeit. Cracovie.
Toulze 1983 : Toulze, P., R. Toulze. 1983. "Recherches archéologiques à Routier (Aude)." Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude 36 : 51-64.
Vallet, F. 1993. "Parures féminines étrangères du début de l'époque mérovingienne, trouvées dans le soissonnais." Studien zur Sachsenforschung 8 : 109-121.
Vallet et alii 1995 : Vallet, F., M. Kazanski, D. De Pirey. 1995. "Eléments étrangers en Bourgogne dans la deuxième moitié du Ve siècle." In H. Gaillard de Semainville, dir. Les Burgondes, apports de l'archéologie, 111-127. Dijon.
Vertet, H., Y. Duterne. 1999. "Tombes mérovingiennes du cimetière Saint-Jean de Lezoux (Puy-de-Dôme)." In B. Fizellier-Sauget, dir. L'Auvergne de sidoine Apollinaire à Gregoire de tours. Histoire et Archéologie, 337-349. Clermont-Ferrand.
Von Rummel, P. 2007. Habitus barbarus. Kleidung und Repräsentation spätantiker Eliten im 4. und 5. Jahrhunders. Berlin - New York.
Werner, J. 1959. "Studien zu Grabfunden des V. Jahrhunderts aus der Slowakei und der Karpatenukraine." Slovenskä Archeolôgia 7/2 : 422-438.
Werner, J. 1956. Beiträge zur Archäologie des Attila-Rechies. Munich.
Werner, I. 1961. Katalog der Sammlung Diergardt.1. Die Fibeln. Berlin.
Wimmers, W. H. 1993. Etude sur l'interprétation du cimetière mérovingien de Vicq (Yvelines). Hooddorp.
Zaseckaja, I. P. 1993. "Materialy Bosporskogo nekropolia vtoroï poloviny IV-pervoï poloviny V vv.n.è." Materialy po Arkheologii, Istorii i Ètnografii Tavrii 3 : 23-104. Засецкая, И. П. 1993. Материалы Боспорского некрополя второй половинв IV-первой половины V вв.н.э. Материалы по Археологии, Истории и Этнографии Таврии 3 : 23-104.
Zaseckaja, I. P. 1982. "Klassifikatsia polikhromnykh izdeliï gounnskoï epokhi po stilistitcheskim dannym." In A. K. Ambroz, I. Erdeli, dir. Drevnosti epokhi ve-likogo peresselenia narodov V-VIII vekov, 14-30. Moskva. Засецкая, И. П. 1982. Классификация полихромных изделий гуннской эпохи по стилистическим данным. В кн. А. К. Амброз, И. Эрдели, ред. Древности эпохи великого переселения народов V-VIII веков. С. 14-30. Москва.
Zeiss, H. 1941. "Die germanischen Grabfunde des frühen Mittelalters zwischen mittlerer Seine und Loiremündung." Berichte der Römisch-Germanischen Kommission 31/1 : 5-173.
Zeiss, H. 1934. Die Grabfunde aus dem spanische Westgotenreich. Berlin.
Figures
Fig. 1. Les prototypes danubiens de la mode germanique orientale en Occident. 1-4 : Szabadbattyân ; 5 : Zemun ; 6 : la région d'Esztegom ; 7 : Zmajevo. 1-4 : d'après Tejral 1988 ; 5-7 : d'après Martin 1991
Fig. 2. Les fibules en tôle métallique provenant de la Gaule. 1 : Lezoux ; 2 : Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1094 ; 3 : Strasbourg ; 4 : vallée de la Saône ; 5 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 359 ; 6 : Marchélepot. D'après les différents auteurs, cités dans Kazanski, Périn 1997 et Bierbrauer 1997
Fig. 3. Le mobilier de la tombe 756 de Vicq. D'après Servat 1979
Fig. 4. Les fibules en tôle d'argent provenant de Gaule et d'Espagne. 1 : Beire-le-Châtel ; 2,7: Chassemy; 3 : Tinto Juan de la Cruz; 4 : Tiermes ; 5 : Marchélepot ; 6 : Envermeu; 8 : Aldeanueva de San Bartolomé. 1,2,4-8 : d'après les différents auteurs cités dans Bierbrauer 1997 ; Kazanski, Périn 1997 ; 3 : d'après Barroso et alii 2002
Fig. 5. Les fibules en tôle métallique provenant de la Gaule du Nord. 1 : Breny, tombe 167 ; 2 : Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1094 ; 3 : Chassemy, tombe du 31.10.1888. D'après Koch 1998
Fig. 6. Le mobilier des tombes espagnoles contenant les éléments du costume de tradition danubienne. 1 : Duraton, tombe 190 ; 2 : Duraton, tombe 525. D'après Molinero Pérez 1948 ; Molinero Pérez 1971 ; Bierbrauer 1997
Fig. 7. Le mobilier des tombes espagnoles contenant les éléments du costume de tradition danubienne. 1 : Duraton, tombe 553; 2 : Duraton, tombe 166. D'après Molinero Pérez 1948 ; Molinero Pérez 1971 ; Bierbrauer 1997
Fig. 8. Le mobilier des tombes contenant les éléments du costume de tradition danubienne. 1-4 : Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1094; 5-13 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 359. D'après Vallet 1993 (1-4) et Pilet 1994 (5-13)
Fig. 9. La tombe 140 de Nouvieon-en-Pntihieu. D'après Piton 1985
Fig. 10. Les tombes contenant les éléments du costume de tradition danubienne. 1: Grigny tombe 19; 2 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 300. D'après Berthelier 1994 et Pilet 1994
Fig. 11. Les fibules de tradition wisigothique. 1: France ; 2 : Envermeu ; 3 : Arcy-Sainte-Restitue, tombe 1727 ; 4 : Joches ; 5: Alovera ; 6 : Cutry, tombe 859 ; 7 : Ville-sur-Cousance ; 8 : Talavera de la Reina. 1-4 : d'apes Koch 1998 ; 5-8 : d'après Bierbrauer 1997
Fig. 12. Une des fibules aviformes de Castelsagrat. D'après I Goti 1994
13
Fig. 13. Les fibules en arbalète, provenant de Gaule et d'Espagne. 1,12 :Nouvion-en-Ponthieu, tombe 303 ; 2 : Mondeville; 3,13 : Carpio de Tajo, tombe B; 4,5 : Frénouville, tombe 526; 6 : Duraton, tombe 129; 7 : Duraton, tombe 144; 8 : Duraton, tombe 341; 9: Duraton, tombe 177 ; 10 : Madrona, tombe 337; 11 : Saint-Pierre-de-Vauvray. D'après Bierbrauer 1997
1 8
Fig. 14. Les plaques-boucles à décor cloisonné. 1 : Flamicourt; 2 : Tressan; 3 : Arcy-Sainte-Restitue; 4 : Versigny; 5 : Houdan; 6 : Sait-Denis; 7 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 741; 8 : Plaissan; 9 : Monceau-le-Neuf; 10 Beaune, tombe 324. 1 : d'après Eck 1895 ; 2,4-8 : d'après les différents auteurs cités dans Bierbrauer 1997 ; 3 : d'après Moreau 1877-1892 ; 9 : d'après Boulanger 1902-1905 ; 10 : d'après Gaillard de Sémainville et alii 1995
Fig. 15. Les plaques-boucles décorées de cabochons. 1 : Armentières ; 2 : Duraton, tombe 229 ; 3 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 712 ; 4 : Duraton, tombe 176; 5 : Duraton, tombe 80; 6 : Marchélepot ; 7 : Muids ; 8 : Buggingen; 9 : La-Villeneuve-au-Chatelot, tombe 4; 10 : Envermeu. 1-6,8: d'après les différents auteurs cités dans Martin 1991 et Bierbrauer 1997 ; 7,10 : d'après Lorren 2002 ; 9 : d'après Joffroy 1976
Fig. 16. Les plaques-boucles couvertes de tôle métallique ou sans décor visible. 1 : Cys-la-Commune ; 2 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 388 ; 3 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 504 ; 4 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 389 ; 5 : Duraton, tombe 311 ; 6 : Duraton, tombe 439 ; 7 : Aiguisy; 8 : Chouy ; 9 : Breny, tombe 955. &-6 : d'après les différents auteurs cités dans Bierbrauer 1997 ; 7,8 : d'après Moreau 1877-1892 ; 9 : d'après Kazanski 2002
Fig. 17. Les plaques-boucles à décor estampillé. 1 : Hermes; 2 : Caranda ; 3 : Duraton, tombe 32 ; 4 : Duraton, tombe 166 ; 5 : Frénouville, tombe 529; 6 : Mouy ; 7 : Carpio di Tajo, tombe 116; 8 : Carpio di Tajo, tombe 119. D'après les différents auteurs cités dans Martin 1991 et Bierbrauer 1997
Fig. 18. Les tombes contenant des objets de mode danubienne et des objets hispano-wisigothiques. 1 : Saint-Martin-de-Fontenay, tombe 741 ; 2 : Cutry, tombe 859; 3 : Frénouvielle, tombe 529 ; 4: Duraton, tombe 176 ; 5 : Duraton, tombe 192. D'après Bierbrauer 1997
Fig. 19. Les découvertes des objets vestimentaires « wisigothiques » hors de l'Espagne. D'après Bierbrauer 1997