Научная статья на тему 'Objets-signes et signes de l’objet. Iconographie des anneaux et des haches neolithiques dans le nord de la France'

Objets-signes et signes de l’objet. Iconographie des anneaux et des haches neolithiques dans le nord de la France Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

CC BY
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Ключевые слова
NéOLITHIQUE / AIRE CARNACéENNE / HACHES POLIES / ANNEAUX / BâTONS DE JET / OBJETSSIGNES / GRAVURES / ICONIQUE / NARRATIF / POUVOIRS DE L'IMAGE / EOLITHIC / CARNACEAN AREA / STELE / HAFTED AXES / STONE RINGS / THROWING STICKS / OBJECTSIGNS / ENGRAVINGS / ICONIC / NARRATIVE / POWERS OF IMAGE

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Cassen Serge, Grimaud Valentin, Pétrequin Pierre

En travaillant le domaine des symboles gravés, cette étude aimerait poursuivre la recherche des passages entre monde réel et monde idéel des sociétés néolithiques. L’enjeu est de bien saisir cette transition opérée entre des objets décrits par l’archéologie et des formes similaires du registre des expressions graphiques. Dans la France du Nord, nous verrons s’il est possible de passer « d’armes » et de « parures » datées du Ve millénaire BC à leur figuration sur les stèles des ouvrages de plein air ou sur les parois des tombeaux enfouis. L’objet emblématique du Néolithique, la hache polie, sera ainsi décrit dans la région de Carnac en Bretagne à travers sa double représentation, nue ou emmanchée. Une découverte récente dans la région parisienne permettra aussi de comprendre que le bracelet en pierre est également figuré au contact de la hache. L’association de ces deux signes nous conduira à l’intégration d’un troisième objet, le bâton de jet, l’arme ancienne des chasseurs-cueilleurs. L’illustration ethnographique prêtera son concours au processus de compréhension des images, en distinguant notamment les modes iconiques et narratifs dans la représentation des scènes symboliques. L’image du pouvoir et le pouvoir des images serviront enfin la réflexion sur la nature profonde de ces programmes iconographiques.

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OBJECTS-SIGNS AND SIGNS OF THE OBJECT. STONE RINGS AND AXES ICONOGRAPHY IN THE NEOLITHIC OF NORTHERN FRANCE

Working the field of the engraved symbols, this study would like to carry out the research on the passages between real and ideal worlds of the Neolithic societies. Thechallenge is to understand this transition operated between objects described by archaeology and the similar forms inside the graphic expressions. In northern France, we will see whether it is possible to pass from “weapons” and “ornaments” dated from 5th millenium BC to their figuration on the outdoor steles systems or on the walls of the hidden tombs. The emblematic object of the Neolithic era, the polished axe, will be thus described in the Carnac area (Brittany) through its double representation, axe head or hafted axe. A recent discovery in the Paris region will make possible to understand that the stone bracelet is also illustrated in contact with the axe. The association of these two signs will lead us to the integration of a third object, the throwing stick, the old weapon of the hunters-gatherers. The ethnographic illustration will help finally the process of comprehension of the images, distinguishing in particular the iconic and narrative modes in the representation of the symbolic scenes. The image of the power and the power of the images will serve finally the reflection on deep nature of these iconographic programs.

Текст научной работы на тему «Objets-signes et signes de l’objet. Iconographie des anneaux et des haches neolithiques dans le nord de la France»

Problemy istorii, filologii, kul'tury Проблемы истории, филологии, культуры

2 (2018), 227-243 2 (2018), 227-243

© The Author(s) 2018 ©Автор(ы) 2018

OBJETS-SIGNES ET SIGNES DE L'OBJET. ICONOGRAPHIE DES ANNEAUX ET DES HACHES NEOLITHIQUES DANS LE NORD

DE LA FRANCE

Serge Cassen*, Valentin Grimaud*, Pierre Pétrequin**

*Laboratoire de recherches en archéologie et architectures (UMR6566),

CNRS et Université de Nantes, France

serge.cassen@univ-nantes.fr; valentin.grimaud@univ-nantes.fr

**Maison des Sciences de l'Homme Ledoux, CNRS et Université de Franche-Comté,

Besançon, France

archeo.petrequin@free.fr

Résumé. En travaillant le domaine des symboles gravés, cette étude aimerait poursuivre la recherche des passages entre monde réel et monde idéel des sociétés néolithiques. L'enjeu est de bien saisir cette transition opérée entre des objets décrits par l'archéologie et des formes similaires du registre des expressions graphiques. Dans la France du Nord, nous verrons s'il est possible de passer « d'armes » et de « parures » datées du Ve millénaire BC à leur figuration sur les stèles des ouvrages de plein air ou sur les parois des tombeaux enfouis. L'objet emblématique du Néolithique, la hache polie, sera ainsi décrit dans la région de Carnac en Bretagne à travers sa double représentation, nue ou emmanchée. Une découverte récente dans la région parisienne permettra aussi de comprendre que le bracelet en pierre est également figuré au contact de la hache. L'association de ces deux signes nous conduira à l'intégration d'un troisième objet, le bâton de jet, l'arme ancienne des chasseurs-cueilleurs. L'illustration ethnographique prêtera son concours au processus de compréhension des images, en distinguant notamment les modes iconiques et narratifs dans la représentation des scènes symboliques. L'image du pouvoir et le pouvoir des images serviront enfin la réflexion sur la nature profonde de ces programmes iconographiques.

Mots-Clés: Néolithique, aire carnacéenne, haches polies, anneaux, bâtons de jet, objets-signes, gravures, iconique, narratif, pouvoirs de l'image

1- En introduction, en souvenir

Nous avons souhaité ancrer cette contribution sur l'un des centres d'intérêts annoncés par les organisateurs1 du colloque, celui portant sur la Variabilité et la

Serge Cassen- laboratoire de recherches en archéologie et architectures CNRS/Université de Nantes.

Valentin Grimaud - laboratoire de recherches en archéologie et architectures, Université de Nantes.

Pierre Pétrequin - Maison des Sciences de l'Homme Ledoux, CNRS et Université de Franche-Comté.

1 Nos remerciements vont à Hugues Plisson pour son invitation à participer à ce colloque adossé au LIA, et bien entendu aux organisateurs à Saint-Petersburg, Juri Chistov et Gennady Khlopachev, ainsi qu'à Elaterina Devlet pour sa grande disponibilité et Amina Fakhri pour toutes les réponses apportées au déroulement pratique de notre séjour en avril 2017.

© IA RAS, NMSTU, JHPhCS, 2018| DOI 10.18503/1992-0431-2018-2-60-227-243

corrélation des images d'art pariétal et d'art mobilier, tout en aidant la réflexion par des prolongements ethnographiques, domaine également préconisé pour aider à la bonne illustration des thèmes retenus. Seulement, en choisissant la période néolithique à l'ouest de l'Europe, nous avons conscience que son art rupestre - tout autant d'ailleurs que son art mobilier - ne suit généralement pas les mêmes canons esthétiques que ceux qui prévalaient aux périodes précédentes ; les jugements de valeur émis à leur propos, tout au long du XX e siècle, furent souvent dépréciatifs2. Et pourtant, de la miniature au gigantisme, des pièces sont véritablement objets d'art, suscitant la perception et la connaissance par les sens à travers la rareté et la qualité des matériaux travaillés, la maîtrise de l'exécution, l'importance du commanditaire, le génie créateur dont elles sont l'expression et l'aboutissement.

Il n'est pas anodin, en outre, pour l'un d'entre nous (SC), de revenir dans cette fameuse Chambre des Curiosités, la Kunstkamera de Saint-Petersburg, musée visité en 1996 grâce à l'invitation de Maria Dobrovolskaya de l'Institut d'Archéologie et d'Ethnologie de Moscou. C'est ici, en parcourant les riches et anciennes collections, que s'est confirmé, par la forme et l'image, ce rapprochement théorique que nous pensions pouvoir établir entre bâtons de jets des populations sub-actuelles et l'énigmatique signe « crosse » inscrit sur les monolithes de l'ouest de la France. Dès lors, en travaillant justement le domaine des symboles gravés, la présente étude aimerait poursuivre la recherche de ces passages innombrables entre monde réel et monde idéel des sociétés néolithiques.

Plus précisément : comment assurer la transition entre des objets étudiés par l'archéologue et le monde des représentations et des expressions graphiques ? Et plus précisément encore : comment passe-t-on « d'armes » et de « parures » des sociétés néolithiques du Ve millénaire BC à leur figuration sur les stèles publiques ou sur les parois des tombeaux enfouis ?... Débutons par l'objet par excellence du Néolithique européen, celui qui donna son nom à la période : la hache polie.

2- Le choix des objets

La lame polie est surtout connue pour être un outil d'abatage des arbres et de travail du bois. Mais très vite en Europe occidentale, dans la première moitié du Ve millénaire BC., surgit un phénomène de valorisation de l'objet à travers des matériaux aux tonalités verdâtres, les jades alpins, si rares et si difficiles à travailler, en particulier la jadéitite. La nature du phénomène est d'ailleurs mieux perçue dès lors qu'un modèle ethnoarchéologique est en mesure de désigner le contexte social au fondement de la valeur des objets polis3.

Les plus grandes concentrations et les plus grands objets se trouvent au sud de la Bretagne, partagés d'une part entre trois tombeaux individuels enfouis sous les plus volumineux tumulus (Mané er Hroëck, Tumiac et Mont Saint-Michel) et d'autre part entre des dépôts en terre exceptionnels par le nombre et la variété des lames sélectionnées, ou parfois même leur parfaite identité (Largueven, Bernon/Mouiaren, Petit Rohu et Kerbédic)4. C'est en effet à l'entrée de l'estuaire des rivières de Vannes et d'Auray, en Morbihan, que sont rassemblées les plus anciennes découvertes de haches

2 Breuil, Boyle 1959.

3 Pétrequin et al. 2006.

4 Cassen et al. 2012.

polies en jade, enfouies en certains points du paysage ou accompagnant des personnages illustres. À la suite d'une transformation physique opérée dans cette région — par un nouveau dessin des arêtes qui accroche la lumière, par un surpolissage des surfaces qui réfléchit la lumière -, certaines pièces apparaissent comme de véritables « objets d'art », dépassant la valeur pratique de l'outil forestier.

Mais à cette concentration de sépultures uniques et de dépositions dans des lieux névralgiques du paysage s'ajoutent ici les représentations de ces mêmes haches, gravées dans la roche, soit sur stèle le plus souvent intégrée à des ensembles architecturés de plein air, soit sur la paroi des tombeaux. La commune de Locmariaquer présente la plus grande densité française de ces figurations datées du Ve millénaire, et l'exemplaire visible au plafond de la chambre funéraire de la Table des Marchands, gravé sur une stèle issue d'un ouvrage antérieur puis remployée dans la construction du monument, est le plus grand individu jamais inscrit dans la pierre. D'autres sites régionaux illustrent également ce phénomène de transcription et de transposition des objets vrais dans le monde des représentations symboliques imagées : le tertre du Manio 2 à Carnac peut, à cet égard, nous aider à préciser la problématique.

Le monument allongé contient au moins deux cistes funéraire alignées selon l'axe longitudinal, creusées dans le granite (fig. 1). L'aspect original du tertre doit beaucoup aux barres de stèles parallèles qui le surmontent, jalonnant le relief depuis Kermario à Carnac jusqu'à Kerlescan. Plusieurs petites lames polies fonctionnelles, aux tranchants usés, dont certains étaient dirigés au ciel, furent découvertes au cours des fouilles des années 1920, enfouies au pied d'une grande stèle gravée de motifs ondulés qui ont aussi fait la réputation du lieu5. Le contexte stratigraphique, peu observé, ne permet pas d'affirmer que ces haches sont contemporaines de la pierre dressée, ou des sépultures voisines. Moins connue, car masquée par la couche superficielle du tertre, la dalle de couverture de la ciste principale jouxtant cette stèle « aux serpents » comprend la gravure d'une grande hache, mais d'un type très différent des petits objets découverts en fouille. Il s'agit du dessin d'une lame allongée à tranchant étroit arrondi et talon pointu, très similaire au type Bégude de la nomenclature européenne, une morphologie bien spécifique parmi les plus anciens instruments en jade diffusés au nord et à l'ouest des Alpes. Ces gravures de haches, lames nues ou emmanchées, sont assez rares en dehors de la Bretagne pour les V e et IV e millénaires BC. Trois groupements notables sont inventoriés, l'un au sud de Paris, l'autre en Bourgogne et enfin le dernier en Suisse. Portons notre attention sur le secteur parisien.

Dans la vallée de l'Essonne, une grotte était connue pour contenir une hache gravée (Vallée aux Noirs 1 à Buthiers, ou « Grotte de la Hache »). Non loin de cette cavité, mais au fond de la vallée sèche qui la borde, la découverte d'un rocher naturellement dressé, également gravé, a permis d'ajouter un motif inédit à notre inventaire (Vallée aux Noirs 6). La scène figurée comprend un grand motif anthropomorphe, une hache emmanchée et deux bateaux sans équipage6. Le premier dessin de la hache, levé lors de la découverte, a bien restitué un manche en forme de crosse et une lame dessinée sur un très plausible modèle Bégude ; un sondage au pied de la paroi a ensuite permis de suivre le motif dans sa totalité. Dans le sol, les gravures sont plus altérées mais il ne fait pas de doute qu'une figure complexe apparaît à la base de l'emmanchement, comprenant

5 Le Rouzic 1923.

6 Cassen et al. 2017.

Fig. 1. Vue méridionale du tertre du Manio 2 (Carnac) surmonté d'un ouvrage de stèles. Localisation du dépôt de lames de haches au pied de la stèle (photos des haches: N. Mather, Musée de Carnac) et position de la gravure de la hache emmanchée sur la face supérieure de la dalle de couverture au-dessus de la ciste principale 3

des signes recourbés et une figure circulaire parfaite, superposée à ce manche (fig. 5). Interpréter les signes « cornus » exigerait plus d'espace ; il nous semble cependant qu'ils correspondent bien à des objets réels au Néolithique, à l'image des trophées de défenses de sanglier. Portons plutôt l'accent sur cette forme d'anneau remarquable dont les proportions, en regard de la hache, font immédiatement penser aux bracelets en pierre datés du Néolithique ancien, particulièrement dans ce secteur du Bassin parisien7.

Parmi les anneaux qui pourraient accompagner les haches en jade, bien entendu viennent à l'esprit ceux qui sont aussi pris dans ces roches rares et convoitées. Malheureusement, on le sait, peu d'entre eux sont trouvés en contexte archéologique fiable. Pour mémoire, soulignons que l'origine de ces roches est désormais bien documentée sur le versant italien des Alpes occidentales, à plus de 2000 m d'altitude ; plusieurs dizaines d'ébauches d'anneaux ont pu être découvertes à proximité de carrières qui débutent leur activité à la fin du VIe millénaire BC8.

Revenons maintenant en Bretagne, et précisément à l'entrée de cet estuaire évoqué plus haut, pour découvrir les objets exceptionnels découverts dans la tombe centrale du monument du Mané er Hroëck. Voyons comment des objets réels peuvent illuminer la scène irréelle de la Vallée aux Noirs.

3- La hache, l'anneau et la crosse dans le nord de la France

3.1- Le monument du Mané er Hroëck (Locmariaquer)

Pour la première fois, la géométrie de ce tumulus est récemment apparue grâce à des levés photogrammétriques (fig. 2). La morphologie donnée comme ovoïde par les auteurs du XIXe siècle passe en réalité au trapèze allongé dont le plus grand côté est orienté au nord-est (nouvelles dimensions : 105 m de longueur, 72 m de largeur en façade orientale et 50 m de base au sud-ouest, la hauteur maximale étant de 9 m, sommet néanmoins modifié par les fouilles anciennes). L'emplacement de la ciste, creusée dans le substrat, est à peu près central et occupe un bien petit espace dans cette masse colossale. Le volume du caveau est pourtant le plus important parmi les autres monuments dits carnacéens, et, quoi qu'il en soit, le plus grand que l'on connaisse pour une (probable) sépulture individuelle dans la France du Nord. Aucun ossement ne fut conservé au Mané er Hroëck, faute probablement de sédiments compacts au dessus de la chambre, mais Tumiac et Mont Saint-Michel, mieux protégés, ne contenaient qu'un seul corps.

Aux côtés de plusieurs grandes lames polies — certaines volontairement brisées en trois — et de perles et pendeloques en variscite accumulées en nombre, on note la présence d'un anneau en jade, un des rares à être trouvé en contexte vérifié. La dispersion de tous ces objets autour du corps (et autour du caveau) montre qu'une mise en scène ostentatoire prévalut au sein de cet espace dégagé9. En outre, la publication du XIXe siècle a bien précisé que la pointe de la hache la plus spectaculaire (à nervure médiane) était introduite à l'intérieur de l'anneau10. Une configuration structurale que nous avons bien sûr rapprochée de la scène de la Vallée aux Noirs 6.

7 Fromont 2014.

8 Pétrequin et al. 2017.

9 Cassen et al. 2015.

10 Galles 1863.

Fig. 2. Ciste centrale du Mané er Hroëck (Locmariaquer). Topographie et section du tumulus ; choix d'objets précieux en jades et variscite ; emplacement du dépôt de la stèle gravée (photo des haches H. Neveu-Derotrie, Musée Dobrée, Nantes ; photos des pendeloques J.G. Aubert, Arc'Antique)

C'est devant l'accès transitoire et latéral à la tombe que fut déposée une stèle, comprise comme un « grand verrou » par le premier explorateur. Cassée en trois fragments, la grande face était couchée sur le sol, gravures cachées. Plusieurs haches transparaissent sur le côté le plus lisse et furent aussitôt reconnues (« celtae emmanchés ») 11. Si l'on porte attention à l'individu placé en bas et à droite, on note qu'un signe circulaire est assez précisément superposé à l'extrémité du manche (fig. 3). Dans la littérature, ce détail fut interprété comme boucle, lanière de maintien ou encore « dragonne » 12. Mais par analogie avec La Vallée aux Noirs, il découle logiquement que cette portion de cercle est désormais, et plus probablement, la représentation d'un anneau, l'objet en pierre.

Manè er Hroëck (Locmariaquer)

Fig. 3. La stèle du Mané er Hroëck (Locmariaquer). Photo du tirage positif (1900-1910), Musée de Carnac (réf. 2009.0.1578). Inventaire des signes sur le levé photographique compilé depuis l'original et les moulages des musées de Carnac et Vannes (levé redressé dans le modèle photogrammétrique)

Ainsi, la composition de signes graphiques découverts prés de Paris est élucidée par l'agencement d'objets vrais décrits en Bretagne. Tandis que la gravure mal comprise en Bretagne est à son tour éclairée par cette rencontre entre représentation idéelle (socialement partagée) et disposition symbolique des objets figurant « arme » et « parure » (images et métaphores qui expriment des aspects du réel), peut-être dans une intention de complémentarité sexuelle (pour un historique des recherches autour de ce dernier point de vue, voir)13.

11 Galles 1863.

12 Mortillet 1894, 299; Le Roux 2006, 89.

13 Cassen 2017.

Fig. 4. Tombe à couloir du Mané Groh (Erdeven). Vue frontale vers le chevet ; vue interne de l'orthostate 14 gravé ; synthèse de la composition d'une hache, d'une crosse et d'un anneau

3.2- La stèle en remploi du Mané Groh (Erdeven)

L'hypothèse formulée autour de la « lanière » d'une hache gravée au Mané er Hroëck, finalement transformée en « bracelet », sera d'autant plus recevable que d'autres compositions seront à même de reproduire une structure iconographique comparable.

Latombe à couloir du Mané Groh en Erdeven (Morbihan) donnejustement l'opportunité d'une comparaison régionale. Sur la plus grande dalle dressée face au couloir d'accès, plusieurs signes groupés marquent le secteur gauche central du support granitique, aplani par percussion, parmi lesquels furent identifiées une crosse et une hache emmanchée14. La scène semble cependant incomplète, la lecture étant gênée à droite par une couverture dense de mousse développée sous l'abri de la dalle de couverture du compartiment nordest (fig. 4). Une dalle qui, pour son installation à l'horizontale, a nécessité l'ablation de tout l'angle supérieur du monolithe gravé, laissant par conséquent entendre le remploi d'une plausible stèle plus ancienne. Mais, dans le cas présent, la reconnaissance des signes nous importe davantage que le programme iconographique originel. Deux motifs désormais bien classiques et très souvent associés, la hache emmanchée et la crosse de jet, sont en effet présentés verticalement, parties actives des armes orientées vers la gauche (tranchant, crosseron) ; leurs parties basales s'arrêtent au même niveau au-dessus du sol (actuel) de la chambre alors que le haut de l'instrument hache surpasse la crosse. Les deux motifs se superposent enfin à un anneau inédit, également tracé en creux, très altéré ; seul le manche de la hache est centré sur le signe circulaire, suggérant l'association sémiotique dominante d'où la crosse est écartée (fig. 4).

3.3- Les représentations à Dissignac (Saint-Nazaire) et Le Berceau (Saint-Piat)

Sans multiplier les exemples similaires dans la présente étude, passons néanmoins

à deux autres cas de figure bien connus dans le répertoire néolithique de la France du Nord, qui vont illustrer par une autre variation, et dans une zone géographique de compréhension plus élargie, cette association entre le manche d'une hache et un signe curviligne basal.

14 Boujot et al. 2000.

Le cairn de Dissignac (Saint-Nazaire) domine l'estuaire de la Loire et deux tombes à couloir furent inscrites ensemble au sein d'une enveloppe tumulaire. La première dalle de couverture de la chambre A conserve des gravures au plafond qui ne furent découvertes qu'en 1968 par C. Gallais. Aux côtés de signes « crosses » et d'un motif très simplifié de « hache-charrue » (désormais compris comme un cétacé), trois haches crossées (fig. 5) sont munies d'un « anneau basal » inscrit du même côté que la lame polie15. Le mot « anneau » ne suppose cependant pas, dans cet article, une référence à l'objet de parure, mais son emploi paraît néanmoins révélateur de l'image spontanée sous-jacente.

Le vocabulaire employé sera d'ailleurs identique quand seront décrits des signes similaires dans la tombe au couloir détruit du monument Le Berceau (Saint-Piat), à l'ouest de Paris. Aux côtés de figures découvertes au tout début du XXe siècle, aussitôt rapprochées du registre armoricain16, un « anneau basal » est détaillé au bas des manches crossés de haches tout à fait superposables à la composition de Dissignac17. Ici encore, le terme usité par l'auteur ne se réfère aucunement à un objet réel. Notre récent levé ne s'éloigne d'ailleurs guère des restitutions anciennes18 ; il confirme bien que la boucle ne peut pas être assimilée à un cercle. Pourtant, ici comme à Dissignac, un processus d'abstraction, sinon de simplification, est à l'œuvre, contribuant à la déformation progressive du programme iconographique originel jouant sur deux objets bien distincts (fig. 5).

Fig. 5. Lame polie, manche crossé et anneau : processus d'abstraction et/ou de simplification. Mané er Hroëck (Locmariaquer) : objets découverts en connexion dans la tombe et gravure de la hache L sur la stèle du « bouchon » d'entrée ; Vallée aux Noirs 6 (Buthiers) ; Mané Groh (Erdeven) ; Dissignac A (Saint-Nazaire) ; Le Berceau (Saint-Piat). En encadré, tous les objets à la même échelle

15 L'Helgouac'h et al. 1970.

16 Courty 1910.

17 Chevallier 1972.

18 Un levé complet des signes conservés sur les parois de la chambre du Berceau, dans le cadre du programme JADE2, fera l'objet d'une publication spécifique; nous remercions D. Jagu pour son accueil et toutes les facilités accordées lors de nos interventions en 2013 et 2016.

Fig. 6. L'arme ancienne (la hache) aux côtés de l'arme nouvelle (la pistole). Inde, Allemagne, Espagne (photos Tessier-Sarrou)

3.4- Vers un troisième objet, l'arme ancienne

Mais, on le voit, un troisième signe s'est ajouté à la hache et à l'anneau : la « crosse », entité abstraite décrite aux deux extrémités de l'Europe, dès le milieu du Ve millénaire, sous forme de représentation gravée autant qu'objet de parure travaillé en Hongrie et en Bulgarie dans les matériaux nobles et rares que sont l'or et le cuivre. Pour interpréter le signe, nous avons dû partir de références ethnographiques relatives au bâton de jet et à son emploi non seulement chez les chasseurs des XIXe et XXe siècles, mais encore chez les rois et devins des mondes italiques ou égyptiens, tandis que des peintures de chasses préhistoriques à l'aide de bâtons recourbés permettaient de trouver des morphologies comparables au signe énigmatique. Une scène de chasse fameuse relevée à Catal Hoyuk, en Turquie, atteste de l'existence de telles armes de jet dans un Néolithique eurasiatique relativement ancien19.

Dans l'ouest de la France, le signe crosse est partie prenante des grandes scènes figurées sur les stèles du Ve millénaire. Mais on note que chaque fois qu'une confrontation se fait avec la hache, la crosse est toujours en position de signe dominé. Un rapport que nous interprétons comme la préséance de l'arme nouvelle des agriculteurs sur l'arme ancienne des chasseurs-cueilleurs — le boomerang. La conjonction et la fusion de ces deux objets fondamentaux, distincts à l'origine, vont créer le motif de la hache emmanchée, notamment de type carnacéen.

L'idée persiste dans notre environnement historique plus ou moins proche, qui consiste à maintenir une arme ancienne aux côtés de l'arme nouvelle. Ce fut le cas avec les premières pièces à feu qui jetaient la mort à distance, armes inédites qui apparaissent en Europe au XVe siècle et qui parfois entre le XVIe et le XVIIIe — et surtout pour les objets prestigieux comme certains cadeaux diplomatiques, objets-signes par excellence — contenaient en même temps la lame de hache de l'ancienne tradition des armes de jet (fig. 6).

19 Cassen 2012.

□ KCftl IWSfll

Fig. 7. L'orthostate C3 dans la chambre de Gavrinis (Larmor-Baden) : détails sur le couple de lames de haches (contours et signes pleins). Deux couples de lames polies en jadéitite découverts enfouis à la verticale dans la plage du Petit Rohu (Saint-Pierre-Quiberon)

Après avoir parcouru quelques ensembles funéraires, la fameuse tombe à couloir néolithique de Gavrinis en Morbihan va permettre maintenant de commenter les contextes de la déposition en terre ou en eau. Les parois de ce monument portent, en effet, de nombreuses représentations gravées de lames de haches nues dont les morphologies sont très proches de certains types d'objets déjà recensés en Bretagne, même si ces reproductions paraissent parfois idéalisées, à travers notamment la forme exagérément pointue du talon. Plusieurs dalles montrent aussi des figurations de couples de lames de haches, leurs tranchants dirigés vers le haut (fig. 7). De telles mises en scène — haches polies « plantées »/talon disposé vers le bas — avaient été décrites au cours du XIXe siècle lors de la découverte fortuite des dépôts de lames en jades (Mouairen, par exemple) ; mais le lecteur moderne attribuait ces observations à l'imagination des découvreurs ou des auteurs relatant les faits. Il fallut attendre ces dernières années pour que de tels assemblages soient exactement observés, en particulier grâce à la découverte sous-marine du Petit Rohu (Saint-Pierre-Quiberon) qui validait enfin l'ancienne relation (fig. 7).

En résumé, nous avons recensé des objets dans l'espace funéraire qui sont dissociés du défunt, qui ne sont pas rassemblés en tant qu'effets personnels déposés dans les mains ou sur le vêtement de leur détenteur mais qui, au contraire, vont être disposés autour du corps (à Tumiac, au Mont Saint-Michel, probablement au Mané er Hroëck). Dans le même temps, nous constatons la gravure de certains de ces mêmes objets, également placés au côté d'une représentation « humaine » dans la Vallée aux Noirs, et non pas entre les mains de ce personnage démiurge qui les domine, qu'il soit divinité, ancêtre ou héros. Afin de mieux comprendre cet effet iconique de la représentation, ouvrons le dossier des comparaisons imagées.

4- L'Illustration ethnographique, de l'iconique au narratif

Le phénomène de rencontre et de contact prolongé entre des sociétés humaines est à l'évidence une source d'inspiration et une réserve documentaire pleine d'intérêt pour l'archéologie du Néolithique ouest-européen, a fortiori quand ces groupes se démarquent par des modèles socio-économiques et des cosmogonies en contraste total. Le cas des populations d'Amérique du Nord est instructif à cet égard, en ceci qu'elles vont projeter, entre le XVIIe et le XXe siècle, notamment sur leurs tipis et sur les capes peintes en peaux de bison, des objets anciens révérés comme le bouclier et la hache (en pierre, puis métallique), et des objets nouveaux convoités, comme le fusil à silex et le cheval (fig. 8, D). Ces scènes associant armes et animaux (mais aussi objets cérémoniels divers et phénomènes atmosphériques) peuvent être narratives, illustrer par exemple le déroulement d'un exploit guerrier ; mais ces entités sont parfois figurées de façon isolée, sans espace ni temps suggérés par le dessin, car elles sont autant de puissances, suffisantes en soi pour attirer protection sur l'habitation, favoriser la guérison du corps, prévenir les mauvaises intentions du dehors20.

Le fusil à silex est ainsi l'arme nouvelle, effrayante, aussitôt convoitée par l'élite des sociétés des Grandes Plaines. L'accès à l'objet désiré est ensuite facilité par le commerce volontaire des armes que les européens (notamment les français à partir de 1766, fig. 8, A) vont mettre en œuvre au cours de leur colonisation, puis par les conséquences de la guerre d'indépendance américaine. Comme l'arc cérémoniel à plumes, le fusil à silex fait ainsi une apparition sur le mode « iconique », flottant à côté des boucliers (fig. 8, C). Il n'est pas figuré comme objet de propriété, ou brandi pour démontrer l'autorité de celui qui le tient ; il est exhibé comme une entité indépendante, autonome, indiquant sa valeur sacrée intrinsèque, comme objet investi d'un pouvoir « medecine ». Le fusil partage conséquemment avec l'arc — l'arme ancienne — le même pouvoir destructeur autant que spirituel ; il sera représenté de la même façon graphique, avec la même signification iconographique. Mais le voici bientôt répété, multiplié (fig. 8, B, F); le fusil désigne alors — à l'instar des séries d'arcs (fig. 8, H) ou de haches, peintes ou gravées — le nombre de « coups » gagnés lors d'expéditions guerrières menées contre des groupes voisins21 c'est le mot français « coup » qui est utilisé par les observateurs pour désigner cet acte de bravoure consistant à toucher l'ennemi vivant du bout d'un objet spécifique, le plus souvent en forme de longue canne ou courte crosse ; fig. 8, G).

Quant au cheval, tout d'abord considéré comme un animal magique et pour cette raison figuré de façon lui aussi isolée, à l'image du bouclier qui est chargé de tous les pouvoirs transmissibles à son détenteur, il va peu à peu intégrer des séquences narratives où la preuve de sa possession deviendra plus importante, où sa participation aux scènes de bataille est une marque de la puissance exercée. Le cheval monopolise progressivement l'ancien pouvoir du bouclier au profit de celui qui le montera ; le Cheval Monté devient alors le symbole du pouvoir sacré.

Une scène guerrière représentée en 1892 sur une peau de bison d'une tribu Blackfeet (fig. 8, E) illustre une manière de synthèse entre la représentation iconique et le déroulement du récit héroïque : l'attaque victorieuse du village des indiens Flathead par le chef White Grass (village figuré par un cercle et des triangles pour désigner les

20 Klassen 1998.

21 Brownstone 2001.

Fig. 8. Représentations des armes des hommes chez les sociétés d'Amérique du Nord. A- Fusil à silex (XVIIIe ; American Museum of Natural History) ; B- Fusils à silex juxtaposés désignant les « coups », peintures de Pictograph Cave, Billings (USA—photo P. Faris) ; C- Fusil à silex gravé, Writing-on-Stone, Âisinai'pi National Historic Site, Alberta (Canada — d'après Keyser, Klassen 2001) ; D- Tipi peints de fusils et de chevaux non montés chez les Crow (Collections Search Center, Smithsonian Institution) ; E- Représentation de l'attaque du village des indiens Flathead par le chef White Grass, sur une peau de bison peinte, Confédération Pieds-Noirs (Canada, 1892 — d'après Taylor 1998) ; F- répétition d'anthropomorphes et de fusils à silex comme autant de "coups", Black Hills, Dakota (USA — d'après Sundstrom 2004) ; G- Powder Face, chef Arapahoe (Oklahoma) dans ses habits de guerre et tenant un long « coup-stick » (photo W. Soule, 1867-1874- Yale University Library) ; hache de combat et bâton crossé à « coup » des tribus Hidatza (XIXe, American Museum of Natural History) ; H- Gravures Navajo dans Crow Canyon, New Mexico (USA) : arc non armé aux main d'un guerrier et juxtaposition d'arcs désignant le nombre de « coups » (photos M. Connealy)

tentes en sa périphérie22) est révélée par la capture des armes du chef vaincu — un arc et un carquois de flèches -, armes exhibées sur la place du village aux côtés de ses deux chevaux, tandis que deux fusils, deux haches et un carquois de flèches demeurent à leur tour comme suspendus dans l'espace, mais à l'extérieur du village, sans participer dans les mains des hommes aux scènes pédestres ou équestres. Il s'agit là des marques désignée et mises en scène de la pure puissance de l'assaillant.

5- Retour conclusif dans la Kusntkamera

Revenons à Saint-Petersburg et au Kunstkamera Museum, lieux de tant d'images du Monde. A. Schopenhauer23 soulignait qu'en allemand le nom même de l'art (Kunst) indique par son étymologie ce qui compte en lui : le pouvoir (Können). Il n'est pas douteux que l'institution du pouvoir se donne des représentations, se donne en représentation, produit ses représentations de langage, d'objets et d'images. Car l'image est efficace en tant qu'elle instaure la croyance en un pouvoir qui lui serait inhérent, en une force qui serait indépendante de tout rapport de forces. Bien sûr, au sein de l'espace social, les images ne se présentent jamais seules, elles cohabitent avec d'autres formes culturelles ; elles sont toujours associées à des récits, des énoncés ou des contextes qui en précisent la signification et la puissance évocatrice. Dans la présente étude, le dialogue établi entre signes imaginaires et objets vrais est notre manière de poursuivre cette archéologie des images, afin de mieux percevoir les modes de construction des systèmes de représentation au Néolithique, même si les niveaux de discours (symboles, métaphores, allégories, mythes...) sont à tout jamais perdus. Quoi que l'on fasse, ce qui fait la séduction et la fascination de l'image24, c'est que quelque chose en elle a disparu. La gravure d'une hache n'est plus une simple analogie de l'objet : le Réel doit devenir

image, mais la plupart du temps c'est au prix de sa disparition.

***

Enfin, si les sociétés humaines, pour instituer le pouvoir politique ou la religion, ont eu besoin d'objets, ce n'est pas simplement parce que les objets servent à marquer ou à imiter, mais parce que leur matière même est problématique25, à l'instar des jades qui se pensent, pourrait-on dire, à la limite du pensable et de l'impensable. Tout comme le pouvoir. Ces dieux-objets, ainsi que les nomme M. Augé, sont avant tout forme et matière, ensemble de substances prélevées sur la nature, et image, souvent allusive et métonymique, du corps humain ou d'une part de ce corps. Dès lors, en liant la problématique du pouvoir à celle de l'image, les anthropologues font nettement basculer la théorie de la représentation du côté de l'examen de son efficacité sociale. Et par conséquent, même une stèle néolithique, comme tout dispositif pensé de la représentation, produit son propre pouvoir et se produit comme pouvoir.

Pierre le Grand, comme les fins politiques de tous les temps, a joué de ce levier. Et si l'on célèbre en cette année du colloque de Saint-Petersburg les trois siècles écoulés depuis la fameuse visite du Tsar à Paris, en 1717, on retiendra mieux encore qu'il venait

22 Taylor 1998.

23 Schopenhauer 1818.

24 Baudrillard 2004.

25 Augé 1988, 33.

de fonder la Kunstkamera, en 1714... Cabinet des Curiosités, certes, mais aussi lieu où l'Art et la Science (des armes) nous offrent la représentation du pouvoir, face au Palais Impérial que fera construire la propre fille de Pierre le Grand, sur l'autre rive de la Neva.

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«Au centre, une légère extumescence trahissait la tombe fraîchement creusée. Là, reposaient les armes du chef, ses fusils chargés et amorcés, sa lance, sa superbe hache en jade vert, avec une provision de poudre et de balles suffisante pour les chasses éternelles.» (les Enfants du capitaine Grant) 26.

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OBJECTS-SIGNS AND SIGNS OF THE OBJECT. STONE RINGS AND AXES ICONOGRAPHY IN THE NEOLITHIC OF NORTHERN FRANCE

Serge Cassen*, Valentin Grimaud*, Pierre Pétrequin**

*Laboratoire de recherches en archéologie et architectures (UMR6566), CNRS et Université de Nantes, France

serge.cassen@univ-nantes.fr; valentin.grimaud@univ-nantes.fr

**Maison des Sciences de l'Homme Ledoux, CNRS et Université de Franche-Comté,

Besançon, France

archeo.petrequin@free.fr

Abstract. Working the field of the engraved symbols, this study would like to carry out the research on the passages between real and ideal worlds of the Neolithic societies. The

challenge is to understand this transition operated between objects described by archaeology and the similar forms inside the graphic expressions. In northern France, we will see whether it is possible to pass from "weapons" and "ornaments" dated from 5th millenium BC to their figuration on the outdoor steles systems or on the walls of the hidden tombs. The emblematic object of the Neolithic era, the polished axe, will be thus described in the Carnac area (Brittany) through its double representation, axe head or hafted axe. A recent discovery in the Paris region will make possible to understand that the stone bracelet is also illustrated in contact with the axe. The association of these two signs will lead us to the integration of a third object, the throwing stick, the old weapon of the hunters-gatherers. The ethnographic illustration will help finally the process of comprehension of the images, distinguishing in particular the iconic and narrative modes in the representation of the symbolic scenes. The image of the power and the power of the images will serve finally the reflection on deep nature of these iconographic programs.

Keywords: Neolithic, carnacean area, stele, hafted axes, stone rings, throwing sticks, object-signs, engravings, iconic, narrative, powers of image

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