Научная статья на тему 'The enigmatic narrator in Splendid hotelby marie Redonnet'

The enigmatic narrator in Splendid hotelby marie Redonnet Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
SPLENDID HOTEL / NARRATOR

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Nedeltcheva-Bellafante Zlatorossa

We have analyzed in this paper the personal «I» of a narrator having no name, having no face and obsessed with what is her passion the Splendid Hotel, she has inherited from her grandmother, a dilapidated building where everything has already begun to crumble. We are observing the narrator and her somewhat useless but devoted efforts to take care of the Splendid Hotel, which has turned into the symbol of fatality and despair.

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Текст научной работы на тему «The enigmatic narrator in Splendid hotelby marie Redonnet»

Научни трудове на Съюза на учените в България-Пловдив. Серия В. Техника и технологии, естествен ии хуманитарни науки, том XVI., Съюз на учените сесия "Международна конференция на младите учени" 13-15 юни 2013. Scientific research of the Union of Scientists in Bulgaria-Plovdiv, series C. Natural Sciences and Humanities, Vol. XVI, ISSN 1311-9192, Union of Scientists, International Conference of Young Scientists, 13 - 15 June 2013, Plovdiv.

LA NARRATRICE - ÉNIGME DANS SPLENDID HÔTEL DE marie REDONNET Zlatorossa Nedeltcheva-Bellafante Université de Plovdiv Paisii Hilendarski

the enigmatic NARRATOR IN SPLENDID HOTEL BY MARIE REDONNET

We have analyzed in this paper the personal «I» of a narrator having no name, having no face and obsessed with what is her passion - the Splendid Hotel, she has inherited from her grandmother, a dilapidated building where everything has already begun to crumble. We are observing the narrator and her somewhat useless but devoted efforts to take care of the Splendid Hotel, which has turned into the symbol of fatality and despair.

Marie Redonnet (née Martine L'Hospitalier) écrit depuis 1985 et certains critiques définissent ses récits comme "une sortie remarquée hors du formalisme du Nouveau Roman, un retour à une certaine narration romanesque "timide, hésitante." (Picard, 2010 : 31) Le roman Splendid Hôtel est écrit en 1986 et représente la première partie d'un triptyque dont les deux autres volets sont Forever Valley et Rose Mélie Rose (publiés en 1987).

Splendid Hôtel raconte l'histoire d'une femme, qui est aussi narratrice, obsédée par sa passion - l'hôtel hérité par sa grand-mère, un vieux bâtiment délabré où tout commence à s'écrouler. Le texte poursuit les efforts, un peu inutiles mais dévoués, de la narratrice pour soigner le Splendid hôtel, symbole de la fatalité et du désespoir.

Dans la présente communication nous allons analyser le « je » d'une narratrice sans nom, sans âge, sans visage, qui reste énigmatique dans tout le texte. Nous allons voir dans quelle mesure elle possède les caractéristiques d'un narrateur à la première personne et par lesquelles elle s'en éloigne. Nous avons choisi d'explorer les particularités du narrateur parce que nous trouvons son rôle très important pour l'organisation du récit et pour la réception du texte narratif, d'une certaine façon il est l'intermédiaire entre le texte et le lecteur. Dans ce sens, son statut est un des choix les plus importants de l'auteur car le type de narrateur conditionne le fonctionnement énonciatif de la narration et détermine les caractéristiques du texte - l'illusion d'authenticité, de sincérité, d'objectivité, etc. Le récepteur accède au texte par la conscience du narrateur, tel un Virgile il conduit le lecteur à travers les événements de l'univers fictionnel.

La première caractéristique d'un narrateur « je », c'est qu'il raconte une histoire personnelle et il se « nomme » (Rivara, 2000 : 159). Malgré la première personne, la narratrice dans Splendid Hôtel reste anonyme. Elle parle en détails de ses sœurs Ada et Adel, de leurs préoccupations, de leurs échecs et maladies, mais elle dit le moins possible sur elle-même. Le peu de choses qu'on comprend, c'est que la narratrice est la cadette des trois sœurs, mais en même temps qu'elle n'est plus très jeune : « C'est tout d'un coup que je réalise que je ne suis plus toute jeune. [...] Mon cœur est un peu fatigué. Je le sens quand je monte à l'étage. Quand j'arrive dans la chambre d'Ada, je

suis essoufflée. » (28-29)1 On apprend aussi qu'elle n'a jamais quitté l'hôtel et que c'est le sens de sa vie : « Je comprends grand-mère. Le Splendid Hôtel, c'était sa vie. Moi aussi, sans le Splendid, qu'est-ce que je deviendrais ? » (31)

D'un autre côté, le « je » est repéré sans problème par rapport à la situation d'énonciation comme le seul énonciateur. Dans la plupart du texte le narrateur parle au présent, la narration crée l'illusion de simultanéité (en effet, pseudo-simultanéité), renforcée par la répétition, à plusieurs reprises du déictique « maintenant », qui situe la narration par rapport au moment de l'énonciation. Cette pseudo-simultanéité introduit l'idée de la disparition de la distance entre le je-narrant et le je-narré, qui a comme effet la sensation que le lecteur est plus proche de l'univers fictionnel. Cette distance, mal définie, entre les deux faces du narrateur gomme la distinction entre le narrateur-personnage et le personnage-narrateur, entre ses savoirs et ses points de vue.

La simultanéité souligne la réception immédiate, l'impression de vivre « en direct » les événements du texte. La distance entre le moi narrateur et le moi personnage n'est pas évidente, on peut même dire que dans le roman de M. Redonnet prédomine la présence du narrateur-personnage, parce qu'il ne parle presque pas de son passé, il ne s'analyse pas. Il n'y a pas non plus de marques textuelles (surtout adverbes de temps) qui soulignent la distance entre le je-narrant et le je-narré. Il n'y a pas de désir de la part de la narratrice de faire des analyses psychologiques d'elle-même et des autres. On peut dire que dans Splendid Hôtel il y a plutôt une coïncidence entre le moi narrateur et le moi personnage mais cela ne change pas l'indétermination de l'instance narrative et son statut anonyme.

Dans cet ordre d'idées, nous voudrions mentionner une autre caractéristique, propre à l'instance narrative dans Splendid Hôtel, c'est le manque de discours direct ; la narratrice ne donne pas la parole aux autres. Dans le texte il n'y a pas de ruptures énonciatives pour introduire les paroles des personnages, le dialogue est inexistant. La narratrice rapporte les paroles des autres en discours indirect, elle les « raconte » (par des formules introductoires telles que « Elle dit que ; elle pense que ; Ada se plaint que ; ils trouvent que », etc.) Donc, les personnages sont dans une position de subordination, ils n'ont pas de liberté et d'autonomie. Dans ce sens on peut parler d'une certaine dissonance (Cohn, 1981 : 43), qui désigne la relation entre narrateur et personnages dans une situation dominée par le narrateur. Cette technique dans le roman de M. Redonnet insiste sur la distance et l'étrangeté de la narratrice à l'égard de ses sœurs, qu'elle ne connaît pas suffisamment. Une autre particularité de la voix narrative impressionne : le point de vue de la narratrice se limite le plus souvent à la vision externe. C'est normal pour un narrateur à la première personne qui est aussi personnage. Plus rarement qu'un narrateur à la troisième personne, il peut avoir une vision interne sur les autres personnages. Cela explique, dans une certaine mesure, le peu de qualifications et de modalisations qui, en même temps, est moins caractéristique pour le narrateur de type autobiographique dont le discours, normalement, est plus riche en émotions.

Lors de notre analyse, nous avons remarqué une autre particularité de la narration dans Splendid Hôtel : l'absence de modalité affective et appréciative, un autre fait qui n'est pas très caractéristique pour une narration à la première personne. Généralement les modalités dans un texte sont le premier indice de l'intention du sujet parlant, son attitude par rapport à l'énoncé. La modalité dans un texte littéraire c'est le révélateur de la subjectivité de celui qui prend en charge la narration, dans notre cas c'est le narrateur-personnage, son attitude envers l'univers fictionnel. Normalement un narrateur « je » porte des appréciations sur son passé, sur son présent, sur lui-même, sur les autres. Dans notre cas, la narratrice raconte de distance ce qui se passe et elle reste durant tout le texte un « je » mal défini, ce qui est lié à l'absence d'identité et à son anonymat. Elle n'exprime pas de sensations, au moins elle en exprime très rarement, quand elle parle des soucis que lui créent ses sœurs et de son mécontentement : « Mère ne m'a pas fait un cadeau en m'envoyant mes sœurs. C'est de sa faute si elles sont comme ça. Elle les a trop gâtées, trop habitués à ne rien faire. » (39) Et encore : « Mes sœurs ne m'apportent que des soucis. [...] Mes sœurs font mon malheur. Avant leur arrivée, le Splendid ne m'apportait que des satisfactions. »

1 Pour toutes les citations : Redonnet M. Splendid Hôtel, Les Editions de minuit, 1986 ; désormais nous ne marquerons que la

numérotation des pages

366

(45-46)

Il faut dire que les appréciations sur ses sœurs, sur sa mère, sur son passé sont d'un ton posé, plus proche du ton neutre que de l'émotion. Elle commente avec la même indifférence les querelles entre Ada et Adel : « Elle (Ada)2 cueille les fleurs qu'Adel a plantées dans le jardin pour aller fleurir les tombes du cimetière. Adel s'est fâchée contre Ada. J'ai donné raison à Adel. Le Splendid a plus besoin de fleurs que le cimetière. » (53)

Même l'appréciation positive est explicitée plutôt comme une constatation : « Adel a enfin réussi à faire remarcher le phonographe. Elle passe les disques de grand-mère. Il y a de la musique du matin au soir. On oublie les mauvais jours. Je suis fière de mes sœurs. Sans elles je ne pourrais pas faire revivre le Splendid Hôtel. » (52) L'adverbe « heureusement » est la seule marque d'appréciation émotive qui se répète plusieurs fois dans le texte : « Heureusement que le plombier est plus humain. » (60) Et encore : « Heureusement que les clients ne sont pas observateurs. Ils ne s'intéressent qu'à la blancheur des draps, et aux sanitaires. » (63) Au contraire, le doute comme modalité épistémique, est souvent présent dans le roman. A plusieurs reprises la narratrice exprime du doute par rapport au comportement des autres, même de ses sœurs, elle utilise souvent la formule « Je ne comprends pas » ou l'hypothétique « On dirait » : « Ada va souvent au cimetière. Elle s'est promis de nettoyer les tombes et de les redresser. Je ne comprends pas l'intérêt qu'elle porte au cimetière. » (53)

La narratrice observe et relate d'une manière distante et objective, ce qui est en contradiction avec le narrateur à la première personne, qui normalement fait recours aux modalités appréciatives et affectives. Cette « neutralité » est une caractéristique plus fréquente pour un narrateur à la troisième personne. Les paroles de notre protagoniste passent plutôt à travers la logique qu'à travers l'émotion, elle est plutôt cérébrale qu'intuitive. L'absence de modalisation souligne l'objectivité et le désir d'effacement du narrateur, qui est plus caractéristique pour une narration à la troisième personne. La narratrice de M. Redonnet analyse de la même manière de point de vue émotionnel la maladie de sa sœur Ada, le sentiment d'actrice ratée d'Adel, les problèmes de tuyauterie et le manque d'argent pour entretenir l'hôtel :

« Adel maigrit d'une façon inquiétante. Elle n'a plus une robe à sa taille. Elle a des tremblements tout à coup. [...] Ada transpire malgré le froid. Elle est continuellement assoiffée. Sa langue est chargée. Elle a des points rouges sur le visage. Ça lui change complètement l'expression. Le Splendid est sale. Je ne le nettoie plus à fond. Je surveille la tuyauterie. Il y a des tuyaux de toutes les grosseurs qui courent sur les murs. Ça se comprend qu'il y ait des problèmes. » (40)

Et un peu plus loin : « Mon livre de comptes n'est pas à jour. C'était un défaut de grand-mère aussi. Son livre de comptes était toujours plein de ratures et d'erreurs. Elle pouvait se le permettre parce que le Splendid rapportait. Elle n'avait pas de soucis à se faire pour ses comptes. On lui faisait toujours crédit. Le couvreur m'a envoyé une lettre de rappel. Il me réclame une facture importante, bien plus importante que le travail qu'il a fait sur le toit, et qui n'a même pas tenu. Je ne comprends rien ç cette facture. Sans parler de toutes celles qui se sont accumulées. J'avais oublié qu'il y en avait autant. » (76)

Nous trouvons que, malgré l'émancipation de l'influence du Nouveau roman, remarquée par les critiques, l'écriture de M. Redonnet rappelle un peu celle des nouveaux romanciers - neutre et objective, appropriée par une voix distante et anonyme. Son style très dépouillé et minimaliste, la syntaxe simple et claire, le héros narrateur qui est plutôt un spectateur de ce qui se passe, l'absence d'émotion et l'indétermination font penser à la célèbre « écriture blanche », terme par lequel Barthes dans Le Degré zéro de l'écriture (1953), désigne la neutralité et l'indifférence de l'écriture de Camus. Ce n'est pas par hasard que B. Degott intitule un article sur M. Redonnet « M. Redonnet : une petite voix blanche » (Degott, 2003).

Selon nous, une des caractéristiques les plus persistantes de la narratrice dans Splendid Hôtel, c'est son activité. Elle est toujours en mouvement, elle nettoie, désinfecte, remplit et vide des seaux, elle est en perpétuelle lutte contre les sanitaires, contre la tuyauterie, qui se bouche sans

2 C'est nous qui précisons

cesse et son principal but devient celui de la déboucher. Elle lutte également contre le Marais qui est comme un personnage vivant avec ses mouvements et ses peuplements. Dans cette activité inefficace et sans grand résultat, la narratrice rappelle un peu les personnages du théâtre de l'absurde :

« Chaque matin, je débouche les sanitaires dans toutes les chambres. L'écoulement est de plus en plus mauvais malgré mes efforts. Les clients ne font pas attention. C'est à cause d'eux que tout se bouche petit à petit. (12) [...] Il y a eu une fuite dans une chambre au premier, un trou dans un tuyau. Toute la chambre a été inondée. [...] Comme si ça ne suffisait pas que les sanitaires se bouchent. Le bois des balcons commence à pourrir. D'ici peu, on ne pourra plus y marcher sans danger. (21) [...] C'est beaucoup de travail pour moi de remplir et de vider la baignoire, surtout avec mes rhumatismes. [...] Cette baignoire est profonde et longue à remplir. Je dois y vider beaucoup de brocs d'eau avant qu'elle soit pleine, et pendant ce temps l' eau tiédit. » (74).

La narratrice peut être comparée à Sisyphe de Camus, elle met beaucoup d'efforts pour arriver à un résultat, mais tout de suite après tout s'écroule et elle doit recommencer. Tels sont les hommes de chantier qui aussi travaillent dur et sont en permanente lutte avec le marais pour construire la digue : « Ça donne du courage aux hommes du chantier de voir la digue avancer. Quand un pan de digue s'effondre, ils ne se découragent pas, ils recommencent. Les chefs d'équipe disent que les hommes sont exemplaires. » (97). Cette constante alternance des efforts et des échecs crée la tension du texte, le lecteur attend tout le temps un résultat qui n'arrive jamais et le cycle se répète.

L'autre grand « personnage » de la narration, le centre d'intérêt de la narratrice, le sens de sa vie, la chose la plus précieuse héritée de sa grand-mère, c'est l'hôtel, qui devient symbole du marais : « C'est un beau spectacle depuis les chambres que la vue du Splendid Hôtel entouré d'eau avec ses enseignes qui se reflètent la nuit dans l'eau. Les clients savent apprécier. » (64)

L'inondation du Splendid et sa disparition sont une métaphore de la vie, de la détresse, du malheur et de la mort. Après la mort physique des sœurs, la mort vient également dans l'âme de la narratrice : « Qu'est-ce que je ferais si ça se bouchait définitivement ? Ce serait terrible. L'hôtel deviendrait immédiatement inhabitable. C'est ce qu'il faut éviter à tout prix si je veux que l'hôtel continue à être ouvert. La mort dans l'âme, j'ai rajouté une note sur le tableau, dans le hall : il est interdit de se servir des sanitaires » (123) C'est la fin de l'hôtel (et de l'histoire), il s'effondre peu à peu, même les enseignes sont éclairées à moitié comme un bateau entouré d'eau. Le marais engloutit tout, l'hôtel seul reste comme un îlot, voué aussi à disparaître : « De loin, le Splendid doit ressembler à un bateau qui aurait échoué là sur la neige avec sa coque de bois à moitié pourri. Il n'a aucune chance de sombrer, puisqu'il s'est échoué. La digue a été engloutie. Grand-mère et mes sœurs appartiennent au marais. » (125)

Le roman se termine par un fort sentiment d'angoisse et de déception. Aucun espoir, aucun futur pour l'hôtel ni pour la narratrice. La longueur limitée de cet exposé ne nous permet pas d'aller plus loin dans nos réflexions. Mais en conclusion, nous pouvons affirmer que les particularités narratives, analysées plus haut, correspondent complètement au symbolisme et au message du texte.

BIBLIOGRAPHIE

Cohn, D. La transparence intérieure, Paris, Seuil, 1981

Degott, B. Marie Redonnet : une petite voix blanche in Femmes et littérature, Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté, 2003

Picard, A.-M. Ecrire au bord du gouffre : Le Splendid Hôtel de Marie Redonnet in Interférences littéraires, nouvelle série, n° 5, « Le sujet apocalyptique », novembre 2010, pp. 31-42

Rivara, R. La langue du récit. Introduction à la narratologie énonciative, Paris, L'Harmattan,

2000

Redonnet M. Splendid Hôtel, Paris, Les Editions de minuit, 1986

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