Научная статья на тему 'Menage ou fashion ? Une introduction a la lecture de la « Presse des femmes »(1)'

Menage ou fashion ? Une introduction a la lecture de la « Presse des femmes »(1) Текст научной статьи по специальности «СМИ (медиа) и массовые коммуникации»

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Текст научной работы на тему «Menage ou fashion ? Une introduction a la lecture de la « Presse des femmes »(1)»

www.echo.msk.ru/blog/xlarina/729464-echo/ (дата обращения 9.01.2011).

8 ТЭФИ: отказ Дормана, победа РЕН и приз Асламазян // Русская служба Би-би-си. 27.09.2010. URL: http://www.bbc.co.uk/rus-sian/russia/2010/09/100927 (дата обращения 8.01.2011).

9 Виноградов А. Речь Леонида Парфенова // Слово за нами. Молодежный информационный портал. 26.11.2010. URL: http://journs.ru/index. php/articles/gazeta/777-rech-parfenova.html (дата обращения 24.03.2011).

10 Дементьева А. Познер: «То, что сказал Парфенов, - полная правда» // Русская служба Би-би-си. Программа Вечер на Би-би-си. 26.11.2010. URL: http://www.bbc.co.uk/rus-sian/russia/2010/11/101126 (дата обращения 10.01.2011).

French touch ou la presse Hexagonale en lettres, chiffres et couleurs

De la part de l'Auteur

Puisque le lecteur peut trouver sur Internet un aperçu de la presse française (publications, éditeurs, tirages, voir http://www.netguide.fr/ Presse_Feminine_Francaise) l'Auteur se propose de creuser les fondements symboliques de la presse visant les femmes. Il est redevable à la rédaction du groupe de presse « Ouest-France » (qu'il a visité en 1992), à Paule Garçon, documentaliste bretonne, à la professeure Anne-Marie Houdebine-Gravaud, qui l'a guidé dans ses recherches sur la parole des femmes et à des dizaines d'habitant(e)s de l'Hexagone qu'il a croisé(e)s depuis vingt ans.

2.1 Cherchez la femme...et et elle vous trouvera

L'Amérique se fait représenter par une seule dame, Miss Liberty (sculpture créée en dans

11 Даниил Дондурей: Элиты не протестуют против доходов от падения морали // Новая газета. 15.12.2010. URL: http://www.novayagaze-ta.ru/data/2010/141/36.html?print=201124010937 (дата обращения 12.01.201).

12 Парфенов 2.0 // GQ. сот. 26.11.2010. URL: http://www.gq.ru/people/article/333263/ (дата обращения 14.01.2011).

13 Там же.

14 Там же.

15 Дементьева А. Познер: «То, что сказал Парфенов, - полная правда» // Русская служба Би-би-си. Программа Вечер на Би-би-си. 26.11.2010. URL: http://www.bbc.co.uk/russian/russia/ (дата обращения 10.01.2011).

Par Gabriel Mardare

Université « Vasile Alecsandri », Bacau, Roumanie

l'Hexagone). Ce n'est pas le cas de la France: la mythologie nationaliste de l'Action Française s'est servie de Jeanne d'Arc(1), qu'elle opposait à la femme-(Ré)publique(2) connue sous le nom de Marianne (3), la gauche radicale a su tirer profit de la figure de Louise Michel etc.

Il ne faut pas oublier que c'est vers la même époque que se met en marche le mouvement spirituel engendré par les visions de Bernadette Soubirous (1853) et qui a conduit au pèlerinage de Lourdes, l'un des plus importants dans le monde catholique et cela au moment où l'Etat rompait

Figure 1. Les figures de la République. Source : www.diplomatie.gouv.fr

Ménage ou Fashion ? Une introduction à la lecture de la « presse des femmes »(1)

Deuxième partie

définitivement la mariage avec l'Eglise.

Rien de plus faux donc que la réduction de la France à l'image de la femme volage - voire libertine - que certains se plaisent à imaginer. Il est intéressant d'ailleurs que la promotion des figures représentatives de la Foi passe par ce complexe. En 1914, une certaine Dora Melegari faisait paraître une série de huit récits(4), dans une série intitulée « Ames et visages de femmes ». Les figures dont elle parlait était de « celles qui ont su vaincre la nature, les préjugés, les événements, et qui ont remporté sur elles-mêmes et le monde où elles vivaient, d'éclatantes ou silencieuses victoires »(5). Or à côté de personnages vraiment célèbres (6)- dont certains étaient presque contemporains, l'auteure italienne fait valoir, dans l'édition de 1923, une religieuse de Lorraine, qui avaient soigné des blessés au cours de la première guerre mondiale et avait su affronter les occupants allemands. Voici l'étonnement d'un « Boche »(7), traduit par Dora Melegari :

«Cette petite religieuse au geste impérieux et au

sourire maternel qui leur avait si impérieusement

enjoint de ne pas passer outre, leur paressait un

phénomène déconcertant. C'étaient donc là ces

Françaises, uniquement éprises de frivolité, qu'on

leur avait dépeintes, et dont on médisait avec une

si hypocrite indignation »(8).

Cette complexité

de l'imagerie de la

femme française est

en concordance avec

un autre paradoxe : les

habitants de l'Hexagone,

dont l'empire s'est

étendu sur l'ensemble de

la mappemonde n'aiment

pas trop s'expatrier et

encore moins émigrer

définitivement. Par

rapport aux Allemands

Figure 2 Carte publicitaire (peuple incarnat l'idée

du qiioticHen « La Crok » de « sérieux », de « posé présentée sur le site de la ' f

publication » et de « stable ») les

Français furent, pour l'intervalle 1820-1970, dix fois moins nombreux à s'installer aux USA (9). Un rattachement à la Terre (Mère)-Patrie surprenant pour les étrangers dont certains remarquent en revanche, avec des réactions parfois déconcertantes, le nombre important des « Français récents » visibles à l'œil nu (10).

2.2. Le brand et ses revers

L'image interna-tionale de « la Française » reste ancrée pour les Américains - qui font la pluie et le beau temps en matière de clichés culturels - dans deux figures : Coco Chanel et Brigitte Bardot (11). Le choix d'un certain nombre d'artistes à la mode pour la statue de Marianne (12) ne fait que conforter les « indignations hypocrites » de tout horizon. Les caricatures que les Français eux-mêmes donnent de la République lors du changement de constitution en 1959 (13) ne manquent pas d'humour (14).

On peut évidemment se demander dans quelle mesure ce genre était perçu dans la culture américaine. Dans un livre portant sur les Relations Publiques en France, Tatiana Lebedeva a souligné une rupture entre la mentalité catholique (inscrite en filigrane dans le comportement et la perception des Français) et le moralisme anglo-saxon : les habitants de l'Hexagone sont insensibles aux scandales portant sur le sexe mais très pointilleux vis-à-vis de tout ce qui est en rapport avec l'argent (15). C'est pourquoi nous pensons que le rapport des Américain(e)s avec les deux symboles français est ambigu : attraction d'une part, distanciation de l'autre.

Il suffit de comparer le buste de Brigitte Bardot, sexe-symbole devenu image de la République et provoquant, à ce titre, la réaction des publics conservateurs (16) et la fameuse scène où le sexe-symbole américain, Marylin Monroe, est surprise par le risque de laisser voir ses cuisses.

Un commentateur roumain considérait vers 1970:

« A son début, Brigitte Bardot fut un scandale : le scandale de sa nudité présentée constamment et intégralement, le scandale de sa sensualité. Le visage profondément sensuel de l'actrice était un prolongement de la nudité corporelle et restait une portion du corps que les sentiments ou les pensées n'altéraient pas ».

Ce que le commentateur roumain semble ignorer, c'est que le succès de BB était en rapport avec les « drive in » : « On voit de belles filles à l'écran et, sans ses parents, on embrasse sa copine dans la voiture. On dit en anglais « to ball » -c'est un peu plus qu'un baiser » nous dit Frédéric Martel dans une enquête sur la culture « qui plaît à tout le monde » (17).

L'attitude américaine est une synthèse de la féminité conforme, qui repousse vers un autre pays ce qui peut (la) tenter : les magazines «Vogue » et « Mademoiselle » étaient bel et bien édités aux USA mais s'attifaient de titres français. Aux EtatsUnis, les femmes dirigeaient tout ce qui concernait l'Eglise et l'Ecole et leur goût était dominant en

matière de littérature et arts. Cela faisait penser que la notion même de culture y était féminine. Mais comme cette position s'ancrait dans un fond puritain, le langage et l'éducation étaient asexués : on supprimait de la littérature les passages qui faisaient problème, les formes trop suggestives des pianos étaient habillées et il était impensable que le nom des parties anatomiques de la femme qui pouvaient éveiller le désir fût prononcé par des personnes éduquées (18).

Quand le non conformisme y pénétra enfin, grâce à l'effet Freud, ce fut en surdose : le succès des auteurs passait par l'agglutination des complexes et des perversions, ce qui pouvait faire croire que l'amour romantique et le mariage avaient disparu (19). Les magazines reflétaient cette situation par le manque d'inhibition qu'elles affichaient mais il n'était pas question que cela se passe sous un titre anglais.

2.3. Petite histoire de l'horizon féminin français

La situation française est, à cet égard, bien particulière : les Précieuses avaient épuisé toutes les ressources linguistiques de la pudibonderie (euphémismes, dénominations obliques) et le marquis de Sade avait comblé l'imaginaire de Freud avant même que le psychanalyste vît la lumière du jour. Le style des magazines français n'avait donc aucune raison de suivre le modèle d'une culture récente. Cela n'exclut pas le recours à l'importation modérée.

1939- Marie-Claire, revue d'inspiration américaine, vise un public féminin optimiste, énergique, émancipé, voulant éviter à la fois le militantisme de gauche et le moralisme de la droite radicale, qui se confrontaient dans l'espace public. Comme son éditeur fut compromis par la collaboration pendant l'occupation nazie, la revue fût interdite entre 1944 et 1955.

1945- Une ancienne rédactrice de Harper's Bazaar pendant la guerre lance Elle.

1973 -On adapte Cosmopolitan, à un moment où la presse féminine est en déclin, sous la double pression de l'idéologie féministe et de la télévision.

On peut parler d'une « préhistoire » nationale de la presse destinée aux femmes, tout en gardant à l'esprit que ces publications ne touchaient qu'une fraction infinitésimale de la population, voire le cercle des éditeurs et de leurs proches (20). Il faut attendre 1790 pour voir naître Les Annales de l'Education et du Sexe (21), destinées à un public non mondain.

Ce titre, paru dans le contexte de la (Grande) Révolution Française, est à ajouter à d'autres publications de l'époque, mentionnées par nos sources sans trop de précisions sur la date et le lieu de la parution : Etrennes nationales des dames, Les Evénements du jour, La feuille du soir. (22).

Ce qui est à retenir, c'est cette formule radicale, qui anticipe le discours féministe moderne : "Le despotisme marital, autant despote envers les femmes que l'est celui de l'aristocratie envers les peuples doit disparaître". L'identification Femme-Peuple marque en effet un tournant dans la construction idéologique et identitaire de ce mouvement d'émancipation mais implique également un risque dans l'imaginaire symbolique (voir la suite pour la représentation du lectorat féminin).

En ce qui concerne le domaine de « la presse des/pour les femmes », on est devant une situation assez délicate :

« Tous les spécialistes ne donnent pas la même définition » disait-on en 1970.

Aujourd'hui on tente de pallier à cette difficulté par la notion d'identité discursive (23), « espèce de capital symbolique de chaque média, sa marque distinctive par rapport aux autres médias offerts sur le marché ». C'est pourquoi nous avons eu recours à l'analyse proposée par les spécialistes du groupe allemand Prisma - l'un des principaux groupes étrangers à avoir pénétré durablement le marché français (24). Nous en avons retenu les éléments qui construisent l'image féminine dans l'Hexagone, sans entrer dans la cuisine technique (fabrication des publications) ou de marketing (stratégies de ciblage et diffusion) qui évoluent suivant un autre rythme que l'horizon d'attente et la mise en marche du dispositif d'action/réaction des femmes-lecteurs/acheteurs de médias imprimés. 1877-1959 La première génération Avant la Première Guerre Mondiale la société est en mutation : industrialisation, urbanisation, développement des transports et des moyens de communication. Les femmes accèdent à l'instruction et acquièrent de nouveaux droits civiques.

LES ANNEES 20-30 : marquent une période de reconstruction, de développement, de démocratisation. Les femmes sont actives et investissent le secteur tertiaire. On voit naître l'mage d'une femme plus pratique et indépendante. A côté des grands couturiers, la mode descend dans la rue (Coco Chanel).

Après 1936, parution de Marie Claire, d'inspiration américaine, pour les femmes optimistes, énergiques, qui s'émancipent.

1960-1979 - La génération Sixties

Pendant la période qui précède 1968 on peut repérer les prémices d'une nouvelle génération. Les valeurs traditionnelles sont remises en question. Avec l'accès aux études supérieures et la légalisation de la contraception la condition des femmes change radicalement. On assiste à une diversification des médias : développement de la télévision, des radios privées.

L'APRES 68 : Les modes de vie et de pensée sont remis en question. Décloisonnement de la société et émergence des aspirations individualistes. Avec le mouvement féministe la contestation des femmes se fait entendre. Elles acquièrent de nouveaux droits et d'autres responsabilités (loi sur l'avortement, réforme de l'autorité parentale, égalité des salaires). « La société commence à se féminiser » disent les analystes de « Prisma ».

Avec l'avènement de la première crise économique on assiste à une mutation des mentalités : les femmes sont de plus en plus actives, elles ont de multiples facettes. La presse féminine répond plus à leurs attentes, ce qui oblige les groupes de presse à changer de stratégie.

1980 La Nouvelle génération. Période de changement, de dynamisme, d'ouverture, de foisonnement d'idées. On assiste à l'accroissement de la fragmentation du corps social, de l'individualisme. Les femmes s'affirment, elles sont de plus en plus autonomes, actives et pragmatiques. Elles repensent le rapport entre féminité et esprit pratique.

De nouvelles lois sont adoptées pour la protection de la femme (viol, violence dans le couple) qui vont faire entrer dans l'univers du discours médiatique.

1990-1998 - La Satellisation, comportant deux parties.

Entre 1990 et 1994 les repères sociétaux, les grandes institutions se voient contester leur légitimité. On peut parler de la remise en cause des valeurs engendrée par la crise économique, le chômage. Sentiment généralisé d'inquiétude, de frilosité : les discounters s'imposent dans l'espace public. Les femmes sont à la recherche de deux valeurs fondamentales : authenticité et sécurité, ce qui conduit à la revalorisation de la famille et des valeurs affectives.

Entre 1995- et 1998 une lueur d'espoir : début de sortie de crise reprise en main de sa vie, besoin de se faire plaisir. On remarque de nouveaux comportements des femmes (elles maîtrisent leur vie, arbitrent, expriment leurs exigences elles deviennent infidèles).

1999-2001- L'Individualisation

ANNEES 1999-2001 Fin de la crise mais la société est en flottement. De nouveaux modes de vie sont acceptés :à côté de la famille traditionnelle on parle publiquement d'autres formes (recomposée, monoparentale). Des couples jadis marginalisés (l'union libre, « concubinage »en vertu de la morale traditionnelle et les homosexuels) acquièrent une légitimité publique grâce à par un dispositif légal spécifique : le pacte civil de solidarité (Pacs) C'est est un contrat conclu entre deux personnes majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour organiser leur vie commune. On assiste parallèlement à une forte augmentation du nombre de femmes seules, célibataires, divorcées.

La réduction du temps de travail libère remet en valeur les moments individuels d'activités au choix des individus ou de loisirs.

Les systèmes de communication connaissent une véritable explosion, notamment grâce à Internet. Cela engendre des mouvements contradictoires et complémentaires : la mondialisation (ouverture extrême), le zapping, l'interactivité, l'individualisation. Au quotidien, le téléphone portable favorise la mobilité et crée de nouvelles formes de relation, plus complexes. L'individu est de plus en plus autonome mais seul.

En compensation on voit émerger le besoin de ré-enracinement, de territoire, de liens affectifs et de reconnaissance. Il y a, par conséquent, un engouement pour des phénomènes de rassemblement très diverses (regroupements tribaux, les associations, les réunions de famille, les fêtes entre amis). Les manifestations de solidarité, d'adhésion, se multiplient dans l'espace public et sont engendrées par des occasions hétéroclites (présence du pape sur le sol français, les matches de football, diverses causes de personnes/groupes marginalisées).

2002-2006 - La 2e Nouvelle génération doit affronter une société instable et imprévisible : insécurité physique et sociale, angoisse généralisée face au terrorisme international, aux dangers écologiques de plus en plus précis (canicule), aux risques de chômage, à l'apparition de nouvelles maladies.

Face à ces phénomènes, on voit émerger des comportements complexes :

a. Les individus adoptent des stratégies d'adaptation. Ils organisent leur vie autour d'eux-mêmes, se créent une cellule. Demande d'ordre et de protection à l'extérieur.

b. Recherche de repères, revalorisation du passé. Les individus veulent vivre autrement dans

plus de simplicité, de gratuité, ils recherchent une meilleure qualité de vie.

c. Valorisation de la sphère intime, importance du relationnel dans le couple, la famille, avec les amis.

d. Introduction de rêve et de magie dans la réalité quotidienne. On transforme le réel pour le rendre le plus agréable possible.

e. On a besoin d'émotion, d'affectif, de rêve, d'évasion, de divertissement.

Après la remise en cause des modèles traditionnels, les femmes ont suivi les modèles masculins (Wonder-girls des années 80) certaines ont connu l'échec, l'amertume. Aujourd'hui, elles s'inventent une nouvelle vie, dans une féminité plus assumée.

2.4. Entre génération, promotion et cohorte

On remarque facilement que le terme « génération » concerne moins des représentations sociales que des successions de vagues de produits/lectrices dans un rapport complexe (voire syncrétique, sinon amalgamé) entre réalités politiques, culturelles, technologiques et jeux/ enjeux du marché de la presse. C'est pourquoi nous tenterons d'y voir plus clair en nous servant d'un outil conceptuel mieux adapté, en y intégrant des repères/compléments d'information que l'on néglige parfois. Il s'agit de l'analyse des phénomènes socioculturels à travers le modèle de la cohorte (25). Sommairement, cohorte désigne « l'ensemble des individus rencontrant à la même époque un événement donné ». Cette approche nous permet de mieux saisir pourquoi la première « génération » dans le tableau du groupe Prisma aura duré plus de 80 ans (qui correspondent à quatre générations biologiques pour un âge moyen

de mariage proche de 20 ans) tandis que les autres tranches correspondent parfois à des différences d'âge entre les enfants d'une même famille. Pour des raisons d'espace, nous serons intéressés par la première période, que nous allons décomposer en deux séquences chronologiques principales, à

l'intérieur desquelles on peut repérer

les « cohortes » qui débordent les générations communément admises par l'histoire littéraire.

I. La fin du XIXe siècle marque la diversification de la presse féminine vers son secteur populaire (visant donc « la femme au foyer », épouse, mère et ménagère). Elle tranche avec le militantisme de la gauche radicale (héroïnes de la Commune, comme Louise Michel) mais également avec les adeptes du mouvement monarchiste, comme l'épouse de Léon Daudet, polémiste, puis militante agressive, surtout après la mort de son fils lors d'une manifestation antirépublicaine (26).

Ces deux images sont de taille inégale pour les historiens français (qui passent parfois sous silence le poids de la « vieille France » et du mouvement monarchique durant l'entre-deux-guerres). Pour nous, elles sont complémentaires dans la mesure où, pour ce genre de personnages, la condition de « femme de... » et de «mère de...» est insuffisante. D'une façon plus ou moins claire elles (re)posent le problème de l'identité féminine.

Il nous semble évident que les trois femmes (« la casanière », la militante de la Commune et la royaliste) appartiennent à des cohortes différentes, tout envivant à la même époque et que l'appartenance « cohortale » se construit aussi à travers ce qu'elles lisent et parfois à travers ce qu'elles ne lisent pas - faute d'avoir accès à certaines publications ou bien pour des raisons plus difficiles à cerner. Nous pensons que ce qui se passe actuellement au niveau de la « mondialisation »des médias électroniques (suite au développement de la technosphère et aux coups de marketing) se produisait alors au niveau de la « nationalisation » de la lecture sous la IIIe République par l'alphabétisation : les identités culturelles font barrage aux modèles étrangers. Les trois femmes n'appartenaient pas à la même cohorte parce que les événements de lectures (et mêmes les événements tout court) n'étaient pas les mêmes.

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Pour un historien de la vie intellectuelle en France, le féminisme est un effet de l'incertitude qui s'installe dans la société sous tous les rapports (ethnique, international, social, humain), de la confusion entre les conditions nouvelles et les résidus séculaires (27) et se trouve en rapport avec les revendications identitaires des jeunes.

L'analyse par cohortes est plus nuancée. En effet, comme « un homme sur deux est une femme », la question féminine (tout comme la « question juive » pour les tenants du « purisme racial ») ne saurait se réduire à une gestion de crise identitaire par le détenteur du pouvoir. D'autre part, l'évolution de la technosphère entraîne le taux de féminisation de la population en emploi et une identification de

Figure 3. La France monarchique en 1922. La publication sera compromise sous l'occupation allemande.

certains corps de métiers (communication, gestion de ressources humaines) avec l'image de la femme moderne (28), au-delà de tout a priori idéologique. Car, à la différence des USA, l'image de « l'homme qui est femme » et entend le rester se construit en France par des apports successifs dans l'histoire culturelle.

La première vague serait représentée par les Précieuses mais elle était victime d'un double handicap :

1. le prestige de Molière qui en donna une image caricaturale (les Précieuses ridicules, les Femmes savantes, l'Ecole des Femmes), plus facile à retenir que ce qu'il y avait de légitime dans les aspirations des femmes ;

2. le fait qu'il s'agissait d'un mouvement élitiste, vire atypique, ayant un certain impact dans les salons, mais difficile à faire passer ses pratiques de langage dans la communication courantes et ses thèses radicales dans l'opinion publique.

Il y avait, en effet, un effort stylistique qui semblait excessif par rapport aux résultats, associé à la contestation de la famille et du rôle de génitrice. « La pruderie peut devenir ridicule, elle n'en a pas moins sa noblesse » remarquera-t-on beaucoup plus tard (29). Mais quand elle exalte la figure de la Veuve en tant que femme libre, cela finit par inquiéter, car cela impliquait que l'époux avait une valeur instrumentale (affranchir la femme de la tutelle paternelle) et qu'il fallait attendre la Mort pour sortir de l'esclavage conjugal. Des hommes ont pris la relève de ce mouvement et en ont fait « leur fonds de commerce » (30).

Dans ce cas la dimension militante est gommée, ce qui engendre une polarisation interne:

«Il est des femmes qui laissent oublier leur sexe, d'autres qui entendent rester des femmes, près d'elle désir d'être compris et désir de plaire se confondent avec toutes les conséquences possibles, d'autant que, si les rapports sexuels s'entourent au XVIIe siècle de toutes sorte de complications, ils deviennent au XVIIIe beaucoup plus simples, la femme se donnant sans histoires en attendant qu'autour de Rousseau reparaissent des complications au moins superficielles de sentiment et de vertu » (31).

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'exaltation de certains thèmes n'était pas désintéressée. Mais ce discours va être maintes fois repris :la libération (voire la libéralisation) sexuelle - motif récurrent des féminismes au XXe siècle - sera d'une part une composante doctrinaire (les Etrennes de Dames revendiqueront le droit au divorce et au plaisir) et de l'autre un indicateur

de la consommation de prestige pour les femmes américaines (car c'est un motif véhiculé par les publications « haut de gamme »).

Les remarques concernant la génération de la «satellisation » montrent que l'infidélité assumée passe par des phénomènes complexes, qui remplacent le veuvage (mort de l'Epoux) par le meurtre symbolique du père de l'enfant (réduit au rôle de géniteur, voir de donneur de cellules séminales). Le paradoxe d'une forte croissance démographique sur le fond d'une baisse du nombre de mariages et du nombre de plus en plus important des « familles monoparentales » ayant à leur tête une femme, les demandes d'adoption venues de la parte de couples homosexuels (dont les lesbiennes sont nettement majoritaires) s'explique sur cette toile de fond (background)

Mais son histoire dans la culture française explique bien pourquoi une partie du discours du genre est perçue comme « poussiéreuse » dans l'Hexagone (voir quinquabelle.blogspot. com/2007/05/1789-le-premier-journal-féminin www.femmesplus.fr/femme/mailing_feministes).

Cela nous prouve qu'il convient de parler plutôt de féminismes que de féminisme, autant sur l'axe diachronique que dans l'analyse synchronique.

II. La seconde tranche de la « première génération de la presse féminine » (19441959) coïncide avec une période politique assez complexe, que l'opinion française n'a pas entièrement digéré : les guerres coloniales entraînent des pertes humaines (les conjoints, les frères, parfois les enfants des lectrices de presse féminine) mais aussi de territoires. Si la synthèse des chercheurs du groupe Prisma et Roland Cayrol négligent cet aspect, nous ne devons pas oublier que ces phénomènes peuvent engendrer/favoriser d'une part un discours militant plus fort et de l'autre l'éclosion d'une presse d'évasion (dont la « presse de cœur » est le fer de lance).

Nous Deux, Bonne Soirée (1947), Ici Paris, France Dimanche, Point de vue - (1945-1948) permettent aux lectrices de s'évader sans risque dans un monde qui n'est ni celui du militantisme de gauche (suspecté de servir de tremplin à la propagande soviétique) ni au discours turbulent de la droite radicale, qui militait ouvertement pour le maintien des colonies. Il faut cependant préciser que la culture française avait connu un ancêtre à la fin du XIXe siècle (Les veillées des chaumières, lancé en 1877). C'était un magazine qui faisait entrer, dans les foyers modestes, des images du monde entier.

Le passage à la « génération suivante » sera le résultat de la composition de plusieurs forces :

a) le développement du féminisme par la rencontre du militantisme politique et du discours philosophique, notamment grâce à Simon de Beauvoir ; malheureusement, malgré la diversité des publications, elles sont marginales dans l'ensemble de la communication de masse ;

b) la rencontre des « gender studies » avec le marketing, qui s'appuient mutuellement pour devenir plus efficace (au risque de tomber dans le mercantilisme) ;

c) la diversification des média, dont les composantes agiront de façon complémentaire et finiront par (re)modeler le chronotope féminin et par la recomposition des « cohortes féminines ».

Ce dernier phénomène aura un développement exponentiel avec l'explosion des technologies des systèmes de communication

(Internet, téléphone portable permettant de capter et d'éditer des photos et des clips et de les envoyer tout de suite.

Gilles Lipovetsky et Jean Serroy ont présenté l'enchevêtrement de ces facteurs dans L'écran global - ouvrage paru en 2007. Un fragment de la couverture du livre montre que pour les éditeurs cette interconnexion des composantes de la technosphère est un lieu commun de la pensée contemporaine.

La couverture de la traduction roumaine est encore plus explicite.

Faute de pouvoir développer le premier point (le second a été abordé dans la première partie de notre article) nous allons insister sur le troisième facteur. La sociologie des média a déjà montré que le support mobilisé n'est pas indifférent : « diffuser une information par le biais de l'écrit, de l'image ou du son entraine des choix de mise en forme et des temporalités différentes » (32).

Il suffit de comparer la radio et la télévision : la première accompagne l'espace-temps ménage et le déplacement en voiture vers le boulot, la seconde la vie de couple et de famille. Les télévisions « de niche » les plus puissantes furent d'abord des chaînes ayant un auditoire féminin, les séries ayant pour personnages des femmes confrontées à un univers impitoyable qu'elles doivent vaincre (les telenovellas) sont devenues une véritable industrie.

La génération 1960-1979, portant une appellation d'origine anglaise (les Sixties) est fracturée par l'année 1968.

C'est une année où, selon l'un des leaders les

plus voyants, Daniel Cohn-Bendit, la cible était une forme de pouvoir sclérosée mais aussi l'esprit « tante Yvonne », le modèle « vieille France » que la femme du Général (présence extrêmement discrète dans l'espace public) incarnait pour la jeune génération (33).Caricaturalement, c'est la France de Brigitte Bardot contre la France de tante Yvonne mais, comme toute caricature, ce schéma néglige les détails : invitée à l'Elysée, BB porta une tenue provocante, dérivée d'un uniforme militaire, et le général ne se montra pas scandalisé. Mais le buste de Marianne-Bardot fut réalisé en 1969, année du départ du président fondateur de la Cinquième République.

Les analystes du trust Prisma considèrent que la société commence à se féminiser après 1968. Le « second sexe » serait en train de devenir une force à même d'agir sur le marché de la presse. Les arguments que l'on y présente sont plutôt hétérogènes et pourraient servir à expliquer n'importe quel phénomène (34). Ils invitent plutôt à repenser le lien entre cause et effet, avec une lecture plurielle du mot cause (35). Nous pensons qu'une analyse de ce type de presse a du mal à distinguer ce se passe à cause des femmes, ce qui sert la cause des femmes etc. C'est que l'effet est, dans la communication, cause de la cause, ce qui a été déjà énoncé par Francis Jacques.

2.5. La femme et le territoire de la communication médiatique

Au niveau des pratiques des médias, les sociologues ont retenu quelques particularités féminines (36) :

1. La préférence pour les publications thématiques au détriment des « généralistes » ; le phénomène concerne la presse « unisexe » mais se répercute également dans les publications dites féminines.

2. Une seconde image est dérivée par déduction : le lectorat de la presse généraliste « unisexe » (les quotidiens nationaux) : « une élite constituée d'individus diplômés, plutôt urbains, de sexe masculin » ; dans ce cas, l'univers des lectures féminines serait plutôt ancré dans le régional et les publications « de niche » ; cette représentation explique bien une tendance de la recherche : « Traditionnellement, les sociologues des médias ou de la culture ont considéré que la presse féminine n'était pas un objet sérieux. Paradoxalement, les chercheurs se sont peu intéressés à ces produits culturels qui touchent beaucoup de monde. Ceci est probablement lié à des dynamiques institutionnelles propres au monde académique, qui semble penser

que le sérieux universitaire s'accommode mal des «futilités» de la culture de masse » (37).

3. Le rapport au/à la vie publique est lui-aussi différent : les hommes y voient davantage la/le politique, les femmes se sentent concernées par les mœurs, les valeurs, la morale publique et par des thèmes comme la générosité ou la solidarité.

4. Le rapport à la télévision, susceptible de (re) modeler le regard sur les publications, se manifeste par des comportements distincts par la quantité (supérieure pour les femmes) et par le sentiment qui y est associé (on assume une détente, dans le cas du public masculin, on vit un sentiment de culpabilité, dans le cas du public féminin). Il convient de préciser que l'enquête citée par Rieffel s'est déroulée en pays anglo-saxon, en famille, où le temps passé devant la télé est « volé » au budget temporel affecté aux travaux du ménage.

4. L'univers de TIC (technologies de l'information et de la communication) polarise des stratégies distinctes d'appropriation :

A. Le téléphone est investi avec une dimension affective, participative, relationnelle par les femmes;

B. Les technologies basées sur la dominante du récepteur visuel (vidéo, ordinateur) suscitent une certaine réticence chez les femmes (elles considèrent que ces engins empêchent la possibilité de contact direct.

La culture de l'écran opposerait, semble-t-il, même parmi les jeunes, une différence entre les filles (axées sur le motif du lien) et les garçons (valorisant le motif de l'autonomie).

2.6. Au-delà du genre, la peau

Pour les étrangers, la France, c'est Paris. Le « parisianisme » fut d'ailleurs un ingrédient indispensable pour la presse et les médias électroniques restent tributaires à cette image réductionniste... Et pourtant, pourquoi devrait-on être parisienne pour être femme ? Avec l'apport de plus en plus important de l'immigration, le questionnement peut aller plus loin : on est moins Française si la peau est moins claire ? La dernière question ouvre la voie à deux approches:

a. identitaire - des publications éditées par des femmes appartenant à des « minorités visibles » -en l'occurrence les Noires et les Arabes et tentant de créer une « ethnopresse » (voir. www.alterites. com/cache/center_media/id_1234, que nous avons revisité fin janvier 2011) ; le succès commercial n'est pas au rendez-vous mais le phénomène a obligé les groupes de presse à repenser leur stratégies ;

b. commerciale, lorsque des groupes de presse récupèrent cette dimension :

b.1. par l'intégration des femmes appartenant à ces minorités dans leur répertoire thématique, notamment à travers les images ;

b.2. par des éditions visant des femmes vivant dans les pays d'origine de ces minorités.

Ce dernier phénomène nous rappelle le rapport ambigu qui existe entre la presse féministe (identitaire et militante) et les publications destinées à un public féminin et soumises aux rigueurs du marché. Dans le premier cas, on travaille à long terme et à grande échelle et l'approche est universaliste, dans le second, la fragmentation s'est de plus en plus imposée et les « éphémères » font partie du paysage. Pour les spécialistes en marketing, les divisions de la presse féminines peuvent aller très loin. On retiendra trois catégories de base (généralistes, spécialisés, ciblés) qui se décomposent en classes de centres d'intérêts, d'âge du public, voire de « pérennité » (la vie de certaines publications a dépassé un siècle, d'autres n'ont vécu que l'espace d'un instant, visite le lien mentionné à la note 34). De nouveaux rapports se dessinent entre les femmes et le mouvement censé les représenter et ceci se traduit dans l'attitude vis-à-vis des périodiques.

Les militantes féministes soutiennent toujours que les « féminins » sont un outil du conservatisme mais ne sauraient se dispenser de leur aide dans la promotion de leur activité et de leur discours. Une universitaire suisse considérait, il y a six ans, que

«La presse féminine tend à représenter aujourd'hui un modèle de femme que les sociologues britanniques appellent «la femme postféministe». En effet, on nous montre une femme libérée, émancipée, pour qui la question des inégalités n'est plus qu'une vieille histoire, voire une histoire pesante et irritante, à jeter aux oubliettes » (37).

Une rédactrice en chef va plus loin et joue sur la provocation :

«Je revendique mon côté nana, car je crois en l'abyssale profondeur de la futilité./.. ./Ces femmes qui jouent les castratrices et prétendent consommer du mec, c'est avant tout de la bravade», Renata Libal, in Le Matin Dimanche, 06.02.05

2.7. Récapitulation sous forme de mise en scène

Pour mieux faire comprendre ce qui est mis en jeu dans le cas de l'identité féminine de l'Hexagone dans l'espace des médias imprimés,

nous proposons un montage visuel (39) et une histoire.

Il y eut une fois une nation qui se débarrassa de son Roi. Comme elle ne savait pas à quels saints se vouer, elle inventa Marianne, qui devait la représenter, tout comme elle allait fabriquer Miss Liberty, objet de culte des Américains.

Mais Dame Liberté est trop grande, trop solennelle, elle vieillit ou, pire, elle n'a pas d'âge. Les statuettes de Marianne, en revanche, sont plus proches : fruit des inspirations locales, au départ (ce qui n'était pas mal, en fin de compte) elle se mit à prendre les formes des vedettes admirées dans les salles de cinéma, dans les concerts.

Quand Marianne est sculptée par un homme, sa poitrine est bien mise en évidence (illustrations 2 et 4, Brigitte Bardot et Mireille Mathieu). La femme sculpteur va faire valoir le sourire de Catherine Deneuve.

Mais sous un régime de monarchie présidentielle, dame Marianne eut une vie bien tourmentée, qui fit la joie des dessinateurs de tout bord. La plus passionnante fut évidemment son histoire avec le Grand Charles, celui qui lava l'honneur de la France en 1940, et que les compatriotes acceptèrent avec les pleins pouvoirs en 1959. Pour montrer son attachement à la République, le Général la fit dessiner près de lui, un peu trop près (illustration 5). Les adversaires politiques n'ont pas apprécié et ont proposé des dessins différents : la Marianne-Lolita, mineure corrompue/corruptrice, assise sur les genoux du vieux militaire (illustration 6) ou bien la scène du mariage forcé, fait sous la menace de la mitraillette d'un compagnon du militaire (illustration 7).

Les seins de « la liberté guidant le peuple » et de BB-Marianne figurent toujours sur le logo de l'Union Gaulliste (voir illustration 8). Un autre mouvement préfère la « femme de tête » voir l'illustration 16). Mais sa vie fut, depuis toujours, guidée par un « mariage de raison » (illustration 9) où elle dut veiller le sommeil d'un vieillard (caricature de la fin du XIXe siècle).

Certains ont vu en elle un symbole de la Mort (illustration 10) d'autres encore rigolent sur ses mariages successifs (avec le dernier élu et avec Mitterrand, voir illustration 12) montrant qu'elle se moque bien des options politiques de ses époux temporaires. Par ailleurs, si « les Rouges » le voient porter des armes, les autres la représentent sous les traits d'une concierge,: c'est la guerre entre Marianne-Révolution et Marianne-Conservation (illustration 13).

On la mêle aussi dans de prétendus combats

contre l'islamisme, brimant, par exemple, le président turc (illustration 11).

En marge de ces vies de Marianne, la Française lut « Le Petit Echo de la Mode » (illustration 14), voire « L'Echo des Françaises » (illustration 18), si elle se sentait plus proche de l'Eglise. Quand elle a le goût de la provoc' et sait être féminine « plus du cerveau que du capiton », elle entre en « Causette » avec ses congénères : elle porte des armes (on reconnaît le bout du canon de la Kalachnikov au dessus de son épaule), se passionne pour les polars et discute du rapport entre les blondes et la politique (v. illustration 17).

Si le hasard l'a fait naître avec la peau foncée, elle se retrouvera dans l'ethno-presse occasionnelle (voir illustration 18). Elle se moque bien si l'on pense que sa presse est « une puissance frivole » et profite de son téléphone pour « faire son cinéma ».

Fin de l'histoire

Prochain épisode :

Concept américain et caractères latins

Les couvertures de « Cosmopolitan » en France, Italie et Roumanie.

Notes et commentaires

(1) C'est Léon Daudet qui en parle dans ses mémoires politiques, intitulées Vers le roi, Editions Grasset, Paris, 211-213.

(2) Rappelons que « République » vient du latin « res publica » qui voulait dire « chose publique » et que le français utilise le syntagme « fille publique » pour désigner les personnes pratiquant « le plus vieux métier du monde », et que l'on appelle parfois en russe « prostighospody » (« pardonne-nous, Seigneur »). Dans les milieux conservateurs paysans, en Bretagne, l'institutrice de l'école publique était vue, même après la première guerre mondiale, comme une dévergondée, car elle ne portait pas la coiffe traditionnelle et osait même sortir dans la rue tête nue.

(3) On a consacré des études à ce symbole de la France. Le plus intéressant, surtout en raison de la riche collection d'images, reste Marianne, les visages de la République, écrit par Maurice Aguilhon et Pierre Bonte (Editions Gallimard, 1992). Nous en avons extrait l'essentiel de notre montage (voir infra, note 39).

(4) Le volume portait le titre Les Victorieuses et paraissait chez Payot (première édition en 1914, seconde édition en 1923.

(5) Préface de la première édition.

(6) Sainte-Catherine de Sienne, Christine de Pisan, Isabelle d'Esté, Françoise d'Aubigné (connue plutôt -sous le nom de Madame de Maintenon), Marie-Thérèse (il s'agit bien de l'impératrice), Juliette Récamier, Florence Nightingale, Helen Keller.

(7) Surnom raciste donné aux Allemands et utilisé dans la propagande française surtout après la guerre franco-prussienne. Il est toujours utilisé par l'écrivaine italienne, qui allait décéder en 1925, sans avoir pu écrire le second volet de son ouvrage, les Charmeuses.

(8) Sœur Julie de Gerbéviller, les Victorieuses, 271.

(9) Plus précisément 700.000 Français contre 7.000.000 Allemands. V. Alfred-Fierro Domenech, Le pré carré - Géographie historique de la France, Editions Robert Laffont, Paris, 1986, tirage de 1989, pp. 129 sq., 276 sq.

(10) Nous avons adapté un syntagme Canadien, qui nous a été communiqué par des Roumains expatrié dans ce pays il y a dix ans. C'est une formule « politiquement correcte » pour « immigrant naturalisé récemment ».

(11) Une présentation correcte et accessible est fournie par http://fr.wikipedia.org/wiki/Statue_ de_la_Libert%C3%A9.

(12) Des actrices comme Brigitte Bardot, Catherine Deneuve ou Laetitia Casta mais aussi la chanteuse Mireille Mathieu (voir le montage d'illustrations).

(13) C'est l'installation de la Ve République, où le président est élu par le peuple et détient des pouvoirs élargis.

(14)Voir infra, note 39 et le montage.

(15)Tatiana Lebedeva, Искусство обольщения, Moskva, 1996, que nous avons consulté en roumain. V. Arta de a seduce, Editions Institutul European, 1999, pp.34-35.

(16) En 1969, beaucoup de maires s'indignèrent qu'on ose identifier la République à une star dont l'exemple, dit l'un d'eux, « incite plus à l'aventure qu'aux vertus conjugales ». « Vous me voyez recommander aux jeunes époux le devoir de fidélité sous le regard de Brigitte Bardot ? » (Aguilhon et Bonte, 93).

(17) Ion Barna, Arta filmului/Art du cinéma/, Editions Minerva, Bucuresti, tome II, 910-911. V. Frédéric Martel, Mainstream - Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, Editions Flammarion, Paris, 2010, p. 38 et 149.

L'auteur français est encore plus explicite : « Le drive-in a joué un rôle majeur dans les premières expériences sexuelles des adolescents américains

». Et il cite une femme, devenue critique de film célèbre, qui dit « I lost it in the movies » en parlant de son innocence corporelle. Evidemment, avoir cette expérience avec quelqu'un qui regarde BB ne doit pas être très agréable, on garde des rancunes.

(18) Commager, L'esprit américain, 29 (voir notes de la Première partie de l'article).

(19) Ibid., 151.

(20) Les dates diffèrent, en fonction des sources, mais les grandes références convergentes. 1650-1655 un certain Loret fait paraître La muse Historique. 1672-1710 ; Donneau de Vizé édite Le Mercure Galant ; 1758 - Le Courrier de la Nouveauté ; 1759-1788 - Le Journal des Dames (on y trouve déjà, en 1774, des pages de mode)

(21) Pierre Barrière, La vie intellectuelle en France du 16e s. à l'époque contemporaine, Paris Albin Michel, 1974 : 151 ; Roland Cayrol, La presse écrite et audio-visuelle, Presses Universitaires de France, 1973 :280 ; Wikipedia, consultée le 10 janvier 2009 (les informations y sont sujettes à des interventions dilettantes). Le dernier titre n'au rien de scandaleux car à l'époque « Sexe » était une appellation globale pour la gent féminine.

(22) Vu le contexte militant, on peut supposer qu'il s'agissait de feuilles de propagande et il serait intéressant de voir quelle y était le poids du personnel politique féminin dans les rédactions. On trouve des références sur les Etrennes des Dames et Marie de Vuigneras, sa créatrice (voir http://femme.planet.fr.16294.687.html.

(23) Cayrol, La presse..., 279-280. Voici la suite de l'argumentation : « Certains font entrer en ligne de compte le contenu des journaux - mais de quelles rubriques peut-on dire qu'elles sont spécifiquement, ou exclusivement féminines ?-d'autres la composition de la clientèle - mais le Figaro est-il un journal féminin parce que, certaines années, le C.E.S.P. lui attribue une clientèle à majorité féminine ? On considérera ici comme presse féminine les journaux qui se proclament eux-mêmes destinés à une clientèle féminine et dont les enquêtes montrent que leurs lecteurs réguliers sont des femmes ». Pour l'identité de discours, voir Rieffel (note infra), 41 sq.

(24) V. Rémy Rieffel, Que sont les médias, Gallimard, 2005, 83.

(25) Louis Chauvel, Le destin des générations - Structures sociales et cohortes en France du XXe siècle aux années 2010, Presses Universitaires de France, 2010, 81 sq.

(26) Léon Daudet, Vers le Roi, Paris, Bernard Grasset, 1934: 35. Elle venait de verser cent mille francs pour les fonds de la publication (le tiers du

capital de « l'Action française ». La contribution venait d'un legs qui fit rigoler les adversaires (il s'agissait de la fortune d'une prostituée, semble-til).

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(27) Pierre Barrière, 536.

(28) Chauvel, 158 sq.

(29) Pierre Barrière, op. cit., 211.

(30) Ibid., 208. Voici les principaux moments. Entre 1687 et 1695, le théâtre italien de Gherardi qui met en scène des pièces féministes et par un auteur peu connu, Poulain de la Barre. Celui-ci s'était refugié à Genève après avoir soutenu un doctorat à la Sorbonne et c'est là qu'il fait paraître un Traité de l'Education des Dames. La génération suivante allait connaître des écrivains visant explicitement un public féminin et bénéficiant parfois du conseil des femmes ayant un statu social plutôt élevé pour promouvoir (voire pour concevoir) leurs œuvres : Fontenelle, Montesquieu, Marivaux, Voltaire.

(31) Barrière, 291.

(32) Rémy Rieffel, op. cit., 40.

(33) Intervention du militant soixante-huitard lors de la commémoration du départ de du fondateur de la Ve République. L'émission de 2009 a trouvé un écho sur un site consacré à l'identité française sous la plume d'un professeur d'histoire (http:// www.dictionnaire-identitenationale.fr, voir le texte signé par Laurent Pichon, Professeur d'histoire-géographie, sans doute dans l'enseignement secondaire).

(34) ww.prismapub.com/.../Panorama+de+la+ presse+féminine+aout+2006.pdf.

(35) La liste hiérarchique de synonymes du mot cause (par ordre de fréquence) est suggestive : motif, origine, germe, fondement, raison, matière, agent, affaire, prétexte. Source : http://www.crisco. unicaen.fr

(36) Nous avons glané dans le livre de Rémy Rieffel, qui rassemble les données fournies par les

sociologues français au cours de trois décennies (v notamment : 215, 294, 361, 387, 400, 406, 410, 489, 494). Nous avons eu également accès, en 1992, à des documents du Service Etudes et Analyse du groupe régional de presse « Ouest France » et nous y avons mené une enquête parmi les membres de cette équipe afin de comprendre les modalités de travail permettant de relever à la fois le comportement de l'acheteur et les motivations du lecteur de presse locale.

(37) Fabienne Malbois, en dialogue avec Virginie Poyetton, « Le Courrier », 18 février 2005.

(38) Ibidem.

(39) Source des images

• http://www.dis.uniroma1.it/~demetres/ photos/Dec-26-2000/images/miss-liberty3JPG pour (1)

• www.hellopro.fr/images/produit-2/1/2/0/ buste-de-marianne pour (2), (3) et (4) où l'on affiche également le prix de ce genre de buste.

• Aguilon et Bonte pour les illustrations 6, 7, 8, 9, 10, 13 ;

• union-gaulliste.pagesperso-orange.fr pour

(8)

• http://renoirclioblog.over-blog.com/article-19290979.html pour (5)

• http://www.legavox.fr/blog/cassou/ mitterrand-sarkozy-avocats-presidents pour (12)

• http://bergolix.wordpress.com/category/ marianne pour (11)

• http://www.petit-echo-de-la-mode.fr/ accueil.html quinquabelle.blogspot.com pour (14)

• http://www.images-chapitre.com pour (15)

• http://blackizbeautiful.canalblog.com/ archives/2010/05/19/17948282.html pour (19)

• montage perso pour (20)

Габриэль Мардаре

Университет Василе Александри, Бакэу, Румыния

БЫТ ИЛИ МОДА?

Введение в чтение «женских журналов»1

Часть вторая

Прикосновение Франции, или Французские женские журналы в буквах, цифрах и цвете

От автора

Поскольку читатель всегда может найти в Интернете обзор женской французской прессы (публикации, издатели, тиражи, см. http://www. netguide.fr/Presse_Feminine_Francaise), автор статьи предлагает расширить символические основания этого сегмента СМИ. Автор выражает благодарность редактору издательской группы «Ouest-France» (которую он посетил в 1992), Полю Гарсону, бретонскому профессору Энн-Мари Удебин-Граво, которая помогала ему разобраться с женским дискурсом, а также десяткам жителей (-ьниц) Франции, с которыми он сталкивался в течение двадцати лет.

2.1. Ищите женщину... и тогда и она вас най-

дет

Америка может себя презентовать одной-единственной дамой, мисс Свободой (скульптура создана во Франции). Но во Франции таких символов много: не только фигура национальной мифологии, известная как Марьяна и использованная Жанной д'Арк, но, и, например, Луиза Мишель, ставшая символом борьбы левых радикалов, и другие примеры.

Не надо забывать, что примерно в то же время начинается духовное движение визионеров во главе с Бернадеттой Субиру (1853), видения которой превратили Лурд в место паломничества и один из крупнейших центров католиче-

Рис. 1. Образы Республики. Источник: www.diplomatie.gouv.fr

ского мира, где государство, наконец, разрушило брак с Церковью.

Нет ничего более далекого от истины, чем символическое сведение Франции к образу женщины легкого поведения - или распутницы - как некоторым хотелось бы утверждать. Интересно также, что продвижение фигур, символизирующих святую веру, тоже прошло через этот комплекс.

В 1914 году некая Дора Мелегари издала серию из восьми историй4, озаглавленную «Души и лица женщин». Женщины, о которых она писала, были «те, кто победил природу, предрассудки, судьбу, и кто одержал над собой и миром, где жил, громкие или тихие победы»5.

Персонажи оказались действительно блистательно известными6 - некоторые из них были почти современники, в издании 1923 года итальянский автор рассказывает о монахине из Лотарингии, которая ухаживала за ранеными во время Первой мировой войны и пережила немецкую оккупацию. Вот чудо «Бош»7 в переводе Доры Мелегари:

«Эта маленькая монахиня с убедительными жестами и материнской улыбкой, умела так властно отдавать им приказы, что приводила их в смущение и заставляла действовать. Это была одна из тех самых француженок, которых так оклеветали обвинениями в легкомыслии и подвергли такому лицемерному возмущению»8.

Эта сложность образа французской женщины находится в соответствии с другим парадоксом: жители Франции, чья империя когда-то охватывала весь земной шар, не очень-то стремятся ездить за границу и тем более эмигриро-

Рис. 2. Рекламная листовка ежедневной газеты «La Croix», представленная на сайте издания.

вать. По сравнению с немцами (народом, воплощающим идею «серьезности», «твердости» и «стабильности») французы в период 1820-1970 гг. эмигрировали в США в десять раз меньше9. Привязанность к Отечеству (Земля отцов) - Родине (Земля Матерей) удивительна для иностранцев, однако все большее число «недавних французов» становится заметно даже невооруженному глазу10.

2.2. Бренд и его изнанка

Международный имидж Франции остается данью американцам, которые в любое время дня и ночи назовут две ключевые культурные фигуры «всего французского» - Коко Шанель и Брижит Бардо11. Выбор определенного количества популярных артисток для статуи Ма-рианны12 мог лишь усилить «лицемерное возмущение» всех слоев общества. Карикатуры, которые сами французы дают Республике при изменении Конституции в 1959 году13, не лишены юмора14.

Возникает один очевидный вопрос - в какой степени этот жанр был замечен в американской культуре. В книге, посвященной развитию связей с общественностью во Франции, Татьяна Лебедева подчеркнула раскол между католической ментальностью (впечатанной в поведение и восприятие французов) и англо-саксонским морализмом: жители Франции нечувствительны к скандалам, связанным с сексом, но очень внимательны по отношению ко всему, что связано с деньгами15. Поэтому мы считаем, что пример американцев (американок) с двумя французскими символами неоднозначен: это притяжение и отталкивание одновременно.

Просто сравните бюст Брижит Бардо, ставший секс-символом образа Республики и вызывающий, таким образом, резкую реакцию аудитории консерваторов16, и знаменитую сцену, где американский секс-символ, Мэрилин Монро, поражает самим риском обнажения ее бедер.

Один румынский исследователь полагает (1970):

«Брижит Бардо начала со скандала: скандала обнажения, последовательного и полного, скандала чувственности. Глубоко чувственное лицо ее было продолжением телесного обнажения, и чувства и мысли никак не меняли этого».

На наш взгляд, этот исследователь, кажется, игнорирует то, что успех Брижит Бардо был связан с «drive-in»: «Видеть красивых девушек на экране, которые, без всякого надзора родителей,

целуются со своими парнями в машине. Говорить по-английски "слипаться" - это немножечко больше, чем поцелуй», - говорит Фредерик Мартель, отвечая на вопрос анкеты, «кто нравится всем»17.

Американская позиция - синтез соответствующей женственности, связанной с другой страной: например, журналы «Vogue» и «Mademoiselle» действительно издавались в США, но использовали ярко выраженные французские заглавия. В Соединенных Штатах именно женщины управляли всем, от церкви до школы, и их вкус был определяющим в области литературы и искусства.

Считалось, что само понятие культуры символизируется женщиной. Но так как прочной основой ментальности был пуританизм, язык и воспитание оказались бесполыми: из книжной речи начисто были удалены любые «намеки», слишком напоминающие женские формы части пианино были одеты, и нельзя было себе представить, что в речь попадет название анатомических частей женского тела, способных вызвать «низкое» желание у воспитанных людей18.

Когда, наконец, нонконформизм начал проникать внутрь культуры, благодаря во многом Фрейду, он мгновенно принял гипертрофированные формы: огромным успехом пользовались авторы, демонстрирующие нагромождение комплексов и извращений, которые могли бы заставить людей поверить, что романтическая любовь и брак исчезли19. Журналы отразили эту ситуацию без промедления и показали, что, несомненно, процесс этот идет под английскими лозунгами.

2.3. Краткая история французского женского горизонта

Французская ситуация в этом отношении очень не проста: драгоценности исчерпали все лингвистические ресурсы целомудрия (эвфемизмы, переносные наименования) и маркиз де Сад переполнял воображение Фрейда, прежде чем психоаналитик увидел дневной свет. Стиль французских журналов не имел никаких причин следовать за моделью недавней культуры. Это не исключает умеренного импорта и заимствований.

1939 - Marie-Claire, журнал, пронизанный американским духом, внушающий женской аудитории идеи оптимизма, энергии, эмансипации, желал избежать как нападок левых, так и морализма радикальных правых. Так как редакция журнала была заподозрена в сотрудничестве с нацистами, журнал был запрещен в период с 1944 по 1955 гг.

1945 - Бывший редактор журнала «Harper's Ba-zaar» во время войны начал выпуск журнала «Elle».

1973 - Во Францию приходит адаптированный «Cosmopolitan». Именно в это время женские журналы переживают упадок под двойным давлением феминистской идеологии и телевидения.

Можно говорить о «доисторической» национальной прессе для женщин, имея в виду, что эти издания не касались даже микроскопической аудитории, даже круга редакторов и их родствен-ников20. Надо было дождаться 1790 года, чтобы увидеть рождение Анналов Воспитания и По-ла21, предназначенных для несветской публики.

Вот название одного такого издания, появившегося в контексте (Великой) Французской революции, которое должно быть добавлено к другим изданиям того времени и о котором наши источники не сообщают почти ничего: Etrennes nationales des dames, Les Evénements du jour, La feuille du soir22.

На что следует особенно обратить внимание - это сама радикальная формулировка, предвосхищающая современный феминистский дискурс:

«Деспотизм в браке, когда отношение мужчины к женщине можно сравнить с отношением аристократии к народу, должен быть уничтожен»

Идентификация Женщина - Народ действительно маркирует идеологический поворот в самоопределении эмансипации, но также предполагает риск символического воображаемого (см. далее исследование женской аудитории).

Что касается области «пресса для женщин» (или «женская пресса»), мы оказываемся в весьма деликатной ситуации. «Никто из специалистов не использует это понятие», - отмечено в 1970 году. Сегодня мы стараемся преодолеть эту трудность с понятием дискурсивного тождества23 - «вид символического капитала каждого издания, его товарный знак на фоне других средств массовой информации, доступных на рынке». Именно поэтому мы прибегли к анализу данных специалистами немецкой группы Prisma - крупной иностранной компании, успешно вышедшей на французский рынок СМИ24. Тут мы обнаруживаем элементы, создающие образ женщины во Франции, не вдаваясь в техническую кухню (создание журналов) или маркетинга (стратегия распространения), которые развиваются иными темпами, чем горизонт ожидания и действия / реакции

женщин-читательниц / покупательниц печатных изданий.

1877-1959. Первое поколение

Перед Первой мировой войной общество сильно изменяется: индустриализация, урбанизация, развитие транспорта и средств связи. Женщины получают доступ к образованию и новым гражданским правам.

1920-1930-е годы: период реконструкции, развития, демократизации. Женщины активно включаются в сферу услуг. Женщины становятся более практичными и независимыми. Кроме того, появляются великие модельеры, мода выходит на улицы (Коко Шанель).

После 1936 года выходит «Marie Claire» -журнал в американском стиле, для оптимистичных, энергичных, эмансипированных женщин.

1960-1979. Поколение шестидесятых

В период до 1968 года формируется новое поколение. Традиционные ценности ставятся под сомнение. Получение доступа к высшему образованию и легализация контрацепции резко изменили положение женщин. Мы являемся свидетелями диверсификации СМИ: развиваются телеканалы и частные радиостанции.

После 1968-го. Образ жизни и мышления оказываются под вопросом. Общество теряет монолитность, появляются индивидуалистические настроения. Благодаря феминистскому движению голос женщин был услышан. Они приобретают новые права и новые обязанности (закон об абортах, реформа родительских прав, равная оплата труда). «Общество становится феминизированным», - замечают аналитики «Prisma».

Во время первого экономического кризиса мы наблюдаем изменения в менталитете: женщины становятся все более активными, их черты носят многогранный характер. Женские журналы уже не отвечают их ожиданиям, что заставляет медиа-группы менять тактику.

1980 - новое поколение. Период глубоких изменений, динамизм, открытость, распространение идей. В это время усиливается фрагментация общества, нарастает индивидуализм. Женщины, самоутверждаясь, становятся все более независимыми, активными и прагматичными. Они переосмысляют соотношение женственности и практичности.

Приняты новые законы для защиты женщин (изнасилование, насилие со стороны мужа), которые привносят в мир дискурс СМИ.

1990-1998 - орбита, состоящая из двух частей.

Между 1990 и 1994 годами наступает оспаривание легитимности крупных социальных институтов. Можно говорить о ревизии ценностей, вызванной экономическим кризисом и безработицей. Общее чувство тревоги, нервозность: дискаунтеры утверждаются в общественном пространстве. Женщины в поисках двух основных пристаней: аутентичности и безопасности, что ведет к признанию ценностей семейных и эмоциональных.

Между 1995 и 1998: проблеск надежды: начало выхода из кризиса, восстановление контроля над своей жизнью, потребность в развлечениях. Можно отметить новое поведение женщин (они контролируют свою жизнь, судятся, выражают свои требования - право быть неверными).

1999-2001. Индивидуализация

1999-2001 годы. Конец кризиса, но общество все еще неустойчиво. Помимо традиционной семьи, принимается новый образ жизни: (смешанные семьи, родители-одиночки). Семейные пары маргинализуются (свободные отношения, «сожительство» в рамках традиционной морали и гомосексуальное сожительство), приобретают общественную легитимность посредством правовых рычагов - пакта гражданского состояния (Расэ) Это контракт между двумя взрослыми людьми одного или противоположного пола по организации их совместной жизни. Резко увеличивается число одиноких и разведенных женщин.

Сокращение рабочего времени дает возможность повысить качество досуга. Системы связи испытывают настоящий взрыв благодаря распространению Интернета.

Это создает противоречивые явления: глобализация, интерактивность, индивидуализация. Частью ежедневности становится мобильный телефон; он способствует мобильности и создает новые формы отношений, более сложные, нежели ранее. Человек становится все более самостоятельным, но в одиночку.

В качестве компенсации появляется необходимость повторного укоренения, освоения территории, выстраивания связей и признания. Таким образом, возникают основания для создания новых социальных ансамблей (групп по интересам, ассоциаций, семейных праздников, вечеринок с друзьями). Демонстрация солидарности, членства разворачивается в публичном пространстве, порождая возможности гетерогенности (присутствие папы на французской земле, футбольных матчей, различных маргинальных групп).

2002-2006. Второе новое поколение должно противостоять нестабильному обществу с его непредсказуемостью, физической и социальной незащищенностью, угрозой международного терроризма, экологической опасностью всеобщего потепления климата, риском безработицы, появлением новых болезней.

Столкновение с этими явлениями заставляет новое поколение действовать в соответствии с разными стратегиями.

a. Лица, принявшие стратегии выживания. Они организуют жизнь вокруг себя, чтобы создать своеобразную ячейку, где возможно поддержание порядка.

b. Поиск определенных культурных реперов, переоценка прошлого. Люди хотят жить по-другому, они ищут лучшее качество жизни.

c. Ценности интимной сферы, важность семейных отношений, отношений с детьми и друзьями.

d. Мечта и чудо как часть повседневности. Они преобразуют реальность, чтобы сделать ее как можно более приятной.

e. Необходимость эмоций, чувств, мечтаний, бегства от действительности, развлечений.

После ревизии традиционной модели отношений женщины следовали мужским линиям (Wonder Girls 80-х годов), но в целом пережили неудачи, горечь. Теперь они изобретают новую жизнь в более женственном ключе.

2.4. Между поколением, промоушеном и когортой

Нетрудно заметить, что термин «поколение» меньше вовлечен в социальные представления о читателях / потребителях, вступающих в сложные (синкретические, если не сказать амальгамные) отношения между политическими, культурными, технологическими реалиями и играми / проблемами газетного рынка. Вот почему мы стараемся смотреть на вещи более ясно, используя концептуальный инструмент реперов / дополнений, о которых иногда забывают. Это анализ социально-культурных явлений посредством модели когорты25. В общем, к когорте принято относить «всех лиц, описывающих данное событие».

Такой подход позволяет нам лучше понять, почему первое «поколение» в сводной таблице Prisma длилось более 80 лет (что соответствует четырем поколениям жизни при среднем возрасте вступления в брак около 20 лет), тогда как другие поколения иногда меняются с возрастом различия между детьми одной семьи. Из-за не-

достаточности места в рамках статьи сосредоточимся на первом периоде, который можно разделить на две основные хронологические последовательности, в рамках которых мы можем определить «когорты», которые выходят за рамки общепринятой поколенческой истории.

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I. Конец девятнадцатого века отмечен диверсификацией женских журналов в своем сегменте («домохозяйка»: жена, мать и экономка). Это контрастирует не только с активностью радикальных левых (героинь Коммуны, подобных Луизе Мишель), но и с последовательницами монархического движения, как жена Леон Доде, полемичная, агрессивная активистка, особенно после смерти ее сына во время антиреспубликанской манифестации26.

Это два неравных изображения французских историков (которые могут игнорировать вес «старой Франции» и монархического движения между двумя мировыми войнами). Для нас они дополняют друг друга в том, что для таких персонажей статус «женщина ...» и «мать ...» является недостаточным. Более или менее ясно, что они (вос)создают проблемы женской идентичности.

Кажется очевидным, что три женщины («домоседка», боевое крыло Коммуны и роялистка) принадлежат к разным когортам, живя в одно и то же время, и что «членство в когорте» также построено вокруг того, что они могут читать, а что не могут - по самым разным трудно определяемым причинам. Очевидно, что это связано с глобализацией электронных средств массовой информации (как результат развития техносферы и ударного маркетинга), на фоне которой

особую значимость приобретает «национализация» культурной сферы (игра в ликбез по правилам Третьей республики): культурная самобытность становится барьером для иностранных моделей. Три женщины не принадлежат к одной и той же когорте, поскольку

читают не одно и то Рисунок 3 Монархическая же Франция в 1922 году. Из- . дание будет скомпромети- Во мнении исто-ровано сотрудничеством с рика интеллектуаль-немецкими оккупантами. ной жизни Франции

феминизм оказывает неопределенное влияние на всю систему общественных отношений: этнические, международные, социальные, человеческие; смешиваются новые условия и остаточная светскость27, с чем связана проблема поисков идентичности молодым поколением.

Анализ когорт имеет множество нюансов. Действительно, в свете формулы «женщина тоже человек» женский вопрос (как, например, «еврейский вопрос» для сторонников «расовой чистоты») не должен быть сведен к управлению кризисом идентичности со стороны власти. С другой стороны, эволюция техносферы становится причиной роста количества женщин, занятых в определенных профессиях (связь, управление человеческими ресурсами), начинает ассоциироваться с образом современной женщины28, что априори идеологично. Ибо, в отличие от США, образ «женщины как человека» появлялся последовательными волнами в культурной истории Франции.

Первая волна представляет собой ценности, но становится жертвой дублирующих друг друга проблем:

1) престиж Мольера, который дал карикатуру (ценности смешны, уроки дамы, школа жен), влияет ярче, чем сознание того, что существуют законные чаяния женщин;

2) тот факт, что это было элитарное движение, суть которого была в необычности, влияет на салонную жизнь, но с трудом проникает в практику повседневного общения и слишком радикален для общественного мнения.

Действительно, предпринимались усилия по пересмотру роли семьи и предков, которые, казалось, чрезмерны по отношению к полученным результатам. «Ханжество может быть смешным, но, тем не менее, оно благородно», - как будет отмечено значительно позже29. Но когда возвеличивают фигуру вдовы как свободной женщины, то всякое переживание заканчивается, потому что такое возвеличивание предполагает, что муж - инструментальная ценность (его функция - освободить женщину от отцовской опеки), и надо ждать Смерти, чтобы добиться выхода из семейного рабства. Мужчины приняли на себя эту функцию и превратили ее в свою «добрую волю»30.

В таком случае, всякие различия по активному отношению к жизни в результате внутренней поляризации стираются:

«Есть женщины, которые заставляют забыть об их принадлежности к слабому полу, и другие женщины, которые хотят соединить

желание быть понятыми и желание угодить со всеми возможными последствиями, тем более, если секс с семнадцатого века окружен всеми видами осложнений; и хотя отношения в восемнадцатом веке стали намного проще, женщина ищет сложности, и очевидно, что после Руссо невозможно поверхностно к этому относиться»31.

Как минимум, мы могли бы сказать, что актуализация таких тем подчинена определенным интересам. Но здесь важно, что это возвращающийся дискурс: свобода (или либерализация) сексуальных отношений - повторяющийся мотив феминизма в ХХ веке - включает, во-первых, концептуальные компоненты (Etrennes de Dames проповедует право на развод и удовольствие), а во-вторых, становится еще одним показателем потребительского престижа для американских женщин (так как мотив этот воплощается в публикациях «haut de gamme»).

Замечания, касающиеся поколения «сател-лизации», показывают, что предполагаемая неверность включает комплекс явлений, которые заменяют вдовство (смерть мужа) символическим убийством отца ребенка (где мужчине отводится роль родителя, то есть донора семенных клеток). Парадокс высоких темпов роста населения на фоне снижения количества браков, возрастания числа «неполных семей» во главе с женщиной, а также брачных гомосексуальных пар (где доминируют лесбиянки) объясняется именно этим фактором.

Но история французской культуры объясняет, почему этот дискурс рассматривается как «пыльный» во Франции (см. quinquabelle. blogspot.com/2007/05/1789-le-premier-journal-féminin www.femmesplus . COM / жена / mailing_feministes).

Мы убеждаемся, что следует говорить о феминизме как феминизме - на диахронической оси синхронного анализа.

II. Второй период «первого поколения женских журналов» (1944-1959) совпал с периодом политической напряженности, когда французское общественное мнение не может определиться по поводу колониальных войн: они становятся причиной потери не только людей (супруги, братья, иногда дети читателей женских журналов), но и территорий. Даже если исследователи групп Prisma и Roland Cayrol пренебрегли этим аспектом, мы не должны забывать, что эти явления могут вызвать / стимулировать активизацию соответствующего дискурса (в том числе приве-

сти к появлению так называемой «сердечной прессы»).

Nous Deux, Bonne Soirée (1947), Ici Paris, France Dimanche, Point de vue (1945-1948) позволяют читателям избежать опасностей в мире, который не является ни левым (предположительно служа трамплином для советской пропаганды), ни турбулентным дискурсом радикальных правых, которые открыто выступают за поддержание колоний. Надо сказать, что французская культура была первопроходцем в конце девятнадцатого века (журнал Les veillées des chaumières, появившийся в 1877). Это был журнал, который принес в дома скромного достатка образы большого мира.

Переход к «следующему поколению» станет результирующей нескольких сил:

а) развитие феминизма в альянсе политической активности и философского дискурса -благодаря Симон де Бовуар, но, к сожалению, несмотря на разнообразие публикаций в общей массовой коммуникации они носят маргинальный характер;

б) проведение гендерных маркетинговых исследований, которые необходимы для эффективной коммерческой деятельности;

с) диверсификация средств массовой информации, чьи компоненты участвуют в (ре) формировании женского хронотопа и реконструкции «женских когорт».

Это последнее явление имеет экспоненциальный рост, связанный с взрывным развитием системы коммуникационных технологий (Интернет, мобильные телефоны, приспособленные для фото- и видеосъемки с ее немедленной последующей пересылкой адресату).

Жиль Липовецкий и Жан Серруа показали клубок этих факторов в «Глобальном экране» -книге, изданной в 2007 году. Фрагмент обложки книги показывает, что для издателей такая взаимосвязь компонентов техносферы является общим местом современного мышления.

Румынский перевод делает эту мысль еще более явной:

«Так как невозможно развить первую позицию (второй раздел первой части нашей статьи), мы будем настаивать на третьем факторе. Социология СМИ уже показала, что мобилизационная поддержка важна: "...чтобы распространять информацию посредством слова, изображения или звука нужны разные форматы и

)5 32

разное количество времени ».

Достаточно сравнить радио и телевидение: первое заполняет собой межвременье, когда человек едет в автомобиле на работу, второе организовывает жизнь супружеской пары и семьи. Самые мощные телевизионные «ниши» были впервые заняты именно женской аудиторией, ряды символических женских персонажей, сталкивающихся с безжалостной Вселенной, которую они должны были победить (сериалы) стали настоящей телеиндустрией.

Поколение 1960-1979-го, называясь на английский лад «les Sixties» («шестидесятые»), расколото пополам 1968 годом.

Это год, когда, по словам одного из самых заметных лидеров, Даниэля Кон-Бендита, мишенью стали не только застывшие формы власти, но и сам дух «тетушки Ивонны» (жены Франца де Голля), модель «старой Франции», которая (хотя и была крайне скромно представлена в общественном пространстве) представлялась молодому поколению «генеральской женой»33. Утрируя, можно сказать, что это Франция Бри-жит Бардо против Франции тетушки Ивонны, но, как и все карикатуры, эта схема не учитывает всей полноты явления: будучи приглашенной в резиденцию президента, Брижит Бардо появляется в военной форме, бросая вызов традиции, однако генерал не показывает вида, что он шокирован. В то же время бюст Марианны-Бардо был выполнен в 1969 году, незадолго до смерти основателя и президента Пятой Республики.

Аналитики, доверяющие группе Prisma, считают, что общество начинает феминизироваться после 1968 года. «Слабый пол» становится силой, способной действовать на рынке прессы. Аргументы, которые мы можем найти, весьма неоднородны и не всегда убедительны34. Скорее, они приглашают нас переосмыслить связь между причиной и следствием35. Мы считаем, что анализ этого типа прессы провести затруднительно, так как придется выяснять, что происходит из-за женщины, которая порождает женщину и т. д. Это эффект причины причины, который уже заявлен Фрэнсисом Жаком.

2.5. Женщина и территории коммуникации

С точки зрения медийной практики, социологи определили ряд женских характеристик36.

1. Предпочтение тематических публикаций на фоне общих вопросов, это касается и прессы «унисекс», но также находит свое отражение в публикациях называемых «женскими».

2. Второй образ коренится в дедукции общей читательской аудитории прессы «унисекс»

(национальных газет): «элита, состоящая из высокообразованных лиц, в первую очередь горожан и обязательно мужчин», в таком случае Вселенная женского чтения, скорее, приютится в региональные и нишевые издания; этим хорошо объясняется направление исследований: «Традиционно социологи СМИ и культурологи отмечают, что журналы для женщин не представляют собой ничего серьезного. Как ни парадоксально, исследователи почти не обращают внимания на эти культурные явления, затрагивающие многих людей. Вероятно, это связано с институциональной динамикой, присущей академическим исследованиям, когда очевидно, что университетская наука не может заниматься такими мелочами, как массовая культура»37.

3. Образцы общественной жизни тоже сильно разнятся: мужчины тяготеют к политике, женщины - к вопросам нравственности, ценностям, морали, таким темам, как готовность помочь другому и солидарность

4. Телевидение способно (ре)формировать взгляд на публичную сферу, но также испытывает влияние «женского» и «мужского» («женское» провоцирует более сентиментальные образцы и чувства, связанные с виной). Следует отметить, что, согласно исследованию Риф-феля, в англо-саксонских семьях время, проведенное у телевизора, считается временем, украденным из общих временных затрат на ведение хозяйства.

4. Мир ИКТ (информационно-коммуникационных технологий) поляризует отдельные стратегии потребления:

А. Телефон для женщин обретает свойства живого существа, эмоционального, участливого, имеющего отношение ко всему происходящему.

Б. Технологии, основанные на доминировании визуального (видео, компьютер) встречают некоторое отторжение среди женщин (они считают, что эти устройства не допускают возможности прямого контакта).

Культуры экрана четко поляризует даже младшее поколение, выявляя разницу между девочками (чувство отторжения) и мальчиками (ценность автономии).

2.6. Кроме пола - кожа

Для иностранцев Франция - это Париж. «Парижанство» также важный элемент печатных и электронных СМИ, во многом зависимых от этой синекдохи... И все же, почему

обязательно надо оказаться в Париже, чтобы ощутить себя женщиной? С постоянным ростом иммигрантов вопрос может пойти дальше: если твоя кожа менее светлая, то француз ли ты? Последний вопрос открывает возможность двух подходов:

a) идентичность - журналы, издаваемые для женщин, принадлежащих к «видимому меньшинству» - в данном случае, черным и арабам - пытаются создать «этнопрессу» (см. www.alterites.com/cache/center_media/id_1234, дата обращения конец января 2011 г.); коммерческого успеха не имели, но само это явление заставило медиа-компании пересмотреть свои стратегии;

b) коммерция, согласно которой журналы можно подразделить на две группы:

В.1 - по интеграции женщин, принадлежащих к этим меньшинствам, в свой тематический репертуар, особенно с помощью визуальных образов;

В.2 - издания, ориентированные на женщин, живущих на родине этих меньшинств.

Этот феномен напоминает нам о неоднозначных отношениях между феминистской прессой (личность и активность) и изданий, направленных на собственно женскую аудиторию, действующих в условиях жесткой конкуренции. В первом случае речь идет о долгосрочной и крупномасштабной стратегии, во многом универсалистской, во втором - фрагментация становится все более яркой и «эфемерность» наконец становится частью общего пейзажа. Для специалистов по маркетингу такое размежевание женской прессы может зайти очень далеко.

Выделяются три основные категории (общая, специализированная, целевая), которые разбиваются на классы по интересам, возрасту, «приверженности» (жизнь некоторых журналов исчисляется столетиями, см. ссылку 34). Возникают новые системы отношений в женской аудитории, и периодика реагирует на эти изменения.

Воинствующие феминистки до сих пор утверждают, что «женственность» является орудием консерватизма, но без нее нельзя обойтись в феминистской деятельности. Один швейцарский ученый шесть лет назад заметил: «Женские журналы, как правило, представляют сегодня модель женщины, которую британские социологи называют "пост-феминистской". Действительно, нам показывают женщину освобожденную, эмансипированную, для кото-

рой вопрос о неравенстве не больше чем старая история, чтобы не сказать история тяжелая и раздражающая, которую следует выбросить из головы»38.

Редактор журнала идет еще дальше и провокационно играет смыслами: «Я горжусь тем, что я женщина, потому что я верю в глубинную значимость того, что считают несерьезным и поверхностным. <.. .> Эти женщины, которые пытаются показать всем, что они играют роль истребителей парней, готовых их кастрировать, лишь бравируют», Рената Либаль, Le Matin Dimanche, 06.02.05.

2.7. Рекапитуляция в форме мизансцены

Чтобы лучше понять, что поставлено на карту в случае поиска идентичности французских женщин в пространстве печатных СМИ, мы предлагаем обратиться к фотоколлажу39 и одной истории.

Жила-была когда-то нация, которая избавилась от своего короля. И совершенно не зная, кому теперь поклоняться, она создала Марьяну, которая и должна была стать объектом поклонения, как Свобода для американцев.

Но Леди Свобода слишком огромна, слишком отстранена, она «в возрасте», или, что еще хуже, «без возраста». Статуи Марьяны, однако, ближе и человечнее: плоды местного вдохновения (в результате (который не был плохим, в конечном счете), она стала принимать форму звезды, вызывающей восхищение в кинотеатрах и на концертах.

Когда Марьяну делал скульптор-мужчина, он сосредоточивался на бюсте (рис. 2 и 4, Брижит Бардо и Мирей Матье). Женщина-скульптор оказывалась всецело поглощена улыбкой Катрин Денев.

Но при президентской монархии леди Ма-рьяна вела чересчур бурную жизнь, которая вызывала восторг художников всех мастей. Наиболее захватывающей была, очевидно, ее история с Карлом Великим, чествования которого развернулись во Франции в 1940 году, а также празднования 1959 года. Чтобы показать свою приверженность Республике, Шарль де Голль позволил опубликовать плакат, где он стоит вплотную к Марьяне (рис. 5). Политические противники не оценили этого хода и предложили целый ряд обидных толкований: Марьяна-Лолита - маленькая развратительница, сидящая на коленях старого солдата (рис. 6), или сцена принудительного брака под дулом автомата (рис. 7).

Грудь «свободы, ведущей народ» и Брижит-Марьяна остаются на логотипе союза Шарля де Голля (см. рисунок 8). Другое движение предпочитает «женскую голову», см. рисунок 16). Но ее жизнь прошла под знаком «брака по расчету» (рис. 9), когда она только ждет, чтобы старик уснул (карикатура конца девятнадцатого века).

Некоторые видели в ней символ смерти (рис. 10), другие все еще смеются над чередой ее браков (начиная с последнего с Миттераном, см. рисунок 12), показывающие, что она насмехается над своими мужами как временными политическими вариантами. Кроме того, если «красные» видели ее с оружием, другие изображали ее как консьержку; это война между Марьяной-Революцией и Марьяной-Консервацией (рис. 13).

Этот образ использовали и для предполагаемой борьбы против исламизма, например, против президента Турции (рис. 11).

В дополнение к этому жизнь Марьяны как француженки читалась в «Le Petit Echo de la Mode» (иллюстрация 14) или в «L'Echo des Françaises» - рис. 18), если читательница чувствовала себя ближе к Церкви. Когда женщина имеет некий вкус к провокации и умеет быть женственной (осознавая это), она приходит в Causette со своими соратниками: она носит оружие (легко узнать дуло автомата Калашникова за ее плечами), имеет страсть к детективным романам и обсуждает отношения между блондинками и политиками (см. рисунок 17).

Если судьба угораздила ее родиться с темной кожей, она появится в местной этнопрессе (см. рисунок 18). Ее не волнует, если вы думаете, что вся эта пресса «легкомысленна», она может сделать «свое кино» с помощью своего же телефона.

Конец статьи

Следующая часть:

Американский концепт и латиноамериканский характер

Обложки Cosmopolitan во Франции, Италии и Румынии.

Примечания

1 Леон Доде упоминает его в своих политических воспоминаниях, озаглавленных «Стихи королю». (Paris : Editions Grasset. С. 211-213).

2 Напомним, что слово «республика» происходит от латинского «res publica», что означает

«государственные дела» и для чего французы используют выражение «публичная девка», чтобы описать лиц , занимающихся «древнейшей профессией в мире», и что иногда называют в России «простигосподи» («Прости нас, Господи»). В консервативных кругах фермеров Бретани учительница государственной школы воспринималась даже после Первой мировой войны как сумасшедшая, потому что она не носила традиционный головной убор и даже решалась выходить на улицу с непокрытой головой.

3 Многие исследования были посвящены этому символу Франции. Самое интересное, что наиболее богатая коллекция образов является Марианна, лица республики, написанные Морисом Агийоном и Пьером Бонтом (Gallimard, 1992). Именно оттуда взяты многие образы для нашего коллажа (см. ниже, примечание 39).

4 Книга под названием «Победительницы» вышла в издательстве Payot (первое издание 1914 г., второе издание в 1923 году).

5 Предисловие к первому изданию.

6 Св. Екатерина из Сиенны, Кристин де Пиза, Изабелла д'Эсте, Франсуаза д'Обинье (известная под именем мадам де Ментенон), Мари-Тереза (хорошо известные императрице), Жюльетта Рекамье, Флоранс Найтингаль, Хелен Келлер.

7 Расистское прозвище, данное немцам и использованное во французской пропаганде, особенно после франко-прусской войны. Оно использовалось итальянским писателем, который умирал в 1925 году, не будучи в состоянии дописать вторую часть своей книги «Очаровательные».

8 Сестра Жюли де Гербевийер («Победительницы». Р. 271).

9 Точнее, 700000 французов против 7000000 немцев. В. Альфред-Фиерро Доменек, «На заднем дворе : Историческая география Франции», издательство Роберта Лаффонта, Париж, 1986, издание 1989, pp. 129 и след., 276 и след.

10 Мы адаптировали канадскую фразу, которую услышали от румынских экспатриантов в этой стране десять лет назад. Это фраза «политически корректна» по отношению к «новым иммигрантам».

11 Корректное и доступное изложение см.: http://fr.wikipedia.org/wiki/Statue_de_la_Libert% C3% A9.

12 Актрисы, такие, как Брижит Бардо, Катрин Денев и Летиция Каста, но также и певица Мирей Матье (см. коллаж).

13 Это законы Пятой республики, где президент избирается народом и расширяет свои полномочия.

14 См. ниже сноска 39 и коллаж.

15 Татьяна Лебедева. Искусство обольщения. М., 1996. Мы консультировались по этому тексту на румынском языке. V. Arta de a seduce, Editions Institutul European, 1999. P. 34-35.

16 В 1969 году многие мэры были возмущены тем, что распространяется это отождествление республики и звезды, например, один из них сказал: «это больше подвигает на всякие приключения, чем к патриотическим добродетелям». «Вы можете пожелать молодым супругам хранить верность перед ликом Брижит Бардо?» (Агийон и Бонт. Р. 93).

17 Ион Барна. Искусство Кино, издательство Минерва, Бухарест. Том II. Р. 91G-911. В. Фредерик Мартель, Mainstream - обзор культуры, которая адресована каждому, издательство Фламмарион, Париж, 2G1G. Р. 38 и 149.

Французский писатель определяет еще более четко: «Drive-in играет важную роль в раннем сексуальном опыте американских подростков». И он цитирует женщину, ставшую известным кинокритиком, которая говорит: «Я потеряла ее в кино», имея в виду невинность. Очевидно, иметь такой опыт с кем-то, кто смотрит на Брижит Бардо в этот момент, не очень-то приятно, скорее всего, очень обидно.

18 Коммаджер, Американский дух, 29 (см. примечания в части первой этой статьи).

19 Там же, р. 151.

2G Даты разнятся от источника к источнику, но большинство ссылок сходится. В 165G-1655 Лорет издает «La Muse Historique», 1672-171G

- Донно из Визе публикует Le Mercure Galant, в 1758 - Le Courrier de la Nouveauté, в 1759-1788

- Le Journal des Dames (где можно найти страницы моды уже в 1774 году).

21 Пьер Баррьер, Интеллектуальная жизнь во Франции с XVI века до наших дней, Париж : Альбин Мишель, 1974, р. 151; Ролан Кайрол, Печатные и аудио-визуальные СМИ, Научные журналы Франции, 1973. Р. 28G; Wikipedia, по состоянию на 1G января 2GG9 года (информация, допускающая вмешательство дилетантов). В последнем заголовке не было ничего скандального, поскольку на тот момент слово «секс» было общим обозначением женщин.

22 Учитывая воинственный контекст, можно считать, что это были пропагандистские листовки, и было бы интересно посмотреть, каков был «вес» женщин-политиков в редакции. Есть

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ссылки на les Etrennes des Dames и его создателя Мари де Вуйнера (см. http://femme.planet. fr.16294.687.html).

23 Кэйрол, Печатные..., р. 279-280. Вот характерное мнение: «Многие берут в расчет содержание газет, но разве вы можете наверняка сказать, что такой-то контент адресован женщинам, а такой-то - нет? Le Figaro адресована женщинам, потому что, через несколько лет, по мнению РКУП, женская аудитория станет преобладать? Есть смысл понимать под "женской прессой" только издания, которые сами провозглашают (и позиционируют) себя как издания для женщин». Понятие «идентификация дискусра» см. Рифель Р. (примечание ниже), р. 41 и след.

24 В. Реми Риффель, Что такое медиа? Gallimard, 2005. Р. 83.

25 Луи Човел, Судьба поколений - социальные структуры и когорты во Франции ХХ века до 2010-х годов, Presses Universitaires de France, 2010. P. 81 и след.

26 Леон Доде, Стихи королю, Париж, Бернар Грассе, 1934. Р. 35. Она должна была заплатить сто тысяч франков для финансирования издания (своей части «французских действий». «Вклад пришли из завещанию высмеял противников (это была, кажется, судьба проститутки).

27 Пьер Барьер. Р. 536.

28 Човел. Р. 158 и след.

29 Пьер Баррьер. Указ. соч. Р. 211.

30 Там же. Р. 208. Вот ключевые моменты. С 1687 по 1695 итальянский театр Герарди, ставивший пьесы малоизвестного феминиста Пулен де ла Барре. Он получил докторскую степень в Сорбонне, а затем в Женеве издал трактат об образовании женщин. Следующее поколение узнает писателей, явно ориентированных на женскую аудиторию, а иногда и наслаждающихся общением с женщинами высокого социального статуса, что способствовало созданию (или даже служило источником) их произведений: Фонтенель, Монтескье, Мари-во, Вольтер.

31 Баррьер. Р. 291.

32 Реми Риффель. Указ. соч. Р. 40.

33 Ситуация во время торжеств памяти основателя Пятой республики. Издание 2009 года нашло отклик на сайте, посвященном вопросам французской идентичности в трудах профессора истории (http://www.dictionnaire-identitenationale.fr, см. текст, подписанный Лоран Пишон, профессор истории и географии, вероятно, в системе среднего образования).

34 ww.prismapub.com/.../Panorama+de+la+pre sse+féminine+aout+2006.pdf.

35 Иерархический список синонимов для слова причины (в порядке убывания) является намеком: причины, происхождение, семян, основания, причины, материальный, агент, бизнес, предлог. Источник: http://www.crisco. unicaen.fr

36 Мы почерпнули эти сведения из книги Реми Риффеля, где собраны данные французских социологических исследований, проводимых в течение трех десятилетий (в том числе V: 215, 294, 361, 387, 400, 406, 410, 489, 494). Мы также использовали данные 1992 года, собранные в ходе исследования и анализа региональной группы «Ouest France», мы также провели опрос среди членов этой группы, чтобы понять рабочие механизмы для удовлетворения на как поведение покупателя и стимулирования читателя местной прессы.

37 Фабьен Мальбуа - в диалоге с Вирджинией Пуайетон, «Курьер», 18 февраля 2005 года.

38 Там же.

39 Источники иллюстраций:

• http://www.dis.uniroma1.it/~demetres/ photos/Dec-26-2000/images/miss-liberty3JPG pour (1)

• www.hellopro.fr/images/produit-2/1/2/0/ buste-de-marianne pour (2), (3) et (4) où l'on affiche également le prix de ce genre de buste.

• Aguilon et Bonte pour les illustrations 6, 7, 8, 9, 10, 13 ;

• union-gaulliste.pagesperso-orange.fr pour

(8)

• http://renoirclioblog.over-blog.com/ article-19290979.html pour (5)

• http://www.legavox.fr/blog/cassou/ mitterrand-sarkozy-avocats-presidents pour (12)

• http://bergolix.wordpress.com/category/ marianne pour (11)

• http://www.petit-echo-de-la-mode.fr/ accueil.html quinquabelle.blogspot.com pour (14)

• http://www.images-chapitre.com pour (15)

• http://blackizbeautiful.canalblog.com/ archives/2010/05/19/17948282.html pour (19)

montage perso pour (20)

Евгений Александрович Сарасов

Челябинский государственный университет

«ГРАЖДАНСКАЯЖУРНАЛИСТИКА»: АНАЛИЗ ПОНЯТИЯ В РЕТРОСПЕКТИВНОМ АСПЕКТЕ (ВЗГЛЯД СОВРЕМЕННЫХ УЧЕНЫХ В КОНТЕКСТЕ ИСТОРИИ)

В статье раскрывается объем понятия «гражданская журналистика». Доказывается, что это явление имеет глубокие исторические корни, в том числе в отечественной общественной мысли. На основе деятельности издателя, редактора и журналиста XIX века А. А. Краевского автор выявляет сущностные черты данного направления, при этом проводит параллели между фактами истории и современностью.

Ключевые слова: гражданская журналистика, аудитория, журналистика участия, общественная журналистика, А. А. Краевский, отечественная журналистика XIX века, политическая информация, гражданская позиция.

Сегодня гражданскую журналистику связывают с проблемой преодоления взаимного отчуждения журналистики и аудитории1. Такие ученые, как И. М. Дзялошинский, А. В. Перцев, И. Д. Фомичева, А. Болкунов и др., выделяют гражданскую журналистику как «особый тип журналистской деятельности, прямо ориентированный на воспитание гражданской по-

зиции, устранение конфликтов; побуждение аудитории к участию в выработке социально значимых решений, политических ценностей»2. Данному направлению свойственны тесное сотрудничество с аудиторией, призыв читателя, слушателя и зрителя к активному участию в решении проблем, двусторонний процесс обмена информацией (журналист - аудитория).

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