Научная статья на тему 'ЖИЗНЬ А. ДЕ СЕНТ-ЭКЗЮПЕРИ, ДОСТОЙНАЯ ВОСХИЩЕНИЯ (1900-1944)'

ЖИЗНЬ А. ДЕ СЕНТ-ЭКЗЮПЕРИ, ДОСТОЙНАЯ ВОСХИЩЕНИЯ (1900-1944) Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
ЖИВОПИСЬ / МУЗЫКА / ЧЕСТНОСТЬ / УВАЖЕНИЕ / АВИАЦИЯ / ВОЕННЫЙ ЛЁТЧИК / ПОЛЁТ / АВАРИЯ / ПУСТЫНЯ / ПЕРЕМИРИЕ / СКАЗКА / ВЫСАДКА / ПАМЯТЬ

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Арутюнова Жанна Михайловна, Саньоль Марк

Статья посвящена жизни и творчеству французского писателя, поэта, профессионального лётчика Антуана де Сент-Экзюпери. Произведения Экзюпери связаны с небом и авиацией. Всю свою взрослую жизнь писатель провёл за штурвалом самолёта, пережил несколько катастроф. 31 июля 1944 года он отправился на задание, из которого не вернулся. Самое известное произведение Экзюпери «Маленький принц» переведено более чем на 300 языков

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THE LIFE OF A. DE SAINT-EXUPERY, WORTHY OF ADMIRATION (1900-1944)

The article is devoted to the life and literary activity of Antoine de Saint-Exupéry, French writer, poet, professional pilot. His works are linked to the sky and aviation. All his adult life the writer was piloting aircrafts. He survived several air accidents. On July 31, 1944 he had left for a mission and never return. The « Little Prince » was his most famous work. It was translated into 300 languages.

Текст научной работы на тему «ЖИЗНЬ А. ДЕ СЕНТ-ЭКЗЮПЕРИ, ДОСТОЙНАЯ ВОСХИЩЕНИЯ (1900-1944)»

Раздел II. Филология

Ж.М. Арутюнова, Марк Саньоль (Франция) LA VIE BOULEVERSANTE D'ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY (1900-1944) ЖИЗНЬ А. ДЕ СЕНТ-ЭКЗЮПЕРИ, ДОСТОЙНАЯ ВОСХИЩЕНИЯ

Аннотация. Статья посвящена жизни и творчеству французского писателя, поэта, профессионального лётчика Антуана де Сент-Экзюпери. Произведения Экзюпери связаны с небом и авиацией. Всю свою взрослую жизнь писатель провёл за штурвалом самолёта, пережил несколько катастроф. 31 июля 1944 года он отправился на задание, из которого не вернулся. Самое известное произведение Экзюпери «Маленький принц» переведено более чем на 300 языков.

Ключевые слова: живопись, музыка, честность, уважение, авиация, военный лётчик, полёт, авария, пустыня, перемирие, сказка, высадка, память.

J. M. Arutyunova, Marc Sagnol (France) SAINT-EXUPÉRY LIVED AN AMAZING LIFE (1900-1944)

Abstract. The article is devoted to the life and literary activity of Antoine de Saint-Exupéry, French writer, poet, professional pilot. His works are linked to the sky and aviation. All his adult life the writer was piloting aircrafts. He survived several air accidents. On July 31, 1944 he had left for a mission and never return. The « Little Prince » was his most famous work. It was translated into 300 languages.

Key words: painting, music, honesty, respect, aviation, military pilot, flight, accident, desert, armistice, fairy-tale, disembarkation, memory.

A l'occasion du 120 anniversaire de l'écrivain.

Aujourd'hui, Antoine de Saint-Exupéry aurait eu 120 ans. Il était un pionnier audacieux, aventurier et humaniste.

Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de Saint-Exupéry, écrivain et aviateur français, est né le 29 juin 1900 à Lyon dans une famille issue de la noblesse française. Il est le troisième enfant d'une famille de cinq. Malgré la mort prématurée de son père en 1904, Antoine passe une enfance heureuse. Sa mère, Marie Boyer de Fonscolombe, comtesse de Saint-Exupéry, est accueillie par une parente, la comtesse de Tricaud, née Lestrange. La famille vit dans l'appartement de celle-ci place Bellecour, à Lyon et pendant les mois d'été au château de Saint-Maurice de Remens dans l'Ain. Marie lit à ses enfants des livres magnifiques, dont Les Contes d'Andersen, auxquels Antoine restera attaché toute sa vie. Elle leur enseigne la peinture qu'elle pratique en amateur, et la musique. Femme exceptionnelle, elle adore son fils aîné qu'elle appelle « Tonio » et lui transmet des valeurs qu'il conservera toute sa vie : honnêteté et respect d'autrui, dans le mépris absolu des stratifications sociales. Enfant, Antoine s'applique à illustrer un petit carnet de courts récits intitulé L'Amusette. Relié et cousu par les sœurs d'Antoine, le carnet est composé de saynètes que les enfants jouent devant les grandes personnes.

En 1909, Antoine et son frère François quittent l'univers de leur première enfance pour continuer leurs études au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix du Mans. Antoine n'a jamais été un élève modèle, il était plutôt distrait et dissipé. La vie au collège le désole : « Quand on est petit garçon, au collège, on se lève trop tôt. On se lève à six heures du matin. Il fait froid. On se frotte les yeux et on souffre à l'avance de la triste leçon de grammaire ». Il crée le journal de classe et y collabore avec ses camarades qui l'appellent Tatane. En 1912, il fait un baptême de l'air à l'aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, qui donne naissance à sa passion pour l'aviation. En 1914, Antoine est pensionnaire à Villefranche-sur-Saône et ensuite chez les frères

marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg en Suisse. Il lie une amitié profonde et durable avec Charles Sallès, Marc Sabran et Louis de Bonnevie dont la famille est voisine et amie de la sienne. C'est pendant cette période qu'il lit énormément et découvre les livres de Balzac, Dostoïevski, Baudelaire.

En 1917, Antoine subit une épreuve qui le marque profondément : son frère cadet François, compagnon de jeux et confident, est emporté par un rhumatisme articulaire avec des complications cardiaques. François nomme Antoine son exécuteur testamentaire. 20 ans après, Antoine écrit ce qu'il a ressenti à la mort de son frère : « S'il était constructeur de tours, il me confierait sa tour à bâtir. S'il était père, il me confierait ses fils à instruire. S'il était pilote d'avion de guerre, il me confierait les papiers de bord. Mais il n'est qu'un enfant. Il ne confie qu'un moteur à vapeur, une bicyclette et une carabine ». Cet évènement tragique marque le passage de Saint-Exupéry du stade d'adolescent à celui d'adulte.

La même année, Antoine obtient son bac et va à Paris pour préparer le concours de l'École Navale. Il fait ses classes préparatoires au Lycée Saint-Louis et à l'Institut Bossuet. Accueilli très chaleureusement par une cousine de sa mère, Yvonne de Lestrange, il est introduit dans les milieux mondains et littéraires de la capitale où il fait la connaissance d'André Gide, Gaston Gallimard, Jacques Rivière, Jean Prévost. Il est invité chez les Saussine (leur fils sera son ami et il sera amoureux de leur fille) et fait la connaissance de Louise de Vilmorin, sa future fiancée.

En 1919, Antoine passe son examen de l'École Navale et échoue à l'oral. Il s'inscrit comme auditeur libre dans la section architecture de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts. En 1921, il est appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire. Il est affecté en tant que mécanicien au deuxième régiment d'aviation de Strasbourg, puis à Casablanca. En 1921, il obtient son brevet de pilote militaire et il est promu élève officier de réserve. Au printemps 1923, il est démobilisé. Il commence à travailler comme pilote en 1926, pour donner des baptêmes de l'air, puis au sein des Lignes Latécoère, future Aéropostale, pour transporter le courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Le journal Le Navire d'argent publie cette même année sa nouvelle, L'Aviateur.

Logé à l'Hôtel du Grand Balcon à Toulouse, il fait la connaissance de deux autres pilotes, Jean Mermoz et Henri Guillaumet qui sont ses voisins de chambre. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante. Fin 1927, il est nommé chef d'escale à Cap Juby dans le Sahara espagnol avec pour mission d'améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d'une part et avec les Espagnols d'autre part. Il y découvrira la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier Sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote à travers le personnage de Jacques Bernis. En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l'Aéropostale jusqu'en Patagonie et au-delà des Andes, au Chili. Le 20 mars 1930, Antoine de Saint-Exupéry couvre les 2400 kms qui séparent Buenos Aires de Rio Gallegos en 12 heures ce qui est un record mondial pour l'époque. La même année, il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur et rencontre Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (décédée en 1979), qu'il épouse en 1931. En décembre 1931, il publie son second roman, Vol de nuit, préfacé par son ami André Gide. Ce fut un immense succès, couronné par le Prix Femina. Dans ce roman dont l'auteur précise bien le projet : « J'écris un livre sur le vol de nuit. Mais dans son sens intime c'est un livre sur la nuit », Antoine de Saint-Exupéry évoque les années passées en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie. Le personnage principal, Rivière, est inspiré par son chef Didier Daurat. Les valeurs que le roman véhicule sont : primauté de la mission, importance du devoir et responsabilité de la tâche à accomplir jusqu'au sacrifice.

À partir de 1932, alors que la compagnie, victime de machinations politiques et financières, ne survit pas et sera absorbée par Air France, Antoine gagne difficilement sa vie comme pilote d'essai. Occasionnellement, il publie des articles dans différents journaux. Il est envoyé pour des reportages en 1935 à Moscou et en 1936 et 1937 en Espagne. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien René Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d'André Japy qui avait relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Dans la nuit du 31 décembre, son avion s'écrase dans le désert de Libye. Il connaît alors quatre jours d'errance sans eau ni vivres avant un sauvetage inespéré par une caravane de Bédouins. Le manuscrit de 58 pages relatant son aventure a été vendu aux enchères en 2009. Par la suite, cette aventure lui inspirera très certainement le décor naturel du Petit Prince.

De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d'émotions et d'expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens de la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l'écriture de Terre des hommes, œuvre autobiographique qui relate une série d'événements de la vie de l'auteur, notamment lorsque celui-ci travaillait pour l'Aéropostale. L'ouvrage, publié en 1939, est récompensé par le Grand prix du roman de l'Académie française. C'est une suite de récits, de témoignages et de méditations à partir de la somme d'expériences, d'émotions et de souvenirs qu'il a accumulés lors de ses nombreux voyages. C'est aussi un hommage à l'amitié et à ses amis Mermoz et Guillaumet. L'ouvrage offre aussi les clés de son humanisme. Certains extraits sont devenus célèbres : « Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, (...) tu es le frère bien-aimé. Et (...) je te reconnaîtrai dans tous les hommes. », « Aimer, ce n'est point nous regarder l'un l'autre mais regarder ensemble dans la même direction ». C'est dans ce roman que l'on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet après son accident dans les Andes : « Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait ».

En 1939, il est mobilisé dans l'Armée de l'air et affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les panzers allemands sont en train d'envahir la France. Bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base avec son équipage sain et sauf, ce qui lui vaut d'être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l'ordre de l'Armée de l'air, le 2 juin 1940. Cet exploit lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre. À l'armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer les Américains en guerre. En mai 1942, il séjourne au Canada dans la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le Vieux-Québec. Alors que son séjour devait durer quelques jours, il passe finalement plusieurs semaines à Québec à cause de problèmes de visa. Ayant pour mission de faire entrer les Américains dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre pour rappeler aux Américains combien la bataille de France avait été dure, et, l'année suivante, Lettre à un otage, où il s'adresse à ses amis « perdus dans la nuit de France ». Dans ce livre très court, il présente des situations (dans le Sahara, ou en Espagne pendant la guerre civile, ou à Lisbonne, ou en France, avant la guerre), où il a été confronté à la « substance humaine » et où un sourire échangé a été salvateur : « Un sourire est souvent l'essentiel, on est payé par un sourire ». « Du sourire des sauveteurs si j'étais naufragé, du sourire des naufragés si j'étais sauveteur, je me souviens aussi comme d'une patrie où je me sentais tellement heureux ».

En 1943, juste avant de repartir au combat, Antoine de Saint-Exupéry publie chez Reynal & Hitchcock en français et en traduction anglaise un conte poétique et philosophique Le Petit Prince illustré avec ses propres aquarelles. Le narrateur est un aviateur en panne qui fait la connaissance d'un étrange Petit Prince venu d'une toute petite planète, l'astéroïde B 612. Ce dernier parle à l'aviateur de ses rencontres sur les différentes planètes qu'il a visitées après avoir quitté la sienne, et s'interroge sur l'absurdité du monde des adultes. Le livre empreint à la fois de légèreté et de pessimisme vis-à-vis de la nature humaine aura par la suite un succès mondial retentissant. En France, il ne sera publié qu'en 1946, deux ans après la mort de l'auteur, par les éditions Gallimard.

La grande maison de Charles De Koninck du Vieux-Québec, au 25 de la rue Sainte-Geneviève, (classée depuis monument historique) était fréquentée par des personnalités des mondes universitaire, scientifique, intellectuel et politique. Saint-Exupéry rendit visite aux De Koninck en 1942. Leur fils, Thomas De Koninck était alors âgé de huit ans. Ce dernier a conservé les bribes de quelques moments vécus avec Saint-Ex : « Un grand gaillard. C'était l'aviateur. Un bonhomme attachant, qui s'intéressait à nous, les enfants. Il nous faisait des avions en papier, des dessins. [...] Il aimait les énigmes mathématiques ». L'année suivante, Saint-Exupéry publiait Le Petit Prince. Selon la légende locale, Saint-Exupéry se serait inspiré du petit De Koninck, qui avait les cheveux blonds bouclés et posait beaucoup de questions. M. De Koninck refuse cependant cette interprétation : « Le Petit Prince, c'est Saint-Exupéry lui-même ».

Saint-Exupéry dédie son livre à Léon Werth, qui est pour lui à la fois un ami, un confident, un lecteur attentif et un correspondant fidèle.

Saint-Exupéry ne pense qu'à s'engager dans l'action, considérant, comme ce fut le cas avec l'Aéropostale, que seuls ceux qui participent aux événements sont légitimes pour en témoigner. En

avril 1943, bien qu'ayant dépassé largement la limite d'âge des aviateurs censés pouvoir piloter les avions de combat modernes, il reprend du service actif intégré, grâce à ses relations et à son insistance, dans son ancienne unité, le groupe de reconnaissance 2/33. Jugé responsable de plusieurs incidents il est mis « en réserve de commandement », étant donné son âge, son mauvais état de santé, ses différents crashs précédents. Il séjourne alors en Algérie, au Maroc, puis de nouveau en Algérie. Il obtient au printemps 1944 l'autorisation du commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le général américain Eaker, de rejoindre son groupe de reconnaissance basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents. Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse. C'est de l'aéroport voisin de Poretta qu'il décolle aux commandes de son F-5B-1-LO, version photo du bimoteur P-38 Lightning, le 31 juillet à 8 h 45 du matin, pour une mission de cartographie (cap sur la vallée du Rhône vers Annecy et retour par la Provence) : des reconnaissances photographiques afin de repérer les unités ennemies, renseignements utiles pour le tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août. Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte avec lui du carburant pour six heures de vol. Alors que son retour était prévu vers midi, Saint-Exupéry n'est toujours pas revenu à 14 h 30. L'avion de Saint-Exupéry se serait écrasé à quelques encablures des côtes de la Provence. Il est alors impossible d'effectuer des recherches sur le terrain en temps de guerre. « Saint-Ex » est officiellement porté disparu. Sa mémoire est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945. En 1948, il est reconnu « Mort pour la France ».

Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry est cité à l'ordre de l'armée aérienne à titre posthume, pour avoir « prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie », et « trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d'une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l'ennemi ». Si la mort ne faisait désormais plus de doute, restait à en élucider les circonstances. En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoignera avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit le témoignage posthume d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, un Focke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane. Mais Heichele a été à son tour abattu en août 1944. Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement, celui d'une habitante de Carqueiranne qui aurait vu, le jour fatidique, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel a été enterré anonymement dans le cimetière de la commune. Était-ce Saint-Exupéry? Pour le savoir, il faudrait exhumer le corps, procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. Chaque fois, ces « révélations » relancèrent l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ». Enfin, en 2000, des morceaux de son appareil, le train d'atterrissage, un morceau d'hélice, des éléments de carlingue et surtout du châssis, sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille. Le 7 septembre 1998, un pêcheur qui pêchait au large de Marseille avait déjà trouvé sa gourmette en argent portant gravés les noms d'Antoine, de Consuelo ainsi que des éditeurs new-yorkais de Saint-Exupéry dans son chalut, près de l'île de Riou. Remontés à la surface en septembre 2003, les restes de l'avion sont formellement identifiés le 7 avril 2004 grâce au numéro de série de l'appareil. Les restes du Lightning sont exposés au Musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans un espace consacré à l'écrivain aviateur. Mais rien ne permet de donner une conclusion définitive sur les circonstances de sa mort, malgré la simulation informatique de l'accident - à partir des pièces déformées - qui montre un piqué, presque à la verticale et à grande vitesse, dans l'eau. Fut-elle la conséquence d'une énième panne technique, d'un malaise du pilote? Certains ont même émis, au grand scandale de ses proches, l'hypothèse du suicide d'un Saint-Exupéry diminué physiquement (il ne peut pas fermer seul la verrière de son appareil), désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer, thèse qui se revendique de certains de ses derniers écrits, au ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d'une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort : « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier », mais thèse formellement contredite par d'autres documents.

En mars 2008, un ancien pilote de la Luftwaffe, sur Messerschmitt Bf 109, Horst Rippert (né en 1922), affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 Lightning le 31 juillet

1944 dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry. En mission pour retrouver un avion adverse qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert tourne plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié le croise, 3 000 mètres au-dessous de lui. Horst Rippert tire et touche. L'avion s'enflamme et tombe à pic dans la Méditerranée. Saint-Exupéry est porté disparu ce jour-là, donnant lieu au mystère de sa disparition. « Si j'avais su qui était assis dans l'avion, je n'aurais pas tiré. Pas sur cet homme », a déclaré Horst Rippert, qui admirait l'écrivain.

En avril 2017, Le Petit Prince est devenu le livre le plus traduit dans le monde, exception faite de la Bible (qui est en course depuis bien plus longtemps). Il existe maintenant en plus de 400 langues et dialectes, du tamazight au japonais et du créole réunionnais au breton. Ce charmant petit livre, aimé des enfants tout autant que des adultes du monde entier, est, en fait, une histoire très française. Saint-Exupéry y décrit la solitude et l'absurdité de la vie des adultes, axée sur le travail et la consommation, en opposition à la sagesse et à l'émerveillement de l'enfant face au monde naturel.

« Nous n'avons pas besoin de pleurer les frères Grimm quand les contes de fées comme Le Petit Prince peuvent encore tomber des livres d'aviateurs et de tous ceux qui se dirigent par les étoiles », écrit P. L. Travers, l'auteur de Mary Poppins.

Lieux de mémoire de Saint-Exupéry (dans le monde entier) :

- Sa ville natale, Lyon, en hommage à l'écrivain et au pionnier de l'Aéropostale, a rebaptisé l'aéroport de Satolas en aéroport international Lyon Saint-Exupéry et la gare de Lyon Saint-Exupéry TGV.

- Sur les murs du Panthéon de Paris, une inscription honore sa mémoire en ces termes :

À LA MÉMOIRE DE ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY POÈTE ROMANCIER AVIATEUR DISPARU AU COURS D'UNE MISSION DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE LE 31 JUILLET 1944

Ont été nommés d'après lui :

• des rues de plusieurs villes, dont Lyon (et plusieurs villes de sa banlieue), Avignon, Brest, Romans, Laon, La Seyne sur Mer, Fribourg (Suisse), Montréal.

• l'avenue Saint-Exupéry à Toulouse, qui mène à Montaudran où se trouvaient l'aérodrome de l'Aéropostale et les ateliers Latécoère. Une fresque (3 m x 10 m) à son effigie, y a été dessinée en 2010.

• la rue Saint-Exupéry au Mans où se situe le collège où il a étudié.

• le quai Saint-Exupéry à Paris.

• le boulevard Antoine-de-Saint-Exupéry à Lyon.

• la place Saint-Exupéry à Cabris, où habitait sa mère.

• des cinémas à Marignane et à Strasbourg ; des bibliothèques et des restaurants..

• un sommet argentin (l'aiguille Saint-Exupéry, 2 558 m), à proximité de mont Fitz Roy, près de d'El Chaltén, province de Santa Cruz.

• La Banque de France a émis des billets de banque d'une valeur de 50 francs (environ 7,6 €) à son effigie entre 1996 et 2002.

• Plusieurs timbres-poste ont été imprimés en honneur de Saint-Exupéry.

• Une statue d'Antoine de Saint-Exupéry et du Petit Prince, œuvre de Christiane Guillaubey, est exposée sur la place Bellecour à Lyon.

• Il existe une statue en son hommage à Toulouse, au centre du Jardin Royal.

• Un buste de Saint-Exupéry, œuvre de Madeleine de Tazenas, sculptrice et peintre de l'air, est exposé au square Santiago-du-Chili à Paris.

• Une statue du Petit Prince a été inaugurée le samedi 16 septembre 2006 à Northport (États-Unis), la bourgade où il rédigea ce conte en 1942-1943 dans la maison Bevin House du quartier Eaton's Neck. C'est une œuvre de Winifred S. DeWitt Gantz. La statue se trouve dans la cour de la bibliothèque publique de Northport, 151 Laurel Avenue, NY 11768.

• Un astéroïde a été nommé en son honneur : (2578) Saint-Exupéry.

• Avec 418 écoles, collèges et lycées à son nom, Antoine de Saint-Exupéry est le huitième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements d'enseignement public français (recensement de 2015).

• Sur une place d'Agay, où habitait sa sœur Gabrielle, une fontaine est dédiée au Petit Prince.

• Un téléfilm, Saint-Exupéry : La Dernière Mission, réalisé en 1994 pour France 3 par Robert Enrico retrace sa vie (film réédité en 2009 au format DVD).

• Le film Saint-Ex (1996) réalisé par Anand Tucker.

• La Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse a été créée en 2009 sous l'égide de la Fondation de France par les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry. Elle soutient des projets tournés vers la jeunesse, en France et dans le monde, portant les valeurs d'Antoine de Saint-Exupéry. Elle a notamment soutenu la formation de jeunes apprentis mécaniciens aéronautiques.

• En Russie en 1995, la Fondation « L'Univers Saint-Exupéry » a été créée.

• Le 31 mai 2019, à Saint-Raphaël, le buste en bronze (oeuvre du sculpteur russe Ivan Cheprakin) dédié par l'Association russe «L'Univers de Saint-Exupéry» à la France, a été solennellement inauguré sur l'esplanade du Lycée Saint-Exupéry.

CITATIONS DE SAINT-EXUPÉRY

- L'éducation passe avant l'instruction, elle fonde l'homme.

- Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.

- La grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes. Il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines.

- Être homme (...) c'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde.

- Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatigant pour les enfants de toujours et toujours leur donner des explications.

- Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent.

- On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

- Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction.

- L'amour véritable ne se dépense point. Plus tu donnes, plus il te reste.

- Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur.

- Un sourire est souvent l'essentiel. On est payé par un sourire. On est récompensé par un sourire.

- La nostalgie, c'est le désir d'on ne sait quoi.

- Si tu m'apprivoises, tu seras pour moi unique au monde, je serai pour toi unique au monde.

- Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui.

- Si tu veux comprendre le mot bonheur, il faut l'entendre comme récompense et non comme but.

- La guerre n'est pas une aventure. La guerre est une maladie. Comme le typhus.

- Je préfère que l'on vende cent exemplaires d'un livre dont je ne rougis pas, que six millions d'exemplaires d'un navet. C'est de l'égoïsme bien compris, parce que les cent exemplaires auront autrement de pouvoir que les six millions.

BIBLIOGRAPHIE

1. Antoine de Saint-Exupéry, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Collection Bibliothèque de la Pléiade, 1994.

2. Alain Vircondelet, Antoine de Saint Exupéry, Paris, Julliard, 1994.

3. Alain Vircondelet, La véritable histoire du Petit Prince, Paris, Flammarion, 2008.

4. Marcel Migeo, Saint-Exupéry, Paris, Flammarion, 1958.

5. Simone de Saint-Exupéry, Cinq enfants dans un parc, Paris, Gallimard, 2000.

6. Виржиль Таназ: Сент-Экзюпери, Москва, Молодая гвардия, 2006.

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