Научная статья на тему 'References to Britain in Augustian poetry (Virgil, Horace, and Propertius)'

References to Britain in Augustian poetry (Virgil, Horace, and Propertius) Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
ОБРАЗ БРИТАНИИ В АВГУСТОВСКУЮ ЭПОХУ / ОТНОШЕНИЕ ВЕРГИЛИЯ / ГОРАЦИЯ И ПРОПЕРЦИЯ К РИМСКОЙ ЭКСПАНСИИ.

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Казанская Мария Николаевна

Античные сведения о политике Августа в отношении Британии противоречивы: Тацит представляет время между вторым вторжением Юлия Цезаря и завоеванием Британии императором Клавдием как эпоху забвения ( longa oblivio Britanniae – Tac., Agr., 13), тогда как Дион Кассий говорит, что Август трижды собирался идти против Британии. Современные историки, пишущие об августовской эпохе, регулярно приводят цитаты из Вергилия, Горация и Проперция, причем создается впечатление, что августовские поэты одобрительно относились к экспансии, и даже (как считал Мейер) «подталкивали» миролюбивого принцепса к завоеванию далекого острова.Более подробный анализ контекстов показывает, что поэты относились к завоевательной политике Августа очень по-разному. Вергилий говоритисключительно о добровольном служении Британии божественномуАвгусту, явно не желая далекой экспедиции и нового кровопролития послегражданских воин. Гораций, напротив, призывает к походу против британ-цев или парфян, надеясь на объединение римлян перед лицом внешнеговрага. Наконец, взгляд Проперция критичен: в двух случаях упоминаязавоевание Британии, элегик выводит на первый план опасность, сопря-женную с походом.

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Текст научной работы на тему «References to Britain in Augustian poetry (Virgil, Horace, and Propertius)»

L’IMAGE DE LA BRETAGNE CHEZ LES POETES AUGUSTEENS :

(Virgile, Horace, Properce)1.

Резюме: Античные сведения о политике Августа в отношении Британии противоречивы: Тацит представляет время между вторым вторжением Юлия Цезаря и завоеванием Британии императором Клавдием как эпоху забвения (longa oblivio Britanniae - Tac., Agr., 13), тогда как Дион Кассий говорит, что Август трижды собирался идти против Британии. Современные историки, пишущие об августовской эпохе, регулярно приводят цитаты из Вергилия, Горация и Проперция, причем создается впечатление, что августовские поэты одобрительно относились к экспансии, и даже (как считал Мейер) «подталкивали» миролюбивого принцепса к завоеванию далекого острова.

Более подробный анализ контекстов показывает, что поэты относились к завоевательной политике Августа очень по-разному. Вергилий говорит исключительно о добровольном служении Британии божественному Августу, явно не желая далекой экспедиции и нового кровопролития после гражданских воин. Гораций, напротив, призывает к походу против британцев или парфян, надеясь на объединение римлян перед лицом внешнего врага. Наконец, взгляд Проперция критичен: в двух случаях упоминая завоевание Британии, элегик выводит на первый план опасность, сопряженную с походом.

Ключевые слова: образ Британии в августовскую эпоху, отношение Вергилия, Горация и Проперция к римской экспансии.

Les passages chez les poètes augustéens (notamment, chez Virgile, Horace et Properce) mentionnant Britannia ou Britanni, ont été fréquemment relevés par les historiens modernes2. Faute de sources historiographiques sur cette époque qui lui soient contemporaines, les témoignages littéraires deviennent précieux pour l’évaluation de la politique extérieure duprinceps3. Il est, bien entendu, possible d’utiliser la littérature en tant que source historique: mais dans ce cas l’usage que font les travaux sur les relations entre Rome et Bretagne de la poésie augustéenne, pose plusieurs problèmes.

1 Une première version de ce travail a été préparée dans le cadre du séminaire de Mme Sylvia Estienne sur l’impérialisme romain à l’Ecole Normale Supérieure de Paris en 2009.

2 E.g., Meyer 1961, Brunt 1963, Momigliano 1950, Wacher 1978, Syme 1978, Salway 1981, Stewart 1995, Todd 1999.

3 Syme 1978: 48: «The dearth of contemporary historians is a grievous impediment to the study of the wars. <.. .> That being so, evidence from the Augustan poets acquires an abnormal value, both for detail and for context and atmosphere».

Tout d’abord, il faut noter une tendance commune à la vaste littérature dédiée à ce sujet: cherchant à extraire l’information historique que la poésie pourrait contenir, ces travaux allèguent les poètes augustéens sans aucune discrimination, comme s’ils n’avaient qu’un seul avis sur la conquête de la Bretagne (et la politique étrangère d’Auguste en général) et reflétaient directement la propagande officielle. Il existe une autre difficulté, de nature méthodologique, qui revient régulièrement dans ces travaux et qui est étroitement liée au problème précédent: les citations sont données sans considération ni du contexte, ni des intentions générales du poète. Dans certains cas, cette négligence du contexte immédiat produit un contresens (notamment, l’interprétation de Properce II, 27, 5-6). En revanche, les chercheurs en littérature, ne se sont pas particulièrement intéressés aux passages mentionnant Britannia: voire, l’idée que les poètes avaient un avis commun sur la politique d’Auguste en Bretagne, peut s’imposer parfois aussi sur les travaux littéraires4.

Dans cet article nous proposons d’approcher la question du point de vue littéraire, en essayant de montrer que le tableau est un peu plus nuancé qu’il ne paraît en général. Ayant brièvement résumé les informations historiques dont nous disposons, nous passerons à l’analyse des passages sur la Bretagne en les replaçant dans leur contexte et en mettant en relief les différences de tempérament et de l’attitude des trois poètes envers les conquêtes. Ainsi, l’article portera plutôt sur les réponses et évaluations de la politique d’Auguste, que sur la politique elle-même.

L’image de la Bretagne, une des terres les plus lointaines parmi celles qui appartenaient à l’empire romain, dont l’épithète la plus constante est ultima et dont les descriptions ont souvent une teinte mythologique6, est caractérisée par, d’un côté, une grande flexibilité et capacité de s’adapter à l’idéologie dominante, et de l’autre, par la ténacité des topoi qui lui sont associés7. La combinaison de ces deux aspects fait en sorte que,

4 Cf., par exemple, le commentaire de Nisbet-Rudd (2004: ad III, 5, 3-4).

5 ultimosque Britannos (Cat., 11, 11-12); ultima Britannia (Cat., 29, 4); ultimos orbis Britannos (Hor., Carm., I, 35, 29-30); ultima Thule (Verg., Georg., I, 29); cf. remotis obstrepit Oceanus Britannis (Hor., Carm., IV, 14, 48-49); toto diuisos orbe Britannos (Verg., Ecl., I, 67).

6 C’est un trait caractéristique de toutes les terres peu connues au bout de l’écoumène: pour la Bretagne, voir plus spécifiquement Romm (1992: 141ff). Ainsi, l’apparition de la Bretagne dans le contexte de la déification d’Auguste (e.g., Verg., Georg., I, 29-31; Hor., Carm., III, 5, 1-4) n’est pas fortuite - voir Meyer 1961a: 40-41 et Todd 1999: 4.

7 Les topoi qui apparaissent le plus régulièrement en liaison avec la Bretagne, sont l’Océan, les chars de guerre (essedae), et le coutume des Bretons de se peindre le corps en bleu, surtout avant une bataille: ces stéréotypes et d’autres, moins fréquents (par exemple, la longueur des nuits en hiver, partage des femmes par les hommes de la même famille, cannibalisme) sont énumérés chez Hübner 1897: Sp. 875-878 et Stewart 1995: 3-6. L’idée de richesses cachées

surtout au 1er siècle av. J.-C. et au 1er siècle apr. J.-C., la perception de la Bretagne et de sa conquête change constamment, en gardant cependant une certaine continuité grâce aux topoi narratifs. Stewart dans son article sur l’ «invention» de la Bretagne à Rome perçoit son rôle dans la propagande officielle de façon suivante:

«in mid-first century (avant J.-C. - M.K. ) Britain became <.. .> a kind of ideological and cultural reference point - a focus for self-expression or self-promotion and for the negotiation of power. It must be stressed that in performing this role, Britain was not a place but an idea, and one which was inconstant and adaptable» (Stewart 1995: 1).

Le même article montre que l’image conçue de la Bretagne suite aux expéditions de César a dû subir des modifications importantes pour finalement permettre à la propagande officielle de représenter Claude comme le premier à atteindre et vaincre la Bretagne, tandis que selon les notions romaines la Bretagne était en possession des Romains depuis la campagne de César. Ce changement idéologique «effaçait» quasiment l’expédition de César de l’histoire romaine8. Or, se focalisant surtout sur l’opposition de l’idéologie césarienne et claudienne, Stewart laisse un peu de côté l’époque d’Auguste, en la traitant comme une période intermédiaire entre la «découverte» de la Bretagne par César et sa «redécouverte» à l’époque de Claude.

En effet, aucune description, comparable à celles qu’on trouve dans les Commentarii de bello Gallico de César ou à la Vie d’Agricola et les Annales de Tacite, de la politique menée par les Romains en Bretagne à l’époque d’Auguste, ne nous est pas parvenue. Comme les textes historiques qui subsistent de cette époque ne font guère référence à la Bretagne, on pourrait concevoir la période entre 54 avant J.-C. (c’est-à-dire, la deuxième expédition de César en Bretagne) et 40 après J.-C. (l’année de l’expédition avortée de Caligula) comme celle où les intérêts

de la Bretagne est également récurrente. Suétone dit que César a entrepris ses expéditions en Bretagne à la recherche des perles: Britanniam petisse spe margaritarum, quarum amplitudinem conferentem interdum sua manu exegisse pondus (Suet., lui, 47: «On prétend qu’il attaqua la Bretagne dans l’espoir d’y trouver des perles, et que pour reconnaître les plus grosses, il en soupesait dans sa propre main»; voir l’analyse de ce passage dans l’article de Deutsch - 1924); et Cicéron incite son frère de revenir «au plus grand trot» de la Bretagne, comme on n’y a pas trouvé ni de l’or, ni de l’argent (voir ce passage ci-dessus). Même dans la description de la Bretagne chez César, un grand nombre de détails est emprunté à ses prédécesseurs (surtout à Pythéas et Timaios). Les récits relativement tardifs sur la Bretagne, eux aussi, peuvent présenter des topoi même dans les passages qui sembleraient à première vue tout à fait «scientifiques» - voir, par exemple, l’analyse de deux topoi dans l’Agricola de Tacite (Mann 1985).

8 Ce statut de la Bretagne après les expéditions de César, d’une nation soumise, a été pour la première fois défini par Stevens 1951 qui; cf. Brunt 1963: 173.

romains pour cette île se sont temporairement affaiblis9. Effectivement, certains témoignages antiques confirment cette impression. Les Res gestae divi Augusti ne mentionnent Britannia qu’à propos de deux princes qui ont suppliés Auguste de venir à leur secours1 . De même, Tacite décrit l’évolution des rapports entre Rome et la Bretagne de la façon suivante:

igiturprimus omnium Romanorum divus Iulius cum exercitu Britanniam ingressus, quamquam prospera pugna terruerit incolas ac litore potitus sit, potest videri ostendisse posteris, non tradidisse. mox bella civilia et in rem publicam versa principum arma, ac longa oblivio Britanniae etiam in pace: consilium id divus Augustus vocabat, Tiberius praecep-tum. agitasse Gaium Caesarem de intranda Britannia satis constat, ni velox ingenio mobili paenitentiae, et ingentes adversus Germaniam conatus frustra fuissent. divus Claudius auctor iterati operis, transvectis legionibus auxiliisque et adsumpto in partem rerum Vespasiano, quod initium venturae mox fortunae fuit: domitae gentes, capti reges et monstratus fatis Vespasianus11 (Tac., Agr., 13).

Tacite était influencé par la propagande claudienne, et pour lui longa oblivio Britanniae s’expliquait par un cours d’action adopté délibérément (consilium) à l’époque d’Auguste, qui est devenu une adhésion aveugle

9 En fait, on n’a que deux petits passages: Res gestae divi Augusti, 6 (voir la note suivante) et un fragment de Tite-Live conservé chez Aponius (Caesar Augustus in spectaculis [Romano] populo nuntiat, regressus a Britannia insula, totum orbem terrarum tam bello quam amicitiis Romano imperio [pacis abundantia] subditum - l’authenticité de ce fragment est discuté: voir Mommsen 1954 et Meyer 1961b.

10 Ad me supplices confugerunt reges <...> Britann[o]rum Dumnobellau[nus] et Tin[commius... (Res gestae divi Augusti, 6). Mais cf. à ce propos Salway 1981: 52: «Although Augustus proudly recorded receiving the two suppliant British kings, there is no sign that he took any effective action to replace them on their thrones».

11 «Or le premier de tous les Romains, le divin Jules César entra en Bretagne avec une armée; par un combat heureux il effraya les habitants et s’empara de la côte; mais on peut juger qu’il montra cette conquête à ses successeurs plutôt qu’il ne la leur transmit. Ensuite vinrent les guerres civiles; les armes des chefs se tournèrent contre la patrie, et longtemps on oublia la Bretagne, même en temps de paix; c’est ce que le divin Auguste appelait une politique, Tibère une règle. On sait que Caius César agita le dessin d’entrer en Bretagne, mais il était prompt et dans son humeur inconstante, à se repentir de ses projets, et sa gigantesque tentative contre la Germanie avait été vaine. Le divin Claude prit l’initiative de recommencer les opérations, en faisant passer la mer à des légions et à des troupes auxiliaires, et en associant à l’entreprise Vespasien: ce fut pour celui-ci le commencement de son élévation future; des peuples furent domptés, des rois capturés, et les destins désignèrent Vespasien» (ici et plus bas les traductions des textes anciens sont celles de l’édition Budé).

au conseil du prédécesseur (praeceptum) à l’époque de Tibère12. Il est cependant fort probable que l’historiographie postérieure a réinterprété le consilium coercendi imperii intra finibus, comme le formule Tacite dans les Annales (I, 11), adopté par Auguste vers la fin de sa vie13; aussi, dans le cas particulier de la Bretagne, l’absence d’action militaire était réinterprétée comme l’«oubli» pour mettre en relief l’expédition de Claude et pour le représenter comme le premier à envahir cette île (Stewart 1995: 7-9).

Il existe, cependant, d’autres témoignages où la politique extérieure d’Auguste pendant la plus grande partie de sa vie est présentée comme le contraire du consilium que Tacite lui attribue. Notamment, l’impression de l’indifférence de Rome envers la Bretagne entre 54 avant J.-C. et 40 après J.-C. est contredite par Dion Cassius. Dans Histoire romaine il dit qu’Auguste avait projeté d’envahir cette île à trois reprises - en 34, en 27 et en 26 av. J.-C. (Dio Cass., 49, 38; 53, 22; 53, 25). Selon Dion, la campagne projetée en 34 était due au désir du princeps d’égaler son père adoptif (Dio Cass., 49, 38), la dernière - à la nécessité de supprimer la «rébellion» des Bretons qui dès l’incursion de César pouvaient être considérés comme sujets à l’empire romain (voir la n. 8); il ne donne aucun prétexte à la campagne projetée en 2714. Aucune de ces expéditions n’a eu lieu. Pour les années 34 et 26 av. J.-C., Dion explique l’absence d’action militaire en Bretagne par les difficultés avec d’autres peuples, et pour la campagne de 27 par le fait que les troubles chez les Bretons ont cessé d’eux-mêmes et que l’intervention romaine n’était plus nécessaire. Cependant, malgré la façon détaillée dont Dion Cassius raconte ces expéditions projetées, l’information qu’il donne doit être utilisée avec prudence: 250 ans le séparent de l’époque augustéenne, et aucun autre texte ne confirme son récit.

Brunt a essayé d’expliquer les visions contradictoires de la politique extérieure d’Auguste par un changement de cours:

12 consilium id divus Augustus vocabat, Tiberius praeceptum (Tac., Agr., 13). Cf. «Tiberius begnügte sich, die Aufgabe als ein praeceptum seines Vaters zu bezeichnen, das er jedoch keineswegs zu folgen für gut fand» (Hübner 1881: 517).

13 Brunt 1963: 172: «The final consilium may, however, have influenced the opinions of later writers in antiquity. Writing under Hadrian, whose policy was notoriously defensive, Suetonius claims that Augustus was so far ‘a cupiditate quoquo modo imperium vel bellicam gloriam augendi that he would sometimes bind barbarian chiefs to peace merely by oaths or hostages (Aug. 21)».

14 Cf. Salway 1981: 50: «By 27, therefore, Augustus was obviously sufficiently free of worries about the Roman state to think about fresh conquests abroad. What, moreover, could better mark the restoration of the Republic than a spectacular victory by its armies - under the supreme command, of course, of its first citizen? Dio gives us no specific reason for this campaign, but we really do not need any more».

«Unlike Tiberius, Augustus had been no ‘princeps proferendi imperi incuriosus’ (Ann. IV, 32); no one in past history had added more territory to Rome’s dominions - Egypt, Pannonia, Moesia, Noricum, Raetia. Even in his last decade he sought to incorporate Bohemia and Germany, at least west of the Elbe. <.> The frontiers with which he bade Tiberius be content were not those at which he had recently been aiming. Old, tired, and alarmed by the apparent inadequacy of Roman resources, he felt obliged to abandon plans which he had pursued for years. <.> Augustus’ long reign ended in a reverse which was treated as irreparable, but from which the principles of his earlier policy cannot be properly inferred» (Brunt 1963: 171-172).

Résumons. L’historiographie n’a conservé aucune description contemporaine de la politique d’Auguste vis-à-vis de la Bretagne, et les récits postérieurs sont contradictoires. Les reconstructions et interprétations modernes, elles aussi, varient: Meyer soutient que la politique d’Auguste était en général défensive; Brunt, au contraire, le peint comme un expansionniste qui a dû changer le cours de sa politique vers la fin de sa vie. Il est certain qu’il n’y a pas eu d’action militaire en Bretagne à l’époque augustéenne, mais compte tenu des références poétiques il est probable que la possibilité d’une expédition a été discutée à plusieurs reprises.

Les références fréquentes15 à la Bretagne dans la littérature de l’époque augustéenne semblent confirmer ce que dit Dion. Une liste utile de passages dans l’ordre chronologique a été dressée par A. Momigliano 1950: 39. Il s’agit principalement de trois poètes: Virgile, Horace et Properce. Chez eux, la Bretagne apparaît régulièrement dans des contextes militaires (et non seulement ethnographiques ou géographiques): on a même parlé de «contradiction» entre la politique spécieusement «pacifiste» d’Auguste (surtout lorsqu’on la compare au cours adopté par César ou par Claude), et le ton belliqueux des poètes16. Ces références à la Bretagne disparaissent après 23 avant J.-C., ce qui confirme également les dates données par Dion Cassius. Il est naturel d’en déduire que la poésie pouvait refléter l’air du temps, et témoigner du fait qu’à l’époque augustéenne, malgré l’absence de données historiques, la conquête de

15 Mayer a montré que les références géographiques chez les poètes romains étaient de deux types: les références «savantes», en continuité avec l’érudition de la poésie alexandrine, et celles qui étaient dues au sentiment de fierté nationale. Il a également noté que la poésie réagit rapidement à toute nouvelle expédition (Mayer 1986: 53-54). Les références à la Bretagne sont presque exclusivement du deuxième type.

16 Meyer 1961a: 2-3, Raubitschek 1962: 86, Brunt 1963: 170-172. Il est remarquable que Servius, ne sachant pas expliquer un vers de Virgile, auquel nous reviendrons plus bas, invente une subjugation militaire: ‘Nam Augustus postquam vicit Britanniam plurimos de captivis quos adduxerat donavit ad officia theatralia’ (Serv., Comm. ad Verg., Georg., III, 25).

cette île faisait partie des plans immédiats du princeps et de la société romaine en général. Nous regarderons maintenant ces passages de plus près.

1. Les premiers trois passages cités dans la liste de Momigliano appartiennent à Virgile et datent de 40 jusqu’à 30 av. J.-C. La première mention des Bretons en tant qu’une des destinations possibles pour Mélibée qui doit s’exiler de sa patrie, penitus toto diuisos orbe Britannos (Verg., Ecl., I, 67) date approximativement de 36 av. J.-C. et rappelle fortement 11 élégie de Catulle :

sive trans altas gradietur Alpes,

Caesaris visens monumenta magni,

Gallicum Rhenum, horribiles vitro ulti-

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mosque Britannos... (Cat., 11, 9-12).

Dans l’énumération des destinations possibles, les deux poètes commencent par le sud (Catulle commence par les extremi... Indi- 11, 2, Virgile par les sitientes... Afri - Ecl., I, 64) et finissent par les Bretons comme le peuple du nord habitant au bout du monde, ou même déjà en marge de l’écoumène. Surtout l’éloignement de l’Italie et la séparation du monde civilisé sont importants pour Mélibée, mais dans tout une autre sens que chez Catulle: si chez ce dernier la distance était présentée comme une issue à un amour malheureux, pour Mélibée l’éloignement de sa terre et de son troupeau est forcé. Son départ est même présenté comme l’inversion de l’ordre naturel. Il est à mettre en rapport avec la réplique précédente de Tityre dans laquelle le fortunatus senex (qui lui a obtenu la permission de rester sur sa terre) avait juré de ne jamais oublier son bienfaiteur:

Ante leues ergo pascentur in aethere cerui

et freta destituent nudos in litore piscis,

ante pererratis amborum finibus exsul

aut Ararim Parthus bibet aut Germania Tigrim,

quam nostro illius labaturpectore uultus19 (Verg., Buc., I, 59-63).

La réponse de Mélibée est la réalisation de ce renversement géographique. A cause de la guerre civile, il est forcé de partir au bout du monde, tandis que ses champs et ses récoltes tomberont dans les mains

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«chez les Bretons isolés au bout du monde.».

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«.ou encore s’il franchissait les hautes cimes des Alpes, pour aller voir les trophées du grand César, le Rhin gallois, et les Bretons hirsutes au bout de la terre».

19 «Aussi l’on verra les cerfs légers paître en plein ciel, et les flots abandonner les poissons à nu sur le rivage, on verra, dans un exil vagabond, échangeant l’un et l’autre leur patrie, le Parthe boire l’eau de la Saône ou le Germain celle du Tigre, avant que Ses traits s’effacent de notre cœur».

d’un soldat ou d’un barbare (impius haec tam culta noualia miles habebit, //barbarus has segetes20 - vv. 70-71).

Dans les deux autres contextes, la Bretagne est distinctement liée à Auguste. Virgile mentionne la Bretagne dans les introductions aux Géorgiques I et III. Dans le proœmium au livre I, après avoir annoncé son sujet et mentionné Mécénas, Virgile adresse une prière aux dieux (vv. 5-23). Ensuite il s’adresse à Auguste, le présentant comme une divinité future: tuque adeo, quem mox quae sint habitura deorum // concilia incertum est, <...> Caesar..21. (Verg., Georg., I, 23-24). L’élément sur lequel regnera Auguste n’est pas encore défini: il pourrait devenir une divinité des agriculteurs (vv. 24-28), un dieu de la mer (vv. 29-31) ou une nouvelle constellation (vv. 32-35); Virgile lui déconseille seulement de joindre les dieux inférieurs (vv. 36-39). La mention de Thulé, île qui appartenait, selon les géographes, à Britannia, apparaît lorsque Virgile imagine Auguste comme divinité maritime :

an deus immensi uenias maris ac tua nautae numina sola colant, tibi seruiat ultima Thule, teque sibi generum Tethys emat omnibus undis 22

(Verg., Georg., I, 29-31)

On a remarqué que par cette adresse à Octavien (vv. 24-42), Virgile donne une dimension politique aux Géorgiques, et inscrit son œuvre dans le contexte contemporain: juste après les longues guerres qui ont secoué

l ’ Italie, Virgile écrit un poème sur les travaux paisibles de l’agriculteur23. Cependant, pour la question de l’expédition militaire l’extrait en question (vv. 29-31) est peu pertinent: le contexte est religieux, et le verbe seruiat (qui est probablement la raison pour laquelle ce passage est cité si souvent) est largement synonymique de nautae.colant dans la même ligne. En outre, l’île de Thulé n’apparaît pas ailleurs dans les contextes

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Virg., Buc., I, 70-71: «Un soldat impie possédera ces terres si soigneusement défrichées? Un étranger, ces emblavures !».

21 «Et toi, oui toi, César, qui dois un jour sièger dans les conseils des dieux; dans lesquels? on ne sait.».

22 «ou bien deviendras-tu dieu de la mer immense? est-ce que les marins révéreront ta seule divinité? est-ce que Thulé, la plus lointaine des terres te sera soumise? est-ce que Téthys, au prix de toutes ses ondes, payera l’honneur de t’avoir pour gendre?».

23 Miles 1980: 65-66. Virgile dira encore plus explicitement à la fin du livre I quelle place est réservée à Octavien dans la restitution de l’ordre :

di patrii Indigetes et Romule Vestaque mater, quae Tuscum Tiberim et Romana Palatia seruas, hunc saltem euerso iuuenem succurrere saeclo ne prohibete. (Verg., Georg., I, 498-501) - «Dieux nationaux, dieux Indigètes, et toi Romulus, et toi Vesta notre mère, qui veilles sur le Tibre toscan et sur le Palatin romain, n’empêchez pas au moins notre jeune héros de porter secours à une génération abattue».

«militaires», et dans ce passage le fait qu’elle n’est accompagnée d’aucun autre nom géographiques est un témoignage qu’aucun pays réel n’est sous-entendu: c’est une terre mythique et, comme le remarque ironiquement Momigliano 1950: 39, elle sera réservée à Auguste après sa mort.

Les Bretons sont également évoqués dans l’introduction aux Géorgiques III24, lorsque Virgile décrit le magnifique temple qu’il se propose d’ériger en commémoration du triple triomphe du princeps, célébré le 13, 14 et 15 août 29 av. J.-C. A propos de cette troisième occurrence, Momigliano remarque prudemment: ‘This perhaps implies some aggressiveness’ (ibidem). Le contexte général est effectivement celui d’un triomphe militaire. Cependant, il faut remarquer que les Bretons occupent une place intermédiaire entre la description des rites en honneur d’Auguste et l’énumération des nations soumises qui sont représentées sur les reliefs d’or et d’ivoire ornant les portes du temple25:

<....> iam nunc sollemnis ducerepompas ad delubra iuuat caesosque uidere iuuencos, uel scaena ut uersis discedat frontibus utque

purpurea intexti tollant aulaea Britanni26. (Verg., Georg., III, 22-25)

Les Bretons sont brodés sur le rideau au théâtre27. Virgile les sépare clairement des autres nations, leur permettant de «participer» aux représentations rituelles; la fonction de «portiers» qu’ils exercent ressemble à celle de l’ ultima Thule dans leproœmium au premier livre (I, 29). En même temps, les intexti Britanni laissent Virgile passer à la liste des peuples desquels Auguste a triomphé. Servius28 a voulu voir encore une référence à la Bretagne dans les vers 32-33 :

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Nous avons traités les deux passages chez Virgile qui mentionnent la Bretagne selon leur occurrence dans le texte: mais ce n’est pas l’ordre chronologique, comme Virgile a probablement composé en dernier lieu le proœmium au livre I qui fonctionne également comme l’introduction à l’ensemble du poème - Wilkinson 1969: 69-70.

25 Drew 1924 a voulu voir dans ce temple une description de la temple d’Apollon sur le Palatin construit par Auguste. Mais il est normalement admis qu’il s’agit d’une image poétique dans la tradition de Pindare (ainsi Wilkinson 1969: 166-168, Balot 1998) ou de Callimaque (Thomas 1983).

26 “Dès à présent je me plais à conduire vers les sanctuaires les processions rituelles et à voir les jeunes boeufs immolés, ou bien à voir comment le décor, au fond de la scène s’ouvre et disparaît, tandis que les panneaux latéraux pivotent, et comment les Bretons lèvent le rideau de pourpre où ils sont tissés».

7 «Britanni erant intexti in aulaeo <...> Si aulaeum tollebatur, Britanni simul tollebantur. Hoc eleganter, sermone poetico, dicitur: Britanni tollunt aulaeum» (Hofman Peerlkamp 1861:230): Servius, n’ayant pas compris ce passage donne un commentaire phantaisiste (voir la n. 16). Dans le théâtre romain le rideau tombait pour le commencement du spectacle, et était relevé à la fin.

28 'utroque ab litore'-: orientis propter Gangaridarum, occidentis propter Britan-norum triumphum. et aliter: dicendo 'rapta' celeritatem victoriae ostendit: 'utroque'

et duo rapta manu diuerso ex hoste tropaea bisque triumphatas utroque ab litore gentis .

Mais, pour le rivage du nord, les trophées sous-entendus sont ceux de la victoire de C. Carrinas sur les Morini, un peuple Belge habitant au bord de la Manche (près de Pas-de-Calais) (Wilkinson 1969: 169, Meyer 1961: 26); et les intexti Britanni de vv. 24-25 en sont clairement distingués. La finesse avec laquelle Virgile peint les Bretons comme un peuple liminaire est remarquable: ils sont extérieurs à ce temple présenté comme un modèle de l’empire romain, et leur fonction de «portiers» (qui, en levant le rideau à la fin du spectacle, laissent entrevoir le temple) correspond à leur position géographique dans le monde réel.

Starr30 a montré de façon convaincante que Virgile ne s’est rapproché d’Auguste que vers 40 av. J.-C., lorsque sa politique est devenue plus paisible. Le fait que Virgile ne parle pas de la conquête militaire de la Bretagne s’accorde bien non seulement avec son tempérament, mais, pour Géorg., I, 30 et III, 25 aussi avec sa tâche poétique - il est difficile de concevoir un appel à une nouvelle expédition dans un poème écrit pour offrir une alternative paisible aux guerres civiles. Comme le formulait Wilkinson :

«Virgil was a man of peace, and the one insistent political motif in the Georgics is that swords should be beaten into ploughshares» (Wilkinson 1950: 22).

2. Les références à la Bretagne chez Horace sont postérieures (la plupart d’entre elles datent de peu avant 30 jusqu’à 23 av. J.-C.), et son ton est nettement plus agressif que celui de Virgile. La conquête de la Bretagne pour lui est une chose tout à fait certaine; avec la subjugation des pays orientaux (surtout, de l’empire des Parthes) elle assurera la divinisation d’Auguste et fera de lui un «Jupiter sur terre»:

Caelo tonantem credidimus lovem regnare: praesens divus habebitur Augustus adiectis Britannis

imperio gravibusque Persis31 (Hor., Carm., III, 5, 1-4).

autem 'ab litore', id est Oceani orientalis et occidentalis, ut sit de Aegypto <et> Cantabris, vel de India et Britannia (Serv., Comm. ad Georg., III, 32).

29 «les deux trophées conquis sur des ennemis situés aux extrémités du monde, et le double triomphe remporté sur les peuples de l’un et de l’autre rivage».

30 Starr 1955: 43-44. Norden 1901 pensait que l’influence du triple triomphe n’était que passagère, et qu’après le prooemium aux Géorgiques III, l’image d’Auguste comme prince de la paix s’est fermement établie. Vide aussi Tarrant 1997.

31 «Dans le ciel où gonde son tonnerre, nous croyions déjà que Jupiter règne: ici-bas Auguste sera pour nous un dieu présent quand il aura réuni à l’empire les Bretons et les Perses redoutables».

Si l’on compare ces vers à l’introduction au livre I des Géorgiques, la différence de ton est évidente: les deux passages parlent de la déification d’Auguste, mais Virgile imagine la transformation du princeps en divinité maritime à laquelle Thulé fera office comme une des possibilités. En revanche, Horace utilise l’adjectif polysémiquepraesens32, et parle d’une véritable annexion de la Bretagne et la Parthie. Il est évident que sa vision de la subjugation de la Bretagne est celle d’une conquête armée, et pas la soumission volontaire qu’on trouve chez Virgile: cela est encore plus évident dans la prière à la déesse Fortuna:

serves iturum Caesarem in ultimos orbis Britannos et iuvenum recens examen Eois timendum partibus Oceanoque rubro33 (Hor., Carm., I, 35, 29-32).

Le participe iturus est ouvert aux interprétations différentes du point de vue des intentions réelles d’Auguste34, mais il s’agit sans doute d’un appel à une expédition. Horace parle ici pour l’aristocratie militaire (Starr 1969: 60), et la raison de cet expansionnisme est donnée dans les vers qui suivent: o utinam nova //incude diffingas retusum ... ferrum («puisses-tu remettre sur l’enclume et reforger» le fer émoussé dans les guerres civiles). Une expédition contre des ennemis extérieurs devait non seulement augmenter l’empire, mais unir la société et guérir les «cicatrices» des guerres civiles (heu heu, cicatricum et sceleris pudet // fratrumque - I, 35, 33-4). Comme remarque Stewart,

«Without addressing the question of whether Augustus really intended to invade Britain as the literary sources suggest, we can identify one major role played by Britain in the expression of Augustan ideology - a role which depended on the topoi of marginality and cultural difference. The imminent invasion of Britain, like the ‘defeat’ of the Parthians, was to

32 «praesens is a religious word (èmfavh?) that describes a god’s presence on earth; it also suggests efficacy <...>, as will be evident when Augustus conquers the Britons and Parthians» (Nisbet-Rudd 2004: ad III, 5, 2-3).

33 «Préserve César prêt à marcher au bout du monde contre les Bretons, et le nouvel essaim des jeunes hommes redoutable aux régions de l’Aurore et à l’Océan rouge». Horace fait ici une allusion indubitable à Catulle, 11: «sive trans altas gradieturAlpes, Caesaris visens monumenta magni <...> horribiles vitro ulti-//mosque Britannos», tout en l’émulant par une métrique plus soignée (voir Ferguson 1956: 9).

4 Bolton, notamment, a essayé d’interpréter iturus comme désignant le but: «I put it that iturum can, and here does, have a final, adverbial sense: ‘serves iturum Caesarem, ut eat in ultimos Britannos.’, ‘may you serve Caesar, to march against the Britons.’. <.> The enemies specified here, then, will be merely types of yet unconquered foreigners on the fringe of the empire, like the Messagetae and Arabs of line 40» (Bolton 1967: 452-3). Cette interprétation de iturus au sens final n’est pas acceptée par Nisbet-Hubbard 1970: ad I, 35.

unify the Empire and correct the wrongs of the Civil War by directing violence against an external enemy» (Stewart 1995: 6-7).

Il faut finalement noter que chez Horace la Bretagne n’apparaît jamais tout seule, mais contrebalance un des pays orientaux, notamment la Parthie. Elle n’est pas un ennemi en elle-même, comme la Parthie, dont les Romains devaient se venger: mais apparaissant régulièrement en jonction avec cette dernière, elle aussi est atteinte par des sentiments hostiles, comme il est évident dans la prière de jeunes vierges et jeunes garçons à Diane et Apollon:

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hic bellum lacrimosum, hic miseram famem pestemque a populo et principe Caesare in Persas atque Britannos

35

vestra motus aget prece . (Hor., Carm., I, 21, 13-16)

Virgile et Horace reflètent de façon différente le caractère de la politique étrangère d’Auguste, que Claude Nicolet a défini avec élégance comme pacification (par la domination) universelle36. Virgile met l’accent surtout sur l’aspect pacifique du règne d’Auguste (la Bretagne servira de bon gré Auguste divinisé), tandis qu’Horace met en avant plutôt l’aspect de conquête et de soumission. Pour ce dernier, une guerre contre un ennemi extérieur devrait unir le peuple romain de l’intérieur; Virgile, en revanche, présente le retour aux occupations paisibles (la culture de la terre), comme une issue.

3. Lorsqu’on passe de Virgile et Horace aux références britanniques chez Properce, le fait qu’il soit en général cité à l’égal de ces deux poètes, semble particulièrement problématique: frappante est la différence de son intonation; frappante est également la présence importante des topoi. Certains traits qui distinguent les références à la Bretagne chez Properce sont dus au genre dans lequel il écrit; mais d’autres, il semble-t-il, relèvent de la vie et des opinions du poète.

Commençons par l’exploitation des topoi ethnographiques sur les Bretons. Si Virgile et Horace se contentaient de souligner la position géographique au bout du monde et la proximité avec l’Océan, Properce mentionne, outre cela, les curiosités bretonnes: notamment, la teinture des cheveux (Prop., II, 18, 23) et les chars (Prop., II, 1, 76; IV, 3, 9). La façon dont Properce se sert de lieux communs (parfois avec ironie,

35

«Apollon enverra la guerre et ses larmes, il enverra les misères de la famine et de la peste loin de notre peuple et de César, notre prince, chez les Perses et les Bretons, car votre prière le touchera». Cf. le commentaire de Nisbet-Hubbard ad loc.: «both Apollo and Diana are dei averrunci, averters of evil; <.> aversio often involves the idea that the evil must go somewhere else; enemies, especially public ones, were suitable recipients».

36 Nicolet 1988: 42; cf. ibidem, «la paix auguste <.> est une paix conquérante, et non de renoncement».

parfois en mélangeant plusieurs topoi distincts) rappelle la manière de Cicéron dans les lettres Ad familiares37 :

in Britannia nihil esse audio neque auri neque argenti; id si ita est, essedum aliquod capias suadeo et ad nos quam primum recurras3S.

tu, qui ceteris cavere didicisti, in Britannia ne ab essedariis decipiaris

39

caveto...

sed tu in re militari multo es cautior quam in advocationibus, qui neque in Oceano natare volueris studiosissimus homo natandi neque spectare essedarios, quem antea ne andabata quidem defraudare poteramus. sed iam satis iocati sumus40.

Notre rapprochement de Properce avec Cicéron n’est pas fortuit. Cicéron avait, nous le savons par sa correspondance, composé un poème épique commémorant les expéditions de César en Bretagne (le destin des deux épopées britanniques des frères Cicéron a été reconstruit par Allen 1955). Cet epo", comme l’appelle Cicéron lui-même (Cic., Q. fr., 3, 7, 6), était une louange officielle à César; aucun vers de cette épopée ne nous est pas parvenu, mais son ton était sans aucun doute sérieux. En revanche, les passages ironiques cités ci-dessus proviennent de lettres destinées à la lecture personnelle, et qui donc, comme le note Stewart 1995: 5, ne pouvaient pas subvertir l’image de la conquête auprès du public. Le ton ironique des lettres n’implique pas de mépris particulier: les intérêts de Cicéron sont ailleurs, d’autant que l’île n’offre pas de possibilités de s’enrichir41. Dans une lettre privée, écrite en toute franchise, le discours officiel n’a pas lieu d’être. Et Cicéron avoue à Quintus ouvertement son indifférence :

37 Stewart 1995: 5 et Sihler 1887: 20-21.

38

Cic., Adfam., 7, 7, 1: «Il paraît qu’il n’y a ni or, ni argent chez les Bretons. S’il en est ainsi, je te conseille de prendre un de leurs chars de guerre et de t’en revenir vers nous le plus tôt possible au grand trot».

39 Cic., Ad fam., 7, 6, 2: «Toi qui sais prendre toutes les garanties pour les

autres, tâche de te garantir toi-même, en Bretagne, contre les surprises des essédaires...»

40 Cic., Ad fam., 7, 10, 2: «Mais tu es beaucoup plus prudent à la guerre que dans tes consultations: ne t’es-tu pas refusé à nager dans l’Océan, toi qui pourtant es passionné de nage, et à jouir du spectacle des essédaires, toi qu’auparavant nous n’aurions pas pu frustrer même d’un andabate? Mais trêve de plaisanteries».

41 Cic., Ad Att., 4, 16 7: etiam illud iam cognitum est, neque argenti scrupulum

esse ullum in illa insula neque ullam spempraedae nisi ex mancipiis; ex quibus nullosputo te litteris aut musicis eruditos exspectare - «on sait aussi qu’il n’y a pas dans cette île la moindre parcelle d’argent, et qu’elle n’offre aucun espoir de butin, sauf en esclaves, parmi lesquels je ne pense pas que tu attends à en

trouver qui soient lettrés ou musiciens».

Quod me de versibus faciendis rogas, incredibile est, mi frater, quam egeam tempore, nec sane satis commoveor animo ad ea quae vis canenda 42 (Cic., Q. fr., 3, 5, 4).

Dans les lettres à Quintus, les realia et les coutumes bretons, étrangères à l’esprit romain, étaient la source principale de plaisanteries sur la Bretagne. Properce, lui aussi, peut se permettre d’utiliser les topoi ethnographiques, comme l’élégie n’est pas un genre poétique officiel: sa sphère est celle de la vie privée. Par exemple, à II, 18, 23-26, Properce implore sa maîtresse de ne pas ruiner sa beauté, en se teignant les cheveux (ou en se maquillant) à la manière bretonne:

Nunc etiam infectos demens imitare Britannos, ludis et externo tincta nitore caput? ut natura dedit, sic omnis recta figurast:

turpis Romano Belgicus ore color43 (Prop., II, 18, 23-26)

La comparaison avec le coutume des bretons ne signifie pas que Cynthia s’était peint le visage ou les cheveux en bleu ou en vert: il s’agit, bien entendu, d’une hyperbole ironique qui est typique pour l’usage d’un stéréotype sur une culture étrangère. Mais l’expression Belgicus ... color dans le distique suivant ajoute une touche érudite à l’indignation du poète: César avait remarqué l’affinité du sud de la Bretagne avec le nord de Gaule et l’ancienneté des rapports entre les deux peuples, et il est probable que Properce fait ici une allusion directe aux Commentarii44.

Le topos sur les chars bretons apparaît dans l’élégie IV, 345, où Aréthuse 6, dressant la liste des pays où Lycotas, son mari, est déjà allé, caractérise la Bretagne par ses chars qu’elle appelle «bariolés» :

42

«Pour les vers que tu me demandes d’écrire, tu ne saurais croire, mon cher frère, à quel point le temps me fait défaut; et puis, vraiment, je ne me sens pas assez inspiré pour chanter ce que tu voudrais me voir célébrer».

43 «Maintenant ta folie est d’imiter le barbouillage des Bretons; de folâtrer, la tête peinte d’un éclat emprunté? Il n’y a pas de vraie beauté que la beauté naturelle: la couleur belge déshonore une tête romaine».

44 Todd considère que le lien entre les Bretons et les Belges était lui-même une sorte de lieu commun 1999: 17: «Caesar is not the only writer to link the Belgae with Britain. When Propertius, writing before 20 BC, sought to describe a British-style cosmetic used by fashionable Roman ladies, he referred to its Belgicus color, without believing that his readers needed any further explanation». Mais faute de parallèles dans la poésie, il semble plus prudent de supposer une référence à César.

45 Nous éliminons de notre discussion II, 1, 75-76, où Properce demande à Mécène d’arrêter son char breton si par hasard il passe devant son tombeau (esseda caelatis siste Britanna iugis... - «arrête ton char breton au joug ciselé»). Esseda, les chars bretons, étaient devenu à cette époque les voitures de luxe à Rome (voir Lafaye 1877-1919: 816).

46 Aréthuse et Lycotas sont, malgré leurs noms grecs, des personnages romains. Leur identification a donné lieu à une grande discussion: Paganelli les avait

te modo viderunt intentos Bactra per arcus,

te modo munito Persicus hostis equo, hibernique Getae, pictoque Britannia curru,

tunsus et Eoa decolor Indus aqua47 (Prop., IV, 3, 7-10).

Cette référence aux chars est extrêmement élégante du point de vue poétique: par un mélange de deux stéréotypes sur les Bretons (les chars, et la teinture), le poète rafraîchit un topos usé. Les chars bretons n’étaient jamais peints: seuls les esseda des riches pouvaient être ornées par des reliefs et des incrustations (e.g., esseda caelatis... Britanna iugis... -Prop., II, 1, 76). Postgate a voulu «émender» ce passage48, mais sa conjecture (qu’il n’introduit pas, d’ailleurs, dans son édition) élimine la dimension personnelle et touchante qui caractérise cette énumération.

Il ne s’agit pas d’une liste conventionnelle des pays éloignés: Aréthuse écrit à son mari qui la quitte si souvent, et qui est absent de nouveau49. Ses voyages le portent de plus en plus loin de Rome et d’elle. Ne connaissant grand-chose sur les Bretons, Aréthuse mélange naïvement deux topoi courants: elle raconte elle-même qu’elle essaie de se renseigner sur les pays lointains où Lycotas part, en consultant des livres et des cartes. En même temps, Properce se défend contre l’accusation d’ignorance ou de lapsus calami, en caractérisant dans le pentamètre qui suit l’habitant de l’Inde, l’antipode des Bretons, comme decolor Indus.

Il est inutile de souligner qu’Aréthuse n’est pas du tout favorable à l’expansionnisme qui entraîne les départs de son mari50: elle ne voit point

assimile à Aelia Galla et Posthumus de l’élégie III, 12; Pierre Grimal, suivant une hypothèse de Rothstein, a supposé que le nom Lycotas cachait C. F. Lupercus, un des triumviri monetales de 22 ou 21 av. J.-C. (Grimal 1986: 461). Le plus prudent, à notre avis, est de voir en Aréthuse et Lycotas deux personnages fictifs, comme le fait Hutchinson 2006: ad IV, 3, 1.

7 «on t’a vu sous le ciel d’hiver des Gètes, chez les Bretons aux chars bariolés, chez les Indiens au teint bronzé et brûlé, sur les rives d’Aurore».

48 Editeur de Properce et philologue anglais, Postgate avait proposé une émendation aussi érudite qu’inutile Britannia > Briantia, en expliquant le «problème» du texte ainsi: «The bodies of the ancient Britons were tattooed, not their chariots, which were scythed; nor may picto be equated to caelato just to gain some support from the fashionable copies of the British esseda, II, 1, 76, ‘esseda caelatis siste Britanna iugis’» (Postgate 1913: 332).

49 L’organisation de cette liste montre, à notre avis, que Lycotas n’a jamais participé dans une expédition en Bretagne: Aréthuse qui craint une expédition encore plus lointaine, réserve les deux extrémités du monde (la Bretagne et l’Inde) pour la fin. Cela est confirmé par le fait que tandis que les régions du premier distique seront évoquées encore une fois au cours de l’élégie (Bactres -v. 63; les Parthes, si l’on accepte l’émendation Persicus hostis - vv. 35-36 et v. 67), la Bretagne et l’Inde n’apparaissent qu’ici.

50 Suétone dit que la discipline militaire sous Auguste était très sévère, et que notamment la vie familiale était difficile pour les officiers: disciplinam

la gloire des conquêtes, et ce qui l’accable, c’est le danger et l’inconfort dont son mari est entouré. La culmination de la première partie de l’élégie est sa malédiction à celui qui a inventé l’appareil de guerre: occidat, immerita qui carpsit ab arbore vallum // et struxit querulas raucaper ossa tubas51... (Prop., IV, 3, 19-20).

Il reste une référence qui est le plus souvent citée dans les travaux sur la politique romaine en Bretagne sous Auguste. En élégie II, 27 Properce oppose la morale commune qui oblige les gens à craindre tout, et celle d’un homme dédié complètement à son amour qui ne craint rien, même la mort. Entre autres périls communs il liste:

seu pedibus Parthos sequimur seu classe Britannos, et maris et terrae caeca pericla latent52 (Prop., II, 27, 5-6)

Dans les ouvrages sur l’histoire romaine, l’hexamètre II, 27, 5 est en général cité tout seul, même sans le pentamètre correspondant. Cependant, il faut tenir compte non seulement du distique en entier, mais aussi du contexte général. Il est vrai qu’on y trouve l’opposition habituelle pour la poésie augustéenne entre l’extrême Ouest et l’extrême Est de l’empire romain; il est également vrai que le contexte est militaire, et que le verbe en forme du présent suggérerait à première vue que Properce parle de la politique qui lui est contemporaine. Mais si l’on regarde le contexte plus large, l’élégie est pleine de verbes au présent de valeur gnomique désignant les activités habituelles des gens; et il est fort improbable qu’un seul distique de toute l’élégie aie une valeur temporelle.

Remarquons également que le nom du peuple à l’est de l’empire est donné comme Parthi, au lieu de Persae ou Medae, qu’on trouve si souvent chez Horace. Bien entendu, les deux poètes parlent du même peuple, mais Horace préfère l’appeler à la manière grecque. Nisbet et Rudd remarquent à ce propos dans leur commentaire du troisième livre des Odes :

In using the name Persae and Medi for the Parthians, who had occupied the former Persian empire, the Roman poets perhaps took over some of the associations which those names had for the Greeks53.

seuerissime rexit. ne legatorum quidem cuiquam, nisi grauate hibernisque demum mensibus, permisit uxorem interuisere (Suet., Aug., 24) - «Il maintint rigoureusement la discipline. Ses lieutenants eux-mêmes n’obtinrent jamais qu’à grand’peine et seulement pendant les mois d’hiver la permission d’aller revoir leurs femmes».

51 «Maudit celui qui, pour élever des retranchements, mutila l’innocente forêt; celui qui fit de rauques ossements des trompettes criardes.».

52 «Que ce soit à pied, à la poursuite des Parthes ou à bord d’un navire, à la poursuite des Bretons, en mer comme à terre, ce ne sont que périls cachés».

3 Voir, par exemple, Nisbet-Rudd 2004: 84.

Ces associations «grecques» évoquaient, très probablement, la victoire des Grecs dans les guerres médiques; mais en même temps, par le changement du nom, les poètes effaçaient également les connotations que le nom des Parthes avait pour les Romains - notamment, l’expédition désastreuse de Crassus4. Ainsi, au vu du contexte général de l’élégie qui montre le péril et la mort qui entourent les mortels à chaque pas, il n’est pas fortuit que Properce parle des Parthes (et non de Perses) comme du peuple coupable d’une des morts les plus connues des chefs d’armée romaine. La valeur gnomique du présent sequimur, aussi bien que le nom Parthi, nous font penser ici que Properce parle plutôt du passé récent, c’est-à-dire, de la campagne de Crassus en Parthie et de celle de César en Bretagne, et non de la politique actuelle d’Auguste; le passage s’inscrit donc dans la critique de l’impérialisme romain et le refus de la guerre qui est typique de la poésie élégiaque55.

L’analyse des passages mentionnant Britannia chez les trois poètes augustéens témoigne d’une grande diversité de réactions aux plans du princeps. En partie, cette diversité s’explique par le genre poétique: la poésie «officielle» (e.g., dans les proœmia aux Géorgiques I et III; dans les deux prières chez Horace - les odes I, 21 et I, 35), se montre relativement solidaire, présentant l’annexion (ou conquête) de la Bretagne comme imminente et désirable. Mais même au sein de la poésie «officielle» il y a des divergences de vues importantes. Pour Horace, qui en parle le plus explicitement, la conquête complète de la Bretagne, perçue comme imminente, constitue non seulement la gloire des armes romaines, mais aussi la consolidation de la société après les guerres civiles, et le princeps qui l’achèvera a toute raison d’être considéré un dieu présent sur la terre (praesens divus). Virgile est beaucoup plus

54 Cf. pour Properce, lui-même, cette défaite des Romains était si difficile à accepter que dans le IV, 6, 79-84 il fait un Parthe admettre sa vassalité envers Rome:

hic referat sero confessum foedere Parthum:

'reddat signa Remi, mox dabit ipse sua: sive aliquid pharetris Augustus parcet Eois, differat in pueros ista tropaea suos. gaude, Crasse, nigras si quid sapis inter harenas:

ire per Euphraten ad tua busta licet.' - “ cet autre dira le Parthe s’avouant vaincu et prêt à traiter: «Qu’il rende les enseignes de Rémus; bientôt il livrera les siennes ou bien, si Auguste veut épargner pour l’instant l’Orient et ses archers, qu’il laisse les trophées à ses enfants. Réjouis-toi, Crassus, si tu as encore quelque sentiment parmi les sables noirs: par delà l’Euphrate la route est libre jusqu’à tes restes» ”.

55 Le refus de la guerre, commun aux poètes élégiaques, est dû plutôt au refus de la violence et des gains qu’à un simple pacifisme: «les guerres sont considérées comme sources de profit et condamnées par l’élégiaque comme des entreprises de lucre»; cf. Boucher 1965: chapitre 1 décrit cette position élégiaque non pas comme une morale, mais comme une réaction à l’idéologie de l’état.

réticent: chez lui, la Bretagne n’est pas mentionnée dans des contextes militaires, et les deux passages dans les Géorgiques montrent clairement que l’annexion de la Bretagne, selon lui, devait être diplomatique56 (Thulé et les Bretons servent de leur bon gré à Auguste divinisé). Le ton de Properce, lorsqu’il mentionne l’intervention militaire dans la Bretagne, est, en revanche, critique. En partie, sa position s’explique par le genre de poésie élégiaque dont l’étoffe est la vie privée et les sentiments; mais il est aussi probable que Properce représentait une des opinions courantes dans la société.

A notre avis, la réticence de Virgile et la critique de Properce témoignent dans la même mesure que l’approbation d’Horace du fait qu’Auguste avait vraiment projeté une expédition militaire en Bretagne; et les deux premiers poètes montrent que l’opinion publique sur la question était probablement divisée57.

Il convient de noter un dernier trait commun aux trois poètes. Dans les contextes militaires, le nom de Bretagne n’apparaît jamais tout seul (Fischer 1968: 113), ce qui montre clairement qu’à l’époque l’île n’a pas été perçue comme un objectif en soi (comme elle sera, par exemple, à l’époque de Claude), mais comme un des pays aux limites de l’écoumène, dont la conquête assurerait la soumission de l’orbis terrarum à la domination romaine58.

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56 Cf. «But while Augustus never really succeeded in making “the whole of the island virtually Roman property,” this fact does not at all preclude the possibility that such a claim to dominion was made in the realm of quasi-official fiction» (Mommsen 1954: 182). “The whole of the island virtually Roman property,” est une allusion à Strabon: vuvi mévtoi tîv ôuvastôv tiveç tîv aùtô0i ppespeûsesi mi 0eparceiaiç Kata-SKeuas&mevoi t^v ppoç Kaisapa tov Sepastov filiav, àva0»mata te àvé0hKav èv tù Karcetwli© Kai o„Keiav sceôôv ti rcapesKeûasav toîç 'Pwmaioiç ôl^v t^v v^sov (Strabo, IV, 5, 3) - «Mais actuellement, certains de leurs souverains ont établi des relations d’amitié avec César Auguste par des ambassadeurs et des services obligeants, ils ont consacré des offrandes au Capitole et ils ont mis toute leur île plus ou moins à la disposition des Romains».

7 Bien entendu, il ne s’agit pas d’une opposition politique qui, comme l’ont montré dans leur article Raaflaub et Samons 1990, sous Auguste était assez faible.

58 Nicolet 1988: 43-48, Salway 1981: 52-54; 65-67. Très caractéristique de cette attitude est le jeu de mots sur Urbs et orbis terrarum qu’on retouve à plusieurs reprises chez les auteurs augustéens: le premier à l’utiliser était Népos: quod in ea potissimum urbe natus esset, in qua domicilium orbis terrarum esset imperii, ut eandem etpatriam haberet et domum... (Nepos, Att., 3, 3) - «être né dans la ville où résidait l’empire universel et y avoir trouvé son berceau et sa demeure familiale». Sur cette junctura, voir Nicolet 1988: 47-48.

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Summary. M. N. Kazanskaya. References to Britain in Augustian poetry (Virgil, Horace, and Propertius).

The ancient accounts of Augustus’ policy with regard to Britain are contradictory. Tacitus presents the period between Caesar’s second British expedition and Emperor Claudius’ conquest of the islands as longa oblivio Britanniae (Tac., Agr., 13). Dio Cassius, on the contrary, says that Augustus intended to invade Britain on three occasions, though none of the campaigns took place. Since no contemporary historiographical evidence has survived, modern historians use passages from contemporary poets, where Britain is mentioned, as evidence of Augustus’ policy.

The short quotations from Virgil, Horace, and Propertius cited without reference to their context give an impression that the three poets approved of expansion, or even, as Meyer has argued, encouraged the ‘prince of peace’ to

conquer Britain. This article examines each passage in detail, re-contextualizing and linking it with the aims of the poem in general. This analysis shows that the poets’ opinions on the matter were not identical. Virgil creates an image of Thule (Georg., I, 30) and the Britons (Georg., Ill, 25) serving the divinized Augustus voluntarily. Horace, on the contrary, speaks of an expedition against the Parthians or the Britons as a means of consolidating the Roman society after civil wars. Propertius is the most critical of the three poets: in the two cases, where Britain is mentioned in a military context, he stresses the danger of such an expedition and, in an elegiac manner, contrasts love and war.

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