Научная статья на тему '"quod quaeris, ''quare'' non habet ullus amor" : l’emploi de ''quare'' chez Properce'

"quod quaeris, ''quare'' non habet ullus amor" : l’emploi de ''quare'' chez Properce Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

CC BY
74
11
i Надоели баннеры? Вы всегда можете отключить рекламу.
i Надоели баннеры? Вы всегда можете отключить рекламу.
iНе можете найти то, что вам нужно? Попробуйте сервис подбора литературы.
i Надоели баннеры? Вы всегда можете отключить рекламу.

Текст научной работы на тему «"quod quaeris, ''quare'' non habet ullus amor" : l’emploi de ''quare'' chez Properce»

M. N. Kazanskaya

« Quodquaeris, 'quare' non habet ullus amor » : l'emploi de 'quare' chez Properce

La manière d'introduire la réponse à une question posée par l'adverbe « quare » n'est pas rare chez les poètes romains. Cependant l'utilisation de ce mot qui est presque formulaire chez Properce est bien différente de l'utilisation de « quare » par les autres poètes.

Premièrement, il utilise ce mot régulièrement au début de l'hexamètre, et toujours en combinaison avec la diérèse après le premier pied. La seule exception est le pentamètre suivant, où « quare » ne joue pas son rôle syntaxique habituel :

quaeris, Demophoon, cur sim tam mollis in omnis?

quod quaeris, 'quare' non habet ullus amor. (II, 22, 13-14)1.

Il y a six exemples de « quare » dans sa fonction de formuler les conclusions de l'élégie chez Properce2, et tous se trouvent dans les deux premiers livres :

quare, quidpossit mea Cynthia, desine, Galle... (I, 5, 31)

quare, dum licet, inter nos laetemur amantes... (I, 19, 25)

Dans les quatre premiers cas, le mot « quare »3 est toujours séparé de la partie principale de la phrase par une proposition

1 II est bien caractéristique de Properce de jouer sur leur ressemblance phonétique « quare » et « quaerere » (qui est aussi une expression formulaire utilisé en combinaison avec la diérèse après le premier pied -Properce évidemment rapprochait dans une certaine mesure ces deux formules) :

quod quaeris, 'quare' non habet ullus amor. (II, 22, 14).

quare, quid possit mea Cynthia, desine, Galle, quaerere: non impune illa rogata venit. (I, 5, 31-32).

2 I, 5, 31-32; I, 9, 33-34 ; I, 19, 25-26; II, 16, 7-8 ; II, 16, 55-56 ; II, 23, 33-34.

3 Contrairement aux autres poètes Properce n'utilise « quare » que dans des cas de coordination, et jamais dans des phrases interrogatives.

subordonnée (« dum licet », « si sapis », « si pudor est » etc.), et le verbe, soit dans la forme de l'impératif, soit dans la forme de subjonctif d'exhortation, se trouve dans la deuxième moitié de l'hexamètre. Les deux derniers exemples se ressemblent beaucoup, mais sont bien différents des exemples précédents :

quare ne tibi sit tanti Sidonia vestis... (II, 16, 55)

quare ne tibi sit mirum me quaerere vilis...(II, 24, 9)

« Quare » n'est pas séparé par une proposition subordonnée, le verbe est placé presque immédiatement après la conjonction. En outre, il ne s'agit plus d'un conseil, mais d'une prohibition. On ne trouve cette construction chez les autres poètes augustéens, et il semble que cette invention de Properce n'était pas la plus réussie (Properce renonce à l'utiliser lui-même après II, 24)4.

Le fait que Properce utilise « quare » seulement dans les deux premiers livres suggère qu'au début cette construction était un emprunte. Et en effet, on trouve chez Catulle deux passages qui ressemblent beaucoup aux fins de l'élégie I, 5 et I, 9 chez Properce :

quare, quid possit mea Cynthia, desine, Galle,

quaerere: non impune illa rogata venit. (I, 5, 31-32)

quare desine, dum licet pudico,

ne finem facias, sed irrumatus. (Cat., 21, 12-13)

quare, si pudor est, quam primum errata fatere:

dicere quo pereas saepe in amore levat. (I, 9, 33-34)

quare, quidquid habes boni malique,

dic nobis: volo te ac tuos amores

ad caelum lepido vocare versu. (Cat., 6, 15-17).

Les demandes sont très proches : dans le premier cas, c'est une demande d'arrêter de solliciter l'objet de l'amour des deux poètes (Cynthia et le « puer » respectivement) ; dans le deuxième cas, de raconter franchement son état amoureux (seulement, dans le cas de

4 Dans le troisième et quatrième livre il cherchera des nouveaux moyens de conclusion de l'élégie. Par exemple, le schéma de la trithémimère en combinaison avec la hepthémimère (ou la coupe bucolique) dans le dernier où, plus souvent, avant dernier distique, sera utilisé assez souvent pour une conclusion énergique.

Properce, c'est un conseil de raconter tout à la fille, tandis que Catulle demande à Flavius de raconter ces amours à lui-même)5. Chez Catulle ces deux phrases avec « quare » se trouvent à la fin absolue de poème. Il est caractéristique que Properce reprenne une telle construction non pas de la poésie hexamétrique ou de distique élégiaque de Catulle, mais de ses hendécasyllabes : il prend beaucoup de la tradition précédente, mais veut établir ses propres usages dans l'élégie6.

On peut donc dire avec un grand degré de certitude qu'au début la formule de « quare » s'établit chez Properce à partir de Catulle. Il

5 II y a des correspondances très intéressantes dans les sujets de ces deux paires de poèmes, qui n'ont pas été remarquées. Dans le poème 21 Catulle reproche à son ami Aurélius le fait de solliciter son objet d'amour, un « puer » : « pedicare cupis meos amores » (v. 4) ; Properce reproche à son ami Gallus de faire la cour à Cynthia. Dans le poème 6 Catulle soupçonne que son ami Flavius a une affaire reprochable, et ne la raconte pas au poète pour cette raison ; Properce sait que Ponticus, son ami et poète lui aussi, a finalement tombé amoureux, et lui donne le conseil d'être franc dans l'amour. Il est suggéré que la passion de Ponticus elle aussi n'est pas tout à fait respectable (bien que l'expression « ecce iaces supplexque venis ad iura puellae, /// et tibi nunc quaevis imperat empta modo.» est plus douce que « verum nescioquid febriculosi /// scorti diligis: hoc pudet fateri » chez Catulle). Il faut remarquer aussi l'importance de la poésie dans ces deux poèmes : Catulle veut savoir les détails de l'affaire de Flavius pour les « ad caelum lepido vocare versu » ; chez Properce, il est souligné que Ponticus était un poète (apparemment, un poète épique, et maintenant qu'il a tombé amoureux, il doit apprendre d'écrire des « tristes libellos », c'est-à-dire des élégies).

6 Dans son article sur le distique élégiaque chez Catulle, Sedgwick montre qu'il ne faut pas considérer l'art de Catulle dans ses distiques comme inférieur à celle de ses hendécasyllabes, et s'il y a moins de raffinement chez lui que chez les poètes élégiaques de l'époque augustéenne, c'est parce qu'il appartient à une autre époque : "The fact is that Catullus comes not at the beginning but at the end of a period. Instead of looking forward to Ovid we should look back to Plautus and Ennius. <...> here we are at the development of dactylic verse which only ended with Catullus. After Catullus' death there was a complete break with the tradition." (Sedgwick W. B. Catullus' Elegiacs // Mnemosyne, 3 (1950). P. 65). Properce sentait, sans doute, cette rupture dans la tradition et comprenait qu'il fallait établir des nouvelles approches au distique élégiaque, et cela explique le fait qu'il utilise des éléments de la poésie hendécasyllabique à la préférence de la poésie dactylique.

continue à l'utiliser à la fin absolue de l'élégie pour formuler les conclusions pratiques à tirer de ce qui a été dit dans le poème, et toujours en forme d'un conseil au destinataire de l'élégie (qui n'est plus un ami, mais pour la plupart Cynthia7). Cette formule évolue chez lui, et après I, 198, qui est tout à fait encore dans la tradition, elle change assez radicalement. Dans II, 16 elle est utilisé deux fois : la première fois à la fin de première partie de l'élégie (quare, si sapis, oblatas ne desere messes /// et stolidum pleno vellere carpe pecus - vers 7-8) et est un conseil ironique ; et à la fin de l'élégie, mais déjà en forme de prohibition (voir ci-dessus). Les deux distiques commençants par « quare » constituent ainsi un certain encadrement épiphorique de l'élégie. Et après II, 24, 9, aussi au milieu de l'élégie, on ne trouve plus cette formule chez Properce.

Il y a un dernier point qu'il faut noter à propos de cette formule. Dans les vers commençants par « quare » c'est plutôt la hepthémimère et non la penthémimère qui est prépondérante dans l'hexamètre9 :

quare, \ dum licet, inter nos || laetemur amantes.(I, 19, 25)

quare,\ si sapis, oblatas \\ ne desere messes (II, 16, 7)

On voit que Properce évite même de placer un intermot après le temps fort du troisième pied dans ces deux exemples. Comme il était déjà dit, la diérèse après le premier pied paraît beaucoup plus souvent

7 A l'exception du destinataire douteux du début de l'élégie II, 24 qui commence par une réplique d'un personnage qui n'est pas nommé. Après le vers 17 le destinataire de l'élégie est manifestement Cynthia, ce qui a conduit beaucoup de éditeurs de couper cette élégie en deux, ou même en trois parties.

8 quare, dum licet, inter nos

laetemur amantes:

non satis est ullo tempore longus amor. (I, 19, 25-26)

Il y a des différences avec les deux premiers exemples (comme, par exemple, l'utilisation du subjonctif au lieu de l'impératif, et de la première personne de pluriel, au lieu de deuxième personne singulier) ; mais en essence c'est toujours une conclusion tirée de contenu de l'élégie en forme du conseil qui concerne, bien sûr, le poète et Cynthia, mais qui est donné surtout à lui.

9 Et dans le cas de I, 5, 31, la coupe bucolique : « quare, \ quid possit mea Cynthia,\ desine, Galle ».

en combinaison avec la penthémimère, et la préférence de Properce pour des coupes de la deuxième moitié de l'hexamètre dans ce cas est tout à fait remarquable. Peut être, cela s'explique par la volonté de donner plus de poids à « quare », mais il est aussi possible que ce sont des vestiges de la provenance de cette formule de la poésie hendécasyllabique.10

10 II y a aussi un cas très ambigu de la diérèse après le premier pied chez Properce :

quam tibi - ne viles isti videantur ocelli... (I, 15, 33)

Cette rupture de la phrase juste au début de l'hexamètre, bien que présentée dans tous les manuscrits, a beaucoup troublé les éditeurs, et il y a très peu des éditions qui conservent cette leçon. Il est vrai qu'une asyndète tellement abrupte est sans précédant. Le plus souvent elle est remplacée par « tam tibi » (conjecture de Madvig), « tam mihi » (Palmer) ou par « nam tibi » (dans l'édition de Rothstein) qui reconstituent le cours logique de la phrase. Phillimore qui est extrêmement prudent dans son édition conserve la leçon « quam tibi » ; mais dans un article, il propose de la remplacer par « quare » en citant comme des parallèles les exemples examinés ci-dessus. Voila son explication : "The stages of corruption may be supposed to have been quare : quate : quam te : quam tibi" (Phillimore, J. S. Notes on Propertius // Cr 25 (1911), p. 135). Mais cela ne coïncide pas du tout avec l'usage de "quare" chez Properce, comme on l'a déjà vu. Il est donc plus prudent de laisser l'abrupt « quam tibi » comme un hapax dans l'élégie romaine.

i Надоели баннеры? Вы всегда можете отключить рекламу.