Projet d'Attila visant à établir l'Empire romano-hunnique
Grigori Tomski Académie internationale CONCORDE [email protected]
Cet article vise à démontrer, sur la base de sources fiables, qu'Attila avait un plan pour créer un empire romano-hunnique.
Mots clés : Attila, projet de l'Empire romano-gothique, proposition de Mode pour la création de l'Empire sino-hunnique, projet de l'Empire romano-hunnique, projets des empereurs et dirigeants romains, projet de création de l'Empire romano-parthe, projets de conquête du monde.
Introduction
Mon livre sur le rôle d'Attila dans l'histoire du monde [1, 2] confirme les conclusions que j'avais formulées en 2000-2001, au cours de la période de travail intense sur un roman-recherche visant à créer une image véridique d'Attila [3-11]. Depuis la publication de cet ouvrage, il y a plus de vingt ans, je n'ai trouvé aucune réfutation convaincante de mes affirmations de la part de spécialistes, fondées sur des sources primaires de l'époque d'Attila, et non sur des préjugés eurocentriques persistants.
Le livre [1, 2] est scientifique et s'appuie sur la Méthode unique de justification des théories scientifiques, développée par le philosophe et mathématicien Alexander Voïn [12, 13], qui attache une importance particulière au degré de fiabilité des données de base et faits, acceptés comme un types de postulats ; à l'exactitude des définitions utilisées, ainsi que à la clarté des affirmations prouvées ou discutées.
Bien entendu, le degré de fiabilité de ces affirmations dérivées est déterminé par le degré de fiabilité des données de base et faits originaux, le degré de confiance dans les sources qui les décrivent dans le cas d'événements et de processus historiques.
Nous divisons le degré de fiabilité des événements historiques décrits dans les sources en absolument fiables, très probables, probables, douteux et impossibles. Les affirmations qui en découlent sont également classées comme absolument fiables (affirmations absolument certaines ou faits historiques prouvés), très probables, probables, douteuses et incorrectes (erronées).
Les procédures visant à prouver la vérité ou à établir le degré de fiabilité de ces déclarations reposent principalement sur une analyse logique et objective des événements et processus historiques, et non sur les opinions des spécialistes reconnus, mais exprimées sans les démonstrations bien fondées.
Cet article est une présentation élargie du deuxième chapitre du livre [1, 2] et contient des preuves de l'affirmation selon laquelle Attila avait un plan de la création de l'Empire romano-hunnique.
Projet de l'Empire romano-gothique
Gibbon écrit sur le plan du roi des Wisigoths (Visigoths) Ataulphe qui a mûri après que son prédécesseur Alaric ait pris Rome en 410 et capturé la princesse Galla Placidia, sœur de l'empereur Honorius [14, 15]:
« Rien ne peut donner au lecteur une idée plus juste du caractère et du système politique de ce nouveau roi des Goths, que sa conversation avec un des premiers citoyens de la ville de Narbonne, qui, dans un pèlerinage qu'il fit à la Terre-Sainte, la rendit à saint Jérôme en présence de l'historien Orose. «Dans la confiance qu'inspirent la valeur et la victoire, dit Atolphe, j'ai fait autrefois le projet de changer la face de l'univers, d'en effacer le nom des Romains, d'élever le royaume des Goths sur leurs ruines, et d'acquérir, comme Auguste, la gloire immortelle de fondateur d'un nouvel empire ; mais l'expérience m'a peu à peu convaincu qu'il faut des lois pour maintenir la constitution d'un état, et que le caractère indocile et féroce des Goths n'est point susceptible de se soumettre à la contrainte salutaire d'un gouvernement civil. Dès ce moment, je me suis fait un autre plan de gloire et d'ambition, et mon plus sincère désir est aujourd'hui de faire en sorte que la postérité reconnaissante loue le mérite d'un étranger qui employa la valeur des Goths, non pas à renverser, mais à défendre l'Empire Romain et à maintenir sa prospérité». (Orose, l. VII, c. 43, p. 584, 585.). D'après ces vues pacifiques, le nouveau monarque des Goths suspendit les opérations de la guerre, et négocia sérieusement un traité d'alliance avec la cour impériale. »
Jordanès confirme cette information [16] :
« « Ainsi donc quand l'armée des Wisigoths fut arrivée devant cette ville, elle envoya une députation à l'empereur Honorius qui s'y trouvait renfermé, pour lui dire, ou de permettre aux Goths de demeurer paisiblement en Italie, et qu'alors ils vivraient avec les Romains de telle sorte que les deux nations pourraient sembler n'en faire qu'une. (XXX) »
« Alaric mort, les Wisigoths élurent pour roi Ataulphe, son parent ... Dès qu'il eut pris le commandement, il retourna à Rome, et acheva de ronger, comme font les sauterelles, ce qui pouvait avoir échappé au premier pillage. Il dépouilla de leurs richesses, en Italie, non seulement les particuliers, mais encore l'État, sans que l'empereur Honorius pût s'y opposer ; et même il emmena en captivité Placidie, sœur de ce dernier et fille de l'empereur Théodose, mais d'une autre femme. Toutefois, attiré par la noblesse de sa race, sa beauté et sa chasteté sans tache, il la prit en légitime
mariage dans la ville de Forli, dans la province Emilia, afin qu'en apprenant cette alliance, qui réunissait en quelque sorte l'empire et la nation des Goths, les peuples éprouvassent une crainte salutaire. (XXXI) »
Mariage d'Ataulphe et de Galla Placidia Gravure d'Oskar Pletsch (1830-1888)
On lit dans le livre d'Escher et Lebedynsky que ([17], p. 110) :
« Galla Placidia, fille de Théodose et demi-soeur d'Honorius, fut capturée à Rome par les Wisigoths en 410 et épousa leur roi Athaulf quelques années plus tard. Le nom de leur enfant, Théodose, né et mort prématurément à Barcelone en 414-415, symbolise parfaitement le programme politique "romano-gothe" des deux époux. »
Lucien Sigayret, dans son article sur Galle Placidia, affirme que ce programme était bien perçu à cette époque ([18], point 10) :
« Quoi qu'il en soit, à l'occasion du mariage, que l'on estime souvent avoir été fastueux, Athaulf expose son projet politique : remplacer la Romania (l'empire romain) par la « Gothia » (un empire goth). Mais en fonction de la puissance de la législation romaine, qui continue à faire la force de l'Empire, Athaulf pense mettre la
force des Goths au service de l'état romain. C'est ici que l'on se rend compte que les idées prêtées à Stilichon, comme on l'a vu un peu plus haut, au moment de la bataille de Pollentia, sont une sorte de vecteur de l'histoire de cette période. Il n'est pas jusqu'au milieu ecclésiastique qui ne vienne apporter ses commentaires : un évêque espagnol voit dans ces évènements l'illustration d'un passage du livre de Daniel : « Le roi du Midi deviendra fort, mais l'un de ses princes sera plus fort que lui et exercera une force plus grande que la sienne. Au bout de quelques années, ils s'allieront, et la fille du roi du Midi viendra chez le roi du Nord pour exécuter des accords. » (Daniel, 11, 5 et 6) »
Le roi Alaric, prédécesseur d'Ataulphe, tenta même de mettre en œuvre une idée similaire ([14], Chapitre XXXI) :
« Le port des Romains était insensiblement devenu une ville épiscopale, où l'on déposait les grains de l'Afrique dans de vastes greniers pour l'usage de la capitale. Dès qu'Alaric se fut rendu maître de cette place importante, il somma les Romains de se rendre à discrétion, en leur déclarant que sur leur refus, ou même sur leur délai, il ferait détruire à l'instant les magasins d'où dépendait la subsistance de leur ville. L'orgueil du sénat fut contraint de céder aux clameurs du peuple et à la terreur de la famine. Il consentit à placer un nouvel empereur sur le trône du méprisable Honorius, et le suffrage du victorieux Alaric donna la pourpre à Attale, préfet de la ville. Ce monarque reconnaissant nomma son protecteur maître général des armées de l'Occident. Adolphe, avec le rang de comte des domestiques, obtint la garde de la personne du nouvel empereur ; et les deux nations semblèrent réunies par l'alliance et par l'amitié
Les commencemens du règne d'Attale s'annoncèrent d'une manière favorable. On envoya un officier de confiance avec un faible corps de troupes, pour assurer l'obéissance de l'Afrique. Presque toute l'Italie céda à la terreur qu'inspiraient les armes des Barbares ; la ville de Bologne se défendit avec opiniâtreté et avec succès ; mais le peuple de Milan, irrité peut-être de l'absence d'Honorius, accepta avec acclamations le choix du sénat. À la tête d'une armée formidable, Alaric conduisit son captif couronné presque jusqu'aux portes de Ravenne ; et une ambassade des principaux ministres, de Jovius, préfet du prétoire, de Valens, maître de la cavalerie et de l'infanterie, du questeur Potamius et de Julien, le premier des notaires, se rendit au camp des Goths. Ils offrirent, au nom de leur souverain, de reconnaître pour légitime l'élection de son compétiteur, et de partager entre les deux empereurs, les provinces de l'Italie et de l'Occident. Leurs propositions furent rejetées avec mépris ; et Attale, affectant une clémence plus insultante que le refus, daigna promettre que si Honorius avait la sagesse de renoncer volontairement à la pourpre, il lui permettrait de passer tranquillement le reste de sa vie dans quelque île éloignée ... »
Mais cette expérience n'a pas abouti [14]:
« Le mauvais succès de l'expédition d'Afrique devint la source de plaintes mutuelles et de récriminations entre les partisans d'Attale. Son protecteur se dégoûta insensiblement d'un prince qui manquait de talens pour commander, et de docilité pour
obéir. Il adoptait les mesures les plus imprudentes sans en donner connaissance à Alaric, ou même contre son avis ; et le refus que le sénat fit d'admettre cinq cents Barbares au nombre des troupes qui s'embarquèrent, annonça une méfiance aussi imprudente dans la circonstance qu'elle était d'ailleurs peu généreuse. Jovius, nouvellement élevé au rang de patrice, enflamma par ses artifices le ressentiment du roi des Goths, et voulut ensuite excuser cette double perfidie en assurant qu'il n'avait feint d'abandonner le service d'Honorius que pour détruire plus facilement le parti de son rival. Dans une vaste plaine, auprès de Rimini, et en présence d'une multitude innombrable de Romains et de Barbares, Attale fut publiquement dépouillé de la pourpre et du diadème. Alaric envoya ces ornemens de la royauté au fils de Théodose, en signe de paix et d'amitié. »
Le rêve des Wisigoths semblait se réaliser à nouveau lorsque, trois ans après la mort d'Attila, leur ami Avitus devient empereur romain d'Occident ([14], Chapitre XXXVI) :
« Mais le sort de la Gaule dépendait des Wisigoths ; et le général romain, plus attaché au bien public qu'à sa propre dignité, ne dédaigna point de se rendre à la cour de Toulouse en qualité d'ambassadeur. Théodoric, roi des Goths, le reçut avec honneur; mais tandis qu'Avitus posait les fondemens d'une alliance solide avec cette nation puissante, il apprit avec étonnement la mort de Maxime et le pillage de Rome par les Vandales. Un trône vacant, où il pouvait monter sans danger et sans crime, tenta son ambition ; et les Wisigoths consentirent sans peine à soutenir ses prétentions de leur irrésistible suffrage. [A.D. 455. 15 août] Les Barbares aimaient Avitus ; ils respectaient ses vertus, et n'étaient point insensibles à la gloire et à l'avantage de disposer du trône de l'Occident. »
Cependant, les Wisigoths furent impliqués dans une guerre avec les Suèves en Espagne et Avitus fut rapidement renversé par le général Ricimer, d'origine gothico-suèvienne [14]:
« Avitus prit précipitamment la fuite vers les Alpes, sans espoir d'armer les Visigoths en sa faveur ; mais dans le dessein de se mettre en sûreté avec ses trésors dans le sanctuaire de saint Julien, un des saints tutélaires de l'Auvergne ... Avitus ne laissa qu'une fille mariée à Sidoine Apollinaire, qui hérita du patrimoine de son beau-père en regrettant de voir anéantir ses espérances publiques et personnelles. »
On peut considérer que le projet de l'Empire romano-gothique a été mis en œuvre sous le règne du roi ostrogoth Théodoric le Grand, qui vécut entre 470 et 526, au cours duquel l'appareil bureaucratique de l'Empire romain d'Occident resta presque intact en Italie. Les Romains conservèrent leurs institutions et furent placés dans une position égale à celle des Goths, à l'exception du port des armes et du service militaire [19].
Procope de Césarée caractérise ce roi ainsi :
« De nom Théodoric était un tyran, un usurpateur du pouvoir, mais en fait, il était un véritable empereur, pas inférieur aux plus illustres qui portaient ce titre dès le début ; l'amour pour lui de la part des Goths et des Italiens était énorme, contrairement
à ce qui se passe habituellement parmi les gens. Après tout, d'autres, étant à la tête du gouvernement, prennent soit un côté, soit l'autre, et donc le pouvoir établi est apprécié par ceux à qui il fait actuellement plaisir par ses décisions, et suscite l'aversion s'il va à l'encontre de leurs souhaits. » ([20], Livre 1)
Théodoric, à la fin de son règne, réussit à devenir roi non seulement des Ostrogoths et des Romains en Italie, mais aussi roi des Wisigoths en Gaule et en Espagne ; mettre les Burgondes en Gaule et les Vandales en Afrique du Nord dans une position de dépendance, c'est-à-dire créer un véritable empire.
Afin de relier l'histoire des Goths et des Romains, ainsi que d'exalter sa dynastie, Théodoric a ordonné à l'écrivain panégériste et ministre Cassiodore d'écrire un livre d'histoire en douze volumes, qui n'a pas survécu, mais ses matériaux ont été résumés par Jordanès dans Getica et constitue la base de ce livre.
Nous n'aborderons pas en détail cette période intéressante mais compliquée, à propos de laquelle Marcel Brion a écrit [17] :
« Oreste hisse sur le trône ce Romulus qui sera appelé Augustus ... Edecon fait prendre à son fils les insignes de général. C'est ainsi que Romulus Augustus et Odoacre, nourris tous les deux des traditions attilliennes, occupent la scène de l'Empire d'Occident, dressés l'un contre l'autre dans une lutte sans merci, au moment où Théodoric, redevenu le conducteur d'un peuple goth, pouvait de nouveau rêver ce grand songe de l'unité que le génie d'Attila avait semé dans tous les nobles esprits. (p. 165) » et « A quelque nation qu'ils appartiennent, les hommes d'Etat ne peuvent plus nier aujourd'hui que le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était l'unité européenne. (p. 162) ».
Empire de Théodoric le Grand (Wikipédia)
Sur le projet de l'Empire sino-hunnique
Selon la plupart des auteurs, Attila a vécu à Ravenne et à Rome entre 408 et 412, alors qu'il avait 13 à 17 ans. Dans ce cas, il a été témoin de l'invasion wisigothe de l'Italie et devait être au courante des pensées d'Ataulphe, devenu roi après la mort d'Alaric pendant quelques années, sur la possibilité de la création de XEmpire romano-gothique, ce qui était cependant irréaliste en raison du nombre insuffisant et du manque de discipline des Wisigoths qui fuirent sur le territoire de l'Empire romain vers 376, paniqués par l'attaque des Huns.
Mais même si l'on suppose que les informations sur le séjour du jeune Attila en Italie sont inexactes, les Huns étaient bien informés de tous les événements importants se déroulant dans les deux empires romains, par exemple grâce aux guerriers huns qui servaient dans la garde impériale de Honorius et dans les autres détachements des armées romaines, ainsi que de la diaspora romano-grecque toujours croissante dans leur pays, dont les membres sous Attila ont atteint des postes importantes (Onégèse, Oreste, Scotta, Constance et autres), ce qui prouve la longue histoire de la proximité de cette diaspora avec lui, la convivialité et la confiance de ses relations avec les membres influents de cette diaspora.
La mémoire historique des Huns pourrait également rappeler les actes du fondateur de l'Empire Khunnu, premier empire steppique des Huns asiatiques, Modoun (Modé, Maodun) qui est probablement le prototype d'Odoun Khan, déifié dans le tangrisme populaire de Yakutes et toujours vénéré dans la poésie populaire.
Lev Gumilev écrit à propos de l'idée de Modoun (Modé) de créer un empire sino-hunnique :
«« Épuisé par les échecs, Gaozu meurt en 195 (av. J.-C.). En raison du jeune âge de l'héritier, l'impératrice mère Lu Hou devint régente, sous laquelle la guerre civile s'intensifia. En 192 (av. J.-C.), Modé propose à l'impératrice de l'épouser. Selon ses concepts, cela signifiait que l'Empire chinois devait servir de dot à sa femme, et il espérait ainsi acquérir toute la Chine. » ([21]., p. 67).
Jean-Paul Desroches estime que la lettre de Modoun (Maudun) à l'Impératrice reste un joyau de la littérature diplomatique ([22], p. 173):
« Je me prosterne devant votre majesté. Je suis né entre des étangs et des marécages et j'ai grandi dans une région de plates campagnes, de chevaux et de bœufs. Maintes fois, j'ai atteint la frontière avec le désir de faire un voyage dans l'Empire de Milieu. Votre majesté est toute seule à régner ; moi qui me prosterne, je suis seul. Tous deux souverain, nous resterons pour toujours sans joie si ne nous consalons pas par nous-mêmes. Je désirerais mettre ce que l'ai à la place de ce qui Vous manque. »
Ainsi, près de 600 ans avant la naissance d'Attila, l'apparition des plans de L'Empire romano-gothique et de l'Empire romano-hunnique, Modoun (Maudun, Modé) réfléchissait à la possibilité de créer XEmpire sino-hunnique.
Les Huns auraient dû être informés sur ce plan non seulement grâce à leurs propres légendes Modoun, fondateur du premier empire des peuples des steppes, mais également grâce à des légendes similaires d'autres peuples turco-mongols de la Grande steppe, par exemple, les Joujans, qui étaient également des descendants des habitants de l'Empire Khunnu, que l'on peut donc appeler les peuples hunniques (khunnique). Étant donné que la Grande Route de la Soie continuait à fonctionner avec une intensité de communication variable, des informations arrivèrent sur la façon dont la Chine du Nord (Empire Toba Wei ou Wei du Nord) à l'époque d'Attila était dirigée avec succès par la dynastie des Tabgatchs (Tabgachs, Toba), l'une des dynasties turco-mongols, ainsi l'idée de Modoun a effectivement été mise en œuvre.
Dans le récit Khan Attila de mon roman-étude sur à Attila j'écris [5, 7]:
« Le premier jour, Attila réunit Marc, Onégèse, Oreste, Salvien et Edecon, un officier hun parlant bien latin. Le jeune khan tient un bref discours :
- Pendant mon voyage, en Oural, j'ai rencontré un ambassadeur des Turcs bleus, peuple hunnique de l'Altaï. J'ai beaucoup discuté avec lui. Les Turcs sont des métallurgistes remarquables et plusieurs de leurs artisans travaillent dans nos ateliers militaires. C'est pourquoi, ils étaient au courant de ma visite des ateliers de l'Oural. Les Turcs, qui se trouvent à la même distance de chez nous et de la Chine, sont bien informés de ce qui se passe dans le monde.
La situation a changé ces dernières années. L'Empire chinois est gouverné par les Tabgatchs, les Joujans ont créé leur grand état plus au nord. Les Tabgatchs et les Joujans sont descendants des Huns orientaux. C'est pourquoi, hormis les peuples hunniques: les Huns occidentaux, les Joujans et les Tabgatchs, il n'existe aujourd'hui dans le monde que deux forces sérieuses. Ce sont la Perse et les deux empires romains qui se considèrent toujours comme les centres de l'Univers. Les peuples hunniques ont surmonté toutes les difficultés survenues après la dislocation de l'empire fondé par la volonté de Tangra et l'énergie de Modoun le Grand.
Ce n'était pas facile. Le khan Oros et moi-même, avons fait de grands efforts afin de consolider les peuples hunniques et les autres tribus du Danube à l'Oural et la mer Aral.
Attila dit en articulant chaque mot :
- Les Huns croient que comme il n'y a qu'un seul Dieu sur le Ciel, il ne sera un jour qu'un seul souverain sur la Terre. Alors les guerres cesseront.
Alarmés, les Romains, tout à coup, se sentent mal à l'aise et se regardent. Quelques instants de silence. »
Les tribus d'Altaï ont fondé moins de cent ans après la mort d'Attila, le célèbre Premer Empire des Turcs (552-657), qui occupait presque tout le territoire de la Grande Steppe et s'étendait de l'océan Pacifique à la mer Noire! Les ancêtres de ces anciens Turcs faisaient partie du premier Empire des Huns (asiatiques), fondé il y a plus de 2200 ans. Les dirigeants turcs sur de nombreux monuments ont témoigné par écrit qu'ils étaient tangristes. Ils prétendaient que le pouvoir leur avait été donné par Tangra (Tengri). Le fait que la légitimation du pouvoir des souverains turcs était fondé sur la religion tangrienne montre que tangrisme à cette époque était leur religion traditionnelle et universellement acceptée par les peuples et des tribus des steppes. Par conséquent, il ne fait aucun doute qu'Attila et ses Huns croyaient aussi en Tangra.
La rencontre de l'ambassadeur Oreste et de l'officier romain Salvien (un personnage littéraire), qui l'accompagne, avec Attila dans mon livre se produit en 426 :
« Puis, Attila continue tranquillement :
- Les peuples des deux Empires romains se souviennent aujourd'hui avec nostalgie de la «pax romana», les siècles de paix romaine. Mais Dieu n'est plus favorable aux Romains qui ont érigé un culte de la jouissance et commis trop de pêchés et dont les souverains ont montré un orgueil incommensurable, puis sont tombés dans les délits de corruption. Par contre, Dieu est de nouveau favorable aux Huns, qui sont capables de maintenir la «pax hunna» du Danube à la Chine.
Si nous concluions aujourd'hui une alliance avec les Tabgatchs, alors les peuples hunniques conquérraient rapidement le monde. Mais l'histoire nous a appris à être très prudent avec la Chine et leurs empereurs. C'est pourquoi, nous tenons à consolider et renforcer notre état. Les Joujans nous séparent de la Chine et nous préférons avoir avec eux des relations pacifiques, même si les Turcs bleus d'Altaï nous demandent parfois de calmer les intentions expansionnistes des Joujans. Je suis réaliste et pense que la progression vers la paix universelle sera longue et très difficile. Nos actions montrent bien que nous n'avons pas d'intentions agressives envers les Romains.
Votre historien Tite-Live pensait aussi que Rome doit dominer le monde grâce au courage de ses citoyens et à la bienveillance des dieux. Maintenant vous n'avez ni l'un ni l'autre. Nous étudions l'expérience des Tabgatchs qui gouvernent la Chine et ont fondé leur dynastie impériale. Là-bas, les Tabgatchs et les autres peuples hunniques forment la cavalerie impériale, les fantassins sont chinois, l'administration chinoise reste intacte. Maintenant la Chine sort de la crise. Cette expérience est très
intéressante pour nous et pour les Romains. Vous pourriez aussi sortir de la crise, si nous réussissions une alliance similaire ici, en Occident. Je ne vois pas d'autre solution pour vous. En effet, l'Empire romain d'Occident ne tient que grâce aux mercenaires huns. Je suis partisan de l'approfondissement progressif de nos relations afin d'essayer de réaliser un jour la «pax hunna-romana», de l'Espagne à l'Oural. Peut-être, négocierons-nous alors avec les Tabgatchs et Dieu nous aidera à réaliser la paix universelle.
A cet instant Oreste pense à Julia, sourit tendrement et remercie Dieu qu'Attila ne pense pas à des incursions et à des tributs, mais réfléchisse sur les opportunités de la paix :
- Je n'oublie pas les autres peuples. Rome confrontait toujours l'anarchie et le désordre dans le monde barbare. Maintenant les chose changent. Il y a plus d'anarchie et de désordre dans le monde romain. Vos armées ne sont plus assez fortes. Ainsi les Wizigoths, qui nous ont fui sans bataille, ont vaincu ensuite les armées romaines et, il y a seize ans, ont pris Rome. Les peuples germaniques sont maintenant mieux organisés qu'autrefois. J'ai voyagé beaucoup en Germanie. Les Gépides et les Ostrogoths sont nos sujets les plus fidèles, plus fidèles que certains princes huns. Leurs rois, Ardaric et Valamir, comprennent et soutiennent mes idées. Les Huns, à la différence des Romains, gardent toujours les chefs traditionnels des peuples vaincus. Nous sommes aussi arbitres dans les conflits entre plusieurs rois germaniques indépendants, mais aussi entre les Ougres, les Slaves et certains peuples du Caucase et de la Sibérie. Nous protégeons les comptoirs sogdiens de la mer Noire à la frontière joujane. Les Sogdiens, peuple ingénieux, laissent aux Huns et aux Joujans le soin de la guerre et s'adonnent au commerce et à l'artisanat. »
Inévitabilité de l'émergence de l'idée de l'Empire romano-hunnique
Les Wisigoths, qui rêvaient de créer l'Empire romano-gothique, fuirent les Huns presque sans résistance, après la défaite assourdissante du Royaume ostrogoth, considéré comme très fort, ainsi que de nombreux autres peuples vivant de la Volga au Danube.
Les auteurs du livre Armée byzantine (IV-XII siècles) caractérisent les qualités de combat comparatives des Huns et des Goths comme suit :
« Au début du Ve siècle. Les Huns prirent part à presque toutes les campagnes militaires des Romains. Les Goths étaient impuissants dans la lutte contre eux. A titre d'exemple, on peut rappeler qu'en 409, lors d'un affrontement à Pise, un détachement de 300 mercenaires hunniques de l'empereur Honorius tua un millier de Goths, ne perdant que 17 cavaliers. » ([30], p. 289)
Ainsi, les Huns suivirent avec surprise les victoires des Goths sur les troupes romaines, la bataille d'Andrinople (en 378) à la prise de Rome (en 410), leurs chefs étonnés devaient discuter des nouvelles sur le mûrissiment chez les Wisigoths du plan
de la création de l'Empire romano-gothique. Dans une telle situation, il était inévitable et naturel l'émergence d'un projet visant à créer l'Empire romano-hunnique.
De plus, Priscos et Jordanès parlent des projets d'Attila pour conquérir le monde. En effet, selon le témoignage de Priscos (Priscus de Panius) :
« Personne, ajouta-t-il, n'avait fait encore d'aussi grandes choses en aussi peu de temps; car il a soumis toute la Scythie jusques aux îles de l'Océan, les Romains lui payent tribut, et non content de cela, il veut aller faire la guerre aux Persans...
Ainsi il sera fort facile à Attila, s'il attaque les Mèdes, les Perses et les Parthes à la fois, de les contraindre à lui payer tribut, car il a des forces auxquelles aucune nation ne peut s'opposer avec avantage. »
Jordanès écrit :
« Attila réduisit ce peuple entier sous sou pouvoir; et, ayant réuni un grand nombre d'autres nations qui lui obéissaient, il aspirait à la conquête des deux premiers peuples de l'univers, les Romains et les Visigoths. Son armée était, dit-on, de cinq cent mille hommes.
Cet homme était venu au monde pour ébranler sa nation et faire trembler la terre. Par je ne sais quelle fatalité, des bruits formidables le devançaient, et semaient partout l'épouvante ...
Bien que naturellement sa confiance en lui-même fût grande et ne l'abandonnât jamais, elle s'était encore accrue par la découverte du glaive de Mars, ce glaive pour lequel les rois des Scythes avaient toujours eu de la vénération ... Celui-ci (Attila), fier de ce don, pensa, dans sa magnanimité, qu'il était appelé à être le maître du monde, et que le glaive de Mars mettait en sa main le sort des batailles. »
« Après vos victoires sur tant de grandes nations, après avoir dompté le monde, si vous tenez ferme aujourd'hui, ce serait ineptie, je pense, que de vous stimuler par des paroles; comme des guerriers d'un jour. » (Du discours d'Attila avant la Bataille des Champs catalauniques).
« Le plus grand entre les rois des Huns, c'est Attila, fils de Mundzuc. Il a été le maître des nations les plus braves; seul il a possédé la Scythie et la Germanie, réunissant sur sa tête un pouvoir jusque-là inouï. C'est encore lui qui a porté la terreur dans les deux Empires de Rome; lui qui, après avoir pris les villes, a sauvé le reste du pillage, se laissant fléchir aux prières, et se contentant d'un tribut annuel. »
Philippe Guilhaume, écrivain et docteur en histoire, pensait que :
« Parce qu'il vivait aux rives du Danube, Attila rêva de régner sur l'empire du Monde, l'Eurasie tout entière. Seul, par sa force intérieure, sa patience, sa pugnacité, son génie politique, il avait donné du crédit à ce rêve. » ([32], p. 213)
Maurice Bouvier-Ajam pensait également qu'Attila et Aetius voulaient probablement «dominer ensemble le monde» :
«Il n'est pas du tout exclu que ces deux orgueilleux de génie aient songé, en ce temps où fleurissent encore les Augustes et les Césars, à dominer ensemble le monde, quitte à se partager les tâches et les zones d'influence.» ([33], p. 78).
Michelle Loi admet que le projet politique d'Attila était la création, avec Aetius d'un empire bicéphale de «deux empereurs frères qui ne se disputeront pas» :
«Rome revue et corrigée, l'Empire des khans civilisé, et tous nos peuples heureux sur les terres fécondes qu'il ne serait plus jamais nécessaire de pacifier avec du sang.» ([34], p. 135).
Nous considérons que notre première affirmation principale concernant l'existence du projet d'Attila de la création de l'Empire romain-hunnique est prouvée, sur la base des faits et des jugements incontestables suivants :
- Attila ne pouvait pas ignorer le projet du roi wisigoth Ataulphe de la création l'Empire romano-gothique et les idées similaires de son prédécesseur le roi Alaric ; de plus, cette idée est née dans une situation où les Wisigoths n'avaient même pas de leur propre territoire, lorsqu'ils cherchaient à s'installer quelque part, loin des Huns (ils tentèrent même de traverser la Méditerranéenne pour aller en Afrique), avant l'émergence de leur royaume autonome du sud de la Gaule.
- Les Wisigoths étaient beaucoup plus faibles et moins organisés que les Huns, de sorte que l'émergence chez Attila et chez autres chefs huns de l'idée sur la possibilité de création de l'Empire romano-hunnique était naturelle et inévitable.
- De plus, Attila savait que la moitié nord de la Chine était unie sous le règne des Tobas (Tabgachs), uu peuple des steppes, et que l'Empire sino-toba (Wei du Nord) avait été créé.
Les opinions de Philippe Guilhaume, Maurice Bouvier-Ajam et Michelgy Loi ne font pas partie de notre démonstration basée sur des sources primaires, mais sont données à titre d'exemples des conclusions des historiens qui réfléchissaient sur le projet politique d'Attila.
En fait, d'Attila était sur le point de réaliser l'idée de créer cet Empire romano-hunnique. Il créa son Empire du Nord fédéral, qui réunissait presque tous les peuples politiquement organisés d'Europe, qui ne faisaient pas partie des empires romains, ainsi que de nombreuses tribus d'Asie. L'Empire romain d'Orient a été vaincu lors de batailles décisives (sur la rivière Utus, à Marcianople et à Chersonèse de Thracie) et payait du tribut. L'Empire romain d'Occident était en réalité dirigé par le général Aetius, son ami, dont le pouvoir reposait sur les armées hunniques, qui le sauvèrent à deux reprises de la mort et aidèrent à contrôler les barbares agités (Wisigoths, Burgondes, Francs et autres).
Escher et Lebedynsky, dans leur livre, limitent le programme initial d'Attila à l'augmentation du volume du tribut des peuples conquis et des empires voisins, mais admettent que :
« Il semble qu'en 450, après une période de succès qui lui était quelque peu montée à la tête, il ait rêvé de ne plus se contenter de rançonner les Romains, mais de
jouer - comme tant d'autres chefs barbares de moindre envergure avant lui - un rôle dirigeant dans l'empire. L'aberrante proposition de mariage d'Honoria lui offrait même la perspective de devenir le père du prochain empereur d'Occident, Valentinien III (frère d'Honoria) n'ayant pas de fils. La frénésie des dernières années n'est peut-être pas sans rapport avec l'âge d'Attila, qui n'avait pas accédé très jeune au pouvoir personnel et sentait peut-être que le temps allait lui manquer. » ([17], p. 104).
En d'autres termes, selon eux, en 450, Attila avait de bonnes chances pour commencer la création de l'Empire romano-hunnique.
Dans le même temps, ces auteurs considèrent l'opinion de Marcel Brion sur le désir d'Attila d'unir l'Europe comme l'un des «mythes modernes sur Attila» :
« L'idée est développée par Marcel Brion, curieusement moins dans ses ouvrages consacrés à Attila lui-même et aux Huns que dans sa biographie - passablement romancée - du roi ostrogoth Théodoric. Le morceau vaut d'être cité:
«Ce fut l'immense erreur de ce souverain génial que de mépriser les lois biologiques de la société humaine [...]. Attila pensait que la volonté et le génie peuvent tout [...]. Il eut le tort de penser à l'Europe, cet Asiatique; d'imaginer l'Europe; de croire qu'avec les ruines d'un empire chancelant on peut bâtir un empire neuf. Il n'eut pas la patience d'attendre que cet empire eût achevé sa féconde décomposition pour semer dans cet humus les graines de l'Empire Occidental Nordique que réclamait l'esprit du temps. Il avait, cependant, tous les éléments nécessaires pour le réaliser. De la Baltique à l'Adriatique, du Caucase aux Pyrénées, le monde européen était entré dans l'obédience d'Attila.»
Cette idée bizarre, qui ne reflète, comme souvent, que les préoccupations de l'auteur lui-même, a tenté d'autres vulgarisateurs. M. Percheron (1962) s'exclame: «Grand fut Attila en pensant à l'Europe» et juge qu'il fallait «qu'un homme complètement étranger à l'Europe [...] vînt imposer une volonté unificatrice que Slaves, Goths et Germains se montraient incapables de trouver en eux-mêmes.» On la retrouve même, bien que présentée sous une forme hypothétique, dans le récent ouvrage - par ailleurs tout à fait sérieux - de J. Man (2006):
«Il aurait pu s'emparer de toute l'Europe du Nord, recevoir Honoria en mariage, créer une dynastie qui aurait régné de l'Atlantique à l'Oural, des Alpes à la Baltique. Peut-être que dans quelque univers parallèle, la Bretagne serait tombée aux mains des Huns plutôt que des Angles et des Saxons, et Chaucer et Shakespeare auraient écrit en hunnique, et nous aurions tous fini par vénérer non le Dieu chrétien, mais quelque Ciel Bleu chamanique.»
Est-il besoin d'insister sur l'irréalisme de tout cela? Si l'Empire d'Attila avait duré, il est beaucoup plus probable qu'un parler germanique oriental aurait fini par y servir de langue véhiculaire, et que le christianisme arien serait devenu la religion majoritaire. Mais surtout, il est invraisemblable qu'Attila - dont nous avons vu par ailleurs qu'il n'envisageait aucunement de détruire l'Empire romain - ait raisonné en termes d'"Europe". On se souvient d'ailleurs qu'il nourrissait des ambitions du côté de la Perse ! ([17], p. 197-198).
Nous convenons qu'Attila ne s'est pas limité à réfléchir à l'avenir de l'Europe, ne serait-ce que parce qu'une partie de son Empire du Nord et une partie de l'Empire romain d'Orient se trouvaient en Asie, les Romains possédaient également une partie de l'Afrique du Nord. Le terme de Brion, Empire Occidental Nordique, désigne uniquement la partie européenne de XEmpire romain-hunnique.
Si l'empire d'Attila avait duré, il suffit de regarder l'exemple de la Turquie, ancien territoire de l'Empire romain d'Orient, qui parle aujourd'hui une langue turque, pour ne pas exclure une telle possibilité pour le territoire de l'Empire romain d'Occident.
Le roi vandale Genséric, contemporain d'Attila, vécut environ 30 ans de plus que lui et régna près de 50 ans. Mais le destin n'a pas donné à Attila le temps de mettre en œuvre l'idée de lEmpire romano-hunnique et de son consolidation.
Concernant les questions religieuses, il est intéressant de noter que la majorité des Yakoutes perçoivent le christianisme comme faisant partie du tangrisme, car pour la traduction de la littérature religieuse ont été utilisés les termes : Tangra (Dieu), aga-Tangra (dieu-père), Uol-Tangara (dieu-fils, le Christ), «christianisme» a été traduit par «Tangra uerege - enseignement de Tangra», «église» - comme «Tangara djete - maison de Tangra». Les plus fervents Yakoutes respectant les principaux rites orthodoxes, continuaient de pratiquer le culte des esprits et les autres rites tangristes.
Sur les projets politiques des empereurs et dirigeants romains
Les dirigeants de la Rome antique étaient motivés par le désir de renforcement de leur pouvoir et de l'asservissement des autres peuples. L'historien Max Gallo décrit bien ces sentiments dans son roman sur César [35] :
« César marche dans le camp, seul. Il imagine la puissance que lui donneront ces conquêtes ; ces trésors; ces peuples qu'il pourrait vendre comme esclaves ...
Moi, Gaius Julius Ceasar.
Et la Gaule protégée par de nouvelles conquêtes de Germanie et de l'île de Bretagne serait le joyau de Rome, avec son peuple indusrieix, nombreux, ses larges fleuves et ses riches terres à blé, ses villes aux greniers ventrus.
Mon bien ! » (p. 245-246).
Les Romains se distingaient par leur cruauté. Notons que selon les calculs de César, ses troupes durant la conquête de la Gaule ont tué 1 192 000, ont capturé et asservi environs d'un million de personnes dans un pays avec une population ne dépassant pas 10-12 millions d'habitants. Aucun autre peuple ne pratiquait pas à la grande échelle les jeux de gladiateurs avec la construction des arènes spéciales comme le Colisée.
On continue néanmoins de cultiver la grande admiration sur la façon comment la Rome a conquis de vastes territoires. Pourtant l'Empire mongol avait 8 fois plus de territoires qu'il a conquis 15 fois plus rapidement - pendant seulement 60 ans. On peut dire ainsi que les armées des cavaliers tangristes des steppes étaient 120 fois plus efficaces que les armées romaines !
On pardonne à César tous ses défauts, car il est considéré comme l'archétype d'un «homme civilisé». Il est impossible de ne pas reconnaître la capacité des Romains à bâtir l'État, mais les peuples des steppes l'étaient aussi, ce qui est noté par René Grousset dans les termes suivants :
« Les races de commendement, les nations impériales sont peu nombreuses. A côté des Romains, les Turco-Mongols ont été de celle-ci » ([34], p. 28).
La politique du premier empereur Octave Auguste, arrivé au pouvoir après les guerres civiles et le triumvirat au prix de la vie de dizaines de milliers de concitoyens, était de caractère national et conservateur. Par exemple, César a largement ouvert l'accès à Rome aux provinciaux et pour lui, l'octroi des droits de citoyenneté était une source de revenus. Auguste prit soin d'admettre les éléments bénins à la citoyenneté et au Sénat.
Le règne d'Auguste a marqué le début de la période de paix romaine (pax romana), une longue période de relative stabilité au sein de l'empire, mais les guerres et conflits frontaliers se sont poursuivis sous tous les empereurs. L'idée était répandue
que Rome devait dominer le monde grâce à la valeur de ses citoyens et à la faveur des dieux.
Certains empereurs et dirigeants romains rêvaient de la gloire d'Alexandre le Grand qui, après ses victoires sur les armées de l'empire perse, commençait à songer à conquérir le monde. Plutarque écrit qu'Alexandre a demandé au prêtre Ammon en Égypte «si le dieu lui accordait de régner sur tout l'univers» ([35], p. 134).
César était également emporté par ses succès :
« César se sentait né pour les grandes entreprises ; et, loin que ses nombreux exploits lui fissent désirer la jouissance paisible du fruit de ses travaux, il n'y trouvait qu'une amorce et un appât pour son audace. Tout entier à l'avenir, il formait des desseins plus vastes que jamais ; et le désir d'acquérir une gloire nouvelle flétrissait, pour ainsi dire, à ses yeux, la gloire qu'il avait acquise. Cette passion était une sorte de jalousie contre lui-même, telle qu'il aurait pu l'avoir à l'égard d'un étranger ; une obstinée persévérance à vouloir surpasser ses exploits précédents par ceux qu'il se proposait d'accomplir. Il avait formé le dessein de porter la guerre chez les Parthes ; et il en faisait les préparatifs. Eux subjugués, il devait traverser l'Hyrcanie, le long de la mer Caspienne et du mont Caucase, se jeter ensuite dans la Scythie, soumettre tous les pays voisins de la Germanie et la Germanie même, et revenir en Italie par les Gaules, après avoir arrondi l'Empire romain... » ([37], p. 195)
Cependant, déjà sous Auguste, après la défaite des légions de Varus dans la forêt de Teutoburg, il ne pouvait être question de soumettre l'ensemble du monde connu aux armes romaines.
Gibbon explique les raisons de la stabilisation des frontières de l'empire ([14], chapitre I) :
« À la mort de ce prince, son testament fut lu publiquement dans le sénat : Auguste laissait à ses successeurs, comme une utile portion de son héritage, l'avis important de resserrer l'empire dans les bornes que la nature semblait avoir elle-même tracées pour en former à jamais les limites et les remparts : à l'occident, l'océan Atlantique ; le Rhin et le Danube au nord ; l'Euphrate à l'orient ; et vers le midi, les sables brûlans de l'Arabie et de l'Afrique. (Tacite, Annal. l. II ; Dion Cassius (l. LVI, p. 833), et le discours d'Auguste lui-même dans les Césars de Julien)
Heureusement pour le genre humain, le système conçu par la modération d'Auguste se trouva convenir aux vices et à la lâcheté de ses successeurs. Les premiers Césars, dominés par l'attrait du plaisir, ou occupés de l'exercice de la tyrannie, se montraient rarement aux provinces et à la tête des armées. Ils n'étaient pas non plus disposés à souffrir que leurs lieutenans usurpassent sur eux, par les talens et la valeur, cette gloire que négligeait leur indolence. La réputation militaire d'un sujet devint un attentat insolent à la dignité impériale. Les généraux se contentaient de garder les frontières qui leur avaient été confiées : leur devoir et leur intérêt leur défendaient également d'aspirer à des conquêtes qui ne leur auraient peut-être pas été moins fatales qu'aux nations vaincues. »
L'empire atteignit sa taille maximale sous Trajan (98-117) et ne fut plus capable de s'étendre davantage. La période de prospérité s'est terminée avec le début de la grande crise du IIIe siècle, avec une série de guerres civiles entre les différents prétendants au trône impérial, avec une pression extérieure croissante sur la périphérie et des invasions barbares, avec des soulèvements de Gaulois et autres séparatistes.
L'historien Hérodien, qui vécut environ 180-250, décrit le projet de l'empereur Caracalla de créer l'Empire romano-parthique ([38], p. 156-158):
D'après lui, Caracalla se mit à échanger une correspondance avec le roi des Parthes dont il se déclarait l'ami et prétendait vouloir devenir son gendre. Il décrivait au roi parthe le projet de l'union des deux empires réconciliés par un mariage politique. Il disait que même la Chine et l'Inde ne pourraient résister aux forces combinées de la Parthie et de Rome, car les Romains ont une infanterie habituée au combat et sans rivale dans l'usage de la lance, tandis que les Parthes disposent d'une grande cavalerie composée d'excellents archers (les Parthes étaient les descendants des Saka (Scythes asiatiques) comme une partie des Huns).
L'empereur romain insistait aussi sur les avantages économiques de l'union. Que le libre marché entre les deux empires et la libre circulation seraient profitables au commerce.
Caracalla a fini par convaincre le roi et une frange assez large de ses courtisans pacifiques. Entouré d'une escorte de légions d'élite il arriva à Ctésiphon pour y célébrer le mariage historique. Sa route vers la grande métropole des Parthes était tapissée de fleurs.
Hérodien écrit que le peuple de Ctésiphon l'acclamait avec une réelle ferveur. Une réception avait été organisée dans une plaine voisine, tous les partisans de la paix de la métropole parthe étaient venus pour assister à ce moment historique. Caracalla se disait charmé, dispensait des flatteries, les chevaliers et gardes parthes, le vin et la musique aidant, relâchèrent leur vigilance. Alors Caracalla a donné l'ordre à ses gardes de massacrer tous ces Parthes qui avaient cru naïvement à la possibilité de la paix et de l'union avec les Romains. Mais le roi échappa aux légionnaires.
Ce n'était pas tout. Caracalla poussa sa forfaiture jusqu'à profaner le mausolée des rois parthes. La réaction des Parthes fut terrible, Caracalla a fui devant leur armée et a été assassiné par les Romains pour apaiser le désir de vengeance des Parthes. Mais son successeur Macrin a dû capituler et payer de lourdes indemnités de guerre.
Cette histoire est un argument supplémentaire en faveur de l'existence chez Attila du projet de la création de l'Empire romano-hunnique, dont l'existence est prouvée de manière convaincante sans y faire référence.
Notons que l'empereur Auguste, après les défaites des Romains dans les guerres avec les Parthes pendant les campagnes ratées de Crassus et de Marc Antoine, s'est appuyé sur des efforts diplomatiques, qui se sont révélés assez efficaces, et leurs fruits ont été complétés par des mesures de propagande. Le résultat en fut l'apparition d'otages parthes à Rome.
C'est pourquoi, nous discuterons de la pratique des otages honoraires d'origine royale dans l'histoire de l'Empire romain, car cela nous permet d'évaluer la probabilité du séjour du jeune Attila en Italie.
Sur les otages d'honneurs dans la Rome antique
La Rome républicaine n'avait pas encore de ligne politique bien réfléchie et cohérente à l'égard des royaumes voisins tombés dans l'orbite de l'influence politique romaine :
« Vers le 1er tiers du IIe siècle avant JC, on trouve le premier exemple connu de la façon dont un descendant d'une dynastie dirigeante étrangère est arrivé à Rome dans le but - ou sous un prétexte plausible - d'y recevoir une éducation. Selon Tite-Live, en 172 avant JC, le jeune (puer) prince cappadocien Ariarat, fils aîné du roi Ariarat IV Eusebus et d'Antiochida, fille de l'ennemi juré de Rome Antiochus III, est venu à Rome. » ([39], p. 132)
Vladimir Nikichin explique :
« Les enfants royaux vivant à Rome sont généralement appelés otages. Le fait que le sens du mot obses dans l'Antiquité était radicalement différent de celui moderne est attesté au moins par la circonstance suivante : les augustes «otages», en règle générale, ne subissaient aucune restriction particulière en termes de liberté de mouvement, a évolué dans les cercles les plus élevés de la société romaine, faisant des connaissances, qui pourraient être utiles à l'avenir, a fréquenté des écoles avec des représentants de la noblesse romaine, a étudié le grec et le latin. Comme l'écrivait Juvénal à l'époque de Trajan, «il suffit de voir ce que font les relatons : vous êtes arrivé en otage, ici vous devenez un homme» (aspice quid faciant commercia: venerat obses, hic fiunt homines).» ([39], p. 133)
Parmi ces otages figuraient par exemple :
- Démétrius, le plus jeune fils du roi macédonien Philippe V, envoyé à Rome après la défaite de son père lors de la Seconde Guerre macédonienne ;
- Antiochus (futur Antiochus IV Epiphane) - le fils d'Antiochus III, arrivé après la défaite de son père dans la guerre contre les Romains ;
- Peut-être que le roi numide Adherbal (118-112 avant JC), cousin de Jugurtha, qui portait le titre de socius et amicus populi Romani hérité de son père et de son grand-père, a également vécu et grandi à Rome dans sa jeunesse. ([39], p. 133-134)
Auguste a commencé une politique consciente de romanisation de la progéniture des dirigeants étrangers :
« Sans aucun doute, Auguste espérait à l'avenir faire de ces personnes des chefs d'orchestre de l'influence politique et culturelle de Rome dans un certain nombre de pays limitrophes et/ou contrôlés par Rome. Dans les dernières décennies du Ier siècle avant JC. Le «projet Auguste» a commencé à être activement mis en œuvre dans
diverses régions: en Afrique du Nord et en Parthie, au-delà du Rhin et du Danube, dans la région méridionale de la mer Noire et en Judée. » ([39], p. 135)
En 9 avant JC le roi parthe Phraatès IV envoya ses fils et petits-fils à Rome en otages, soit un total de huit personnes [39, 40]:
« Когда спустя без малого шесть десятилетий, в 49 г., ко двору Клавдия прибыла очередная группа парфянских заложников (obsides), тот же Тацит так объяснил мотивацию парфян: «Для того и отдают они нам заложниками царских детей, чтобы иметь возможность, если властитель их родины станет им в тягость, обратиться к принцепсу и сенаторам и получить от них более приемлемого и усвоившего наши нравы царя» (Tac. Ann. XII.10.2). Очевидно, так ситуация виделась из Рима; на деле всё обстояло гораздо сложнее.
« Lorsque près de six décennies plus tard, en 49, un autre groupe d'otages parthes arriva à la cour de Claude, le même Tacite expliqua ainsi la motivation des Parthes : «C'est pourquoi ils nous donnent les enfants royaux comme otages, afin que qu'ils peuvent avoir l'opportunité, si un dirigeante de leur patrie devient un fardeau pour eux, de se tourner vers les princeps et les sénateurs et de recevoir d'eux un roi plus acceptable et qui a adopté nos mœurs» (Tac. Ann. XII.10.2). C'est évidemment ainsi que la situation était vue depuis Rome ; en réalité, tout était bien plus compliqué.
En 7 après JC, Vonon, fils aîné de Phraatès IV, qui reçut une éducation gréco-romaine à Rome (Tac. Ann. II.1), avec le consentement d'Auguste, devint roi de Parthie (RGDA. 33 ; Ios. AI. XVIII .2.4). Pour les Parthes, il était un «étranger» (externus) (Tac. Ann. II.1.1), «empoisonné par les compétences de l'ennemi» (hostibus artium infectus) (ibid. 2). Vonon Ier lui-même (7-12 ans) n'a pas jugé nécessaire d'adapter son comportement dans un environnement culturel étranger et n'a ainsi fait qu'aggraver sa position déjà précaire : selon Tacite, «étranger aux coutumes de ses ancêtres (diversus a maiorum institutis), il chassait rarement et était indifférent aux plaisirs équestres ; il est apparu dans les rues des villes uniquement sur une civière et a négligé les fêtes telles qu'elles se déroulaient dans son pays natal. Ses proches Grecs étaient également ridicules» (inridebantur et Graeci comites) (Tac. Ann. II.2.3). L'accessibilité et la courtoisie (prompti aditus, obvia comitas), inculquées à Vonon par son éducation gréco-romaine, apparaissaient aux yeux des sujets du roi non pas comme des vertus (virtutes), mais comme des vices (vitia) (ibid. II.2.4). « Et comme tout cela était différent de leur morale (quia ipsorum moribus aliena), ils avaient une haine égale à la fois pour le mal et pour le bien en lui. » (loc. cit.).
Peu de temps après, un représentant de la branche cadette de la dynastie des Arsacides, Artaban III (12-38), dont la jeunesse se passa parmi les nomades guerriers Dagi, ou Dahi (apud Dahas adultus) (Tac. Ann. II.3.1), s'est prononcé contre le protégé romain Vonon I. Dans la lutte contre lui, Vonon est vaincu et s'enfuit vers la Grande Arménie (loc. cit.). Ce résultat de l'affrontement militaro-politique était symbolique : le malheureux Vonon Ier, «empoisonné» par la civilisation gréco-romaine, fut vaincu par le chef de l'opposition « nationale » Artaban III, qui réussit à rétablir la puissance de l'État parthe. » ([39], p. 138-139)
Megerdat, fils de Vonon Ier, a également grandi à Rome et a été vaincu dans la lutte pour le pouvoir dans l'Empire parthe. Par conséquent, les tentatives visant à créer l'union romano-parthe par des moyens diplomatiques ont échoué.
Sous le règne des Julio-Claudiens, les futurs rois arméniens vassaux Tigran III, Tigran V et Tigran VI vécurent et furent élevés à Rome.
Ainsi, la politique de romanisation des héritiers possibles des dirigeants étrangers était largement pratiquée sous l'Empire romain et devait être menée à l'égard des Huns. Notons que les Huns pratiquaient aussi une politique similaire.
C'est pourquoi, l'envoi du jeune Aetius comme otage honoraire au roi hun Roas, oncle d'Attila, devait s'accompagner inévitablement par le séjour d'un prince hun dans la capitale de l'Empire romain d'Occident.
Par conséquent, l'affirmation, selon laquelle le jeune Attila a passé plusieurs années en Italie, y a noué des contacts utiles et a reçu une éducation gréco-romaine avec des représentants de la noblesse romaine, est hautement probable.
Nous nous abstenons de qualifier cette déclaration d'absolument certaine uniquement en raison de l'absence de témoignages écrites à ce sujet de la part de ses contemporains.
Pour cette seule raison, Escher et Lebedynsky classent le séjour du jeune Attila en Italie parmi les «mythes modernes sur Attila» les plus répandus ([17], pp. 194-195) et stigmatisent même les auteurs les plus érudits pour y croire. Cependant, des historiens cité par eux tels que Marcel Brion, Maurice Bouvier-Ajam, Eric Deschodt et Philip Guillhaume n'auraient pas dû croire aveuglément aux affirmations des auteurs précédents, mais étaient certainement bien au courant de la politique de romanisation des héritiers des dirigeants étrangers, pratiquée à l'époque de l'Empire romain.
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