Научная статья на тему 'NEW SEMANTIC SENSE OF COMICS'

NEW SEMANTIC SENSE OF COMICS Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
VECTOR / PANEL / DRAWING / SPEECH BALLOON / PAGE / CREOLIZED TEXT

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Soboleva O.V., Kalinina-Shamrai V.R.

The article deals with the comics as a phenomenon of literary and graphic art, namely as a type of creolized text. The mechanism of interaction of the verbal and non verbal elements has been examined. The study is focused on the importance of visual component and on the new concepts of the ninth art. The particular features of such texts are: simplicity of visual information’s perception, search of the new forms of language expressivity and of original graphic image creation

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Текст научной работы на тему «NEW SEMANTIC SENSE OF COMICS»

NEW SEMANTIC SENSE OF COMICS

Soboleva O.V.

candidate of linguistics, lecturer of the department of French philology Taras Shevchenko National University of Kyiv (Ukraine)

Kalinina-Shamrai V.R. candidate of linguistics, chargée de cours à la Chaire de la philologie française Taras Shevchenko National University of Kyiv (Ukraine)

NOUVEAUX SENS SEMANTIQUES DE LA BD

Soboleva O.V. candidat ès lettres, chargée de cours à la Chaire de la philologie française Université Nationale Taras Chevtchenko de Kiev (Ukraine)

Kalinina-Shamrai V.R. candidat ès lettres, chargée de cours à la Chaire de la philologie française Université Nationale Taras Chevtchenko de Kiev (Ukraine)

ABSTRSCT

The article deals with the comics as a phenomenon of literary and graphic art, namely as a type of creolized text. The mechanism of interaction of the verbal and non verbal elements has been examined. The study is focused on the importance of visual component and on the new concepts of the ninth art. The particular features of such texts are: simplicity of visual information's perception, search of the new forms of language expressivity and of original graphic image creation.

Kew words: vector, panel, drawing, speech balloon, page, creolized text.

Le monde actuel est devenu le porteur de la culture particulière qui a reçu la dénomination « visuelle ». Dans la transformation de l'information prennent part active les moyens visuels de la communication. Tout message écrit peut être associé avec une illustration. Cette dernière est aussi « communicante » et intervient pour modifier le message écrit. Nous sommes donc en présence d'un double contenu : verbal et iconographique et deux languages : propre et figuratif. C'est le cas de la bande dessinée. L'article en question analyse les bandes dessinées contemporaines en tant que les textes polycodés utilisant des éléments des systèmes sémiotiques différents et créant l'intéraction des éléments visuels et verbaux, ainsi que leurs composants et la diversification de leurs concepts.

L'actualité de la recherche est determinée par une tendance actuelle du développement du phénomène de la visualisation de la presse écrite ainsi que des bandes dessinées comme le 9e art.

L'objectif de l'article est de définir des possibilités suppplémentaires de l'effet pragmatique des bandes dessinées et leurs nouveaux sens sémantiques.

L'objet de la recherche sont les grandes écoles de cet art, les composantes principales des BD, leur concéptualisation.

La nouveauté scientifique est déterminée par le rôle croissant du phénomène de la créolisation qui renforce l'expressivité de la communication, rompt la structure linéaire du texte, rend le message hétérogène et facilite sa perception.

La Bande dessinée qui est appelée aussi le 9e art est actuellement très populaire dans le monde entier. L'expression 9e art a été créée en 1964 par Morris (pseudonyme de Maurice de Bévère, le créateur de Lucky Luke) et Pierre Vankee qui ont animé pendant trois ans au sein du Journal de Spirou une rubrique intitulée «Neuvième art». La BD trouve ses amateurs dans toutes les catégories d'âge. Cette «industrie» fonctionne avec susccès en France où on compte en 2011 plus de 16 millons de lecteurs.

Selon les résultats de l'enquête réalisée par Le département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) en collaboration avec la Bibliothèque publique d'information

(BPI) près d'une personne sur trois (32%): c'est la part des lecteurs actuels de bandes dessinées parmi la population de France métropolitaine âgée de 7 ans et plus. Dans le détail, il peut être observé que les 11-14 ans s'associent la plus forte proportion de lecteurs de BD: presque tous (90%) se déclarent lecteurs. Pouvant être qualifiée de pratique plus courante chez les jeunes, la lecture de bandes dessinées ressort également comme une pratique plus masculine que féminine. Ainsi, au sein de la population âgée de 11 ans et plus, la proportion d'hommes lecteurs se déclarant lecteurs actuels de BD atteint 38%, contre 21% chez les femmes. La lecture de bandes dessinées numériques paraît encore peu répandue chez les lecteurs de bandes dessinées : cela concerne en effet 14% d'entre eux. Toutes les catégories d'âge ne sont pas touchées de manière uniforme par cette pratique. À partir de 60 ans, elle est inexistante [1, 2].

La production éditoriale a bénéficié en France d'un essor sans précédent depuis les années 1990, le nombre de titres édités est en constante progression, tandis que les genres se diversifient. Aux traditionnels albums se sont ajoutés, au fil des ans les mangas, les romans graphiques, les comics etc. En 2011, avec plus de 4 800 nouveautés et nouvelles éditions, le nombre de titres de bandes dessinées publiés en France a augmenté de 5% par rapport à 2010, et plus que triplé depuis 2000 [1, 2]. Aujourd'hui, le neuvième art est même intégré aux dispositifs pédagogiques en France et fait part des listes d'œuvres sélectionnées pour l'école et le collège.

Le passage par le numérique modifie les conditions de lecture d'un médium appartenant jusque-là à l'environnement du livre. Écrans d'ordinateur, liseuses et tablettes permettent de conserver un principe traditionnel de planche ou au moins de strip. En revanche, le développement des smartphones a poussé à l'apparition d'applications où la lecture se fait case après case. Ce changement important rapproche en partie la lecture d'une bande dessinée numérique du visionnage d'un dessin animé. L'avenir de la lecture de bande dessinée numérique est étroitement lié aux habitudes de lecture qui s'imposeront dans les prochaines années : tandis que la lecture sur écran

d'ordinateur domine encore en France, pour une offre gratuite pléthorique, la lecture de bande dessinée sur liseuse est tout à fait répandue aux États-Unis. Quant aux Japonais, ils lisent depuis plusieurs années des mangas sur leur téléphone portable et ce marché du keitai manga est évalué à 350 millions d'euros par an. Jusqu'à une date très récente, les liseuses n'affichaient pas les couleurs. L'apparition de nouveaux modèles de liseuses et l'équipement en tablettes pourraient changer la situation [3].

Trois grandes écoles de la Bande dessinée sont connues dans le monde entier, voire l'Ecole franco-belge, dont les personnages classiques sont Tintin, Bécassine, Spirou; l'Ecole américaine qui est représentée par les super-héros et l'Ecole japonaise qui nous fait connaître les mangas et dont les personnages féminins sont souvent dotés de très grands yeux, de longs cheveux et de corpulence mannequin (Sailor Moon).

Chaque école se sert dans les BD de son propre code, d'un vecteur, c'est-à-dire d'un personnage lisse auquel on peut s'identifier. Ce vecteur est même applicable aux sexes différents des personnages.

Dernièrement au début des années 2000 une série des BD autobiographiques en noir et blanc de Marjane Satrapi est publiée. L'auteur y retrace les étapes marquantes qui ont rythmé sa vie, de son enfance à Téhéran pendant la révolution islamique à son entrée difficile dans la vie adulte en Europe [4]. Dans ces BD Marjane Satrapi crée son propre code unique qui n'a pas jusqu'ici été utilisé par d'autres écoles.

Les composantes principales de la BD c'est une vignette (appelée également une case) qui représente l'image ou le dessin délimité par un cadre et la bulle (aussi appelée un phylactère) de forme variable qui, dans une vignette, contient les paroles ou pensées des personnages reproduites au style direct. Une bande (aussi appelée un « strip ») nous fait suivre une succession horizontale de plusieurs images. Et une planche représente une page entière de la BD, composée de plusieurs bandes [5,6].

Les recherchers sur la nature du dessin, nous démontrent que celui-ci représente la première écriture des êtres humains et il sert depuis toujours de moyen de communication, de langue universelle, car pour comprendre le texte il est nécessaire de savoir lire et pour comprendre le dessin ce n'est pas obligatoire. Par conséquent, il est possible de dialoguer avec les dessins. Mais il existe aussi des inconvénients comme perte du temps. Et pour en éviter successivement les dessins se simplifient. Ainsi, l'écriture naît des dessins qui se sont transformés en codes.

Par exemple Aleph, la première lettre de l'alphabet arabe, aramaic et hébreu, signifie étymologiquement taureau ou bœuf. Son origine remonte à l'alphabet phénicien. La tête du taureau avec ses 2 cornes est bien visible dans le caractère phénicien. Cette lettre est apparentée à l'alpha (A, a) de l'alphabet grec, A

(A, a) de l'alphabet étrusque puis A de l'alphabet latin et A de l'alphabet cyrillique [7].

Il ne faut pas oublier que l'efficacité de la perception d'information suppose que le texte informatif doit être d'abord remarqué et ensuite perçu dans son integrité sémantique. Actuellement les textes contenant des éléments visuels accomplissent cette tâche d'une manière plus efficace que des publications verbales. C'est la visualisation qui fait le contenu du texte plus concret et plus affectif. Ce moyen est largement mis en pratique par les mass-média imprimés et également par le 9e art.

En comparant la culture du livre classique et celle de l'écran il est à noter que la première s'appuie sur le méchanisme classique de lecture, sur la perception de la forme écrite du texte, tout en cultivant le rationalisme, capacités d'analyse, de mentalité abstraite, de développement de l'attitude critique envers la réalité ; tandis que la culture de l'écran offre des images visuelles visant surtout à la perception émotionnelle, intuitive. Une image visuelle pleine d'émotions est rapidement et sans efforts captée par notre conscience. Ce processus n'est pas lié à la tension intellectuelle.

Tenant compte des définitions et des études scientifiques actuelles portant sur les textes créolisés [8-12], nous sommes d'avis que la BD représente un exemple du texte créolisé, c'est-à-dire le texte dont la facture se compose de deux parties inhomogènes : verbale (de la langue / de la parole) et non verbale appartenant à d'autres systèmes de signes [9]. Le texte créolisé est considéré actuellement comme le texte polycodé utilisant des éléments des systèmes sémiotiques différents.

En s'appuyant sur les œuvres en question des scientifiques contemporains il est possible de distinguer les fonctions universelles des textes créolisés, voire informatives, attractives, émotives et appréciatives.

Les résultats de l'analyse d'intéraction sémantique des éléments visuels et verbaux du texte créolisé nous révèlent l'existence des variations de ladite intéraction, voire doublage des sens des éléments visuels et verbaux ; complément du sens d'un élément du texte créolisé grâce à l'autre ; intéraction continue des éléments visuels et verbaux, au cas où il serait impossible d'en percevoir séparément ; collision des sens des éléments visuel et verbal [12]. Toutes ces variations sont propres aux BD. Ainsi, les points d'exclamation et d'iterrogation doublés et triplés dans la bulle servent à montrer une très haute tension émotionnelle de l'énoncé et état d'âme du personnage. Le point d'exclamation est utilisé en général pour transmettre la surprise, exaltation et le point d'interrogation réflète l'étonnement très souvent associé à la peur.

Les émotions des personnages des BD sont fréquemment doublées ou complétées par des pictogrammes, à savoir le

cœur pour réfléter l'état sentimental; les gouttes de sueur pour manifester des émotions fortes (soit positives, soit négatives);

Dans cet article nous étudierons de plus près l'œuvre de l'auteur de la bande dessinée et illustrateur français Émile Bravo et

en particulier sa conception de la BD.

Émile Bravo, se distingue des autres auteurs contemporains par un grand respect de la tradition et des canons de la bande dessinée d'aventure pour enfants. Il est un des rares représentants de ce genre qu'il contribue à faire revivre [13,14]. Ainsi, dans son album «Spirou le journal d'un ingénu» qui fait partie de la collection «Une aventure de Spirou et Fantasio par... » lancée en 2006 l'auteur donne la nouvelle vie au personnage classique

Spirou né en Belgique la fin des années 30 du XXe siècle. Émile Bravo place le texte narratif de forme rectangulaire d'après la tradition en haut et à gauche de la case en le coloriant en jaune et pour les dialogues il utilise en général la forme rectanguliare des bulles comme dans les BD réalistes de Tintin.

La première vignette fait partie de l'album de la BD classique «Tintin au pays de l'or noir» de Hergé [16, p. 17] et la deuxième de l'album «Une épatante aventure de Jules. Un départ précipite» d'Émile Bravo [20, p. 16].

Selon Emile Bravo la BD c'est le language avec des règles faciles à apprendre. L'auteur insiste sur le fait que le dessin qui représente un élément non verbal du texte créolisé n'a pas une grande valeur artistique dans la BD. Cela n'est pas nécessaire étant donné qu'il joue le rôle presque secondaire, il ne représente qu'un outil. Mais en meme temps le dessin c'est « le pouvoir » comme au Moyen Age les gens qui savaient écrire (voir dessiner) s'appellaient «les notables». Le principal dans la BD c'est l'histoire, c'est l'attitude, l'expression des personnages et les dialogues. Le dessinateur doit s'identifier à ses personnages, doit vivre leur histoire, les jouer, les faire faire crédibles aux yeux du lecteur. Il ne faut jamais caricaturer un personnage sinon il s'agit d'un grotesque. Le dessin ne doit pas être trop réaliste. Quelques éléments sont suffisants. Le reste c'est à imaginer par le lecteur. Il vaut mieux créer une bonne histoire intéressante accompagnée d'un «mauvais» dessin que raconter une histoire maladroite suivie d'un dessin parfait. «Le minimalisme laisse imaginer beaucoup de choses de la

psychologie des personnages. Il est plus important de faire fluide pour que la lecture soit bonne. Un dessin trop fouillé, ça peut être beau mais ça nuit à la lisibilité. C'est comme un texte en caractères gothiques ou un style ampoulé» [15].

Il existe une opinion que le contenu du 9e art n'est pas sérieux et ce genre n'est destiné qu'aux jeunes lecteurs et adoslescents. Emile Bravo dénonce ce point de vue. D'après lui la BD n'a pas été conçue pour un «ghetto», mais pour tout le monde. L'auteur fais des bandes dessinées pour les gens qui n'en lisent pas en général. Il pense que «la qualité première d'un album est d'être lisible par quelqu'un qui ne connaît pas la bande dessinée. Il faut donc s'adresser au plus grand nombre». Pour l'auteur, « la BD n'est pas un dessin plus un texte. Ces deux éléments visuel et verbal sont indissociables. Ils forment une écriture graphique qui devrait être accessible à tous, sans nécessiter une certaine maîtrise de codes spécifiques. [...] une case est comme le paragraphe d'un roman» [15].

Émile Bravo crée les BD pour les enfants qui intéressent aussi les adultes. Ainsi dans son œuvre il cherche à «créer une complicité entre les générations, en parlant aux enfants mais aussi au gamin qui sommeille dans chaque adulte» [15]. Dans ces albums [20-22] il fait savoir aux enfants des réalités de la

vie humaine, que ni parents, ni instituteurs ne leur apprennent, telles que la mort, la vieillesse, le clonage, l'anthropomorphisme, les problèmes existentiels, la théorie de relativité etc. :

«Voyons, les enfants, pour vous, qu'est-ce que c'est que la vie et qu'est-ce que c'est que la mort?»

«La vie c'est quand on existe, c'est là, maintenant et la mort, c'est...j'sais pas, le néant [...]. La vie c'est quand notre cœur bat et la mort, c'est quand il s'arrête» [20, p.18].

Le concept « la vie » est étroitement lié avec le concept « la mort » puisque la vie est le développement de tout ce qui est vivant dans le sens général de ce terme. Pour verbaliser ces deux concepts opposés « la vie » et « la mort » l'auteur a utilisé le procédé stylistique l'antithèse. Il a choisi deux verbes avec le sème différent « s'arreter » et « battre » aussi bien que les mots conceptuels « exister » et « le néant ». Grace à cette manière le concept « la mort » acquert le sens moins tragique en tenant compte du destinataire cible.

«Vous savez, bien sûr, que notre corps est constitué d'un conglomérat de cellules qui se régénerent constamment... [...]. A chaque seconde, des milliers de nos cellules se divisent pour remplacer celles qui meurent...[...]. L'ennui, c'est qu'elles ne peuvent se dédoubler, en moyenne, qu'une cinquantaine de fois. Après ça, c'est terminé et sans nouvelles cellules, le corps se dégrade peu à peu. C'est une des raisons de vieillissement» [20, p. 18].

«Figurez-vous, les enfants, qu'au fond de noyau si dissimule UNE BOMBE À RETARDEMENT [...] Car si nos cellules ne se divisent plus au bout d'une cinquantaine de fois, ce n'est pas par décrépitude mais parce qu'on leur donne l'ordre! «Ne te reproduis plus ! Suicide-toi ! [...] Je ne rentrerai pas dans les détails mais on sait, auourd'hui, ce qui déclenche la mise à feu de cette bombe : LABSENCE DE TÉLOMÈRES ! » [20, p. 18].

Dans le but de décrire verbalement le concept « la vieillesse » l'auteur s'adresse au language scientifique pour initier les enfants à la conceptualisation de la réalité. Au niveau graphique il recourt à la variation des caractères. Il utilise la majuscule, les italiques pour faire un accent emphatique aux passages déterminés de son histoire.

«Les télomères sont des segments de gènes situés en fin de chaque ADN... vous savez la longue double hélice d'acide désoxyribonucléique où se trouve tout notre patrimoine génétique... »

«Ma femme est folle... »

«A chaque division cellulaire, nous perdons un télomère. Quand il n'en reste plus c'est le signal de mort. Vous me suivez ? [... ] Je pense pouvoir désamorcer ce signal de manière à ce que la cellule se reproduise indéfiniment... »

«Et si les cellules se reproduisent indéfiniment, ça signifie ?»

«C'est simple! Ça signifie qu'on devient immortel...Je suis en passe de découvrir le secret de l'immortalité, voilà... » [20, p. 20].

«Quelle prétention, ces Terriens ! Imaginer asservir la vie à leur unique existence, alors que son rôle est, tout bonnement, de perpétuer l'espèce... C'est là que s'exerce la véritable immortalité».

« Oui ben, c'est quand même difficile quand on pense à notre propre mort... »

«Mais c'est pourtant clai, Jules ! Regardez nos cellules, elles meurent justement pour éviter la prolifération et nous

maintenir en vie afin d'assurer notre reproduction... Rendezvous compte, si personne ne mourait sur Terre ! Ce ne serait pas viable. L'humanité s'éteindrait en un instant... Morte de cancer»/

«Mais y a la mort... »

« Rôoh! Votre conscience ne doit pas servir à vous tourmenter mais à l'accepter» [20, p. 45].

Dans son album «Spirou le journal d'un ingénu» à travers l'histoire de ces personnages Spirou, Fantasio, Kassandra et l'écureuil Spip Émile Bravo nous fait les témoins des événements qui ont eu lieu en Belgique la veille de la Grande Guerre Mondiale. Dans ce contexte l'auteur aborde les notions globales de nationalité et d'identité :

«Mon père est allemand, ma mère est polonaise, juive de surcroît ! Je suis née à Dantzig, j'ai grandi en Ukraine et je vis en Belgique !».

«Mais...Mais tu es quoi, au juste ?»

«Moi ? Ben... Un être humain... »

« Oui mais, je veux dire : de quel pays ? Quelle nationalité ?»

«Je n'en sais rien...Je ne crois pas à l'identité nationale...Et toi ? Tu te sens belge ?»

«Bien sûr que je me sens belge... ».

«Ah? Et c'est quoi "être belge"? C'est boire de la bière ou du chocolat en lisant Tintin? Allons, soyons sérieux...»

«Mais tu ne peux pas dire ça! C'est un grand pays, la Belgique ! Comme la France !»

«Tu te fiches de moi? Il n'y a pas de grand pays qui tienne, et l'identité nationale c'est un truc artificiel ! Regarde ces Allemands d'aujourd'hui auxquels on fait croire qu'ils incarnent la trace supérieure, tu penses que demain, quand le nazisme aura disparu, ils seront fiers d'avoir adopté cette identité raciste et inhumaine? En inversement, tes Français avec leurs grandes idées humanistes qui, soi-disant, les caractérisent, eh bien, ils n'ont jamais été à l'abri du pouvoir autoritaire! Et chaque fois qu'il s'installe, cette belle identité disparaît! L'identité nationale, c'est toujours celle du pouvoir en place et c'est tout!»

«Et alors toi, c'est quoi ton pouvoir en place ? »

« Mon pouvoir ?... Mon pouvoir, il est IN-TER-NA-TIO-NAL!! [21, p. 33].

Au niveau graphique la diérèse porte la sémantique supplémentaire. Elle renforce une idée que l'identité nationale et le pouvoir se repandent au-delà des frontières belges. Ainsi, grace à tous ces procédés stylistiques et graphiques l'auteur jette les bases des notions globales de la vie humaine.

En expliquant toutes ces notions Émile Bravo ne veut en aucune manière traumatiser les enfants mais il tient à leur faire passer de petits messages éducatifs. L'auteur pense que «nous vivons dans un monde d'ados attardés, gouvernés par des gens qui ne s'affirment qu'à travers le pouvoir [...]. A travers ses albums, il cherche «à écraser l'ego des êtres humains, responsable de nos malheurs. Mieux vaut s'y prendre tôt !» [15].

Pour conclure, la BD représente un art littéraire et graphique. Depuis le XIXe siècle elle est considérée comme le Neuvième art. Celle dite « classique », composée d'une séquence de dessins avec des bulles ou phylactères qui enferment les textes. Les BD se lisent facilement et sont accessibles à tous les âges. Le plaisir fait par la lecture est le plaisir mélangé entre la dialectique du discours verbal et le discours iconique. L'essence de la BD réside dans l'espace qui existe entre deux cases, et qui demande un

travail de reconstruction au lecteur. Elle est également source de richesses iconographiques et textuelles sur la vie quotidienne et de thèmes imaginaires d'un moment donné. Elle est instrument de représentation totale du réel, comme un miroir social. La BD est donc vue comme un outil de communication : elle informe, enseigne, explique, séduit, dédramatise. Les messages de la BD sont visuels et linguistiques. C'est la raison pour laquelle nous pouvons la considérer comme un art total et vivant.

BIBLIOGRAPHIE

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2. Une nouvelle enquête sur la bande dessinée et ses lecteurs: http://www.culturecommunication.gouv.fr/ Ministere/Histoire-du-ministere/Ressources-documentaires/ Discours/Discours-de-ministres-depuis-1999/Frederic-Mitterrand-2009-2012/Articles-2009-2012/Une-nouvelle-enquete-sur-la-bande-dessinee-et-ses-lecteurs

3. Berthou B. Les metamorphoses de la lecture de Bande dessinée. Un défi pour la bibliothèque / B. Berthou // Bulletin des bibliothèques de France. N° 5, 2011: http://bbf.enssib.fr/ consulter/bbf-2011-05-0036-006

4. Persepolis (bande dessinée): https://fr.wikipedia.org/ wiki/Persepolis_(bande_dessin%C3%A9e)

5. Composition de la bande dessinée: http://www. composition-de-la-bande-dessinee.net/

6. Le coin des bulles. Le vocabulaire de la bande dessinée: http://lecoindesbulles.blogspot.com/2007/03/le-vocabulaire-de-la-bande-dessine.html

7. Aleph (lettre): https://fr.wikipedia.org/wiki/Aleph_ (lettre)

8. Бернацкая А. А. К проблеме «креолизации» текста: история и современное состояние / А. А. Бернацкая // Речевое общение: Специализированный вестник / Красно-яр. гос. ун-т; под редакцией А. П. Сковородникова. Вып. 3 (11). - Красноярск: Красноярский университет, 2000. - С. 104 - 110.

9. Сорокин Ю. А., Тарасов Е. Ф. Креолизованные тек-

сты и их коммуникативная функция / Ю. А. Сорокин, Е. Ф. Тарасов // Оптимизация речевого воздействия. - М.: Высшая школа, 1990. - С. 180 - 186.

10. Анисимова Е. Е. Лингвистика текста и межкультурная коммуникация (на материале креолизованных текстов): Учеб. пособие для студ. фак. иностр. яз. вузов. - М.: Издательский центр «Академия», 2003. - С. 8 - 15.

11. Чигаев Д. П. Способы креолизации современного рекламного текста: автореф. ... кандидата филологических наук: 10.02.01 / Чигаев Денис Петрович; Москва, 2010. - 24 с.

12. Корда О.А. Креолизованный текст в современных печатных СМИ : структурно-функциональные характеристики: автореф. кандидата филологических наук: 10.01.10 / Корда Ольга Анатольевна; Екатеринбург, 2013. - 24 с.

13. Émile Bravo: https://fr.wikipedia.org/ wiki/%C3%89mile_Bravo

14. Oscar en entretien avec Émile Bravo. Librarie Oscar Hibou :

http://oscar-hibou-librairie.blogspot.com/2009/01/prix-rtl-de-la-bd-prix-tam-tam.html

15. Le Saux L. BoDoï. Dans l'atelier d'Emile Bravo :

http://www.bodoi.info/dans-latelier-demile-bravo-2/

BANDES DESSINÉES

16. Hergé Tintin au pays de l'Or Noir / Hergé. - Tournai : Casterman, 1959. - 62 p.

17. Hergé Les aventures de Tintin. Le trésor de Rackham Le Rouge / Hergé. - Casterman, 1973. - 62 p.

18. Goscinny R. Uderzo A. Astérix gladiateur / R. Goscinny A. Uderzo. - P. : Hachette, 1999. - 48 p.

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19. Goscinny Une aventure dAsterix le Gaulois chez les Belges / Goscinny. - Dargaud, 1979. - 48 p.

20. Bravo É. Une épatante aventure de Jules. Un départ précipite / É. Bravo - Dargaud, 2015. - 56 p.

21. Bravo É. Spirou le journal d'un ingénu / É. Bravo. -Dupuis, 2011. - 69 p.

22. Regnaud J. Bravo É. Ma maman / J. Regnaud É. Bravo. -Gallimard, 2007. - 122 p.

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