Natalia Elaguina
MARIE STUART ET LES GUERRES DE RELIGION EN FRANCE D'APRÈS LES MANUSCRITS DES COLLECTIONS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE RUSSIE
Depuis le XIXe siècle, la collection Doubrowsky est connue par les historiens pour son importance et sa richesse en documents sur l'histoire de France1. Les autres pays de l'Europe y sont représentés par des documents beaucoup moins nombreux et beaucoup moins importants sur le plan historique. Pour la plupart, les manuscrits français sont des lettres, des requêtes et des rapports qui permettent d'envisager l'histoire de plusieurs autres États européens à travers leurs relations avec la France. L'ensemble de documents relatifs à Marie Stuart (1542-1587), reine de France et d'Ecosse, qui a vécu à l'époque des guerres de religion, en est un bon exemple.
En étudiant les inventaires et en consultant de visu les recueils des autographes de la collection Doubrowsky, il est possible d'y découvrir environ 150 documents compris entre 1559 et 1573 qui se rapportent à Marie Stuart. Les uns sont directement liés à la reine d'Ecosse, mais les autres, plus nombreux, ne font que mentionner Marie Stuart ou caractérisent la situation politique en Ecosse et en Angleterre. Tous les documents sont écrits en français. A côté des lettres originales et de quelques minutes, figurent des copies du XVIe siècle. Maints documents sont munis des notes ou d'annotations portées par les archivistes du XVIIe siècle, comme c'est souvent le cas sur les autographes français de la collection Doubrowsky, ce qui nous permet d'envisager comme probable leur provenance commune.
1 Sur la partie documentaire de la collection Doubrowsky, voir: Sborrdk documentov P. P. Du-brovskogo: Katabg [Collection of documents of P. P. Dubrovskiy: Catalogue] / Ed. by T. V. Luizova, P. Voronova. Leningrad, 1979 [Сборник документов коллекции П. П. Дубровского: Каталог / Отв. ред. Т. В. Луизова, Т. П. Воронова. Ленинград, 1979]. © Natalia Elaguina, 2016
La correspondance de Marie Stuart est la première de toute la documentation qui attire l'attention des historiens. Dans la collection Doubrowsky, elle est représentée par 24 documents: 20 lettres de la reine d'Ecosse (1559—1570)2, et 3 lettres adressées à elle par Sébastian, roi de Portugal (1560)3, et les lords Huntly (1569)4 et Seton (1570)5. Quatre des lettres de Marie Stuart ont été écrites alors qu'elle était reine de France (juillet 1559 - décembre 1560). Une d'entre elles est adressée à Lucrèce de Médicis, duchesse de Ferrare, et porte la date d' «octobre 1559»6. Trois autres, toutes sans date, ont pour destinataire Philippe II d'Espagne7. D'après leur contenu, on les date de 1560. Dans ces lettres Marie exprime sa reconnaissance à l'égard du roi d'Espagne pour lui avoir procuré les moyens de rétablir la paix en Ecosse et de traiter avec les Anglais. En réalité, le traité signé le 6 juillet à Edimbourg a imposé à la France la position du vaincu. Selon M. Duchein, «d'un trait de plume, c'étaient douze années de présence française dans le royaume du nord auxquelles mettait fin le traité»8.
Deux autres lettres se rapportent au séjour de Marie Stuart en Ecosse (août 1561 - mai 1568). Après la mort de François II, sa veuve s'est retirée dans son pays natal qu'elle avait quitté treize ans auparavant. Le 19 août 1561, Marie Stuart, «une étrangère» demi-française de naissance, catholique fidèle, a débarqué à Leith pour gouverner le royaume où le protestantisme avait été proclamé religion officielle. La beauté, la jeunesse, la dignité et son tact en matière religieuse lui ont permis de se concilier la sympathie et l'estime d'un grand nombre de ses sujets. La catastrophe a éclaté en 1567, avec l'assassinat d'Henri Darnley et le mariage préci-
2 Les lettres de Marie Stuart font partie de trois recueils: Recueil de lettres originales des Rois, Reines, Princes et Princesse d'Angleterre et d'Ecosse (BNR. F. 971. Aut. 12); Pièces et lettres originales des Rois, Reines et Enfants de France (BNR. F. 971. Aut. 34/1-2); Dépêches originales de La Mothe Fénélon, ambassadeur de France à Londres (BNR. F. 971. Aut. 90/1-2). Une des lettres de la reine d'Ecosse est représentée par deux copies du XVIe s.
3 BNR. F. 971. «Recueil de lettres originales des Rois, Reines, Princes et Princesses de Portugal». Aut. 69. N. 13. 31 mai 1560. Signé par la reine Catharina.
4 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 39 (f. lv-2). 23 avril 1569. Copie du XVIe s.
5 BNR. F. 971. Aut. 90/2. N. 4. 9 mars 1570. Copie du XVIe s.
6 BNR. F. 971. Aut. 34/2. N. 29. Octobre 1559. Signature-autographe.
7 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 30; Aut. 34/2. N. 30-31. Sans date. Signatures-autographes.
8 Duchein, M. Marie Stuart: La femme et le mythe. Paris, 1987. P. 79.
pité avec Bothwell. Poursuivie par des lords rebelles, incarcérée dans le château de Lochleven, accusée d'adultère et de meurtre, Marie Stuart a alors été contrainte de signer l'acte d'abdication en faveur de son fils Jacques (26 juillet 1567). La première des deux lettres de cette période conservées à Saint-Pétersbourg est datée de Jedburgh le 16 octobre 1566. En s'adressant à Charles IX, Marie le remercie de l'intérêt qu'il prend à ses affaires et l'assure de son entier dévouement. La date que porte la lettre figure dans toutes les grandes biographies de la reine d'Ecosse9. Ce jour elle a visité Bothwell, gravement blessé, dans le château de l'Her-mitage, propriété de sa famille. De retour à Jedbourg Marie est tombée malade. Jour après jour, ses souffrances sojt devenues de plus en plus violentes. En sentant sa vie en danger, la reine a fait venir des Lords dans sa chambre pour leur exprimer sa dernière volonté. En réaffirmant sa fidélité à la foi catholique et en leur rappelant qu'elle n'empêcherait jamais à personne de professer la religion selon sa conscience, elle les a priés de maintenir la paix dans le pays et a recommandé son fils au roi de France et à la reine-mère10.
La deuxième lettre est adressée à Catherine de Médicis. Selon la date indiquée par un archiviste, elle a été écrite à Lochleven le 1er mai 156811. La captive y supplie le roi et la reine-mère d'envoyer des forces en Ecosse pour la secourir et la tirer de prison, et les assure que dans ce cas toute l'Ecosse se révoltera contre les Lords rebelles. Au cours de sa détention dans le château de Lochleven, Marie Stuart a été soumise à une surveillance rigoureuse. Les visites et la correspondance lui ont été interdites. Pourtant, au printemps 1568, la prisonnière a trouvé le moyen de faire passer quelques lettres en France dont une fait actuellement partie de la collection Doubrowsky. Si l'archiviste a bien lu la date, la lettre a été écrite à la veille de son évasion heureuse de la prison qui a eu lieu le 2 mai12.
9 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 28. Autographe.
10 Duchein, M. Marie Stuart. P. 228-230. Voir aussi: Fraser, A. Marie Stuart reine de France et d'Ecosse. Paris, 1969. P. 281-283. M. Duchein propose comme date de la visite de Marie Stuart à l'Hermitage le 15 octobre 1566. Pourtant dans la lettre conservée à Saint-Pétersbourg il n'y a pas un mot sur la maladie de la reine.
11 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 31. Autographe. Les dernières lignes de la lettre contenant la date sont illisibles.
12 Fraser, A. Marie Stuart reine de France. P. 361. M. Duchein indique comme date de l'évasion de Marie Stuart de Lochleven le 5 mai (Duchein, M. Marie Stuart: La femme et le mythe. Paris, 1987. P. 348).
Michel Duchein, historien français, remarque dans sa biographie de Marie Stuart que l'emprisonnement de la reine d'Ecosse a eu un retentissement en Europe. Elisabeth d'Angleterre «tenait ferme sur le principe de la libération de sa cousine», tandis que l'attitude de la France «était à peine ambiguë». Charles IX aurait bien voulu porter secours à son exbelle-sœur, mais Catherine de Médicis était préoccupée par une nouvelle guerre entre catholiques et protestants prête à éclater à tout moment. Les démarches diplomatiques que la France avait entreprises pour la libération de Marie Stuart ont été modérées et n'ont pas donné de résultat13. En 1568, à l'époque de son évasion de Lochleven, la situation politique en Europe et en France était encore plus tendue et exigeait beaucoup de prudence dans les manœuvres. C'est ce dont témoignent deux lettres de Charles IX des 21 et 22 mai adressées à ses ambassadeurs aux Pays-Bas et en Ecosse14. En exprimant la satisfaction de ce que Marie a retrouvé sa liberté, il les prie de lui faire savoir, et le plus vite possible, quelle a été la réaction à son évasion dans ces pays. En même temps, il écrit au régent d'Ecosse Jacques Stuart, comte de Moray, demi-frère de Marie Stuart et un de ses persécuteurs les plus cruels, l'assurant que la France restera toujours fidèle à l'alliance et à l'amitié qui depuis des siècles constituent le fondement des relations entre les deux pays15.
Les 14 autres lettres de Marie Stuart ont été écrites en Angleterre (dans les châteaux Carlisle, Tutbury, Wingfield) et se rapportent à la période entre le 27 mai 1568 et le 30 avril 1570. Deux lettres sont adressées à Elisabeth d'Angleterre, deux à Charles IX, trois à Catherine de Médicis et sept à l'ambassadeur de France à Londres Bertrand de Salignac, marquis de La Mothe-Fénelon. Deux semaines après son évasion de Lochleven, et trois jours après la défaite de son armée à Langside, Marie Stuart pose le pied sur la terre anglaise pour y trouver le refuge sous les auspices de sa «bonne sœur et entière ami» la reine d'Angleterre. Très vite elle commence à se rendre compte du fait qu'elle reste toujours prisonnière, comme elle l'était en Ecosse. Les lettres conservées à Saint-Pétersbourg permettent de comprendre toute la douleur, le désespoir et l'indignation de Marie Stuart. Elle se plaint à Elisabeth de ce qu'on l'empêche de se rendre auprès de sa cousine pour se justifier de la complicité dans
13 Duchein, M. Marie Stuart. P. 325-326.
14 BNR. F. 971. Aut. 34/2. N. 52-54. 21-22 mai 1568. Minutes.
15 BNR. F. 971. Aut. 34/2. N. 55. Mai 1568. Minute.
le meurtre de Darnley dont on l'accuse. Elle exprime son désir de quitter l'Angleterre pour aller en France ou retourner en Ecosse, et dit qu'elle a décidé de faire appel aux princes étrangers si sa juste demande lui est refusée16. Elle insiste sur son droit de communiquer avec les Lords qui lui restent fidèles et se déclare prête à tous les sacrifices qui ne blessent pas son honneur, mais assure qu'elle ne consentira jamais à se démettre de sa couronne17.
Au même moment, Marie Stuart écrit au roi de France et à la reine-mère, les priant de lui porter secours afin d'obtenir sa libération18. La même demande se retrouve formulée dans les requêtes des nobles d'Ecosse envoyées en France19. Mais au seuil d'une nouvelle guerre de religion qui peut éclater d'un jour à l'autre, les souverains, tout français en exprimant leur bienveillance envers la captive, ne font que la bercer de vaines promesses. Les lettres que la prisonnière a adressées à La Mothe-Fénelon, ambassadeur de France à Londres, sont plus riches en information. Diplomate de haut rang et de grand talent, Bertrand de La Mothe-Fénelon a été nommé à ce poste en novembre 1568. Avec lui, la diplomatie française en Angleterre est devenue plus active et plus efficace20. En dépit de la surveillance à laquelle la reine d'Ecosse a été soumise, La Mothe-Fénelon a trouvé le moyen de correspondre avec elle en chiffres. Au printemps 1569, alors que Marie attendait avec impatience des nouvelles de France qu'elle recevait régulièrement de l'ambassadeur, la victoire de l'armée royale à Jarnac lui a donné l'espoir que Charles IX pourrait pacifier l'Ecosse en y envoyant des secours21. Les succès des catholiques français ont aussi poussé Elisabeth à chercher un compromis dans l'affaire de Marie Stuart, ce que celle-ci
16 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 33. 5 juillet 1568. Carlisle. Copie du XVIe s. Sur cette lettre voir: Fraser, A. Marie Stuart reine de France. P. 381. Dans la collection Dou-browsky il y a encore une copie de cette lettre à Elisabethe d'Angleterre, à la fln de laquelle on voit la note: "Je vous prie de monstrer cette coppie à l'ambassadeur d'Espaigne» (Aut. 90/2. N. 46).
17 BNR. F. 971. Aut. 90/2. N. 44. 10 février 1569. Tutbury. Copie du XVIe s.
18 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 29, 32. 27 mai - 26 juin 1568. Carlisle. Autographes.
19 BNR. F. 971. «Recueil de lettres originales des hommes illustres d'Angleterre». Aut. 72. N. 5 et 6. 24 août 1568. Dumbarton. Signatures-autographes.
20 Duchein, M. Marie Stuart. P. 390.
21 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 28, 36, 39 et 40. 15 mars - 7 mai 1569. Tutbury et Win-gfleld. Copies du XVIe s.
a bien compris. Le 9 avril, elle révèle ainsi à La Mothe-Fénelon qu'elle espère de se rétablir sur le trône d'Ecosse si les déclarations faites par Elisabeth à l'ambassadeur sont vraiment sincères22. Pourtant ses espoirs sont demeurés vains. L'assemblée des Lords réunie à Perth a repoussé les propositions d'accommodement envoyées par la reine d'Angleterre et les relations entre les deux reines se sont refroidies sensiblement en automne 1569, quand Elisabeth a appris le projet de mariage entre Marie Stuart et le duc de Norfolk, premier pair d'Angleterre. Norfolk a alors été arrêté et les gardiens de Marie ont reçu l'ordre de la transférer de nouveau à Tutbury sous la surveillance de ses grands ennemis, les lords Huntingdon et Hertford. Pleine d'angoisse, la reine d'Ecosse a alors écrit à La Mothe-Fénelon, lui révélant ses vives craintes que sa vie soit en danger23.
Un événement lourd de conséquences a eu lieu au début de 1570. Le 11 janvier, le comte de Moray, régent d'Ecosse, a été assassiné. En avril, pour réduire à l'impuissance le parti marianiste, Elisabeth a envoyé en Ecosse une petite armée commandée par le comte de Sussex. L'expédition a été rapide et sauvage: «cinquante châteaux et trois cents villages détruits, toute la région de Glasgow dévastée, le château de Linlithgow pillé, celui de Hamilton incendié»24. Sussex est rentré triomphalement en Angleterre au bout de trois semaines. Le 30 avril Marie Stuart, désespérée, écrit trois lettres adressées à Charles IX, à Catherine de Médicis et à La Mothe-Fénelon. Elle prie celui-ci de faire parvenir ses lettres sûrement et sans moindre retard, et d'exposer de son côté aux souverains français, sans aucun ménagement, l'état des affaires d'Ecosse25. En s'adressant au roi et à la reine-mère, Marie insiste sur la nécessité pressante d'envoyer des forces armées en Ecosse si on ne veut pas que ce royaume soit entièrement perdu et pour elle et pour la France. Dans le cas où la situation en France ne permettrait pas d'envoyer des secours
22 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 36. 9 avril 1569. Tutbury. Copie du XVIe s.
23 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 42a. 25 septembre 1569. WingBeld. Copie du XVIe s. Voir: Fraser, A. Marie Stuart reine de France. P. 426.
24 Duchein, M. Marie Stuart. P. 403. Cf. deux relations de 1 état des affaires en Ecosse au début du mois de mai 1570 faisant partie de la collection Doubrowsky (Aut. 90/2. N. 25 et 30).
25 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 35. 30 avril 1570. Tutbury. Signature-autographe.
promis depuis un an, elle supplie Catherine de Médicis de solliciter en sa faveur l'appui des princes étrangers26.
La troisième guerre de religion continuait encore, quand la France, face à l'irruption anglaise en Ecosse, y a envoyé un petit détachement armé, sous la conduite du sieur de Vérac, qui n'a rien changé à l'état des affaires27. Au printemps 1571 se produit la chute du château de Dumbar-ton, l'avant dernière des places fortes tenues par les marianistes et en avril-mai de la même année est découverte la conspiration de Ridolphi, visant à l'intervention de corps expéditionnaire espagnols en Angleterre et en Ecosse, à la libération de Marie Stuart et à son mariage avec Norfolk. L'instruction a mis en évidence la complicité de la reine d'Ecosse dans le complot et le Parlement réuni en mai 1572 a prononcé une condamnation pour haute trahison contre elle. C'est Elisabeth qui a retenu le bras du Parlement et a sauvé la vie à «sa bonne sœur et cousine». Le massacre des huguenots en France le 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, n'a fait qu'accroître l'impopularité de Marie Stuart en Angleterre. Au mois de mai 1573, Edimbourg est tombé. Le secours étranger aurait pu sauver le château, mais la tempête a dispersé au large de Scarborough une flotte française armée à la hâte. «Le règne de la reine Marie était bien terminé. Un long crépuscule commençait pour elle», écrit M. Duchein28.
Dans la même collection Doubrowsky, on trouve aussi plusieurs documents officiels relatifs à Marie Stuart datés des années 1568-1573. Outre les requêtes des nobles d'Ecosse en faveur de leur reine (1568), citées ci-dessus, on recense un mémoire de Philippe II «touchant les affaires de la reine d'Ecosse» (1569)29, un mémoire de La Mothe-Fénelon «sur l'emprisonnement de plusieurs principaux seigneurs d'Angleterre, et retraite d'autres en Ecosse pour le fait de la religion, et affection à la reine d'Ecosse» (1569)30 ainsi que ses rapports contenant des nouvelles d'Ecosse et d'Angleterre (1570)31. Parmi les papiers en question on relève aussi quelques instructions de La Mothe-Fénelon à ses correspondants en France, dans lesquelles il s'agit de ce que «outre
26 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 34 m 36. 30 avril 1570. Tutbury. Autographes.
27 Duchein, M. Marie Stuart. P. 403-404.
28 Duchein, M. Marie Stuart. P. 432.
29 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 25. 4 mars 1569. Copie du XVIe s.
30 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 29. [1569]. Copie du XVIe s.
31 BNR. F. 971. Aut. 90/2. N. 25 et 30. 1-4 mai 1570. Copies du XVIe s.
le contenu des dépêches, ils auront à dire à leurs majestés» (1569—1573)32. Il est à noter que, dans les 10 lettres d'Elisabeth d'Angleterre adressées à Charles IX et à Catherine de Médicis (1567-1569) qui se trouvent à Saint-Pétersbourg, il n'y a qu'une mention de «sa pauvre cousine la reine d'Ecosse»33. En revanche, Marie Stuart est mentionnée dans de nombreux documents de la correspondance diplomatique. On dénombre ainsi environ 110 lettres des ambassadeurs de France en Angleterre et en Ecosse à leurs souverains, ainsi que quelques réponses à ces messages34.
La correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon, y compris les documents se rapportant à Marie Stuart, a été publiée à Paris en 184035. Un peu plus tard a paru une édition des lettres de la reine d'Ecosse (en 7 vol.), publiées par le prince Alexandre Lobanov-Rostovsky (1788-1866)36. Selon un historien français J. Hovyn de Tranchère, «de tous les amoureux posthumes de Marie Stuart, il n'en est pas qui ait poussé plus loin le culte de sa mémoire que le prince Alexandre Labanoff»37. A la recherche des lettres de la reine d'Ecosse, il a parcouru toute l'Europe en visitant les bibliothèques, les archives, les collectionneurs. Au cours de ces voyages il a rassemblé sa propre collection des portraits, des manuscrits et des livres rares relatifs à la reine38. Dans l'édition des lettres de Marie Stuart, on découvre les documents acquis par A. Loba-nov, aussi bien que ceux de la collection Doubrovsky. Les 3 premiers volumes de l'édition contiennent la publication de 13 lettres de la reine d'Ecosse avec les références aux manuscrits de la Bibliothèque Impériale de Saint-Pétersbourg. Quatre lettres de la reine Marie qui figurent dans
32 BNR. F. 971. Aut. 90/1. N. 17, 46, 60 et 61. 17 janvier 1569 - 21 janvier 1570 ; Aut. 90/2. N. 23, 24 et 50. Avril 1570 - 17 juin 1573. [Londres]. Copies du XVIe s.
33 BNR. F. 971. Aut. 12. N. 3.16 octobre 1567. Hampton Court. Signature-autographe.
34 BNR. F. 971. Aut. 90/1-2 (139 documents).
35 Correspondance diplomatique de Bertrand de Salignac de La Mothe, ambassadeur de France en Angleterre de 1568 à 1575 / Éd. A. Teulet. Paris/Londres, 1838-1840.
36 Lettres, instructions et mémoires de Marie Stuart, Reine d'Ecosse, publiés sur les originaux et les manuscrits du State Papier Office de Londres et des principales archives et bibliothèques de l'Europe / Éd. A. Lobanoff. Londres, 1844.
37 Les Dessous de l'histoire: Curiosités judiciaires, administratives, politiques et littéraires, recueillies et annotées. Paris; Bordeaux, 1886. T. 1. P. 17.
38 Voir: Lobanoff, A. Notice sur la collection des portraits de Marie Stuart appartenant au prince Alexandre Labanoff, précédée d'un résumé chronologique. Saint-Péters-bourg, 1856.
la collection Dubrowsky sont reproduites par A. Lobanov d'après les copies des «Archives du royaume à Paris»39. L'auteur de la publication n'a touefois pas pris en considération 3 lettres de la collection de la Bibliothèque Impériale : une lettre à Lucrèce de Médicis et 2 lettres à Philippe II40. En même temps, le prince Lobanov a attiré l'attention du public sur un manuscrit du Moyen Âge conservé à Saint-Pétersbourg. C'est un livre d'heures de la collection Dubrowsky qui est connu actuellement comme «Heures dites de Marie Stuart»41.
Le livre d'heures dit de Marie Stuart a été exécuté en France. Le manuscrit sur parchemin contient 22 miniatures. Tous les feuillets du livre sont ornés d'une riche bordure végétale rehaussée d'or. Les illustrations et le type d'ornementation des marges se rattachent au style du Maître du duc de Bedford, artiste de réputation qui dirigeait un atelier florissant à Paris dans les années 1430 et qui avait beaucoup d'imitateurs. La décoration permet de dater le manuscrit du XVe siècle. On ignore qui fut le destinataire de ce livre d'heures. Sur une miniature, on voit une dame portant un voile noir, à genoux devant la Vierge. Il s'agit probablement du portrait de la personne pour laquelle le livre a été commandé. Les blasons situés dans les bordures ont été soigneusement effacés et il n'y a pas de notes du XVe siècle42. Pourtant plusieurs feuillets du manuscrit portent des annotations faites d'une main du siècle suivant. Au bas des folios 12v-13 on peut lire cette note du possesseur: «Ce livre
39 Lettres, instructions et mémoires. T. 1. P. 77, 372-373; T. 2. P. 59-70, 78-79, 125-127, 130-134, 298-302, 302-303, 310-311, 316-318, 321-323, 337-338, 340-341, 378-379; T. 3. P. 37-39, 40-42, 42-44.
40 BNR. F. 971. Aut. 34/2. N. 29; 30 et 31. Une des lettres à Philippe II que Lobanov a passée inaperçue, est publiée dans le livre: La Ferrière, H. de Deux années de mission à Saint-Pétersbourg. Paris, 1867. P. 16.
41 BNR. F. 955. Lat.Q.v.1.112.
42 Pour les «Heures dites de Marie Stuart», voir les catalogues: Laborde, A. de Les principaux manuscrits à peintures conservés dans l'ancienne Bibliothèque Impériale publique de Saint-Pétersbourg. Paris, 1936. Part. 1. P. 63-66; Les manuscrits enluminés occidentaux du VIIIe au XVIe siècle à la Bibliothèque nationale de Russie de Saint-Pétersbourg / Éd. A. Sterligov, T. P. Voronova. Bournemouth; Saint-Pétersbourg, 1996. P. 120-123. Voir aussi: Voronova T. P. Chasovnik Marii Stuart [The Book of Hours of Mary Stuart], in: Istoria v rukopisjah г rukopisi v istoriiu / Ed. by G. P. Enin. Sankt-Peterburg: RNB, 2006. S. 95-100 [Воронова, T. П. Часовник Марии Стюарт, В кн.: История в рукописях и рукописи в истории / Отв. ред. Г. П. Енин. Санкт-Петербург: РНБ, 2006. С. 95-100].
est à moi. Marie Reyne. 1554». En confrontant l'écriture des annotations avec celle des lettres de Marie Stuart, on vient à cette conclusion: les annotations et les lettres sont écrites de la même main.
Les notes de Marie Stuart couvrent les marges et une page blanche du manuscrit. Ce sont quelques signatures de la reine, des courtes notes pro memoria, des quatrains tracés de sa main. Des vers pénétrés d'une profonde tristesse semblent être écrits aux temps de sa longue captivité. La date «1579» qui accompagne une des signatures de la reine prouve que le livre d'heures était vraiment «le compagnon de ses infortunes». Dans VInventaire des bijoux, de l'argenterie et d'autres menus objets appartenant à Marie Stuart dressé à Chartley, le 13 juillet 1586, on trouve la note suivante : «Heures en parchemin, escripts à la main». Selon le prince Lobanov, cette mention correspond au livre d'heures de Saint-Péters-bourg43. Si son avis est juste, le manuscrit apporté par Doubrowsky en Russie est resté avec Marie Stuart pendant presque toute sa vie, témoignant sa fidélité à la foi catholique.
Dans le dernier volume de l'édition des lettres de la reine d'Ecosse, le prince Lobanov a publié une brève notice du manuscrit et toutes les annotations qu'il porte44. C'est cette publication, peut-être, qui a donné naissance à une légende suivant laquelle le 8 février 1587, en montant sur 1 echafaud, Marie Stuart avait tenu dans ses mains le livre d'heures actuellement conservé à Saint-Pétersbourg. Cette légende avait des raisons pour paraître. Parfois dans les relations du supplice de la reine, on trouve une mention d'un livre de prières dont elle ne se séparait pas. Une des relations dans lesquelles ce détail est relevé occupe quelques pages d'un ouvrage de Hovyn de Tranchère qui a édité plusieurs manuscrits relatifs à l'histoire de Marie Stuart qu'il avait transcrits à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg45. A côté des sources narratives, il y a encore des sources graphiques. Une gravure hollandaise du XVIIe siècle représente la scène de l'exécution de la reine d'Ecosse au château de Fotheringay. Au premier plan, au bord de l'échafaud, un artiste inconnu a mis la robe
43 Lettres, instructions et mémoires. T. 7. P. 245.
44 Lettres, instructions et mémoires. P. 346-352.
45 «La manière de l'exécution de la Royne d'Escosse, faicte le VIIIe de febvrier 1587, en la grande sale du chasteau de Fotheringay» dans Les Dessous de l'histoire. P. 146.
de la reine soigneusement pliée, avec un livre posé dessus46. Ainsi, il est très possible que dans les derniers moments de sa vie Marie Stuart ait tenu dans ses mains un livre de prières. Mais de nos jours rien ne prouve qu'il s'agissait du livre d'heures de Saint-Pétersbourg47.
En 1919 la Bibliothèque nationale de Russie a acquis la grande collection d'autographes de Platon Waxel. Un des documents les plus précieux de la collection est une lettre de Marie Stuart48. La lettre sans date, adressée au duc de Guise, est écrite entièrement de la main de la reine d'Ecosse. L'authenticité de l'autographe est certifiée par A. Teulet sur la copie faite par lui le 6 novembre 1846, et sa signature est légalisée par le maire du 9e arrondissement de Paris. Le prince Lobanov a reproduit cette lettre dans son édition d'après une copie du Musée Britannique en indiquant comme date le 24 novembre 158649. Probablement que la copie qu'il a utilisée avait été datée. Excepté le livre d'heures, la lettre au duc de Guise est le seul document qui se rapporte à la dernière période de la vie de Marie Stuart et le seul qui appartient à une autre collection que celle de Dubrowsky.
Le contexte de redaction de cette lettre est bien connu. Au mois d'août 1586, est annoncée officiellement la découverte du complot de Babington ayant pour but la libération de Marie Stuart et l'assassinat d'Elisabeth d'Angleterre. La lettre de la reine d'Ecosse à Babington du 17 juillet et les aveux des conspirateurs lors du procès ont servi de preuves de sa complicité dans l'assassinat projeté. Accusée d'avoir conspiré contre la vie de la reine d'Angleterre et contre la sécurité du royaume, Marie Stuart a comparu devant la commission judiciaire réunie à Fotheringay, dont le verdict a été «coupable». Cette sentence, confirmée quelques jours plus tard par le Parlement, équivalait à la condamnation à mort. Le 22 novembre, le verdict de condamnation a été notifié à la prisonnière.
46 Cette gravure est reproduite dans le livre: Guy, J. «My Heart is My Own». The Life of Mary Queen of Scots. London, 2009. Plate 3.
47 II existe quelques livres d'heures dont on dit qu'ils ont appartenus à Marie Stuart. Un de ces livres d'heures est conservé à présent au château d'Arundel, propriété de l'actuel duc de Norfolk, voir: Duchein, M. Marie Stuart. P. 514. Selon John Guy, il est très vraisemblable que le livre d'heures que la reine d'Ecosse tenait en montant sur 1 echafaud, soit un manuscrit qui se trouve actuellement aux États Unis (Henry E. Huntington Library, San Marino, California. MS 1200), voir: Guy, J. My Heart is My Own. P. 545.
48 BNR. F. 965. N. 1763.
49 Lettres, instructions et mémoires. T. 6. P. 461-464.
C'est alors qu'elle a écrit au duc Henri de Guise : «Mon bon cousin, celuy que j'ay le plus cher au monde, je vous dis adieu estant preste par injuste jugement d'estre mise à mort ... j'estois inutile au monde en la cause de Dieu et de son Église, estant en l'estat où j'estois: et espère que ma mort témoignera ma constance en la foy et promptitude de mourir pour le maintient et restauration de l'Église catholique en cette infortunée isle»50.
Vers la fin des années 1570 les sentiments de l'Europe catholique à l'égard de la reine d'Écosse ont subi de grands changements. Personne ne songeait plus à la mort de Darnley, ni au scadaleux mariage de Bothwell. Marie Stuart «n'était plus que la princesse captive, la victime de la perfidie hérétique, l'héroïne de la foi»51. Le dernier supplice de la reine d'Écosse, exécutée sur l'ordre de la reine d'Angleterre, était en pleine conformité avec cette image.
Le relevé des documents da la collection Doubrowsky relatifs à l'histoire de Marie Stuart démontre les grandes espérances que la reine d'Écosse plaçait dans le royaume de France, afin de lui apporter secours et soutien, et comment peu à peu elle a dû renoncer à ses illusions. Dévastée par les guerres de religion, la France a beaucoup perdu de son influence en Europe. Ses forces armées étaient engagées dans des conflits intérieurs, ses finances se trouvaient en désordre et ses efforts sur le terrain diplomatique ne produisaient souvent pas leurs effets. Enfin, la situation politique sur la scène européenne rendait nécessaire l'entretien de relations diplomatiques avec l'Angleterre et l'Écosse. Une rupture ouverte était donc impossible. Dans ces conditions le rôle de laFrance dans le destin de Marie Stuart ne pouvait être autre que modeste. Sa position restait toujours attentiste, et sa réaction modérée. Pourtant c'est en France que la reine d'Écosse devait envoyer sa dernière lettre et ses dernières prières. Le 8 février, quelques heures avant de monter sur 1 echafaud, elle s'adressa à Henri III, le suppliant de récompenser ses serviteurs désolés et de faire «prier Dieu pour une Royne qui a été nommée Très Chrestienne et meurt catholique dénuée de tous ses biens»52.
50 Lettres, instructions et mémoires. T. 6. P. 461-464. Les mêmes jours Marie Stuart a écrit des lettres d'adieu au pape Grégoire XIII, et à l'ambassadeur d'Espagne Bernardino de Mendoza. Voir: Lettres, instructions et mémoires. T. 6. P. 456; 477.
51 Duchein, M. Marie Stuart. P. 449. Voir aussi: Fraser, A. Marie Stuart reine de France. P. 492.
52 Lettres, instructions et mémoires. T. 6. P. 491.
Information on the article / Информация о статье
Elaguina, N. Marie Stuart et les guerres de religion en France d'après les manuscrits des collections de la Bibliothèque nationale de Russie, in: Proslogion: Studies in Medieval and Early Modem Social History and Culture. 2106. Vol. 1(13). P. 44-58.
Наталья Алексеевна Елагина
Российская Национальная Библиотека, руководитель западной секции отдела рукописей (191069, Россия, Санкт-Петербург, Садовая ул., д. 18)
elaginagmlr.ru
УДК 94 (44)
Мария Стюарт и Религиозные войны во Франции по материалам рукописных коллекций Российской Национальной библиотеки
Одним из важных комплексов документов коллекции П. П. Дубровского, является корреспонденция и Молитвослов XV в., связанные с именем Марии Стюарт, королевы Шотландии и Франции. Археографическим аспектам изучения этих рукописей посвящена настоящая статья.
Автор дает характеристику 150 документов, одни из которых имеют непосредственное отношение к Марии Стюарт, а другие содержат краткие упоминания о ней за период 1559-1573 гг. Наряду с оригинальными документами, редкими черновиками, здесь присутствуют также копии XVI в. с современными или более поздними архивными пометами. В центре внимания автора — «Часовник Марии Стюарт», который был изготовлен во Франции анонимным художником, работавшим в Париже в 1420-1430-х гг. и имевшим многочисленных подражателей. В тексте имеются пометки, сделанные рукой Марии Стюарт, что позволяет рассматривать молитвенник не только как прекрасный образец средневекового книжного искусства, но и как интересный архивный документ.
Ключевые слова: Франция, Шотландия, XVI век, политическая корреспонденция, Мария Стюарт, религиозные войны, Елизавета Тюдор, коллекция П. П. Дубровского.
Natalia Elaguina
National Library of Russia (191069, Россия, Санкт-Петербург, Садовая ул., д. 18)
elaginagmlr.ru
Mary Stuart and the Wars of religion in France on materials of the manuscripts collections of the National Library of Russia
The important part of documents in the collection of Peter Dubrovsky is correspondence and Book of hours of the 16thcentury of Mary Stuart, Queen
of Scotland and France. Archaeographical aspects of these manuscripts are studied in the article.
The author makes characteristic of about 150 documents, some of which are directly related to Mary Stuart, and others contain brief mentions about her, from the period 1559-1573. Along with original documents and unique drafts, there are also copies of the 16th century with a contemporary or later archive notes. The author concentrates attention on the Book of hours of Mary Stuart, which was made in France by an anonymous artist who worked in Paris in 1420-1430 and had many imitators. There handwritten notes by Mary Queen of Scots that give reason to consider the prayer book not only as a fine example of medieval book art, but also as an interesting archival document.
Key words: History of France, History of Scotland, the 16th century, political correspondence, Mary Stuart, Religious wars, Elisabeth Tudor, collection of Dubrovsky manuscripts.
Список источников и литературы / References
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Voronova Т. P. Chasovnik Marii Stuart in: Istoria v rukopisjah г rukopisi v istorii [The Book of Hours of Mary Stuart] / Ed. by G. P. Enin. Sankt-Peterburg: RNB, 2006. S. 95-100 [Original title: Воронова, Т. П. Часовник Марии Стюарт, в кн.: История в рукописях и рукописи в истории / Отв. ред. Г. П. Енин. Санкт-Петербург: РНБ, 2006. С. 95-100].
Archival materials
La Bibliothèque nationale de Russie (BNR, Российская национальная библиотека)
F. 971. Aut. 90/1. N. 17, 25, 28-29, 36, 39, 40, 42a, 46, 60-61.
F. 971. Aut. 90/2. N. 4, 23-25, 30, 44-45, 50.
F. 971. Aut. 34/2. N. 29, 30-31, 52-55.
F. 971. Aut. 12. 3, 28-34, 36.
F. 955. Lat.Q.v.1.112.
Huntingdon Library (San Marino, California)
MS 1200
PARTIE 2
FOI ET ENGAGEMENT CONFESSIONNEL
Nicolas Balzamo
LE SURNATUREL DANS LES GUERRES DE RELIGION ESQUISSE CHRONOLOGIQUE
Semblable en cela à Madame du Deffand qui affirmait ne pas croire aux fantômes tout en assurant qu'elle en avait peur, l'historien n'est pas tenu de croire au surnaturel pour apprécier sa valeur heuristique. Combien plus l'historien des guerres de Religion. Car à côté des affrontements matériels qui opposèrent des armées, des partis, des clientèles et des familles, les guerres de Religion mirent aux prises des imaginaires. Imaginaire de croisade, de pénitence, d'éradication de la souillure hérétique d'un côté; imaginaire de destruction de l'idolâtrie, de rétablissement du pur Évangile de l'autre. Reste que ce versant est plus difficile à appréhender que d'autres: l'imaginaire n'est pas une institution et ne laisse guère d'archives. Ses traces sont toujours indirectes, plus ou moins cachées. Il faut les traquer ici et là, trouver des révélateurs, des indices. Le surnaturel en est un. Il a partie liée avec l'imaginaire dont il est une sorte de reflet. Tous deux mettent en scène les mêmes personnages, à savoir les êtres surnaturels — Dieu, Satan, les saints, les diables — qui agissent en fonction du système de croyances au sein duquel ils prennent place. Spectaculaire parfois, perceptible toujours, leur action sollicite l'attention des hommes qui se fige, parfois, en une trace écrite. Le surnaturel est la face historiquement émergée et donc exploitable de cet immense iceberg qu'est l'imaginaire religieux.
La présente étude n'entend pas proposer une histoire du surnaturel au temps des guerres de Religion mais, plus modestement, esquisser une chronologie de ses manifestations. Car s'il est vrai que la chronologie est l'épine dorsale de l'Histoire, il est également vrai que cette épine dorsale est fondamentalement multiple. A l'intérieur d'une même période
© Nicolas Balzamo, 2016