Научная статья на тему 'LA PHILOLOGIE ET L’HISTOIRE DES MOTS : QUELQUES REMARQUES SUR L’ARGUMENTATION éTYMOLOGIQUE DES HUMANISTES'

LA PHILOLOGIE ET L’HISTOIRE DES MOTS : QUELQUES REMARQUES SUR L’ARGUMENTATION éTYMOLOGIQUE DES HUMANISTES Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Philologia Classica
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HISTOIRE DE LA PHILOLOGIE / éTYMOLOGIE / RéCEPTION DE L’ANTIQUITé / XVIE SIèCLE / RéPERTOIRES NéO-LATINS / CRITIQUE TEXTUELLE / HUMANISME / ALLEMAND

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Sergeev Mikhail

Le présent article concerne l’influence de l’érudition humaniste sur les pratiques étymologiques du XVIe siècle, dont témoignent les ouvrages de référence néo-latins et les traités spéciaux de linguistique et d’histoire. Étant une partie importante de la recherche historique, qui reposait principalement sur des sources littéraires grecques et latines, l’étymologie ne pouvait qu’adopter certains principes et instruments importants de la philologie contemporaine, notamment la critique des sources. La règle principale était d’étudier les textes dans leur langue et leur forme d’origine et d’éliminer toute donnée corrompue ainsi que toute information non attestée par des sources écrites. Cela présumait que chaque texte avait sa propre histoire écrite, comprise principalement comme une détérioration progressive de son état, représentée par la tradition manuscrite, qui était sujette aux erreurs des scribes et aux interprétations erronées. Ce point de vue des humanistes sur l’histoire textuelle correspondait à celui sur l’histoire des langues, qui était traitée comme une corruption permanente et une dégénérescence inévitable de l’état noble et parfait de leurs ancêtres anciens. Visant à restaurer le texte original, la philologie utilisait l’emendatio comme remède contre les abus de scribes et les pertes textuelles; de même, les historiens des langues avaient leur propre outil, à savoir l’étymologie, pour reconstruire et expliquer la forme originale des mots (y compris la nomenclature des sciences). L’intersection des deux procédures est prise en compte dans l’article, qui montre comment les conjectures textuelles, la collation des manuscrits et l’interprétation graphique des erreurs de lecture ont été employées par les savants du XVIe siècle pour corroborer leurs spéculations étymologiques, qui formaient elles-mêmes l’une des voies de la réception et de la critique du patrimoine littéraire classique.

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PHILOLOGY AND THE HISTORY OF WORDS: SOME NOTES ON THE HUMANISTS’ ETYMOLOGICAL ARGUMENTATION

The article concerns the influence of humanist scholarship on sixteenth-century etymological practices, testified in the Neo-Latin reference works and special treatises on linguistics and history. Being an important part of historical research, which relied mostly on Greek and Latin literary sources, etymology could not but adopt some important principles and instruments of contemporary philological work, notably on the source criticism. The foremost rule was to study the sources in their original language, form, and eliminate any corrupted data as well as any information not attested in written sources. This presumed that every text had its own written history, which tended to be a gradual deterioration of its state, represented in the manuscript tradition that was subject to scribal errors and misinterpretations. This view on the textual history was strikingly consonant with that on the history of languages, which was treated by the humanists as permanent corruption and inevitable degeneration from the noble and perfect state of their ancient ancestors. In an effort to restore the original text, philology used emendation as a cure for scribal abuse and textual losses; likewise, language historians had their own tool, namely etymology, to reconstruct and explain the original form of words (including the nomenclature of various sciences). The intersection of both procedures is taken into account in the article and it demonstrates how textual conjectures, manuscript collation, and graphical interpretation of misreadings were employed by the sixteenth-century scholars to corroborate their etymological speculations, which established themselves as one of the ways of the reception and criticism of classical scholarly heritage.

Текст научной работы на тему «LA PHILOLOGIE ET L’HISTOIRE DES MOTS : QUELQUES REMARQUES SUR L’ARGUMENTATION éTYMOLOGIQUE DES HUMANISTES»

UDC 81-112, 811.1, 82-9

Philologia Classica. 2021. Vol. 16. Fasc. 1

La philologie et l'histoire des mots : quelques remarques sur l'argumentation étymologique des humanistes*

Mikhaïl Sergeev

Université Herzen,

48 Moiki nab., Saint-Pétersbourg, 191186 la Fédération de Russie; librorumcustos@gmail.com

For citation: Sergeev M. La philologie et l'histoire des mots : quelques remarques sur l'argumentation étymologique des humanistes. Philologia Classica 2021, 16 (1), 106-116. https://doi.org/10.21638/spbu20.2021.110

Le présent article concerne l'influence de l'érudition humaniste sur les pratiques étymologiques du XVIe siècle, dont témoignent les ouvrages de référence néo-latins et les traités spéciaux de linguistique et d'histoire. Étant une partie importante de la recherche historique, qui reposait principalement sur des sources littéraires grecques et latines, l'étymologie ne pouvait qu'adopter certains principes et instruments importants de la philologie contemporaine, notamment la critique des sources. La règle principale était d'étudier les textes dans leur langue et leur forme d'origine et d'éliminer toute donnée corrompue ainsi que toute information non attestée par des sources écrites. Cela présumait que chaque texte avait sa propre histoire écrite, comprise principalement comme une détérioration progressive de son état, représentée par la tradition manuscrite, qui était sujette aux erreurs des scribes et aux interprétations erronées. Ce point de vue des humanistes sur l'histoire textuelle correspondait à celui sur l'histoire des langues, qui était traitée comme une corruption permanente et une dégénérescence inévitable de l'état noble et parfait de leurs ancêtres anciens. Visant à restaurer le texte original, la philologie utilisait l'emendatio comme remède contre les abus de scribes et les pertes textuelles; de même, les historiens des langues avaient leur propre outil, à savoir l'étymologie, pour reconstruire et expliquer la forme originale des mots (y compris la nomenclature des sciences). L'intersection des deux procédures est prise en compte dans l'article, qui montre comment les conjectures textuelles, la collation des manuscrits et l'interprétation graphique des erreurs de lecture ont été employées par les savants du XVIe siècle pour corroborer leurs spéculations étymologiques, qui formaient elles-mêmes l'une des voies de la réception et de la critique du patrimoine littéraire classique.

Mots clés : Histoire de la philologie, étymologie, réception de l'antiquité, XVIe siècle, répertoires néo-latins, critique textuelle, humanisme, latin, allemand.

Les étymologies humanistes, très semblables, par ailleurs, aux constructions des auteurs antiques et médiévaux, présentent néanmoins quelques particularités. D'une part, à la différence de leurs prédécesseurs, les humanistes accordaient une attention particulière à l'origine des mots des langues vernaculaires (barbarae linguae),1 ce qui aboutit, au XVIe siècle, à la production des premiers dictionnaires étymologiques de ces langues (par-

* Létude a été soutenue par RFBR (projet No. 20-012-00357). Je remercie cordialement Ann Blair, John Considine et Michail M. Pozdnev, qui ont lu la version préliminaire de cet essai, pour leur questions et conseils, ainsi que Kumar Guha pour la révision du texte français. © St. Petersburg State University, 2021

mi lesquels ceux de Charles de Bovelles ou Sigismundus Gelenius2). D'autre part, comme le montrera le présent travail, l'étymologie s'enrichit alors des méthodes de la philologie classique et des pratiques de lecture nouvelles qui en découlent.

Les domaines d'application et les buts des spéculations étymologiques à la Renaissance, qui n'étaient en aucun cas limités à des tâches proprement linguistiques et continuaient, dans leur variété, les pratiques des siècles précédents,3 ont déjà fait l'objet de quelques études, qui s'intéressent à leur emploi dans les travaux de linguistique précomparative ou d'histoire ou bien dans le langage poétique.4 L'attention est portée à l'application des résultats de l'étymologie et à leur traitement par la philosophie du langage,5 tandis que les manières de la vérification des conjectures avancées, notamment en ce qui concerne les modifications alléguées de la forme de l'étymon, n'ont guère été étudiées pour la période antérieure au XVIIIe siècle, ou Anne-Robert Turgot (1727-1781) a énuméré les 20 «principes de critique pour apprécier la certitude des étymologies».6 Dans le présent exposé nous essaierons de combler partiellement cette lacune en traitant quelques particularités dans l'explication de l'origine et de la forme des mots dans le discours historique du XVIe siècle et notamment la façon d'argumenter y employée que l'on pourrait nommer ratio philologica. En considérant cette question nous nous bornerons maintenant aux quelques exemples d'étymologies «germanisantes» proposées par des humanistes suisses et allemands.

C'est à l'époque de la renaissance des études classiques dans les pays au nord des Alpes qu'on a trouvé de nombreuses correspondances lexicales entre l'allemand ou le néerlandais, d'une part, et le grec ancien, le latin, ou même l'hébreu de l'autre.7 Ainsi, Conrad Gessner (1516-1565), dans le répertoire de toutes les langues du monde «Mithridate», cite l'affirmation de l'historien bavarois Johannes Aventinus (Johann Georg Turmair, 1477-1534), appuyée par un grand nombre de témoignages : «Infinita sunt vocabula, quae nobis et Graecis idem valent» (Gessner 1555, 34b ; cf. Aventinus 1881-1908, II, 54).8 Hadrianus Junius (1511-1575), un philologue illustre, historien des États de Hollande, a prétendu avoir trouvé un «immensum pelagus» de mots grecs dans le néerlandais (Junius 1556, 210). Une liste des mots hébreux hérités par l'allemand est donnée par Sebastian Münster (1488-1552), suivi par Andreas Althamer (ca. 1500-1539).9 Ces comparaisons

1 Cf. Demonet 1992, 347-376. Quoique les emprunts lexicaux ont été considérés par les auteurs médiévaux comme une des possibilités (avec dérivation et composition, ainsi que l'interprétation par les mots de la même langue), ce type de létymologie n'était ni privilégié ni élaboré, cf.: Buridant 1998, 16-22.

2 Bovelles 1533; Gelenius 1537.

3 Voir: Copeland, Sluiter 2009, 339-366; Guenée 1980; Sluiter 2015.

4 Cf. Demaizière 1982, 1985 ; Demonet 1998; Margolin 1985.

5 Voir : Hassler 2000, 2009.

6 Turgot 1756. Cf., cependant, les observations par P. A. Klubkov sur les règles de la « substitution des sons » dans les étymologies de V. K. Trediakovski (1703-1769) : Klubkov 2011, 47-54 (Клубков П. А. Формирование петербургской традиции лингвистической русистики (XVIII — начало XIX в.). Санкт-Петербург, Издательство Санкт-Петербургского университета, 2011).

7 Le français lui aussi est devenu l'objet favori des rapprochements étymologiques: quelques chapitres du livre « De Originibus seu de Hebraicae linguae et gentis antiquitate deque variarum linguarum affinitate» par Guillaume Postel (1510-1581) en donnent une illustration marquante: Postel 1538, E3a-G3b. Sur les visées nationales de l'humanisme français cf.: Pfeiffer 1976, 99-111.

8 Sur les listes d'étymologies gréco-allemandes rédigées par les humanistes, voir: Van Hal 2016.

9 « Voces Hebraeae et eaedem Germanicae»: Münster 1523, Bb6b-Bb7a; Althamer 1536, 82. À propos de l'hébreu comme langue mère cf.: Waser 1610, 87a/b, 113a-115a.

linguistiques étaient employées par les humanistes pour affirmer la dignité ainsi que l'ancienneté de leurs langues vernaculaires.10

D'autre part, grâce au recours aux sources littéraires, ainsi qu'archéologiques, épigraphiques et numismatiques, on étudiait des témoignages sur la préhistoire des tribus «barbares», leur culture matérielle, leurs migrations et leurs contacts avec les Grecs et les Romains, renvoyant ainsi à l'époque classique (ou bien préclassique) les débuts des histoires nationales et régionales.11 De plus, on transférait souvent les données de la géographie ancienne sur les cartes modernes: c'est ainsi qu'a été inventé, par exemple, le nom latin du pays Helvetia (la Suisse), dont les contours géographiques ont été identifiés à celles du pays des Helvetii,12 une tribu celtique mentionnée dans les sources classiques et notamment dans le «De bello Gallico». L'attention portée à la carte linguistique de l'Europe ancienne témoigne elle aussi des visées nationales : un intérêt particulièrement vif a été suscité par l'énigme de la langue gauloise, dont les rapports avec le grec, le français (c'est-à-dire lingua Gallica recentior), l'allemand ou le britannique insulaire ont été établis et régulièrement discutés dès l'aube du XVIe siècle.13

Les recherches sur les antiquités linguistiques (principalement sur l'histoire des mots vernaculaires et des noms de peuples) étaient basées également sur l'étude des témoignages des auteurs grecs et romains et subissaient par conséquent l'influence méthodologique de la philologie classique,14 surtout concernant la critique et la restitution des textes anciens, qui s'appuyait sur la consultation des témoignages manuscrits et sur leur comparaison.15

Ainsi Johannes Goropius Becanus (Jan v. Gorp, 1519-1572) dans les «Origines Antverpianae» critiquait l'emploi, dans la reconstruction étymologique, des formes de mots non attestées. Selon lui, il fallait, au contraire, s'appuyer toujours sur les témoignages des sources écrites : «est enim integritas dictionum, omnium consensu recepta, non temere adulteranda» (Goropius Becanus 1569, 8). Lexplication de la forme hypothétique «Garmanus» au lieu de «Germanus» est donc inacceptable pour lui, car elle contredit le consensus omnium scriptorum («Cum igitur nusquam Garmanus per primam in prima syllaba vocalem scriptum reperiatur; nihil mihi egisse videntur, qui etymon huius vocis quaesiverunt»).16 On peut remarquer qu'à la même époque, Henri Estienne (1528-1598) critiquait sévèrement les défauts similaires des travaux lexicographiques menés en France et en Suisse. Selon lui, la composition d'un dictionnaire devait reposer sur la lecture des sources primaires et pas du tout sur l'accumulation de mots et de références puisées dans

10 À voir : Droixhe 1978, 51-60 ; Tavoni 1998, 44-66 ; Doronin 2016 (Доронин А. В. Братья Туискон и Гомер, друиды и пес аббата Тритемия: как немецкие гуманисты роднились с древними греками. В кн.: Кудрявцев О. Ф. (ред.) Искусство и культура Европы эпохи Возрождения и раннего Нового времени: сб. тр. в честь В. М. Володарского. Москва — Санкт-Петербург, Центр гуманитарных инициатив, 2016, 269-289).

11 Cf. récemment Enenkel, Ottenheym 2017, 43-75, 89-135.

12 Cf. Maissen 2018, 262-274.

13 Cf. Dubois 1972 ; Van Hal 2013-2014.

14 Cf. l'emploi des techniques philologiques par les historiens de la langue italienne au XVIe siècle, noté par L. G. Stepanova : Stepanova 2000, 313-316 (Л. Г. Степанова. Итальянская лингвистическая мысль XIV-XVI веков (от Данте до позднего Возрождения). Санкт-Петербург, Изд-во РХГИ, 2000). Du point de vue typologique on pourrait y comparer en quelque manière l'influence philologique, notamment de l'idée du stemme des manuscrits, sur la linguistique comparée au début du XIX siècle (à voir: Hoenigswald 1993).

15 Cf. Timpanaro 2005, 45-52.

16 Ici et plus loin je mets en exergue les mots examinés en italique. Sur les particularités de la méthode étymologique de Goropius Becanus cf. : Frederickx, Van Hal 2015, 145-150.

les lexiques vulgaires, quel que soit le désir de surpasser leur richesse. Sinon, écrit-il par exemple, en alléguant le nom d'Homère, on reprend des mots que ce dernier ne pouvait ni reconnaître ni même comprendre : «Hinc certe factum est ut Homero multa vocabula adscribantur [...] quae, si reviviscat, non intellecturus, nedum pro suis agniturus sit» (Estienne 1569, 12).17

L'influence des pratiques philologiques était encore plus manifeste chez les étymologistes qui abordaient les gloses allemandes, que l'on rencontrait dans les œuvres des auteurs latins, notamment Jules César, Pline l'Ancien et Tacite — terrain par excellence de l'enquête étymologique à l'époque. En découvrant des racines germaniques dans les mots glosés, on essayait de révéler leur forme et leur signification originelle. Quant aux différences formelles entre les unes et les autres, l'on en avançait les deux explications suivantes :

(1) Premièrement, l'«interprétation latine» (interpretatio Latina), c'est-à-dire l'accommodation des mots étrangers à l'écriture, à la grammaire ou à l'usage du latin. À ce propos, on peut évoquer un passage de la «Germaniae exegesis» (1518) de Franciscus Irenicus (Franz Friedlieb, 1495-1553), où ce dernier touche au problème du traitement fautif des noms des personnes germaniques par les auteurs romains : «Et ob linguae illius ignorantiam, saepe ab Italis [sc. nomina Germanorum. — M. S.] corrupta fuisse prolata...». Il en donne ensuite plusieurs exemples, comme la correspondance supposée entre les formants initiaux : «dieth...» germanique, signifiant «richesse», et «theo.», identifié au grec 0eoq («dieu») : «Item omnia nomina in dieth germanica, latini in theos, similiter ac graeci transtulerunt, ut Theobaldus Diebald, Theomarus Dietmar, Theodoricus Dietrich. Est autem Dieth verissimum vocabulum Germaniae, quod divitias significat,18 das ist ain diet» (Irenicus 1518, XXXIXa/b).

L'historien suisse Aegidius Tschudi (1505-1572) examine ce problème de manière détaillée en évoquant la difficulté qui en découle, pour les lecteurs modernes avides de révéler dans le texte latin (dont les auteurs italiens, plus précisément romains, n'étaient pas capables de rendre la prononciation des termes et des noms propres allemands), en s'appuyant sur le sens des mots, leur son germanique originel : «...sed hic cogitandum, dictos historicos omnes Italos fuisse, qui non facile potuerunt nomina et verba Germanica iuxta suam genuinam prolationem scribere et pronunciare, addentes semper aliquid aut detrahentes : ut, si Germanus iubeat Italum proferre knecht, ille dicet negt. Sed et memorati Italici historiographi hoc unum curarunt in Germanicis dictionibus, ut terminationes earum formarent iuxta morem Latinarum dictionum, per quod illae formam suam naturalem amittentes, obscurae et imperceptibiles redditae sunt. [...] Hinc est quod nec Caesar nec alii potuerunt scribere Germanica nomina et dictiones secundum naturam et proprietatem earum, et nos Germani ubi tales dictiones invenimus, cogimur coniectura

17 Cf. sur ce point : Sergeev 2018 (Сергеев М. Л. Греческо-латинские лексиконы XVI в. в оценках лексикографов того времени. Индоевропейское языкознание и классическая филология 2018, 22 (2), 1213-1232).

18 En fait, l'all Diet signifie «gens» («un peuple»), cf. DWB 2, 1144. Irenicus, me semble-t-il, confond ici la signification des racines diet et mar dans l'un de ses exemples, c'est-à-dire Dietmar : le formant deuxième des noms propres germaniques mar était habituellement rapproché avec l'all. meeren (mehren) 'augere' ('augmenter') ; à voir : Aventinus 1881-1908, II, 25 ; Gessner 1555, 18a (cette hypothèse n'est pas soutenue dans les dictionnaires modernes, cf. Kroonen 2013, 350, 366).

quadam uti, et ex verborum sensu elicere ipsam Germanicam vocem» (Tschudi 1538, 114-115).19

Cependant, on reconnaît parfois qu'il s'agit là d'un phénomène universel du traitement fautif des mots étrangers. On évoque même la mention d'une «interprétation germanique», qui aurait eu lieu à l'époque de la barbarie et de l'ignorance : «Nec mirum est linguam ab imperitis depravari, Nam nos vicissim, regnante barbarie, Latinam linguam egregie corrupimus» — explique ainsi l'auteur inconnu du dictionnaire étymologique des noms propres germaniques, intitulé «Aliquot nomina propria Germanorum ad priscam etymologiam restituta» (Anonym. 1537, A3a/b).20

(2) D'autre part, la «corruption» supposée des mots allemands était imputée à la tradition manuscrite, c'est-à-dire aux erreurs des copistes ou à celles des lecteurs ignorants. «Sed proclive nimirum est tot saeculorum intervallo notatas voces a scribis indoctis et linguarum ignaris corrumpi et depravari potuisse» — note l'humaniste Saint-Gallois Joachim Vadian (1484-1551) dans son manuel de géographie (Vadianus 1548, 42-43).

Cette explication est également très répandue chez les historiens et les commentateurs.21 Johannes Aventinus dans les «Annales bavaroises» explique ainsi la métamorphose supposée du nom d'un roi germanique, au temps de Sémiramide et d'Abraham, Manus (issu, selon lui de l'all. «man, mon», signifiant «un homme; fort») en Ninus,22 par une lecture erronée des lettres lombardes : «Man, mon est vir et fortis. inde Manus rex Germaniae, tempore Semiramidis reginae Babyloniae et Abrami authoris Hebraeorum. Illius filius Trevir Treviros in Gallia Belgica condidit, qui usque ad Rhenum protensi. Parentes nostri scripsere propria nomina Longobardis literis ita: <MANI>. legerunt imperiti Nini, ut nomen notissimum; illud etiam paucissimis eruditis notum...» (Aventinus 1881-1908, II, 24). Lon peut trouver une représentation graphique de cette reconstruction, par exemple, dans le manuscrit des «Annales» daté de 1521,23 conservé à la Bayerische Staatsbibliothek (BSB Clm 282) — à voir Ill. 1.

Ill. 1. BSB Clm 282 (1521) fol. 23b

19 Lœuvre, originellement intitulé «Die vralt varhafftig Alpisch Rhetia» a été traduit en latin par S. Münster et publié en 1538 sans le consentement de l'auteur (cf. McLean 2007, 134).

20 Sur la question d'attribution voir : Müller 2001, 504-506.

21 Pour quelques autres exemples, voir : Sergeev 2019 (Сергеев М. Л. История письменного слова: о некоторых принципах этимологии XVI в. Journal of Applied Linguistics and Lexicography 2019, 1 (2), 409-415).

22 Sur Trebata, fils de Ninus, considéré comme le fondateur de Trier chez les historiens renaissants voir : Borchardt 1971, 44, 49, 55, 139, 145.

23 Les «Annales ducum Boiariae» ont été composées en 1519-1521, mais publiées pour la première fois en 1554 (März 2008, 75, 85).

Dans «Aliquot nomina Germanorum» le changement supposé du nom propre «Hattvvalt» en «Anvvalt» est de même attribué, avec précaution cependant, à la graphie des lettres : «an corrupte .n. pro .tt. scriptum et lectum sit, ut Anvvalt pro Hattvvalt nunc dicant, non satis scio» (Anonym. 1537, B4b). «Hattwalt» est interprété plus haut comme un nom germanique, signifiant «le pouvoir du père» («patris potestas»), tandis que l'étymon du nom «Anvvalt» est peu clair.

L'interprétation de l'histoire du mot gaulois signifiant «une charrue munie de roues» (plaumoratus chez Pline l'Ancien HN 18, 172) présente un cas particulièrement curieux à cet égard. Heinrich Glaréan (Heinrich Loriti, 1488-1563) dans son commentaire sur Jules César (où il donne un aperçu de lingua Gallorum) emprunte le sujet à Aegidius Tschudi, mais avançe une explication nouvelle, en élevant par là même le rôle de la tradition manuscrite. On saisira mieux la différence en mettant les deux textes en regard :

Tschudi 1538, 115 Glaréan 1544, 46

Scribit Plinius lib. 18. cap. 18. Gallos adinvenisse formam aratri cum rotis, quam sua lingua vocant plammorate, quae vox Germanica est, sed male scripta, debet enim esse pflugradt, vel, pflug mit radt, quas voces Plinius iuxta Germanismi proprietatem eloqui nequivit. Aratra rotulis instructa, Gallicum inventum Pfluograt recte nominavit [Plinius]. Ubi tamen codices Plummarat, alii Planarat habent. Quidam in Planetas, ut se prorsus ineptos ostenderent, mutarunt.

Les deux auteurs partagent donc la même opinion à propos de l'étymologie du mot gaulois, issu, selon eux, des racines germaniques pflug («la charrue») et rad («la roue»).24 Pourtant tandis que l'historien Tschudi explique la mutation du mot *pflugrad chez Pline par l'incapacité de l'écrivain romain à prononcer correctement le mot allemand («vox Germanica, sed male scripta»), Glaréan, de son côté, défend, en tant qu'éditeur, la justesse du texte plinien originel («recte nominavit»), où il faudrait restituer Pfluograt, corrompu plus tard par les scribes, dont il cite des variantes attestées (Plummarat, Planarat ou même Planeta).

Il semble que la présence de la ratio philologica exerçait l'influence sur la pratique étymologique de deux manières :

1) D'un côté elle encourageait l'emploi des données empiriques dans l'argumentation linguistique, car la diversité des lectures manuscrites était prise en considération par les étymologistes.

Par exemple, Beatus Rhenanus (1485-1547) dans les «Res Germanicae» met le mot «barritus» («cri martial des Allemands»), attesté chez Tacite (Germ. 3) et Ammien Marcellin (16.12.43, etc.), en rapport avec le nom allemand «Wort» («mot»), en prenant appui sur la lecture «barditus» dans un des manuscrits : «Barritus istius post Tacitum meminit Ammianus Marcellinus [...] Sed tamen Artolphi liber habebat, Barditum, veluti sit a verbis quae Germani vvort appellant tractum vocabulum» (Tacitus 1533, 421-422).25

24 Létymologie du mot reste obscure encore aujourd'hui : il est plus clair que sa première partie, d'origine germanique, désignait «la charrue» (comme l'a deviné déjà Aegidius Tschudi) (cf. Puhvel 1964, 180182) ; la partie restante du mot, elle, peut se référer au nom du peuple Rhètes (Raeti) (cf. Lambert 2003, 204).

25 Cf. ThLL II, 1750, 1756-57, où les formes «barditus» et «barritus» sont traitées dans des articles distincts.

Cette étymologie est reprise par C. Gessner dans le «Mithridate» : «Rhenanus monet se in codice quodam legisse barditum ...» (Gessner 1555, 33a).

Une corrélation inverse était tout aussi valable : on retrouve également des conjectures philologiques issues de, ou corroborées par des étymologies (il s'agit donc d'une emendatio ope etymologiae). Ainsi, Aventinus restitue le nom du peuple, «Suitones», au lieu de «Sitones» dans la «Germania» de Tacite (Germ. 45) : il le suppose être dérivé du nom propre germanique «Suito» ou «Suido» (peut-être lié à «sud, sued» ('sud'), mentionné plus haut dans la même liste, auquel on fait remonter le nom des «Sueden, Schweden») : «Suito sive Suido, rex et gens Germaniae [...] Sidones Ptolemaeus, Sitones Tacitus adpellat Suevisque connumerat. [...] Suidser vernacula lingua nuncupamus nos ; Saxones vero Suider et Suiter; suspicor apud Tacitum Suitones scriptum fuisse» (Aventinus 1881-1908, II, 30-31 ; cf. IV, 31).

2) D'un autre côté, le recours aux lectures manuscrites n'aboutissait généralement qu'à une augmentation de la nomenclature, d'où l'on pouvait choisir des formes «attestées» sans les soumettre à une analyse historique. Il en était presque de même pour l'emploi étymologique des variantes de mots dialectales.26 On peut ainsi comparer le recours aux données dialectales dans les exemples suivants, tirés de «Linguae Germanicae vindicatio» (1586) par Wolfgang Hunger (1511-1555), ancien élève de Heinrich Glaréan, avec celle des variae lectiones citées précédemment.

Ainsi, Hunger, pour contester le philosophe et linguiste français Charles de Bovelles (ca. 1479-1566),27 qui déduisait, par hypothèse, le fr. crier du gr. KaXeiv «appeler» ou du lat. clamare («Crier id est clamare, incertae originis vox. vide si forte a KaÀiœ id est voco, pendet: vel a verbo clamo» : Bovelles 1533, 56), prend pour source du verbe français, l'allemand schreyen, plus exactement sa forme helvétique schrien,28 dont la consonance avec crier est plus convaincante : «Neutra hîc Bovilli coniectura ullo modo quadrat. Verum et hanc vocem Galli nobis debent, quibus Schreyen / et Helvetiis Schrien / est clamare» (Hunger 1586, C2b). Ensuite Hunger rapproche le fr. esquume de l'all. schum, préférant dans ce cas la forme flamande schaym, avec un [skh] initial,29 qui, selon lui, «correspond plus étroitement au mot français» : «Germanis Spumam et spumare dici, schum schumen. Flandri dicunt Schaym et Schaymen, quae Gallico arctius consentiunt» (Hunger 1586, C4b). Dans les deux cas, Hunger ne justifie pas son choix des formes dialectales : on doit supposer qu'elles lui semblaient simplement plus aptes à corroborer ses constructions.

On peut alors établir une parallèle méthodologique entre cette approche des étymologistes, dépourvue de la critique cohérente des formes évoquées, mais encourageant leur utilisation ad hoc, et les pratiques textologiques du XVIe siècle, qui sous-entendaient une quête des lectures convenables dans les manuscrits accessibles, une collation ponctuelle (lorsqu'on avait quelques doutes, pour les passages difficiles), même l'explication paléographique des erreurs, mais avec un appui prépondérant sur l'édition imprimée.30 L'utilisation des informations fournies par les manuscrits (et les dialectes)

26 Un intérêt théorique et pratique pour les dialectes des langues classiques et vernaculaires est montré déjà dans le «Mithridate» : Gessner 1555, 1b-2a, 25b-26b, 27a-44b, 44b-47a, 49b, 57b, 59a-60a ; Rocca 1591, 342-348. Dès le milieu du seizième siècle, on a commencé à rendre compte de la variation diatopique de l'allemand et du néerlandais et à la consigner : cf. Claes 1972, 22-28 ; Considine 2008, 126-155.

27 Sur la polémique autour des étymologies de Ch. de Bovelles nous renvoyons à Margolin 1985.

28 Cf. Deutsches Wörterbuch 15, 1709.

29 Cf. Deutsches Wörterbuch 14, 2349.

30 Cf. Kenney 1974, 3-73 ; Hirstein 2000.

pour la recherche de l'étymologie est d'autant plus remarquable qu'elle représente un moyen d'éviter le traitement diachronique de l'histoire des mots des langues vernaculaires que l'on peut retrouver chez les auteurs antiques. La recherche diachronique peut se baser sur l'étude de la phase intermédiaire (de l'antiquité à l'époque contemporaine) de l'histoire de ces mots, celle-ci se reflétant dans les manuscrits médiévaux rédigés dans une langue européenne.31 Au lieu de cela, on recherche des traces d'un état originel, immuable, de la langue, dont on trouverait le témoignage dans certaines lectures manuscrites et formes dialectales.32 Les changements dans la forme des noms sont attribués à un traitement fautif par des ignorants (imperiti) ou à des défauts d'élocution (labiorum vitia).33 On supposait donc, par exemple, que le mot all. Pflugrad aurait eu presque la même forme à l'époque de Tacite34 qu'au XVIe siècle,35 s'il n'avait pas été corrompu par les copistes ignorants dans les manuscrits, dont on n'essayait pas non plus d'établir une chronologie relative. Ainsi l'étymologie, bien que munie d'argumentation et de sources nouvelles, demeurait-elle, à cet égard, dans un cadre synchronique, voire anachronique.

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31 Selon la recommandation donnée par A.-R. Turgot dans l'Encyclopédie (1756), il fallait étudier le langage ancien et les dialectes pour en tirer des exemples «des variations les plus communes de la prononciation» (Turgot 1756, 99).

32 Cf. Kibbee 1992.

33 Sur le traitement du changement linguistique comme corruption ou usure chez les linguistes renaissants cf. : Van Hal 2010, 435-440, 467-470.

34 Quand les éléments de ce mot avaient plutôt la forme comme *ploga- et *ra£>a-, cf. : Kroonen 2013, 398, 405.

35 Cf. le «Dictionarium Latinogermanicum» (1561) s. v. Rad (rota) : Maaler 1561, 321b.

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Philology and the History of Words: Some Notes on the Humanists' Etymological Argumentation

Mikhail Sergeev Herzen University,

48 Moiki nab., St. Petersburg, 191186, Russian Federation; librorumcustos@gmail.com

For citation: Sergeev M. Philology and the History of Words: Some Notes on the Humanists' Etymological Argumentation. Philologia Classica 2021, 16 (1), 106-116. https://doi.org/10.21638/spbu20.2021.110 (In French)

The article concerns the influence of humanist scholarship on sixteenth-century etymological practices, testified in the Neo-Latin reference works and special treatises on linguistics and history. Being an important part of historical research, which relied mostly on Greek and Latin literary sources, etymology could not but adopt some important principles and instruments of contemporary philological work, notably on the source criticism. The foremost rule was to study the sources in their original language, form, and eliminate any corrupted data as well as any information not attested in written sources. This presumed that every text had its own written history, which tended to be a gradual deterioration of its state, represented in the manuscript tradition that was subject to scribal errors and misinterpretations. This view on the textual history was strikingly consonant with that on the history of languages, which was treated by the humanists as permanent corruption and inevitable degeneration from the noble and perfect state of their ancient ancestors. In an effort to restore the original text, philology used emendation as a cure for scribal abuse and textual losses; likewise, language historians had their own tool, namely etymology, to reconstruct and explain the original form of words (including the nomenclature of various sciences). The intersection of both procedures is taken into account in the article and it demonstrates how textual conjectures, manuscript collation, and graphical interpretation of misreadings were employed by the sixteenth-century scholars to corroborate their etymological speculations, which established themselves as one of the ways of the reception and criticism of classical scholarly heritage.

Keywords: history of philology, etymology, reception of antiquity, 16th century, Neo-Latin handbooks, textual criticism, humanism, Latin, German.

Received: April 10, 2020 Accepted: March 17, 2021

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