Научная статья на тему 'Formal analysis of gestural negation'

Formal analysis of gestural negation Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
ЖЕСТОВОЕ ОТРИЦАНИЕ / СИСТЕМА КООРДИНАТ / ФИЗИОЛОГИЯ АРТИКУЛЯЦИИ / GESTURAL NEGATION / FRAME OF REFERENCE / PHYSIOLOGY OF ARTICULATION

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Boutet D.

The gestural negation formally defined by an egocentric frame of reference can be also studied through an intrinsic and multiple frame of reference. The reference enables the categorisation of the negation in two gestural types. Their emergence are based on kinesiological properties, presented here.

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ФОРМАЛЬНЫЙ АНАЛИЗ ЖЕСТОВ, ВЫРАЖАЮЩИХ ОТРИЦАНИЕ

В исследовании показано, что жесты, сопровождающие отрицательные конструкции и получающие формальное описание в эгоцентрической системе координат, также могут изучаться с точки зрения их многоплановых анатомических характеристик. Анатомическая система координат позволяет выделить два типа жестов со значением отрицания. Данные типы анализируются в статье с опорой на кинесиологические свойства.

Текст научной работы на тему «Formal analysis of gestural negation»

УДК 811.11 Д. Бутэ

Ph.D., Лаборатория формальных структур языка, НЦНИ / Университет Париж 8, Университет Эври Вал д'Эссонн; e-mail: [email protected]

ФОРМАЛЬНЫЙ АНАЛИЗ ЖЕСТОВ, ВЫРАЖАЮЩИХ ОТРИЦАНИЕ

В исследовании показано, что жесты, сопровождающие отрицательные конструкции и получающие формальное описание в эгоцентрической системе координат, также могут изучаться с точки зрения их многоплановых анатомических характеристик. Анатомическая система координат позволяет выделить два типа жестов со значением отрицания. Данные типы анализируются в статье с опорой на кинесиологические свойства.

Ключевые слова: жестовое отрицание; система координат; физиология артикуляции.

Boutet D.

Ph.D., Formal Structures of Language Laboratory, CNRS / University of Paris 8; University of Évry Val d'Essonne; e-mail: [email protected]

FORMAL ANALYSIS OF GESTURAL NEGATION

The gestural negation formally defined by an egocentric frame of reference can be also studied through an intrinsic and multiple frame of reference. The reference enables the categorisation of the negation in two gestural types. Their emergence are based on kinesiological properties, presented here.

Key words : gestural negation; frame of reference; physiology of articulation.

Boutet D.

Ph.D., Laboratoire Structures Formelles du Langage / CNRS et Paris 8; Université Evry-Val-d'Essonne; e-mail: [email protected]

CONDITIONS FORMELLES D'UNE ANALYSE DE LA NEGATION GESTUELLE1

La négation gestuelle définie formellement selon un repère égocentré peut également être étudiée selon un cadre de référence intrinsèque multiple. Ce repère permet de catégoriser les négations en deux types gestuels dont l'émergence dépend des caractéristiques physiologiques détaillées ici.

Mots-clés: négation gestuelle; cadre de référence; physiologie articulaire.

1 This research has been supported by Russian Science Foundation grant #14-48-00067.

Introduction

La négation gestuelle manuelle est largement décrite dans la littérature [8; 9; 14; 13; 7]. Fondamentalement fonctionnelles et très précises de ce point de vue, ces études décrivent dans un deuxième temps la forme des gestes. La démarche consiste donc à passer du sens des gestes vers la description de leurs formes. Pourtant ces analyses butent toutes sur l'exploration des traits invariants de la négation; alors même qu'ils unifieraient les gestessous une bannière sémantique formalisable par-delà leurs très (trop ?) nombreuses variantes.

Pour atteindre cet objectif de mise à jour des traits invariants de la négation, nous proposons ici d'inverser la démarche :à partird'une description formelle très précise des gestes, extraire les traits invariants de la négation et commencer à en tracer les variations.

Nous allons exposer les conditions de cette description formelle en termes de cadre de référence, puis de cinématique des gestes. Il nous semble indispensable de décrire les gestes en priorité selon un cadre de référence intrinsèque - base d'un codage formel précis - et les traduire, le cas échéant, dans uncadre de référence égocentré (partiel). En outre, une connaissance cinématique de la gestualité est nécessaire pour coder les mouvements au plus près des phénomènes en jeux (partie 2). Enfin, nous présenterons les traits invariants polaires de la négation gestuelle (partie 3).

1. Différences entre points de vue égocentré et intrinsèque

Le cadre de référence égocentré constitue actuellement le seul cadre dans lequel le codage des gestes est effectué [1; 6; 9; 15; 17]. Ainsi le codage des gestes vu par rapport au corps les confine d'emblée dans un repère cartésien en 3 dimensions et ce quelles que soient les dénominations données (haut, bas ou axe y'y, avant, arrière ou axe z'z, gauche droite ou intérieure extérieure ou encore axe x'x). En faisant cela on réduit le nombre d'axes de description des gestes, à trois seulement. On confère aux trois plans du corps (sagittal, frontal et transversal) la capacité d'appréhender les gestes dans leurs mouvements et dans leurs orientations. Le cadre de référence égocentré constitue un filtre à travers lequel les gestes sont appréhendés et étudiés. Nous allons présenter les critiques essentielles qu'on peut formuler à l'encontre d'une notation égocentrée des gestes. Dans un premier temps, nous allons voir à quel point un cadre de référence égocentré opère un réductionnisme de l'objet gestuel qu'elle prétend décrire. Nous verrons ensuite que la description dite égocentrée a

de fait recours à d'autres cadre de référence. Enfin, nous verrons que si le cadre de référence intrinsèque est transposable dans un cadre de référence égocentré, l'inverse est faux. Ces faits confèrent au cadre de référence intrinsèque un bon recouvrement de la description de la gestualité, une généricité et une transférabilité vers un cadre de référence égocentré.

Irréductibilité des gestes à trois plans

Les gestes sont faits sur des segments ayant une indépendance relative : sur les doigts, sur la main, sur l'avant-bras, sur le bras, sur l'épaule pour ne prendre que les gestes manuels. Ces segments relativement indépendants les uns des autres constituent le support multiple du geste qui bouge donc autour de plusieurs degrés de liberté (désormais ddl, mouvement possible autour d'un axe indépendamment des autres segments et ddl). En fait comme nous le verrons dans la partie 2, en comptant des doigts à l'épaule, on a à faire à plus de 17 ddl. La réduction de l'ensemble des mouvements sur trois axes semble donc totalement illégitime. Au demeurant, les segments étant fixés les uns aux autres, il faut rendre compte de deux éléments : 1/la position relative de chaque segment par rapport au segment qui lui est le plus proche, par exemple la position de flexion ou d'extension de la main (mouvement avant et arrière de la paume) qui se mesure par rapport à la position de l'avant-bras et 2/la position absolue dans chacun des ddl ainsi définis, e.g. l'amplitude exacte de la flexion de la main, Flexion 30 % ou Flexion 85° (position neutre : paume dans l'axe de l'avant-bras).

Fig. 1. Pronation, paume en bas Fig. 2. Pro., Paume vers l'avant Fig. 3. Pro., Paume vers la

Dans les figures de 1 à 3, la main est dans une position de pronation (rotation palmaire vers le pouce, opposée à la supination, rot. palmaire vers l'auriculaire). L'avant bras et le bras sont dans une position différente pour les trois gestes. La main n'a pas changé de position relative par rapport à l'avant-bras, elle est en position de pronation dans les trois cas. Elle n'a pas non plus changé de position absolue au sein du ddl de la pronation, elle est en position de pronation 90°. En termes de cadre de référence intrinsèque, la main garde la même position. Selon

un cadre de référence égocentré, la main a cette fois des orientations différentes (paume en bas, vers l'avant et vers la gauche). Le sens possiblement associé à ces gestes va du « refus » pour la figure 1, à un geste de « protection » pour la figure 3, en passant par un geste de « renoncement » pour la figure 2. Si l'orientation égocentrée de la paume distingue ces trois gestes, elle n'apporte pas d'information sémantique. En revanche la position intrinsèque de la main permet de dégager un trait sémantique commun à ces trois gestes, celui d'une négativité lié à une position de pronation marquée (voir partie 2).

2. Tout au long d'un geste, les positions de chaque segment sont descriptibles et sont potentiellement porteuses de traits sémantiques

Hétérogénéité du cadre de référence égocentré

Localiser un segment comme la main dans l'espace dans un cadre de référence égocentré consiste à placer 1 / la main dans l'espace, 2 / à orienter la paume dans l'espace, 3 / à orienter la paume en fonction des doigts dans l'espace. Si on ne fait que la première opération alors on sait où se situe la main (par exemple au devant de l'épaule et à sa hauteur), mais elle peut être dans de multiples orientations (paume regardant devant, derrière, à gauche...). Il faut donc fixer l'orientation de la paume : elle est dirigée vers l'avant par exemple (voir fig. 2). Pour autant avec ces descriptions, les doigts peuvent être dirigées vers le haut, vers la gauche, voire, et plus difficilement, vers la droite et vers le bas. On voit que cette dernière étape d'orientation interne de la paume par rapport à la direction des doigts est nécessaire pour localiser avec précision la main. Détaillons la référence requise pour chacune de ces étapes. La main est repérée dans l'espace par rapport à un cadre de référence égocentré : le cadre de référence est relatif au corps du locuteur. La deuxième étape fait appel de manière implicite à un cadre de référence intrinsèque. En effet le plan de la paume est orienté en lui-même. La paume a un devant et un dos. Les informations sont données par rapport au plat de la paume. On a donc recours à un cadre de référence intrinsèque à la main pour fixer la face de référence. Une des deux dimensions de la paume est orientée par une référence interne : face ventrale. Une fois déterminée une partie de son orientation interne, la paume est située par rapport à un cadre de référence égocentré et donc relatif au corps (paume vers l'avant, l'arrière etc.). On voit bien ici que le

cadre de référence est hétérogène : intrinsèque et égocentré. La troisième étape consiste au fond à achever d'encadrer l'orientation du plan de la paume. Pour orienter l'autre dimension formant le plan de la paume, on a recours à la direction que prendraient des doigts depuis leur base jusqu'à leur pointe lorsqu'ils sont étendus, soit un autre cadre de référence interne. Par deux fois on a recours à un cadre de référence intrinsèque au milieu de cette description égocentrée. Il n'est donc pas exact de dire qu'on situe les gestes dans un cadre de référence égocentré.

Transfert informationnel du cadre intrinsèque vers l'égocentré

et son irréversibilité

La transférabilité des cadres de références suppose qu'une information codée dans un cadre puisse être exprimable sans ambiguité dans un autre cadre de référence. Ainsi à partir d'une position de la main en pronation 90° dans un cadre de référence intrinsèque, on peut transférer l'information dans un cadre de référence égocentré : position de la paume vers l'avant par exemple (voir figure 4 cas a), dès lors que dans leur cadre de référence intrinsèque respectif on connaît la position relative de l'avant-bras (ici Flexion 160° [dans le plan formé par le bras et l'avant-bras] et rotation intérieure 60° [rotation du bras sur lui-même]), et du bras (ici abduction 30° [écartement du bras vers le côté]). L'inverse, c'est-à-dire le fait qu'une information codée dans un cadre de référence égocentré puisse être transférée dans un cadre de référence intrinsèque n'est pas possible. Par exemple, une paume orientée vers l'avant dans un cadre égocentré (fig. 4 cas a / et b/) peut être soit en position d'extension 90° de la main (cas b), soit simplement avec une flexion maximale de l'avant-bras (cas a). Il y a donc irréversibilité du transfert de l'information du cadre de référence égocentré vers le cadre de référence intrinsèque.

Fig. 4.

la paume vers l'avant peut recouvrir : à gauche, une pronation 90° de la main et, pour l'avant-bras une flexion 160° et une rotation intérieure de 60° ou bien, à droite, une pronation 90° et une extension 80° de la main avec une flexion de 90° de l'avant-bras en neutralisant la position du bras, identique pour les deux gestes.

On peut donc reconstruire un geste dans un cadre de référence égocentré à partir d'un cadre de référence intrinsèque. L'inverse est impossible sans qu'il y ait des ambiguités ou des imprécisions.

M

Trois raisons majeures président ainsi à la prévalence d'un cadre de référence de type intrinsèque sur un cadre de référence égocentré. La première relève du réductionnisme drastique qu'un cadre de référence égocentré -en général à 3 plans- opère sur les phénomènes gestuels qui relèvent d'au moins 17 degrés de liberté. La deuxième raison a trait à l'hétérogénéité d'une description égocentré qui mélange de fait deux cadres de référence. La troisième raison tient au fait qu'on peut transformer des données codées selon un cadre de référence intrinsèque vers un cadre de référence égocentré, alors que l'inverse n'est pas possible.

3. Quelques éléments cinématiques de la gestualité

Poursuivons cette voie d'une description selon un cadre de référence intrinsèque, multiple (un par segment) des gestes en exposant quelques éléments biomécaniques.

Après avoir défini la superstructure de la physiologie articulaire de la main, nous aborderons les principes généraux du transfert de mouvement entre les segments mais aussi entre les degrés de liberté. Puis, nous préciserons les rapports géométriques et cinématiques entre les axes autour desquels tournent les mouvements. Les contraintes articulaires pèsent fortement sur le déroulé des formes gestuelles. Si l'impulsion des mouvements est bien musculaire, la direction des mouvements dépend de ce que permet le squelette. Leurs formes répondent à un déterminisme que nous n'allons qu'esquisser ici.

Description de ces gestes en position et mouvements des degrés

de liberté

Chaque degré de liberté (ddl) possède une amplitude propre ainsi que des butées articulaires. L'orientation de son axe et l'amplitude de mouvement qu'il ouvre dépendent de la conformation de l'articulation. Chaque ddl se déploie selon deux pôles. Pour la main, la pronosupination (palm down 90°, palm up 90°) possède deux polarités (colonne centrale de la figure 5, le photogramme central montre une position 0° pour les trois degrés de liberté). Le mouvement est visible sur la main par une rotation de celle-ci. La flexion (90°) /extension (90°) de la main (photos à l'extrême droite et à l'extrême gauche, figure 5) a un axe de rotation qui traverse le poignet dans sa plus grande largeur. L'abduction / adduction (les deux photos du haut, de

part et d'autre) définie par un mouvement dans le plan de la paume soit vers le pouce (abduction 30-35°) soit vers l'auriculaire (adduction 45°) voit son axe de rotation traverser le poignet de sa face charnue vers sa face pileuse. Les amplitudes sont différentes d'un ddl à l'autre. L'abduction / adduction atteint très vite la butée articulaire. Les mouvements de la main sont donc définis autour de trois ddl [2; 3].

Le déplacement et les transferts de mouvement

La main subit des déplacements. On doit distinguer clairement le déplacement d'un segment, du transfert de mouvement subi. Nous appelons déplacement d'un segment, une (série de) translation due à un segment plus proximal sans qu'il y ait modification de position des ddl du segment déplacé. Entre les figures 1 et 2, la main est déplacée par un mouvement de flexion de l'avant-bras sans modification positionnelle de ses ddl : elle reste en pronation maximale avec une légère extension. Nous appelons transfert de mouvement toutes les rotations autour d'au moins un axe d'un des ddl du segment considéré dues au mouvement d'au moins un autre ddl. Ce transfert peut provenir d'un autre segment proximal ou distal ou bien du même segment.

Cette distinction est importante pour le sens.Ainsi, un geste de « barrière » réalisé à deux mains consiste en un déplacement latéral des mains sans que leur mouvement ne modifie en quoi que ce soit le sens général. La signification « barrière » prend forme dans l'orientation des mains (paume vers l'avant, doigts vers le haut) et à travers le mouvement des bras et des avant-bras. Tandis qu'un geste de refus de la main (fig. 6) correspond à un transfert de mouvement porteur de sens : le mouvement de la main - la forme même de son déroulé — participe pleinement au sens.

Fig.6 Décomposition d'un geste de «refus»

Plusieurs règles prévalent dans le transfert de mouvement, il convient d'en donner le détail afin de mieux 'lire' le sens des gestes (règles d'inertie, de cinématique du mouvement et de rapports géométriques entre degrés de liberté). Toutes ces règles proviennent de paramètres biomécaniques. Elles transfèrent le mouvement dans des directions différentes.

Règle d'inertie

Plus le segment est proche du buste plus l'inertie est grande (en fonction de la masse). Une tendance inertielle oriente donc le mouvement du bras vers les doigts. Nous verrons l'impact de cette règle de prévalence proximale sur la répartition des formes de négation. Cette tendance peut être contrebalancée par les mouvements volontaires de segments à faible inertie.

Cinématique du mouvement

Illustrons cette règle par un exemple. Pour la main en position de pronation (palm down), l'index replié au départ, un mouvement d'extension de l'index mène à un pointage. Son mouvement peut entraîner une légère extension de la main, voire une légère flexion de l'avant-bras, segments pourtant de plus grande inertie. Le mouvement remonte le long du membre supérieur selon un flux distal-proximal cette fois.

En généralisant, plus le mouvement est ample, plus il se rapproche de la butée articulaire du degré de liberté, plus il a de chances d'être transféré sur le segment adjacent selon le(s) degré(s) de liberté disponibles dans l'alignement. A partir de la figure 1, imaginons une extension plus marquée de la main (vers le haut) allant jusqu'à sa butée (90°). Ce mouvement sera transféré sur l'avant-bras par une flexion. Pour la main seuls deuxddl sont transférables : la flexion / extension et l'abduction / adduction. Ce dernier ddl impose un transfert vers l'avant-bras plus fréquent étant donné son amplitude réduite (30° et 45° comparéaux 90° de la flexion / extension). La pronosupination ne donne lieu à aucun transfert de mouvement vers l'avant-bras.

Pour résumer, le sens de propagation du mouvement le long du membre supérieur (proximal-distal ou distal-proximal) dépend à la fois du segment mis en action (pour la main la règle cinématique, pour le bras la règle inertielle) et du degré de liberté (pas de transfert de la pronosupination par exemple). Généralement orientée du bras vers les doigts, la propagation inertielle du mouvement s'inverse à mesure que le mouvement d'un segment distal se rapproche de sa butée articulaire, à l'exception de la pronosupination.

Rapports géométriques entre les degrés de liberté

La troisième règle a trait aux rapports géométriques entre les axes de rotation. Ils régissent la forme des gestes créée par les mouvements. Ces

rapports interviennent parfois de manière involontaire dans les transferts de mouvement.

Le premier rapport particulier - le paradoxe de Codman [11; 18; 19] - lie le mouvement d'abduction / adduction du bras (à partir d'une position les bras ballants, le pouce pointant vers l'avant, l'abduction élève le membre supérieur par le côté jusqu'à l'aplomb de l'épaule) avec une rotation intérieure de l'avant-bras et une pronation sur la main simultanées et involontaires. Pour s'en persuader, il suffit, à partir de cette position en hauteur, de redescendre le bras vers la position de départ en passant cette fois par l'avant (extension du bras). Le pouce pointe alors vers l'arrière, la paume regardant l'extérieur. Le membre supérieur a subi un mouvement de rotation intérieure et de pronation involontaires. Ces mouvements induits, involontaires, affectent les deux autres pôles opposés - rotation extérieure et supination - dès lors que le mouvement du bras est une adduction et non plus une abduction (éloignement du tronc).

La conséquence de ce paradoxe - un mouvement conjoint, involontaire - affecte également la pronosupination lorsqu'on a de manière simultanée un mouvement volontaire de rotation intérieure / extérieure et de flexion / extension de l'avant-bras. Ces phénomènes apparaissent dès qu'une articulation présente deux degrés de liberté et qu'un mouvement les affecte tous les deux (mouvement dit diadochal, [16]). On a alors un mouvement conjoint involontaire du troisième degré de liberté.

La main ayant trois degrés de liberté, tout mouvement de flexion / extension et d'abduction / adduction a une répercussion involontaire sur la pronosupination, comme toute autre combinaison de ces degrés de liberté (voir légende, figure 5). Sans entrer dans les détails, gardons à l'esprit le fait que les gestes composés de mouvements de la main et de l'avant-bras ont potentiellement un tiers de leurs mouvements qui sont involontaires et néanmoins porteurs de sens.

Les ddl montrent des singularités qui justifient l'utilisation d'un cadre de référence intrinsèque / segmental et multiple. Les flux de propagation de mouvements proximal-distal ou distal-proximal s'entrecroisent sans se confondre et affectent les segments de manière asymétrique[4]. L'influence des éléments articulaires sur la forme des gestes est bien celle d'une infrastructure: l'impulsion est musculaire, mais sa traduction en mouvement répond d'abord à ce que permettent

les articulations. C'est bien la physiologie articulaire qui donne leurs formes aux gestes et au sens associé. Comment la physiologie articulaire structure les gestes de négation.

4. Traits polaires invariants de la négation gestuelle

Invariants de la négation, cinématique et origine segmentale

L'inventaire des formes gestuelles manuelles de la négation fait par Kendon [14] et Calbris [8] distingue deux familles : Les Open Hand Prone (paume vers le bas ou vers l'avant, doigts vers l'avant ou vers le haut) et les Open Hand Supinewithlateralmovement (paume vers le bas ou vers l'avant, doigts vers l'avant ou le bas).Une méthode pour déterminer l'origine de cette structuration consiste à suivre les variantes possibles de chacune de ses familles le long du membre supérieur. En suivant le flux de propagation du mouvement et des transferts et à condition que la signification soit bien la même, on peut déterminer quel segment porte la source du sens.

La position Open Hand Supinewithlateralmovement (PL) exprime globalement l'incapacité, la non existence, voire une négation épistémique [14, p. 275-281], ce mouvement latéral correspond à une rotation extérieure doublée parfois d'une extension des avant-bras. Les quatre interprétations possibles qu'il relève pour ce type de gestes donnent le motif général de ces gestes : la non intervention [14, p. 275].

Pour le geste de l'incapacité, le bras est rejeté vers l'arrière par un mouvement d'extension et, en même temps, il se rapproche du buste par une adduction ; sur l'avant-bras, on a une rotation extérieure, par transfert (paradoxe de Codman) et une extension (transfert inertiel), tandis que le geste se poursuit par son transfert sur la main selon un mouvement de supination (paradoxe de Codman) et d'extension (inertiel). Le sens général de ce geste est alors l'impuissance ou l'incapacité, tout comme l'Open Hand Supine avec un mouvement latéral. Ce geste peut être accompagné d'un haussement d'épaules (shrug). Le seul shrug donne le même type de sens [10, p. 80; 20]. En résumé, pour cette expression de l'incapacité / négation épistémique les pôles couverts sont pour le bras l'abduction et l'extension, pour l'avant-bras la rotation extérieure et l'extension, pour la main la supination et l'extension et à l'opposé le shrug sur l'épaule (encarts en gris clair dans le schéma 1).

L'autre famille - l'Open Hand Prone - dont le sens général est le refus, le rejet, la négation, peut être accompagnée d'un mouvement d'adduction

de la main (mouvement dans le plan de la main vers l'auriculaire) comme le souligne [9, p. 225 et suivantes] ou [12, p. 479-496]. Tous ces exemples présentent une position ou un mouvement de pronation et d'adduction de la main. A l'aide de la même méthode de suivi formel et sémantique, on remonte les transferts le long du membre supérieur (schéma 1, seul encart en dégradé de gris). Ainsi le flux de propagation du mouvement semble bien être distal-proximal pour ce type de négation. Le segment substrat se situe au niveau de la main par une position / mouvement de pronation et d'adduction (voir schéma 1, encarts en gris foncé).

Schéma 1. Définition formelle des traits de négation

Les gestes de négation se génèrent soit au niveau de la main soit au niveau du bras. Cette génération se fait selon deux pôles à chaque fois (Pro.Add sur la main et Add. Exten sur le bras). Le premier type de geste diffuse par transfert de mouvement vers les doigts d'un côté et sur l'avant-bras de l'autre ; il ne remonte guère au-delà (encarts gris foncé). Les gestes relevant de la négation épistémique diffusent vers l'épaule d'un côté (shrug) et vers la main de l'autre (encarts gris clairs). L'ensemble de ces diffusions sur des segments supports se fait selon des invariants polaires particuliers qui deviennent des pôles de négation.

Д. Бутэ

Pour résumer, on distingue formellement deux unités gestuelles pour la négation. L'une émane de la main et diffuse son enveloppe et son sensvers l'avant-bras. Le transfert du mouvement n'atteint pas le bras. L'autre type de négation lié à un positionnement épistémique a un flux proximal-distal qui émane du bras. Le transfert de mouvement affecte l'avant-bras, la main puis les doigts, mais peut également, depuis le bras, remonter sur l'épaule (shrug).

Conclusion

Des traits polaires invariants de la négation gestuelle ont été mis au jour par une méthode de description partant d'un cadre de référence intrinsèque et codant chaque geste, à un niveau cinématique, selon les degrés de liberté en mouvement. La productivité de cette approche modifie notre conception de la gestuelle. On peut désormais envisager le support de la gestuelle comme un ensemble articulé de segments répondant à des caractéristiques physiologiques, d'une part, à un ensemble de variables inertielles associés qui confèrent un ordre intrinsèque à la mise en mouvement des segments, d'autre part.

Cette différenciation entre les segments et entre les degrés de liberté révèle des flux de propagation du mouvement distincts et une réalité double pour chaque segment : celle d'un segment support du geste qui propage le mouvement et éventuellement la part de signification qui lui est associée ; et celle d'un segment substrat du sens sur lequel se génère une forme porteuse de sens qui diffuse sur tout ou partie du membre supérieur [5].

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