Новый филологический вестник. 2016. №3(38).
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E. Deyneka (Saint-Denis, France)
POUR UNE TH É ORIE DU RYTHME DES VERS ET DES PROSES :
L' "anthropologie historique du langage" de Henri Meschonnic et la "poétique cognitive" de Reuven Tsur
E. Deyneka (Saint-Denis, France)
For a Theory of the Rhythm of Verses and Proses: Henri Meschonnic's "Historical Anthropology of Language" and Reuven
Tsur's "Cognitive Poetics"
Abstract. The article presents a brief comparative study of two epistemologically different approaches to the problem of poetic rhythm whose authors, paradoxically, have much in common. Both of them were born in 1932, in families originated, respectively, from the region of Bessarabia and Romania, became university professors and contributed a lot to reform the methodology of literary analysis, with particular interest to the questions of poetic rhythm, studied Bible texts from the poetic viewpoint, inherited from Russian Formalists, paid special attention to such aspects of literary works which could be investigated only through oral performance, and, nevertheless, have developed two almost opposite visions of poetry and literature as a verbal art. In our study, we aim to reconstruct the main conceptual and methodological assumptions of their theories in order to explain the reasons of such unexpected final divergence and, probably, outline ways to synthesize their approaches. Our hypothesis consists to see in Henri Meschonnic's "historical anthropology of language" and Reuven Tsur's "cognitive poetics" two radically different, but not incompatible, visions of "literary fact", respectively, from the viewpoint of humanities and natural sciences.
Key words: Henri Meschonnic; Reuven Tsur; Poetic Rhythm; Historical Anthropology of Language; Cognitive Poetics; Russian Formalism.
Э.А. Дейнека (Сен-Дени, Франция)
К теории ритма стихов и прозы: "историческая антропология языка" Анри Мешонника и "когнитивная поэтика" Реувена Цура
Аннотация. В статье представлено краткое исследование двух эпистемологически различных подходов к проблеме поэтического ритма, чьи авторы, парадоксальным образом, имеют между собой много общего. Оба они родились в 1932 г., в семьях уроженцев, соответственно, Бессарабии и Румынии, стали университетскими профессорами и внесли большой вклад в реформирование методологии литературного анализа, с особым интересом к вопросам поэтического ритма, изучали библейские тексты с поэтической точки зрения, наследовали русским формалистам, уделяли специальное внимание таким аспектам литературных произведений, которые могут быть исследованы только посредством устного исполнения, и, тем не менее, разработали два
практически противоположных видения поэзии и литературы как вербального искусства. В нашем исследовании мы задаемся целью реконструировать основные концептуальные и методологические положения их теорий для объяснения причин такого неожиданного итогового расхождения и для того, чтобы, возможно, наметить пути к синтезу их подходов. Наша гипотеза заключается в усмотрении в «исторической антропологии языка» Анри Мешонника и в «когнитивной поэтике» Реувена Цура двух радикально отличных, но не несовместимых, взглядов на «литературный факт», соответственно, с точки зрения гуманитарных и естественных наук.
Ключевые слова: Анри Мешонник; Реувен Цур; поэтический ритм; историческая антропология языка; когнитивная поэтика; русский формализм.
Introduction
Dans cet article, nous allons entreprendre une brève étude comparative mettant en corrélation deux théories littéraires dont la préoccupation majeure est le phénomène du rythme poétique. Les deux sont issues du paradigme, institué d'abord par les Formalistes Russes et hérité ensuite par le structuralisme français, qui consiste à fonder la "science de la littérature" sur des méthodes d'analyse linguistique.
Leurs auteurs - poète, linguiste et poéticien français Henri Meschonnic (1932-2009) et professeur émérite de la théorie littéraire et littérature hébraïque israélien Reuven Tsur (né en 1932) - ont élaboré, dans les années 1970s, respectivement, deux conceptions originales de la poétique face à une nouvelle crise qui s'est produite dans les sciences humaines avec l'avènement du poststructuralisme.
Ces deux conceptions peuvent être désignées sous les appellations faisant partie des intitulés de leurs ouvrages théoriques majeurs dans lesquels ils proposent leurs solutions de sortie de l'impasse: l' "anthropologie historique du langage"1 (Henri Meschonnic) et la "poétique cognitive"2 (Reuven Tsur). L'une repose sur l'héritage d'une tradition qui prend l'origine, d'un côté, dans les travaux d'Émile Benveniste, relevant de la linguistique du discours, et, de l'autre côté, s'inscrit dans tels courants de pensée comme la Critique sociale de l'École de Francfort, humboldtianisme et l'avant-gardisme artistique du début du vingtième siècle. Alors que l'autre se situe plutôt du côté de la psycholinguistique et psychologie cognitive appliquées au domaine de l'esthétique et la théorie littéraire.
Cette étude comparative représente un intérêt particulier vu le fait que Henri Meschonnic et Reuven Tsur ont beaucoup en commun non seulement sur le plan de leurs positions théoriques et champs de recherches scientifiques, mais aussi au niveau de certains éléments de leurs parcours personnels, biographiques et intellectuels.
1. Henri Meschonnic et Reuven Tsur : deux "jumeaux non identiques"
Le terme "jumeaux non identiques" relève de la génétique et désigne les
jumeaux dizygotes, c'est-à-dire les bébés qui sont nés d'une seule mère et quasiment au même moment mais ne sont pas identiques physiquement, notamment en apparence. Métaphoriquement parlant, c'est bien le cas des chercheurs dont nous allons parler dans cet article.
Nés la même année dans les familles originaires presque d'une même région (les racines familiales de H. Meschonnic se perdent dans la Bissarabie et celle de R. Tsur en Roumanie) les deux ont consacré leurs vies à l'enseignement universitaire et à une quête intellectuelle qui les a amenés à repenser la nature de la création verbale et élaborer leurs propres méthodes d'analyse conformes à leurs visions du langage, de l'art et de la place des sciences humaines dans l'épistémologie moderne.
Les deux chercheurs ont subi une forte influence du formalisme russe1 et, en même temps, ont combattu les courants dominants structuralistes de leur époque, déjà assez affaiblis, vers les années 1980, par de nouvelles critiques émergentes poststructuralistes.
Les deux ont porté un intérêt particulier aux rapports entre le rythme et le mètre poétiques dans les systèmes de versification des langues différentes. Les deux soulignaient l'importance des études empiriques et privilégiaient la pratique dans leurs recherches théoriques sur la poésie et la prose littéraire2. Mais si R. Tsur insistait sur l'emploi des méthodes de recherche strictement scientifiques (statistiques, notamment), souvent assistées par la technologie informatique et supposant l'utilisation des équipements et des logiciels spécialement dédiés à l'analyse de la parole3, H. Meschonnic partageait une autre vision de la "science" et a réussi à construire sa théorie de l' "oralité" sans faire appel à l'outillage sophistiqué des sciences dites "dures"4. Cet aspect pratique des recherches théoriques, chez H. Meschonnic, puisait également dans les deux autres activités majeures de sa vie, la retraduction des textes bibliques5 et l'écriture de ses propres poèmes6.
D'autre part, la passion pour les versets bibliques et, plus généralement, pour le sacré (quoique très différemment : comme synonyme de la "poétique du divin"7 chez H. Meschonnic, et comme une recherche sur les manifestations des "états mentaux" dans la parole, voire "états altérés de la conscience" chez R. Tsur8) constitue un autre point commun.
2. Partir "pour la poétique" ou aller "toward a theory of cognitive poetics" ?
Pourtant, malgré toutes ces ressemblances apparentes, la divergence de départ entre les positions de H. Meschonnic et R. Tsur, en matière de ce qui est la poétique en tant que telle et ce que devrait être fait pour la développer, est énorme. Elle se manifeste déjà clairement à travers leurs attitudes respectives à l'égard du formalisme russe. Si R. Tsur admirait l'apport de Roman Jakobson à la méthodologie d'analyse littéraire et à la linguistique structuraliste, H. Mes-chonnic restait plutôt critique par rapport à cet héritage qui, selon lui, a "hyper-formalisé les formalistes" :
"Il y a eu la reprise positiviste, scientiste, de Todorov et de Genette. La poétique de Todorov est la recherche d'une 'structure abstraite beaucoup plus générale' que l'œuvre, et dont l'œuvre 'n'est qu'une des réalisations possibles'. Cette poétique est science par abstraction. La littérarité n'y est pas la spécificité de telle œuvre, mais la 'singularité du fait littéraire' en soi, même virtuel. La poétique du récit, de la narration, non de la prose en tant que discours. Cette poétique (...) est celle du primat de la langue. Le discours y est une 'manifestation concrète de la langue'. Cette poétique a hyperformalisé les formalistes"9.
La vision du "projet poétique" de R. Tsur est sensiblement autre. Il définit sa "poétique cognitive" comme une "approche interdisciplinaire pour étudier la littérature en employant les outils offerts par la science cognitive" : "Cognitive Poetics is an interdisciplinary approach to the study of literature employing the tools offered by cognitive science"10. Il déplore notamment le caractère restreint unilatéral des approches "impressionnistes" de certains critiques littéraires du vingtième siècle, qui ne prenaient en compte que des "effets des textes littéraires" ("the effects of literary texts") ayant beaucoup de difficultés à mettre ces derniers en corrélation avec les "structures" textuelles correspondantes ("but have difficulties in relating them to their structures"), ainsi que les méthodes de ceux qui "excellent à la description des structures des textes littéraires, mais il n'est pas toujours clair quelle est la signification humaine de ces textes, ou comment sont perçu les effets qui leur sont attribués" ("who excel in the description of the structure of literary texts, but it is not always clear what the human significance is of these texts, or how their perceived effects can be accounted for"). Il cherche donc à relier la cause à l'effet et travaille à élaborer une méthode fiable qui permettrait d'établir quels "effets peuvent être légitimement attribués aux structures en question" ("effects may legitimately be related to the structures in question")11.
Pourtant, la différence des regards que H. Meschonnic et R. Tsur posent sur la poétique en tant que "science de la littérature", philosophiquement, apparaît bien plus profonde qu'un simple désaccord sur les approches méthodologiques ou les concepts concrets. Les titres mêmes de leurs premiers livres programmatiques (ainsi que les genres académiques dans lesquels ils sont écrits) - respectivement, Pour la poétique (essai, 1970) de H. Meschonnic et Toward a Theory of Cognitive Poetics (étude empirique expérimentale, 1992) de R. Tsur - parlent d'eux-mêmes. Si avec Pour la poétique12 il s'agit d'un "départ"13 en quête de ce qui, selon Aristote, "n'a pas encore de nom", avec Toward a Theory of Cognitive Poetics [Vers une théorie de la poétique cognitive] il est question plutôt d'un cheminement à visée préalablement déterminée : "Cheminement, ce livre. Non une arrivée. Et le départ a été pris il y a déjà du temps. Trajet, le Juif errant d'Apollinaire faisant tout en marchant, c'est le en marche de la théorie, de l'analyse. Pas une étape, parce qu'il n'y a ni halte ni regard en arrière. Mais comme la prosodie est inséparable des mots, étant l'air sur lequel ils se modulent, les moments de ce livre sont l'accompagnement des livres déjà parus et de ceux qui se préparent. Théorie et pratique simultanées, travail en cours, et continué"14.
3. Critique du rythme: anthropologie historique du langage versus Poetic Rhythm: Structure and Performance
Curieusement, ni H. Meschonnic ni R. Tsur ne discutent réciproquement leurs théories dans leurs écrits. Lors de son travail critique que H. Meschonnic avait mené avant avoir construit sa fameuse "théorie du rythme", dépassant largement les limites disciplinaires et terminologiques de la simple notion de "rythme poétique"15, le poéticien français a fait l'analyse détaillée de presque toutes les conceptions du rythme langagier jamais articulées avant lui. Néanmoins, le nom de R. Tsur, autant que nous le sachions, n'apparaît nulle part dans ses livres. Si pour R. Tsur les idées de H. Meschonnic ne représentaient probablement pas beaucoup d'intérêt vu leur caractère plutôt spéculatif, la théorie de R. Tsur aurait pu être critiquée individuellement par H. Meschonnic, car elle représente un cas particulier et bien représentatif de ce qu'il identifiait et rejetait sous l'appellation de la "poétique de l'écart".
Dans son propre travail, il se contentait d'un outillage conceptuel qu'il avait forgé lui-même au long des années au sein de ses activités de traduction des textes bibliques et d'écriture des poèmes. En partie, ses recherches sur la nature des phénomènes rythmiques dans les textes littéraires (écrits et oraux) étaient motivées par la spécificité du système de versification française liée à l'absence des schémas métriques classiques dans la poésie, en raison de la monotonie dans l'accentuation des mots en français.
En pratique, il distinguait plusieurs types d'accents16 (les aspects proprement techniques de ses méthodes d'analyse des textes littéraires, et non littéraires, ont été systématiquement décrits, en collaboration avec G. Dessons, dans son livre Traité du rythme: des vers et des proses, 199817) :
1) accent de groupe rythmique (accent de mot phonétique) ;
2) accent d'attaque, consonantique ou vocalique (accent intentionnel, accent de rhétorique, oratoire, affectif, émotioinnel, d'insistance affective ou intellectuelle);
3) accent prosodique, consonantique ou vocalique;
4) contre-accent;
5) accent métrique.
À la différence de la définition technique du rythme donnée par R. Tsur dans son livre fondateur Toward a Theory of Cognitive Poetics ("Rhythm is based on groups of recurring events of different kinds. Differentiation in this formula is as important as recurrence"18 / Le rythme est basé sur des groupes d'événements récurrents de types différents. La différenciation dans cette formule est aussi importante que la récurrence), celle de H. Meschonnic va au-delà des besoins immédiats de l'analyse des textes et propose toute une théorie du sujet énonçant, ou théorie du "sujet de l'énonciation" (selon la terminologie d'É. Benveniste) :
"Je définis le rythme dans le langage comme l'organisation des marques par lesquelles les signifiants, linguistiques et extralinguistiques (dans le cas de la communication orale surtout) produisent une sémantique spécifique, distincte du sens lexical, et
que j'appelle la signifiance : c'est-à-dire les valeurs, propres à un discours et à un seul. Ces marques peuvent se situer à tous les 'niveaux' du langage : accentuelles, prosodiques, lexicales, syntaxiques. Elles constituent ensemble une paradigmatique et une syntagmatique qui neutralisent précisément la notion de niveau. Contre la réduction courante du 'sens' au lexical, la signifiance est de tout le discours, elle est dans chaque consonne, dans chaque voyelle qui, en tant que paradigme et que syntagmatique, dégage des séries. Ainsi les signifiants sont autant syntaxiques que prosodiques. Le 'sens' n'est plus dans les mots, lexicalement. Dans son acception restreinte, le rythme est l'accen-tuel, distinct de la prosodie - organisation vocalique, consonantique. Dans son acception large, celle que j'implique ici le plus souvent, le rythme englobe la prosodie. Et, en parlant, l'intonation. Organisant ensemble la signifiance et la signification du discours, le rythme est l'organisation même du sens dans le discours. Et le sens étant l'activité du sujet de l'énonciation, le rythme est l'organisation du sujet comme discours dans et par son discours"19.
L'approche de R. Tsur n'a pas les mêmes racines théoriques, elle repose sur une autre tradition scientifique, positiviste, relevant de la linguistique et la psychologie cognitives20. Poussé jusqu'à ses limites logiques, aujourd'hui, ce courant réapparaît sous forme de "neuropoétique" ou "poétique neurocogni-tive"21. Contrairement à la vision de H. Meschonnic qui a toujours valorisé la "spécificité" des œuvres littéraires en y associant sa notion de "rythme", cet ensemble de théories néo-positivistes admet que tout fait poétique, à la différence du "langage ordinaire", est une sorte de "violence" exercée par le poème sur nos capacités perceptives et cognitives. Et donc, c'est la norme langagière qui doit être étudiée d'abord, avant qu'on puisse ensuite déterminer tous les effets poétiques qu'une œuvre littéraire est susceptible de produire grâce à un certain nombre de procédés de mise à l'écart et de déviation par rapport à cette "norme" langagière statistiquement déterminable22.
Conclusion
En conclusion, il faudrait noter que, malgré les apparences, les deux théories de la littérature et du rythme poétique discutées dans cet article ne sont ni similaires ni incompatibles l'une avec l'autre. Elles appartiennent simplement à deux champs épistémologiquement distincts. Celle de H. Meschonnic relève des sciences humaines, tandis que celle de R. Tsur tend manifestement vers les sciences de la nature. L'attitude de leurs auteurs envers ce qui, en philosophie, porte le nom de "fossé épistémologique" est également diamétralement opposée: le poéticien français le considère principalement insurmontable, alors que le chercheur israélien croit à la possibilité de l'éliminer grâce aux technologies et nouvelles méthodes d'analyse appropriées.
La confrontation idéologique entre ces deux approches de la littérature, dont chacune est savante à sa manière, ne sera jamais probablement résolue, car l'empirisme et le rationalisme (quoique, bien sûr, il serait trop simpliste de réduire l' "anthropologie historique du langage" de H. Meschonnic et la "poétique cognitive" de R. Tsur forcément à ces courants de pensée philosophiques)
ne sont que deux côtés d'une même médaille des moyens de la connaissance humaine. Et pourtant, la complexité du désaccord conceptuel qui régit l'opposition intransigeante entre les deux positions épistémologiques décrites dans cet article mérite d'autres études plus détaillées en la matière.
NOTES
1 Meschonnic H. Critique du rythme: anthropologie historique du langage. Lagrasse, 1982.
2 Tsur R. Toward a Theory of Cognitive Poetics. Brighton; Portland; Toronto, 2008.
3 Deyneka E. Henri Meschonnic et le formalisme russe: rencontre, héritage ou déplacement des idées? // Glissements, décentrements, déplacement. Pour un dialogue sémiotique franco-russe. Digital Library of the University Paris 8. Saint-Denis, 2013. P. 188-197. URL: http://www.bibliotheque-numerique-paris8.fr/fre/ref/164239/COLN3/ (accessed 3.09.2013); LiljaE. Reuven Tsur. Poetic Rhythm. Structure and performance. An empirical study in cognitive poetics. 2nd ed. Brighton, 2012 (A review article) // Studia Metrica et Poetica. 2014. Vol. 1.1. P. 143.
4 Tsur R. Poetry Reading - Rhythmical Performance: Triple-encoding, and voice quality: Six case studies // Thinking Verse. 2012. Vol. 2. P. 88-111; Tsur R. Poetic Rhythm. Structure and Performance. An Empirical Study in Cognitive Poetics. Brighton, 2012.
5 Tsur R. What Makes Sound Patterns Expressive? The Poetic Mode of Speech Perception. Durham; London, 1992.
6 Дейнека Э.А. Теория «устности» Анри Мешонника // Живое слово: логос -голос - движение - жест / сост. В.В. Фещенко. М., 2015. С. 255-265; Meschonnic H. Qu'entendez-vous par l'oralité? // Meschonnic H. Les états de la poétique. Paris, 1985. P. 93-133.
7 Meschonnic H. Poétique du traduire. Paris, 1999.
8 Leopizzi M. Les sources du poéme Meschonnic. Paris, 2009.
9 Meschonnic H. Le sacré, le divin, le religieux. Paris, 2016.
10 Tsur R. 'Kubla Khan', Poetic Structure, Hypnotic Quality and Cognitive Style: A Study in Mental, Vocal and Critical Performance. Amsterdam, 2006; Tsur R. On the Shore of Nothing-ness: Space, Rhythm, and Semantic Structure in Religious Poetry and Its Mystic-Secular Coun-terpart. A Study in Cognitive Poetics. Exeter, 2003.
11 Meschonnic H. Les états de la poétique. Paris, 1985. P. 41.
12 Tsur R. Toward a Theory of Cognitive Poetics. Brighton; Portland; Toronto, 2008.
P. 1.
13 Tsur R. Toward a Theory of Cognitive Poetics. Brighton; Portland; Toronto, 2008.
P. 1.
14 Meschonnic H. Pour la poétique. Paris, 1970.
15 Дейнека Э.А. Концепты лингвоантропологической системы Анри Мешонника // Под знаком «Мета». М.; Калуга, 2011. С. 235-236.
16 Meschonnic H. Les états de la poétique. Paris, 1985. P. 7.
17 Meschonnic H. Le signe et le poéme. Paris, 1975.
18 Meschonnic H. Critique du rythme: anthropologie historique du langage. Lagrasse, 1982.
19 Dessons G., Meschonnic H. Traité du rythme: des vers et des proses. Paris, 2005.
20 Tsur R. Poetic Rhythm. Structure and Performance. An Empirical Study in Cognitive Poetics. Brighton, 2012. P. 17.
21 Meschonnic H. Critique du rythme: anthropologie historique du langage. Lagrasse, 1982. P. 216-217.
22 Фаликман М. Когнитивная наука: основоположения и перспективы // Логос. 2014. № 1 (97). С. 1-18; Brône G., Vandaele J. (eds.). Cognitive Poetics: Goals, Gains and Gaps. Berlin; New York, 2009.
23 Liu S., Chow H.M., Xu Y., Erkkinen M.G., Swett K.E., Eagle M.W., Rizik-Baer D.A., Braun A.R. Neural Correlates of Lyrical Improvisation: An fMRI Study of Freestyle Rap. // Scientific Reports. 2012. Vol. 2. Article 834. P. 1-8; Jacobs A.M. Neuroco-gnitive poetics: methods and models for investigating the neural and cognitive-affective bases of literature reception // Frontiers in Human Neuroscience. 2015. Vol. 9. Article 186. P. 1-22.
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na materiale slavyanskikh i germanskikh yazykov [Dynamics and Statics of the Speech Rhythm. A Comparative Study on the Material of Slavic and Germanic Languages]. Moscow, 2004. (In Russian).
Evelina Deyneka - Candidate of Medicine, postgraduate student of the Graduate School "Practices and theories of meaning" (specialty "French Language and Literature"), translator.
Scientific interests: neurosciences, cognitology, philosophy of mind, philosophy of language, linguopoetics, aesthetic theories and literary theories. E-mail: [email protected]
Эвелина Александровна Дейнека - кандидат медицинских наук, докторант Докторской школы "Практики и теории смысла" (отделение "Французские языки и литературы"), переводчик.
Научные интересы: нейронауки, когнитология, философия сознания, философия языка, лингвопоэтика, эстетические теории и теории литературы. E-mail: [email protected]