Научная статья на тему 'Cultural and discursive heritage of the companionage'

Cultural and discursive heritage of the companionage Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
КОМПАНЬОНАЖ / РИТУАЛ / ДОСТОЯНИЕ / ЗНАНИЯ / УМЕНИЯ / ТРАДИЦИИ / РАБОЧАЯ КУЛЬТУРА / COMPANIONAGE / RITUAL / HERITAGE / KNOWLEDGE / SKILLS / TRADITIONS / WORKING CULTURE

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Рекош Карина Хаджиевна

Статья посвящена некоторым видам организации труда в средневековой Франции, находящимся у истоков предпринимательства. Ремесленнические корпорации, состоявшие из мастера, подмастерья и ученика, можно считать предшественниками современных предприятий, a компаньонажи, не прерывавшие своего существования и состоящие только из рабочих, предшествуют современным профсоюзам, но в отличие от них нацелены на сохранение рабочей культуры, духа, традиций и передачу профессиональных навыков и знаний и заслуживают более подробного ознакомления с ними.

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Культурно-дискурсивное достояние компаньонажа (на фр. языке)

The article is about some types of labour organization in Medieval France, which gave birth to entrepreneurship. Craft corporations, consisting of a master, companion and apprentice, can be considered the predecessor of modern enterprises. Companionage that do not interrupt their existence and consist only of workers precede modern trade unions, but, unlike them, are aimed at preserving the working culture, spirit, traditions and transferring professional skills and knowledge and deserve more detailed familiarization with them.

Текст научной работы на тему «Cultural and discursive heritage of the companionage»

К. Х. Рекош*

Культурно-дискурсивное достояние компаньонажа

Аннотация. Статья посвящена некоторым видам организации труда в средневековой Франции, находящимся у истоков предпринимательства. Ремесленнические корпорации, состоявшие из мастера, подмастерья и ученика, можно считать предшественниками современных предприятий, a компаньонажи, не прерывавшие своего существования и состоящие только из рабочих, предшествуют современным профсоюзам, но в отличие от них нацелены на сохранение рабочей культуры, духа, традиций и передачу профессиональных навыков и знаний и заслуживают более подробного ознакомления с ними.

Ключевые слова: компаньонаж, ритуал, достояние, знания, умения, традиции, рабочая культура.

DOI: 10.17803/1994-1471.2018.93.8.213-216

LE PATRIMOINE CULTUREL ET DISCURSIF DU COMPAGNONNAGE

Pour comprendre un phénomène il faut connaître ses origines (Aristote). Dans la France médiévale lescommerçants (futurs bourgeois) organisaient de petits métiers qui regroupaient les gens du plat pays: boulangers, bouchers, charpentiers, tailleurs, forgerons, menuisiers, potiers de terre et d'étain, travaillant pour le marché local. A partir de ce moment les travailleurs furent répartis en métiers qui se confondaient souvent avec des associations religieuses et charitables. Le régime corporati^comprenait donc la production locale et des industries d'exportation

(organisées par les bourgeois-commerçants) dans les régions du Nord et du Midi.

Les corps de métier s'appelaient autrement gildes ou hanses. Parmi eux il y avait des corps de métier jurés (ayant le monopole d'une profession déterminée), réglés (munis de statuts propres à chaque métier) et libres. La maximisation des profits ne l'emportait pas sur leur activité économique soumise au paradigme de l'époque: respect des principes moraux, exigence de justes prix,de qualité pour les produits fabriqués, limitation de la concurrence, absence d'antagonisme

1 Le mot « corporation « est un mot anglais tiré du latin médiéval corporari (se réunir en corps) qui a pénétré dans la langue française en 1530. A. Dauzat, Dictionnaire étymologique de la langue française, 1938, p. 208. On employait avant l'expression « corps de métier « ou « métiers «, précurseurs des corporations actuelles. Le mot « artisan « est emprunté à l'italien artigiano 1546 A. Dauzat, Dictionnaire étymologique, 1938, p. 51. Le mot métier tire son origine du mot mestier (du latin misterium, pour ministerium) : Besoin, nécessité. Profit, utilité. Service, office. Métier. Usine, fabrique. A. J. Greimas, Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du XIVe siècle, 1968, p. 412.

© Рекош К. Х., 2018

* Рекош Карина Хаджиевна, кандидат филологических наук, доцент, доцент кафедры французского языка Московского государственного института международных отношений МИД России karinarekosh@mail.ru

119454, Россия, г. Москва, пр. Вернадского, д. 76

entre maîtres et compagnons, leur objectif étant la satisfaction des besoins locaux2. Etienne Boi-leau a décrit (vers 1268) quelques cent métiers dans son Livre des métiers. Les corps de métier comportaient maître/valet/apprenti. Les valets s'appelaient aussi compagnons3, aides, garçons. Voulant devenir maîtres les compagnons soumettaient leurs chefs d'oeuvre4 à l'examen du jury. Ils devaient payer une finance et un banquet, car l'antagonisme entre les maîtres et compagnons des corps de métier aidant, l'accès à la maîtriseaprès le XIV siècle devenait de plus en plus difficile, les maîtres attribuant la maîtrise aux personnes de leur choix. Les compagnons qui ne parvenaient pas à la maîtrise devenaient compagnons à vie, aussi le désir de créer leur propre organisationn'est-il pas étonnant. Le fait que les Compagnonnages se composent de Compagnons fait penser aux corps de métier alors que ce sont deux organisations tout à fait différentes. Les Compagnonnages n'avaient ni maîtres, ni apprentis.

D'origine populaire basée sur des traditions orales, les Compagnonnages sont nés spontanément comme organisations ouvrières.Leur naissance remonte à la nuit des temps,aux pyra-midesd'Egypte, à la construction du Temple de Jérusalem par Salomon (datant de 966 avant J.C.) et à son architecte Hiram qui figure dans l'Ancien testament(Hiram assassiné fut enterré au coeur du Temple). Outre Hiram, Maître Jacques et le père Soubise sont aussi reconnus comme fondateurs des Compagnonnages.Une autre légende de l'époque des croisades confond le Maître Jacques avec le Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay. La cathédrale de la Sainte Beaume gardant la mémoire des fondateurs, Marie-Madeleine devenue la patronne des Compagnons témoignent d'une filiation spirituelle entre le Temple et les cathédrales.

De même quela construction, métier principal médiéval des Compagnonnages et des Templiers, l'activité ouvrière a quelque chose de liturgique,

de sacré: au centre de la nef des cathédrales de Chartres et d'Amiens il y a des dessins de laby-rinthe.Le parcourir à genoux en priant équivaut, pour les Compagnons, à un pèlerinage.

La Réforme a provoqué des oppositions: les métiers tendaient au service des maîtres et les Compagnonnages confortaient une solidarité ouvrière face au pouvoir corporatif. En 1601, sous Henri IV, une scission se produisit parmi les Compagnons. Le plus grand nombre des Compagnons du Devoir restèrent fidèles au catholicisme et prirent le nom de « Devoirants », ce qui a donné par fausse éty-mologie « Devorants « tandis que ceux fidèles au protestantisme eurent le sobriquet de « gavots « (danse) écrit «gaveau» d'après le nom des protestants du Midi.

Certains rites avaient l'air de parodier le christianisme, dénoncés par la Sorbonne.La faculté de Théologie de la Sorbonne a rendu le 14 mars 1655 une sentence condamnant les pratiques du Compagnonnage en ces paroles : « ces Compagnons déshonnorent grandement Dieu, profanant tous les mystères de notre religion, ruinant les maîtres, vidant leurs boutiques... «. On leur reprochait péché, sacrilège, impureté, blasphème contre les mystères de la religion. L'archevêque de Toulouse les excommunia. Leurs légendes tenaient de l'Evangile, la Bible et les chansons de gestes étaient une source d'inspiration, de recherches d'allégories et pas nécessairement une parodie.Le rituel d'initiation des Compagnons avait l'air d'une parodie des sacrements (dans le logis de la mère la nappe tenant lieu du saint Suaire, les quatre pied de la table symbolisant les quatre Evangé-listes, le dessus de la table — le Saint Sépulcre, les objets rappelant la Passion, diverses scènes de la Bible, l'arche de Noé, le tabernacle de Jacob, etc.). Lors de la procédure d'introduction l'aspirant prononçait ces mots: « Honneur à Dieu ! Honneur à la table ! Honneur à mon prévôt ! «. Il baisait ensuite la table et disait : « A Dieu ne plaise que ce baiser

2 P-C. Timbal, A. Castaldo. Histoire des institutions publiques et des faits sociaux, Dalloz, 1990, p. 244.

3 Etymologie du mot compagnon : qui mange son pain avec, en effet les valets logeaient et mangeaient chez le maître.

4 Les chefs d'oeuvre sont exposés actuellement aux musées du compagnonnage de l'Hôtel de Ville, de l'avenue Jean-Jaurès à Paris.

5 Bernard de Castéra. Le Compagnonnage. Que sais-je. PUF. 1988, p. 26.

soit celui de Judas ! «5. Ces rites ne pouvaient être pris nulle part ailleurs que dans le christianisme et dans la littérature.

Par rapport aux métiers (abolis par Turgot en 1776) les Compagnonnages étaient des entités parallèles. C'étaient seulement les ouvriers confirmés (qui ne seront jamais maîtres) qui y étaient admis. Les asp/rants(postulants)voulant devenir Compagnons étaient conduits dans un souterrain du Temple pour y être initiés. Pour y pénétrer il fallait connaître le mot de passe.

Les corps de métier assuraient la formation de leurs valets et apprentis, après leur suppréssion (février 1776 édit Turgot) c'étaient les Compagnonnages qui en ont pris le relais mais dans la clandestinité parce que la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 « a proscrit les organisations ouvrières, les corporations des métiers, les rassemblements paysans et ouvriers ainsi que le Compagnonnage. La loi interdisait de fait les grèves et la constitution des syndicats au cours du siècle suivant, mais aussi certaines formes d'entreprises non lucratives comme les mutuelles « (WikipédiA).

Les franc-maçons ont échappé à la loi Le Chapelier « qui n'interdisait les assemblées que pour les citoyens « d'un même état» «6. Certains éléments rapprochent la franc-maçonnerie des Compagnonnages (légendes, architecture, rites, symboles, caractère hermétique et peut-être origine) mais leur esprit et vocations sont différents.

A partir de la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 autorisant les associations ouvrières et patronales, les syndicats et les Compagnonnages se sont développés parallèlement.

Le Compagnonnage réunit la culture ouvrière et le savoir-faire maintenus actuellement par des stages de formation dans le cadre du Tour de France.Le Tour de France7du Compagnonnage est une institution traditionnelle d'apprentissage et de formation aux arts et métiers manuels et techniques. Les Compagnons du Devoir est un mouvement qui assure aux jeunes gens (à partir de 15 ans) une formation, mais l'accès aux Compagnonnages comme à la franc-maçonnerien'est pas libre, les rites, symboles, paroles les aidant à se reconnaître.

En partant en voyage l'aspirant reçoit une canne avec laquelle il fait différents gestes pour se faire reconnaître :sa canne en avant exprimant la confiance, la canne en arrière étant un signe de mépris. Il fait le Tour de France dans le sens des aiguilles d'une montre. Dans chaque ville qu'il visite il reçoit un passeport qu'il appelle son « affaire », muni du cachet de la ville. Les rites sont accompagnés de dialogues comme celui des vitriers du Devoir8. Il y a aussi la deuxième cérémonie (secrète) et des liens secrets qui unissent les Compagnons.

L'exemple fourni illustre le caractère traditionnel du dialogue compagnonnique qui se caractérise par le ritualisme, vénération des fondateurs, liens avec l'antiquité, vocabulaire particulier:conduite

Ibid. P. 31-32.

G. Sand. Le Compagnon du Tour de France entre tradition et invention.Livre de poche 2011, 608 p.

« Mon ancien, j'arrive, dit le nouveau venu.

Par quelle voie venez-vous ?

De Jérusalem.

Que nous apportez-vous ?

Le mot mystérieux de l'Antiquité.

Comment se prononce-t-il ?

Il ne se prononce pas, il s'épelle «.

A la fin du dialogue on se souvient des noms mémorables:

« Quels sont les noms mémorables des Compagnons vitriers finis ? demande l'ancien.

- Hiram

- Salomon

- Jakhim

- Hommage à leur mémoire, à l'honneur et à la gloire.

- De tous les jolis Compagnons vitriers du Devoir de Maître Jacques». Bernard de Castéra. Le Compagnonnage. Que sais-je. PUF. 1988, p. 65.

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(cortège fait au partant) ; couleurs (ruban, écharpe, canne) ; guilbrette (rite de reconnaissance) ; lapin ( stagiaire nouveau venu) ; renard (ouvrier moins néophyte) ; cayenne (maison) ; mère (économe vénérée) ; rôleur (responsable de l'accueil, de l'intégration et de l'embauche); singe (patron).

La présente analyse permet de constater que d'une part, le patrimoine culturel et discursif transmet l'esprit des traditions ouvrières d'une époque à l'autre, à commencer par les pyramides d'Egypte

en passant par le Temple de Jérusalem pour arriver aux Compagnonnages du Moyen âge ; d'autre part, les corps de métier étaient aussi animés par l'esprit de travail hérité peut-être des collèges d'artisans du Bas-Empire romain, des traditions techniques des monastères et des métiers gallo-romains. Ces tendances prolongées permettent d'établir des rapprochements des corps de métier avec les entreprises actuelles et les Compagnonnages —avec les syndicats.

BIBLIOGRAPHIE

1. A. Dauzat, Dictionnaire étymologique de la langue française, 1938, 824 p.

2. Bernard de Castéra. Le Compagnonnage. Que sais-je. PUF. 1988, 122 p.

3. A. J. Greimas, Dictionnaire de l'ancien français jusqu'au milieu du XlVe siècle, 1968, 676 p.

4. G. Sand. Le Compagnon du Tour de France entre tradition et invention.Livre de poche 2011, 608 p.

5. P-C. Timbal, A. Castaldo. Histoire des institutions publiques et des faits sociaux, Dalloz,1990, 858 p.

Материал поступил в редакцию 15 апреля 2018 г.

CULTURAL AND DISCURSIVE HERITAGE OF THE COMPANIONAGE

REKOSH Karina Khadzhievna — PhD in Philology, Associate Professor of the Department of the French Language of Moscow State Institute of International Relations (MGIMO University) karinarekosh@mail.ru

119454, Russia, Moscow, prosp. Vernadskogo, d. 76

Abstract. The article is about some types of labour organization in Medieval France, which gave birth to entrepreneurship. Craft corporations, consisting of a master, companion and apprentice, can be considered the predecessor of modern enterprises. Companionage that do not interrupt their existence and consist only of workers precede modern trade unions, but, unlike them, are aimed at preserving the working culture, spirit, traditions and transferring professional skills and knowledge and deserve more detailed familiarization with them.

Keywords: companionage, ritual, heritage, knowledge, skills, traditions, working culture.

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