Научная статья на тему 'Reconstitution des chaines operatoires de fabrication des ceramiques neolithiques dans le Bassin parisien reconstruction of the process techniques of the Neolithic pottery in Paris basin: a research assessment'

Reconstitution des chaines operatoires de fabrication des ceramiques neolithiques dans le Bassin parisien reconstruction of the process techniques of the Neolithic pottery in Paris basin: a research assessment Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
НЕОЛИТ / ФРАНЦИЯ / ТЕХНОЛОГИЯ ПРОИЗВОДСТВА КЕРАМИКИ / ПОСЛЕДОВАТЕЛЬНОСТЬ ИЗГОТОВЛЕНИЯ КЕРАМИКИ / NEOLITHIC / FRANCE / POTTERY TECHNOLOGY / OPERATIONAL SEQUENCE

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Giligny François

Depuis une quinzaine d''années, les travaux de reconstitution des chaînes opératoires de façonnage de la céramique ont été réalisés sur des corpus néolithiques du Bassin parisien et du nord de la France. Ces travaux sont menés par le biais de mémoires universitaires ou de programmes de recherches et sont encore largement inédits. Ils sont basés sur les principes énoncés dès les années 1950 par les archéologues et ethnologues des techniques sous l''égide en France d''A. Leroi-Gourhan et d''Hélène Balfet (1953) et ont été connu un regain d''intérêt dans les années 1990 à 2000 (Astruc et al. 2004, Giligny and Méry 2010). Ils sont également fondés sur une tradition des études de matériaux céramiques menés en parallèle dès les années 1980 (Constantin and Courtois1980). Le principe de ces travaux est basé sur une approche double : une analyse et description des stigmates et macrotraces de façonnage ainsi que des reconstitutions expérimentales afin de tester les chaînes opératoires. Les premières données nous permettront une approche trans-culturelle et une reconstitution de l''histoire des méthodes de production des premières céramiques dans le nord de la France. Ils permettent aussi d''appréhender de manières anthropologique les relations entre technique et société. Abstract : Since about fifteen years, works of reconstruction of the pottery operational sequence of manufacturing were realized on corpuses of the Neolithic of Paris Basin and the North of France. These works were led within the framework of university memoirs or of research programs and are still widely unpublished. They are based on the principles expressed from the 1950s by archaeologists and ethnologists of techniques trained in France by A. Leroi-Gourhan as Hélène Balfet (1953) [1] renewed in the 1990s to 2000 [2; 3]. They also lean on a tradition of the ceramic materials studies led in parallel since the 1980s [4]. The principle of these works bases on a two-pronged approach: an analysis and a description of stigmas and shaping fabric marks and the experimental reconstructions to test the hypotheses of operational sequences. The first data repository will have to allow later a cross-cultural approach and a reconstruction of the history of the production methods of the first potteries in northern France. They also allow to work on the anthropological analysis of the relationship between technique and society.

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Текст научной работы на тему «Reconstitution des chaines operatoires de fabrication des ceramiques neolithiques dans le Bassin parisien reconstruction of the process techniques of the Neolithic pottery in Paris basin: a research assessment»

УДК 902

ВОССОЗДАНИЕ ТЕХНОЛОГИИ ИЗГОТОВЛЕНИЯ КЕРАМИКИ НЕОЛИТА ПАРИЖСКОГО БАССЕЙНА: НАУЧНОЕ МНЕНИЕ

©2015

Ф. Жилини, профессор

Университет Париж 1 Пантеон-Сорбонна, Париж (Франция)

Аннотация. Ранее были написаны работы по воссозданию последовательности процесса производства керамики неолита Парижского бассейна и Севера Франции. Данные труды были созданы в рамках университетских исследовательских программ, и до настоящего времени никем так и не публиковались. Работы основаны на принципах, открытых археологами и этнологами в 1950-х гг., это касалось технологии, открытой во Франции А. Леруа-Гурхан, новые данные были открыты Элен Балфе (1953) в 1990-х гг. (Астрюк и др., Жилини и Мери, 2010). Указанные выше труды опирались на традицию изучения керамических материалов, которая велась параллельно с 1980-х гг. (Константин и Куртуа, 1980).

Принцип указанных работ основан на двойном подходе: анализ и описание орнаментации керамики и экспериментальное воссоздание процесса производства для проверки последовательности ее изготовления. После создания первого хранилища данных появится возможность подойти к анализу используя межкультурный подход и воссоздать историю методов изготовления первых образцов керамики в Северной Франции. Также будет возможен антропологический анализ взаимного влияния между технологией производства и обществом.

Ключевые слова: неолит; Франция; технология производства керамики; последовательность изготовления керамики.

l.La séquence chrono-culturelle et les styles céramiques

Le Néolithique est compris pour le nord de la France entre 5200 et 2200 BC (fig. 1).

La colonisation du Bassin parisien par des communautés néolithiques s'effectue d'est en ouest par les axes naturels de circulation que sont les grandes vallées alluviales. La plus ancienne culture archéologique, pour le Néolithique ancien, est la céramique linéaire. Elle est représentée en Champagne par une étape moyenne et dans les vallées de l'Aisne, de l'Oise, de la Marne, de la Seine et de l'Yonne, par son évolution régionale finale dite Rubané Récent du Bassin Parisien ou RRBP (51004900 av. J.-C.). La culture de Villeneuve-Saint-Germain ou VSG, qui lui succède, gagne le Massif armoricain et la vallée de la Loire (4900-4700 BC). Les occupations de ces deux cultures se font de manière privilégiée sur les loess. Elles sont denses dans les vallées puis sur les plateaux au VSG. Les récipients céramiques RRBP se partagent en deux catégories techno-morphologiques, la céramique fine décorée ou non, et la céramique grossière à décors modelés ou appliqués. Les formes sont géométriques à fond rond. Les décors sont incisés, imprimés au peigne ou au poinçon. Les matériaux utilisés sont des argiles loessiques avec des inclusions naturelles et parfois du dégraissant. Un certain nombre d'éléments céramiques dits du Limbourg et de la Hoguette ont été retrouvés en association avec la céramique linéaire dans les régions rhénanes et le Bassin parisien [5]. Ils ne seront pas présentés ici car leurs techniques de façonnage n'ont pas encore été analysées de manière systématique.

Les caractères de la céramique VSG sont assez proches de celles du RRBP mais sa répartition en deux catégories n'est pas systématique et l'utilisation de dégraissant (chamotte ou os) est plus fréquente.

Pendant le Néolithique moyen (4700-3400 BC) et

les cultures de Cerny, Rössen et post-Rössen, Chasséen ou Michelsberg, se développent les enceintes à fossé interrompu et palissade, les sépultures monumentales et les minières à silex.

Les formes céramiques Cerny sont surtout des bouteilles et des bols à deux anses. Les décors sont majoritairement imprimés, modelés ou appliqués Le dégraissant à l'os calciné pilé est utilisé conjointement avec de la chamotte, ainsi que les coquilles fossiles.

La céramique du Chasséen septentrional est influencée par celle du Chasséen méridional. Celle-ci est surtout caractérisée par la rareté des décors et la présence de quelques récipients aux surfaces polies très régulières, de couleur sombre et d'épaisseur réduite. Le dégraissant au silex pilé est très fréquent. Les formes sont très variées, simples ou composites : bols, assiettes, coupes, gobelets et vases cylindriques, écuelles carénées, vases à épaulement, coupes à socle. Les préhensions sont nombreuses mais les décors incisés-gravés quasi-absents, à l'exception des coupes à socle qui sont probablement des brûle-parfums. Les statuettes féminines en terre cuite sont présentes de manière récurrente. La fin du Néolithique moyen est très peu documentée. Seuls quelques corpus peuvent être situés après 3600 av. J.-C., comme ceux du groupe de Balloy, à la confluence Seine-Yonne, dont la céramique associe des caractères du Néolithique moyen (plats à pain avec dégraissant au silex) et du Néolithique récent (gobelets à col court profil en S et base plate).

Au Néolithique récent (horizon Seine-Oise-Marne ou SOM : 3400-2800 BC) puis final (Gord et Campaniforme: 2800-2200 BC), de nombreuses sépultures collectives sont construites puis réutilisées. Les tombes individuelles ré-apparaissent au Campaniforme.

Le Néolithique récent est en cours de redéfinition à travers plusieurs groupes régionaux, dont celui du

Montet dans la région Centre ou celui des hypogées de la Marne en Champagne [6]. La céramique du Néolithique récent est grossière, à montage rapide, parois épaisses, surface rarement polie et tout juste lissée ou régularisée. Les formes, à base plate et à pied droit ou proéminent, sont des jarres hautes à col déversé ou des gobelets. Quelques bouteilles à collerette renvoient à des influences orientales. Les décors sont quasiment absents. Deux catégories techno-morphologiques coexistent dans la céramique du Gord, comme dans d'autres régions: une céramique fine à fond rond, formes simples et carénées ; une céramique grossière à fond plat, profils sinueux et col. S'y ajoutent des cuillères, louches et fusaïoles et de nombreux éléments de préhension et de suspension. Quelques sites, comme le Fort-Harrouard (Eure-et-Loir), montrent des influences du Centre-Ouest de la France par la présence d'éléments de la culture d'Artenac, d'autres dans la vallée de la Seine, présentent des éléments Conguel issus de Bretagne.

La céramique campaniforme est constituée de plusieurs composantes : standard (style maritime, style linéaire), styles régionaux, céramique commune dite d'accompagnement, ainsi que des éléments composites attestant d'imitations ou transferts entre styles.

2. Objectifs et méthodologie

Depuis 1998, plusieurs travaux universitaires ont porté sur les techniques de fabrication des styles céramiques du Ve et IlIe millénaires avant notre ère. Leur objectif est de reconstituer les techniques de façonnage et de traitement de surface de corpus représentatifs de ces styles céramiques. Ces reconstitutions sont réalisées par type morphologique, les formes récurrentes et les mieux documentées étant privilégiées, le but final étant d'intégrer les chaînes opératoires de fabrication à l'étude diachronique des changements stylistiques et culturels.

L'approche est double, avec description des stigmates de façonnage et des traces de surface des vases archéologiques d'une part, reconstitutions expérimentales d'après les modèles archéologiques choisis d'autre part. Cette double approche est menée en parallèle, les premières reconstitutions étant engagées au cours de l'étude des vases archéologiques. Les reconstitutions hypothétiques sont ainsi testées et améliorées afin d'être les plus proches des observations archéologiques. Après cuisson, les vases expérimentaux sont brisés, remontés puis traités comme des vases archéologiques en «test aveugle». Les résultats des interprétations sur les vases expérimentaux sont enfin comparés à ceux obtenus sur les vases archéologiques, validant ou infirmant les hypothèses de reconstitutions émises (fig. 2). Il faut noter ici que l'analyse typologique, qui inclut les paramètres technologiques élémentaires (dégraissant et inclusions, traitement de surface, cuisson) a été dans la plupart des cas réalisée au préalable ou en même temps que le travail d'analyse plus détaillée des stigmates en vue de reconstituer la chaîne opératoire de façonnage.

Afin de limiter le nombre de reconstitutions expérimentales, des paramètres fixes ont été choisis. Les pâtes utilisées sont constituées de une à deux argiles auxquelles du dégraissant a été ajouté en proportion

constante en limitant leur nature.

Le travail de description des vases archéologiques repose sur un examen détaillé de chaque individu entier pour identifier:

- les stigmates et macrotraces de façonnage par observation de l'orientation des lignes de fractures en surface et sur la tranche, des variations d'épaisseur de la pâte,

- les macrotraces de surface par observation des traces d'outils, le degré de régularité de la paroi, sa brillance ou sa matité...

Les indices sont reportés sur un profil schématique à l'échelle 1:1. Des photographies de vases entiers ou de détails ainsi que des dessins schématiques complètent ces observations. Une fiche d'enregistrement est remplie pour les vases entiers décrits et les bases. Les autres vases ou ensembles de remontages sont examinés plus rapidement.

Ces travaux ont également un but pédagogique: le référentiel expérimental constitué est utilisé dans le cadre des cours de céramologie de Master de l'université Paris 1 et mis à la disposition des étudiants et des chercheurs de la Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie de Nanterre (UMR Trajectoires).

3. Travaux réalisés

Les reconstitutions des chaînes opératoires de façonnage au Néolithique ancien ont porté à la fois sur le Rubané récent du Bassin parisien et sur le Villeneuve-Saint-Germain (VSG) (Tableau 1 et fig. 3)

Les styles du Rubané récent du Bassin parisien et du VSG, pour l'instant documentés partiellement, vont l'être plus largement dans le cadre d'une thèse en cours (Gomart, ce volume), qui complète et développe les premières analyses des vases funéraires de la vallée de l'Aisne et des habitats correspondants [7; 8; 9]. Ces deux derniers mémoires ont apporté une vision nouvelle des corpus céramiques du Rubané et VSG, en insistant en particulier sur la diversité des chaînes opératoires de fabrication mises en œuvre. Ils ont également permis d'identifier, pour la première fois dans le Bassin parisien, la technique du battage repérée auparavant en contexte Néolithique final dans le Jura [10].

L'étude du corpus VSG de Neauphle-le-Vieux (Yvelines) a permis de réaliser quelques observations sur les techniques de montage et de reconstituer des chaînes opératoires montrant en particulier l'omniprésence de la technique du colombin et ses variantes - en anneaux, en anneaux aplatis ou étirés, en spirale [11].

Le Cerny et les styles Rössen tardif et post-Rössen des sites de Balloy «Les Réaudins» et de Paris «Bercy» ont fait l'objet de deux mémoires universitaires [12]. Ils ont amené à la proposition de reconstitution des chaînes opératoires de fabrication pour plusieurs catégories de vases, bols, vases à col, vases à embouchure carrée, essentiellement basés sur la technique du colombin. L'horizon chasséen et le Néolithique moyen II ont fait l'objet de travaux plus conséquents en nombre de sites et de vases analysés, notamment dans la thèse de C. Colas, une des premières à avoir abordé la question des techniques de manière globale et reconstitué des chaînes opératoires [13]. Elle a concerné plusieurs styles de la

moitié nord de la France, avec pour le Bassin parisien le Chasséen septentrional, le groupe de Noyen et le Michelsberg, mais aussi le Chasséen de Bourgogne, le Néolithique moyen bourguignon, le Néolithique moyen de l'Ouest. Ce choix géographique et culturel a conditionné les résultats concernant le Bassin parisien mais aussi les relations entre celui-ci et les styles des autres régions, à savoir la grande homogénéité technique propre aux sites du Bassin parisien d'une part et l'impossibilité de privilégier les influences stylistiques provenant des régions voisines.

C. Lelu a analysé tout d'abord les coupes à socle [14] en montrant la multiplicité des techniques et des chaînes opératoires mais aussi l'homogénéité du milieu technique au sein du chasséen concernant ces vases, les techniques étant communes à l'ensemble des sites du Bassin parisien analysés. Elle a ensuite étudié les vases carénés, en particulier les vases à carène basse d'inspiration ou de tradition méridionale, mais aussi les formes plus caractéristiques du Chasséen septentrional, afin de juger des différences et des influences entre ces formes [15]. Une reconstitution expérimentale des techniques de fabrication des plats à pain, forme commune au Cerny, au Chasséen septentrional et au Michelsberg, a également

été conduite d'après les observations de C. Colas [11; 13; 16]. Ces observations ont été complétées sur des plats issus d'autres corpus - Balloy «Les Réaudins», Lauwin-Planque «Avenue Jacques Cartier» [17; 18] -façonnés à l'aide de plusieurs techniques: montage par plaques superposées, montage aux colombins, modelage et montage sur une vannerie.

La fin du Néolithique est encore une période mal documentée. Récemment, un PCR sur le IIIe millénaire dans le Centre-Nord de la France s'est attaché à combler cette lacune [6; 19]. Un inventaire et une reprise de la documentation a permis de sélectionner plusieurs corpus du Néolithique récent. R. Martineau a entrepris de les étudier selon une problématique orientée sur l'identification des techniques et méthodes de fabrication des vases à fond plat et parois tronconiques, afin de mettre en évidence l'unité ou la diversité des techniques dans la région d'considérée. Une comparaison avec les céramiques du Horgen, style bien documenté dans le Jura, devrait apporter un éclairage nouveau sur les liens historiques supposés entre Seine-Oise-Marne et Horgen [20-22].

Les styles du Campaniforme n'ont pour l'instant pas fait l'objet d'analyses systématiques des méthodes de

Table 1 - Sites ayant fait l'objet d'une reconstitution des chaînes opératoires de fabrication.

Rubané récent Menneville «Derrière le Village» (Aisne), Berry-au-Bac «Le Vieux Tordoir» (Aisne), Bucy-le-Long «La Fosselle» (Aisne), Cuiry-lès-Chaudardes «Les Fontinettes» (Aisne) Gomart 2006 a & b, 2007 [7,9]

Villeneuve-saint-Germain Neauphle-le-Vieux «Le Moulin de Lettrée» (Yvelines) Bucy-le-Long «Le Fond du Petit Marais» (Aisne) Giligny 1997, 2007 [11; 23] Gomart 2006 a & b, 2007 [7-9]

Cerny Cerny & Roessen Balloy «Les Réaudins» (Seine-et-Marne) Paris «Bercy» (Paris) Merand-Ohlson 2002 Binder 2006 [12]

Chasséen septentrional Boury-en-Vexin (Oise), Jonquières «Camp César» (Oise), Catenoy (Oise), Paris «Bercy» (Paris) Louviers «La Villette» (Eure) Sorel-Moussel»Fort-Harrouard» (Eure-et-Loir), Paris «Bercy» (Paris), Jonquières «Camp César» (Oise), Longueil Ste Marie «Le Parc aux Bœufs» (Oise) Colas 2000 [13] Lelu 2004, 2005 [14; 15], Giligny 2005, 2007 [11] Lelu 2005 [15]

Michelsberg/groupe de Spieere Lauwin-Planque (Nord) Bazoches sur Vesle (Aisne) Carvin (Nord) Cuiry-lès-Chaudardes (Aisne) Maizy (Aisne) Manceau 2009 [18] Manceau à par. A par. Colas et Giligny à par. [24] Colas et Giligny à par.

Néolithique récent/final (Seine-Oise-Marne, Gord) hypogées de la Marne, Morains-Le-Petit et autres sites (Marne) Presles-et-Boves (Aisne) Bazoches-lès-Bray «Le Tureau à L'Oseille» (Seine-et-Marne) Fleury-sur-Andelle (Eure) Martineau 2005 Thouvenot et al. 2014 [21] Giligny 1996 [25] Parent 2012 [26]

façonnage et c'est un thème de recherches qu'il faudrait dévlopper à l'avenir.

Afin d'illustrer les chaînes opératoires de façonnage pour chaque grande période, nous présenterons ici quatre sites que nous avons pu étudier personnellement: Neauphle-le-Vieux, Balloy, Louviers et Bazoches-lès-Bray.

4. Résultats

41 Le Villeneuve-Saint-Germain de Neauphle-le-Vieux

Le site de Neauphle-le-Vieux date de la fin du Néolitique ancien, de la culture de Villeneuve-Saint-Germain (VSG). Sa céramique a été étudiée dans un rapport de fouille et est encore inédite [23].

Le site Neauphle-le-Vieux daterait de la fin de l'étape moyenne ou du début de l'étape finale du VSG. Le corpus se compose de 2902 tessons dont 4,7% de tessons décorés. Les éléments individualisés sont au nombre de 101. Cette céramique a pu être classée en deux catégories techno-morphologiques : céramique fine et céramique grossière.

Les formes sont dérivées des formes géométriques simples et sont bien connues dans le Villeneuve-Saint-Germain : grandes jarres à bord droit légèrement ouvertes, vases hémisphériques à bord concave rentrant, vases à col déversé resserré ou non (fig. 4). Les décors sont incisés, modelés ou faits d'ajouts d'éléments en relief (cordons).

La pâte est composée d'inclusions naturelles de petits graviers de quartz roulés, à laquelle sont ajoutés parfois de l'os, du silex, des graines ou des éléments végétaux. Le dégraissant osseux est très peu représenté, mais les graines sont plus fréquentes et assez nombreuses sur certains vases pour affirmer qu'il s'agit d'un dégraissant ajouté volontairement. Il faut noter le fort taux de dégraissant à la chamotte identifié sur ce site (83% des vases), alors qu'elle semble plus rare dans les autres sites.

Les reconstitutions proposées ont testé séparément les chaînes opératoires de fabrication, pour les petits vases fins et des grands vases grossiers.

La première chaîne opératoire reconstituée s'est basée sur les observations réalisées sur les grands vases cylindriques à pâte grossière. De nombreuses traces de colombins observées sur permettent de reconstituer des colombins en forme de rubans de 3,5 cm de hauteur (fig. 5: n°1-3). Ils sont soit issus de colombins circulaires épais amincis, soit aplatis et posés sous forme de rubans en anneaux. Les plans de joints observés sont en général horizontaux et un vase présente un colombin festonné par pressions digitales (fig. 5: n°5). La reconstitution s'est basée sur une pâte dégraissée à la chamotte assez densément. La base, absente des exemplaires archéologiques à Neauphle, a été façonnée par modelage. Des colombins en anneaux ont ensuite été superposés en plusieurs séquences et étirés. Leur diamètre initial est de 2 cm, donnant après étirement une hauteur d'environ 3,5 cm pour 1 cm d'épaisseur. Le lissage sommaire est réalisé à la main mouillée et les éléments plastiques -cordons et anse - sont appliqués en fin de façonnage

(fig. 6: 1).

Les céramiques fines laissent penser qu'elles ont été également majoritairement fabriquées aux colombins plus petits et bien joints, ce que témoigneraient les cassures poygonales et de rares plans de joints horizontaux (fig. 5: n°4). La seconde chaîne opératoire reconstituée a fait varier plusieurs paramètres pour des bols en céramique fine : le dégraissant fait de chamotte ou d'os, les joints de colombins, droits, obliques ou festonnés (fig. 6: 2). La base est toujours modelée ou moulée. Certains vases ont été décorés d'impressions au peigne, d'incisions à la pointe et d'autres non.

Un vase à forme elliptique en céramique fine a été reconstitué en testant la technique du colombin en spirale, monté en continu depuis le fond jusqu'au bord (fig. 6: 3). La régularité de la forme, la très faible épaisseur (5 mm) et l'absence de réseaux de cassures horizontales plaide en faveur d'un montage à l'aide de cette technique. Selon la plasticité de la pâte et les conditions d'hygrométrie, il est parfois nécessaire d'observer un léger temps de séchage à mi-hauteur.

Enfin, certains vases de petite taille ont été certainement fabriqués par modelage d'une masse de pâte. Cette hypothèse a été testée avec succès à partir de deux types de pâte : l'une dégraissée à la chamotte et l'autre non dégraissée (fig. 5: 4).

42 Le Cerny de Balloy «Les Réaudins»

Le corpus ici traité provient de l'intégralité de la fouille de l'enceinte (Mordant 1992) et date du Cerny récent ou Barbuise. A partir d'un corpus de 14000 tessons environ, le corpus sur lequel a reposé l'étude technologique est de 732 vases minimum. Les formes se décomposent entre formes non segmentées qui sont les plus nombreuses que l'on nommera également bols (46,4 %), formes segmentées appelés vases à col (30,7%), les plats à pain (8%) et les vases à embouchure carrée (3%) (fig. 7).

Une grande partie du travail de reconstitution des chaînes opératoires de façonnage, notamment sur les vases à col et les bols a été réalisé par D. Merand-Ohlson dans son mémoire de maîtrise (2002). Les reconstitutions concernant les vases à embouchure quadrangulaire et les plats à pains ont été réalisés séparément par F. Giligny.

Les techniques de montage de la base sont très variées pour tous les types de formes : modelage dans la masse, colombin spiralé et moulage ou modelage. Le modelage dans la masse est identifié par d'importantes irrégularités assimilables à des traces de pression au doigt. La technique du colombin spiralé est identifiable par les cassures (fig. 8, n°l). Un amincissement progressif des parois depuis le centre de la base sans aucun joint de colombin visible peut traduire le (fig. 8, n°2). Le moulage dans un moule concave est identifiable par de fortes pressions digitales internes et une surface externe plus lisse et régulière (fig. 8, n°3). Une autre base a été manifestement modelée avec des traces de pressions digitales et palmaires.

Pour les jarres à col, la technique du colombin spiralé est identifiée. Le moulage est moins certain, le critère

étant basé sur une régularité interne et externe, ainsi qu'une épaisseur plus importante du fond par rapport à la panse.

En ce qui concerne la panse et le col, pratiquement tous les bols présentent des stigmates de colombins détectables grâce aux fractures sub-horizontales (fig. 9, n°1). Le dernier colombin sous la lèvre est très souvent visible et parfois, c'est la quasi intégralité des colombins qui peuvent être identifiés. Ceux-ci font entre 2 et 3 cm de hauteur et étaient donc superposés en anneaux. Les joints sont généralement plans, parfois en gouttière (fig. 9, n°3).

Les joints et les parois internes sont régularisées au doigt ou au lissoir de potier (fig. 9, n°2 & 4), Ces traces sont plus nombreuses là où elles n'ont pas été effacées ultérieurement par des opérations de lissage, comme à la jonction col-panse ou à mi-panse à l'intérieur du vase, ou encore sur les anses ou la partie concave du col. Les macrotraces de surface, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, sont souvent localisées entre la panse et la base, ce qui témoigne plutôt de techniques différentes pour façonner ces parties morphologiques. Les autres traces de finition sont liées au lissage ou au polissage. Enfin, des marques de doigt sont présentes sur les faces externes, à proximité des préhensions. Pour les vases entièrement façonnés au colombin, deux hypothèses de reconstitution de chaîne opératoire ont été proposées : depuis la base vers la panse, ou depuis le col vers la base (fig. 10). C'est la présence d'un bouchon de pâte perceptible sur quelques exemplaires et par analogie avec des exemples ethnographiques actuels [27: fig. 70], qui permet de poser cette hypothèse.

En ce qui concerne les bols, ce sont les techniques du colombin spiralé et du moulage externe ou du modelage qui sont proposées pour les bases. Pour la première technique l'enroulement en spirale est de nouveau visible sur deux vases (fig. 9, n°6 & 8), pour la seconde, la surface interne est plus régulière que la surface externe et la rupture entre base et panse est marquée avec une différence d'épaisseur.

Un dernier exemplaire à surface très bosselée pourrait présenter les caractéristiques d'un montage en anneaux. Les panses présentent, comme pour les vases à col, les stigmates du façonnage aux colombins, soit des lignes de fracture horizontales et des variations d'épaisseur ou ondulations (fig. 9, n°7). Un bol d'épaisseur constante et à surface interne très régulière montre une fissure à la lèvre de 2 cm de hauteur. Ces stigmates ont fait émettre l'hypothèse d'un moulage externe.

Des cannelures liées à une estèque, semblables à celles déjà vues sur les vases à col, sont visibles sur les bols. On les retrouve sur la paroi externe autour des éléments de préhension et sur la paroi interne du tiers supérieur des vases. Des traces de doigt sont également visibles, surtout sur les vases à surface régularisée sommairement et à parois bosselées.

Les vases à embouchure quadrangulaire sont mal conservés et seuls trois d'entre eux peuvent faire l'objet d'observations sur les techniques de façonnage. Les parties de bases conservées sont de faible volume et

ne permettent pas de poser des hypothèses. De larges plans de cassures horizontaux et obliques peuvent faire penser à un montage par colombins aplatis. Les bords présentent des angles surélevés et légèrement amincis par rapport aux côtés. On peut se poser la question de la raison fonctionnelle ou esthétique de ce caractère, ou de sa résultante comme stigmate de montage. L'hypothèse d'un montage par déformation d'une ébauche circulaire a été testée expérimentalement et permet de reproduire des vases très proches des vases archéologiques (fig. 11). Ce caractère des angles surélevés est d'ailleurs présent sur les vases de la culture italique des Vasi à Bocca Quadrata à laquelle on attribue l'origine de ce caractère.

43 Le chasséen de Louviers «La Villette»

Le corpus de «La Villette» a été publié dans la monographie de site [24] et nous rappelons ici ses principales caractéristiques.

A partir d'un corpus de 16500 tessons environ, 151 récipients et plats ont été individualisés et enregistrés ainsi que 109 éléments de préhension ou suspension. Plusieurs catégories techno-morphologiques ont été définies au sein de la céramique attribuée au Chasséen et sont représentées par 21 céramiques fines, 63 céramiques grossières, 26 coupes à socle et 29 plats à pain dans les secteurs A, D, E et F (dépotoirs chasséens) auquel il faut ajouter quelques figurines anthropomorphes. Plusieurs estimations ont été réalisées pour la représentation des catégories dont une qui doit être plus proche de la réalité archéologique car elle tient compte de la fragmentation différentielle des catégories et de leur volume. Cette estimation donne des valeurs de 68,4% de céramique grossière, 22,9% de plats à pain, 7,2% de céramique fine et 1,5% de coupes à socle pour un nombre initial estimé de 1858 vases contre 137 individualisés seulement.

Les formes de la céramique grossière et fine sont subdivisées en types morphologiques entre formes simples, sans point d'inflexion, ou complexes, avec point d'inflexion ou de rupture (fig. 12). Les formes simples sont bien représentées: ce sont aussi bien des formes plus hautes, aussi hautes ou moins hautes que larges. Elles sont ouvertes ou fermées, à bord droit déversé, ou rentrant. Les formes complexes ont plutôt des cols hauts. La forme du col est droite ou concave, son inclinaison est déversée ou verticale. Les panses sont en trois-quarts, demi, ou calotte de sphère, et plus rarement en demiellipse. Les formes à panse haute possèdent un point d'inflexion à la jonction col/panse, tandis que les formes à panse basse possèdent la plupart du temps une carène simple, double, ou un épaulement. Les récipients plus hauts que larges sont peu nombreux (jarre à col). Les coupes à socle sont de type quadrangulaire et les plats à pain, circulaires avec parfois des impressions digitales sur une face et ou les bords

Les inclusions sont généralement de petite taille et seule une fraction des vases possèdent des grains supérieurs à cinq millimètres. Le silex pilé est l'inclusion la plus fréquente, ainsi que le quartz. Sont également présents des micas, du calcaire et de la chamotte en plus faibles quantités. La densité d'inclusions est plus faible

pour les plats à pain que pour les céramiques grossières ou les coupes à socle. En ce qui concerne l'état des surfaces, les surfaces lisses sont majoritaires au sein du corpus, à l'exception des plats à pain.

L'identification des stigmates de montage a été réalisé en collaboration avec C. Colas lors du traitement du mobilier et utilisé à titre de comparaison dans le cadre de sa thèse [13].

Parmi les stigmates de montage identifiés, figurent les colombins qui ont été essentiellement identifiés sur les cols. Sur six exemplaires, le sens du colombin identifié va du bas vers le haut pour deux fois du haut vers le bas (uniquement en céramique grossière). 16 vases sont soit entièrement montés aux colombins, soit cette technique a seulement été identifiée pour le col. Sur certains vases, on remarque une diminution progressive d'épaisseur de la base vers le bord. La dimension relevée est comprise entre 2 et 3,5 cm de hauteur. Un très gros colombin de 5 cm d'épaisseur a été identifié sur un vase grossier. Sur un tesson isolé, les traces de joints sont très visibles en relief (fig. 13, n°2). Sur un des grands vases hauts à col de très nombreuses bosses sont visibles sur la surface externe (fig. 13, n°1,). Ce stigmate pourrait être lié à un étirement par percussion ou pression, peut-être par battage pour ce vase d'épaisseur moyenne et à texture de pâte assez dense (7 mm pour un diamètre maximum de 13 cm).

Le montage à la motte est très probable pour trois céramiques grossières et une céramique fine. Une autre céramique grossière est montée à la motte avec un dernier colombin de 2,5 cm de hauteur pour le bord monté à l'intérieur. Quelques vases ont également probablement une base moulée.

En ce qui concerne les carènes, sur deux exemplaires, la carène est arrondie à l'intérieur et à l'extérieur. Le montage peut être envisagé en continu, notamment aux colombins. Dans sept cas, la carène est arrondie à l'intérieur et marquée à l'extérieur. Sur un de ces exemplaires, un colombin visible forme la carène et l'on note la présence d'un trait d'outil au niveau de la jonction interne base/col. Dans deux autres de ces cas, le colombin est probable. On observe également une fois, une cassure au niveau de la carène, ce qui peut laisser supposer à un montage séparé des deux parties morphologiques (moulage de la base ?).

Une série de reconstitutions expérimentales a été entreprise afin de valider ou non les stigmates de fabrication reconnus sur les carènes. Ces reconstitutions ont porté sur les hypothèses émises par C. Colas pour leur façonnage, soit : le montage en deux parties, le montage continu - au colombin -, le technique du repoussé de l'intérieur avec un outil et l'ajout de matière (fig. 15). Le montage en deux parties a été expérimenté avec trois variantes : jonction plane (a), en biseau avec le col monté à l'intérieur du haut vers le bas (b) ou le col monté à l'extérieur avec un joint du bas vers le haut (c). Un décollement a été observé sur certains exemplaires, notamment celui monté à l'intérieur (fig. 2.xx, n°1-2). La carène formée par ajout de colombin a également tendance à être visible et à se décoller.

En ce qui concerne les plats à pain, un exemplaire présente l'empreinte d'une vannerie sur une des faces (fig. 16, n°2). Il s'agit certainement du moulage d'une plaque sur ce type de support. D'autres exemplaires présentent des joints entre deux ou trois plaques (fig. 16, n°1) ou de nombreuses traces de pression et d'étirement (fig. 16, n°3). D'autres plats sont façonnés aux colombins en anneaux. Parfois un dernier colombin est ajouté en périphérie (fig. 16, n°1)

Ces chaînes opératoires ont pu être reconstituées et montrent une convergence des traces avec les vases archéologiques.

44. Le Néolithique final: Bazoches-lès-Bray «Le Tureau à l'Oseille»

A Bazoches-lès-Bray «Le Tureau à l'Oseille», le corpus observé est rattachable pour une majeure partie à la culture du Gord. Le corpus observé est assez faible et fragmenté et provient de la fouille de deux chenaux (128 éléments pour le chenal I et 82 pour le chenal II: [25]).

Les pâtes sont divisées en deux groupes. Le groupe 1 est riche en oxydes de fer, avec des inclusions, comme de la chamotte, du calcaire et plus rarement des fragments de calcaire ou de silex. La structure est feuilletée ou plus homogène et granuleuse. Les vases sont grossiers, épais (1-1,5 cm), régularisés sommairement. Les inclusions sont saillantes, apparentes et nombreuses. Les surfaces sont irrégulières, bosselées et craquelées à l'exception de quelques exemplaires bien régularisés à surfaces peu bosselées et inclusions non saillantes.

Le second groupe présente parfois quelques rares oxydes de fer. Le dégraissant principal est de la chamotte, la plupart du temps en fraction fine en plus grandes quantités (0,5-1 mm), mais également en fraction plus grossière (1-2, 2-5, >5 mm). Des grains de quartz roulés translucides et irréguliers de 0,5 à 5 mm de diamètre sont très fréquents en faibles quantités. La structure de la pâte est poreuse et granulaire.

Parmi les formes fermées, l'on dénombre des formes à col ou sans col. Les formes fermées à col possèdent des cols droits (pl. 1: n°12), ou convexes divergents et possèdent un profil «en S» (pl. 2: n°32, 33). Parfois, seul un léger redressement marque le col (pl. 1: n°4, pl. 2: n°1).

Les formes fermées sans col sont la plupart du temps à bords concaves. Les formes ouvertes sont à bords droits ou légèrement concaves. Quelques cuillères et fusaïoles complètent le corpus. De nombreux bords sont minces et effilés et font deux à trois millimètres d'épaisseur, ils ont été façonnés avec la technique du bord aminci.

Les techniques de raccord entre la base et la panse sont visibles sur un certain nombre de vases (fig. 17: n°3 à 10). Les bases sont façonnées par étirement et modelage d'une masse de pâte. Le premier colombin de la panse est appliqué sur la périphérie de la base voire légèrement en retrait (fig. 17: n°4, 6, 7). Seul deux exemplaires pourraient faire penser à un repli de pâte vers l'intérieur en circonférence pour fabriquer le disque de la base (fig. 17: n°9 et 10), comme cela est décrit pour certaines bases de vases de la culture de Horgen à Chalain (20, p. 128).

Les cassures sont irrégulières et granuleuses ne laissant voir aucun colombin. Le montage est probablement réalisé avec de gros colombins étirés et montés rapidement les uns sur les autres, ou bien à l'aide de plaques. Une rupture nette à mi-épaisseur de la panse sur deux vases à pâte feuilletée (1a) et profil en S peut faire penser à un montage par plaques (fig.17: n°l, 2). Les cuillères et fusaïoles sont modelées directement à partir d'une masse de pâte.

Les traitements de surface sont la plupart du temps peu élaborés. Ils consistent en une régularisation sommaire aux doigts sur une surface humide laissant des dépressions larges. Le lissage à l'aide d'un chiffon humide est probablement pratiqué dans de nombreux cas. Le lissage avec un brunissoir à surface plane laissant des cannelures verticales et obliques a été rarement identifié. Les surfaces sont souvent craquelées, en réseau grossier ou fin et parfois des fentes verticales se sont développées depuis le bord vers un grain de dégraissant grossier. Il y a très peu de cas de polissage manifeste mis à part les rares tessons fins et quelques cuillères.

5. A propos du mode de production

Les approches de reconstitution des chaînes opératoires sont, comme dans tout travail sur les techniques, une étape indispensable mais non suffisante. La relation entre les techniques observées et la société doit être envisagée. La question se pose de la place de l'activité de production de la poterie au sein de la communauté villageoise: cette activité est-elle partagée par tous ou réservée à un petit nombre de «spécialistes»? Dans le cas où serait-elle pratiquée par une partie du groupe, quelle est la nature de ce groupe: classe d'âge, genre ou autre?

Cette question est en fait rarement abordée même si des indices peuvent être obtenus, notamment à travers la segmentation ou non des chaînes opératoires la difficulté de mise en oeuvre et d'apprentissage des techniques choisies, la diversité ou l'homogénéité des choix dans les sites ou dans les différents styles.

Beaucoup de publications archéologiques ont pris comme hypothèse la tendance observée en ethnographie de la réalisation de la poterie par des femmes dans le cadre d'une économie et d'un mode de production domestique, proche de celui reconstitué pour des sociétés protohistoriques, sans argument décisif. L'ensemble des reconstitutions graphiques présentées au public dans les expositions et les publications de vulgarisation a popularisé l'hypothèse d'une production faite par les femmes à l'échelle de la maisonnée.

Les travaux de reconstitution des chaînes opératoires de la céramique rubanée abondent plutôt l'hypothèse du mode de production domestique. D'après l'étude des matières premières et des décors, C. Constantin avait déduit en examinant des corpus de la vallée de l'Aisne et de Belgique, un grand nombre de chaînes opératoires de fabrication [28]. Plus récemment, l'étude des chaînes opératoires de fabrication de la céramique rubanée du site de Remicourt en Belgique met en évidence le même phénomène [29]. Près de 18 chaînes opératoires différentes sont restituées sur un même site et confrontées aux étapes évolutives des styles, plusieurs chaînes

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opératoires co-existants au sein de vases appartenant à une même étape stylistique. Enfin le travail de L. Gomart va dans ce sens en montrant dans les vases funéraires du Rubané, comme du VSG, une diversité des chaînes opératoires de fabrication [7; 8; 30].

Conclusion

Les analyses technologiques visant à reconstituer les chaînes opératoires de fabrication en sont encore à leur début pour le Néolithique du Bassin parisien. La qualité de certains corpus, la bonne lisibilité des stigmates et le nombre de contextes bien documentés favoriserait pourtant une telle approche. Les questions posées sur la continuité ou la discontinuité entre styles se succédant ou le degré de ressemblance entre styles contemporains ne peuvent se passer désormais de l'approche technologique. Par contre, les ruptures et les rythmes évolutifs ne sont pas forcément toujours synchrones dans les différents champs de variation des styles - décors, formes, matériaux et techniques de façonnage. L'ensemble de ces paramètres devront être croisés afin de reconstituer une vue d'ensemble à la fois synchronique et diachronique des styles céramiques. Plusieurs niveaux de problématiques posées, sur la variabilité spatiale entre maisonnées d'un même village, le degré d'homogénéité des vases retrouvés au sein de dépôts en contexte d'enceinte ou funéraire, amènent à se rapprocher au plus près des potiers ou potières néolithiques dans une perspective paléoethnologique.

BIBLIOGRAPHIE

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4. Constantin C. et L. Courtois. «L'utilisation d'os comme dégraissant dans certaines poteries néolithiques». Proceedings of the 16th International Symposium on Archaeometry and Archaeological Prospection, Edinburgh 1976. Edinburgh, 1980. P. 211-220.

5. Constantin C. «La séquence des cultures à céramique dégraissée à l'os, Néolithique du Bassin parisien et du Hainaut». In: J.-P. Demoule et J. Guilaine (dir.), Le Néolithique de la France. Hommage à G. Bailloud. Paris, Picard, 1986. P.113-127.

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12. Binder S. Cerny et Rössen à «Paris-Bercy». Approche typo-technologique du mobilier céramique. Mémoire de Master 1, Université de Paris 1, 2006.

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14. Lelu C. Les coupes à socle au Néolithique moyen dans le Chasséen septentrional: étude des techniques de fabrication. Mémoire de maîtrise, Université de Paris 1, 2004.

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17. Giligny F. Inventaire et étude technomorphologique de la céramique Cerny de Balloy-Les Réaudins (Seine-et-Marne), Rapport d'étude, Conseil départemental de Seine-et-Marne/Centre Départemental d'Archéologie de la Bassée, AFAN, 1995.

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20. Martineau R. Poterie, techniques et sociétés. Etudes analytiques et expérimentales à Chalain et Clairvaux Jura entre 3200 et 2900 av. J.-C. Thèse de doctorat de l'Université de Franche-Comté, 2000.

21. Thouvenot S., Allard P., Cottiaux R., Martineau R., Monchablon C., Le site d'habitat du Néolithique récent de Presles-et-Boves « Les Bois Plantés » (Aisne), in: R. Cottiaux et Salanova L. (dir.), La fin du IVe millénaire dans le Bassin parisien : le Néolithique récent entre Seine, Oise et Marne (3500-2900 avant notre ère), 34ème supplément à la Revue Archéologique de l'Est - 1er supplément à la Revue Archéologique d'Île-de-France, Dijon/Paris.

22. Martineau R. «Etude des techniques et des matériaux des poteries du néolithique récent du Bassin parisien» In R. Cottiaux (dir). Du Néolithique récent à l'âge du Bronze ancien dans le Centre Nord de la France: définitions et interactions des groupes culturels. Rapport du Projet Collectif de Recherches, 2004. P. 28-52.

23. Giligny F. (dir.), G. Allenet, P. Bodu, F. Convertini, E. Frenee, A. Gebhardt, F. Giligny, C. Leroyer, N. Limondin, E. Martial, S. Philibert, I. Praud. Les occupations pré- et prothistoriques du Vallon de la Guyonne, Neauphle-Le-Vieux «Le Moulin de Lettrée» (Yvelines). D.F.S. de sauvetage urgent, 2 vol., A.F.A.N., S.R.A. Ile-De-France, 1997.

24. Giligny F., Colas C. La céramique. In: F. Giligny (dir.) Louviers «La Villette». Un site Néolithique moyen en zone humide. Document Archéologique de l'Ouest, Rennes, 2005. P. 193-238.

25. Giligny F., 1996. La céramique de Bazoches-les-Bray/Le Tureau à l'Oseille (Seine-et-Marne), Rapport d'étude, Conseil départemental de Seine-et-Marne/Centre Départemental d'Archéologie de la Bassée, AFAN. 2005.

26. Parent M. La céramique de la fin du Néolithique en Normandie. Étude du mobilier céramique de la «Côte des monts», Fleury-sur-Andelle (Eure). Mémoire de Master 1, Université de Paris 1, 2012.

27. Gosselain O. Poteries du Cameroun méridional. CNRS éditions, Paris, 2002.

28. Constantin C. «Structure des productions céramiques et chaînes opératoires». in: D. Binder & J. Courtin (eds), Terre cuite et société, la céramique, document technique, économique, culturel. Actes des XIVèmes rencontres internationales d'archéologie et d'Histoire d'Antibes, 21-23 octobre 1993. Juans-les-Pins, APCDA, 1994. P. 243-253.

29. Bosquet D., H. Fock, A. Livingstone-Smith. La chaîne opératoire de la céramique rubanée: première tentative de reconstitution. In : Livingstone-Smith et al. (eds) - Pottery Manufacturing Processes: Reconstitution and Interpretation Acts of the XIVth UISPP Congress, University of Liège, Belgium, 2-8 September 2001, Colloque/Symposium 2, BAR S1349, Archaeopress, Oxford, 2005. P. 103-114.

30. Gomart L. Traditions techniques & production céramique au Néolithique ancien. Étude de huit sites rubanés du nord-est de la France et de Belgique. Seidestone Press, Leiden. 2014.

FIGURE CAPTIONS

Figure 3 - Localisation géographique des sites analysés.

Figure 4 - Corpus céramique de Neauphle-le-Vieux (Yvelines), Néolithique ancien, vers 4700 BC.

Figure 5 - Stigmates de façonnage de Neauphle-le-Vieux «Le Moulin de Lettrée», 1-3. Céramique grossière, grands vases cylindriques à décor plastiques montrant des réseaux de cassures horizontales dues à des colombins en anneaux de 2 à 3 cm de hauteur; 4. Raccord de colombin modelé en feston; 5. Céramique fine à cassures polygonales obliques faisant penser à un montage en spirale (clichés F. Giligny, L. Petit).

Figure 6 - Schéma des méthodes de façonnage utilisées pour reconstituer les vases expérimentaux de Neauphle-le-

Vieux.

Figure 7 - Corpus de Balloy Les Réaudins, Cerny, vers 4350 BC.

Figure 8 - Balloy «Les Réaudins», stigmates de façonnage des bases. 1. Base est formée d'un colombin en spirale et détail du joint oblique, 2. Bases dont l'épaisseur diminue depuis le centre du fond vers la panse, modelées ou moulées,

3. Base probablement moulée. La surface interne est bosselée, marquée des pressions au doigt avec des traces de lissage au doigt sur le pourtour, la face externe est lisse. La cupule (flèche) est liée à une graine qui a dû être imprimée

contre le moule (clichés D. Merand).

Figure 9 - Balloy «Les Réaudins», stigmates de façonnage 1-4. jarre à col étroit, 5-8. bol : 1. cassures horizontales témoignant de colombins superposés, 2. régularisation sommaire au doigt face interne, 3. joint en gouttière, 4. traces de lissoir, 5-6. vue de face et interne. 7. détail du bord montrant les colombins superposés, 8. base formée d'un colombin en spirale d'après la disposi-tion des cassures (clichés D. Merand).

Figure 10 - Balloy «Les Réaudins». Reconstitution des chaînes opératoires de fabrication des vases à col.

Figure 11 - Balloy «Les Réaudins». Reconstitution des chaînes opératoires de fabrication des bols et vases à

embouchure quadrangulaire.

Figure 12 - Corpus de Louviers «La Villette», Néolithique moyen Chasséen (vers 3900 BC).

Figure 13 - Traces de façonnage à Louviers «La Villette». 1. Bosselage lié à une percussion, 2. Ondulations et

variations internes d'épaisseur liés à des colombins.

Figure 14

12 3 4

Figure 15 - Techniques de réalisation des carènes (modifié d'après C. Colas 2000) et mise en oeuvre expérimentale. 1-2: moulage de la base et montage au colombin appliqué sur le fond (variante b); 3. modelage et repoussé; 4. modelage de la base montage en deux parties à la jonction col/base (variante a).

Figure 16 - Louviers «La Villette», plats à pain. 1. Montage par plaques, 2. Modelage sur vannerie, 3. Modelage

Figure 17 - Bazoches-les-Bray «Le Tureau à l'Oseille», 1-2. cols présentant une structure feuilletée avec une ligne de fracture dans l'épaisseur; 3-8. raccords fond-panse ; (dessins F. Giligny).

RECONSTITUTION DES CHAINES OPERATOIRES DE FABRICATION DES CERAMIQUES

NEOLITHIQUES DANS LE BASSIN PARISIEN RECONSTRUCTION OF THE PROCESS TECHNIQUES OF THE NEOLITHIC POTTERY IN

PARIS BASIN: A RESEARCH ASSESSMENT

©2015

Fr. Giligny, Professeur

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris (France)

Résumé:

Depuis une quinzaine d'années, les travaux de reconstitution des chaînes opératoires de façonnage de la céramique ont été réalisés sur des corpus néolithiques du Bassin parisien et du nord de la France. Ces travaux sont menés par le biais de mémoires universitaires ou de programmes de recherches et sont encore largement inédits. Ils sont basés sur les principes énoncés dès les années 1950 par les archéologues et ethnologues des techniques sous l'égide en France d'A. Leroi-Gourhan et d'Hélène Balfet (1953) et ont été connu un regain d'intérêt dans les années 1990 à 2000 (Astruc et al. 2004, Giligny and Méry 2010). Ils sont également fondés sur une tradition des études de matériaux céramiques menés en parallèle dès les années 1980 (Constantin and Courtois1980).

Le principe de ces travaux est basé sur une approche double : une analyse et description des stigmates et macrotraces de façonnage ainsi que des reconstitutions expérimentales afin de tester les chaînes opératoires. Les premières données nous permettront une approche trans-culturelle et une reconstitution de l'histoire des méthodes de production des premières céramiques dans le nord de la France. Ils permettent aussi d'appréhender de manières anthropologique les relations entre technique et société.

Abstract: Since about fifteen years, works of reconstruction of the pottery operational sequence of manufacturing were realized on corpuses of the Neolithic of Paris Basin and the North of France. These works were led within the framework of university memoirs or of research programs and are still widely unpublished. They are based on the principles expressed from the 1950s by archaeologists and ethnologists of techniques trained in France by A. Leroi-Gourhan as Hélène Balfet (1953) [1] renewed in the 1990s to 2000 [2; 3]. They also lean on a tradition of the ceramic materials studies led in parallel since the 1980s [4].

The principle of these works bases on a two-pronged approach: an analysis and a description of stigmas and shaping fabric marks and the experimental reconstructions to test the hypotheses of operational sequences. The first data repository will have to allow later a cross-cultural approach and a reconstruction of the history of the production methods of the first potteries in northern France. They also allow to work on the anthropological analysis of the relationship between technique and society.

Keywords: Neolithic, France, pottery technology, operational sequence

УДК 902

БЫТОВОЕ И САКРАЛЬНОЕ ИСПОЛЬЗОВАНИЕ КЕРАМИКИ У САРМАТОВ ЮЖНОГО ПРИУРАЛЬЯ И ЗАПАДНОГО КАЗАХСТАНА

© 2015

Л.А.Краева, кандидат исторических наук

Оренбургский государственный педагогический университет, Оренбург (Россия)

Аннотаци. В статье рассматривается керамика из сарматских погребений Южного Приуралья и Западного Казахстана. Керамика помещалась в могилы всех слоев кочевого населения. В захоронения знати обычно ставили более дорогую импортную посуду. Сарматская керамика активно использовалась как в хозяйстве, так и в религиозных церемониях. В могилах находят специально изготовленные для обряда погребения сосуды, а также уже использованную в быту посуду, в том числе отремонтированную. Автором выделены признаки бытового использования керамики до помещения их в могилу: 1) наличие нагара на внутренних и внешних стенках сосудов; 2) жировые пятна и следы подтеков от убежавшей жидкой пищи; 3) следы ремонта; 4) старые сколы керамики (отбитые ручки, края сосудов и т.д.); 5) следы потертости и бытовая полировка; 6) цветовые изменения поверхностей сосуда и слоев излома черепка. К признакам специального изготовления сарматской керамики для обряда погребения отнесены: 1) использование неочищенного сырья с грубыми естественным примесями; 2) некачественный промес теста (неравномерное распределение частиц примесей); 3) небрежность в изготовлении формы; 4) кратковременное воздействие температур ниже 450° С при обжиге; 5) отсутствие нагара на стенках сосуда; 6) отсутствие следов ремонта.

Исследование поверхности сосудов и экспериментальные работы позволили выдвинуть предположения о функциональном использовании некоторых типов керамики.

Ключевые слова: керамика; сарматы; Южное Приуралье; Западный Казахстан; погребальная керамика; бытовое использование; сакральное использование.

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